La FOI : elle obéit, sans raisonner, voyant le monde invisible

Suite au message intitulé « La FOI : seule manière d’échapper au jugement de Dieu sur ce monde ».

Pour rappel : Nous lisons dans l’épitre aux Romains la définition de la foi : « ... la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Ch.10 v.17)

 

Épitre aux Hébreux chapitre 11

8 Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héri-tage ; et il s’en alla, ne sachant où il allait. 9 Par la foi, il demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; 10 car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur.

Par la foi, saisissant, lui aussi, les choses invisibles et à venir, Abraham obéit à l’appel de Dieu, sans que Dieu lui eût donné aucun renseignement quant à la situation et à la nature du pays où il l’envoyait pour le posséder : « Il s’en alla, ne sachant où il allait ». Remarquons que la foi produit toujours l’obéissance, une obéissance implicite, sans raisonnement. Arrivé dans le pays qu’il devait recevoir en héritage, Dieu lui déclare qu’il le donnera à sa postérité (Gen.12:7) ; lui-même n’y a pas même où poser son pied (Actes 7:5), tellement qu’il doit y acheter un terrain pour y enterrer Sara (Gen.23). Le pays devient ainsi « la terre de la promesse », et Abraham, saisissant cette promesse, demeure là comme sur une terre étrangère, habitant sous des tentes, étranger et voyageur, ainsi qu’Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse que Dieu leur renouvelle (Gen.26:3-4 ; 28:13-14).

Abraham « attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur ». N’ayant rien reçu sur la terre, sauf la promesse faite pour sa postérité, la foi d’Abraham, comptant absolument sur Dieu, s’élève vers des choses plus excellentes, des choses à venir spirituelles, célestes et permanentes. Ce ne sont plus les tentes fragiles du voyageur, mais une cité qui a les fondements posés par Dieu lui-même et qu’il a préparée pour ces hommes de foi. Il en est l’architecte — il en a dressé le plan suivant ses conseils ; il en est le créateur — lui-même l’a établie pour durer d’une manière inébranlable. Quelle récompense de la foi ! quelle sécurité ! combien ce que Dieu prépare pour les siens dépasse ce qu’ils auraient imaginé ! La foi marche ici-bas appuyée sur sa grâce puissante, et elle attend avec confiance ce qu’il a établi dans le ciel pour ses bien-aimés.

Ces versets, tout comme les suivants jusqu’au verset 23 nous parlent de patience. Elle est au fond, ce qu’indique le terme primitif dont ce mot est tiré (παθειυ, pati) : souffrir, endurer et persévérer en vue d’atteindre un but placé devant nous. Or, la foi seule est capable de souffrir, afin d’atteindre un but invisible et des promesses divines pour la réalisation desquelles elle n’a d’autre garant que Lui.

Les hommes cherchent souvent à atteindre un but qu’ils se sont posé ; ils endurent pour y parvenir bien des privations et des traverses, cherchent à profiter des occasions, à faire tourner les événements en leur faveur, à s’assurer le concours d’hommes dévoués ou intéressés eux-mêmes à leur réussite. Le chrétien, lui, n’a aucun appui semblable. La parole du Dieu, auteur des promesses, lui suffit ; mais, bien plus, il sait qu’il ne verra pas ici-bas, la réalisation de ces dernières.

La chose est d’autant plus frappante, dans le cas d’Abraham, qu’il avait reçu de Dieu toutes les promesses en vue d’un héritage terrestre. Ses yeux pouvaient s’y arrêter en détail, quand il traversait comme étranger le pays de Canaan, ou bien il le contemplait dans son ensemble et comme à vol d’oiseau du haut de la montagne, mais il ne l’a jamais possédé durant sa longue carrière de foi.

L’obéissance à l’appel de Dieu est le premier pas de la marche de la foi. Cette marche n’est, en aucune façon, laissée à la libre décision de l’homme. Abraham est appelé hors d’une nation, vouée à l’idolâtrie introduite par Satan dans le monde depuis le déluge. Il est appelé à quitter toutes ses relations d’homme naturel, pour se rendre au pays que l’Éternel devait lui montrer, que Dieu ne lui nomme pas et se réserve de lui faire voir plus tard. Le premier pas de la foi qui entend l’appel de Dieu n’est pas la connaissance, mais, comme nous venons de le dire, l’obéissance.

Abraham aurait pu dire à Dieu : « Je suis prêt à partir, disposé même à m’en aller sans savoir le nom du pays que je dois habiter, mais indique-moi du moins ma direction. Par quelle porte de la ville devrai-je sortir ? Celle du nord ou du midi, de l’orient ou de l’occident ? »  La foi d’Abraham n’aurait pas été la foi, si elle avait fait un tel raisonnement.

« Sors » dit Dieu ; le reste viendra ensuite. Dieu ayant parlé, Abraham obéit et sort. En apparence, tout est incertain pour lui : « Il s’en alla, ne sachant où il allait » mais sa foi s’embarque sur une parole divine qui le conduira. Dieu, comme l’a dit un frère, lui donne assez de lumière pour obéir, mais pas assez pour calculer les conséquences.

Entré dans son héritage, il y demeure comme étranger et voyageur. S’il en eût été autrement, sa marche de foi eût été terminée quand il mit le pied sur le sol de Canaan. Lorsqu’on entre en possession d’un héritage, il n’est plus question de foi, car elle est changée en vue, puisque le but est atteint. En Canaan, Abraham persévère à marcher par la foi. Il considère l’héritage que Dieu veut lui donner comme une « terre étrangère » dans laquelle il ne possède rien, non, pas même où poser son pied, parce que, cet héritage, il ne l’a pas encore reçu des mains de Dieu ; et ce n’est qu’alors, qu’il pourra le considérer comme lui appartenant. Cette circonstance l’amène à « confesser qu’il est étranger et forain ». Il le proclame en « demeurant sous des tentes avec Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse ».

Une marche de foi nous sépare toujours du monde. Abraham commence par le quitter au moment où il part d’Ur des Chaldéens, sa ville natale ; ensuite, obligé de marcher au milieu des Cananéens, toute son attitude montre clairement qu’il appartient à un autre monde. Celui qu’il traverse peut tout au plus lui offrir la possession d’un sépulcre. Cette marche exerce en outre son influence sur d’autres. Les membres de la famille d’Abraham, Isaac et Jacob, suivent les traces de leur père et, quoique héritiers de la même promesse, font la même profession que lui.

« Car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur ». La conséquence immédiate de la foi d’Abraham est que, ne pouvant rien chercher sur la terre, ses regards se portent sur les choses invisibles : sa foi devient « la conviction des choses qu’on ne voit pas ». Il « attend la cité » : sa foi est « l’assurance des choses qu’il espère ». Il apprend à contempler l’accomplissement final des pensées de Dieu, seul capable de satisfaire l’attente de sa foi.

L’épître aux Hébreux, nous parle souvent de « la cité ». Elle est appelée « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (12:22) ; « la cité permanente à venir » (13:14) ; « la cité que Dieu a préparée pour les croyants » (11:16), et ici, « la cité qui a les fondements ». Cette cité est le lieu futur de la gloire, dans lequel tous les croyants de l’Ancien et du Nouveau Testament habiteront ensemble. Elle est bien la Jérusalem céleste dans l’épître aux Hébreux, mais non pas dans son caractère d’Épouse, de femme de l’Agneau, comme dans l’Apocalypse. En ce sens, l’Église seule est la cité, mais elle est ici le lieu d’habitation glorieux de tous les saints. Tous, eux et nous, sans distinction de relation, nous arriverons à la perfection ; tous nous posséderons une gloire dans laquelle nous serons parfaitement semblables à Christ, bien qu’il y ait « quelque chose de meilleur pour nous » comme nous le verrons à la fin de ce chapitre. Être les amis de l’Époux, les compagnons du grand Roi, être même la reine à la droite du Roi, parée d’or d’Ophir, est une chose ; être l’Épouse et posséder l’Étoile du matin, en est une autre. Mais les saints de toutes les économies ont place dans le palais du Roi pour y habiter.

Abraham attendait cette cité et ne voulait pas d’une cité bâtie par l’homme. Il n’avait aucune idée de retourner à Ur des Chaldéens. Il levait les yeux vers « la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur », vers une gloire préparée, ordonnée, établie par Dieu lui-même, fondée par lui, et sur quels fondements ! créée par lui, création nouvelle n’ayant aucun rapport avec l’ancienne qu’il avait sous les yeux. Ainsi, quoique les promesses faites à Abraham, se rapportassent à la Canaan terrestre, sa foi, qui sans cela n’aurait pas été la foi, espérait des choses célestes et invisibles.

Tout cela exige de la patience. Traverser un monde hostile, rien ne répond aux aspirations de nos cœurs, l’on ne trouve que peine et souffrance, sans se laisser décourager, bien au contraire, étant soutenu par une foi qui fait voir le Christ invisible et les choses célestes, et veut à tout prix atteindre le but,c’est la patience, mais c’est aussi le bonheur et la joie !

Nous considérons ainsi la foi qui embrasse le propos de Dieu pour le monde à venir, rendant le croyant capable de marcher comme étranger et forain dans ce monde. A partir d’ici, jusqu’au verset 22, cinq croyants de l’Ancien Testament sont mentionnés par leur nom : Abraham, Sara, Isaac, Jacob et Joseph, chacun présentant un caractère particulier de la foi, mais attendant tous le monde glorieux à venir.

 Abraham est le grand témoin de cette foi qui s’empare du propos de Dieu, ce qui l’amène à regarder à un autre monde et à marcher dans ce monde-ci comme étranger. Il fut appelé à quitter le pays où il avait vécu, en vue d’un autre pays qu’il recevrait plus tard. Si Dieu appelle un homme à sortir de ce monde, c’est parce qu’il a un monde meilleur dans lequel il veut l’introduire. On se souviendra qu’Étienne commence son discours devant le sanhédrin en disant : « Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham » (Act.7). C’est une déclaration merveilleuse, mais celle que nous trouvons à la fin du discours est plus merveilleuse encore ; ayant les yeux attachés sur le ciel et voyant Jésus debout à la droite de Dieu, Etienne peut dire : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Sa prédication commence par la vision du Dieu de gloire apparaissant à un homme sur la terre ; elle se termine par la contemplation d’un Homme apparaissant dans la gloire de Dieu dans le ciel.

Dès que le Seigneur Jésus a pris sa place dans la gloire, nous pouvons voir clairement ce qu’Abraham ne voyait qu’obscurémentle plein résultat de l’appel de Dieu. Comme Abraham, nous avons été appelés selon le dessein de Dieu (2 Tim.1:9) ; mais cela signifie que nous avons été appelés hors de ce monde, pour avoir une part avec Christ dans la demeure de gloire où il se trouve, pour être effectivement avec lui et comme luiconformes à l’image du Fils de Dieu (Phil.3:21 ; Rom.8:29 ; 2 Thess.2:14).

De plus, en Abraham nous avons non seulement une illustration frappante de l’appel souverain de Dieu, mais aussi un exemple remarquable de la réponse de la foi. Nous lisons premièrement : « il s’en alla, ne sachant où il allait ». Quitter son pays sans savoir où l’on va, semble à l’homme naturel de la folie pure, et contraire à toute raison et à toute prudence. Mais c’est précisément ce qui donne à la foi l’occasion de se manifester. Il suffisait pour la foi d’Abraham que Dieu l’ait appelé : Dieu savait où il le conduisait. Parfois nous désirons voir quel sera le résultat d’un pas fait dans l’obéissance à la parole de Dieu, aussi hésitons-nous à faire le pas. La prudence humaine voudrait peser soigneusement les conséquences de l’obéissance ; la foi, donnée de Dieu, les abandonne à Dieu.

Ensuite, Abraham non seulement s’en alla par la foi, mais ayant quitté son ancienne patrie, il marcha par la foi avant d’en recevoir une nouvelle. Ainsi, avec Isaac et Jacob, il revêtit le caractère d’étranger et de forain. Pour lui, le pays dans lequel il demeurait était une terre étrangère, et lui-même un pèlerin demeurant sous des tentes. N’est-ce pas là la vraie position du chrétien aujourd’hui ? Nous avons été appelés hors du monde qui nous entoure ; nous ne sommes pas encore dans la nouvelle patrie vers laquelle nous nous rendons. En attendant, nous sommes des étrangers sur une terre étrangère et des pèlerins se dirigeant vers une autre patrie.

Ainsi, Abraham attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur. Nous apprenons ici ce qui le soutenait dans son pèlerinage à travers une terre étrangère : il attendait la bénédiction future que Dieu a en réserve pour son peuple. Il était entouré par les cités des hommes qui, alors comme aujourd’hui, n’avaient pas de fondements justes. C’est pour cette raison que les cités des hommes sont vouées à la destruction. Abraham attendait la cité de Dieu qui, fondée sur la justice, ne sera jamais ébranlée. Comme nous le lisons plus loin, il s’agit de « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ». Abraham suit ainsi le sentier de la foi à la lumière du monde à venir.

Comme il est souligné plus haut, pour l’homme naturel, cela peut paraître le comble de la folie de lâcher ce monde visible pour un monde que l’on n’a jamais vu. Mais la cité de Dieula Jérusalem célesteest visible au regard de la foi ; et lorsque cette cité magnifique se présentera à la vue, dans toute sa gloire et sa félicité — la cité où il n’y a ni douleurs, ni larmes, ni mort, ni nuit — alors sera manifesté combien Abraham avait raison et combien il était sage ; et combien sont sages tous ceux qui suivent ses traces, en laissant de côté ce monde et en marchant comme étrangers et forains vers la cité de Dieu.

La patience de la foi alors que la foi ne possède pas encore, elle se confie en Dieu et attend, certaine de l’accomplissement. La conséquence en est que la foi qui prend la place d’un étranger sur la terre, la maintient parce qu’elle désire quelque chose de meilleur, et à travers la faiblesse, trouve la force nécessaire pour que les promesses s’accomplissent.

L’effet en est qu’on entre dans la joie d’une espérance céleste ; étranger dans le pays de la promesse, et ne jouissant pas de l’effet des promesses ici-bas, on attend des choses plus excellentes encore, des choses que Dieu prépare en haut pour ceux qu’il aime. Il a préparé une cité pour de tels hommes. À l’unisson avec Dieu dans ses propres pensées, leurs désirs par la grâce répondant aux choses dans lesquelles il trouve son plaisir, ils sont l’objet de son intérêt particulier : il n’a point honte d’être appelé leur Dieu.

Non seulement Abraham a suivi Dieu jusqu’au pays qu’il lui a montré, mais y étant étranger, et ne possédant pas le pays de la promesse, il est élevé dans la sphère de ses pensées par la puissante grâce de Dieu ; et jouissant de la communion de Dieu et des communications de sa grâce, il se repose sur Lui pour le temps présent, accepte sa position d’étranger sur la terre, et attend, comme la part de sa foi, la cité céleste dont Dieu est l’architecte et le créateur. Marchant assez près de Dieu pour savoir ce dont on jouissait auprès de Lui, sachant qu’il n’avait pas reçu l’effet de la promesse, Abraham saisit les choses meilleures ; il les attend, quoiqu’il ne les voie que de loin, et reste étranger sur la terre sans penser au pays d’où il était sorti. Telle est la vie normale de la foi pour tous.

La foi d’Abraham se montre dans une entière confiance en Dieu ; appelé à quitter les siens en rompant les liens de la nature, Abraham obéit ; il ne sait pas où il va ; il lui suffit que Dieu lui montre le lieu. Dieu, l’ayant amené là, ne lui donne rien. Cependant Abraham y demeure content, dans une entière confiance en Dieu. Il gagnait à cette confiance : il attendait une cité qui a des fondements. Il confesse hautement qu’il est étranger et forain sur la terre (Gen.23:4) ; il se rapproche ainsi de Dieu spirituellement. Quoiqu’il ne possède rien, ses affections sont engagées ; il désire un meilleur pays, et il s’attache à Dieu plus immédiatement et plus entièrement ; il n’a aucun désir de retourner dans son pays ; il recherche une patrie. Tel est le chrétien.

 

Note :

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