Qu’est-ce que le Témoignage chrétien sur la terre ?

CONTENU

Préambule

Introduction

Quelques points fondamentaux à retenir

Que signifie « sortir hors du camp » ?

La Cène et la Table du Seigneur

 

Préambule

J’ai eu récemment des questionnements relatifs au témoignage collectif que les chrétiens doivent rendre sur la terre. J’ai pensé qu’il serait utile à d’en faire participer d’autres en compilant ce texte.

Il est intéressant de se rappeler l’histoire de l’Eglise depuis la Pentecôte en Actes 2 jusqu’à nos jours. Il existe un ouvrage intéressant à ce sujet, que vous pouvez trouver sur Bibliquest, et intitulé : L’ÉGLISE : UNE ESQUISSE DE SON HISTOIRE PENDANT VINGT SIÈCLES (cliquez sur le lien pour y accéder.

Voici le contenu :

1 - Avant-propos

2 - Les premiers siècles — Les temps apostoliques (1° siècle)

3 - Les premiers siècles — L’ère des persécutions

4 - Les premiers siècles — L’incorporation au monde

5 - L’Église au Moyen Âge — Croissance de la chrétienté

6 - L’Église Romaine et sa Domination

7 - Les Témoins de la vérité pendant les siècles de ténèbres

8 - La Réforme dans les pays de langue Allemande

9 - La Réforme dans les pays de langue Française

10 - La Restauration Catholique

11 - La Réforme dans les autres pays d’Europe

12 - L’Église au 19° siècle et dans le premier tiers du 20° siècle

13 - Quelques aspects de la chrétienté du Réveil au premier tiers du 20° siècle

14 - Quelques documents relatifs aux débuts des « Frères »

15 - Appendice — Bref regard sur la chrétienté actuelle

Il est vrai que bien des âmes ne s’y retrouvent plus au milieu de tous les milieux chrétiens qui revendiquent chacun suivre les enseignements de la Bible !

Pourtant le Parole de Dieu nous donne des enseignements accessibles aux « petits enfants » alors que le Saint Esprit les a cachés aux sages et aux intelligents.

Il est utile de se référer à la Parole, pour ne pas être balloté par tout vent de doctrine (Ephésiens 4 v.14) 

Introduction

Dans les temps de troubles qui caractérisent l’époque dans laquelle nous vivons, les dernières heures de la présence du Saint Esprit sur la terre, à la veille de la venue du Seigneur Jésus sur la nue pour enlever les siens, comme nous l’enseigne 1 Thessaloniciens 4 v.13 à 18, nous avons tous besoin de nous attacher à ce qui est fondamental pour le croyant, pour sa croissance spirituelle pour ne pas rester dans l’état décrit dans Hébreux 5 v.12 à 14, qui est suivi du v.1 du Ch.6 : « C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits, … ».

L’Eglise, ou l’Assemblée, est à la fin de son pèlerinage sur la terre, sur laquelle elle a le devoir rendre témoignage de son appartenance à Christ, étant étrangère dans ce monde, domaine où Satan est le prince. Le trajet moral de son pèlerinage nous est décrit en Apocalypse 2 & 3, qui trace son histoire morale après Actes 2 à travers les siècles. Son parcours moral commence par Ephèse et se termine par Laodicée, où le Seigneur doit se tenir à la porte, venant alors de manière individuelle exprimer une communion intime avec ceux qui lui ouvrent la porte, chez eux, dans leur intimité ! Les autres de Laodicée, constituent ceux que le Seigneur va vomir de sa bouche, à savoir la Babylone, la grande prostituée d’Apocalypse 17 v.1 à 19 v.2 !  Ceci souligne l’importance de notre témoignage individuel, dont le fondement est la communion intime avec le Seigneur Jésus !

Si le descriptif de l’histoire morale de l’Eglise sur la terre se termine par celui de Laodicée, il n’en est pas moins vrai, que le descriptif qui précède est celui de Philadelphie !

Les caractères grandissant de Laodicée au milieu de la chrétienté, ne dédouanent pas le chrétien de sa responsabilité relative au témoignage collectif. Il est à noter, que les seuls caractères, que le Seigneur apprécie de manière particulière, sont ceux de Philadelphie. Les temps, où nous vivons, ne nous dédouanent pas de devoir rechercher ses caractères : « … tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom. … moi je t’ai aimé. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, … Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as ».

Il y eut au 19ème siècle, un réveil puissant produit par le Saint Esprit, et des croyants ont redécouvert dans la Parole, la lisant dans la dépendance du Saint Esprit, les enseignements fondamentaux qui y sont contenus. Ils s’y sont conformés, et ont clairement montré par leur témoignage, non seulement individuel, mais collectif qu’ils reflétaient, en rayonnant (comme Moïse rayonnait, sans qu’il le sache lui-même) les caractères de Philadelphie.

Si à notre honte, nous ne faisons plus rayonner ces caractères, nous n’en sommes cependant pas exemptés. Cela reste valable de les rechercher de nos jours, afin d’en témoigner, ne fusse que faiblement, car il vient bientôt. C’est le Seigneur qui apprécie si nous en manifestons les caractères, ce n’est pas nous ! Notre tâche est de les rechercher pratiquement et réellement !

Prétendre aux caractères de Philadelphie, serait démontrer le contraire, ce serait faire comme ceux de Jérémie 7 qui, ne pouvant témoigner d’autre chose, affirment orgueilleusement : « C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! »

Ainsi, ce n’est pas en affirmant nous-même être « réunis au Nom du Seigneur selon Matthieu 18 v.20 » selon l’expression consacrée, mais bien en réalisant les conditions à la fois nécessaires, mais aussi suffisantes pour que le Seigneur vienne honorer les 2 ou 3 ainsi réunis.

Il est donc important que nous gardions à l’esprit, les choses les plus fondamentales !

Quelques points fondamentaux à retenir

L’Assemblée est constituée de l’ensemble de tous les vrais croyants vivant sur la terre. L’ensemble de tous ces vrais croyants constitue un seul corps, dont la tête est dans le ciel, à savoir le Seigneur Jésus, qui en est le seul chef.

Chaque croyant, par sa nouvelle naissance, appartient à la nouvelle création, où rien n’est de l’homme, mais tout est de Dieu. L’Eglise appartient à la nouvelle création, elle n’est que de passage dans la première, elle n’y est qu’aussi longtemps que le Saint Esprit habite sur la terre.

Le témoignage à rendre par chaque vrai croyant est de montrer dans la première création qu’il appartient à la nouvelle. C’est aussi le témoignage que l’Eglise doit rendre sur cette terre. L’Eglise responsable sur la terre, constitue la maison de Dieu sur la terre. Cette maison aurait dû garder son caractère initial, celui manifesté, dès Actes 2, mais dans laquelle, il y eut bientôt des vases à honneur et des vases à déshonneurs (2 Timothée 2). L’histoire de l’Eglise est esquissée en Apocalypse 2 & 3 !

Au milieu de cette grande maison, qu’est devenue la chrétienté, il reste un chemin pour les 2 ou 3 réunis au nom du Seigneur, car le Seigneur y a promis sa présence ! C’est la présence du Seigneur qui est la « clé de voute ». Pour que le Seigneur nous honore de sa présence, il y a des conditions à remplir.

Il y a une condition nécessaire, c’est celle de se retirer de l’iniquité (morale ou doctrinale) (2 Tim.2 v.19), mais si cette condition est nécessaire, elle n’est pas suffisante, car il faut aussi poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur (2 Tim.2 v.22).

Les 2 ou 3 ainsi réunis, sont l’expression locale de l’Assemblée (qui est constituée de tous les vrais enfants de Dieu) habitant dans la localité où ils se trouvent. Ils constituent un témoignage local, une assemblée locale, une assemblée qui se réunit au Nom du Seigneur dans cette localité. Elle exprime que l’Assemblée, corps de Christ est une, ce qu’aussi elle exprime lorsqu’elle se réunit pour rompre le pain.

Pour être réunis au Nom du Seigneur, il y a donc ainsi des conditions à remplir, car il ne suffit pas de l’affirmer soi-même, ou sur base d’antériorité historique :

·         Se séparer de tout mal, qu’il soit moral ou doctrinal (mais n’oublions pas que la faiblesse n’est pas un mal, bien qu’elle puisse y conduire)

·         Tous les vrais croyants ont leur place sans aucune restriction, à la seule exception de ne pas apporter quoique ce soit qui est en contradiction avec l’expression de l’unité du corps (par exemple, aller rompre le pain dans divers milieux, ne respectant pas les conditions que requiert la présence du Seigneur).

·         De prendre sur soi la responsabilité de la ruine de l’Eglise, habitation de Dieu sur la terre

·         De reconnaître comme réunie au Nom du Seigneur, tout autre rassemblement de croyants répondant à ces conditions

Chaque assemblée locale administre elle-même ce qui la concerne, réception d’âmes à la Table du Seigneur, l’exercice de la discipline, etc. … Dans ce but, le Seigneur a confié des charges à certains frères (1 Timothée 2, Tite 1).

Mais les assemblées locales ne sont pas indépendantes les unes des autres ! L’indépendance est contre-témoignage à l’unité du Corps. Par exemple, ne pas reconnaître comme réunis au Nom du Seigneur des croyants qui se réunissent en remplissant les conditions mentionnées plus haut, constitue un contre-témoignage à l’expression de l’unité du Corps. De la même manière reconnaître comme réunis au Nom du Seigneur des croyants qui se réunissent sans remplir les mêmes conditions, constitue également un contre-témoignage à l’expression de l’unité du Corps.

Si chaque assemblée locale administre ce qui la concerne, elle a aussi à expliquer la raison de sa décision aux frères d’autres assemblées, mais ceux-ci n’administrent rien dans une assemblée locale autre que la leur ! (Cela fait partie du témoignage à rendre à l’unité du Corps de Christ)

Si les charges, sont liées à l’assemblée locale, les dons donnés du Saint Esprit (Docteurs, Pasteurs, Prophètes, etc. …) ne sont pas liés à une assemblée locale, mais sont données pour l’ensemble du Corps, donc à fortiori pour le bien de chaque assemblée locale que celui qui a reçu le don soit de la localité ou non !

Les frères doués du Seigneur, docteurs, pasteurs, prophètes, etc. … sont aussi là, non pas pour administrer les assemblées locales, mais pour donner des enseignements selon la Parole aussi pour aider les frères qui en ont la charge, à le faire selon la Parole. C’est ce que fait l’Apôtre Paul, dans sa lettre à Timothée ou à Tite ! Il le fait directement lui-même dans le cas des Corinthiens !

Comme le montre l’état des Corinthiens, qui ne manquaient pas de dons réels reçus du Seigneur par le Saint Esprit, le frère qui a reçu un don pourrait ne pas agir pratiquement, comme le demande la Parole ! Cela a créé une situation exigeant le rappel des instructions de la Parole par l’Apôtre Paul, mais l’Apôtre n’a pas administré le règlement de l’état des Corinthiens, qui, suite aux enseignements de la Parole par le serviteur doué du Seigneur, sont revenus de leurs égarements, comme nous le voyons dans la 2ème épitre. Si les Corinthiens ne s’étaient pas soumis à la Parole, que le Saint Esprit leur communiquait par le moyen d’un frère doué de lui, à savoir l’Apôtre Paul. L’assemblée de Corinthe n’aurait plus été réunie au Nom du Seigneur, ayant refusé l’enseignement donné du Saint Esprit par le canal du don conféré par le Saint Esprit à Paul !

Que signifie « sortir hors du camp » ?

Le texte reprend en s’en inspirant un article paru dans le « Messager Evangélique » paru 1878 intitulé « Sortons vers lui hors du camp portant son opprobre » (Hébreux 13 v.13)

Ces paroles furent adressées aux Hébreux chrétiens, du temps où elles furent écrites ; mais elles sont d'une grande importance pour tous les temps, et particulièrement pour les nôtres.

L’épître aux Hébreux est adressée à des juifs croyant au Seigneur Jésus. Le contenu de l’épître montre clairement qu’elle a été écrite pour établir ces croyants dans la vérité du christianisme avec tous ses privilèges et ses bénédictions, et pour les délivrer ainsi du système juif auquel ils étaient rattachés par leur naissance.

Pour comprendre la signification de l’enseignement de cette épître nous devons nous souvenir du caractère de ce système religieux auquel les croyants d’origine juive avaient été liés. C’était une religion nationale donnée à ceux qui, par leur naissance, descendaient d’Abraham. La question de la nouvelle naissance n’était pas soulevée. Cette religion était entièrement pour la terre ; elle ne parlait pas du ciel. Elle réglait la conduite de l’homme envers Dieu et envers son prochain, et promettait la vie terrestre, avec des bénédictions terrestres, à ceux qui marchaient selon ses préceptes.

Son centre de ralliement était un temple visible d’une somptuosité sans égale, avec des autels matériels sur lesquels des sacrifices étaient offerts par une classe spéciale de sacrificateurs, qui conduisaient un culte purement rituel. Il s’agit d’une religion terrestre, qui s’adressait à l’homme naturel !

Les chrétiens, d’origine Juive, en s’attachant à leur système religieux terrestre, voulaient se faire, pour ainsi dire, une cité permanente ici-bas. Ils devaient bientôt éprouver d’une manière terrible que rien de ce qui tient au monde ne saurait subsister. Jérusalem, le temple, la nation, allaient être renversés. [Il l’a été en l’an 70 par les Romains] Les croyants sortis du système judaïque vers Jésus, appartenaient ainsi à ce qui demeure éternellement. Étrangers et voyageurs ici-bas, ils regardent vers la cité permanente à venir, vers l’établissement des choses immuables.

Cela est d’une application générale et nous concerne tout comme les Hébreux. Nous sommes dans un monde dont la figure passe. Voulons-nous nous y établir ? Nous y attacherions-nous, nous qui professons être sortis vers Jésus, qui sommes unis à un Christ céleste ? Non ; nous avons aussi à rechercher cette cité à venir, là où est Christ, et y avoir nos pensées et nos affections (Col.3:1-3). Remarquons que l’écrivain sacré ne parle pas comme exhortant à rechercher la cité à venir, mais pose le fait que nous la recherchons. C’est le vrai caractère chrétien. Souvenons-nous-en.

Depuis la Pentecôte d’Actes 2, le Saint Esprit rassemble les enfants de Dieu autour du Berger, le Seigneur Jésus. Ils constituent bien un troupeau sous lui, mais il n'y a plus un « camp » reconnu de Dieu. Ce qui veut dire en d’autres termes, que Dieu ne reconnait plus de système religieux fondé sur des cérémonies extérieures par lesquelles les hommes seraient unis ensemble. Au contraire, les chrétiens, que nous sommes, sont unis comme un corps, le corps de Christ, par le Saint Esprit.

Il est évident que le troupeau de Christ est dispersé, et si l'ennemi ne peut pas ravir les brebis des mains du bon Berger, cependant le loup les ravit et les disperse (Jean 10:12).

Mais l’esprit de l’homme s’est introduit dans la chrétienté petit à petit à travers les âges, en passant des caractères d’Ephèse à ceux de Laodicée (Apocalypse 2 & 3), ce processus a conduit l’homme à construire un « camp » qu’à fortiori, Dieu ne peut pas reconnaître !

C’est déjà à l’époque de l’apôtre, que l’esprit judaïque, attaché aux rites, s'est introduit de bonne heure dans l'Eglise et y forma de nouveau un « camp », un système, non de personnes unies à Christ par la puissance du Saint Esprit, mais un grand système qui porte bien le nom de Christ, mais dont on devient membre par des cérémonies et non par l'Esprit Saint : l'union se fait par les cérémonies seulement.

Il est clair que la cène est dans un certain sens une « cérémonie » bénie, qui est l'expression de l'unité des chrétiens, comme corps de Christ ; mais ce n'est pas elle qui produit cette unité : mais c'est le Saint Esprit qui la produit. La cène, de la manière la plus douce pour le cœur, est l'expression de cette union, — dont elle rappelle la base, c'est-à-dire la mort du bien-aimé Sauveur, — et de la position des chrétiens unis ensemble, comme étant baptisés d'un seul Esprit, pour être un seul corps dont le chef ou la tête est dans le ciel, et pour attendre sa venue du ciel en célébrant avec actions de grâces sa mort, seul mais sûr fondement de leur espérance, jusqu'à ce qu'il vienne.

L'esprit charnel de l'homme et la ruse de l'ennemi opérant sur la chair, ont fait néanmoins de l'Eglise un « camp » ; dès lors, à la fin des temps, la vraie célébration de la cène, là où elle se fait avec intelligence, se fait hors du camp.

Le camp, comme système, n'a pas de raison d'être : Dieu est pleinement révélé en Christ, et aucun autre culte ne lui convient que le culte en Esprit ; Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité (Jean 4). Comme mentionné plus haut, l’homme religieux s'est formé de nouveau un camp, un christianisme de profession, où, pour y avoir sa place, il n'est pas nécessaire d'être né de Dieu, ni d'être scellé du Saint Esprit.

L’homme, au cours des âges, a souvent abandonné un camp dont le caractère était manifestement grossier, pour en construire un autre un peu plus raffiné. Cependant in ne manque pas dans tous ces camps de vrais et pieux chrétiens, qui restent attachés à ces corporations religieuses. On peut réformer beaucoup de choses particulières, prendre la parole de Dieu comme règle à l'égard de divers détails de la marche, et rester en même temps une petite association au milieu de la grande, en demeurant uni aux autres dans les choses qui ne touchent pas à ces détails. In fine, c’est aussi rester dans le camp.

Pour effectivement « sortir vers Christ », « hors du camp », il faut impérativement se trouver dans les conditions des deux ou trois réunis au Nom du Seigneur ! A contrario le fait de manquer à une de ces conditions, ne permet pas d’être réunis au Nom du Seigneur, et par conséquent un tel rassemblement constitue un autre « camp » !

La Cène et la Table du Seigneur

Le texte reprend des extraits d’un article du frère Rudolf Brockhaus, paru dans le « Messager Evangélique » de 1924

Après avoir précisé ce qu’est un rassemblement des saints « hors du camp » au nom de Jésus, il est utile de revenir sur la célébration de la Cène, prise à la « Table du Seigneur ».

S'il était nécessaire, aux premiers jours de l'Eglise chrétienne, de rappeler ces choses, combien plus cela est-il indispensable dans ces temps de la fin, caractérisée par l'indifférence et l'apostasie !

On trouve dans la chrétienté autant d’enseignements relatifs à ces thèmes, qu’il y a de camps constituant cette chrétienté.

Il est dès lors important d’examiner ce que Dieu nous dit là-dessus dans sa Parole, et quelles sont ses pensées au sujet de la Cène.

Lorsque le Seigneur l'institua, il n'était pas encore question de l'Eglise comme telle. Elle ne fut formée que sept semaines plus tard, par la descente de l'Esprit Saint.

Le Seigneur, avant de monter vers son Père, a laissé pour le temps de son absence, comme souvenir, aux siens qu'Il devait quitter, un repas en mémoire de Lui. La pensée de son corps et de l'unité de ce corps n'avait pas encore été révélée. [Ici en parlant de « son corps », de toute évidence il s’agit de l’Eglise corps de Christ, et non pas de son corps qui est offert]

C'est le Seigneur crucifié qui nous est représenté dans « le pain » et dans « la coupe ». Ces deux symboles nous rappellent son amour pour nous, son amour jusqu'à la mort. C'est pourquoi toutes les fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne. Cette vérité nous est présentée dans les évangiles [Matth.26:26 ; Marc 14:22 ; Luc 22:19]  et dans 1 Corinthiens 11. Il va sans dire qu’Il est tout aussi certain que Christ est mort « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » ; — mais ce côté-là de la vérité n'est pas contenu dans ces passages.

La Cène concerne en premier lieu tous les croyants, en tant que rachetés, au prix du corps et du sang du Seigneur. Quoique cela soit vrai et que leur unité en un seul corps soit aussi exprimée dans la célébration de la Cène, il n’en est pas question ici ! C'est pourquoi leur responsabilité individuelle entre immédiatement en considération en 1 Corinthiens 11. Ils sont appelés à célébrer la Cène avec amour, avec reconnaissance, en souvenir de leur Seigneur, et à le faire d'une manière digne de Lui et de sa mort.

Si maintenant nous considérons ce repas à un autre point de vue, celui de la « Table du Seigneur » c'est une tout autre image qui se présente à nous.

Dans un certain sens la « Cène du Seigneur » et la « Table du Seigneur » expriment une seule et même idée ; dans un autre sens, une idée toute différente.

A la première se rattache celle de la responsabilité personnelle et individuelle ; la seconde éveille la pensée d'une responsabilité collective qui, naturellement, est partagée par chaque membre de la collectivité dans la mesure de la connaissance qu'il a de la vérité.

Ce qui entre ici en ligne de compte, c'est l'autorité et les droits du Seigneur sur sa Table et sur son Assemblée.

C'est de là que provient la différence fondamentale, essentielle, qui caractérise l'enseignement de l'apôtre en 1 Corinthiens 11 et en 1 Corinthiens 10.

Dès que, en 1 Corinthiens 10 il associe la « Cène » avec la « Table du Seigneur » il parle de communion et de l'impossibilité d'allier ce repas avec la souillure. Au lieu de l'exhortation : « Que chacun s'éprouve soi-même » il est dit : « Nous, qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » ; et : « Or je ne veux pas que vous ayez communion… » ; « vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur… », « vous ne pouvez participer à la Table du Seigneur ». Cet enseignement s'adresse à la collectivité, à l'assemblée comme telle.

L'apôtre Paul ne parle pas, dans ce passage, d'annoncer la mort du Seigneur ; mais de représenter ou d'exprimer publiquement l'unité du corps de Christ. Or il n'existe pas d'autre moyen de le faire.

Dans le premier cas il s'agit d'un acte : nous mangeons, nous buvons ; dans le second, d'un principe, de la base sur laquelle l'acte s'accomplit. « Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du corps du Christ ? » En mangeant d'un seul pain, nous déclarons que nous tous, nous sommes le corps « mystique » de Christ sur la terre.

Cela nous fait comprendre le sérieux que l'apôtre apporte à mettre les saints en garde contre toute alliance entre la Table du Seigneur et la table des démons. Si ce danger-là n'existe plus pour nous, il a fait place à un autre danger, celui de nous associer à des principes qui sapent l'unité du corps ; qui méconnaissent, ou nient même, l'autorité que le Seigneur seul a le droit d'exercer sur sa Table.

Ne peut-on donc pas dire qu'une réunion de croyants n'a plus au milieu d'elle la présence du Seigneur et sa Table, quand ils maintiennent des principes contraires à l'Ecriture, qu'ils font le mal ouvertement et refusent de se retirer de l'iniquité ?