La FOI : elle possède une énergie active et soumise, elle va de l’avant !

Suite au message intitulé « La FOI : elle a une confiance absolue dans le Dieu de la résurrection! ».

Pour rappel : Nous lisons dans l’épitre aux Romains la définition de la foi : « ... la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu» (Ch.10 v.17)

Épitre aux Hébreux chapitre 11

23 Par la foi, Moïse, étant né, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi. 24 Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, 25 choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, 26 estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération. 27 Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. 28 Par la foi, il a fait la pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas. 29 Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, ce que les Égyptiens ayant essayé, ils furent engloutis. 30 Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant. 31 Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix.

CONTENU

La FOI : elle possède une énergie active et soumise. Elle va de l’avant !

Préambule

L’énergie de la foi, spécialement en temps de ruine

Les épîtres de la ruine, 2 Timothée et 2 Pierre

La foi des parents de Moïse

L’énergie de la foi de Moïse

La foi qui refuse

La foi qui choisit

Quel est le mobile de son refus et de son choix ?

La foi qui estime

La foi qui quitte

La foi de Moïse se soumet en faisant la Pâque

Par la foi le peuple traverse la Mer Rouge

La foi dans la prise de possession du pays

Par la foi, les murs de Jéricho tombent

La foi de Rahab

En résumé

 

Préambule

Nous trouvons ici, que la foi fait son chemin en dépit de toutes les difficultés qui s’opposent à son progrès (v. 23-27). Dans les versets 28 à 31, la foi se déploie dans une confiance qui se repose sur Dieu à l’égard de l’emploi des moyens que Dieu nous présente, moyens dont la nature ne saurait se servir. Enfin, il y a l’énergie, en général, dont la foi est la source, les souffrances qui caractérisent la marche de la foi.

Ce caractère général, dont l’application à l’état des Hébreux est évidente, est celui de tous les exemples cités, savoir que ceux qui ont vécu par la foi n’ont pas reçu l’effet de la promesse ; l’application de ces exemples à l’état des chrétiens hébreux est évidente. En outre, ces héros renommés de la foi, quel que fût l’honneur dont ils jouissaient auprès des Juifs, n’avaient pas les privilèges dont jouissaient les chrétiens. Dieu, dans ses conseils, ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous.

Depuis le verset 23, nous voyons la foi victorieuse du monde. Dans la section précédente, Abraham était le grand exemple de celui dont la foi s’est emparée du monde à venir, de la patrie céleste et de la cité qui a les fondements. Dans cette dernière partie, Moïse est l’exemple dominant d’un croyant qui, par la foi, est victorieux de ce monde.

Nous voyons ici l’énergie active de la foi pour aller en avant, en dépit de toutes les difficultés qui peuvent se présenter dans le chemin. Saisissant son objet, elle agit malgré toute l’opposition du monde ; elle ne tient nul compte de la puissance des adversaires ; elle foule aux pieds les grandeurs de cette terre. La foi comprend ce qu’elle a à faire selon Dieu, et lui abandonne les conséquences.

L’énergie de la foi, spécialement en temps de ruine

La patience ou persévérance de la foi, dont le point de départ est l’obéissance, comme l’histoire d’Abraham nous l’enseigne, n’est pas tout ce qui doit caractériser le fidèle. Une autre chose, d’une importance particulière, c’est l’énergie de la foi. Il faut commencer par l’obéissance, mais il faut continuer par l’énergie et, notons-le bien, elle est requise d’une manière toute spéciale dans les jours de ruine et d’abaissement moral où nous vivons. Il faut beaucoup de résolution pour traverser aujourd’hui ce monde, sans se laisser envelopper par ses principes corrupteurs, et en maintenant de tous côtés une stricte séparation du mal, afin d’être les vrais témoins de Dieu.

Les épîtres de la ruine, 2 Timothée et 2 Pierre

Les épîtres, auxquelles je donnerais le nom d’épîtres de la ruine, illustrent cette vérité. L’énergie est d’autant plus nécessaire que le mal est plus grand. Ainsi, dans la deuxième épître à Timothée, quand ce fidèle disciple était en danger de perdre courage et d’avoir honte d’un témoignage, aussi affaibli qu’il l’était alors, l’apôtre insiste sur le fait que « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance (elle vient en première ligne) et d’amour et de conseil ». Aussi exhorte-t-il son jeune compagnon d’œuvre à « prendre part aux souffrances de l’évangile selon la puissance de Dieu » ; il ajoute que, quant à lui il n’a pas de honte, mais qu’il compte sur la puissance de Dieu pour garder son dépôt jusqu’au jour de Christ. Et il ajoute plus loin (2:1) : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ».

De même, dans la deuxième épître de Pierre, quand les moqueurs de la fin marchent selon leurs propres convoitises, l’apôtre recommande aux chrétiens de « joindre à leur foi, la vertu » [v.5], première chose après la foi, le courage moral qui nous fait traverser les difficultés, dans une sainte séparation du mal, en nous dépouillant de plus en plus, afin d’atteindre le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, et d’y avoir une riche entrée. Or, nous pouvons l’affirmer, cela manque beaucoup de nos jours. Il y a dans notre christianisme un laisser-aller, une mollesse, une lâcheté qui n’aiment pas à se séparer des choses qui nous plaisent et nous attirent, d’une vie facile ou agréable. Tout cela est le contraire de la puissance et de la vertu.

La foi des parents de Moïse

La foi de ses parents les conduisit non seulement à ne pas tenir compte de l’ordonnance du roi, mais à surmonter leur crainte. Or souvent la crainte d’un mal imminent est plus difficile à vaincre que le mal lui-même. Chose qui pourrait sembler assez surprenante, ce qui provoqua l’activité de leur foi, c’est la beauté de leur enfant. Ils agirent par la foi « parce qu’ils virent que l’enfant était beau ». C’était la foi opérante par l’amour.

Ils cachent leur enfant, que Dieu, répondant à leur foi, a su garder par des moyens extraordinaires quand il n’y avait pas moyen de le conserver autrement. La foi ne raisonne pas, elle agit à son point de vue et laisse le résultat à Dieu.

La foi des parents de Moïse montre leur attachement aux promesses de Dieu ; elle les élève au-dessus de la crainte. Durant leur séjour en Égypte, malgré leur dur asservissement, les Israélites avaient tourné leurs yeux vers les idoles de ce pays, oubliant l’Éternel, le Dieu de leurs pères (Ézéch.20:5-8). L’idolâtrie fut toujours leur péché dominant. Gémissant sous la cruelle oppression qui les accablait, ils n’avaient pas même la consolation que la foi aux promesses divines leur aurait donnée, par l’espoir de la délivrance. Mais comme dans tous les temps Dieu eut toujours un résidu fidèle, il y avait des fils d’Israël qui avaient gardé soigneusement la foi au Dieu qui avait donné les promesses et qui avaient l’assurance des choses qu’ils espéraient. Tels étaient les parents de Moïse. « Par la foi », ils cachèrent leur enfant durant trois mois, malgré la cruelle ordonnance du roi. Ils reçurent leur enfant comme un don tout spécial de Dieu. Sa beauté remarquable — « divinement beau », dit Étienne (Actes 7:20) — leur présente un cachet divin ; leur foi leur fait voir en lui le futur libérateur de leur peuple, et ils sentent leur responsabilité de le conserver, coûte que coûte, en comptant sur la puissance de leur Dieu. Ils ont confiance en lui et ne craignent point la colère du roi. Leur foi, comme nous le savons, fut rémunérée ; Dieu conserva l’enfant par des moyens qui n’appartiennent qu’à lui ; Moïse, sauvé des eaux par la fille du Pharaon, fut élevé par elle dans la maison du roi. Cette beauté éveilla la foi d’Amram et de Jokebed, et ils obéirent. N’y avait-il pas aussi de la beauté sur le visage du martyr Étienne ? Ses meurtriers n’auraient-ils pas dû la voir et obéir ? Quel contraste moral avec les parents de Moïse qui, reconnaissant le doigt de Dieu, discernèrent son dessein et cachèrent l’enfant !

Cette énergie caractérise les parents de Moïse, dès la naissance de cet homme de Dieu. Mais il est important de noter, qu’elle ne se montre point par des actions d’éclat ou le développement de dons miraculeux. Elle est, au contraire, dans ses manifestations, aussi insignifiante, aussi humble que possible aux yeux du monde. « Par la foi, Moise, étant né, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau ; et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi ».

Qu’est-ce donc qui leur donnait cette hardiesse en présence de l’édit du plus puissant monarque de la terre ? Leurs cœurs avaient trouvé un objet dans ce petit enfant que Dieu leur avait donné. Il portait une marque divine qui le faisait apprécier de ses parents. Actes 7:20, rapporte qu’il était divinement beau. Ce fait ne nous parle-t-il pas de Christ ? La connaissance personnelle du Seigneur, l’appréciation de sa beauté et de sa perfection, le sentiment de la valeur de Celui que Dieu nous a donné, et qui est « l’image du Dieu invisible », se trouvent à l’origine de l’énergie de la foi, et produisent cette énergie chez le croyant. La connaissance de Christ poussait l’apôtre Paul à « tendre avec effort » vers les choses qui étaient devant lui. Ici, la foi des parents de Moïse les pousse — il en est de même pour nous — à ne pas craindre les dispositions par lesquelles le monde cherchait à les lier et à leur enlever le don de Dieu (Christ). Nous trouverons un peu plus loin que ce fut le secret de l’énergie de Moïse lui-même, lorsqu’il devint conducteur du peuple.

L’énergie de la foi de Moïse

Moïse, après quarante années de séjour dans la maison du Pharaon où il fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, comprit, par la foi, que pour s’identifier avec le peuple de Dieu, il lui fallait quitter cette position élevée où la providence de Dieu l’avait placé. La foi créait dans son cœur des affections en harmonie avec celles de Dieu, pour ce peuple affligé dont il faisait partie. Mais pour lui venir en aide, il fallait qu’il choisît entre le titre de prince, « fils de la fille de Pharaon », et les mauvais traitements qu’endurait Israël ; entre la jouissance du péché et l’opprobre de Christ ; entre les trésors de l’Égypte et la rémunération que Dieu accorde à la foi

Nous avons en Moïse la foi est victorieuse de ce monde et tout ce qu’il peut offrir d’attrait et de gloire. Les parents triomphèrent de la crainte du monde ; leur fils triompha de ses faveurs. Cela rend la foi de Moïse d’autant plus remarquable, car on peut vaincre la crainte du monde et néanmoins succomber à sa faveur.

C’est ainsi que la première grande manifestation de sa foi fut quand il refusa de continuer à vivre dans les splendides circonstances où la providence de Dieu l’avait placé. En face de l’alternative de souffrir avec le peuple de Dieu ou de jouir des plaisirs temporaires du péché, il choisit délibérément la première option. Il choisit de partager le sort du peuple de Dieu, bien qu’il sût que, ceux-ci n’étant alors qu’un peuple d’esclaves opprimés, il n’y avait que de l’opprobre à en attendre. Or il estima cet opprobre comme un trésor, et même un trésor plus grand que ceux de l’Égypte, et les récentes découvertes nous disent quelque chose de la grandeur de ces trésors. L’opprobre que Moïse endura avait le caractère d’opprobre de Christ, dans la mesure où il était une image, certes faible, de l’abaissement infiniment plus grand de Christ quand Il descendit du ciel et s’identifia avec un peuple pauvre et repentant sur la terre, ce que nous voyons par exemple en Matthieu 3:13-17.

Nous avons vu que dans le cas d’Abraham la foi agissait comme un télescope, faisant voir des choses qu’il n’aurait jamais vues autrement. Nous découvrons maintenant dans le cas de Moïse qu’elle agit comme un appareil à rayons X, faisant paraître des choses sous-jacentes et lui permettant de voir à travers la gloire clinquante de l’Égypte. Il put ainsi arriver à la vraie racine des choses, et il trouva que la « rémunération » était la seule chose digne d’être considérée. C’est évidemment ce qui le gouverna tout au long de sa carrière remarquable.

En voyant la récompense divine, il était en mesure d’avoir une estimation correcte des trésors de l’Égypte, et il les situa bien au-dessous de l’opprobre de Christ. Si la gloire de l’Égypte ne peut être comparée à l’opprobre de Christ, que sera-t-elle par rapport à la gloire de Christ ? L’œil pénétrant de la foi menait à l’estimation de la foi, et celle-ci à son tour menait au choix de la foi et au refus de la foi

Pour apprécier la beauté de la foi de cet homme, il est bon de rappeler ce que l’Écriture rapporte de lui : ses dons exceptionnels, aussi bien que la position élevée qu’il occupait dans le monde. Etienne, dans son discours devant le sanhédrin, nous en donne un résumé bref mais remarquable (Act.7:20-22). Il nous est dit là qu’il était « divinement beau » ; qu’il était « instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; et... puissant dans ses paroles et dans ses actions ». Voilà donc un homme richement doué, dont l’esprit était meublé de toute la science du premier pays du monde à cette époque, un homme qui savait exprimer sa sagesse en paroles de poids et donner suite à ses paroles par des actes puissants. Moïse était donc, sur tous les plans, apte à assumer de façon remarquable la position la plus élevée dans ce monde. En outre, cette haute position était à sa portée, car il était par adoption fils de la fille du Pharaon, et ainsi dans la ligne directe des héritiers du trône.

Dans des circonstances qui favorisaient si bien sa promotion dans ce monde, comment Moïse agit-il ?

La foi qui refuse

Mais voyons auparavant Moise à la cour du roi. « Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon » (v. 24).

Il refusa l’honneur d’être appelé fils de la fille du Pharaon ; il y renonça, car en Ex.2:10, nous lisons : « Il fut son fils »

« Étant devenu grand » — c’est-à-dire lorsque le moment fut propice pour qu’il tire avantage de ses grandes capacités et de sa position il tourna le dos à toute la gloire de ce monde et « refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon »

Il ne faut pas oublier que, s’il y a une énergie dans les hommes de foi, elle peut aussi être employée selon la chair. Au temps où Moise était encore à la cour du roi, il nous est dit qu’il « fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et qu’il était puissant dans ses paroles et dans ses actions » (Act.7:22). Il pouvait faire de cette puissance un autre usage que celui pour lequel Dieu la lui avait donnée, et il le prouva en tuant l’Égyptien. Engagé dans la lutte avec l’oppresseur du peuple de Dieu, il le combattit avec ses propres armes. Sans doute, ses raisons pour agir ainsi étaient plausibles, car « il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main », mais son acte fut inutile, et il fut obligé de faire l’apprentissage du désert de Madian, pour apprendre qu’il n’y avait aucune force en lui. Il en fut de même de Pierre, dont l’énergie aboutit à renier son Sauveur, dans la cour du souverain sacrificateur.

Cet épisode de la vie de Moïse n’est pas mentionné ici, comme au chap. 7 des Actes, pour la raison indiquée au début de cette étude. Il ne s’agit, dans notre chapitre, que de l’énergie de sa foi. Les circonstances dans lesquelles il se trouvait étaient particulièrement difficiles. La Providence de Dieu l’avait placé dans une position exceptionnelle. Considéré comme le fils de la fille du Pharaon, il pouvait prétendre à tous les honneurs, même au trône, quand déjà son éducation faisait de lui un homme remarquable, un grand homme. De cette manière, il aurait pu devenir le bienfaiteur de son peuple, employer ses dons et sa puissance pour alléger ses souffrances, en exerçant en sa faveur, auprès du monde, l’influence qu’il possédait. Erreur naturelle à beaucoup de chrétiens, mais qui n’en est pas moins fatale, car nous ne sommes pas appelés à réformer le monde, ni à le christianiser, mais à refuser ce qu’il nous offre. La Providence de Dieu avait fait entrer Moïse dans ces circonstances exceptionnelles, afin que la foi l’en fît sortir. Il refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Un refus ! petite chose aux yeux des hommes, mais grande aux yeux de Dieu ! Abraham, revenant de la défaite des rois, avait agi de même. Il y avait plus d’énergie à dire au roi de Sodome : « J’ai levé la main vers l’Éternel... si je prends quoi que ce soit de toi », qu’à vaincre quatre armées avec trois cent dix-huit hommes !

La foi qui choisit

Mais cette énergie de Moïse ne se borne pas au rôle négatif d’un refus ; elle est positive ; elle choisit : « Choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché » (v. 25). Ce choix s’adressait-il à un objet important qui pût contrebalancer tout ce que le monde pouvait offrir ? Nullement : Moïse ne pouvait faire un choix plus humiliant pour lui. Le peuple d’Israël était dans un abaissement complet, dans le plus abject esclavage. C’est là que cet homme considéré va prendre sa place. Pourquoi ? Parce que c’est le peuple de Dieu. Cela suffisait au cœur de Moïse, et sa foi ne pouvait choisir autre chose.

Il choisit plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché. Remarquons ici que la foi discerne que ce peuple d’esclaves, qui a oublié son Dieu, n’en est pas moins son peuple ; et que, pour Moïse, la jouissance de tout ce que lui apportait d’honneurs et de biens sa position à la cour du Pharaon, c’étaient « les délices du péché ». C’est « le péché » que d’être en dehors de la place Dieu nous veut comme siens, car nous ne sommes pas alors en communion avec lui.

Son choix est aussi frappant que son refus. Il y avait alors un grand peuple qui constituait la classe la plus basse en Égypte. Étrangers indésirables, ils étaient traités avec la plus extrême rigueur comme esclaves. Leur vie était rendue amère par une dure servitude : ils se fatiguaient à faire des briques et travaillaient dans les champs sous le soleil brûlant (Ex.1:13, 14). Mais malgré leur bas état et leur dur service, ces esclaves constituaient le peuple de Dieu. C’est à ce peuple que Moïse choisit d’unir son sort, préférant être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, plutôt que de jouir pour un temps des délices du péché.

Quel est le mobile de son refus et de son choix ?

Mais quel pouvait bien être le mobile de ce refus et de ce choix remarquables ? Il nous est dit, en un mot, que c’était la foi. Par la foi, il refusa le monde ; par la foi, il choisit l’affliction avec le peuple de Dieu. En outre il agit, comme la foi le fait toujours, contrairement à ce que suggéraient les circonstances providentielles dans lesquelles il se trouvait, en dépit de la voix des sentiments naturels, et d’une manière qui paraissait outrager le bon sens.

Contre la voie que suivit Moïse, on aurait pu invoquer les circonstances providentielles remarquables par lesquelles Dieu l’avait placé dans la position la plus élevée devant le roi. Des sentiments naturels normaux auraient pu être mis en avant : la gratitude envers sa bienfaitrice suggérait qu’il demeure à la cour. La raison et le bon sens pouvaient aussi être invoqués : il aurait été naturel de dire que ses grandes capacités et sa position élevée, avec l’influence qui en découlerait, pouvaient être employées à défendre les intérêts de ses pauvres frères.

 Mais la foi regarde à Dieu, dans l’assurance que si la providence, les sentiments naturels normaux et le bon sens peuvent avoir leur place, ils ne peuvent être un vrai guide ou une vraie règle de conduite dans le sentier de la foi. Et ainsi, bien que la providence de Dieu ait amené Moïse à la cour du roi, la foi l’en fit sortir. Par la foi, il refusa son lien providentiel avec le peuple le plus grand du monde, pour choisir un chemin d’identification avec le peuple le plus méprisé du pays.

Si la foi agit ainsi, il doit y avoir quelque puissance cachéequelque motif secretqui la rend capable de s’engager dans un chemin aussi contraire à la nature.

La foi qui estime

Cela nous amène à l’« estimation » de Moïse. Après avoir considéré son « refus », son « choix », nous avons son « estimation » ; c’est elle qui nous révèle le secret de son refus et de son choix.

Cette estimation montre que la foi n’a rien d’un pas dans le noir. Bien loin de là, car la foi a ses motifs secrets aussi bien que ses énergies extérieures. La foi a une estimation réfléchie des valeurs ; elle voit loin et elle a un objet. La foi de Moïse avait une juste estimation des choses visibles et des invisibles. Il regardait ces choses en face et il les pesait. D’une part il y avait sa position élevée dans le monde et, liés à celle-ci, les délices du péché et les trésors de l’Égypte. D’autre part, avec le peuple de Dieu, il y avait, à ce moment-là, les souffrances et l’opprobre. Ayant pesé les deux choses, il refusa délibérément le monde et choisit de souffrir avec le peuple de Dieu.

Pourquoi agit-il ainsi ? Parce que sa foi voyait loin ; nous lisons : « il regardait à la rémunération » et encore : « il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible ». Il regardait au-delà des trésors et des plaisirs de l’Égypte d’une part, et au-delà des souffrances et de l’opprobre du peuple de Dieu d’autre part. Par la foi, il regarda et vit « le Roi dans sa beauté » et « le pays lointain ». À la lumière de la gloire de ce pays et attiré par la beauté du Roi, il triompha de toute la gloire du monde. À la lumière du monde à venir, il fit une juste estimation du monde actuel. Il vit que, lié à l’opprobre de Christ, il y avait un plus grand trésor que toutes les richesses de l’Égypte.

Il vit que sur toute la gloire de ce monde planait l’ombre de la mort et du jugement. Il vit que ses plaisirs ne sont que pour un temps, et que toutes les richesses de l’Égypte finissent dans une tombe. Joseph avait fait la même expérience avant lui ; car lui aussi avait occupé une place élevée en Égypte. Second après le roi, il avait exercé un pouvoir qu’aucun mortel avant ou après lui n’a jamais exercé dans ce monde. Toutefois tout s’était terminé dans un cercueil ; les derniers mots de la Genèse sont en effet : « Joseph mourut... et on le mit dans un cercueil en Égypte ». Voilà pour les plaisirs de l’Égypte et les richesses de l’Égypte. Les joies de la terre s’estompent, ses gloires passent. Toute la gloire de ce monde trouve sa fin dans un cercueil. Le puissant empire du Pharaon se rapetisse jusqu’à n’être qu’une étroite tombe.

 Mais pour le peuple de Dieu, quelle différence ! Leur part dans ce monde est celle de la souffrance et de l’opprobre. Mais souffrir l’opprobre avec Christ, c’est régner avec Christ en gloire, car n’est-il pas écrit : « si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » ?

Pour l’homme du monde, le refus, le choix et l’estimation de Moïse semblent le comble de la folie. Mais voyons ce qui arrive dans le cas de Moïse. Faisons un saut de mille cinq cents ans depuis le jour de son refus et de son choix, et nous commencerons à voir la rémunération. Considérons cette magnifique scène des premiers versets de Matthieu 17 : nous voyons que le pays lointain s’est approché et que le Roi est manifesté dans sa beauté. Nous sommes transportés de la terre à l’écart sur une haute montagne et, pour un moment, nous voyons Christ dans sa gloire, lorsque l’apparence de son visage fut changée. Le visage que l’on avait pu voir défait plus que celui d’aucun homme resplendit maintenant comme le soleil. Les vêtements d’humiliation sont mis de côté et des vêtements blancs comme la lumière sont portés. Ce fut une apparition merveilleuse, mais d’autres merveilles doivent la suivre : « Moïse et Elie », lisons-nous, « leur apparurent, parlant avec lui ». Quinze siècles auparavant, Moïse avait disparu de la vue du monde et de son roi, pour partager l’opprobre de Christ avec son peuple pauvre et méprisé. Maintenant il réapparaît, mais cette fois pour partager la gloire du Roi des rois, en compagnie des prophètes et des apôtres. Il fut un temps où « il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » ; maintenant il est « avec lui » dans la gloire. À la lumière de cette rémunération, qui dira que Moïse a laissé échapper la bonne occasion qui s’offrait à lui, en refusant le monde et en choisissant de s’identifier aux souffrances du peuple de Dieu ?

Il est bon pour nous de profiter de ce brillant exemple de foi. Quel bonheur si, ayant pesé les trésors de Christ et les richesses de ce monde, nous avons estimé les premiers plus grands que les dernières ! Il est bon aussi de regarder au-delà du renoncement à soi et du refus des séductions du monde, pour voir la rémunération dans la gloire à venir ; et par-dessus tout, il est bon de tenir ferme face à toute l’opposition, aux insultes et à l’opprobre, comme voyant celui qui est invisible. Face à l’opposition et aux insultes de ses ennemis, Étienne tint ferme, sans une parole de colère ou de ressentiment, comme voyant celui qui est invisible, car nous lisons : « Lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (Act.7:55). Ne nous contentons pas de savoir que Jésus nous voit, mais cherchons à marcher dans l’énergie de la foi qui le voit. C’est une grande chose de réaliser qu’il nous voit ; c’est plus encore de marcher comme le voyant par la foi, tout en attendant le moment où nous le verrons véritablement face à face.

C’est là encore un trait caractérisant l’énergie de cet homme de foi. Il avait refusé, il avait choisi, maintenant il estime : « Estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (v. 26). Il pèse, d’un côté, toutes les richesses qui lui sont offertes ; de l’autre, l’opprobre. Le plateau des richesses monte, comme s’il n’y avait qu’une plume dans la balance ; celui de l’opprobre descend de tout son poids. Ah ! c’est que si l’Égypte était du côté des richesses, le Christ était du côté de l’opprobre. La foi de Moïse, comme celle de ses parents, avait trouvé un objet incomparable, une personne, Christ lui-même, et le posséder était tout pour elle.

Mais on dira : Pourquoi cette mention du Christ ? Moïse ne l’a pas connu. Sans doute, mais un croyant, Moïse en particulier, est un type de Christ dans ce monde. Moïse était identifié avec lui ; l’opprobre qu’il avait à porter était l’opprobre de Christ. Il le connaissait du reste prophétiquement, comme on le voit dans le cours de cette histoire ; et s’il ne le connaissait pas personnellement, il savait en pratique ce que c’était que de le représenter devant le monde. Il ne craignait point l’opprobre, Son opprobre, car « il regardait à la rémunération ». Il savait que Dieu avait encore en réserve pour lui, des trésors à venir où il pourrait puiser à pleines mains. Dieu ne veut pas rester notre débiteur, lorsque nous avons abandonné quelque chose pour lui. Il est le rémunérateur d’un Abel, d’un Énoch (v. 6), et d’un Moïse, de tous ceux qui renoncent aux avantages d’ici-bas, pour s’associer au Christ rejeté et au peuple de Dieu affligé.

Ayant estimé, il avait fait l’évaluation de chaque chose ; il les avait pesées, comme Paul, en Phil.3:7-11. il estima l’opprobre de Christ comme un trésor plus grand que les richesses de l’Égypte. L’opprobre dans lequel se trouvait le peuple de Dieu en Égypte était déjà l’opprobre de Christ, car Jéhovah s’est toujours identifié avec les siens, ainsi que tant de passages le démontrent, et la foi de Moïse le saisissait. Il en est de même aujourd’hui : le chrétien, en prenant sa place avec le peuple de Dieu, la prend avec un Christ méprisé, et estime ainsi que la croix vaut mieux que de gagner l’univers entier (Luc 9:23-25). C’est ce qu’avait fait Paul, comme nous l’apprend le passage de Philippiens que nous avons cité. Combien cela devait parler aux Hébreux, et combien aussi cela devrait nous parler ! L’opprobre de Christ, cet opprobre que le monde jette et jettera toujours sur ceux qui veulent être fidèles au Seigneur, est un trésor, car c’est le sceau que nous lui appartenons. Et que sont les richesses du monde en comparaison de ce privilège ? Moïse avait en vue la rémunération. Ce n’était pas la Canaan terrestre ; il ne l’a pas possédée : il n’a eu que les peines et les douleurs du désert. C’était comme pour les patriarches quelque chose de meilleur, au-delà de ce monde. Sa foi saisissait l’invisible, le céleste, en dehors de cette terre. Son attente a-t-elle été trompée ? Non ; nous le voyons apparaissant déjà en gloire avec Jésus lors de la transfiguration (Luc 9:30-31). Et que sera-ce quand le royaume, dont on n’a ici qu’un échantillon, sera établi ! Oui, Dieu est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. Il y a tout à gagner à s’engager avec lui dans son chemin. Ce n’est pas que la rémunération soit un motif, ni que nous fassions, en marchant bien, comme une spéculation, car le mobile d’une marche sainte, ce sont les saintes affections, un cœur gagné par Christ et pour Christ, mais cette rémunération assurée est un encouragement pour la foi. Il est dit du Seigneur lui-même : « Lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix » (Héb.12:2). Et l’apôtre, au milieu de ses souffrances pour Christ, s’écrie : « Désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera » (2 Tim.4:8).

La foi qui quitte

Quarante ans plus tard, après avoir appris à l’école de Dieu au pays de Madian, l’Éternel l’envoya en Égypte pour être le libérateur de son peuple. Là, il eut affaire avec le Pharaon et sa puissance. Il s’agissait de quitter l’Égypte avec le peuple, et nous savons quelle volonté endurcie le Pharaon opposa aux sommations de Moïse, jusqu’à ce que le roi irrité, refusant encore une fois, lui dît : « Va-t’en d’auprès de moi ; garde-toi de revoir ma face ! car, au jour où tu verras ma face, tu mourras » (Ex.10:28). Mais Moïse, par la foi, demeure ferme et ne s’épouvante point. Il voit, des yeux de l’âme, Celui qui est invisible à la chair, et qui est avec lui et l’entoure de sa puissance. C’est ce qui fait triompher le fidèle dans les moments les plus critiques. Un Paul, devant le cruel tribunal romain, peut dire : « Tous m’ont abandonné... mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié » (2 Tim.4:16-17). Il voyait Celui qui est invisible. C’est là l’immense privilège de la foi, non seulement pour un Paul et un Moïse, mais pour chacun de nous ; c’est ce qui nous rendra plus que vainqueurs en tout. Moïse, à la tête de son peuple, sans se soucier de la colère du roi, quitte donc l’Égypte, fortifié par sa foi.

Nous trouvons un quatrième caractère de l’énergie de la foi chez cet homme de Dieu : « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible ». Il pourrait sembler qu’un récit traitant de l’énergie de la foi ne devrait pas omettre les miracles que le grand législateur fit au pays d’Égypte. Il n’en est rien. Les caractères de la foi ne peuvent être soumis à l’estimation naturelle des hommes ; Dieu seul est capable d’en juger. C’est par la foi que Moïse quitte l’Égypte. Ce qui aurait été taxé de fuite précipitée, favorisée par des circonstances exceptionnelles, est attribué ici à l’énergie de la foi. Moïse quitta l’Égypte ; le chrétien quitte le monde ; sa puissance, ses délices, ses arts et ses richesses, sa science et sa religion, n’ont pas plus de valeur qu’un fétu de paille pour un croyant énergique. Mais si le courage moral de la foi abandonne tout quand Dieu l’appelle, il est aussi sans crainte. Comme ses parents qui n’avaient pas craint l’ordonnance du roi, Moïse ne craint pas la colère du roi. Pourquoi ? Non point par confiance en sa supériorité, ou en ses ressources ; mais « il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (v. 27). Les parents avaient vu en Moïse une divine beauté. Ici, c’est lui-même qui voit ce que la foi seule, cette conviction des choses qu’on ne voit point, pouvait discerner. Il voit ce Christ invisible, dont il avait choisi l’opprobre. Cela l’encourage à tenir ferme, à rester inébranlable. Christ est sans doute le ressort de toute sa marche de foi, mais il y a chez lui gradation dans la connaissance de cet objet précieux. À mesure que nous en faisons usage, nos yeux spirituels, comme nos yeux corporels, acquièrent de l’acuité, et s’accoutument à discerner les objets devant lesquels autrefois nous passions sans y prendre garde. Il en fut de même de Moïse. Il connaissait Christ ; maintenant il le voit, et cette vue le remplit de courage pour tenir ferme, comme les forces du soldat sont décuplées pour résister à l’assaut furieux de l’ennemi, quand il peut combattre sous les yeux de son chef.

La réalisation de la présence du Seigneur Jésus est le secret de notre force. Tout le passage que nous venons de lire confirme cette vérité d’une manière éclatante.

La foi de Moïse se soumet en faisant la Pâque

« Par la foi, il (Moïse) a fait la Pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas »

L’énergie de la foi s’emploie à réaliser des choses que le monde considère comme sans importance, auxquelles il n’attache aucune valeur et qu’il méprise, car il n’a d’intérêt que pour les choses visibles.

Ici, nous abordons un nouveau sujet. Il ne s’agit plus seulement d’énergie, mais de soumission. La foi se soumet aux moyens ordonnés de Dieu pour accomplir de grandes choses. Ces moyens seront toujours un sujet de mépris pour le monde, qui les jugera ridicules ou inefficaces, parce qu’il ne peut comprendre que Dieu veuille manifester sa puissance par la faiblesse des instruments qu’il emploie. La foi accepte, au contraire, les moyens de Dieu, non parce que l’homme les comprend, mais parce que c’est Dieu qui en fait usage.

Le temps du verbe des mots « il a fait », indique, comme d’autres l’ont remarqué, un acte dont la portée est définitive et permanente, car il s’agit, en type, de « Christ, notre Pâque » (1 Cor. 5:7), et de « l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pierre 1:2). Dans la nuit mémorable où le jugement de l’Éternel allait atteindre tous les premiers-nés d’Égypte, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, les Israélites n’auraient pas été épargnés plus que les autres, si Dieu n’avait pourvu à la sécurité de son peuple, par le sang de l’agneau pascal, aspergé sur les poteaux et les linteaux des portes. Moise accomplit cet acte par la foi ; les Israélites aussi ne pouvaient se l’approprier que par la foi, car ce n’était pas eux qui voyaient le sang, mais bien l’ange exterminateur, dans le but de les épargner. À la Pâque, le jugement s’écartait, et le Juge s’éloignait du pécheur qui, préservé par le sang, était mis à même de ne pas rencontrer Dieu. Cet immense résultat était obtenu par quelques gouttes de sang d’un agneau immolé. La foi saisissait ce moyen, insignifiant en apparence, qui mettait le pécheur à l’abri.

La foi reconnaît que nous sommes pécheurs et que Dieu est un Dieu saint qui ne peut pas passer par-dessus le péché. Les fils d’Israël, comme pécheurs, étaient aussi bien sous le jugement que les Égyptiens. Comment alors pourraient-ils échapper à la destruction de leurs premiers-nés ? Dieu donne un moyen de protection de devant son propre jugementle sang de l’agneau. Dieu dit : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous ». La foi se repose, non pas sur notre estimation du sang de l’agneau, mais sur l’estimation parfaite que Dieu en fait. Ainsi, par la foi, Moïse « a fait la pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas »

Il s’agit ici des choses qui concernent le salut. Le pécheur a, devant lui, trois ennemis puissants auxquels il lui est impossible d’échapper : le jugement de Dieu, la mort, et le pouvoir de Satan ; mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, et les croyants échappent à ces ennemis par la soumission de foi à Sa Parole.

La foi de Moïse se montre aussi d’une manière remarquable, lorsqu’il fait la pâque et l’aspersion du sang. Il acceptait ainsi le fait de la culpabilité du peuple qui était aussi exposé au jugement que les Égyptiens. Il reconnaît que, pour être épargné, il faut le sang d’une victime, et surtout il croit, sur la parole de l’Éternel, que ce moyenle sang sur les maisons des Israélitesdétournera l’épée du destructeur. Ce moyen, aux yeux de la chair, pouvait paraître bien inutile. Quelle apparence que le sang d’un agneau serait efficace contre le jugement de Dieu ? Mais la foi ne raisonne pas, elle ne considère pas la valeur du moyen d’après les lumières humaines ; l’Éternel avait choisi le moyen ; il avait dit : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » ; cela suffisait pleinement à la foi. N’en est-il pas de même maintenant pour nous ? Le sang de Jésus, notre Pâque sacrifiée pour nous, n’est-il pas efficace pour ôter nos péchés, détourner le jugement et la mort, mettre fin à nos doutes et à nos craintes ? Assurément. Il en sera ainsi pour nous « par la foi ». « Si tu crois », dit le Seigneur.

Par la foi le peuple traverse la Mer Rouge

« Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, ce que les Égyptiens ayant essayé, ils furent engloutis »

Ce n’était pas tout pour le peuple d’échapper à Dieu, il lui fallait être délivré de l’Égypte et du Pharaon, types du monde et de son prince. Or il était nécessaire, pour cela, de traverser la mer Rouge qui s’étendait, infranchissable, devant ce pauvre peuple. S’il y entrait, il était englouti par la mort. Pharaon le poursuit jusqu’à cette limite et l’y accule, l’épée dans les reins, mais Dieu fournit à son peuple un moyen d’échapper à la mort. La verge de Moïse, cette verge du jugement qui avait frappé de plaies les Égyptiens, s’étend sur la mer, pour délivrer le peuple de Dieu.

La mort est vaincue, anéantie. C’est ainsi qu’un autre, Christ, a pris notre place dans la mort, sous le jugement de Dieu ; mais cette mort elle-même nous ouvre un chemin pour y passer à pied sec et parvenir à l’autre rive. Le croyant traverse la mort sans qu’il lui en coûte rien ; elle ne peut nous atteindre, puisque Christ est mort à notre place. Nous en sortons, par la résurrection de Christ, avec une vie qui l’a traversée. Christ est donc mort et ressuscité pour nous.

Un moyen, insignifiant en apparence, la verge de Moïse, opère cette délivrance. C’est ainsi que le jugement de Dieu à la croix paraît faible pour délivrer, car il n’atteint qu’un seul homme. La foi se soumet, sans le comprendre d’abord, mais, arrivée à l’autre rive, elle célèbre, pleine de joie, la grandeur de la délivrance et la puissance du Libérateur.

Les Égyptiens, cherchant à traverser la mer avec leurs forces et leurs ressources, sont engloutis. Jamais le monde ne pourra traverser la mort à pied sec, il y trouvera sa perte éternelle. Il faut, pour qu’elle ne nous atteigne pas, la franchir dans la mort d’un autre. Ainsi, la puissance de la mort a été arrachée des mains de notre ennemi. Par sa mort même, notre Sauveur l’a vaincue, et nous possédons en lui une vie de résurrection que jamais la mort ne peut atteindre. Mais, peut-être nos corps mortels pourraient-ils tomber sous son pouvoir ? Non, pour eux la mort est vaincue, et ce fait sera démontré à la venue du Seigneur. Pas un atome de la poussière de ces corps corruptibles, dispersés aux quatre vents, ne restera dans la mort. Le Christ vainqueur et ressuscité en tient la clef, comme il tient la clef du hadès. Il ouvrira la porte, et nos âmes rejoignant nos corps glorifiés, nous serons introduits tous entiers dans la gloire.

Le passage de la mer Rouge est non seulement notre délivrance du prince de ce monde et ce qui nous sépare du présent siècle mauvais ; il est encore un salut définitif. Christ est mort pour nos péchés, afin qu’il nous amenât à Dieu. Dieu dit à Moïse : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et vous ai amenés à moi » (Exode 19:4). Comment imaginer un salut plus complet ? Quoiqu’il fût encore dans le désert, Israël était amené à Dieu. La rédemption du peuple était absolue, la puissance de Satan qui le retenait en Égypte, anéantie pour toujours. Tandis que la Pâque répondait aux péchés d’Israël, la mer Rouge représentait le salut dans toute sa grandeur et son étendue. Plus de péché, plus de jugement, plus de puissance de l’ennemi, plus d’esclavage, plus de mort ! Toutes ces choses ont trouvé leur fin à la croix de Christ, et nous avons maintenant une relation positive avec Dieu, inaugurée par la résurrection : « Il nous a donné le droit d’être enfants de Dieu ».

C’est une nouvelle difficulté qui se présentait aux Israélites délivrés du jugement. Les flots de la mer Rouge, contre laquelle ils sont acculés par l’armée du Pharaon, s’opposent à ce qu’ils quittent l’Égypte, la terre d’esclavage. C’est la mort, si Dieu n’intervient. Mais par la foi en la parole de l’Éternel (Ex.14:15-16) , le chemin de la mort est mis à sec pour les Israélites déjà rachetés par le sang. Les Égyptiens, n’ayant ni parole de Dieu, ni foi, ayant voulu tenter avec une audace tout humaine de les suivre, sont engloutis. Ils n’avaient pas eu, comme les Israélites, un salut assuré par la mort d’une victime. Ce qu’il faut remarquer surtout ici, c’est l’énergie de la foi qui fait entrer sans hésiter dans la mort même pour y trouver la délivrance. Nous, par la foi, nous avons part à la mort et à la résurrection en Christ.

Par la foi en la valeur du sang aux yeux de Dieu, les enfants d’Israël furent épargnés en Égypte ; puis par la foi, « ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche ». En Égypte, ils rencontrèrent Dieu comme Juge ; à la mer Rouge, il intervint comme Sauveur. Il fut dit au peuple : « Tenez-vous là, et voyez la délivrance de l’Éternel ». Et là Dieu retint les eaux de la mer Rouge, de sorte que le peuple la traversa comme une terre sèche. Protégés du jugement par le sang en Égypte, ils furent délivrés de tous leurs ennemis à la mer Rouge.

Par la mort de Christ, les exigences d’un Dieu saint sont satisfaites ; et par la mort et la résurrection de Christ, le croyant a traversé la mort et le jugement. En type, la pâque présente Christ s’offrant lui-même sans tache à Dieu ; la mer Rouge présente Christ livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.

 Les Égyptiens qui essayèrent de traverser la mer Rouge furent engloutis. Pour l’homme naturel, affronter la mort sans la foi est la destruction certaine. Hélas ! combien nombreux aujourd’hui, parmi ceux qui font profession de christianisme, sont ceux qui essayent d’obtenir le salut par leurs propres efforts et d’affronter la mort sans la foi au sang de Christ. Ils ne trouveront que la destruction.

Remarque sur le Jourdain par rapport à la mer Rouge

Le Jourdain n’ajoute rien à la rédemption. Seulement, comme la mer Rouge nous fait sortir d’Égypte, le Jourdain nous fait entrer en Canaan, dans les lieux célestes, place à laquelle les conseils de Dieu nous avaient destinés. Nous y entrons maintenant, nous y appartenons de fait, étant unis avec Christ qui y est entré, morts avec lui et ressuscités avec lui. Le Jourdain est la mort de Christ « au péché », et notre mort avec lui pour entrer dans les lieux célestes. C’est l’affranchissement, qui n’a pas lieu sans l’expérience acquise par la traversée du désert, aussi notre chapitre ne touche ni l’un ni l’autre de ces sujets. La mer Rouge franchie, il nous introduit en Canaan, sans intermédiaire, car l’Esprit de Dieu ne parle pas ici d’expériences, mais de l’activité de la foi.

La foi dans la prise de possession du pays

Par la foi, les murs de Jéricho tombent

« Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant »

Il s’agissait de se mettre en possession du pays, et Jéricho avec ses fortes murailles et ses portes solidement fermées, se dressait devant le peuple comme un obstacle insurmontable. Comment le renverser ? Par la foi ; la foi en la parole de Dieu, quelque étrange que fût le moyen qu’elle proposât. La délivrance, ou plutôt la victoire, dépendait de lui seul, il fallait compter sur lui, sur sa puissance uniquement, sur aucun moyen humain, et les murailles tombent par l’effet de cette puissance invisible à laquelle Josué et les Israélites après lui, se sont confiés.

Israël eut recours à une méthode inédite pour assiéger une ville ; mais ce ne fut pas simplement le fait de marcher pendant sept jours autour de la ville qui en fit tomber les murs ; ce fut la foi obéissant à la parole de Dieu.

Voici donc le peuple amené directement de la mer Rouge au-delà du Jourdain. Là, il trouve devant lui, les murs de Jéricho. C’est qu’il s’agit du troisième grand pouvoir énuméré plus haut, de l’obstacle par lequel Satan cherche à ravir au peuple la possession de son héritage.

Les murailles de Jéricho peuvent prendre beaucoup de noms dans la vie des chrétiens. C’est l’affection des proches ; c’est leur opposition ouverte pour nous effrayer quand, par l’affection d’êtres chers, l’ennemi ne réussit pas à nous détourner de notre but. Ce sont les attraits du monde, ses liens et ses avantages ; c’est la persécution et l’effroi qu’elle inspire — mais quel obstacle peut résister à la foi ? Nous la voyons ici, se soumettant, comme toujours, aux moyens ordonnés de Dieu. Faire le tour des murailles pendant sept jours, et sonner de la trompette, paraît une folie aux habitants de la ville, mais non pas à la foi, qui remporte ainsi la victoire.

Ainsi, chose impossible en apparence, quelques gouttes de sang ont écarté le jugement de Dieu, mais ce sang était celui de l’agneau pascalChrist est là ! La verge de Moïse anéantit toute la puissance du monde et en délivre le peuple, mais la mer Rouge est divisée et la mort vaincueChrist est là ! Le son des trompettes détruit l’obstacle et fait tomber les murs de Jéricho, mais l’arche a fait le tour de la villeChrist est là ! Le secret de ces moyens si insignifiants en apparence et de leur efficace, c’est Christ, la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Heureuse la foi qui les accepte, car elle se soumet à Dieu, et reconnaît Jésus comme unique ressource.

La foi de Rahab

« Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix »

Rahab, la prostituée de Jéricho, trouve une place parmi les témoins de la foi ; et, en effet, sa foi brille du plus vif éclat. Elle ressemble à celle de Moise ; Rahab s’est identifiée avec ce peuple dans lequel elle a reconnu le « peuple de Dieu », à l’ouïe des merveilles que l’Éternel avait opérées en sa faveur (Jos.2:8-12). À la nouvelle de l’approche des Israélites, sans qu’ils aient encore remporté une seule victoire dans le pays, alors que les Cananéens, et Jéricho en particulier, sont dans toute leur force, elle se déclare pour Israël, parce qu’elle sait, par la foi, que Dieu est avec eux : « Je sais que l’Éternel vous a donné le pays » (Jos. 2:9) ; elle agit selon sa foi, et reçoit les espions en paix. Elle reçut la récompense de sa foi, échappa au jugement qui fit périr ses compatriotes incrédules, trouva une place au milieu du peuple de Dieu (Jos. 6:25) , et, ayant épousé Salmon, de la tribu de Juda, elle prit rang, par Booz et David, parmi les ancêtres du Seigneur (Ruth 4:20-22 ; Matt. 1:5). Remarquons que sa foi est mise en opposition avec l’incrédulité de ses compatriotes, qui, tout autant qu’elle, avaient entendu ce que l’Éternel avait fait pour Israël. Ils auraient pu croire aussi et être sauvés.

Rahab était le premier exemple, et quel exemple ! de l’admission des gentils à la jouissance des promesses. Les gentils représentés par une prostituée, et cette femme entrant par Booz dans la lignée du Christ ! Un tel fait ne peut s’expliquer que par la libre grâce de Dieu. Dans ce cas encore, la foi se soumet aux moyens ordonnés de Dieu pour échapper à la destruction. Un cordon d’écarlate, l’insignifiant témoin de la mort d’un être infime, sauve cette femme et toute sa famille. Sa foi s’attache à ce faible fil qui se trouve assez fort pour transporter Rahab au milieu du peuple des promesses, et ce qui constitue la force de ce moyen de salut, c’est que Christ est là !

Rahab, était une Gentile, d’une race maudite, qui plus est prostituée. S’il n’y avait pas eu ce verset, nous n’aurions jamais discerné que la foi était le motif de ses actions et de ses paroles. En lisant Josué 2, nous aurions pu supposer qu’elle était une femme de faible moralité et sans principe, soucieuse d’échapper au sort qui l’attendait. Mais en fait, ses yeux avaient été ouverts pour voir Dieu. Les Cananéens ne voyaient qu’Israël. « La terreur de votre nom est tombée sur nous », dit-elle, « et tous les habitants du pays se fondent devant vous » (Josué 2:9). Cependant son attitude était celle-ci : « Je sais que l’Éternel vous a donné le pays ». Voilà la foi, et ses actions exprimaient le fait qu’elle osait se mettre du côté du Dieu d’Israël. Cette foi courageuse n’eut pas de la souffrance pour effet, puisque Dieu intervint sur le champ en puissance.

En résumé

Le moyen que Dieu a employé pour la conservation de Moïse avait placé celui-ci dans la position, à peu de chose près, la plus élevée dans le royaume. Là, il avait acquis tout ce que ce siècle pouvait donner à un homme remarquable par son énergie et par son caractère ; mais la foi fait son œuvre, en inspirant des affections divines qui ne cherchent pas une direction pour la conduite dans les circonstances où l’on se trouve placé, lors même que ces circonstances doivent leur origine à des interventions extraordinaires de la providence.

La foi a ses objets propres, donnés par Dieu Lui-même, et gouverne le cœur en vue de ces objets. Elle nous donne une place et des relations qui dominent la vie tout entière, et ne laisse aucune place à d’autres motifs et à d’autres sphères d’affection qui se partageraient le cœur ; car les motifs et les affections qui gouvernent la foi sont donnés de Dieu, et cela, pour former et gouverner le cœur.

C’est un principe très important, car on allègue souvent la providence de Dieu comme raison pour ne pas marcher par la foi. Jamais l’intervention de la providence n’a été plus remarquable que celle qui plaça Moïse à la cour du Pharaon. Cette intervention a produit son résultat ; elle ne l’aurait pas fait, si Moïse n’avait pas quitté la position dans laquelle la providence l’avait placé. Mais la foi, c’est-à-dire les affections divines créées dans le cœur de Moïse, et non la providence de Dieu, comme règle et comme mobile, produisit le résultat pour lequel la providence avait gardé et préparé Moïse. La providence de Dieu gouverne les circonstances, Dieu en soit béni ; la foi gouverne la conduite et le cœur.

La récompense que Dieu a promise entre ici en ligne de compte comme objet, dans la sphère de la foi. Elle n’est pas le mobile, mais elle soutient et encourage le cœur qui agit par la foi, en vue de l’objet que Dieu présente à ses affections. Elle soustrait ainsi le cœur à l’influence du temps présent et des choses qui nous entourent, qu’elles soient agréables ou qu’elles inspirent la crainte ; elle élève le cœur et le caractère de celui qui agit par la foi, et l’affermit dans une marche de dévouement, qui le conduit au but auquel il aspire.

Avoir un motif en dehors de ce qui est présent devant nous est le secret de la fermeté et de la vraie grandeur. Nous pouvons avoir un objet à l’égard duquel nous agissons ; mais il nous faut un motif en dehors de lui, un motif divin, pour nous rendre capables d’agir selon Dieu à l’égard de cet objet lui-même

La foi réalise aussi l’intervention de Dieu sans le voir ; elle délivre ainsi de toute crainte de la puissance de l’homme, ennemi de son peuple.

Mais la pensée que Dieu intervient place le cœur dans une difficulté plus grande encore que ne ferait la crainte de l’homme. Pour que les siens soient délivrés, il faut que Dieu opère cette délivrance, et cela en jugement. Mais eux, aussi bien que leurs ennemis, sont des pécheurs ; or la conscience du péché et du jugement que nous méritons détruit nécessairement la confiance en Celui qui juge. Ne craignons-nous pas de le voir venir pour manifester sa puissance en jugement ? Car, au fond, c’est ce qui doit arriver pour la délivrance du peuple de Dieu. Notre cœur se demande : Dieu, ce Dieu qui vient en jugement, est-il pour nous ? Mais Dieu a préparé le moyen de rendre certaine notre sécurité en présence du jugement (v. 28), moyen en apparence chétif et inutile, mais qui, de fait, est le seul qui, en glorifiant Dieu à l’égard du mal dont nous sommes coupables, peut nous mettre entièrement à l’abri du jugement.

La foi reconnaît le témoignage de Dieu, en se confiant à l’efficace du sang mis sur la porte, et peut, en en toute sécurité, laisser venir Dieu en jugement, car, voyant le sang, il passe par-dessus son peuple croyant. Par la foi, Moïse a fait la Pâque. Remarquez ici que le peuple, en plaçant le sang sur la porte, reconnaît qu’il est, autant que l’Égyptien, l’objet du juste jugement de Dieu. Dieu lui a donné ce qui le garantit, mais c’est parce qu’il est coupable et qu’il mérite le jugement. Personne ne peut se tenir devant Lui.

Moïse nous offre ainsi un beau tableau de la puissance de la foi. Elle remporta une triple victoire — trois brillantes victoires, les victoires mêmes auxquelles nous sommes appelés.

 1  D’abord sa foi remporta la victoire sur le monde. Enfant trouvé, retiré du Nil, et adopté comme fils de la fille du Pharaon, cette adoption le faisait passer d’une condition misérable aux magnificences royales. Qu’en fit-il ? « Il refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon ». Quelle victoire sur le monde ! Nous aimons par nature ce qui nous met en honneur dans ce monde. Moïse n’en voulut pas ; et je suis assuré qu’aujourd’hui encore la foi se trouve engagée dans le même combat, et appelée à remporter la même victoire.

 2  Ensuite nous voyons Moïse remportant la victoire au milieu des épreuves et des alarmes de la vie. « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi ». Quelle terrible chose pour la nature que la vie de la foi ! Vous avez gagné une victoire aujourd’hui, il vous faut encore tenir ferme demain. « Afin quevous puissiez résister et, après avoir tout surmonté, tenir ferme » (Éph.6:13). C’est après que Moïse eut tourné le dos aux douceurs de la vie, que les difficultés et les souffrances s’abattirent sur lui.

 3  Une troisième fois, Moïse répond aux droits de Dieu. Il est magnifique de voir une âme étreinte par une foi semblable. « Par la foi, il a fait la pâque ». L’ange destructeur passait par le pays, mais le sang était sur le linteau. Dès le commencement, la grâce a pourvu le pécheur d’une réponse aux droits de Dieu et la simple affaire de la foi est de se prévaloir de cette réponse. Dieu a procuré le sang et la foi en use. Christ est la provision de Dieu pour le pécheur, la grande ordonnance de Dieu pour le salut, et la foi chemine avec lui de la croix jusqu’à la gloire.

Or la puissance de Dieu est manifestée, et manifestée en jugement. La nature, les ennemis du peuple de Dieu, prétendent traverser ce jugement « à sec », comme ceux qui étaient à l’abri de la juste vengeance de Dieu ; le jugement les engloutit, là même le peuple a trouvé sa délivrance ; principe d’une portée merveilleuse. Là où est le jugement de Dieu, là même est la délivrance. C’est ce qui nous est réellement arrivé en Christ. La croix est la mort et le jugement, les deux terribles conséquences du péché, le sort de l’homme pécheur. Pour nous, la mort et le jugement sont la délivrance de Dieu : par la croix et à la croix, nous sommes délivrés et (en Christ) nous passons outre et sommes en dehors de leur atteinte. Christ est mort et ressuscité, et nous entrons par la foi, en vertu de ce qui aurait été notre ruine éternelle, là où la mort et le jugement sont laissés en arrière et où nos ennemis ne nous atteindront plus. Nous passons au travers sans en être atteints. La mort et le jugement nous garantissent de l’ennemi ; ils sont notre sûreté ; mais nous entrons dans une nouvelle sphère : nous jouissons de l’effet, non seulement de la mort de Christ, mais de sa résurrection.

Ceux qui, selon la force de la nature, veulent passer par cette mer, et parlent de la mort et du jugement, et de Christ ; qui prennent la position chrétienne, pensant passer par la mort et par le jugement, sans que la puissance de Dieu en rédemption s’y trouve, se trouvent engloutis.

En rapport avec les Juifs, cet événement aura un antitype terrestre ; car, en effet, le jour du jugement de Dieu sur la terre sera la délivrance d’Israël, qui aura été amené à la repentance.

Cette délivrance à la mer Rouge va plus loin que la protection par le sang en Égypte. Par la Pâque, où Dieu, dans l’expression de sa sainteté, exécutait le jugement contre le mal, il fallait qu’on fût mis à l’abri de ce jugement, qu’on fût protégé du juste jugement de Dieu lui-même. Dieu, venant pour l’exécuter, était tenu dehors par le sang ; le peuple était en sûreté devant le juge. Ce jugement avait le caractère du jugement éternel ; et Dieu avait le caractère de juge.

À la mer Rouge il n’y avait pas seulement délivrance du jugement suspendu sur le peuple ; Dieu était pour le peuple, actif en amour et en puissance pour lui (*) ; la délivrance était une délivrance actuelle ; le peuple sortait d’un état dans lequel il se trouvait asservi, pour entrer dans un autre ; la puissance de Dieu Lui-même faisant traverser au peuple sans qu’il en fût atteint, ce qui autrement aurait été sa destruction. Ainsi, pour nous, la mer Rouge représente la mort et la résurrection de Christ auxquelles nous avons part, la rédemption que Christ y a accomplie (**), nous introduisant dans un tout nouvel état, entièrement en dehors de la nature. Nous ne sommes plus dans la chair.

(*) Tenez-vous là, dit Moïse, et voyez la délivrance de l’Éternel.

(**) Le passage du Jourdain représente la mise en liberté du croyant et son entrée intelligente dans les lieux célestes par la foi ; c’est la conscience qu’on est mort et ressuscité avec Christ. La mer Rouge nous parle de la puissance de la rédemption accomplie par Christ.

En principe, la délivrance terrestre du peuple juif (du résidu juif) sera la même. Fondée sur la puissance de Christ ressuscité et sur la propitiation accomplie dans sa mort, cette délivrance sera accomplie par Dieu, qui interviendra pour ceux qui se tourneront vers Lui par la foi. En même temps ses adversaires, qui sont aussi ceux de son peuple, seront détruits par le jugement même qui garantira ceux qu’ils auront opprimés.

Mais, si les difficultés n’étaient pas toutes surmontées parce que la rédemption était accomplie, la délivrance effectuée, le Dieu de délivrance était avec le peuple : les difficultés disparaissent devant Lui ; ce qui en est une pour l’homme, n’en est pas une pour Lui. La foi se confie en Dieu ; elle emploie des moyens qui ne font qu’exprimer cette confiance. Les murs de Jéricho tombent devant le son des trompettes, lorsqu’Israël en a fait le tour pendant sept jours, en sonnant sept fois de ces trompettes.

Rahab, en présence de toute la puissance encore intacte des ennemis de Dieu et de son peuple, s’identifie avec ce dernier avant qu’il ait remporté une seule victoire, parce qu’elle a la conscience que Dieu est avec lui. Étrangère à ce peuple, quant à la chair, elle échappe par la foi au jugement que Dieu exécute sur sa nation.

 

Note :

Le texte intègre les notes reprises dans la Bible pdf commentée, que vous trouverez en cliquant sur : Bible, version JND, avec commentaires, en format pdf

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Épitre aux Hébreux avec commentaires en format pdf

Le texte reprend en grande partie les commentaires sur l’épitre aux Hébreux que vous trouverez sur le site de bibliquest.