L’importance de la prière pour le chrétien

Ce message s’inspire de différents articles repris du Messager Evangélique, principalement des année 1865, 1870, 1875 & 1877, que le texte reprend pratiquement intégralement, tout en en faisant une compilation.

CONTENU :


Introduction

La prière selon sa volonté

La prière et le combat chrétien

La prière en commun

La prière n’est pas un don, comme certains l’affirment

Des prières trop longues d’un nombre restreint de frères

Une autre lacune : absence de prières après le culte

Ce n’est pas en parlant beaucoup que la prière est exaucée

Les réunions de prières

La base morale de la prière

La prière n’est pas un discours doctrinal

Quelle attitude sied à la prière

Les conditions morales de la prière

La foi : une 3ème condition essentielle

Que nous enseigne le Seigneur en Luc 11 « … Ami, prête-moi trois pains, … »

Demande, courte et précise relative à un besoin positif et senti

La prière ne craint jamais l’importunité

La prière en relation avec l’état de l’Eglise

La persévérance dans la prière

Pour conclure

L’enseignement du Nouveau Testament sur la prière

1ère catégorie : prière persistante et importune

2ème catégorie :  prière, supplication et actions de grâce

3ème catégorie : prière faite selon sa volonté a l’assurance d’être écoutée

Pour conclure

Introduction

Le chrétien s’adresse à Dieu, dans différentes situations :

·      La prière : pour demander ou intercéder pour un sujet déterminé

·      L’action de grâce : pour remercier le Seigneur de ce qu’il nous donne (avant de manger par exemple)

·      Le culte : rendre à Dieu ce qu’il lui est dû, à savoir rendre grâce pour le don de son Fils et pour lui parler de son Fils, de ce qu’il est !

Le sujet traité ici est celui de la prière, sujet d’une très grande importance, elle est « la respiration » de l’âme.

L’homme inconverti peut aussi s’adresser à Dieu, pour que, conscient de son état de pécheur, Dieu lui montre par sa Parole le chemin du salut en Jésus.

Le chrétien, étant passé par une vraie conversion, par sa nouvelle naissance, est introduit dans la « nouvelle création », dans laquelle il est en tant que « nouvel homme », possédant une « nouvelle nature ».

S’étant tourné des idoles vers Dieu, pour attendre des cieux la venue du Seigneur Jésus (1 Thessaloniciens 1 v.9-10 & 4 v.13-18), le vrai chrétien a pour mission de refléter sur la terre (1ère création) ce qu’il est comme « homme nouveau » dans la « nouvelle création ».

A l’inverse du « vieil homme » (ce qu’il est en tant que descendant d’Adam), le « nouvel homme » ne possède aucune force, aucune énergie en lui-même, il est entièrement dépendant de Dieu, par le moyen du Saint Esprit ! Il a constamment besoin des secours qu’il ne peut trouver qu’au seul trône de la grâce, par le moyen de la prière ! Par ce seul moyen, il a recours à l’office de « Grand Souverain Sacrificateur » qu’est le Seigneur Jésus dans le ciel, où il siège à la droite de Dieu, ayant été ressuscité par la gloire du Père, et élevé à le droite de Dieu.

« Ayant donc un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme notre confession ; car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais [nous en avons un qui a été] tenté en toutes choses comme nous, à part le péché. Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun. » (Hébreux 4 v.14-16)

La prière est donc un élément vital, faisant aussi partie des armes défensives contre les attaques de l’ennemi, dans l’armure complète de Dieu décrite en Ephésiens 6 v.10-20 : « priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications … » (v.18)

Plus nous sommes soumis à l'enseignement divin, plus la parole de Christ habite en nous, plus aussi nous apprécions le bonheur d'être dans la dépendance de Dieu et d'y demeurer. Si j'ai conscience que tout ce que je suis et tout ce que je possède vient de Dieu (et c'est là ce qu'une véritable intelligence spirituelle peut seule nous donner), il me sera naturel de dépendre du Seigneur, et je serai heureux de cette dépendance. M'y soustraire ne peut être ni convenable, ni conforme au respect que je lui dois.

Sachant que je tiens tout de lui et qu'il prend intérêt à tout ce qui me concerne, je dois reconnaître cette position de dépendance ; mon bonheur et ma force seront en proportion du sérieux et de la persévérance avec lesquels je regarderai à lui pour tout ce qui, à quelque degré que ce soit, me concerne ou m'intéresse. C'est là la prière, qui peut être divisée en plusieurs catégories, ainsi que je me propose de le faire dans ce traité. [voir le dernier paragraphe]

La prière en elle-même est le privilège merveilleux et naturel du nouvel homme. Elle est l'expression de ma dépendance de Celui dont je tiens toutes choses. Il n'est que juste et raisonnable que je lui rapporte tout, et c'est une bénédiction d'avoir la certitude que non seulement c'est de lui que je tiens tout ce que je possède, mais de savoir que son intérêt pour moi me donne la liberté de m'adresser à lui en quelque moment et à quelque sujet que ce soit.

La dépendance et la confiance étant les éléments combinés que réunit la prière, celle-ci sera mieux connue, dans la mesure où ces deux sentiments augmenteront en nous. Si je dépends en toutes choses de Dieu, je dois regarder à lui pour toutes choses. Ma confiance s'accroît dès qu'en pratique je me tiens sous sa dépendance, car si je sens que je dépends de lui pour tout, je puis, bien plus, je dois lui remettre tout. Je ne puis me confier en nul autre, et si je sais que je puis avoir confiance en lui, je dois demeurer sous sa dépendance puisque tout provient de lui. Ma confiance provient en outre de ce que je sais que son amour est aussi grand que sa puissance, et que sa volonté de me venir en aide est aussi efficace que sa puissance est grande. Ainsi la prière est l'expression de la dépendance et de la confiance réunies, et l'absence de l'un ou l'autre de ces deux éléments doit nécessairement la rendre défectueuse.

La prière naît de la certitude que Dieu dispose de toutes choses, et du sentiment qu'il est si près de moi et d'un accès si facile, que je puis lui parler. C'est pour nous qu'il est fait mention de la prière d'Abraham quand il est appelé d'une manière spéciale « l'ami de Dieu ». Le Seigneur lui communique sa pensée de la manière la plus intime, et c'est alors qu'Abraham intercède en toute confiance pour Sodome. Il en est de même de David, qui apprenant par Nathan ce que Dieu se proposait de faire pour lui et sa maison (1 Chroniques 17) « entre et se tient devant l'Eternel », et constate que c'est parce qu'il a reçu communication de la pensée du Seigneur, qu'il a pris la hardiesse de lui faire sa prière. La prière doit nécessairement exprimer la mesure de ma dépendance et de ma confiance. Si je ne suis pas dépendant, pourquoi prier ? et si je n'ai pas de confiance, quelle est l'utilité de la prière ? Je puis savoir que la puissance est là, mais si cette puissance ne m'est pas profitable, si elle ne peut pas s'exercer en ma faveur, à quoi bon en appeler à elle ? La prière est l'expression de la vie dans une âme nouvellement née, son instinct, pour ainsi dire, car elle a le sentiment de sa nouvelle relation avec Dieu, qui est celle de dépendance et de confiance, en opposition à l'état d'éloignement et de défiance qui l'animait auparavant. Aussi la preuve que le Seigneur donne à Ananias de la conversion de Saul, c'est : « Voici il prie » (Actes des Apôtres 9 v.11).

Il se peut que l'on crie à Dieu sans croire qu'il nous entend ; ce n'est là qu'un acte superstitieux accompli dans l'espoir de recevoir la réponse désirée. En agissant ainsi on tente Dieu ; il n'y a là ni foi, ni prière ; cette dernière ne peut exister à moins que l'âme n'ait quelque sentiment de dépendance de Dieu et quelque foi en lui comme étant Celui qui écoute sa supplication. Plus nous considérons la prière et plus nous devons être frappés de la grâce et de la miséricorde de Dieu qui a établi un tel lien entre nous et lui ; plus nous ferons usage de ce privilège, plus le sentiment de dépendance et de confiance nous sera accordé. Je puis avoir la plus entière conviction de la toute science et de la toute-puissance de Dieu, et cependant ne pas saisir le but et le prix de la prière.

Par la prière j'assure mon cœur, non seulement dans le sentiment de ma dépendance de Dieu, mais encore dans celui de ma confiance en lui ; ce sont là les deux caractères de la vraie connaissance de ce qu'il est dans sa relation avec moi. Ce n'est pas tant Dieu se communiquant à moi, que l'expression de mon état, de mes circonstances, s'élevant de mon cœur à lui. Le fait que la prière nous est non seulement permise, mais ordonnée, caractérise la relation toute spéciale dans laquelle nous sommes vis-à-vis de Dieu, relation du moins qu'il voudrait voir exister entre lui et nous. Cette relation est maintenue par la prière, et tandis que la permission qu'il nous donne de prier est une merveilleuse expression de sa grâce, elle est, quant à nous, la véritable expression de notre position de dépendance. L'homme n'aurait jamais dû abandonner cette position.

Le Seigneur Jésus s'y est soumis ici-bas sans aucune réserve, car il a été entièrement dépendant de la volonté de son Père. Il ne s'agit pas de savoir si mes prières feront agir Dieu ou changeront ses desseins ; mon simple devoir, aussi bien que mon bonheur, consiste à lui exposer toutes choses dans le sentiment de ma dépendance, et à avoir la confiance que dans son amour il fortifiera mon cœur, quelles que soient les circonstances que j'aie à traverser, assuré que je suis, que sa sagesse infinie et ses soins incessants ne me feront pas défaut. L'âme qui prie dans ces dispositions est certaine d'obtenir en tout temps.

La prière selon sa volonté

Je ne crois pas que les promesses soient uniquement relatives à des prières présentées par les uns à Dieu pour les autres, bien que les exemples que nous trouvons dans l'Ecriture se rapportent en grande partie à ce genre de requêtes : « Priez les uns pour les autres », « et pour moi aussi », « combattant toujours pour vous par des prières » (Jacques 5 v.16 ; Ephésiens 6 v.18 ; Colossiens 4 v.12; etc.), et tant d'autres passages. La prière de la foi ne se borne pas à cela. Il y a des prières pour que Dieu ouvre la porte pour l'Evangile ; il y a des prières pour tous les hommes (Colossiens 4 v.3; Tite 2 v.1-2). Même s'il ne s'agit pas de la prière de la foi proprement dite, l'apôtre nous exhorte à présenter en toutes choses nos requêtes à Dieu ; il arrive alors, ou il peut arriver, que la seule réponse soit: « Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Philippiens 4 v.6-7). Pour la prière de la foi, ou plutôt pour ce qui concerne la promesse qui lui est faite, Dieu a posé certaines limites relativement à la certitude de l'exaucement, telles que « en mon nom » (Jean 14 v.13-14 & Jean 16 v.13-14), « selon sa volonté » (1 Jean 5 v.14-15), « si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez » (Jean 15 v.7), « si deux d'entre vous sont d'accord (Matthieu 18 v.19), pour ne pas parler de ce qui arrête la prière, comme le péché à la mort (1 Jean 5 v.16). Mais, en même temps, je ne vois aucune limite posée à l'attente de la foi, si Dieu la donne. Si je demande mal, afin de le dépenser pour mes voluptés, je ne puis m'attendre à recevoir.

D'autre part, le Seigneur nous parle de foi donnée et de certitude de réponse pour faire sécher un figuier ou pour transporter une montagne ; et quoi que ce soit que je demande en priant, si je crois, je le reçois (Marc 11 v.24). C'est là un principe d'une très grande importance. Disons d'abord un mot des limites dans lesquelles, à part la foi spéciale, la promesse expresse de l'exaucement est renfermée.

Le premier passage que je veux rappeler, est celui-ci : « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu'il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées » (1 Jean 5: 14, 15). L'Ecriture suppose ici que la demande est « selon sa volonté » ; et dans ce cas, nous pouvons compter sur sa puissance pour l'exaucer. C'est là la confiance chrétienne générale; — et c'est une grande faveur de la part de Dieu que d'être assuré, dans le chemin de sa volonté, de l'intervention de celui qui est Tout-Puissant.

Ailleurs nous lisons : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15 v.7). Je ne doute pas que le Seigneur ne s'adresse ici aux douze ; mais en principe le passage s'applique à tous les chrétiens : là où les pensées sont formées par les paroles de Christ, quand celles-ci demeurent en quelqu'un qui vit dans la dépendance et la confiance en Lui, celui qui demeure ainsi en Lui, avec ses pensées dirigées par Sa parole, a une volonté qui est pour ainsi dire celle de Christ : il demande ce qu'il veut, et il lui est fait.

Dans un autre passage il est question de deux qui sont d'accord sur la terre (Matthieu 18:19). Ici, la volonté individuelle est mise de côté: il s'agit de chrétiens qui ont un désir commun et qui sont d'accord pour le présenter à Dieu. L'accord délibéré et formel suppose une commune pensée chrétienne et elle sera accomplie. Ainsi aussi, quand je prie, m'approchant pour ce à quoi je puis lier le nom de Christ, — sous ses auspices, — le Père le fera. Ici encore, je ne doute pas que les douze ne soient spécialement en vue, quoique, en principe, la chose soit vraie pour tout chrétien. Un homme ne peut, par la foi, lier le nom de Christ, dans sa requête, à ses convoitises. Toutes ces déclarations supposent le disciple et la foi, comme Jacques, et le Seigneur lui-même, nous le disent expressément.

Mais il y a d'autres déclarations qui nous rejettent d'une manière plus générale sur la bonté de Dieu et sur son intérêt pour nous, et qui montrent que, lorsque la foi est en exercice, l'exaucement ne fera pas défaut : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera fait » (Marc 11 v.24). Ce que le Seigneur dit ici, suppose la foi et en quelque sorte l'intimité avec Dieu ; le cœur est associé à ses intérêts, et alors, s'il y a de la foi comme un grain de moutarde, une montagne se déplace. Je ne doute pas que ce genre de foi ne fût plutôt celui des apôtres qui se sentaient intéressés à la cause de Dieu, identifiés avec Lui, et cela sur la terre; mais la déclaration n'est pas limitée. Partout où il y a une foi pareille, elle trouve la même réponse ; Dieu est tout aussi occupé maintenant des détails de la bénédiction pour nous, qu'il l'a été des grandes œuvres de ces jours-là. La bénédiction pouvait être alors plus palpable, plus concentrée aussi, mais non pas plus vraie. Aujourd'hui, pas plus qu'alors, un seul passereau ne tombe en terre sans Lui, et la vraie et fervente prière d'un homme juste est toujours d'un grand prix ; seulement il faut que nous nous placions avec Dieu, car ceux auxquels ces choses étaient dites, étaient identifiés avec Lui et ses intérêts sur la terre.

Ce fait donnait sans doute à leurs prières une place particulière ; mais néanmoins, si la foi (c'est-à-dire l'opération de son Esprit et de sa grâce) m'associe à ses intérêts maintenant, même pour des détails, sa promesse est là, et nous pouvons aujourd'hui comme alors compter sur Dieu et sur sa puissance exercée en amour.

Il n'y a pas de limite : seulement c'est l'opération de son Esprit en nous, et par conséquent la foi qui compte sur l'exaucement. Présenter nos requêtes en étant soumis à sa volonté, est toujours bien; nous en avons un exemple même à Gethsémané, et aussi en Paul à propos de son écharde dans la chair. La réponse sera plus glorieuse et plus bénie que la requête, même quand l'exaucement ne correspond pas à la demande (voyez Jean 12 ; Psaumes 132 ; Psaumes 21, ainsi que la requête de Paul, au sujet de son écharde).

Confions-nous en son amour, et cet amour ne nous fera pas défaut. S'il nous a donné de la foi pour attendre une réponse particulière, bénissons-en Dieu ; seulement il ne faut pas, comme dit l'apôtre Jacques, que notre volonté intervienne. Il en fut ainsi pour les cailles dans le désert, lors même que Dieu répondit, ce qui n'est pas le cas en principe. Mais partout où se trouve une foi vraie et sincère, Dieu entendra certainement, bien qu'Il puisse nous donner des sauvegardes contre l'introduction de notre propre volonté.

La prière et le combat chrétien

L'intercession suppose toujours que nous sommes assez près de Dieu pour être, dans les intérêts de l'Eglise, avec Dieu. L'intérêt que nous prenons à l'état des saints et du corps tout entier de l'Eglise, se traduit en prière et en intercession, et nous fait entrer dans des luttes qui identifient l'âme avec le Seigneur Jésus, dans son affection pour l'Eglise. Dieu nous pardonne bien des choses, afin que nous nous tenions près de Lui. Nous ne pouvons intercéder pour un autre, si nous sommes avec lui dans le mal. Il y a aussi des intercessions pour un progrès de l'Eglise.

Pour le bien de l'Eglise, nous sommes en lutte avec les puissances spirituelles dans les lieux célestes (Ephésiens 6 v.10 et suivants), et la moitié du combat s'accomplit par la prière. La majeure partie de ce qui se fait dans l'Eglise, se fait entre Dieu et celui qui travaille. Il y a tel chrétien qui a plus travaillé et produit de fruit par la prière, que d'autres n'ont fait par beaucoup d'activité extérieure. S'il y avait plus de fidélité parmi nous, plus de véritable intérêt pour l'avancement de la foi des saints et les progrès de l'évangile, il s'opérerait beaucoup plus par nos prières que par notre présence et notre intervention active auprès des hommes. Qu'est-ce qui me fait prendre intérêt à l'Eglise, si non l'Esprit de Christ en moi? Si je comprends l'intérêt que Christ porte à l'Eglise, cela aura pour effet que je m'en entretiendrai avec Lui; et Christ répond à mes prières, parce qu'il aime l'Eglise et qu'il la porte dans son cœur. « Il a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle…; il la nourrit et la chérit…, car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os… » (Ephésiens 5 v. 22-23).

Je vois l'intimité et la sainte liberté des saints avec Jésus démontrées dans maints passages des Ecritures. Quand Jésus eut dit en vision à Ananias de chercher un nommé Saul de Tarse pour lui imposer les mains, Ananias répondit: « Seigneur, j'ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem; et ici il a pouvoir de la part des principaux sacrificateurs de lier tous ceux qui invoquent ton nom » (Actes des Apôtres 9 v.13-16). Ce trait met en lumière l'intimité des communications de Jésus avec les siens et l'intérêt qu'il porte à son Eglise. Nous avons un autre exemple de cette intimité dans le même livre des Actes. Au chapitre 23, verset 11, Jésus se présente à Paul et lui dit : « Paul, aie bon courage; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut aussi que tu rendes témoignage à Rome ».

Paul parle d'un combat qu'il avait à soutenir pour les fidèles de Colosses (voyez aussi Colossiens 4 v.12-13) ; car tout avantage qu'on remporte ne peut être qu'une victoire sur l'Ennemi. L'effet de la puissance du Saint Esprit est de mettre l'Eglise aux prises avec Satan. Quand les mains de Moïse tombaient (Exode 17 v.8-16), Amalek avait le dessus ; et quand elles étaient levées, Josué était le plus fort : il en est de même dans notre lutte. Les mains de Dieu sont soutenues en bénédiction par l'intercession (comparez aussi Hébreux 7 v.23-28). Israël se battait et ignorait cette lutte de prière. Quand il y a des choses qui nous intéressent, on voit Satan les attaquer. Si je me plains de celui qui est l'instrument du mal, c'est une pensée de la chair; l'Esprit me met en rapport immédiat avec le Seigneur pour lui dire, comme le centenier: «Dis une parole seulement» (Matthieu 8: 8)!

La prière en commun

Lecture :

Matthieu 18 v.19-20 :

Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ; car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux.

Actes des Apôtres 4 v.23-31 :

Et ayant été relâchés, ils vinrent vers les leurs et leur rapportèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les anciens leur avaient dit. Et l’ayant entendu, ils élevèrent d’un commun accord leur voix à Dieu, et dirent : Ô Souverain ! toi, tu es le Dieu qui as fait le ciel et la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont : qui as dit, par la bouche de David ton serviteur : « Pourquoi se sont déchaînées les nations, et les peuples ont-ils projeté des choses vaines ? Les rois de la terre se sont trouvés là, et les chefs se sont réunis ensemble, contre le Seigneur et contre son Christ ». Car en effet, dans cette ville, contre ton saint serviteur Jésus que tu as oint, se sont assemblés et Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites. Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse, en étendant ta main pour guérir, et pour qu’il se fasse des miracles et des prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus. Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé, et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse.

Actes des Apôtres 12 v.5 :

Pierre donc était gardé dans la prison ; mais l’assemblée faisait d’instantes prières à Dieu pour lui.

 

La prière!… voilà un sujet d'une bien grande importance et sur lequel il vaut la peine de méditer. Ce n'est pas cependant que ce qui en est dit dans la Parole soit difficile à entendre; au contraire, ce qu'elle enseigne sur ce point est simple et à la portée des petits, des enfants. C'est peut-être pour cette raison que les frères ne sont pas prodigues d'écrits sur la prière. Dans les lignes suivantes, mon but principal n'est pas de donner un enseignement sur la prière, mais bien de nous exciter à prier ; car ma conviction est que ce qui nous manque à cet égard, c'est beaucoup moins le savoir que le faire, moins la théorie que la pratique. Nous savons très bien, par exemple, que la Parole nous exhorte à prier sans cesse, à prier en tout temps, par toutes sortes de prières ; et nous comprenons à merveille ces exhortations; mais prions-nous ainsi ? Le savoir et le faire sont-ils toujours chez nous en harmonie, dans de bons et honnêtes rapports? Il y a assez de droiture parmi nous pour reconnaître qu'à cet égard nous manquons tous plus ou moins.

Il est question dans l'Ecriture de la prière individuelle et de la prière en commun. C'est seulement de cette dernière prière que je désire entretenir un instant mon lecteur. Les passages, notés en tête de ces lignes, nous parlent précisément de la prière en commun, et il me semble qu'ils sont bien propres à nous en faire sentir l'importance et à nous encourager à prier ensemble.

En Matthieu 18, nous avons deux promesses distinctes : « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux », dit le Seigneur. Grâces à Dieu, l'attention des frères a été fortement attirée sur cette promesse; ils s'y sont attachés et ils ont bien fait, car elle a une importance qu'on ne peut exagérer; elle est vraiment la ressource des fidèles dans ces jours fâcheux où la faiblesse et la confusion sont si générales. Mais à côté de cette si précieuse promesse, il y en a une autre qui ne l'est guère moins et que nous ne devons pas négliger : « Je vous dis encore que si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle leur sera faite par mon Père qui est aux cieux ». L'importance de ces paroles ne peut échapper à personne. On est tout étonné, au premier abord, de la grandeur de cette promesse; on lit et relit en se demandant si l'on a bien compris, s'il faut prendre les paroles du Seigneur à la lettre; mais on finit par être convaincu, si l'on est droit, qu'il faut recevoir cette promesse avec la même simplicité que celle qui l'accompagne, sans l'amoindrir, sans y rien retrancher, car c'est de la même bouche fidèle qu'elle est sortie et dans le même moment.

Il est vrai qu'une sorte de condition est attachée à l'accomplissement de chacune de ces deux promesses. Il est certain, par exemple, qu'il faut que les deux ou trois soient réunis au nom de Jésus, pour que sa présence soit avec eux ; si un autre motif les rassemble, ils n'ont pas le droit de compter sur l'accomplissement de cette promesse. Il est certain aussi que cette même condition est attachée à l'accomplissement de l'autre promesse ; c'est-à-dire que, si ce n'est pas le nom de Jésus qui rassemble ceux qui prient en commun, ils ne peuvent pas légitimement s'attendre à ce que ce qu'ils demandent leur soit donné.

En outre il y a cette autre condition : « Si deux d'entre vous sont d'accord ». Nous avons à rechercher cet accord ; mais nous n'y arriverons pas avant d'avoir la foi en la promesse elle-même. On ne peut jamais s'accorder pour faire ensemble une chose au succès de laquelle on ne croit pas.

Croyons-nous donc, frères, que si deux ou trois s'accordent pour demander une chose quelconque elle leur sera donnée ? S'il en est ainsi; si nous avons cette foi en commun, nous serons bientôt d'accord pour demander à Dieu une infinité de choses que par cela même que nous sommes chrétiens, nous savons être bonnes et selon la volonté de Dieu. Qui ne dira pas son Amen, par exemple, à une prière qui demandera que Dieu soit glorifié dans les siens — que les affligés soient consolés — les égarés ramenés — les ouvriers dirigés, encouragés — les pécheurs convertis etc. etc.?

Les deux passages des Actes, notés ci-dessus, nous montrent quelques chrétiens priant ensemble, s'accordant pour demander une chose à Dieu. Nous y voyons en outre que ce qu'ils demandent leur est accordé ; de sorte que la promesse du Seigneur, en Matthieu 18, est véritablement démontrée, confirmée par ces exemples. Nous serions donc absolument sans excuse, si nous négligions de nous prévaloir de cette grande promesse et d'imiter ces exemples. Cette promesse ! … l'estimons-nous à sa juste valeur ? Nos cœurs s'y attachent-ils avec assez de puissance ? — Nous comptons sur la promesse faite aux deux ou trois réunis au nom du Seigneur, et en cela nous faisons bien, très bien; mais pourquoi ne compterions-nous pas avec la même assurance sur l'autre promesse, sortie de la même bouche? L'une est-elle moins certaine, moins positive, ou moins importante que l'autre?

Ah ! l'incrédulité ! l'incrédulité ! voilà bien ce qui nous affaiblit ! Nous ne recevons pas avec assez de simplicité les simples paroles du Seigneur; nous ne savons pas tirer parti de la position dans laquelle la Grâce nous a placés; nous prions ensemble, cela est vrai, mais non pas toujours avec cette pleine assurance de foi et de confiance que ce que nous demandons nous sera fait. Or comme Jacques le dit: « Si quelqu'un de vous manque de sagesse, qu'il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement et qui ne fait pas de reproches, et il lui sera donné; mais qu'il demande avec foi, ne doutant nullement; car celui qui doute est semblable au flot de la mer agité par le vent et jeté çà et là; or que cet homme-là ne pense pas qu'il recevra quoi que ce soit du Seigneur » (Jacques 1 v.5-7). « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai » (Jean 15 v.16). C'est tout, ou quoi que ce soit; c'est tout ou rien, selon qu'on prie avec foi ou en doutant, et cela est vrai de la prière en commun comme de la prière individuelle.

Ce que nous sommes en droit d'affirmer, c'est que Dieu est fidèle et qu'il exauce toujours la prière que deux ou trois s'accordent à lui présenter ; mais il est bon de rappeler ici que Dieu exauce à sa manière, selon ses pensées, selon sa sagesse et la parfaite connaissance qu'Il a de toutes choses. Nos vues et nos pensées relativement aux choses que nous demandons sont étroites, bornées, imparfaites ; il n'en est pas ainsi des pensées de Dieu : Il voit de loin, Il embrasse d'un seul regard toutes les circonstances d'une âme, d'une assemblée, même de toutes les assemblées et du monde entier. Seul donc, Dieu connaît d'une manière absolue et parfaite ce qui est bon à chacun et à tous ; et seul par conséquent il fixe avec sagesse le moment favorable pour accorder la demande qui lui est faite. Voilà un père et une mère qui demandent, avec instances et dans le plus parfait accord, la conversion de leur enfant; et malgré ces prières l'enfant s'enfonce toujours plus dans le bourbier. Si Dieu jugeait et pensait comme ce père et cette mère, c'est, sans ne plus attendre un seul instant, immédiatement, qu'Il répondrait; mais ses pensées ne sont pas nos pensées et ses voies ne sont pas nos voies. Nous ne savons pas pourquoi Il tarde; mais Lui le sait; et notre affaire est d'attendre dans la confiance et la patience, priant toujours sans douter, car celui qui a fait la promesse est fidèle.

La prière n’est pas un don, comme certains l’affirment

Et puisqu'il s'agit de la prière en commun, c'est-à-dire, en général, de la prière dans les assemblées, je me permettrai de dire quelques mots sur une pensée que j'ai souvent entendu exprimer : On parle de la prière comme d'un don que quelques-uns possèdent et que d'autres ne possèdent pas. Il est clair qu'il ne peut être question que d'un prétendu don de prier en public à haute voix; car on ne conçoit pas un chrétien ne priant pas du tout, faute de don; mais on trouve beaucoup de frères qui ne prient jamais à haute voix dans les assemblées parce que, dit-on, ils n'ont pas ce don-là. Or cette pensée est fausse et dangereuse. Elle est fausse, car elle ne peut être justifiée par la Parole ; elle est dangereuse par les conséquences qui en découlent. Si la prière n'est pas un don, prier dans une assemblée ne peut pas être l'exercice d'un don. On ne prie pas dans l'assemblée pour l'enseigner ou l'exhorter, et cependant combien de prières paraissent ne pas avoir d'autre but! Qui n'a pas entendu des propos comme celui-ci : « Un tel a fait une bonne prière » ? Oublions-nous donc que lorsque nous sommes réunis, ce n'est pas « un tel » qui prie, mais l'assemblée ? Trouvons-nous, en Actes 12, que Jean ou Jacques ou André « aient bien prié»? Nullement! Mais nous y trouvons que l'ASSEMBLÉE faisait d'instantes prières à Dieu pour « Pierre ». C'est l'Assemblée qui priait, et non Jean ou Jacques ; la prière, là , n'était pas un acte individuel, mais un acte collectif; ce n'était pas l'exercice d'un don; c'était une assemblée, composée de plusieurs individus réunis au nom de Jésus, tous d'accord, n'étant qu'un cœur, qu'une âme, pour demander une seule et même chose!

Si celui qui prie le fait dans le but d'instruire, d'édifier ou d'exhorter l'assemblée, la prière est, je crois, une chose manquée, quand bien même celui qui prie arracherait par sa ferveur ou son éloquence des larmes de tout l'auditoire. Si faisant partie d'une assemblée, je dis: «un tel a bien prié, il a édifié l'assemblée», mon langage dénote que je considère la prière comme un don, comme l'exercice d'un don auquel je ne participe pas. J'ai écouté prier, j'ai joui de la prière, j'en ai été édifié, mais… je n'ai pas prié moi-même, l'assemblée n'a pas prié, c'est «un tel»!

Des prières trop longues d’un nombre restreint de frères

N'est-ce pas aussi à cette fausse vue (que la prière est un don), qu'il faut attribuer, du moins en partie, deux maux dont souffrent bien des assemblées ? Je veux parler des prières trop longues et du nombre trop restreint de frères qui prient à haute voix dans les assemblées. Ceux qui prient habituellement, ne sont-ils pas excités à le faire longuement, par ce fait qu'ils savent très bien que le nombre est petit de ceux qui prient à haute voix? Encore si dans ces longues prières, on ne trouvait que des actions de grâces et des demandes simplement faites; mais combien souvent à ces choses excellentes, ne se mêle-t-il pas une sorte de méditation, l'exposition, peut-on dire, de certaines vérités, très précieuses, il est vrai, mais qui ne constituent ni une demande, ni une action de grâces?

Ceux qui prient ou croient prier ainsi oublient une chose de toute importance, savoir, que prier dans une assemblée, c'est être la bouche de cette assemblée pour parler à Dieu; pour lui dire: «Nous te bénissons», ou «Nous te demandons». C'est donc méconnaître le caractère ou la nature de ce ministère que de s'en servir, disons mieux, d'en abuser pour exposer des doctrines, pour enseigner (est-ce qu'on enseigne Dieu?), pour développer quelque point traité ou omis dans la méditation de la Parole qui a précédé. Aussi est-il parfois impossible à plusieurs de mettre leur Amen à cette contrefaçon de la prière.

Une autre lacune : absence de prières après le culte

Disons encore un mot sur une lacune, qui se fait, hélas ! remarquer dans certaines assemblées et dont nous avons à nous humilier profondément. Je veux parler de l'absence trop fréquente de toute intercession dans les réunions de culte. Nous sommes là réunis comme frères pour rompre le pain, pour annoncer la mort du Seigneur, et aussi pour rendre témoignage à cette vérité que nous, qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous sommes tous participants d'un seul pain; et souvent, après le culte proprement dit terminé, aucune voix ne s'élève en faveur de nos membres, de nos frères, avec lesquels nous venons de reconnaître que nous sommes un seul corps; aucune intercession pour ceux d'entre eux qui souffrent, qui sont dans l'affliction, dans les difficultés, dans les combats ou dans les pièges de l'Ennemi ! En serait-il ainsi dans un repas de famille dont quelques membres seraient éloignés, ou absents par la maladie ? Est-ce qu'on les oublierait ? Mes frères, que faisons-nous donc, en pratique, de l'unité du corps, de la solidarité, de la sympathie ? — Qu'on nous comprenne bien: nous ne voudrions pas que la prière d'intercession devint une forme ou une formule, une liturgie, une affaire de remplissage; nous aimerions mieux qu'il n'y en eût point, s'il devait en être ainsi; mais nous voudrions qu'elle fût toujours un besoin senti et pressant pour nos cœurs en communion avec tous nos frères, et qu'ainsi nous prissions au sérieux la recommandation de l'apôtre de prier «pour tous les saints». En tous cas, l'absence d'intercession témoigne d'une grande misère spirituelle, de peu de communion avec les pensées du Seigneur, de peu d'intérêt pour l'Eglise de Dieu et de peu d'amour fraternel : c'est une déplorable disparate avec ce qu'on est venu faire et proclamer à la table du Seigneur, et il est, à la fois, triste et humiliant de sortir d'une assemblée de culte où l'intercession a fait défaut.

Ce n’est pas en parlant beaucoup que la prière est exaucée

Quoi qu'il en soit les frères qui prient à haute voix ont à prendre garde à ne pas trop prolonger, à ne pas s'imaginer qu'ils seront exaucés en parlant beaucoup. Pourquoi un frère, qui n'aurait qu'un désir à exprimer, qu'une demande à présenter, ne le ferait-il pas, même dans une seule phrase?

En effet, lorsqu'un petit nombre de frères prient à haute voix dans les assemblées, la prière tend à dégénérer et à perdre son caractère ; et une foule de besoins sont négligés et ne sont pas présentés à Dieu. Cela est facile à comprendre : tel besoin est mieux connu par tel ou tel frère, et plus particulièrement sur son cœur, que sur celui de tel ou tel autre ; et si celui qui a une connaissance spéciale du besoin se tait, sous prétexte qu'il n'a pas le don de prier en public, le besoin sera négligé. Est-il nécessaire d'ajouter qu'en parlant ainsi, je n'ai nullement la pensée que tous les frères soient appelés à prier dans les assemblées et doivent le faire. Si quelqu'un ne peut pas prier avec l'intelligence et de manière à ce qu'il soit compris et que l'assemblée puisse dire amen, qu'un tel se taise, selon 1 Corinthiens 14. Si j'appelle l'attention sur ce point, c'est parce que je suis convaincu que beaucoup de frères qui pourraient prier avec intelligence et être compris ne le font pas et que c'est là une perte très regrettable.

Au reste, comme je l'ai dit, mon but avant tout est de nous exciter et de nous encourager à prier ensemble. Si nous pensons aux besoins, ils se présentent nombreux et pressants; et la Parole est là, d'un autre côté, qui nous dit de présenter tous ces besoins à Dieu en priant avec foi sans douter: « Je vous dis encore que si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle leur sera faite par mon Père qui est aux cieux; car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux »,

Les réunions de prières

En considérant le sujet si important de la prière, deux choses réclament notre attention; premièrement, la base morale de la prière; secondement, ses conditions morales.

La base morale de la prière

L'Ecriture nous présente la base morale de la prière dans des paroles comme celles-ci: « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15 v.7). Et encore : « Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance envers Dieu ; et quoique nous demandions, nous le recevons de Lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous pratiquons les choses qui sont agréables devant Lui » (1 Jean 3 v.21-22). De même lorsque Paul réclame les prières des saints, il expose la base morale de sa demande, en disant : « Priez pour nous, car nous croyons avoir une bonne conscience, désirant nous bien conduire en toutes choses » (Hébreux 13 v.18).

De ces passages et de plusieurs autres de même importance, nous apprenons que, pour que la prière soit efficace, il faut que le cœur soit obéissant, l'esprit droit, la conscience bonne. Si l'âme n'est pas en communion avec Dieu, si elle ne demeure pas en Christ, si elle n'est pas gouvernée par ses saints commandements, — si l'œil n'est pas simple, comment attendrions-nous des réponses à nos prières ? Nous serions de ces gens dont parle l'apôtre Jacques, qui « demandent, et ne reçoivent pas, parce qu'ils demandent mal, afin de le dépenser pour leurs voluptés » (Jacques 4 v.2-3). Comment Dieu pourrait-il, comme un Père saint, exaucer de telles requêtes?

Combien il est donc nécessaire de prendre sérieusement garde sur quelle base nous présentons nos prières. Comment l'apôtre aurait-il pu demander aux frères de prier pour lui, s'il n'avait pas eu une bonne conscience, un œil simple, un cœur droit, la persuasion intérieure qu'en toutes choses il désirait réellement vivre honnêtement ? Cela eût été impossible. On dit volontiers : « Souvenez-vous de moi dans vos prières », et assurément, rien ne peut être plus précieux que d'être porté sur le cœur des chers enfants de Dieu, quand ils s'approchent du trône des miséricordes; mais faisons-nous assez attention à la base morale de nos requêtes? Quand nous disons: « Frères, priez pour nous », pouvons-nous ajouter, comme en la présence de Celui qui sonde les cœurs : « Car nous croyons que nous avons une bonne conscience, désirant nous bien conduire en toutes choses? » Et quand nous-mêmes nous nous prosternons devant le trône de la grâce, est-ce avec un cœur qui ne nous condamne pas, un cœur droit et un œil simple, une âme qui demeure réellement en Christ et qui garde ses commandements ?

Ce sont là, cher lecteur, des questions sérieuses et qui sondent le cœur ; elles descendent jusqu'aux racines et aux sources morales de notre être. Mais il est bon que nos cœurs soient sondés profondément à l'égard de toutes choses, mais particulièrement pour ce qui a rapport à la prière. Il y a beaucoup de manque de réalité dans nos prières, une triste absence de la base morale, beaucoup de : « Vous demandez mal ». De là, le manque de puissance et d'efficacité dans nos prières; — de là, la formalité, la routine, et même l'hypocrisie positive. Le psalmiste dit : « Si j'avais eu en vue l'iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m'aurait pas exaucé » (Psaumes 66 v.18). Que cela est solennel! Notre Dieu veut de la réalité. Lui-même, béni soit son saint nom, est vrai avec nous; et il veut que nous soyons vrais avec Lui. Il veut que nous venions devant Lui, tels que nous sommes réellement, et avec nos besoins réels.

La prière n’est pas un discours doctrinal

Hélas, combien souvent il en est autrement, en particulier et en public ! Combien souvent nos prières sont plus semblables à des discours qu'à des requêtes, plus semblables à des expositions de doctrines qu'à des expressions de besoin. Il semble quelquefois que nous nous proposons d'exposer des principes à Dieu, et de lui apprendre beaucoup de choses. Voilà ce qui exerce trop souvent sur nos réunions de prières une influence si desséchante, et qui leur ôte leur fraîcheur et leur intérêt. Ceux qui savent réellement ce qu'est la prière, qui sentent de quel prix elle est, et quel besoin ils en ont, viennent à la réunion de prières afin de prier, non pour entendre des discours, des leçons ou des explications d'hommes à genoux.

S'ils ont le besoin d'apprendre, ils peuvent assister aux réunions où l'on étudie la Parole de Dieu, aux instructions ou aux prédications ; mais quand ils vont à la réunion de prières, c'est pour prier.

La réunion de prières est le lieu s'expriment les besoins et l'on attend la bénédiction, le lieu l'on confesse sa faiblesse et l'on attend la force.

Telle est leur idée, « du lieu où l'on avait accoutumé de faire la prière » (comparer Actes des Apôtres 16 v.13) ; et c'est pourquoi, quand ils s'assemblent là, ils ne sont ni disposés, ni préparés à entendre de longues prédications sous forme de prière, à peine supportables si elles étaient de vraies prédications, mais ainsi, intolérables.

Nous parlons ouvertement et avec force, parce que nous sentons le besoin d'une grande sincérité de langage ; nous sentons profondément quel besoin nous avons de réalité, de sincérité et de vérité, dans nos prières individuelles et dans nos réunions de prières. Il arrive souvent que ce que nous appelons une prière, n'est pas une prière du tout; mais la profuse exposition de certaines vérités connues et reçues, dont la constante répétition devient très pénible et fatigante. Que peut-il y avoir de plus affligeant que d'entendre un homme à genoux exposant des principes ou développant des doctrines ? Il est impossible de ne pas se demander: Cet homme parle-t-il à Dieu ou à nous? Si c'est à Dieu, assurément rien ne peut être plus irrespectueux que d'essayer de lui expliquer les choses ; si c'est à nous, alors ce n'est pas prier du tout, et le plus tôt nous quitterons l'attitude de la prière, le mieux ce sera ; celui qui parle serait plus à sa place debout, et nous assis, pour écouter.

Quelle attitude sied à la prière

En parlant de l'attitude, nous voudrions avec tout amour attirer l'attention des saints sur une chose qui, à notre jugement, demande une sérieuse considération ; nous voulons parler de l'habitude qu'ont plusieurs de rester assis pendant le saint et solennel exercice de la prière. Nous sommes bien persuadés, nous n'avons pas besoin de le dire, que l'important, dans la prière, est d'avoir le cœur dans une disposition convenable. En outre, nous savons et nous ne voulons pas oublier, que plusieurs de ceux qui assistent à nos réunions de prières sont des personnes âgées, infirmes, ou délicates, à qui il serait impossible de s'agenouiller pendant un certain temps, peut-être même un moment. En outre, il arrive souvent que, là même où il n'y a pas de faiblesse physique et où il y aurait un réel et sincère désir de s'agenouiller dans le sentiment que c'est l'attitude qui nous convient devant Dieu, il est impossible, à cause du manque d'espace, de changer de position.

Toutes ces choses doivent être prises en considération. Mais, en accordant une aussi grande marge que possible à ces cas particuliers, nous sommes forcés néanmoins de reconnaître qu'il y a souvent un manque déplorable de révérence dans nos réunions publiques de prières. Nous voyons souvent des jeunes gens et des jeunes filles qui ne peuvent invoquer ni la faiblesse physique, ni le manque d'espace, rester assis pendant toute la durée d'une réunion de prières. Ceci, nous devons le dire, est choquant et irrévérencieux, et ne peut, nous le croyons, que contrister l'Esprit du Seigneur. Nous devons nous mettre à genoux quand nous le pouvons. Cette attitude exprime le respect et la révérence. Le divin Maître se mit à genoux et pria. (Luc 22 v.41). Son apôtre fit la même chose, comme nous lisons au chapitre 20 du livre des Actes, verset 36: « Et ayant dit cela, il se mit à genoux et pria avec eux tous » (d’autres exemples : 2 Chroniques 6 v.13 ; Daniel 6 v.10 ; Esdras 9 v.5 ; Esaïe 45 v.23;  Actes des Apôtres 9 v.40 ; 21 v.5 ; Romains 14 v.11 ; Philippiens 2 v.10 ; Ephésiens 3 v.14 ; Apocalypse 4 v.10 ; 5 v.8 ; etc.)

Et n'est-il pas séant et convenable de faire ainsi ? Peut-il y avoir quelque chose de plus inconvenant; que de voir dans une assemblée des personnes demeurer assises, se mettant à leur aise, distraites, pendant que la prière est offerte? Nous considérons cela comme tout à fait irrévérencieux, et nous supplions ici instamment tous les enfants de Dieu, de prêter à ce sujet leur très sérieuse attention et de s'efforcer de toutes manières, soit par leur conseil, soit par leur exemple, à encourager la pieuse et scripturaire coutume de s'agenouiller pour la prière dans nos assemblées. Ceux qui prennent part à la réunion rendraient tout cela bien plus facile à tous égards par des prières courtes et ferventes. Mais nous parlerons plus loin de ce sujet.

Les conditions morales de la prière

Nous allons considérer maintenant, à la lumière des Saintes Ecritures, les conditions morales ou les attributs de la prière. Rien n'est plus précieux que d'avoir l'autorité de la parole de Dieu pour tout acte de notre vie chrétienne pratique. L'Ecriture doit être notre seul, grand et suprême arbitre dans toutes nos difficultés ; ne l'oublions jamais.

Que dit donc l'Ecriture quant aux conditions morales nécessaires de la prière en commun, car c'est le sujet qui nous occupe spécialement ici ? Lisez Matthieu 18 v.19: « Je vous dis encore, que si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux  ».

Nous apprenons ici qu'une des conditions nécessaires de la prière est l'accord unanime, l'accord du cœur, la parfaite unité de sentiment : toute note discordante apporte du trouble. Si, par exemple, nous nous réunissons afin de prier pour les progrès de l'évangile, la conversion des âmes, il faut que nous soyons d'un même sentiment sur ce sujet, que nous soyons d'accord devant Dieu. Il ne faut pas que chacun apporte quelque pensée particulière et à lui personnelle, autrement nous ne pouvons pas nous attendre à un exaucement sur le fondement de la parole du Seigneur citée plus haut. Ceci est un point d'une immense portée morale, et qui influe beaucoup sur le ton et le caractère de nos prières en commun et de nos réunions de prières. Nous ne donnons pas sans doute à ce sujet une attention assez sérieuse. N'avons-nous pas en effet souvent à déplorer le caractère sans objet de nos réunions de prières, alors que nous devrions être occupés ensemble de quelque objet commun pour lequel nous implorons ensemble le Seigneur? Nous lisons dans le chapitre 1er des Actes, relativement aux premiers disciples : « Tous ceux-ci persévéraient unanimement dans la prière avec les femmes, et avec Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères » [N.B.  Il est intéressant de voir « Marie, la mère de Jésus », nommée ici comme étant à la réunion de prières. Qu'aurait-elle pensé, si quelqu'un lui avait dit que, plus tard, des millions de chrétiens professants lui adresseraient à elle des prières ?]. Et dans le second chapitre : « Et comme le jour de la Pentecôte s'accomplissait, ils étaient tous ensemble dans un même lieu ». Ils attendaient, selon le commandement du Seigneur, la promesse du Père, le don du Saint Esprit. Ils avaient la parole assurée de la promesse. Le Consolateur devait venir infailliblement ; mais ceci bien loin de les dispenser de la prière, elle était la base même de cet exercice béni. Ils étaient dans un même lieu, ils priaient d'un commun accord: Ils attendaient l'Esprit promis. Hommes et femmes absorbés par un seul objet, attendaient dans un saint accord, jour après jour, ardemment, avec ferveur, qu'ils fussent revêtus de la puissance d'en haut. Ne devrions-nous pas nous rassembler comme eux, dans une même pensée? Sans doute, Dieu en soit béni, nous n'avons pas à demander la venue du Saint Esprit, car il a été répandu ; mais nous avons à rechercher le déploiement de sa puissance bénie au milieu de nous.

Supposons que nous nous trouvions placés dans un lieu où la mort et les ténèbres spirituelles règnent, où il n'y a pas un souffle de vie, pas une feuille qui remue : le ciel semble d'airain, la terre de fer, un formalisme desséchant domine partout ; la routine, une profession sans puissance, la superstition sont à l'ordre du jour ; jamais on n'entend parler d'une chose telle qu'une conversion. Que faire ? Nous laisser paralyser ou gagner par cette atmosphère malsaine et mortelle ? Assurément non ! Que faut-il donc faire ? Réunissons-nous, même si nous n'étions que deux à sentir le triste état des choses, et d'un commun accord répandons nos cœurs devant Dieu, et attendons-nous à Lui, jusqu'à ce qu'Il envoie une abondante pluie de bénédictions sur le lieu aride. Ne nous croisons pas les bras, en disant : « Le temps n'est pas encore venu » ; ne nous laissons pas aller à ce funeste raisonnement d'une certaine théologie justement appelée fatalisme, qui dit: « Dieu est souverain; il agit selon sa volonté; nous devons attendre le moment choisi par Lui; les efforts humains sont inutiles; nous ne pouvons pas opérer un réveil; il faut prendre garde de ne pas causer ce qui ne serait que de l'excitation ». Ces raisonnements sont d'autant plus dangereux qu'ils ont quelque chose de plausible.

En effet, tout cela est très vrai, en tous points ; mais c'est seulement un côté de la vérité. C'est la vérité, et rien que la vérité ; mais ce n'est pas toute la vérité. Là est le mal. Rien n'est plus à craindre que de ne considérer qu'un côté de la vérité; on se garde plus facilement d'une erreur positive et palpable.

Que d'âmes ferventes ont bronché et ont été complètement détournées du droit chemin, pour n'avoir vu qu'un côté d'une vérité ou avoir mal appliqué une vérité. Plus d'un serviteur utile et dévoué a été froissé et poussé hors du champ de travail, par l'insistance peu judicieuse qu'on a mise dans la présentation de certaines doctrines qui étaient vraies en partie, mais qui n'étaient pas la pleine vérité de Dieu.

Rien cependant ne peut atteindre ou affaiblir la force de la déclaration du Seigneur en Matthieu 18 v.19. Elle subsiste dans toute sa divine plénitude, sa gratuité et sa valeur, devant l'œil de la foi ses termes sont clairs et non sujets à méprise « Si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ».

Voilà notre principe et notre autorisation pour nous réunir afin de prier pour toute chose quelconque qui serait placée devant nos cœurs.

Si nous déplorons la froideur, la stérilité et la mort qui nous entourent, si nous sommes abattus par le peu de fruits apparents de la prédication de l'Evangile, par le manque même de puissance dans la prédication et l'absence de résultats pratiques ; si nous sommes humiliés par la stérilité, la pesanteur et le ton peu élevé de nos réunions, autour de la table du Seigneur, ou devant le trône de la grâce, ou autour de la fontaine des Saintes Ecritures, que devons-nous faire ? Nous croiserons-nous les bras dans une froide et incrédule indifférence? Nous découragerons-nous et donnerons-nous cours aux plaintes, aux murmures, à l'irritation peut-être? Non, à Dieu ne plaise! Mais réunissons-nous « d'un commun accord, — dans un même lieu », tombant sur nos faces devant notre Dieu, et répandant nos cœurs comme le cœur d'un seul homme, devant Lui, en nous appuyant sur la fidèle parole du Seigneur en Matthieu 18 v.19.

Là est le grand remède, la ressource infaillible. Oui, « Dieu est souverain » ; mais c'est la raison même pour qu'on s'attende à Lui. Sans doute, les efforts humains sont vains, et nous ne pouvons opérer un réveil; mais c'est pour cela même que nous devons chercher la puissance divine, et demander à Dieu qu'il sauve des âmes. Sans doute encore, nous devons craindre ce qui ne serait que de l'excitation ; mais la froideur, la mort, l'indifférence de l'égoïsme, ne devons-nous pas les craindre autant ?

Aussi longtemps que Christ est à la droite de Dieu, aussi longtemps que Dieu, le Saint Esprit, est au milieu de nous et dans nos cœurs, aussi longtemps que nous avons la parole de Dieu et la déclaration de Matthieu 18 v.19, il n'y a aucune excuse quelconque pour la stérilité, la froideur et l'indifférence, aucune excuse pour des réunions pesantes et sans profit, aucune excuse pour le manque de fraîcheur dans nos assemblées ou de bénédiction dans notre service. Attendons-nous à Dieu dans un saint accord, et il bénira sûrement.

La foi : une 3ème condition essentielle

Si nous lisons Matthieu 21 v.22, nous trouvons une autre condition essentielle de l'efficacité de la prière : « Et quoi que vous demandiez en priant, si vous croyez, vous le recevrez ». C'est une parole vraiment merveilleuse que celle-ci. Elle ouvre à la foi les trésors même des cieux. Elle ne pose aucune limite. Notre divin Seigneur nous assure que nous recevrons quoi que ce soit que nous demandions avec une foi simple. L'apôtre Jacques, sous l'inspiration du Saint Esprit, nous donne une semblable assurance en ce qui concerne la requête de celui qui demande la sagesse: « Si quelqu'un de vous manque de sagesse qu'il demande à Dieu qui donne à tous libéralement, et qui ne fait pas de reproche, et il lui sera donné; mais », — et c'est ici la condition morale, — « qu'il demande avec foi, ne doutant nullement, car celui qui doute est semblable au flot de la mer agité par le vent et jeté çà et là: or que cet homme-là ne pense pas qu'il reçoive quoi que ce soit du Seigneur ».

Par ces deux passages nous apprenons que, si nos prières doivent être exaucées, il faut qu'elles soient des prières de foi. C'est une chose que de prononcer des prières, et une chose tout à fait différente que de prier avec une foi simple, dans la pleine, pure et ferme assurance que nous aurons les choses que nous demandons. Il est bien à craindre que plusieurs de nos prétendues prières n'aillent jamais au-delà du plafond de la chambre où nous nous trouvons. Pour atteindre le trône de Dieu, nos prières doivent être portées sur les ailes de la foi ; et quand nous prions ensemble, il faut qu'elles proviennent de cœurs ayant une même pensée, comme d'une seule âme, dans une sainte attente de foi quant aux choses que nous demandons.

Nos prières et nos réunions de prières ne sont-elles pas, sous ce rapport, tristement défectueuses ? Et ce défaut, Dieu le rend manifeste par le fait que nous voyons souvent si peu de résultats de nos prières. Examinons sérieusement jusqu'à quel point nous comprenons réellement ces deux conditions de la prière, savoir, l'accord et la confiance de foi ? S'il est vrai, — et nous le savons puisque Christ l'a dit, — que deux personnes, s'accordant pour demander avec foi, peuvent recevoir quoi que ce soit qu'elles demandent, demandons-nous pourquoi nous ne voyons pas plus de réponses à nos prières ? La faute n'en est-elle pas à nous ? Ne manquons-nous pas et d'accord et de confiance ?

Le Seigneur, dans les précieuses paroles que nous lisons, Matthieu 18 v.19, descend au plus petit nombre, à la plus petite réunion, — même jusqu'à « deux », quoique, évidemment, la promesse s'applique à quelque nombre de personnes que ce soit. Le point important, c'est que ceux qui sont assemblés, quel qu'en soit le nombre, soient tout à fait d'accord, et pleinement persuadés qu'ils recevront ce qu'ils demandent. Cela donnerait un ton différent et un tout autre caractère à nos prières en commun et à nos réunions de prières, hélas! si souvent pauvres, froides, mortes, sans objet ni liaison, et montrant tout autre chose que le sincère accord et la foi sans incertitude!

Quelle différence, si nos réunions de prières étaient davantage le résultat d'un vrai accord de cœur et de pensée de la part de deux, ou d'un plus grand nombre d'âmes croyantes, s'attendant à Dieu pour une certaine chose. et se réunissant pour la demander à Dieu et persévérer dans la prière jusqu'à ce qu'elles reçoivent une réponse. Combien peu nous voyons cela! Nous assistons à la réunion de prières, de semaine en semaine, et c'est une très bonne chose que nous le fassions ; mais ne devons-nous pas être exercés devant Dieu, afin de nous rendre compte jusqu'à quel point nos âmes sont près de Lui, pour être d'accord entre nous quant à l'objet ou aux objets qui doivent être placés devant son trône ? La réponse à cette question se lie à une autre des conditions morales de la prière.

Que nous enseigne le Seigneur en Luc 11 « … Ami, prête-moi trois pains, … »

Lisons dans Luc 11 : « Et il leur dit : Qui sera celui d'entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise : Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui présenter ? Et celui qui est dedans, répondant, dira : Ne m'importune pas ; ma porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t'en donner. Je vous dis que, bien qu'il ne se lève pas et ne lui en donne pas parce qu'il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu'il en a besoin. Et moi, je vous dis : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande reçoit, et celui qui cherche trouve, et à celui qui heurte, il sera ouvert » (versets 5-10).

Ces paroles sont de la plus haute importance, attendu qu'elles contiennent une partie de la réponse du Seigneur à la demande de ses disciples : « Seigneur enseigne-nous à prier ». Que nul ne s'imagine même un instant que nous oserions prendre sur nous d'enseigner aux autres à prier. Dieu nous en préserve! Rien n'est plus éloigné de nos pensées. Nous cherchons simplement à mettre les âmes de nos lecteurs en contact direct avec la parole de Dieu, — les véritables paroles de notre divin Seigneur et Maître, — afin que, à la lumière de ces paroles, ils puissent juger par eux-mêmes, si nos prières et nos réunions de prières sont ce qu'elles doivent être.

Demande, courte et précise relative à un besoin positif et senti

Que nous enseigne donc Luc 11 ? Quelles sont les conditions morales que ce passage nous révèle ? En premier lieu, il nous enseigne à être précis dans nos prières : « Ami, prête-moi trois pains ». Il y a un besoin positif, senti, et exprimé ; une chose dans la pensée et sur le cœur ; et l'homme se borne à cette seule chose. Il ne fait pas un long exposé de toutes sortes de choses avec des paroles décousues et sans suite; sa demande est nette, directe et positive. J'ai besoin de trois pains je ne puis m'en passer; il faut que je les aie le cas est urgent; l'heure est avancée; toutes les circonstances rendent l'appel plus pressant. L'homme ne peut renoncer à la chose qu'il vient chercher : « Ami, prête-moi trois pains ».

Sans doute, il semble que c'est un moment bien malencontreux pour venir, « minuit ! » Tout est fait pour décourager : l'ami s'est couché, la porte est fermée, ses enfants sont avec lui au lit, il ne peut se lever ; mais n'importe, le besoin est là. Il faut à l'autre trois pains.

Il y a là une grande leçon pratique. Trop souvent nos réunions de prières souffrent beaucoup de prières longues, décousues et sans objet précis ! Nous employons beaucoup de paroles pour des choses dont nous ne sentons pas réellement le besoin et que nous ne nous attendons pas du tout à recevoir. Ne serions-nous pas quelquefois bien pris au dépourvu si le Seigneur nous apparaissait, à la fin de la réunion de prières, et nous demandait : « Qu'avez-vous réellement voulu que je fasse pour vous ? »

Tout ceci réclame de notre part une sérieuse considération. Nos prières et nos réunions de prières gagneraient certainement beaucoup en fraîcheur, en profondeur, en réalité et en puissance, si nous y apportions des besoins précis pour lesquels nous pourrions demander la communion de nos frères. Il n'est pas nécessaire de faire de longues prières touchant toutes sortes de choses, quelque sincère et bien intentionné qu'on soit: l'esprit se perd dans la multiplicité des sujets. Combien il vaut mieux n'apporter devant le trône de la grâce, que ce qui pèse réellement sur le cœur, — le demander ardemment, puis s'arrêter, en sorte que le Saint Esprit puisse en amener d'autres de la même manière, à prier pour la même chose, ou pour une autre chose également positive.

Les longues prières dans nos réunions sont extrêmement fatigantes, et vraiment dans bien des cas, elles sont une calamité positive. On nous dira, peut-être, qu'on ne peut pas fixer un temps au Saint Esprit: loin de nous une si affreuse pensée! Mais comment se fait-il que nous ne trouvons jamais de longues prières dans l'Ecriture? La plus merveilleuse prière qui fut jamais prononcée dans le monde peut être lue lentement, avec calme et puissance, en moins de cinq minutes (voyez Jean 17). Et quant à la prière que le Seigneur enseigne à ses disciples, elle est bien plus courte encore. Voyez aussi l'énergique prière que nous trouvons au chapitre 4 des Actes, versets 24-30, et ces deux merveilleuses prières de l'apôtre que nous lisons dans l'épître aux Ephésiens, chapitre 1 et 3.

Quelqu'un s'imaginerait-il que nous voulions diriger le Saint Esprit? Nous nous écrions encore : « Loin de nous une pareille pensée ! » Nous comparons simplement ce que nous trouvons dans les Ecritures, avec ce que trop souvent, — pas toujours, grâce à Dieu, — nous trouvons dans nos réunions, relativement à la prière.

N'oublions donc pas ceci ; que le Seigneur ne veut pas que nous usions de vaines redites, nous imaginant d'être exaucés en parlant beaucoup. Il parle des prières de ce genre en termes de haute désapprobation. Nous pouvons ajouter aussi que, pendant de longues années, nous avons toujours remarqué que les prières des frères les plus pieux, les plus spirituels et les plus expérimentés, étaient caractérisées par la brièveté, la simplicité et la précision. Cela est bon et profitable, et selon l'Ecriture; cela contribue à l'édification, à la consolation et à la bénédiction. Les prières courtes, ferventes, précises, apportent la fraîcheur et l'intérêt aux réunions de prières ; d'autre part, comme principe général, les prières longues et décousues exercent sur tous la plus accablante influence.

La prière ne craint jamais l’importunité

Mais l'enseignement du Seigneur en Luc 11, renferme un autre trait moral important de la vraie prière : c'est l'importunité. Jésus nous dit que l'homme qui est allé trouver son ami, réussit à obtenir ce qu'il désire, simplement par son zèle importun. Il ne veut pas entendre parler de remise à un autre moment: Il lui faut les trois pains. L'importunité réussit là où le titre de l'amitié restait sans effet. Un besoin s'est présenté, l'homme n'avait rien pour y répondre: « Je n'ai rien à présenter à mon ami »; et il ne veut pas accepter de refus.

Jusqu'à quel point comprenons nous cette grande leçon? Ce n'est pas, béni soit Dieu, que Dieu veuille jamais nous répondre « de dedans ». Jamais il ne nous dira : « Ne m'importune pas » ; — « je ne peux me lever et t'en donner ». Il est toujours notre « Ami » fidèle et toujours prêt ; — un Donateur qui donne joyeusement, libéralement, et sans faire de reproches. Toutefois il encourage l'importunité, et nous avons besoin de nous en souvenir pour nos prières. Là où les besoins sont sentis, — « les trois pains », — là il y aura aussi généralement l'importunité et la ferme intention d'obtenir ce qu'on demande. Mais trop souvent, dans nos prières et nos réunions de prières, nous ne ressemblons pas à des gens qui demandent ce dont ils ont besoin, et attendent ce qu'ils ont demandé: nous sommes sans énergie, sans but, sans puissance, et au lieu de présenter à Dieu nos ferventes requêtes, nous retombons dans l'enseignement ou dans des entretiens fraternels. Nous sommes convaincus que L'Eglise de Dieu a besoin d'être réveillée à cet égard, et c'est cette conviction qui nous a amené à présenter ces idées et ces réflexions.

La prière en relation avec l’état de l’Eglise

Plus nous méditons le sujet qui vient d'attirer notre attention, et plus nous considérons l'état de toute l'Eglise de Dieu, plus nous sommes convaincus du besoin urgent d'un réveil complet, en tous lieux, quant à la prière. Nous avons essayé de présenter à nos lecteurs quelques réflexions et quelques conseils sur ce point si important. Nous nous sommes exprimés en termes clairs; — nous avons signalé notre manque d'accord, de confiance, de persévérance dans nos prières et dans nos réunions de prières; nous avons parlé de plusieurs choses qui sont senties par tous ceux qui sont vraiment spirituels parmi nous. Nous avons parlé des prières longues, fatigantes et sans suite, destructives de la vraie puissance et de la bénédiction. Dans quelques cas, de chers enfants de Dieu ont été éloignés ainsi des réunions de prières ; au lieu d'être rafraîchis, encouragés et fortifiés, ils étaient seulement fatigués, affligés et accablés, et ont cru meilleur pour eux de s'éloigner, se disant qu'une heure de tranquillité leur était plus profitable dans le secret de leur cabinet, là où ils pouvaient répandre leurs cœurs devant Dieu en ardentes prières et supplications.

Nous sommes tout à fait persuadés que ceux qui font ainsi se trompent, et que ce n'est pas là du tout le moyen de remédier au mal duquel nous nous plaignons. S'il est bon de se réunir pour la prière et la supplication, — et qui peut en douter? — alors ce n'est certainement pas une bonne chose, pour personne, de s'éloigner de ces réunions simplement à cause de la faiblesse et des fautes de quelques-uns de ceux qui peuvent y agir. Si tous les membres vraiment spirituels s'éloignaient par de telles raisons, que deviendraient nos prières et nos réunions de prières?

Nous nous rendons trop peu compte de quelle importance sont les éléments qui composent une réunion. Ceux-là dont on n'entend peut-être jamais la voix, s'ils y prennent part dans un bon esprit, s'attendant réellement à Dieu, en soutiendront merveilleusement le ton et y maintiendront la bénédiction.

Souvenons-nous d'ailleurs qu'en assistant à une réunion, nous n'avons pas à penser seulement à notre profit et à notre propre encouragement, mais nous devons penser à la gloire du Seigneur; nous devons chercher à être conduits par sa pensée et sa sainte volonté, nous efforçant de ne pas être occupés seulement de nous-mêmes, mais aussi du bien des autres; et, nous en sommes convaincus, notre éloignement volontaire « du lieu où on a accoutumé de faire la prière », n'amènera pas ce résultat et ne sera profitable à personne. Nous parlons, — nous le répétons avec intention, — de notre éloignement volontaire et de propos délibéré, sous le prétexte que nous ne trouvons aucun profit à ce qui se passe dans la réunion. Plusieurs choses peuvent nous empêcher d'y assister: une mauvaise santé, des devoirs de famille, d'autres devoirs, si nous sommes au service d'autrui. Il faut tenir compte de tout cela; mais, comme règle générale, celui qui peut s'absenter volontairement des réunions des saints, est dans un mauvais état d'âme. L'âme qui est dans un bon état, une âme pieuse, fervente, heureuse, ne fera pas ainsi.

La persévérance dans la prière

Tout ce qui précède nous conduit naturellement à une autre de ces conditions morales de la prière, qui nous occupent ici. Lisons Luc 18: 1-8: « Et il leur dit aussi une parabole pour montrer qu'ils devaient toujours prier et ne pas se lasser, disant: il y avait dans une ville un certain juge qui ne craignait pas Dieu, et qui ne respectait pas les hommes; et dans cette ville-là, il y avait une veuve, et elle alla vers lui, disant: Venge-moi de mon adversaire. Et il n'en voulut rien faire pour un temps. Mais après cela, il dit en lui-même : Quoique je ne craigne pas Dieu et que je ne respecte pas les hommes, néanmoins, parce que cette veuve m'ennuie, je lui ferai justice, de peur que revenant sans cesse, elle ne me rompe la tête. Et le Seigneur dit : Ecoutez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne ferait-il point justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et il use de patience avant d'intervenir pour eux ? Je vous dis, que bientôt il leur fera justice ».

Ici, notre attention est attirée sur l'importante condition de la persévérance dans la prière. Ils devaient « toujours prier et ne pas se lasser ». Nous avons vu que nos demandes devaient être l'expression d'un besoin senti, précis, présenté à Dieu d'un commun accord, importunément, avec foi et persistance, jusqu'à ce que, dans sa grâce, Dieu nous envoie une réponse, comme il le fera assurément si la base et les conditions morales sont convenablement maintenues. Mais il faut persévérer. Il ne faut pas nous lasser, ni cesser de demander, quoique la réponse ne nous vienne pas aussi promptement que nous pourrions l'attendre. Il peut plaire à Dieu d'exercer nos âmes en nous gardant dans l'attente pendant des jours, des mois, peut-être des années. Cet exercice est bon. Il est selon les voies de Dieu ; il est moralement salutaire. Il contribue à rendre tout plus réel. Il nous fait descendre jusqu'à la racine des choses. Voyez, par exemple, Daniel [chapitre 10] : il demeura « trois semaines entières », en deuil, ne mangeant pas, s'attendant à Dieu dans un profond exercice d'âme : « En ce temps-là, moi, Daniel, je fus en deuil pendant trois semaines entières. Je ne mangeai point de pain agréable au goût, et il n'entra point de viande ni de vin dans ma bouche, et je ne m'oignis point du tout jusqu'à ce que ces trois semaines entières fussent accomplies ».

Ce temps de séparation et d'attente fut bon pour Daniel; il recueillit une profonde bénédiction des exercices à travers lesquels il fut appelé à passer pendant ces trois semaines. Et, ce qui est particulièrement digne de remarque, c'est que la réponse à son cri avait été envoyée du trône de Dieu dès le commencement de son exercice, comme nous lisons au verset 12 : « Alors il, me dit: Ne crains point, Daniel; car dès le premier jour, que tu as appliqué ton cœur à entendre, et à t'affliger en la présence de ton Dieu, tes paroles ont été exaucées, et je suis venu à cause de tes paroles. Mais (combien ceci est merveilleux et mystérieux !) le prince du royaume de Perse a résisté contre moi vingt et un jours; mais voici, Micaël, l'un des principaux chefs, est venu pour m'aider, et je suis demeuré là chez les rois de Perse. Et je suis venu pour te faire entendre ce qui doit arriver à ton peuple aux derniers jours ». Ici-bas, le bien-aimé serviteur de Dieu menait deuil et s'affligeait, s'attendant à Dieu. Le messager angélique venait avec la réponse; il fut permis à l'ennemi de l'arrêter; mais Daniel continua à attendre; il pria et ne se lassa point; et au moment convenable, la réponse vint. N'y a-t-il là aucune leçon pour nous ? Nous aussi nous pouvons avoir longtemps à attendre, dans la patience et la sainte confiance de la foi; mais nous trouverons que ce temps d'attente est des plus profitable pour nos âmes. Très souvent notre Dieu, dans sa sagesse et sa fidélité, en agit ainsi avec nous ; il juge convenable de retenir la réponse, simplement pour nous éprouver quant à la réalité de nos prières. Le grand point pour nous, c'est que nous ayons un objet placé sur nos cœurs par le Saint Esprit et que nous présentions à Dieu ; nous attendant à Lui et à sa fidèle parole, persévérant en prières jusqu'à ce que nous obtenions ce que nous demandons. « Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps par l'Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints » (Ephésiens 6 v.18).

Tout ceci demande de notre part la plus sérieuse attention. Nous manquons aussi tristement de persévérance, que nous manquons de précision et d'importunité dans nos prières. De là, la faiblesse de ces prières, et la froideur fréquente de nos réunions de prières, qui ne sont quelquefois qu'une routine fatigante, une succession d'hymnes et de prières sans onction ni puissance. Nous parlons ouvertement et fortement, parce que nous sentons vivement. Il doit nous être permis de parler sans réserve. Nous supplions toute l'Eglise de Dieu, en tous lieux, de regarder cette question directement en face, de regarder à Dieu à son sujet et de se juger quant à elle. Ne sentons-nous pas le manque de puissance dans nos réunions publiques? Pourquoi ces saisons de stérilité autour de la table du Seigneur? Pourquoi cette pesanteur, cette faiblesse dans la célébration de cette précieuse fête, qui devrait remuer jusqu'au fond notre être renouvelé? Pourquoi le manque d'onction, de puissance, d'édification dans nos prédications? Pourquoi les folles spéculations et les questions vaines, soulevées et répondues tant de fois pendant ces quarante dernières années? Pourquoi toutes ces misères dont nous avons parlé, et sur lesquelles ont mené deuil en tous lieux tous ceux qui sont vraiment spirituels? Pourquoi la stérilité de notre service dans l'évangélisation? Pourquoi le peu d'action de la Parole sur nos âmes? Pourquoi le peu de puissance de rassemblement?

Pour conclure

Frères bien-aimés dans le Seigneur, réveillons-nous pour considérer sérieusement cet important sujet. Ne nous contentons pas de l'état présent des choses. Nous implorons tous ceux qui reconnaissent la vérité de ce que nous avons exposé dans ces pages sur la prière et les réunions de prières, de s'unir de cœur ensemble, en ardentes prières et en supplications. Cherchons à nous réunir selon Dieu, à nous approcher de Lui comme un seul homme, nous prosternant devant le trône des miséricordes et nous attendant à Dieu avec persévérance pour un réveil de son œuvre, pour les progrès de son évangile, pour le rassemblement et l'édification de ses saints. Que nos réunions soient réellement des réunions de prières, et non pas l'occasion de vaines redites et un prétexte pour indiquer nos cantiques favoris et entonner les airs qui nous plaisent. La réunion de prières, doit être le lieu où s'expriment les besoins, et où l'on attend la bénédiction; le lieu où l'on expose sa faiblesse et où l'on attend la force; le lieu où les enfants de Dieu s'assemblent d'un commun accord pour s'approcher du trône même de Dieu, pour pénétrer dans le trésor même des cieux et en retirer tout ce dont nous avons besoin pour nous, pour nos maisons, pour toute l'Eglise de Dieu, et pour la vigne de Christ.

Telle devrait être une réunion de prières, si nous sommes enseignés par l'Ecriture. Puissions-nous les réaliser plus pleinement en tous lieux. Puisse le Saint Esprit nous exciter tous et nous faire sentir puissamment la valeur, l'importance et la nécessité urgente de l'unanimité, de la confiance de foi, de la réalité, de l'importunité et de la persévérance dans toutes nos prières, et nos réunions de prières!

L’enseignement du Nouveau Testament sur la prière

Examinons maintenant ce qu'enseigne le Nouveau Testament sur la prière. Afin de jeter du jour sur le sujet, je distinguerai trois sortes ou catégories de prières.

1ère catégorie : prière persistante et importune

J'appellerai la première catégorie, celle de la prière persistante et importune. Nous la trouvons dans Luc 11.

Les disciples demandent au Seigneur de leur enseigner à prier, aussi possédons-nous ici les premiers rudiments de la prière. Pour comprendre l'enseignement de cette portion de l'Ecriture, il est nécessaire de tenir compte de l'état d'âme des disciples. — Ayant vu prier leur Maître, ils avaient été rendus attentifs à l'importance de la prière et lui demandent de leur enseigner à prier, ce que le Seigneur fait en se mettant, selon sa manière divine, à la portée de leur intelligence spirituelle. Il leur indique les sujets qui doivent entrer dans leurs prières, sujets qui sont en rapport étroit avec la connaissance qu'ils avaient alors de leur relation avec Dieu. Autrement ce n'aurait pas été la prière. Pour moi, en effet, ce ne serait pas prier que de m'adresser à Dieu dans des termes qui indiqueraient une relation autre que la mienne au moment où je prie. La prière que le Seigneur enseigne à ses disciples leur était exactement appropriée, et ne peut convenir qu'à ceux dont l'état spirituel est celui des disciples à ce moment-là.

Le Seigneur s'étend ensuite sur la nature intime de la prière, montrant la disposition d'âme dans laquelle nous devons être quand nous prions. Nous apprenons par la parabole de l'homme qui se rend à minuit chez son ami, qu'il ne suffit pas d'être dans le besoin, mais qu'il faut encore savoir qu'il n'y en a qu'un seul qui peut secourir, et que ce seul, c'est Dieu. Tel est le sentiment d'une entière dépendance de lui sans aucune autre ressource ; aussi l'indigent de la parabole persiste-t-il dans sa requête, même après qu'il n'a obtenu aucune réponse au nom de l'amitié. Le sentiment de la nécessité d'un côté, et de l'autre, la conviction que son ami peut le secourir, voilà ce que la similitude nous présente. C'est là la première catégorie ou le premier degré, la plus simple expression de la prière.

J'éprouve le besoin, et je sais que Dieu seul peut y subvenir; plus ces deux convictions domineront dans mon cœur, plus aussi je persévérerai dans la prière et m'attendrai à Dieu simplement et entièrement. Au lieu de me tourner de côté et d'autre, emporté par mon inquiétude naturelle, je regarderai constamment à lui dans une conviction arrêtée qu'aucun autre ne peut me secourir. Les angoisses par lesquelles nous passons et l'extrémité à laquelle nous sommes parfois réduits, ont pour but de nous faire sentir cette entière dépendance de Dieu.

Le Seigneur nous fait voir ensuite que si ma persistance montre que je n'ai pas d'autre ressource — car je ne persévérerais pas dans mon importunité si je n'avais pas la conviction d'être secouru, — cependant, outre cette importunité qui témoigne de ma sincérité, je dois savoir que j'en appelle à un Père de qui vient toute grâce excellente et tout don parfait. Le Seigneur appuie sur ce que nous avons affaire à quelqu'un qui est plus pour nous qu'un père selon la nature. Si nous demandons, nous recevrons; si nous cherchons, nous trouverons; si nous heurtons, on nous ouvrira; mais il faut nous rappeler quelle est la nature de la relation de Dieu envers nous: si un père ne donne pas une pierre à son fils quand celui-ci demande du pain, on un serpent au lieu d'un poisson, ou un scorpion pour un œuf; si quelqu'un de mauvais en lui-même sait donner de bonnes choses à ses enfants, combien plus notre Père céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent? Le don est en rapport avec la bonté du donateur et selon la relation dans laquelle il s'est placé vis-à-vis de nous. Plus une personne sera près de moi et bien disposée à mon égard, plus aussi ses dons seront excellents. Si je fais une demande à Dieu, ayant conscience des rapports que, dans sa grâce, il a établis entre lui et moi, je sais qu'il ne me donnera pas une chose inférieure à celle que j'ai demandée, mais qu'au contraire, il m'accordera, selon la nature et la mesure de son Saint Esprit, quelque chose de supérieur et bien meilleur: quelque chose qui assurera mon cœur, en le faisant participer à sa sainteté. — Il ne me donnera pas ce qui ne se trouverait n'être qu'une pierre au lieu de pain. Il sait juger de ce qui est vraiment du pain, et le pain de l'affliction donné par lui est bien réellement du pain et non une pierre. Si je demande un poisson, c'est-à-dire quelque chose de plus excellent que du pain, il a soin que ce qu'il me donne ne soit pas un serpent, c'est-à-dire un don qui me serait nuisible. Combien n'arrive-t-il pas souvent que ce poisson, cet objet qui plaît à mes sens, se change en un reptile venimeux ! Ce qu'il me donnera ne sera jamais de cette nature, et si je demande un œuf, un objet de luxe, il ne me donnera pas un scorpion qui me blesserait et serait pour moi une occasion de tourment, comme sera toujours, en fin de compte, ce qui plaît à la chair. Il nous donnera, il nous répondra, mais toujours selon sa sainteté et ses compassions de Père.

Dans cette première catégorie de prières, ainsi que je l'ai appelée, nous sommes dans un si pressant besoin, que nous allons succomber si le secours n'arrive pas ; quelquefois ce sera par suite de notre imprudence ou d'un simple accident, comme, par exemple, dans le fait d'emprunter une hache et d'en perdre le fer (2 Rois 6). Ainsi la position difficile dans laquelle nous nous trouvons peut être attribuée à notre manque de foi ou de sagesse; cependant, à quelque degré et dans quelque mesure que nous soyons fautifs, nous n'avons d'autre ressource qu'en Dieu, nous n'avons qu'à nous tourner vers lui, qu'à nous attendre à lui, l'importunant d'autant plus que nous sommes pressés par le besoin et que personne d'autre ne peut nous porter secours; et, si nous dépendons simplement et entièrement de lui, il vient à notre aide, non pas toujours comme nous le lui avions demandé, mais toujours de manière à mieux assurer nos cœurs de la grandeur de son amour et de la profondeur de ses compassions.

2ème catégorie :  prière, supplication et actions de grâce

Nous trouvons dans Philippiens 4 v.7, la seconde catégorie de prières. Dans ce passage, il nous est recommandé d'exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces, et il nous est promis que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus. Ici, toutes nos requêtes se font connaître par la prière, simple expansion du cœur, et par la supplication qui exprime davantage le besoin, le tout accompagné d'actions de grâces, car le sentiment d'avoir déjà reçu encourage grandement nos cœurs à faire appel à l'amour et à la bonté de Dieu, ainsi qu'à la fidélité avec laquelle il a agi envers nous dans le passé. Dans cet état d'âme, nous lui présentons toutes nos prières, mais ce n'est pas tant la réponse qui nous soulage, que le sentiment de l'intérêt que Dieu prend à nous, et la confiance en Celui dont la paix surpasse toute intelligence et garde nos cœurs et nos esprits dans le Christ Jésus. Etes-vous dans la nécessité ? répandez vos cœurs devant Dieu ; faites-lui tout connaître, et si votre conscience se refuse à lui soumettre quelqu'un de vos désirs, soyez convaincus que vous ne devez pas le nourrir. Mais quant à tout ce que vous pouvez en conscience lui présenter, la chose une fois mise devant lui, vous vous sentez dans une telle communion avec lui que toute angoisse a disparu ; une déclaration formelle ne nous satisferait pas davantage. — Vous sentez qu'il vous est favorable, et au lieu de l'angoisse qui vous tourmentait et vous accablait, vous goûtez et savourez la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, vos cœurs et vos pensées étant gardés dans le Christ Jésus. Il n'est pas question ici du résultat ou de la réponse. L'âme est assurée de l'intervention divine, elle en est consciente, et la paix qui demeure dans le cœur, bien meilleure que quelque réponse que ce soit, la maintient en communion avec Jésus notre Seigneur et notre Vie.

Heureuse et bénie l'âme qui peut prier ainsi ! Oui, car la paix de Dieu éloigne d'elle toute angoisse et la garde de toute inquiétude, et comme Jésus est la source de cette paix si excellente qu'elle surpasse toute intelligence, elle est par là même aussi inépuisable. La connaître, n'est-ce pas le plus grand privilège ? Si ces vérités étaient mieux connues et que l'on s'en occupât davantage, il y aurait plus de bonheur et de joie pour le chrétien en traversant les circonstances pénibles et douloureuses de ce monde mauvais. Le sentiment que j'ai fait connaître à Dieu toute l'angoisse de mon cœur et tout ce qui peut le préoccuper, que j'ai sa paix et son approbation, me rend courageux et joyeux en toute occasion, et me donne, pour parler avec l'Ecriture, des pieds semblables à ceux des biches.

Dans Ephésiens 6, nous trouvons la description d'une âme qui jouit pleinement de ce genre de prière. Lorsque, revêtus de toute l'armure de Dieu, vous priez avec toute sorte de requêtes et de supplications par l'Esprit, et que vous veillez à cela avec toute persévérance et supplications pour tous les saints, le sentiment que vous êtes à l'abri de toutes les machinations de l'Ennemi, vous enlève à vos propres besoins pour vous faire entrer dans les circonstances et dans les nécessités de tous les saints; et vous êtes ainsi veillant à cela, obéissant à l'exhortation apostolique, remettant à Dieu toutes choses, même le témoignage de sa Parole (verset 19).

3ème catégorie : prière faite selon sa volonté a l’assurance d’être écoutée

La troisième catégorie de prières diffère de la seconde : celle-ci nous conduisait à cette heureuse confiance en Dieu, qui n'est plus mise en doute, et l'âme se reposait simplement en lui pour tout ce qui lui avait été exposé ; mais, dans la troisième catégorie (1 Jean 5 v.15), le cœur est si positivement assuré que l'objet de la demande est conforme à sa volonté, qu'il possède une confiance parfaite quant à la réponse. L'Ecriture nous apprend ici que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute, et que s'il nous écoute, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées. Pratiquement, le point essentiel est que nous savons « qu'il nous écoute ». Quand nous le savons, nous sommes assurés que nous recevons ce que nous avons demandé. Dans la seconde catégorie, Philippiens 4, nous lui exposons nos requêtes et cela nous suffit. Autre chose est d'avoir exposé mes requêtes à Dieu et de me reposer dans la certitude et la confiance que, puisqu'il les connaît, tout sera bien dirigé ; autre chose, d'avoir l'assurance qu'il m'exauce, parce que j'ai demandé des choses conformes à sa volonté. Notre Seigneur pouvait dire : « Je sais que tu m'exauces toujours ». Exaucer implique l'acceptation de ma requête ; j'ai le sentiment d'avoir demandé ce qui pouvait être accepté, et par conséquent je sais que j'aurai l'objet de ma demande. En lui exposant simplement ma requête, connaissant ce qu'il est pour moi, je sais qu'il s'occupera de ma demande ; mais quand je sais qu'il m'exauce, j'ai l'assurance que les choses que je lui ai demandées sont selon sa volonté et par conséquent me seront accordées; et je sens qu'elles le seront.

Pour conclure

Dans les prières dont j'ai parlé en premier lieu, je suis occupé de mes besoins et de Dieu comme mon unique recours, et plus je le connaîtrai comme mon Père, plus il en sera ainsi. Dans celles que j'ai mentionnées en second lieu, je cherche plutôt du soulagement au poids qui m'oppresse, et je trouve, en répandant mon cœur devant Dieu, l'assurance, non pas que tout arrivera comme je le désire, mais qu'Il est mon tout ; et il me donne alors une telle confiance en son amour, que sa paix garde mon cœur et mes pensées dans le Christ Jésus. Enfin, dans les prières dont j'ai parlé en dernier lieu, il y a plus : mon cœur est assuré que ma requête est selon sa volonté, et sachant qu'il m'écoute, je suis certain d'obtenir tout ce que j'ai demandé. Quand je lui ai fait connaître et lui ai remis tout ce qui me concerne, je suis en repos, et mon cœur et mon esprit sont gardés en paix dans le Christ Jésus ; mais si je sais qu'il m'écoute quand je lui fais ma requête, je puis me reposer dans l'assurance que je suis exaucé. Toutefois je puis l'être d'une tout autre manière que je ne m'y attendais, mais ce sera toujours selon son conseil divin.

Par la prière Paul avait acquis la certitude qu'il pourrait encore servir l'Eglise, même après avoir été fait prisonnier à Jérusalem, mais il est peu probable qu'il se soit attendu à ce qu'il la servirait en écrivant ses épîtres. Cependant, c'est par le moyen de ces dernières qu'il devait surtout être utile à l'Eglise, et qu'il l'a encore plus servie que par ses travaux antérieurs. La demande est accordée, non selon l'étroitesse de nos vues égoïstes, mais selon la mesure de la grâce infinie et de la grandeur incommensurable de Dieu, qui se plaît à confondre toutes nos petitesses par sa générosité sans bornes.

Les chapitres 14, 15 et 16 de Jean appartiennent, me semble-t-il, à cette troisième catégorie de prières. Au chapitre 14 v.13-14, le cœur troublé en l'absence de Christ prie en son nom ; il est consolé et fortifié par le Seigneur lui-même, afin que le Père soit glorifié dans le Fils, c'est-à-dire que la bonté du Père se manifeste en ce que le Fils nous assiste. En répondant à la prière faite au nom de son Fils, le Père glorifie le Fils en ce que nous faisons tellement l'expérience de ce que le Fils est, que nous pouvons rendre témoignage à sa personne, le représenter, pour ainsi dire, et par conséquent prier toujours en son nom, dans son Esprit ; dans ces conditions nous ne pouvons pas n'être pas exaucés ; nous le sommes toujours.

Le verset 7 du chapitre 15 rentre dans la même catégorie, mais s'occupe des fruits et du service ; tandis que le verset 24 du chapitre 16 s'applique à notre position dans le monde durant l'absence du Seigneur ; c'est pourquoi ces mots sont ajoutés : « Afin que votre joie soit accomplie ». Nous demandons au nom du Seigneur, dont nous sommes les représentants dans ce monde qui ne le connaît pas : notre joie est accomplie, car nous recevons de Dieu quoi que ce soit que nous demandions, et nous demandons ce qui nous convient comme représentant Christ ici-bas, c'est-à-dire les seules choses que nous apprécions, en tant que nous sommes dans cette position. Enfin, Jude, verset 20, nous parle de « prier par le Saint Esprit ».

J'ajouterai ici un mot sur Matthieu 18 v.19. « Si deux d'entre vous sont d'accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu'ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ». Ici tout dépend de l'accord : « Si deux sont d'accord ». La puissance de l'Esprit de Dieu s'élevant au-dessus de l'égoïsme individuel, donne à chacun un désir commun, qui est reconnu par le Père céleste.

J'ai à peine besoin, vu ce qui précède, de citer Marc 11 v.24: « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez, et il vous sera fait ». C'est tout simplement faire l'expérience qu'il nous écoute, et dès lors être assurés que nous sommes exaucés.

Que le Seigneur nous maintienne toujours plus dans sa dépendance et dans sa paix, ayant habituellement la conscience que nous lui avons fait connaître toutes nos requêtes, et heureux lorsque, dans sa bonté envers nous, il nous fait savoir qu'il nous écoute au sujet de tout ce que nous pouvons avoir à lui présenter. Que la confiance en lui croisse et s'enracine toujours plus profondément dans nos cœurs ; puissions-nous connaître toujours mieux son cœur et ce qu'il est envers nous pour l'amour du nom de Christ.