L’Affranchissement, le Repos, la Puissance et la Consécration selon la Parole de Dieu

par Edward Dennett

Contenu

L’AFFRANCHISSEMENT. 1

Beaucoup de chrétiens ne sont pas heureux. 1

Pour avoir une vie chrétienne heureuse, il faut apprendre la vérité de notre mort avec Christ les conséquences de cette position  3

1ère conséquence : Nous sommes morts au péché; affranchissement du péché. 3

2ème conséquence : affranchissement de la loi; nous sommes morts à la loi 3

3ème conséquence : nous sommes morts au monde. 4

4ème conséquence : affranchissement de l’homme, du moi 4

Pour jouir de la puissance de ces vérités, il faut non seulement qu’elles aient été saisies comme doctrines, mais aussi qu’elles aient été apprises expérimentalement. Quatre choses sont à acquérir par l’expérience. 5

1ère chose : le caractère de la chair doit être connu. 5

2ème chose : nous sommes absolument impuissants dans notre lutte contre la chair 6

3ème chose : il y a deux natures en nous 7

4ème chose la délivrance est en Christ 8

LE REPOS, LA PUISSANCE, LA CONSÉCRATION.. 8

LE REPOS (Rom. 8: 1) — Connaissance de notre nouvelle position en Christ 8

Plus de condamnation. 8

L’âme apprend ce que Christ est 9

Nous nous réjouissons d’être occupés de Christ seul 9

Mais j’ai aussi : LA PUISSANCE  (Rom. 8: 9, 13) 9

Faire mourir les actions du corps par l’Esprit 9

L’action du St Esprit en puissance dans le croyant n’est maintenue que s’il marche en communion avec Dieu. 9

On ne doit pas s’attendre à avoir conscience de cette puissance. 10

On n’est pas «doué» de puissance spirituelle. 10

Ne pas avoir de repos avant de savoir pratiquement ce que c’est que d’être des instruments pour la manifestation de la puissance divine dans ce monde  11

LA CONSÉCRATION  (Rom. 8: 9-10) 11

Le problème : est-ce un acte d’abandon volontaire de nous-mêmes au service de Dieu ?. 11

Rom.6:13 et 12:1 : se livrer à Dieu est un acte fait dans la puissance du Saint Esprit en vertu de notre mort avec Christ 12

Ce qu’est réellement la consécration. 13

Les obstacles : la consécration est maintenue par le renoncement constant au moi par la puissance du St Esprit 15

La consécration ne sera jamais complète; sanctification progressive. 15

Caractéristique du croyant consacré : je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi 16

 

L’AFFRANCHISSEMENT

Beaucoup de chrétiens ne sont pas heureux

Un fait triste à constater, c’est que la majorité des chrétiens ne sont pas heureux, et, s’ils veulent être francs, ils reconnaissent qu’ils ont été douloureusement désappointés dans leur vie chrétienne. Lors de leur conversion, l’avenir était plein de promesses, c’était comme l’aurore d’un jour sans nuages, rempli de paix et de joie. Mais à peine eurent-ils commencé leur voyage, que des nuages de toute espèce obscurcirent leur ciel, et à l’exception peut-être de quelques rayons de soleil, les choses ont plus ou moins continué ainsi, et en bien des cas, cela a été encore pire. On s’attendait bien à la lutte, mais hélas ! la lutte s’est généralement terminée, non par la victoire, mais par la défaite. Le mal au-dedans, et l’ennemi au dehors, ont triomphé et triomphent encore, de sorte qu’un état d’abattement et de découragement a remplacé la confiance et la joyeuse espérance du début.

Puis vient la tristesse, quand on découvre qu’une telle expérience ne correspond nullement à ce que nous présente la parole de Dieu.

Il est bien vrai que nous sommes dans un milieu hostile, que Satan s’efforce sans cesse de nous enlacer dans ses ruses, que nous sommes pèlerins et étrangers, qu’ainsi nous ne pouvons attendre ni aise, ni repos, dans le monde que nous traversons, et que nos corps sont exposés à des souffrances de tout genre ; mais pas une de ces choses, ni même toutes ensemble, ne devraient assombrir et affliger nos âmes. Écoutez l’apôtre Paul ; après avoir montré qu’étant «justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons trouvé aussi accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu», il poursuit ainsi : «Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance ; et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné». (Rom. 5: 1-5). Si, de plus, vous voulez connaître l’expérience du chrétien, lisez l’épître aux Philippiens. Là, vous trouvez qu’un croyant peut être parfaitement heureux, bien qu’en prison et sous la menace journalière d’être mis à mort ; qu’il peut avoir Christ pour seul motif, seul objet et seul but ; pour unique désir d’être avec lui et semblable à lui, et qu’il peut ainsi se trouver entièrement au-dessus des circonstances, capable d’être satisfait dans quelque position que ce soit, et pouvant tout par Celui qui lui donne la force intérieure.

Quel contraste entre cette expérience et celle de la plupart des croyants !

Mais, direz-vous, c’est là l’expérience d’un apôtre, et nous ne saurions avoir la prétention d’atteindre à cette hauteur.

Il est vrai que le but est élevé, mais ce n’est pas même Paul qui est notre modèle, quel que fût son degré d’avancement dans la vie spirituelle ; notre parfait modèle est Christ. Rappelons-nous de plus que, sauf son don spécial, l’apôtre ne possédait pas une seule bénédiction qui n’appartienne aussi au plus humble croyant. Était-il enfant de Dieu ? Nous le sommes. Avait-il le pardon des péchés ? Nous l’avons. Jouissait-il du privilège inappréciable d’avoir l’Esprit — l’Esprit d’adoption — demeurant en lui ? Nous aussi. Était-il membre du corps de Christ ? Nous le sommes. Nous pourrions énumérer ainsi toutes les bénédictions qui découlent de la rédemption, et nous verrions que Paul n’était en aucune manière une exception, car, avec lui, nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ.

S’il en est ainsi, comment arrive-t-il qu’un si petit nombre de croyants fasse la même expérience ? que si peu connaissent un repos et un bonheur permanents ?

Nous appelons la sérieuse attention du lecteur sur la réponse à cette question.

La cause fondamentale de la difficulté que nous avons mentionnée, est le peu de bonne volonté ou la négligence des enfants de Dieu à apprendre tout ce qui leur est assuré en Christ. Plusieurs se contentent d’être né de nouveau, d’autres de savoir que leurs péchés sont pardonnés : de sorte que leur salut est le but et la fin de leurs désirs. La conséquence en est que les premiers jours de leur vie chrétienne sont souvent les meilleurs, et que l’on voit nombre de croyants, autrefois joyeux et pleins de ferveur, devenus maintenant insouciants et indifférents, sinon mondains.

Qu’il me soit donc permis de dire que si un chrétien ne désire rien au-delà du pardon des péchés, il découvrira bientôt qu’il n’a nulle puissance pour résister ni aux sollicitations de la chair, ni aux tentations de Satan. Pour avoir une heureuse vie chrétienne, il est indispensable de connaître pratiquement la vérité de notre mort avec Christ. Si l’on ne va pas jusque-là, on n’aura qu’agitation et lutte, sans espérance de victoire.

J’en dirai la raison en peu de mots. Notre rédemption doit répondre à deux choses : à nos péchés et à la nature qui les produit ; au mauvais fruit et à l’arbre d’où il provient. Le précieux sang de Christ répond à nos besoins quant au premier point. C’était la seule voie possible pour ôter la culpabilité qui pesait sur nous (voyez Héb. 10 ; 1 Jean 1: 7). Mais, bien que nous soyons rendus plus blancs que la neige par le sang de Christ, bien que nous soyons nés de nouveau, et qu’ainsi nous ayons une nouvelle nature et une nouvelle vie, la mauvaise nature subsiste dans toute sa corruption, et ne peut être ni purifiée, ni améliorée. C’est la conviction de cette vérité, et la réalisation de l’impuissance de la nouvelle nature en elle-même et par elle-même, dans ses luttes contre la chair, qui conduit l’âme à s’écrier en Rom. 7 : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ?» Or ce même cri plein d’amertume combien d’enfants de Dieu le poussent encore !

Comment Dieu répond-il à ce besoin des croyants ?

Pour avoir une vie chrétienne heureuse, il faut apprendre la vérité de notre mort avec Christ les conséquences de cette position

Nous trouvons la réponse [à la question précédente] au chap. 6 de l’épître aux Romains : «Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort est justifié du péché» (v. 6, 7). L’expression «le vieil homme» est employée pour désigner la mauvaise nature que nous tenons d’Adam — la chair, comme principe du mal en nous ; et «le corps du péché» veut dire le péché dans son ensemble, comme un tout. Nous apprenons par ce passage (voyez aussi Rom. 8: 3), que Dieu a déjà agi à l’égard de notre mauvaise nature, et cela dans la mort de Christ ; que là il a condamné le péché dans la chair. L’apôtre dit : «Je suis crucifié avec Christ» (Gal. 2: 20). Non seulement le Seigneur Jésus, dans sa grâce infinie, a porté nos péchés en son corps sur le bois, mais Dieu, dans son ineffable miséricorde, nous associe à la mort de Christ, de sorte qu’il a déjà passé jugement sur ce que nous sommes, c’est-à-dire sur notre chair, racines et branches. Il a donc pourvu à deux choses dans la mort de Christ : à nos péchés et à notre mauvaise nature, et toutes deux sont judiciairement ôtées pour toujours de devant sa face.

C’est là ce que Dieu nous dit dans sa Parole ; et si, par sa grâce, j’accepte que son témoignage est vrai quant à l’efficacité du sang de Christ, pourquoi ne le recevrais-je pas aussi, quand Il m’apprend qu’il m’a associé à la mort de son Fils bien-aimé ? C’est sur ce fait même que l’apôtre fonde son exhortation en Rom. 6 : «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (v. 11). C’est-à-dire que je reçois par la foi la déclaration de Dieu et que j’agis en conséquence ; je rejette les sollicitations de la chair, en me fondant sur le fait que je suis mort à la chair, parce que j’ai part à la mort de Christ. En d’autres mots: j’accepte ma mort avec Christ, comme étant la vérité devant Dieu, et, par conséquent, je prends dans ce monde la place d’un homme mort.

1ère conséquence : Nous sommes morts au péché; affranchissement du péché

Examinons maintenant les conséquences qui résultent de l’acceptation de cette position. En premier lieu, nous sommes quittes ou justifiés du péché. Remarquez que c’est «du péché», et non «des péchés», c’est-à-dire que la chair, «le péché dans la chair», le mauvais principe de notre nature corrompue, «le vieil homme», n’a plus de droits sur nous. Il est encore en nous, et y sera jusqu’à la fin de notre pèlerinage ; mais aussi longtemps que je me tiens moi-même pour mort, que j’accepte la mort sur ce que je suis comme né de la chair, il n’a pas de puissance sur moi. J’étais autrefois son esclave, mais maintenant je suis affranchi de cet esclavage ; — et comment ? Par la mort, ma mort avec Christ. Mon ancien maître n’a donc plus aucun droit sur moi; par la mort, j’ai été délivré de son joug. Supposez que vous ayez près de vous un homme mort, et que vous cherchiez par toutes les séductions possibles à l’entraîner dans le péché, ne verriez-vous pas tout de suite la folie d’une telle tentative ? Quel qu’il ait pu être, vivant, le péché maintenant n’a aucune action, aucun pouvoir sur lui. Satan lui-même ne peut tenter un homme mort. Or il en sera ainsi de nous, si, par grâce, d’heure en heure, de minute en minute, nous nous tenons nous-mêmes pour morts au péché, et vivants à Dieu dans le Christ Jésus.

C’est là le seul chemin de la victoire. Quelques-uns voudraient vaincre par un effort résolu de volonté, d’autres, en cherchant à mourir au péché ; mais le chemin de Dieu est celui que nous avons montré. C’est parce que nous sommes morts, que nous sommes exhortés à mortifier nos membres (Col. 3:5), c’est-à-dire à appliquer la mort à nous-mêmes, à porter «toujours partout dans le corps la mort de Jésus», de sorte que tout mouvement du péché, de la chair, soit arrêté et jugé. La méthode de l’homme conduit à l’ascétisme et, à la fin, au pire des esclavages ; celle de Dieu mène à la délivrance et à une heureuse liberté.

2ème conséquence : affranchissement de la loi; nous sommes morts à la loi

La seconde conséquence est l’affranchissement de la loi. Ainsi Paul écrit : «Vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ». Et encore : «Nous avons été déliés de la loi, étant morts dans ce en quoi nous étions tenus» (Rom. 7: 4-6, etc. ; voyez aussi Gal. 2: 19). Comme l’apôtre l’explique, la loi n’a d’autorité sur l’homme qu’aussi longtemps qu’il vit. Étant donc morts avec Christ, nous sommes délivrés de la puissance de la loi, et il est heureux pour nous qu’il en soit ainsi, «car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction» (Gal. 3: 10). Ce devrait être pour tout croyant un heureux message. Par nature, nous sommes tous légaux, et cette tendance au légalisme subsiste en nous, même après que nous sommes devenus des enfants de Dieu par la foi au Seigneur Jésus. Elle entre, pour ainsi dire, dans la texture même de notre être, de sorte qu’elle se montre constamment dans nos paroles et nos actions. Il en résulte que plusieurs connaissent peu la liberté dans laquelle Christ nous a placés en nous affranchissant, et gémissent journellement sous la servitude qu’ils se sont imposée à eux-mêmes».

Mais, direz-vous, nous ne sommes pas sous la loi. Les Juifs l’étaient, mais cela est-il vrai des gentils croyants ?

Non pas dans le même sens; mais le principe légal est inné chez nous tout autant que chez les Juifs. Par exemple si, après avoir été converti, je sens que je devrais aimer davantage le Seigneur Jésus et que j’essaie de le faire, ou que je devrais prier mieux et que je sois abattu ou découragé, parce que je ne me suis pas acquitté de ce devoir plus exactement, je suis, en principe, dans ces cas, tout autant sous la loi que les Juifs. L’essence de la loi gît dans son «Tu dois» ; ainsi, si je change les préceptes du Seigneur en «tu dois faire ceci ou cela», je me place sous le joug de la loi. Et du moment que je le fais, je me trouve sur le chemin des chutes et d’une mauvaise conscience.

Ce que nous avons donc tous à apprendre, c’est que, par notre association à la mort de Christ, nous sommes, délivrés à la fois de la loi et du principe de la loi. Nous sommes mariés à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu. «Du fruit», remarquons-le, et non «des œuvres de loi». Le christianisme n’a point de «tu dois», mais aux œuvres de la loi et à celles de la chair, il substitue les précieux fruits de l’Esprit Saint (Gal. 5), lesquels sont produits, non par l’effort de l’homme comme des œuvres le sont, mais par la puissance divine.

La différence entre ces deux choses est aussi grande que possible. Sachant que nous ne pouvons obtenir de fruit pour Dieu par aucun effort ou travail de nous-mêmes, et ayant appris en même temps que la puissance qui peut produire du fruit est dans un autre (qui, à la vérité, opère par l’Esprit qui habite dans les siens), nos yeux se dirigent en haut, vers lui, dans la confiance qu’il nous emploiera pour sa gloire selon sa propre volonté. Au lieu donc de travailler, nous nous confions en Lui; au lieu de chercher du fruit en nous, nous désirons que Christ opère en nous selon l’énergie de sa puissance divine.

3ème conséquence : nous sommes morts au monde

Une troisième conséquence est que nous sommes délivrés du monde. L’apôtre, en opposition avec certains légalistes qui désiraient échapper à la persécution et se glorifiaient dans la chair, dit : «Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde». (Gal. 6: 14). Comme nous le lisons dans l’évangile de Jean, le monde a été jugé dans la mort de Christ. La crucifixion du Sauveur a été l’entière et absolue condamnation du monde qui l’a rejeté. Dieu l’a moralement jugé à la croix, et Paul, en communion avec la pensée de Dieu, le tient comme crucifié pour lui à cette même croix, et lui, de la même manière, comme crucifié au monde. Il en était par là complètement délivré, car si les deux étaient crucifiés l’un à l’autre, il ne pouvait y avoir d’attraction entre eux. Le monde, avec tous ses charmes et toutes ses séductions, ne pouvait attirer quelqu’un qui le tenait pour moralement jugé par la mort de Christ, et certes celui qui se tenait lui-même pour crucifié par la croix de Christ, ne pouvait avoir aucun attrait pour le monde. Vue ainsi, la croix est une barrière infranchissable entre le monde et le chrétien, et non seulement elle est une barrière, mais aussi le moyen par lequel se trouve manifesté le vrai caractère du monde. Par là, nous apprenons que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu, en tant que nous le considérons toujours en rapport avec la croix de Christ.

4ème conséquence : affranchissement de l’homme, du moi

Il y a une dernière conséquence de notre mort avec Christ, c’est que nous sommes affranchis de l’homme. «Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde», dit l’apôtre, «pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances, — ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas !» (Col. 2: 20). C’est l’homme religieux que nous voyons là, — celui dont l’objet est d’améliorer la chair, mais qui, au lieu de la corriger, ne fait que la satisfaire. Cet important passage nous apprend que le croyant, comme mort avec Christ, est entièrement affranchi de l’homme et de ses prétentions religieuses. En les reconnaissant, il prendrait sa place comme vivant dans le monde et nierait le fait de sa propre association avec Christ dans sa mort. Il perd donc de vue l’homme ; en réalité, il le récuse tout à fait et nie sa prétendue autorité, parce qu’il est assujetti à Christ seul. C’est pourquoi, même dans les relations de la vie, il obéit aux magistrats, aux maîtres, ou aux parents, parce qu’il est placé par Christ lui-même dans une position de subordination. Ainsi un pauvre esclave chrétien, en obéissant à son maître, obéit au Seigneur Jésus Christ (Col. 3: 22-25).

Il y a donc une complète délivrance pour le croyant qui se tient pour mort avec Christ, — délivrance du péché, de la loi, du monde et de l’homme. On peut dire du croyant, dans les termes qui étaient appliqués à Israël, qu’il tient captifs ceux qui l’avaient tenu captif (Ésaïe 14: 2). Tous les ennemis sont vaincus, et Christ seul est reconnu comme Seigneur.

Si cela est vrai, comment se fait-il qu’il y en ait si peu qui entrent dans ce sentier d’affranchissement et de sainte liberté  ?

Pour jouir de la puissance de ces vérités, il faut non seulement qu’elles aient été saisies comme doctrines, mais aussi qu’elles aient été apprises expérimentalement. Quatre choses sont à acquérir par l’expérience

La réponse à cette question nous conduit à la seconde partie de notre sujet. On peut la formuler de la manière suivante, et nous appelons sur elle l’attention toute particulière du lecteur. «Pour jouir de la puissance de ces vérités, il faut non seulement qu’elles aient été saisies comme doctrines, mais aussi qu’elles aient été apprises expérimentalement». Quatre choses doivent avoir été acquises par expérience, pour que l’on puisse entrer dans l’heureuse jouissance de ces vérités.

1ère chose : le caractère de la chair doit être connu

En premier lieu et par-dessus tout, le caractère de la chair doit être pratiquement connu. Dieu nous a déclaré ce qu’elle est, même dans l’Ancien Testament (Gen. 6), et nous le rappelle mainte et mainte fois dans le Nouveau ; nous pouvons recevoir son témoignage, et y donner sans hésitation notre assentiment; mais, je le répète, à moins d’avoir appris par expérience la nature de la chair, nous en attendrons toujours, plus ou moins, quelque chose de bon. Combien de fois, par exemple, n’arrive-t-il pas à un chrétien de dire : Je ferai mieux une autre fois ; ou bien : Si c’était à recommencer, j’éviterais telle ou telle faute, tel ou tel manquement. Parler ainsi, montre que l’on oublie entièrement qu’en réalité la chair est incurable ; car si notre mauvaise nature est totalement corrompue, comment agirait-elle dans l’avenir autrement qu’elle n’a fait dans le passé ? Non ; nous pouvons, il est vrai, regarder au Seigneur pour qu’il nous garde, par sa grâce, de retomber dans les mêmes péchés, mais si nous avons vraiment reconnu ce qu’est la chair, nous aurons appris en même temps que nous ferions de même dans l’avenir comme dans le passé, à moins d’être gardés par la puissance divine.

Le chapitre 7 des Romains nous présente le cas d’un homme qui possède la vie, mais qui, ignorant la plénitude de la grâce de Dieu dans la rédemption, s’efforce, sous la loi, de produire du fruit pour Dieu. Quelle est la conclusion à laquelle il arrive ? Celle-ci : «Ce n’est pas ce que je veux, que je fais, mais ce que je hais, je le pratique». Il continue ensuite ainsi : «Si c’est ce que je ne veux pas que je pratique, j’approuve la loi, reconnaissant qu’elle est bonne. Or maintenant, ce n’est plus moi qui fais cela, mais c’est le péché qui habite en moi». C’est-à-dire qu’il a découvert que la chair (dans un cas tel que le sien) veut suivre son propre chemin, et que ce chemin est toujours le péché. C’est pourquoi il nous dit : «Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien». Il a appris sa leçon, et dès ce moment-là, il n’attend de la chair autre chose que le mal. Or il est certainement heureux pour l’âme d’en arriver à cette conclusion.

Il y a deux manières d’apprendre cette leçon : ou dans la présence de Dieu, en communion avec lui ; ou bien dans la présence de Satan, par le péché et des chutes. Paul, lui-même, semble avoir été un exemple du premier cas. Comme Juif, il avait été si moral et si droit que, plus tard, conduit par l’Esprit de Dieu, il pouvait dire de lui-même : «quant à la justice qui est par la loi, étant sans reproche». Il avait donc tout sujet de penser qu’il avait en lui-même quelque chose de bon. Il le dit : «Si quelque autre s’imagine pouvoir se confier en la chair, moi davantage». Mais lorsque Christ glorifié lui eut été révélé, une complète révolution s’opéra dans son âme. Il vit toutes choses sous une lumière nouvelle : la lumière de la gloire de Dieu qui luit dans la face de Jésus Christ, et aussitôt il reconnut que la chair et ses meilleures œuvres ne sont d’aucune valeur. Il put dire dès lors : «Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ».

Ce fut la pensée de toute sa vie, et, en conséquence, il repoussa la chair sous toutes ses formes et tous ses aspects, comme étant entièrement mauvaise, sachant que, semblable au figuier de l’évangile, malgré toute la culture et tous les soins possibles, elle ne peut jamais porter de fruit pour Dieu.

Pierre est l’exemple de celui qui apprend à connaître la chair par le moyen d’une chute. Homme impétueux et plein de cœur, il aimait son Maître d’une ardente affection. Aussi, quand le Seigneur avertit ses disciples en disant : «Vous serez tous scandalisés ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées», Pierre lui dit : «Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi». (Marc 14: 27-31). Il était prêt, disait-il, à laisser sa vie pour Jésus (Jean 13: 37). Et que produisit cette confiance en son affection et en sa propre fidélité ? Elle n’était que la confiance en la chair, et nous en connaissons le résultat. Quel commentaire de ce qu’est notre mauvaise nature ! Pas à pas, Pierre s’enfonce dans le bourbier, et aboutit enfin à l’entier reniement de son Seigneur. Il avait été bien averti, bien prévenu, mais la chair montra avec évidence combien elle est corrompue, et entraîna Pierre dans le précipice du péché et de l’iniquité. Sa chute tourna à la gloire du Seigneur et à sa propre bénédiction, mais elle est là pour notre instruction, afin de nous révéler de la manière la plus claire le fait que, dans la chair, même dans la chair d’un disciple sincère et dévoué, il n’habite aucun bien.

Quiconque veut connaître ce qu’est la grâce de Dieu dans notre rédemption, doit apprendre la même leçon de l’une ou l’autre de ces deux manières. Si nous ne l’avons pas fait, nous attendrons toujours quelque chose de nous-mêmes, bien que toujours déçus. Un mauvais arbre portera toujours de mauvais fruits ; quand nous aurons pratiquement appris cette vérité, nous en aurons fini avec nous-mêmes, et nous n’attendrons plus rien que du Seigneur. Par manque de vigilance, la chair peut encore se manifester et nous entraîner dans le péché, mais nous ne sommes plus déçus. Nous avons appris notre leçon, et tout en nous jugeant nous-mêmes en présence de Dieu, à cause de notre faute, nous invoquons en même temps la grâce pour être plus vigilants à l’avenir. Bien-aimé, lecteur, j’insiste sérieusement auprès de vous sur ce point, car jusqu’à ce que vous ayez fait cette expérience, vous ne pouvez avoir une paix solide. Si vous cherchez à l’éviter, vous vous exposez, comme les enfants d’Israël dans le désert, à des épreuves, à des châtiments, à des manquements de toutes sortes, tandis que, si vous acceptez le témoignage de Dieu quant à votre chair, et que vous appreniez cette vérité avec Lui dans votre âme, de manière à prendre habituellement le parti de Dieu contre vous-même, vous commencerez un nouveau jour caractérisé, quelles que soient vos épreuves et vos peines, par l’éclat radieux de la grâce et de la joie, parce que vous le passerez avec Dieu.

2ème chose : nous sommes absolument impuissants dans notre lutte contre la chair

La seconde leçon à apprendre est que nous n’avons aucune force, que nous sommes absolument impuissants dans notre lutte contre la chair, et que, comme dit l’apôtre : «Le vouloir est avec moi, mais accomplir le bien, cela je ne le trouve pas. Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais». (Rom. 7: 18, 19.) N’est-ce pas là, bien-aimé lecteur, l’exacte description de l’expérience de milliers de personnes, et peut-être de la vôtre? L’effet en a été de les faire tomber dans un état d’indifférence, sinon d’abattement, en sorte que, cessant même de résister au courant rapide qui les entraînait, elles ont conclu qu’il n’y avait rien à faire que de s’y abandonner, puisqu’elles étaient incapables de lutter contre lui. Ah ! si les âmes voulaient être sincères, plus d’une confesserait que telle a été sa condition depuis des années, condition qui n’est point à la gloire de Dieu et qui ne lui apporte aucun bonheur. Quelle en est donc la cause ? Simplement l’erreur de penser que tout dépend de leurs propres efforts, au lieu d’accepter la vérité, qu’elles sont absolument sans force, et que, par conséquent, tout dépend de Dieu. Le pécheur même doit apprendre non seulement qu’il est coupable et impie, mais aussi qu’il est sans force (Rom. 5: 6), et le croyant aussi doit comprendre, non seulement que dans sa chair il n’habite pas de bien, mais encore que, de lui-même, il ne peut faire une seule chose bonne. Quand l’Esprit de Dieu nous a ouvert les yeux, nous découvrons que telle est la leçon que Dieu a voulu nous apprendre par cette longue série d’échecs, sans cesse renouvelés. Vous avez combattu contre vos ennemis avec un courage indomptable ; vaincu, vous avez recommencé mainte et mainte fois, et jamais vous n’avez remporté la victoire. De nouveau, vous êtes entré dans la lutte, résolu à vaincre, mais, hélas ! vous avez succombé de nouveau. Qu’avez-vous à apprendre par ces douloureuses expériences ? La réponse est évidente. C’est que l’ennemi est trop fort pour vous, et que vous ne pouvez lui tenir tête. Mais, direz-vous, ne pouvons-nous devenir plus forts ? Ne devons-nous pas croître dans la grâce ? Et quand nous avons appris à mieux connaître le caractère de l’ennemi, ne nous est-il pas possible de réussir à le vaincre ?

Nous répétons sans hésiter : Non ; si vous continuez dans la direction de vos efforts, vous allez au devant des mêmes défaites. Il n’y a aucun espoir, en tant qu’il s’agit de votre propre force.

Si, d’autre part, vous recevez comme vraie votre parfaite impuissance, et que vous en ayez ainsi fini avec votre propre force, vous aurez trouvé le repos de votre âme, car vous comprendrez en même temps que votre aide, votre force et votre secours, viennent du dehors et non du dedans, de Christ et non de vous-même. Quelle bénédiction ineffable dans cette découverte ! Cessant dès lors de lutter, vous saurez ce que c’est que de se reposer sur un autre, et vous pourrez chanter avec David : «L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui aurai-je peur ? L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurai-je frayeur?» En effet, si, d’un côté, vous êtes arrivé à connaître que vous êtes sans force, d’autre part vous vous réjouirez de savoir que sa force à Lui s’accomplit dans votre infirmité.

3ème chose : il y a deux natures en nous

La troisième leçon à apprendre, c’est que le croyant a deux natures : l’une qui lui vient d’Adam, et que l’Écriture nomme la chair, le vieil homme, le péché, etc., et l’autre qu’il reçoit de Dieu par la nouvelle naissance. Ces deux natures sont dans un antagonisme complet. Ainsi Jean dit, en parlant de la dernière : «Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu» (1 Jean 3: 9). Et, comme nous l’avons vu, Paul dit de la première : «Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien». Il est impossible de concevoir deux déclarations plus entièrement opposées, et nous voyons que l’âme qui passe par l’expérience décrite en Rom. 7, apprend à distinguer entre ces deux natures qui présentent un si grand contraste. Ainsi nous lisons : «Si ce que je ne veux pas, moi, je le pratique, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi» (v. 20). Cet homme a donc appris à s’identifier lui-même avec la nouvelle nature, c’est pourquoi il dit : ce n’est plus moi (comp. avec Galates 2: 20, où c’est Christ qui devient le «moi» de l’apôtre) et, en même temps, il regarde la chair, la vieille nature, comme n’étant rien que péché, et il lui attribue tout le mal dont il a souffert. Cette nature qui est au-dedans de lui (et elle y restera aussi longtemps que le croyant sera sur la terre), il la traite maintenant en ennemie, comme l’élément qui cherche toujours à l’empêcher de faire le bien et le force à faire le mal. Il continue ainsi : «Je trouve donc cette loi pour moi qui veux pratiquer le bien, que le mal est avec moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur (c’est pourquoi il désirait faire le bien) ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché qui existe dans mes membres» (v. 21-23).

 Ainsi, non seulement il est sans force dans sa lutte contre l’ennemi, savoir contre le péché qui habite en lui, mais il est vaincu et dominé, dans le combat ; il est entièrement sous la main et au pouvoir de son ennemi. Toutefois il a maintenant appris que «le péché», la chair, est son  ennemi, et que, quant à lui, il prend plaisir dans la loi de Dieu selon l’homme intérieur. Or c’est là, cher lecteur, une bienheureuse découverte ; faute de l’avoir faite, nombre d’âmes pieuses, dans tous les âges, ont gémi et sont restées dans la servitude, écrivant des choses amères contre elles-mêmes, estimant que telle devait être l’expérience nécessaire de chacun des jours de leur vie. Lisez, par exemple, ce qu’on a publié du journal particulier de plusieurs serviteurs dévoués du Seigneur, et vous trouverez que ces fragments renferment surtout l’analyse et la condamnation d’eux-mêmes, car ils s’occupaient d’eux-mêmes, au lieu de s’occuper de Christ, dans le vain effort d’extirper le mal qu’ils trouvaient dans leurs propres cœurs, effort dont l’inutilité les faisait souvent dire : Si nous sommes enfants de Dieu, pourquoi sommes-nous ainsi ? Ils avaient mal lu le chap. 7 des Romains,  comme plusieurs continuent encore à le faire, et c’est pourquoi les moments où ils jouissaient de la présence et de la faveur de Dieu, ne faisaient qu’alterner avec des heures de sombre tristesse et de découragement.

C’est donc un grand gain pour nous d’avoir appris qu’il y a en nous deux natures et de savoir distinguer entre elles, et c’est une bénédiction plus grande encore d’avoir été amenés, à travers nos combats et nos luttes, en tant qu’il s’agit de nous-mêmes, à reconnaître notre captivité sans espoir sous la loi du péché qui est dans nos membres. Expérience douloureuse, mais nécessaire, parce que, de cette manière, nous apprenons à en avoir fini avec nous-mêmes. La fin de la chair, pour ainsi dire, est venue devant nous, comme depuis longtemps elle a fini devant Dieu, et nous savons dès lors que le moi ne peut nous venir en aide, que nous sommes absolument sans ressource et hélas ! à la merci de notre ennemi intérieur.

4ème chose la délivrance est en Christ

Ainsi le chemin est préparé pour la quatrième leçon. La chair a remporté la victoire. Elle a subjugué la pauvre âme qui lutte sans espoir, mais sa victoire est changée en défaite et se termine par l’affranchissement de la victime. Jusqu’alors l’âme a combattu avec sa propre force ; maintenant, dans la douleur de la défaite et d’une servitude sans remède, elle cesse de regarder à elle-même, regarde au-dehors, et s’écrie dans son agonie : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ?» Or la délivrance est là. Du moment que le regard se porte au-dehors et non plus au-dedans, sur le moi, la victoire est assurée ; la réponse est immédiate : «Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur» (7: 25). La délivrance se trouve, de même que le salut, non par nous-mêmes, ni par nos efforts, mais par Christ. Remarquez-en la conséquence. Tandis que, dans les versets précédents, nous n’avions que «je» et «moi», ces derniers mots disparaissent, et à la place il n’y a plus que Christ. Bienheureuse délivrance ! C’en est fait du «moi», l’âme y a renoncé ; Christ le remplace, et nous trouvons que nous avons en lui la réponse à chacun de nos besoins, car nous sommes de Dieu «dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption» (1 Cor. 1: 30).

Mais avant que l’Esprit de Dieu déroule devant nous, au chapitre 8, la part bénie de l’âme affranchie, l’apôtre ajoute un mot: «Ainsi donc moi-même, de l’entendement je sers la loi de Dieu ; mais de la chair, la loi du péché» (Rom. 7: 25). Ce mot est une instruction par laquelle nous sommes avertis que, quel que soit notre progrès, nous posséderons toujours ces deux natures. En même temps qu’elles nous en présentent le caractère, ces paroles nous avertissent qu’elles ne seront jamais changées ; la chair, bien que nous soyons affranchis de sa domination, restera toujours la chair et ne pourra jamais être améliorée. L’ennemi ne peut être ni délogé, ni changé en ami ; mais nous connaissons maintenant son caractère et la source de notre force, et par conséquent nous nous tenons sur nos gardes.

LE REPOS, LA PUISSANCE, LA CONSÉCRATION

Nous allons maintenant montrer les merveilleux résultats dont, par grâce, l’âme affranchie peut jouir. Ce sont le repos, la puissance et la consécration. Examinons en détail ces trois points.

LE REPOS (Rom. 8: 1) — Connaissance de notre nouvelle position en Christ

Plus de condamnation

Le repos n’est pas seulement celui qui suit la cessation de la lutte contre le péché qui habite en nous, mais aussi le repos positif découlant de la connaissance de la délivrance dont l’âme jouit désormais. C’est pourquoi les premiers mots du chapitre 8 sont : «Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Ce n’est pas la simple assertion que le croyant est libéré de toute condamnation, mais plutôt la découverte que ceux qui sont dans le Christ Jésus sont délivrés de toute possibilité d’être condamnés. Tel est le but heureux que l’âme a maintenant atteint. Examinons un moment ce que cela implique.

 Il y a maintenant la connaissance que le croyant a été retiré de son ancienne position et de son ancien état, et introduit dans une nouvelle position devant Dieu en Christ ; — en Christ qui est ressuscité d’entre les morts et a passé dans une nouvelle sphère, au-delà et de l’autre côté de la mort, sphère où ni la mort ni la condamnation ne peuvent entrer. Par la mort avec Christ, comme nous l’avons déjà montré, le croyant a cessé d’être associé au premier homme — Adam — de sorte que, maintenant, se tenant pour mort au péché, il se compte aussi pour vivant à Dieu dans le Christ Jésus. Dans la mort de Christ, Dieu a jugé, une fois pour toutes, le péché dans la chair ; il a jugé la racine et les branches, et la loi de l’Esprit de vie, dans le Christ Jésus ressuscité d’entre les morts, a affranchi le croyant de la loi du péché et de la mort. Le péché et la mort n’ont à faire qu’avec ceux qui sont dans la chair ; et puisque le croyant n’est pas dans la chair (v. 9), mais dans l’Esprit, il a sa position là où domine la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus.

Nous nous trouvons donc, je le répète, dans une nouvelle position, à laquelle la chair, et par conséquent la condamnation, ne peuvent rien avoir à réclamer, parce que cette position est en Christ ressuscité. De même que le sang de Christ nous délivre de notre culpabilité, ainsi la chair, le péché, a trouvé son jugement et sa sentence dans la mort de Christ, et, par la grâce de Dieu, nous sommes associés à Christ dans sa mort. Étant donc maintenant en Christ, nous sommes complètement délivrés, et, comme tels, libérés de toute condamnation. Nous pouvons nous reposer en Celui dans lequel nous sommes devant Dieu.

L’âme apprend ce que Christ est

Mais, en même temps, l’âme découvre une autre chose. Quelle avait été la cause de son trouble et de sa souffrance ? Son propre état, sa condition découlant de la présence du péché en elle. Or, ce qu’elle apprend maintenant n’est pas ce que nous sommes, mais ce que Christ est. Dieu est-il satisfait de ce qu’est Christ ? Alors nous pouvons aussi être satisfaits, car, ne l’oublions pas, nous sommes en Lui, et ce qu’il est, non ce que nous sommes, détermine notre position devant Dieu.

En Christ donc, nous répondons aux pensées mêmes de Dieu, de sorte qu’il peut se reposer en nous avec la même satisfaction que celle qu’il prend en Christ. Nous sommes rendus agréables dans le Bien-Aimé. Ainsi, tout désir du cœur de Dieu étant satisfait, il ne nous reste rien à désirer ; nous sommes parfaits, quant à notre nouvelle position, aussi complètement que Dieu lui-même peut le vouloir, et nous avons par conséquent un parfait repos. Quant à la chair, nous savons qu’elle ne peut être pire, ni devenir meilleure qu’elle ne l’est; et quant à notre position en Christ, nous avons appris que Dieu est satisfait à notre sujet, puisque nous sommes devant lui selon toute la perfection de Christ comme Homme glorifié. Il est impossible de désirer davantage, et ainsi nous entrons dans la jouissance d’un repos parfait en Christ. En effet, de même que nous avons été rendus capables, par la grâce, d’accepter Christ comme notre substitut sur la croix, nous nous réjouissons maintenant de l’accepter, devant Dieu, à la place de nous-mêmes. Les yeux de Dieu reposent sur lui, et les nôtres aussi, et ainsi, en communion avec le cœur de Dieu, nous avons trouvé notre vrai et immuable repos.

Nous nous réjouissons d’être occupés de Christ seul

Une autre précieuse conséquence en découle. Ayant cessé de nous occuper de nous-mêmes, après avoir marché si longtemps dans ce sentier, pleins de fatigue et d’amertume, après en avoir éprouvé la vanité, nous nous réjouissons d’être occupés de Christ seul. Puisque c’est lui qui détermine ce que je suis devant Dieu, je prends plaisir à considérer ses perfections et ses gloires morales, à méditer sur chaque rayon de la gloire de Dieu qui brille dans sa face (2 Cor. 4), et dans cette heureuse occupation, je suis graduellement transformé à sa ressemblance, dans ce monde, par la puissance de l’Esprit Saint (2 Cor. 3: 18). Contemplant Celui dont la face est sans voile, contrairement à celle de Moïse, je puis croître à sa ressemblance, et cela chaque jour, en attendant son retour, jusqu’à ce que finalement je lui sois semblable, quand je le verrai tel qu’il est.

J’ai donc Christ pour mesure de ma position, Christ pour objet pour mon cœur, Christ comme Celui à qui je serai rendu conforme. L’âme peut-elle désirer plus que cela ? Non ; je suis abondamment satisfait, et j’ai un parfait repos.

Mais j’ai aussi : LA PUISSANCE  (Rom. 8: 9, 13) 

Faire mourir les actions du corps par l’Esprit

«Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous» (Rom. 8: 9). Oui le Saint Esprit habite en chacun de ceux qui sont en Christ, et c’est lui qui est la source de la puissance pour la marche, la lutte, le service et le culte. Sans cette provision précieuse, nous serions tentés de dire : il est vrai que nous sommes en Christ, mais comment serons-nous capables de surmonter les mouvements insidieux de la chair qui reste toujours en nous ? Nous trouvons la réponse au v. 13 : «Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez». Ainsi la puissance nous est toujours donnée en proportion de toutes les circonstances qui peuvent se présenter, afin de nous rendre capables de jouir des privilèges de la position à laquelle nous avons été amenés, et de rejeter tout ce qui serait de nature à nous ravir ces bénédictions.

L’action du St Esprit en puissance dans le croyant n’est maintenue que s’il marche en communion avec Dieu

N’oublions pas que cette puissance n’agit pas indépendamment de notre condition spirituelle. Aucun enfant de Dieu ne voudrait qu’il en fût autrement. Le Saint Esprit habite en nous, de sorte que, notre corps est son temple. Si donc nous sommes insouciants, sans vigilance, indifférents, cherchant notre plaisir dans le monde plutôt qu’en Christ ; si, en un mot, d’une manière quelconque, par pensée, parole, regard ou acte de la chair, nous attristons le Saint Esprit de Dieu par lequel nous avons été scellés pour le jour de la rédemption, ne pensons pas un instant qu’il condescende à nous employer comme vases de sa puissance. Ce serait impossible. Samson nous offre un exemple de cette importante vérité. Aussi longtemps qu’il garda sa séparation, son nazaréat, ses ennemis furent impuissants contre lui. Il les foulait, pour ainsi dire, sous ses pieds. Mais du moment où, séduit par les artifices de Delila, il trahit le secret de sa force, il devint aussi faible qu’un autre homme, et tomba immédiatement entre les mains de ses impitoyables ennemis. L’action du Saint Esprit en puissance dans le croyant et par le moyen du croyant, ne peut être maintenue qu’autant qu’il marche en communion avec Dieu. Si nous négligeons de nous juger nous-mêmes et de marcher selon la lumière dans laquelle nous sommes placés, comme Dieu lui-même est dans la lumière, bien que le Saint Esprit ne nous quitte pas, nous attendrons en vain la démonstration de sa puissance. Mais, d’autre part, si notre œil est simple (or un œil simple est celui qui ne voit pas autre chose que Christ), si Lui est l’objet de notre vie, le Saint Esprit, n’étant pas attristé, nous soutiendra, dans quelque position que nous soyons placés, et nous fera sortir victorieux de tout combat que nous aurons à livrer. Si la chair cherche à rétablir sa domination, il nous rendra capables de la repousser, de la traiter comme un ennemi déjà vaincu par le jugement de Dieu; si le monde veut nous charmer par ses attraits, l’Esprit nous rappellera son vrai caractère à la lumière de la croix de Christ, et ses charmes disparaîtront ; si Satan nous assaille, l’Esprit nous fortifiera pour que nous résistions au diable, et il s’enfuira loin de nous.

On ne doit pas s’attendre à avoir conscience de cette puissance

Rappelons-nous toutefois que nous ne devons pas nous attendre à avoir conscience de cette puissance. C’est là pour plusieurs une pierre d’achoppement. Ils voudraient sentir la puissance, et ne la sentant pas, ils en concluent qu’ils sont dans un mauvais état d’âme qui les empêche de l’exercer. Nulle erreur ne saurait être plus grande. D’autre part, le Seigneur, comme ce fut le cas pour Paul (2 Cor. 12), s’occupe à briser ses serviteurs, leur envoie des échardes dans la chair, les fait passer par la mort sous toutes ses formes (voyez 2 Cor. 4), afin de les amener au sentiment de leur absolue impuissance, pour qu’ils apprennent que la force s’accomplit dans l’infirmité. C’est alors «qu’étant faibles nous sommes forts», parce que la conscience de notre faiblesse nous conduit à la dépendance, et c’est seulement dans la mesure de notre dépendance, que nous réalisons la force de Celui sur lequel nous nous appuyons.

Et même en étant dépendants (j’insiste sur ce point), nous n’aurons pas toujours la conscience de la puissance. Ainsi Paul écrivait aux Corinthiens : «Et moi-même j’ai été parmi vous dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement» (1 Cor. 2: 3). Cependant il est évident, d’après l’épître elle-même, et d’après le récit de son séjour à Corinthe dans les Actes (Act. 18), qu’il fut à cette époque, d’une manière très spéciale, le canal d’une puissance extraordinaire dans le ministère de la Parole. Maintenant aussi il en sera très souvent de même des serviteurs du Seigneur. Que de fois il leur a été donné de voir, après un temps où ils avaient senti leur faiblesse et leur impuissance dans la prédication de la Parole, que c’était précisément alors que le Seigneur les avait le plus employés pour la bénédiction des âmes. Le même principe s’applique à toutes les sphères de la vie chrétienne ; on pourrait facilement en trouver des exemples dans l’histoire biblique. «Ah ! Seigneur», dit Gédéon, «avec quoi sauverai-je Israël ? Voici, mon millier est le plus pauvre en Manassé, et moi je suis le plus petit dans la maison de mon père». Était-ce une incapacité pour la mission à laquelle il était appelé ? Remarquez la réponse du Seigneur. «Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme» (Juges 6: 15, 16). En réalité, Gédéon n’était rien, mais le Seigneur était tout, et il peut opérer là où l’on sent son propre néant. De même, pour que le Seigneur manifeste sa puissance en nous et par notre moyen, il nous faut repousser l’indépendance sous toutes ses formes, il nous faut refuser même tout ce qui, selon la nature, nous aiderait dans notre œuvre ou dans nos luttes, afin de dépendre entièrement et uniquement de la puissance divine du Saint Esprit.

On n’est pas «doué» de puissance spirituelle

C’est aussi une erreur de supposer que nous puissions être doués, pour ainsi dire, de puissance spirituelle. Dieu ne donne jamais à aucun de ses serviteurs une provision de force où il puisse puiser de temps en temps, jusqu’à ce que le tout soit employé. La puissance est toujours en lui-même, et non en eux ; par conséquent, il supplée seulement de moment en moment, selon le besoin, à ce qu’il faut à ceux qui marchent avec lui et dans sa dépendance. Il en résulte que celui qui est aujourd’hui un puissant et vaillant homme, peut demain être faible et timide. Tel fut le cas d’Élie. Nous le voyons au chapitre 18 du premier livre des Rois, en face de toute la foule des adorateurs de Baal et de leurs prophètes enhardis par l’assurance de la protection et de la faveur royales ; il est absolument seul, mais élevé en dehors et au-dessus de lui-même, il les défie, et, se reposant sur Dieu pour que Lui maintienne la gloire de son Nom, il marche en avant avec la puissance divine, brave Satan jusqu’en sa forteresse, et remporte une victoire magnifique. Mais que trouvons-nous au chapitre suivant ? Ce même Élie fuyant devant les menaces de la méchante Jésabel. Il avait oublié, hélas !, dans ce moment, la source de sa force, et, en conséquence, le vaillant homme d’hier est aujourd’hui plus faible qu’un petit enfant. Ainsi une dépendance constante est la condition nécessaire pour la permanence de la puissance spirituelle. Si les serviteurs du Seigneur l’oublient, Satan réussira souvent à les vaincre.

Il y a donc, comme toutes les âmes sincères l’admettront, des conditions pour l’exercice de la puissance que Dieu a donnée aux siens par le Saint Esprit habitant en eux. Cela étant reconnu, on peut insister sur le fait que la puissance est parfaitement suffisante en toute circonstance, et pour faire face à tout besoin. Ainsi, dans ce seul chapitre 8 des Romains, il est parlé de ceux qui marchent selon l’Esprit, qui sont conduits par l’Esprit, qui, par l’Esprit, mortifient les actions du corps, de ceux à qui l’Esprit vient en aide dans leur infirmité, et en qui il intercède par des soupirs inexprimables. Dans plusieurs autres passages, nous voyons qu’il nous rend capables, comme nous l’avons déjà dit, de vaincre la chair, le monde et le diable (voyez Gal. 5: 16-25 ; Eph. 6: 17, 18 ; 1 Jean 2: 14-27) ; que par lui nous pouvons comprendre la Parole et la communiquer à d’autres (1 Cor. 2) ; que par sa puissance nous jouissons de l’accès auprès de Dieu, le Père (Eph. 2: 18) ; qu’en un mot, pour la marche, la lutte, le témoignage (Actes 4), ou le culte (Eph. 5: 18, 19 ; Phil. 3: 3), le Saint Esprit est notre seule puissance pleinement suffisante.

Ne pas avoir de repos avant de savoir pratiquement ce que c’est que d’être des instruments pour la manifestation de la puissance divine dans ce monde

Tout en admettant cela comme doctrine, n’y a-t-il pas danger de l’oublier dans la pratique ? Beaucoup d’enfants de Dieu ont appris, en quelque mesure, à connaître leur faiblesse, mais ne savent presque rien de la source de puissance qu’ils ont dans le Saint Esprit ; d’autres y croient, mais ne savent guère comment y puiser ; d’autres encore agissent, dans la vie chrétienne, comme si tout dépendait, non pas de lui, mais d’eux. Regardons cette question en face, et demandons-nous si les choses qui viennent d’être exposées, sont vraies. Si elles le sont, n’ayons point de repos avant de savoir pratiquement, ce que c’est que d’être des instruments pour la manifestation de la puissance divine dans ce monde. Si notre désir est de glorifier de cette manière le nom du Seigneur, nous verrons bientôt que Dieu condescendra à se servir de nous dans la mesure où nous marcherons sous sa dépendance et dans l’obéissance à sa Parole.

Nous arrivons maintenant au troisième point que nous avons mentionné, savoir :

LA CONSÉCRATION  (Rom. 8: 9-10) 

L’histoire religieuse de il y a quelques décennies avait montré partout un grand désir d’une plus entière consécration au Seigneur. Or qui peut douter que, malgré le grand mélange d’erreur et de vérité offert par les divers mouvements qui ont pour but «la sainteté», des milliers d’âmes n’aient trouvé en partie ce qu’elles cherchaient, et ne soient entrées par là dans une bénédiction spirituelle plus abondante ? Il faut toujours se rappeler que Dieu vient en aide à l’âme, non selon son intelligence, mais selon les besoins qu’elle ressent. Quelque part donc que des saints soient réunis pour s’attendre au Seigneur, ils ont trouvé une précieuse réponse à leur cri, et, dès ce moment, plusieurs d’entre eux ont commencé une vie de paix et de liberté avec Dieu. Ils se serviront peut-être d’expressions qui ne sont pas scripturaires ; ils se tromperont sur l’exacte réalité de leur relation avec le Seigneur ; ils ignoreront encore la plénitude de la grâce de Dieu dans la rédemption, et la bienheureuse espérance du retour du Seigneur ; mais le Seigneur a dans leurs cœurs une place qu’il n’avait jamais eue auparavant ; il est devenu à la fois l’objet de leurs âmes et le centre vers lequel ils se dirigent ; la conséquence en est une vraie bénédiction. Nous admettons tout cela pleinement et avec joie. La seule chose sur laquelle nous voulons insister, et cela en vue d’une plus entière bénédiction pour eux, c’est l’importance de comprendre les pensées de Dieu relativement à la consécration des siens.

Le problème : est-ce un acte d’abandon volontaire de nous-mêmes au service de Dieu ?

La question à examiner est donc : Qu’est-ce que la consécration ? L’idée dominante est qu’elle consiste en ce que nous nous livrons entièrement au service de Dieu par un acte d’abandon de nous-mêmes. Quelquefois même, on entend dire que la consécration peut s’accomplir par un acte de notre volonté, et que par une résolution définitive et constante, nous pouvons nous offrir nous-mêmes tout entiers, tête, cœur, corps et âme, au Seigneur, pour être à son service, et l’on tient souvent des réunions dans lesquelles on exhorte les assistants à se donner au Seigneur de cette manière.

«Il est très possible que lorsqu’une âme a conscience de se trouver en la présence de Dieu, quelque entrave, quelque péché habituel, quelque mauvaise habitude, quelque fâcheuse relation, soit parfois mise en lumière, confessée et jugée ; dans ce cas, cette âme aura, sans nul doute, une vraie bénédiction. Mais ce n’est pas la consécration ; et la question demeure : Cet acte par lequel on est exhorté à se mettre à part, pour ainsi dire, et par lequel on se livre soi-même, se trouve-t-il dans l’Écriture ?

La première chose à noter, c’est que toutes ces exhortations supposent de la puissance chez l’homme naturel. Nous sommes envisagés comme capables d’atteindre le but proposé, tandis que ce qu’il nous faut apprendre (nous l’avons vu en Rom. 7) c’est que le bien que nous voulons, nous ne le pratiquons point et, qu’en un mot, nous sommes absolument impuissants pour accomplir, soit en nous soit par nous-mêmes, quoi que ce soit pour Dieu.

On me demandera si nous ne sommes pas appelés à nous livrer nous-mêmes à Dieu, et à présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent ?

Certainement, mais aucun de ces passages ne favorise l’idée de consécration telle qu’elle vient d’être exposée. Examinons donc la signification de ces passages. Le premier se trouve en Rom. 6. La vérité exposée dans ce chapitre est notre mort avec Christ, et le fait que, comme morts avec Christ, nous sommes justifiés (ou quittes) du péché (versets 1-7). L’apôtre dit ensuite : «Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui. Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci ; et ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Rom. 6: 8.14). Ainsi, non seulement nous sommes envisagés comme morts avec Christ, et justifiés du péché, mais nous avons aussi à nous tenir pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus, puisque Christ est mort une fois pour toutes au péché, et que, en ce qu’il vit, il vit à Dieu. Étant donc libérés du péché, notre corps n’est plus sous sa domination, et par conséquent il nous est dit de ne pas livrer nos membres au péché, comme instruments d’iniquité, mais de nous livrer nous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, c’est-à-dire comme étant morts avec Christ, mais ayant maintenant une nouvelle vie en Christ ressuscité d’entre les morts.

Rom.6:13 et 12:1 : se livrer à Dieu est un acte fait dans la puissance du Saint Esprit en vertu de notre mort avec Christ

Selon quelle puissance donc, cela s’accomplit-il ? Est-ce selon la puissance de la volonté ? Non, car nous avons à nous tenir pour morts, etc., c’est donc par le Saint Esprit, selon la puissance de la nouvelle vie, que nous avons dans un Christ ressuscité. Or il faut bien remarquer ce que l’apôtre dit expressément, savoir, qu’en employant la figure d’un esclave, qu’il s’agisse de péché ou de justice, il parle à la façon des hommes à cause de l’infirmité de notre chair. De fait, la question ici concerne nos corps ou nos membres. Or, par le fait que nous avons part à la mort de Christ, nous ne sommes plus les esclaves du péché, nous en sommes libérés. Que ferons-nous donc de nos membres ? La réponse se trouve dans l’exhortation contenue dans ce passage. Qu’ils deviennent maintenant pour Dieu des instruments de justice ; car si, d’un côté, nous avons à nous tenir nous-mêmes pour morts au péché, de l’autre, nous devons nous tenir pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. La vérité enseignée dans ce chapitre découle de ce verset 11.

L’exhortation de Rom. 12: 1, se lie à la doctrine du chapitre 6, bien que l’appel soit basé sur la vérité développée à la fin du chapitre 8 : «Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu», dit l’apôtre. Les compassions de Dieu sont celles qu’il a déployées dans la rédemption, et qui sont exposées en détail dans cette épître. Nous rappelant donc ce que Dieu est pour nous en Christ et ce qu’il a fait, l’apôtre, sur ce terrain, nous exhorte à présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent. Ici encore, comme au chapitre 6, l’exhortation concerne nos corps, ces corps qui ont été délivrés de l’asservissement au péché, et en qui, selon l’enseignement du chapitre 8, le Saint Esprit habite maintenant. Cela explique la pensée de l’apôtre. Nous n’avons pas à apporter, comme les sacrificateurs d’autrefois, un sacrifice mort, et à le placer sur l’autel de Dieu ; mais, dans la puissance du Saint Esprit, nous avons à offrir un sacrifice vivant, un sacrifice perpétuel, par conséquent ; un sacrifice qui doit toujours être présenté à Dieu aussi longtemps que nous sommes sur la terre. Mais comment cela s’accomplira-t-il ? demanderez-vous encore. Est-ce par un acte de volonté? Non, ce serait impossible. C’est, en vertu de l’application de la mort, Christ gouvernant nos corps, au lieu que ce soit nous-mêmes, comme nous espérons l’expliquer plus loin, et cela est un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, et en même temps notre service intelligent, la reconnaissance de ce qui est dû à Dieu sur le terrain de la rédemption. En d’autres termes, nos corps appartiennent à Celui qui nous a rachetés ; mais cette vérité renferme la présentation de nos corps à Dieu, moment après moment, comme un sacrifice vivant, de sorte que maintenant il peut nous employer pour sa propre gloire en témoignage à son Fils bien-aimé.

Ce qu’est réellement la consécration

L’examen de ces passages nous a préparés à considérer ce qu’est réellement la consécration.

D’après la consécration d’Aaron et ses fils (Ex.29)

Dans ce but, nous prendrons deux portions de l’Écriture : l’une dans l’Ancien Testament; l’autre, en Rom. 8. Voyons d’abord ce qui nous est rapporté sur la consécration d’Aaron et de ses fils à leur charge de sacrificateurs (Exode 29). Sans entrer dans les détails, nous indiquerons la signification des rites qui accompagnaient cette consécration. Premièrement, ceux qui en étaient les objets étaient lavés avec de l’eau (v. 4), figure de la nouvelle naissance. C’est le fait d’être nés d’eau et de l’Esprit (Jean 3: 5), c’est-à-dire l’application de la Parole à l’âme par le Saint Esprit. Ensuite ils étaient placés sous l’efficace de l’offrande pour le péché, leurs péchés ayant été, en type, transportés sur la victime, par l’acte de l’imposition de leurs mains sur sa tête. Le jugement passe sur elle, le sang est placé sur les cornes de l’autel, et la chair, la peau, etc., sont brûlées au feu hors du camp (v. 10-14). Ainsi leurs péchés sont ôtés, et ils sont amenés devant Dieu selon la pleine acceptation de l’holocauste (ver-sets 15-18).

Tout cela avait lieu, afin de les qualifier pour la consécration : dans ce qui suit, nous avons la consécration elle-même. En premier lieu, le sang était mis sur le lobe de l’oreille droite, sur le pouce de la main droite, et sur le gros orteil du pied droit des sacrificateurs ; avec le reste du sang, on faisait aspersion sur l’autel, tout autour. Cela signifie que Dieu, en vertu du sacrifice de Christ, veut, selon la valeur de son précieux sang, l’entier dévouement de ses serviteurs et sacrificateurs qui, ayant été amenés sous l’efficace de ce sang, doivent dorénavant écouter, agir et marcher uniquement pour Dieu. Achetés à prix, ils doivent le glorifier dans leurs corps qui sont siens. Ensuite, on devait prendre du sang avec l’huile de l’onction, et en faire aspersion sur eux et leurs vêtements, symbole de la puissance dans laquelle leur service devait s’accomplir, non pas selon l’énergie de la chair, ou par un effort de leur volonté, mais sous l’onction et par l’onction du Saint Esprit.

Dans la cérémonie suivante nous avons la vérité actuelle de la consécration. Tous mes lecteurs savent que ces sacrifices sont des types de Christ. Qu’ils lisent, à la lumière de cette vérité, ce que l’on  faisait du bélier de consécration. Certaines parties de cette victime, avec un gâteau à l’huile et une galette de pain sans levain, étaient placées dans les mains d’Aaron et de ses fils, et tournoyées devant l’Éternel comme offrande. Leurs mains étaient remplies de Christ — Christ dans le dévouement de sa vie, figuré par le pain sans levain (l’offrande de gâteau, Lév. 2) ; Christ dans son dévouement jusqu’à la mort, dont le type est l’holocauste. En réalité, le mot traduit par consacrer, veut dire «remplir les mains», et ainsi Aaron et ses fils étaient consacrés, ayant, en figure, leurs mains remplies de Christ, et ils pouvaient avec lui, seule offrande acceptable, se présenter devant l’Éternel. Nous apprenons de plus que la nourriture de ceux qui étaient consacrés devait être les affections de Christ figurées par la poitrine, et la force de Christ (représentée par l’épaule de la victime) ; ainsi seulement leur consécration pouvait être maintenue et manifestée.

D’après Rom.8; la consécration, c’est Rom.8:10 (si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice)

Passant maintenant à Rom. 8, nous verrons que la consécration correspond exactement, bien qu’avec une signification plus profonde, à la vérité renfermée dans Exode 29. «Vous n’êtes pas dans la chair», dit l’apôtre, «mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui. Mais si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice» (v. 9, 10). Le verset 9 nous donne la vraie position chrétienne caractérisée par la possession du Saint Esprit et son habitation en nous. L’expression est très forte. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, -l’Esprit dans la puissance duquel Christ lui-même a marché et agi quand il était ici-bas, il n’est pas de lui ; il n’est pas caractérisé comme appartenant à Christ. Quoi qu’il puisse être, on ne peut dire qu’un homme soit un chrétien, dans le vrai sens du mot, s’il n’a pas le Saint Esprit. Ici donc, nous arrivons au même point (bien qu’avec une signification plus étendue) que les sacrificateurs, oints d’huile avant leur réelle consécration et pour les y préparer. Aussi lisons-nous dans le verset suivant : «Si Christ est en vous», ce qui est aussi une marque caractéristique du christianisme (voyez Col. 1: 27). En d’autres termes, non seulement l’Esprit de Dieu habite dans le croyant, mais Christ aussi est en lui. Le Seigneur Jésus, parlant du temps où le Saint Esprit serait venu, dit : «En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous». Au premier verset du chapitre 8 aux Romains, il est dit que nous sommes dans le Christ Jésus, et au v. 10, que Christ est en nous, selon ces paroles du Seigneur, que nous trouvons en Jean 14: 20, et qui ne pouvaient être comprises que lorsque le Saint Esprit serait venu. Or cette vérité que Christ est en nous, est la source de notre consécration, ou, comme on pourrait encore l’exprimer : notre consécration découle du fait que Christ est en nous. Nous avons déjà montré que, par l’affranchissement, nous entrons dans la possession du repos et de la puissance ; nous allons voir maintenant que la troisième bénédiction est la consécration.

Nous appelons, en premier lieu l’attention sur le langage de l’apôtre : «Si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice». Bien compris, ce passage est la consécration ; c’est ce que j’espère pouvoir expliquer avec l’aide de Dieu. Avant notre conversion, comme nous le savons tous, nous gouvernions nos corps. Ils nous servaient, selon nos propres volontés, pour nos devoirs, nos désirs, ou nos plaisirs. La volonté était en chacun de nous la force directrice, et c’est ce que l’apôtre entendait, lorsqu’il disait qu’auparavant nous étions les esclaves du péché (Rom. 6: 16, 17). Nos propres volontés (mises en activité, il est vrai, par Satan et asservies à sa puissance au moyen de la chair) étaient l’autorité suprême qui nous régissait. Non que nous fussions libres, car «quiconque pratique le péché est esclave du péché» (Jean 8: 34), et, hélas ! nous ne pratiquions que le péché, car le péché n’est autre chose que l’indépendance à l’égard de Dieu ; c’est l’iniquité, c’est-à-dire une marche sans loi, sans frein comme l’Esprit de Dieu le définit (1 Jean 3: 4) ; c’est n’avoir de loi que soi-même et ses propres désirs.

C’est là ce que nous étions, mais maintenant nous lisons : «Si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché», ce qui signifie, si j’ose me hasarder à paraphraser ces paroles : Sachant que si la volonté entre en activité, la conséquence est le péché; mais maintenant que Christ est en nous, nous tenons le corps pour mort, afin que nous ne nous en servions plus selon notre volonté, mais afin que Christ s’en serve comme d’un instrument pour l’expression de sa volonté. Nous tenons le corps pour mort, à cause de la certitude qu’il y aura péché si nous le gouvernons nous-mêmes ; et ainsi l’apôtre ajoute : «L’Esprit est vie à cause de la justice». Tenant le corps pour mort, puisque Christ est en nous, nous désirons que Lui, et non le péché, en soit le maître, et nous regardons l’activité de l’Esprit qui habite en nous, comme la seule vie que le chrétien devrait connaître, si nous voulons être remplis du fruit de la justice qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu (voyez Phil. 1: 11). C’est-à-dire que la justice pratique ne peut être produite dans notre vie, que si le corps est considéré comme un vase pour Christ par la puissance du Saint Esprit.

Autres passages : Gal.2:20 & 2 Cor.4:10 : Consécration = Christ a l’autorité absolue sur le corps des siens de sorte qu’ils sont des organes qui n’expriment rien d’autre que Lui-même (= Christ vit en moi)

Nous pouvons maintenant indiquer quelques points, qui feront comprendre d’une manière simple au lecteur la vérité de la consécration. Nous dirons d’abord que la consécration consiste en ce que Christ a l’autorité absolue sur les corps des siens, de sorte qu’ils soient des organes qui n’expriment rien d’autre que lui-même. Deux passages éclaireront ma pensée : «Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2: 20). Le même apôtre écrit : «Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps» (2 Cor. 4: 10). Dans l’un et l’autre de ces passages, nous avons la même chose, savoir que Christ seul doit être manifesté par le moyen du corps des siens. La différence est que, dans le premier passage, le «moi» est remplacé par : «je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi», tandis que le second nous présente le moyen par lequel aura lieu la manifestation de «la vie de Jésus». Telle est la consécration : Christ au lieu du «moi.» ; la suprématie de Christ au-dedans de nous, et lui-même se servant de nos corps, pour la manifestation de ce qu’il est au milieu des ténèbres de ce monde.

Il est utile de rechercher comment on peut atteindre à cette consécration, désir de tout croyant sincère. Nous avons fait remarquer le fait que nous étions heureux, par la grâce de Dieu, d’accepter Christ sur la croix comme notre substitut ; qu’une fois amenés à la vérité de l’affranchissement, nous étions heureux de l’accepter, Lui, à la place de nous-mêmes devant Dieu ; et maintenant, nous avons un pas de plus à faire, c’est de l’accepter à la place de notre moi, comme étant notre vie dans ce monde. Comme l’apôtre, il nous faut dire : «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». Cela nous conduira à récuser le «moi», sous quelque forme qu’il se présente, parce que nous avons appris que le «moi» (la propre volonté) n’est que mal. Christ deviendra donc le mobile, l’objet et la fin de tout ce que nous disons ou faisons. Lui-même, quoique toujours l’homme parfait, nous a montré le chemin pour parvenir à ce but. Il ne disait jamais ses propres paroles ; jamais il n’agissait pour lui-même; il ne parlait ni n’agissait de par lui-même ; c’est-à-dire qu’il ne puisait pas en lui-même ses actions et ses paroles. Tout était du Père, comme il le disait : «Le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres» (Jean 5: 19 ; 14: 10). C’est sur le même principe que lui qui est en nous, doit, par la puissance de son Esprit, produire nos paroles et nos actions, afin que les unes comme les autres, puissent être un témoignage pour lui et pour sa gloire.

Les obstacles : la consécration est maintenue par le renoncement constant au moi par la puissance du St Esprit

Nous y rencontrons des obstacles — lui n’en avait pas. Il était un vase parfait, et pouvait dire : «Celui qui m’a vu, a vu le Père». Pour nous, nous avons encore la chair en nous, et la chair convoite toujours contre l’Esprit et cherche à entraver sa puissance dans nos âmes. Aussi l’apôtre nous dit : «Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus», et, dans Rom. 8 : «Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps». Cela veut dire qu’il est toujours nécessaire d’appliquer la mort à tout ce que nous sommes, afin qu’il y ait en nous, dans quelque mesure, l’expression sans entrave de ce qu’est Christ ; la puissance pour le réaliser se trouve dans la possession du Saint Esprit. Supposons, par exemple, qu’étant tenté, je sois sur le point de me laisser aller à la colère, ou de tomber dans quelque autre péché ; regardant hors de moi-même à Christ, et me rappelant que, par grâce, je lui suis associé dans sa mort, je suis rendu capable par l’Esprit de repousser la chair, de me tenir pour mort au péché. De cette manière, Christ garde son autorité, il vit en moi et parle par moi, au lieu que ce soit moi-même. De là, aussi, l’exhortation de ne point attrister le Saint Esprit de Dieu (Eph. 4: 30), car si, cédant de quelque manière à la chair, je l’attriste, non seulement l’expression de ce qu’est Christ se trouve obscurcie, mais, en réduisant au silence l’Esprit Saint, je perds aussi la puissance de mortifier les actions du corps.

Ainsi, même en acceptant Christ pour ma vie ici-bas au lieu de moi, la consécration ne peut être maintenue que par le jugement constant de moi-même en la présence de Dieu, jour après jour, heure après heure. Ce qui manifeste tout, c’est la lumière, et si je suis d’une manière consciente dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, je découvrirai immédiatement tout ce qui n’est pas en accord avec elle. Si alors je me juge moi-même, en confessant mon manquement, ma communion avec Dieu est rétablie; ma consécration est maintenue (voyez 1 Jean 1). Bien loin donc de l’idée ordinaire que la consécration consiste en un acte résolu d’abandon de soi-même, nous voyons qu’elle commence plutôt par le fait que nous acceptons Christ à la place de nous-mêmes, que nous lui donnons sa vraie place de prééminence en nous ; et cette consécration est maintenue par le renoncement constant au «moi» par la puissance du Saint Esprit. Telle est la consécration à laquelle Dieu, dans son infinie miséricorde, conduit l’âme affranchie.

La consécration ne sera jamais complète; sanctification progressive

Je dois cependant ajouter que notre consécration ne sera jamais complète dans ce monde. Le Seigneur Jésus est le seul homme parfaitement consacré, et il est le modèle auquel nous devons être rendus conformes. Notre consécration actuelle est en proportion de notre conformité avec lui, ni plus ni moins. C’est donc, mal comprendre l’Ecriture que de parler d’une entière consécration de nous-mêmes, c’est une erreur plus grande encore que d’en parler comme pouvant être atteinte en un moment par un seul acte d’abandon de nous-mêmes. Le Seigneur, dans la prière qu’il adressait au Père, à la veille de sa crucifixion, disait: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité» (Jean 17: 19). Il était toujours le vrai Nazaréen, entièrement séparé pour Dieu, mais maintenant il était sur le point de se sanctifier lui-même, de se mettre à part pour Dieu d’une nouvelle manière, savoir, comme homme glorifié ; et, comme tel, il devait devenir la mesure de notre sanctification — de notre sanctification pratique. Il dit donc : «afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité», la vérité de ce qu’il est comme sanctifié, mis à part dans la gloire. Pour nous, cette sanctification sera donc progressive — progressive en proportion de la puissance de «la vérité» sur nos âmes.

L’apôtre nous explique comment cela s’accomplit : «Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3: 18). Christ dans la gloire est devant nos âmes, il y est absolument sans voile, révélé à nos cœurs ; nous contemplons toute la gloire de Dieu resplendissant sur sa face, toutes les perfections morales, tous les attributs, toute l’excellence spirituelle de Dieu, concentrés et révélés dans cet Homme glorifié ; occupés ainsi de lui comme l’objet de notre contemplation et de nos délices, nous sommes, par la puissance du Saint Esprit, transformés graduellement (car c’est de gloire en gloire) dans la ressemblance de Celui sur qui sont arrêtés nos regards. Mais, je le répète, ici-bas nous n’atteindrons jamais pleinement à cette ressemblance, car c’est seulement quand nous le verrons comme il est, que nous lui serons semblables (1 Jean 3: 2). La manifestation de sa vie dans nos corps ici-bas sera en proportion de notre ressemblance avec lui. C’est pourquoi, il ne peut y avoir sur la terre aucun arrêt dans la poursuite de la parfaite sainteté pratique, et l’on n’y saurait atteindre. Il peut y avoir par la foi la recherche de la sainteté, mais on ne saurait affirmer trop fortement que la sainteté dont l’Ecriture parle, est une entière conformité avec Christ glorifié. C’est la sainteté scripturaire, et nous pouvons, par la grâce de Dieu, en approcher tous les jours davantage, mais elle ne sera complètement nôtre, que quand nous verrons face à face notre précieux Sauveur. En même temps, ceux qui ont connu la vérité de la rédemption, et qui sont entrés dans la joie de l’affranchissement, n’auront qu’un seul désir, c’est que Christ, lui seul, ait la place de suprématie et de prééminence qui lui est due dans leurs cœurs et dans leurs vies, et les gouverne ainsi complètement.

Caractéristique du croyant consacré : je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi

Pour conclure, j’indiquerai brièvement les caractères qui distinguent le croyant consacré. Premièrement, et par-dessus tout, il n’a point de volonté. Comme l’apôtre, il dit : «je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». Étant crucifié avec Christ, il en a fini devant Dieu avec sa propre volonté, liée au vieil homme, et par conséquent il la traite comme une chose déjà jugée, et refuse son activité. La volonté de Christ est son unique loi, il lui appartient d’une manière absolue, pour que le Seigneur seul se serve de lui. Ensuite le croyant consacré cherche uniquement la gloire de Christ. Voyez l’apôtre Paul quand il était en prison, ayant devant lui la possibilité du martyre ; que dit-il ? «Selon ma vive attente et mon espérance que je ne serai confus en rien, mais qu’avec toute hardiesse, maintenant encore comme toujours, Christ sera magnifié, dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort» (Phil.1:20). Le «moi» avait disparu de devant ses yeux, et la gloire de Christ remplissait son âme. De plus, nous apprenons que Christ était le tout, la fin, le mobile et l’objet de la vie de l’apôtre, marque certaine de sa consécration. «Pour moi», disait-il, «vivre c’est Christ» (Phil.1:21). Et, bien que mourir eût été un gain, il ne voulait pas choisir, parce que Christ étant tout pour lui, Lui seul savait comment l’apôtre pouvait le mieux le servir. Enfin, son espérance était d’être avec Christ. Lorsque Christ est l’objet de nos affections, qu’il remplit nos cœurs, nous ne pouvons que regarder en avant vers le moment où nous serons avec lui. Là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur, et le cœur tend toujours à être avec son trésor. Si donc la mort est devant le croyant consacré, il dira aussi avec Paul : «Déloger et être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur» (Phil.1:23), et  si la mort n’est pas devant lui, il vivra dans la bienheureuse espérance de Son retour, afin d’être pour toujours avec le Seigneur. Telle est l’espérance que lui-même a placée devant l’âme, en sorte que s’il dit : «Oui, je viens bientôt», le cœur de celui qui est consacré réponde :

«Amen ; viens, Seigneur Jésus !»