La famille selon le plan de Dieu

De H. Wilts

 

CONTENU

AVANT-PROPOS. 2

INTRODUCTION.. 2

1. ADAM ET EVE et leurs enfants. 3

2. LEMEC ET SA FAMILLE. 11

3. NOÉ ET SA FAMILLE. 13

4. ABRAHAM ET SA FAMILLE. 16

5. LOT ET SA FAMILLE. 19

6. ISAAC ET SA FAMILLE. 22

7. JACOB ET SA FAMILLE. 28

8. JOB ET SA FAMILLE. 32

9. AMRAM ET SA FAMILLE. 38

10. MANOAH ET SA FAMILLE. 43

11. SAMSON ET SON MARIAGE. 46

12. CORÉ ET SA FAMILLE. 51

13. ÉLI ET SA FAMILLE. 54

14. ZACHARIE ET ELISABETH.. 58

15. JOSEPH ET MARIE. 60

16. LA FAMILLE DE BÉTHANIE. 62

17. ANANIAS ET SAPPHIRA. 66

18. AQUILAS ET PRISCILLA. 71

 

AVANT-PROPOS

Ce livre tire son origine de réunions données en divers pays ainsi que de conférences auxquelles il a été donné de participer sur le sujet de la famille.

Sans l'aide de ma fidèle épouse, je n'aurais pas été en mesure de me consacrer aux diverses activités que le Seigneur a placées devant moi en Hollande comme à l'étranger. J'aimerais l'en remercier ici publiquement.

Je suis avant tout reconnaissant à Dieu d'avoir permis la parution de ce livre et je le lègue à nos enfants, petits-enfants, et arrière-petits-enfants, en espérant qu'il leur sera en bénédiction, à eux et à beaucoup d'autres.

Velp, été 1986

Harm Wilts

 

INTRODUCTION

Pour notre mariage, on nous a adressé, comme à bien d'autres nouveaux époux, beaucoup de vœux. Dans une des lettres se trouvait la phrase suivante: «Le mariage est une institution bénie que Dieu nous a conservée du paradis». Après bientôt soixante ans de vie conjugale et familiale, je ne puis que confirmer pleinement cette constatation.

Cependant, j'ai aussi appris par expérience (et observé chez les autres) que cette bénédiction ne nous est pas donnée ni garantie durablement sans quelques conditions. Nous vivons dans un monde pécheur, dont Satan est le prince. Dans cette société agissent toutes sortes de forces contraires tendant à détruire la vie de famille et occasionnant beaucoup de mal. Des années durant, j'ai été confronté à de nombreux problèmes familiaux, soit dans ma vie professionnelle, soit dans le travail d'évangélisation et le travail missionnaire, en Hollande et à l’étranger. De nombreuses questions m'ont été posées lors de visites dans les maisons, d'exposés de la Parole dans des réunions, ou dans des conférences portant sur ce thème.

C’est dans la Bible, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, que nous sommes invités à chercher la réponse aux problèmes conjugaux et familiaux de notre temps. Bien sûr, les familles décrites dans la parole de Dieu vivaient en d'autres temps et dans d'autres conditions que nous. Les us et coutumes étaient différents et il n'est pas possible de transposer d'emblée toutes les manières d'agir dans le modèle culturel de notre société, encore moins de les y appliquer directement. Ce ne sont d'ailleurs pas toujours des familles exemplaires qui nous sont présentées.

La Bible est un livre vrai. La parole de Dieu demande notre attention autant pour imiter le bien que pour éviter le mal dans la vie de famille. C'est pourquoi nous pouvons appliquer ici aussi ce qu'écrit l'apôtre en 1 Corinthiens 10, 11 : «Toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement.» (*)

(*) Les versets de la Bible sont cités d'après la version J .N. Darby.

En étudiant ce sujet, j'ai de nouveau été frappé de voir combien d'instructions dans ce livre si ancien sont encore de la plus grande actualité. A vrai dire, il ne pourrait pas en être autrement puisque c'est Dieu qui nous l'a donné. Il s'adresse à tous les hommes de tous les temps et de tous les pays.

La nature humaine est restée la même que celle du premier couple, après la chute. Tous les hommes ont les mêmes tendances pécheresses qui peuvent conduire aux mêmes égarements. De plus, Satan est toujours le grand séducteur et le meurtrier dès le commencement. Il essaie toujours de corrompre ce que Dieu a donné à l'homme en vue de sa bénédiction. Cela concerne tout particulièrement la vie conjugale et la vie de famille.

Après ces considérations, le lecteur aura saisi l'intention de ce livre. Il ne prétend pas donner de solutions toutes faites aux problèmes que posent les fiançailles, le mariage, la sexualité, la planification des naissances et l'éducation des enfants. Désirant être en aide et en bénédiction à beaucoup, il se propose de présenter un certain nombre de familles décrites dans la Bible, pour en tirer des enseignements utiles pour la vie de famille à notre époque, en même temps que seront soulevées d'elles-mêmes toutes sortes de considérations sur la vie conjugale et familiale.

1. ADAM ET EVE et leurs enfants

(Genèse 3 et 4)

La première famille mentionnée dans la Bible est celle d'Adam et Eve. Ils eurent des fils et des filles, dont nous ne savons pas le nombre, mais parmi lesquels trois fils sont nommés: Caïn, Abel et Seth.

Dieu créa d'abord la terre et la prépara pour être habitée par l'homme. En conclusion, et pour couronner son oeuvre, il créa Adam, le formant de la poussière de la terre. Ensuite, il souffla en lui la respiration de vie, et l'homme devint ainsi une âme vivante. Dieu le fit habiter dans un site merveilleux, le jardin d'Eden, qu'il devait cultiver et garder. Dieu lui donna la domination sur tout ce qu'il avait créé. Adam donna des noms aux animaux, exprimant ainsi l'autorité que Dieu lui avait conférée sur animaux. Il observa les animaux et leur comportement de mâles et de femelles, tels que Dieu les avait créés. Alors un sentiment de grande solitude s’empara de lui: il ne trouva pas pour lui d'aide qui lui corresponde.

Cependant, avant qu'Adam ne constate lui-même ce besoin, l'Eternel Dieu avait déjà déclaré: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide qui lui corresponde.» Le Dieu Créateur avait lui-même placé ce désir dans le coeur d'Adam, et il voulait lui-même y répondre.

Après avoir fait tomber un profond sommeil sur Adam, il lui prit une côte, en forma une femme et l'amena à Adam. Quel ravissement dut remplir son âme quand il reçut cette femme de la main de Dieu! C'est une joie qui, depuis ce temps-là, s'est renouvelée dans le coeur d'innombrables couples se sachant réunis par Dieu dans un amour réciproque.

Adam savait que Dieu avait pris sa femme de lui. Elle était vraiment sa femme «selon la chair». Le fait que Dieu ait pris une côte d'Adam n'est pas sans importance. Le talmud judaïque, à ce propos, fait la remarque suivante: Dieu n'a pas tiré la femme de la tête d'Adam pour qu'elle domine sur lui, ni de ses pieds pour qu'il la malmène, mais d'une côte, près de son coeur, pour qu'il l'aime. Ainsi Adam et Eve devinrent mari et femme, et ensemble ils furent l'homme.

Dans ce fait se cache aussi un profond enseignement prophétique que Paul a révélé plus tard: «Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par la parole; afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable. De même aussi, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps; celui qui aime sa propre femme s'aime lui-même. Car personne n'a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l'assemblée: car nous sommes membres de son corps, - de sa chair et de ses os. «C'est pour cela que l'homme laissera son ère et sa mère et sera joint à sa femme; et les deux seront une seule chair». Ce mystère est grand; mais moi je parle relativement à Christ et à l'assemblée» (Eph.5, 25-32).

A la lumière de ce passage de l'Ecriture, nous voyons clairement que chaque couple doit être une image de la relation entre Christ et l'Assemblée. La polygamie, l'infidélité conjugale et le divorce sont absolument en contradiction avec l'ordre divin dans la création. Nous reviendrons sur ces sujets dans la suite.

Le premier couple vivait en harmonie parfaite. Ils n'avaient pas de honte l'un devant l'autre, pas peur de Dieu quand ils s'apercevaient de sa présence dans le jardin. Il ne se posait même pas la question de savoir lequel d'entre eux deux prendrait le commandement. La relation d'autorité ne fut expressément abordée par Dieu que lorsque la chute le rendit nécessaire. Adam pouvait partager avec sa femme l'exercice de la domination. C'est ensemble qu’ils exécutaient cette charge. «Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l'assujettissez» (Gen. 1 v.8). Quant au jardin qu'ils devaient cultiver et, garder, ils accomplissaient également leur devoir en commun.

Toute position de bénédiction, donnée par Dieu à des hommes, est toujours associée à une responsabilité. C'était le cas pour Adam et Eve. Ils ne devaient pas seulement faire en sorte que le jardin continue de se développer, mais aussi le garder. Cela ne pouvait avoir lieu que dans le chemin de l’obéissance à Dieu, en s'abstenant de manger du l’arbre de la connaissance du bien et du mal, sans quoi ils mourraient. Nous savons comment Satan réussit à séduire Eve et à l'amener à désobéir. Et elle entraîna son mari avec elle dans sa chute.

Ils n'avaient pas gardé le jardin; ils ne purent plus le cultiver non plus, et ils en furent chassés. Le paradis leur était perdu pour toujours. En outre, par leur désobéissance, ils amenèrent la création entière dans la sphère d'influence de Satan et sous son pouvoir, celui du péché et de la mort.

Quelle étendue de conséquences, quelles transformations catastrophiques la chute entraîna pour ce couple, - et elles se sont répercutées sur toute l'humanité! Une vie dans la joie et la communion avec Dieu et l'un avec l'autre fit place à la crainte et à la honte. Quand ils prirent conscience de leur nudité, ils se confectionnèrent des vêtements de feuilles de figuier. Dieu remplaça ceux-ci par des peaux de bêtes. Sans aucun doute, cela fait penser à la réconciliation: Dieu voulait déjà montrer, par l'image du sacrifice d'un animal innocent, que les hommes ne pouvaient subsister devant Lui que sur la base de la mort d'un substitut.

Au paradis, le travail était une bénédiction et une joie. Mais, à l'extérieur du jardin, le sol produisit des épines et des ronces. Adam dut le travailler péniblement et manger son pain à la sueur de son front. Un à un, tous ceux qui avaient participé activement à la chute furent appelés par Dieu à rendre compte. Chacun reçut son jugement particulier: Satan, le serpent, Eve et Adam.

Nous voyons aussi qu'un grand changement intervint dans les relations mutuelles de ce couple. Certes, les passages de 1 Timothée 2, 13 et 1 Corinthiens 11 v.8-9 montrent, en rapport avec la position du mari et de la femme, que la première place, celle de chef, revenait à Adam déjà dans l’ordre divin de la création, mais c'est seulement après la chute qu'il a été dit à Eve: «Ton désir sera tourné vers ton mari, et lui dominera sur toi» (Gen.3 : 16). Telles n'étaient pas leurs relations avant la chute. Heureusement, remarquons-le bien, l'ordre n’a pas été donné à Adam de dominer sur sa femme. Cependant, quant à Eve, il lui fut clairement donné à entendre qu'elle prendrait une place de soumission vis-à-vis de son mari.

On prétend souvent que cette relation de soumission a été abolie et n'est plus valable maintenant. Les hommes et les femmes seraient aujourd'hui entièrement égaux dans la société, dans la famille dans le rassemblement chrétien. On cite volontiers Galates 3 :28: «il n'y a ni mâle, ni femelle». Celui qui ne partage pas cette opinion sur l'émancipation de la femme se rend coupable de discrimination, et aux yeux de nombreuses personnes, il commet le pire des péchés.

Si l’on fait remarquer alors ce que Paul a dit à ce sujet dans un autre passage du Nouveau Testament, on s'entend rétorquer que c'est une prise de position paulinienne, peut-être bonne et acceptable pour son époque, mais que, de nos jours, ces pensées sont totalement démodées et ne sont plus applicables. Les chrétiens spirituels qui connaissent et aiment la Bible, savent cependant que ce qu'a écrit l’apôtre Paul est le commandement du Seigneur ( 1 Cor. 14 : 34-37). Que dit Paul à propos de la position de la femme dans la famille? Je citerai de nouveau Ephésiens 5, cette fois les versets 22 à 24: «Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur; parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le Chef de l'assemblée, lui, le Sauveur du corps. Mais comme l'assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs maris en toutes choses.» Ces versets s'adressent aux femmes , non aux maris. Je conseille à nos soeurs qui ont de la peine à observer cette obéissance, de toujours les relire. Pour les maris, ce n'est pas nécessaire. Ils sont souvent trop bien convaincus de cette nécessité. Ils connaissent l'exhortation: «Femmes, soyez soumises à vos maris» . Mais cela ne leur donne pas le droit de lire comme s'il était écrit: Maris, tenez vos femmes dans la soumission. Ce qui est dit aux maris se trouve dans le paragraphe suivant, déjà cité. Aimer sa femme est bien autre chose que de dominer sur elle!

Une fois, je rendis visite à un couple dont les relations conjugales étaient loin d'être idéales. La femme était seule à la maison. Au bout de quelque temps, je fus submergé par une litanie de plaintes contre son mari; elle n'en finissait pas. Je supportai tout cela pendant un moment. Puis je fis la remarque qu'apparemment, elle avait un mari qui était désobéissant à la parole de Dieu. «On peut bien le dire», répondit-elle. «Jamais je n'entends de lui un mot d'amour ou d'estime.» Je pris ma Bible et l'ouvris à la première épître de Pierre, chapitre 3: «Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que , si même il y en a qui n'obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte» (v. 1, 2). Elle connaissait bien ce paragraphe. Quand je lui demandai si elle avait suivi le conseil de Pierre, elle répondit avec franchise par la négative: «Je dois dire que, avec des paroles souvent dures, j'ai fait des remontrances à mon mari à propos de son comportement injuste.» Elle admit que c'était probablement à cause de cela qu'elle ne pouvait pas exercer une bonne influence sur son mari.

A cet instant-là, notre conversation fut interrompue car le mari rentrait à la maison. Il vit la Bible ouverte et le visage baigné de larmes de sa femme , et saisit ce qui se passait. Non, leurs relations n’étaient pas celles qui devraient exister entre mari et femme. Il le reconnut sans façon.

La conversation se poursuivit. Nous lûmes le verset le verset 7 de ce chapitre 3 de 1 Pierre: «Pareillement, vous, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible , c'est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues.» Le mari se plaignit: comment peut-on donc aimer une femme qui ne veut rien savoir au sujet de la soumission, qui se montre toujours récalcitrante et veut jouer le chef?» la femme riposta: «Comment peut-on être soumise à un mari qui ne témoigne jamais aucun amour ni aucune estime? Personne ne peut y tenir.»

Pour terminer, je leur conseillai instamment d’échanger les textes bibliques. Qu'elle prenne, elle, à coeur ce qui était écrit pour elle, et lui , ce qui s'adressait à lui.

Ce fait de prêter attention à ce qui est destiné à l'autre n'est-il pas un problème général parmi les chrétiens? Nous sommes d'ordinaire plus enclins à faire attention aux autres et à les critiquer qu'à appliquer la Parole à nous-mêmes. Les versets cités plus haut donnent un éclairage très net sur les relations entre mari et femme dans le ménage et dans la famille. De même, dans la vie de l'assemblée, la place de l'homme et celle de la femme ne sont pas identiques.

Paul a écrit à Timothée afin qu'il sache comment il faut se conduire dans l'assemblée comme maison de Dieu. Au sujet de la place de la femme, il dit: «Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission; mais je ne permets pas à la femme d'enseigner ni d'user d'autorité sur l'homme; mais elle doit demeurer dans le silence» (1Tim. 2 : 11-12).

A un autre endroit, il dit: «Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi» Cl Cor. 14, 34). Ce que Paul écrit est un commandement du Seigneur, le Chef de l'assemblée.

Quant à savoir s'il est permis à une femme d'exercer un service ecclésiastique, la question ne se posait pas autrefois. Les passages cités ci-dessus étaient suffisamment clairs et considérés comme faisant autorité. Actuellement, ce n'est malheureusement pas un problème non plus, mais dans le sens opposé: dans la plupart des milieux chrétiens, on le permet à la femme. A-t-on trouvé une meilleure explication à ces versets? Ce n'est pas le cas. On ne peut pas les interpréter de deux manières différentes. Non, on a simplement admis que ces pensées ne sont plus de notre temps. Ce ne sont que des points de vue pauliniens, liés à son époque. Avec cette argumentation, on dépouille tout simplement ces instructions de leur force et on les met de côté . D’ailleurs, c'est ce qui est arrivé à propos de nombreuses vérités bibliques, mais nous n'entrerons pas ici dans plus de détails.

En ce qui concerne la place de la femme dans l’assemblée, ces paroles de l'Ecriture doivent suffire à toute soeur voulant se soumettre à l'autorité de la parole de Dieu. Pour le service public dans l'assemblée, c'est l'homme que le Seigneur, Chef de l’assemblée, a appelé. De nombreuses instructions sont données sur la manière d'exercer ce service.

Le fait que la femme soit appelée à d'autres tâches ne signifie certainement pas que, devant le Seigneur, elle prenne une place de moindre valeur. Ce sont des femmes qui assistèrent le Seigneur de leurs biens. C'est à des femmes qu'il apparut premièrement après sa résurrection. C'est à des femme qu’il donna la mission d'annoncer aux frères la grande nouvelle de sa résurrection. C'étaient aussi à des femmes qui avaient combattu ensemble avec Paul dans l'évangile. L'homme et la femme ont chacun leur place respective dans la famille et dans l’assemblée de Dieu.

Le chapitre 4 de la Genèse commence par le fait qu’Adam « connut Eve sa femme ». Cela est une extraordinaire bénédiction de Dieu, nullement un péché ni quelque chose de moindre valeur. Dieu a lié ce privilège et cette joie au mariage. Cela apparaît déjà à l'institution du mariage: «Ils seront une seule chair.» Dieu le Créateur a implanté chez les animaux l'instinct sexuel comme moyen de conservation de l'espèce. C'est aussi l'intention de Dieu pour l'homme. Dieu a dit à Adam et Eve: «Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre ... » (Gen. 1 : 28). Dans le mariage, la procréation est une source de grande joie. De nos jours, c'est encore un devoir que de désirer mettre au monde des enfants.

On peut bien dire que c'est le seul commandement que les hommes, en tout lieu, aient exécuté de bon gré. C'est une conséquence de l'instinct sexuel. Cependant, Dieu a donné à l'homme bien plus qu'à l'animal: l'amour contrôlé par la volonté, et la raison. Si ce contrôle fait défaut, l'homme se rabaisse au niveau de l'animal livré à ses instincts. On trouve des indications très claires au sujet des rapports dans le couple en 1 Corinthiens 7 : 3-5: «Que le mari rende à la femme ce qui lui est dû, et pareillement aussi la femme au mari. La femme ne dispose pas de son propre corps, mais le mari; et pareillement aussi le mari ne dispose pas de son propre corps, mais la femme. Ne vous privez pas l'un l'autre, à moins que ce ne soit d'un consentement mutuel, pour un temps, afin que vous vaquiez à la prière, et que vous vous trouviez de nouveau ensemble, afin que Satan ne vous tente pas à cause de votre incontinence.»

Nous avons déjà attiré l'attention sur le fait que Dieu a clairement assigné une place différente à l'homme et à la femme dans des domaines bien définis de la vie. On le trouve aussi dans les épîtres de l'apôtre Paul. C'est pourquoi il est d'autant plus remarquable qu'ici les deux partenaires soient considérés comme ayant tout à fait la même valeur et les mêmes droits. Cela est très important pour ce qui concerne la sexualité. Un deuxième point important, c'est qu'il est indiqué aux deux membres du couple de ne pas chercher la satisfaction pour eux-mêmes, mais d'avoir en vue le bonheur de l’autre. Dans le mariage, il devrait s'agir pour chacun, non pas d'en retirer le plus possible, mais d’être soucieux de donner le plus possible. Si ces principes sont respectés, on peut vivre pendant des années un mariage heureux et harmonieux, y compris quant à la sexualité. Le lien de l'amour en est renforcé. La non-observation de ces principes est un écueil qui fait échouer beaucoup de mariages. L’amour refroidit; finalement on se détache l'un de l’autre, avec toutes les terribles conséquences qui s’ensuivent.

Il est souvent admis que la continence et le renoncement au mariage manifestent chez les croyants un degré de spiritualité plus élevé que s'ils se mariaient. C’est une erreur. Le Seigneur Jésus lui-même a enseigné autre chose et l'a montré par le fait qu’il a appelé comme apôtres des hommes mariés (1 Cor. 9 : 5).

C’est seulement lorsque l'on renonce volontairement au mariage afin de mieux remplir un service pour Lui que Dieu peut donner son approbation. Peu nombreux sont ceux à qui est donné ce don de grâce particulier. Paul a exposé la même pensée aux Corinthiens. Toutefois, il s'est retourné sévèrement contre ceux qui défendaient de se marier (1 Tim. 4 : 3). Le fait que, par la suite, dans l'église romaine, le célibat a été imposé aux prêtres est dénué de toute base scripturaire. Il en est de même pour divers ordres monastiques où fut introduite cette prescription pour les moines et les religieuses. On s'est rendu compte maintes fois que l'homme ne pouvait être contraint à une vie de chasteté. L'histoire de l'église responsable, hélas, ne le confirme que trop. Et il est suffisamment connu que beaucoup de monastères étaient des foyers de corruption morale. Que personne ne se surestime lui-même, y compris dans ce domaine. Ce n'est pas le désir en lui-même qui est coupable (ce que Paul appelle brûler), mais bien la recherche d'une satisfaction sexuelle en dehors du mariage.

Parmi les nombreuses questions que les Corinthiens posèrent à Paul, plusieurs se rapportaient au mariage. Il ressort de sa réponse que les pulsions sexuelles ont une place donnée par Dieu à l'intérieur des limites du mariage. Ce qui dépasse ce cadre-là est appelé «fornication» et condamné comme péché. Pour les chrétiens, il est bon et absolument essentiel de tenir ferme cette règle. Les législateurs des pays «christianisés» en ont plus ou moins tenu compte dans les générations passées. Mais actuellement beaucoup ne veulent plus entendre parler de ce principe divin. Les relations sexuelles en dehors du mariage sont autorisées et parfois même publiquement préconisées.

De même, on admet aussi les rapports entre hommes ou entre femmes. Beaucoup veulent donner une base juridique à cette forme de vie en commun. Et si quelqu'un ose mettre en garde publiquement contre ces pratiques, il est considéré comme désespérément arriéré et borné.

On croit que les hommes pourraient mieux s'épanouir sans les principes bibliques et qu'ils vivraient plus heureux ainsi. Cette pensée n'est pas aussi nouvelle qu'elle le paraît. C'est le vieux mensonge serpent au paradis. Si tu manges de ce fruit défendu, tu seras comme Dieu, et tu connaîtras ce qui est bien et ce qui est mal: une demi-vérité, pire qu’un mensonge total. Le diable s'est gardé d'ajouter qu'avec cette connaissance, l'homme ne serait en mesure ni d'abandonner le mal ni de faire le faire le bien. L'abolition des principes divins n'a encore jamais rendu l'homme plus heureux, et ne le fera jamais. Quelle pauvre société que celle où, aujourd'hui plus que jamais, ce mal se développe d’une manière terrible!

Le premier fils d'Adam et Eve fut Caïn. Ensuite naquit Abel. Ils n'avaient pas «fait» des enfants, comme on l'entend dire quelquefois brutalement. Eve discerna dans cette naissance la bénédiction de Dieu. De même les parents d'aujourd'hui devraient considérer leurs enfants comme un don du Seigneur, et à cause de cela, les élever pour lui. Cette éducation procure souvent beaucoup de joie aux parents, souvent aussi des soucis et des peines. Le premier couple de parents en fit l'expérience.

Le philosophe Rousseau croyait que les enfants étaient comme une feuille de papier blanche. Si l’éducateur savait seulement écarter les influences néfastes de l'extérieur, il pouvait y écrire ce qu'il voulait. Ce qui est rapporté de la première famille nous apprend autre chose. Les influences de l'extérieur ne jouèrent évidemment aucun rôle dans l'éducation de ces enfants. Chez Caïn, la nature pécheresse qu'il avait reçue dès la naissance s'exprimait nettement. Ses parents eurent à son sujet beaucoup de souci. Après de grands espoirs, Eve éprouva une grande déception.

Caïn avait aussi des traits de caractère religieux. Il fut le premier qui apporta une offrande à Dieu. Toutefois, en contraste avec son frère, il n'avait rien compris au fondement sur lequel un pécheur peut subsister devant Dieu et s'approcher de Lui. Abel apporta aussi une offrande; mais très différente de celle de Caïn. En lisant la Parole de façon superficielle, on pourrait penser que la cause se trouvait dans la différence de leurs métiers. Caïn, un cultivateur, apporta à l'Eternel une offrande des fruits du sol. Abel, un berger, apporta un premier-né de ses moutons. A vrai dire, cela semble tout naturel.

Si l'on tire cette conclusion, on passe à côté du précieux enseignement sur la réconciliation contenu dans cet événement. A ce propos, on lit dans l'épître aux Hébreux: «Par la foi , Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce sacrifice il a reçu le témoignage d'être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons; et par lui, étant mort, il parle encore» (Héb. 11 : 4).

Il existe donc une grande différence entre ces deux hommes. Abel crut puisqu'il présenta une meilleure offrande, un sacrifice sanglant, reconnaissant ainsi sa culpabilité devant Dieu. Quant à Caïn, c'était seulement un rite religieux, accompli de sa propre volonté: l'offrande des fruits du sol. Cela ressemble à ce qu'avaient fait ses parents après la chute. Ils pensaient pouvoir se vêtir devant Dieu à l'aide de feuilles de figuier qu'un sol maudit avait produites. Les peaux dont Dieu les revêtit leur enseignaient en image que le pécheur ne peut subsister devant Dieu qu'en vertu de la mort d'une victime qui devait mourir à sa place. C'est cette leçon que durent apprendre Adam et Eve; ils l'auront sans aucun doute transmise à leurs enfants, mais Caïn n'en a rien saisi. C'est pourquoi nous lisons que Dieu n'eut pas égard à Caïn et à son offrande. Dieu liait ensemble la personne et son don.

Adam et Eve purent raconter à leurs enfants ce que Dieu avait fait. Ils purent leur communiquer l'instruction qu'ils avaient reçue. Mais ils ne purent ni les convertir, ni les amener au salut. Cela, Dieu seul peut le faire, et il le mène à bien par l'action du Saint Esprit. C'est aussi valable pour les parents d'aujourd'hui. Nous devons être pénétrés à la fois du sentiment de notre grande responsabilité en tant que parents, et de celui de notre impuissance totale pour y faire face. Cela nous pousse à la prière. Nous remercions Dieu pour ceux de nos enfants qui se convertissent et viennent au salut, et nous continuons de prier pour ceux qui se montrent indifférents au cours de leur éducation.

Lorsque Caïn vit que Dieu rejetait son offrande, il se mit en colère contre son frère, et finalement le tua. Pourquoi? Jean l'explique: «Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes» (1 Jean 3 : 12).

Et pourtant Dieu aimait aussi Caïn, comme il aime tous les pécheurs. Il ne veut pas qu'ils périssent, mais qu'ils se convertissent et soient sauvés. C'est pourquoi il a averti Caïn avant qu'il ne commette cet acte horrible. Après, lorsque Dieu annonça le jugement, Caïn reconnut la gravité de son crime. Etait-ce vraiment du repentir? Ou bien parlait-il sous le coup des conséquences terribles de son acte? Nous ne pouvons faire que des suppositions. Avant que Caïn, banni, ne s'en aille, Dieu mit un signe sur lui afin que si quelqu'un le trouvait il ne le tue pas. Même dans ce jugement qu'il dut prononcer sur Caïn, nous voyons de nouveau la miséricorde de Dieu. Dans l'expression «quiconque le trouverait », il faut ,bien sûr comprendre les autres enfants d'Adam et Eve.

A la place d'Abel qui fut tué, Dieu donna un fils, Seth; le chapitre 5 de la Genèse nous parle de lui et de sa descendance. Ce chapitre se termine avec Noé. Nous reviendrons à lui et à sa famille plus loin. Au chapitre 4 se trouve la lignée de Caïn, dans laquelle se détache Lémec et sa famille. Nous en apprendrons plus à son sujet dans le chapitre suivant.

2. LEMEC ET SA FAMILLE

(Genèse 4, 19-24)

Après l'histoire de la première famille, nous trouvons en Genèse 4 et 5 deux généalogies. L'une est celle de la descendance de Caïn, l'autre, celle de la descendance de Seth. Toutes deux se terminent par la courte présentation d'une famille.

La première est la famille de Lémec: «Lémec prit deux femmes: le nom de l'une était Ada, et le nom de la seconde, Tsilla. Et Ada enfanta Jabal: lui, fut père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail. Et le nom de son frère fut Jubal: lui, fut père de tous ceux qui manient la harpe et la flûte. Et Tsilla, elle aussi, enfanta Tubai-Caïn, qui fut forgeur de tous les outils d'airain et de fer. Et la soeur de TubaI-Caïn fut Naama. Et Lémec dit à ses femmes: Ada et Tsilla, écoutez ma voix; femmes de Lémec, prêtez l'oreille à ma parole: Je tuerai un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure; si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois» (Genèse 4 : 19-24).

Cette courte description montre clairement que Lémec possédait tous les traits de caractère de son ancêtre Caïn. Ses paroles et ses actes prouvaient qu'il s'était encore plus éloigné de Dieu et de sa Parole que Caïn. Caïn avait pris une femme, en accord avec la pensée de Dieu. On demande souvent où il l'avait prise; il n'y a qu'une seule réponse biblique sans équivoque: Adam «engendra des fils et des filles» (Gen. 5,4). Dieu «a fait d'un seul sang toutes les races des hommes» (Actes 17, 26). Donc: Caïn s'est marié avec une de ses soeurs. Lémec, lui, a agi en contradiction évidente avec le dessein de Dieu en prenant deux femmes . La polygamie est en opposition avec l'ordre divin dans la création. Toute personne qui connaît la Bible sait que Dieu a toléré la polygamie mais ne l'a jamais approuvée. Nous voyons à ses conséquences que ce mal amène toujours son propre châtiment. Ce que j'ai observé personnellement en Afrique, confirme cette règle. Il ne faut pas s'attendre à des couples et des familles harmonieux lorsqu'ils sont fondés sur ce principe non biblique.

Lémec n'a pas agi dans l'ignorance. Nous pouvons déduire de Genèse 4 v. 24 que les paroles de Dieu ne lui étaient pas inconnues. Mais il n'éprouvait pas le besoin de la protection que Dieu avait promise à Caïn. Dans son poème, tout à sa propre gloire, il donne à entendre qu'il s'estime bien capable de se défendre lui-même. Il se porterait lui-même garant de ses droits! Il n'avait besoin de Dieu en aucune manière. La propre volonté, l'indépendance et le désir de se faire valoir sont les traits dominants de son caractère. Avec de telles qualités, la «réussite» est possible dans un monde pécheur.

La courte description de sa famille le montre bien. Ses trois fils font preuve des qualités de leur père. Tous trois se sont fait un nom dans le monde de leur époque. Ils furent des pionniers dans le domaine particulier de leur talent et de leur activité. Jabal, un agriculteur, fut le père de tous ceux qui habitaient dans des tentes et avaient du bétail. Jubal fut le père de ceux qui jouaient de la harpe et de la flûte. Il joua un rôle prépondérant dans le monde de l'art et de la culture. TubaI-Caïn fut le père des forgerons, de tous ceux qui travaillent l'airain et le fer. Nous pouvons le considérer avec raison comme le fondateur de l'industrie de son temps. On peut imaginer que les contemporains de Lémec le considéraient avec respect. Quelle famille brillante avait cet homme! Comment ne pas l'envier? Avoir trois fils qui occupaient chacun une position dominante dans la société! Quels parents ne se réjouissent pas lorsque leurs enfants ont une bonne situation dans ce monde? Pour leur éducation, ils ne reculent devant aucun sacrifice financier et y emploient tout leur temps et toute leur énergie. Ne se réjouiraient-ils pas alors de leur réussite et n'en seraient-ils pas même un peu fiers? C'est ce que pensent la plupart des pères d'aujourd'hui, et il en aura été de même pour Lémec. Pourtant, tout étai-t-il aussi beau qu'il paraissait? Lémec ne se laissait-il pas éblouir par de belles apparences?

Lémec avait un contemporain du nom d'Hénoc, appartenant comme lui à la septième génération après Adam, mais de la descendance de Seth chez qui on invoquait le nom de l'Eternel. Hénoc marcha avec Dieu, ce que Lémec ne fit pas, bien au contraire. Hénoc aussi se maria; lui aussi engendra des fils et des filles. Pour le monde de son temps, autant que nous le sachions, Hénoc avec sa famille n'a pas été un homme influent. C'est que Hénoc ne vivait pas pour ce monde. Non, il marchait avec Dieu.

Celui qui marche avec Dieu a d'autres idéaux que quelqu'un qui vit seulement pour ce monde. Il a un autre sens des valeurs. Hénoc voyait sa mission et sa place dans ce monde tout autrement que Lémec.

Deux autres passages nous parlent de son attitude et complètent ce qui est dit dans la Genèse: la marche d'Hénoc avec Dieu était une marche par la foi , qui se termina par son enlèvement dans la gloire (Héb. 11 : 5-6). Par la foi cet homme discerna le caractère du monde de son temps: il était ennemi de Dieu. De ce fait, il comprit aussi que ce monde allait au-devant du jugement d'un Dieu saint. Il prophétisa au sujet de ce jugement à venir et avertit ses contemporains (Jude 14). Malheureusement, le monde d'alors n'y prit pas garde. Trois générations plus tard, aux jours de Noé, le jugement tomba sous la forme du déluge.

L'histoire de Lémec et de sa famille renferme aussi un sérieux avertissement pour nous et nos familles. Que l'on me comprenne bien! Ce n'est pas un péché de vouloir donner à ses enfants une bonne instruction. Ce n'est évidemment pas un péché d'exercer une profession dans ce monde. Que nous travaillions dans l'agriculture, dans le domaine culturel, industriel ou tout autre, ce n'est pas ce qui importe, aussi longtemps que nous pouvons exercer notre profession en communion avec Dieu et pour sa gloire. Les croyants n'appartiennent plus à ce monde. Dieu nous a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour (Col. 1 : 13). Par grâce, nous sommes de ceux que le Père a donnés du monde à son Fils. Mais nous sommes encore dans le monde. De ce fait nous avons à remplir une tâche comportant de nombreuses responsabilités.

L'apôtre Jean écrit: «N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde: si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde; et le monde s'en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement» (1 Jean 2 : 15-17).

Pour marcher d'une manière conforme à notre place et à notre responsabilité dans ce monde, il nous faut la foi d'un Hénoc. Paul a vu le danger de faire un mauvais usage du monde et a donné des avertissements à ce sujet. Il montre qu'on peut en faire un bon usage et glorifier Dieu en cela (1 Cor. 7 : 31). Il peut être parfois difficile de trouver la limite entre user et abuser. On passe facilement de l'un à l'autre.

Pour clarifier cette pensée, je citerai un exemple. Très tôt, l'homme a trouvé des moyens pour retenir ses pensées et les transmettre à d'autres. Job connaissait déjà l'art de l'écriture et de la gravure (Job 19 : 23-24). Plus tard, on inventa l'imprimerie, bien après encore, d'autres médias. Comme quelqu'un l'a dit, toutes ces inventions ont été des pas vers le ciel ou vers l'enfer. Nous pouvons constater que le diable s'en sert de façon intensive pour l'expansion de son royaume. Est-ce pour les croyants un motif de rejeter toute culture, dans une attitude d'hostilité et d'isolement ?

L'art de l'imprimerie, la technique de la radio et de la télévision ont déversé sur ce monde un flot de corruption. Voilà où est l'abus. Mais, utilisée avec profit, l'imprimerie permet aujourd'hui de placer la Bible entre les mains de millions de personnes. Et pour les hommes qui ne savent pas lire, la bonne nouvelle est annoncée à la radio ou par des cassettes. Usons des choses du monde, mais n'en abusons pas!

William Kelly, spécialiste des langues et grand connaisseur de la Bible, fut un jour en contact avec un expert en philologie ancienne. Les deux érudits furent bientôt absorbés dans une conversation approfondie. Soudain le professeur posa cette question: «Monsieur Kelly, que faites-vous exactement dans la vie courante?» - «J'étudie la Bible, écris à son sujet et donne des conférences.» - «Quel dommage qu'un tel talent soit perdu pour le monde!» s'écria le professeur. Réponse de Kelly: «Pour quel monde, Monsieur?» Cette question nous incite à réfléchir. Pour quel monde vivons-nous et travaillons-nous? Pour quel monde élevons-nous nos enfants ? Lémec, un homme du monde, a élevé ses enfants pour le monde - mais celui-là passe. «Car que profitera-t-il à un homme s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme?» (Matt. 16 : 26). Disons plutôt avec Josué: «Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel» (Josué 24 : 15).

3. NOÉ ET SA FAMILLE

(Genèse 6 à 9)

La méchanceté et la violence des hommes étaient grandes aux jours de Noé et Dieu décida d'exterminer l'humanité par un déluge. Mais il ne le fit pas sans avertir sérieusement les hommes auparavant. Dans sa grande patience, il leur donna encore cent vingt années pour se repentir et revenir de leurs mauvaises voies. Pierre parle de la patience de Dieu qui attendait dans les jours de Noé (1 Pierre 3 : 20). Hélas, rien ne changea!

Noé, par son comportement, se révéla comme une grande exception parmi ses contemporains. C'était un homme juste et irréprochable ; il marchait avec Dieu, tout comme Hénoc avant lui. Noé trouva grâce aux yeux de l'Eternel. Cependant l'offre de grâce de Dieu ne s'adressait pas seulement à Noé ; elle était destinée aussi à «sa maison», à sa femme et à ses enfants. «Toi et ta maison» est une expression que nous trouvons souvent dans la Bible. Dieu ne veut pas seulement sauver des personnes isolément, mais des maisons et des familles entières. Lorsque, au temps d'Abraham, Dieu fit venir le jugement sur Sodome, il décida de sauver Lot. Les anges venus pour détruire Sodome dirent à Lot : «Qui as-tu encore ici?» Et ils nommèrent même les gendres en premier lieu. Lot sortit pour aller les chercher. Malheureusement, ils refusèrent d'être sauvés et périrent, mais l'intention de Dieu était de sauver toute la famille de Lot.

Noé reçut l'avertissement divin, craignit et bâtit une arche pour la conservation de sa maison. Lorsque l'arche fut terminée, l'Eternel lui commanda: «Entre dans l'arche, toi et toute ta maison» (Gen. 7 : 1). Et Noé entra dans l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils. Ainsi tous furent sauvés. Ces fils et ces filles étaient tous des adultes; ils avaient approximativement cent ans! Combien leur attitude fut différente de celle des gendres de Lot!

En Actes 16, nous lisons ce qui arriva au geôlier de Philippes. Plein d'angoisse, il s'écria : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé?» La réponse fut: «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison» (v. 31).

Pour Noé et les siens, l'unique moyen de salut était l'arche, et pour le geôlier et sa famille, ce moyen était la foi au Christ Jésus. «Il n'y a de salut en aucun autre; car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés» (Actes 4 : 12). Quelle grâce quand des familles entières, père, mère et enfants, peuvent jouir du salut de Dieu par la foi en Jésus Christ!

Les fils de Noé ne furent pas sauvés par la foi de leur père, mais par le fait que, en obéissance à la parole de Dieu, ils entrèrent eux-mêmes dans l'arche. C'est un grand privilège d'avoir des parents chrétiens et d'être familier avec l'évangile dès sa jeunesse. Mais personne ne doit penser qu'il sera sauvé en vertu de l'exemple et de l'enseignement de parents chrétiens. La grâce n'est pas un bien héréditaire. C'est seulement sur la base de la foi personnelle que l'on peut être sauvé.

Dans les épîtres de Pierre, Noé est appelé prédicateur de justice (2 Pierre 2 : 5). Jude nous apprend que Hénoc a prophétisé et Pierre nous dit que Noé a prêché. Ces deux patriarches ont, d'une part, eu une marche pieuse, et d'autre part, prophétisé et prêché publiquement. De la même manière, Paul pouvait exhorter les croyants à faire ce qu'ils avaient entendu de lui et vu en lui. Nous devrions avoir nous aussi le même témoignage.

Après le déluge, Dieu établit une alliance avec Noé et sa descendance. Le signe en est l'arc dans la nuée. L'homme peut désormais lever les yeux sur cet arc-en-ciel et trouver de la consolation lorsque de sombres nuages s'amoncellent. Chacun de nous les connaît ces nuages menaçants qui peuvent tant nous effrayer: maladies, chagrins, problèmes de toutes sortes. Mais au milieu de ces nuages, nous pouvons contempler l'arc qui parle d'une espérance vivante: Christ en qui sont toutes les promesses de Dieu. Cependant nous ne sommes pas seuls à considérer l'arc-en-ciel; Dieu donne l'assurance que lui-même le voit aussi et n'oublie pas ses promesses.

«Noé bâtit un autel à l'Eternel, et prit de toute bête pure et de tout oiseau pur, et offrit des holocaustes sur l'autel.» C'est ici la première fois qu'il est question d'un autel. Les sacrifices, comme tous ceux qui sont mentionnés dans la Genèse, sont des holocaustes. Les autres sortes de sacrifices sont nommées dans le Lévitique et montrent en image la richesse et les aspects variés du sacrifice de Jésus Christ. C'est ce que nous explique le Nouveau Testament, en particulier l'épître aux Hébreux.

Lorsque Dieu sentit l'odeur agréable qui montait de l'autel, il dit en son coeur: «Je ne maudirai plus de nouveau le sol … » (Gen. 8 : 21). Non que, dans l'arche, Noé et les siens soient devenus des hommes meilleurs. Ils étaient restés toujours exactement les mêmes, comme le montre le verset 21. Mais Dieu, dès lors, décida d'user de grâce à cause du sacrifice que Noé avait présenté et au sujet duquel il avait exprimé sa satisfaction.

Comme tous les sacrifices, celui-ci nous fait penser à l'offrande de jésus Christ à la croix de Golgotha. Là, il s'est livré lui-même comme offrande et sacrifice à Dieu (Eph. 5 : 2). Par elle, Dieu a été pleinement satisfait et glorifié. Le sacrifice de Christ avait comme premier but la gloire de Dieu. Mais il a été offert aussi pour nous. C'est seulement sur cette base que Dieu a pu trouver son plaisir en nous. Après notre conversion, nous ne sommes pas plus devenus une race d'hommes meilleurs en contraste avec les incroyants, que les huit personnes qui sont entrées dans l'arche.

En pensée, j'imagine cette famille, objet de grâce et de salut, se tenant autour de l'autel que j'aimerais appeler «l'autel de famille». Connaissons-nous aussi dans nos familles un autel semblable? Bien sûr, pas au sens littéral, mais ma question est de savoir si nous mettons à part du temps pour nous grouper, parents et enfants, autour de la parole de Dieu pour être encouragés et instruits par elle. Le remercions-nous ensemble pour les bénédictions que nous recevons de lui? Prions-nous les uns avec les autres, les uns pour les autres, et pour d'autres personnes? Si nous avons cette sainte habitude, il en découlera de riches effets. En tant que mari et femme, notre estime et notre amour l'un pour l'autre, croîtront. Nous serons en exemple à nos enfants, pour qu'ils apprennent aussi à s'aimer entre eux et à prendre soin les uns des autres. Si, à cause de toutes sortes d'activités, du travail professionnel, de l'école ou d'autres obligations, nous nous laissons entraîner à négliger le service envers Dieu, de tristes conséquences ne se feront pas attendre. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle notre vie familiale porte souvent si peu le caractère de famille chrétienne?

La suite de l'histoire de Noé et de sa famille nous est donnée en Genèse 9 : 18-29. Hélas, cette maison, objet de tant de grâce, n'est pas à la hauteur de ce que nous aurions attendu! Alors qu'il aurait dû être un modèle, le père tomba dans le péché. Par manque de maîtrise de soi, il s'enivra. S'ils donnent un aussi mauvais exemple, des parents peuvent-ils encore attendre estime et respect de la part de leurs enfants? Le fils cadet raconta à ses frères ce qu'il avait vu avec, semble-t-il, un certain mépris.

Or la parole de Dieu n'enseigne pas aux enfants à honorer leurs parents seulement quand ils le méritent, mais toujours, parce que ceux-ci sont revêtus de la part de Dieu d'une autorité que les enfants doivent respecter, même si cela leur est difficile.

Cham sera puni et le châtiment s'accomplira sur son fils Canaan. Sem et Japheth furent eux attristés par la conduite de leur père. L'amour couvre toutes choses. Ils firent preuve d'amour et de respect et furent récompensés par la bénédiction que leur donna leur père.

4. ABRAHAM ET SA FAMILLE

(Genèse 11 : 26 à 25 : 11)

Abram fut appelé à sortir de son pays, de sa parenté et de la maison de son père pour s'en aller dans le pays que Dieu lui montrerait. Voilà trois cercles de personnes, de plus en plus étroits. Assurément, sa propre famille était comprise dans cet appel. Ici aussi nous trouvons la pensée de «toi et ta maison». Son neveu Lot, sans doute encore célibataire à ce moment, est probablement inclu. Historiquement, Genèse 11 : 31-32 suit le chapitre 12 : 1.

Au début, Abram avait bien quitté son pays et sa parenté, mais pas la maison de son père, Térakh. Celui-ci était parti avec lui, et était même le chef de file, mais il n'alla pas plus loin que Charan, où il mourut. De ce fait, Dieu rendit libre Abram. C'est ainsi qu'il partit plus loin avec les siens, selon la parole de Dieu. Les historiens ont tendance à passer sous silence les fautes et les mauvais côtés des personnages célèbres. La Bible ne fait pas ainsi. Le chapitre 12 nous montre une triste page de la vie d'Abram et de Saraï. Pour se protéger lui-même, Abram proposa à Saraï de cacher leur véritable relation de mari et femme et de se faire passer pour frère et soeur. C'était une demi-vérité, mais comme dans presque tous les cas, c'était en fait un mensonge. La ruse réussit, mais qu'elle est humiliante, la conduite de ce croyant, qui dut être repris par un incrédule!

Dieu a créé l'homme et la femme différents. Tous deux ont des qualités, des tâches et des domaines de responsabilité respectifs. Dieu attend de l'homme qu'il agisse comme chef de famille, qu'il aime sa femme, veille à son entretien et la protège, et Il attend de la femme qu'elle accepte que son mari soit à la tête et qu'elle lui soit soumise. A ce sujet, Sara est donnée en exemple aux autres femmes (1 Pierre 3).

Le mobile de l'action d'Abram n'était pas l'amour pour sa femme. Il ne remplit pas son rôle de protecteur envers elle. Il agit par pur égoïsme. Pourvu qu'à lui, il arrive du bien, il était prêt à précipiter sa femme dans le malheur.

Les hommes peuvent être terriblement égoïstes, exigeant de leurs femmes ce qui leur paraît dû, sans se soucier des conséquences pour elles de leur façon de faire. C'est uniquement de l'amour de soi! Une telle attitude est désastreuse pour la vie du couple.

Dans ce cas-là, nous ne pouvons qu'être surpris de l'abnégation de Saraï qui accepta son sort et se conforma à la demande de son mari pour le tirer d'affaire. On voit que l'égoïsme était vraiment enraciné dans le coeur d'Abram puisque plus tard il récidiva. En Genèse 20, nous lisons qu'Abraham s'en alla au pays du midi et séjourna à Guérar, s'exposant une nouvelle fois au même danger. Et de nouveau, Abraham et Sara désavouèrent leur véritable relation. En conséquence, le roi Abimélec envoya prendre Sara. Grâce à l'intervention de Dieu, leur union fut préservée. Dans un songe, Abimélec eut la révélation de leur vraie relation. Il s'excusa de sa conduite, en faisant remarquer qu'Abraham comme Sara avaient dit qu'ils étaient frère et soeur. Dans ce songe, Dieu lui dit: «Moi aussi je sais que tu as fait cela dans l'intégrité de ton coeur, et aussi je t'ai retenu de pécher contre moi; c'est pourquoi je n'ai pas permis que tu la touchasses. Et maintenant, rends la femme de cet homme; car il est prophète» (Gen. 20 : 6-7). Abimélec obéit à ce commandement. Cependant, le jour suivant, il demanda compte à Abraham et lui reprocha d'avoir mal agi à son égard. Ce païen posa à Abraham la question qui l'obligea à s'expliquer: «Qu'as-tu vu pour avoir fait ainsi?» (Gen. 20 : 10).

Abraham répondit: «C'est parce que je disais: Assurément il n'y a point de crainte de Dieu en ce lieu, et ils me tueront à cause de ma femme . Et aussi, à la vérité, elle est ma soeur, fille de mon père; seulement elle n'est pas fille de ma mère, et elle est devenue ma femme. Et il est arrivé, lorsque Dieu m'a fait errer loin de la maison de mon père, que je lui ai dit: Voici la grâce que tu me feras: Dans tous les lieux où nous arriverons, dis de moi: Il est mon frère» (Gen. 20 : 11-13). Il ressort de cet aveu que, dans son coeur, Abraham s'était décidé à commettre ce péché des années auparavant, lorsqu'il était parti de Charan. Là était la racine de ce péché.

Abraham n'avait pas encore atteint le niveau de foi dont il fit preuve plus tard. Par toutes sortes d'expériences, qui nous sont décrites dans ce chapitre, sa foi augmenta et se fortifia. Les promesses de Dieu furent répétées et devinrent progressivement plus précises. D'abord il fut question seulement d'une semence (12 : 7), ensuite de son propre fils (15 : 4) et finalement du fait que ce fils naîtrait de Sara (18 : 10). Abraham eut enfin une foi assez affermie pour que Dieu puisse le mettre à l'épreuve d'une façon que jamais personne d'autre n'a connue.

En Genèse 22 : 1-3 nous lisons: «Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham, et lui dit: Abraham! Et il dit: Me voici. Et Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai.»

Je pense bien qu'aucun croyant ne s'est jamais trouvé devant un problème aussi insoluble que celui d'Abraham: d'un côté la promesse qu'Isaac deviendrait un grand peuple, de l'autre, l'ordre d'offrir ce fils . Comment résoudre cette contradiction? Hébreux 11 : 19 nous donne la réponse: il estima que «Dieu pouvait le ressusciter même d'entre les morts». Ici brille une foi qui dépasse de beaucoup ce que nous sommes capables d'imaginer. En cela, Abraham est un modèle pour tous les croyants de tous les temps.

Considérons maintenant ce que nous lisons au sujet de Sara. Elle devait être une personne de très belle apparence, si belle même que dans ces contrées païennes, d'autres hommes étaient prêts à l'enlever à Abraham. Sur sa vie de foi, aucune information positive ne nous est donnée dans l'Ancien Testament. Ne pas avoir d'enfants fut pour elle une souffrance difficile à accepter. Nous trouvons souvent ce chagrin dans des familles décrites dans la Bible. De nos jours aussi, beaucoup de femmes souffrent de ce problème. Aujourd'hui, tout en restant dépendants du Seigneur - qui «ferme la matrice» mais peut aussi se rendre aux prières des siens (1 Sam. 1, 5; Gen. 25, 21) -, il est possible d'avoir recours à l'assistance médicale, efficace dans de nombreux cas. Ce n'est pas toujours la femme qui est en cause. Parfois, une intervention chez le mari peut apporter une solution, d'autres fois l'adoption offre une issue, bien que cela ne soit généralement pas sans difficultés. Souvent, j'ai pu constater que des couples sans enfants remplissaient, précisément pour cette raison, un service qui n'aurait jamais pu être accompli par un couple ayant des enfants.

Cependant, nous devons donner un avertissement contre des moyens injustifiables sur le plan moral, qu'il faut catégoriquement appeler péchés. Par exemple, une femme dont le mari est stérile se fait inséminer par un tiers, avec ou sans le consentement du mari; ou bien dans les pays du Tiers-Monde, le mari dont la femme est stérile a parfois recours à la polygamie. Mais sous le gouvernement de Dieu, ce mal entraîne presque toujours des conséquences malheureuses.

C'est aussi ce qui arriva après la proposition que fit Sara à son mari (Gen. 16). Il se peut qu'elle ait connu les promesses citées en Genèse 15 : 4, mais tous deux ignoraient encore à ce moment-là la promesse que ce fils devrait naître de Sara (Gen. 18 : 10). Nous pouvons y voir une excuse, mais non pas une raison d'approuver cette solution.

En 1 Pierre 3 : 5-6 Sara est citée en exemple aux femmes croyantes à cause de sa soumission à Abraham. Celui qui, pour cette raison, se représente Sara sous les traits d'une femme bornée, servile, et sans personnalité, lui fait à mon avis gravement injure. Dieu a donné Eve à Adam pour qu'elle lui soit une aide qui lui corresponde. Elle vivait à son niveau. De même Sara avec Abraham. Quelle aide le mari reçoit-il d'une femme qui ne sait dire que «oui» à toutes ses initiatives?

Dans la solution qu'elle proposa à Abraham, il est vrai que Sara ne lui fut pas en aide. Il aurait mieux fait de ne pas l'écouter. En Genèse 30, nous lisons que Rachel fit de même. Dans les deux cas, l'enfant de l'esclave devait être attribué à la maîtresse. Ces propositions ne résultaient pas de la foi et démontraient au contraire un manque de confiance en Dieu.

La naissance d'Ismaël de la servante égyptienne Agar fut cause de beaucoup de malheurs. Lorsque Sara se sentit ensuite profondément offensée par le comportement d'Agar, elle fit des reproches injustifiés à son mari. Pourtant il lui laissa toute liberté pour maltraiter la servante; et c'est ce qu'elle fit.

Abraham avait alors quatre-vingt-cinq ans et n'était pas encore dans la condition physique décrite en Genèse 18. Dans ce chapitre, il avait cent ans et Sara, quatre-vingt-dix ans. Abraham crut la promesse divine, mais Sara manifesta clairement de l'incrédulité.

Dans le livre de la Genèse, on trouve encore quelque chose de très particulier au sujet de Sara. Deux fois elle prit l'initiative de donner à son mari un conseil qu'il ne demandait pas. Nous avons déjà fait remarquer que le premier n'était pas bon, parce qu'il résultait de l'incrédulité. Le deuxième se trouve en Genèse 21 : 10: «Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils, avec Isaac.» Ce conseil fut mal accueilli par Abraham; cela fut très mauvais à ses yeux. Mais il se trompait. Dieu lui dit: «Dans tout ce que Sara t'a dit, écoute sa voix» (21 , 12). Sara semble avoir eu dans cette affaire plus de discernement que son mari.

Profitons-en pour rappeler aux maris croyants l'importance que peuvent avoir pour eux les conseils et les points de vue de leur épouse.

5. LOT ET SA FAMILLE

(Genèse 11 : 31 ; 12 : 4-5; 13 ; 14 ; 18 et 19).

L'histoire de cette famille est l'une des plus tristes qui nous soient rapportées dans la Bible. Lorsque Abram et Saraï sortirent de Charan, ils emmenèrent aussi Lot. C'était un neveu d'Abram. Peut-être n'était-il pas encore marié et était-il de ce fait considéré comme faisant partie de la maison d'Abram. Il les suivit dans toutes leurs pérégrinations, y compris le voyage en Egypte. Là, il acquit des troupeaux et devint indépendant, tout en restant dans la proximité immédiate d'Abram. Lorsque surgit une querelle entre les deux groupes de bergers, Abram proposa de se séparer. Lot ne laissa pas le choix à son oncle, comme il aurait été convenable de faire, mais choisit pour lui la plaine fertile du Jourdain. Il partit vers l'orient et dressa ses tentes jusqu'à Sodome, sachant pourtant que les gens de cette ville étaient méchants, et grands pécheurs devant l'Eternel.

Plus tard, il s'établit dans la ville. Il partagea le sort de ses habitants et fut emmené captif par le roi Kedor-Laomer. Grâce à l'intervention d'Abram, il fut libéré. En dépit de cette sérieuse leçon, Lot retourna à Sodome où il obtint même une place parmi les dignitaires de la ville. Il «était assis à la porte», le lieu où s'exerçait le gouvernement (Gen. 19 : 1).

Nous pouvons supposer qu'il a trouvé sa femme à Sodome. Elle était en tout cas très attachée à cette ville et put difficilement s'en séparer. C'est ainsi que Lot y demeura comme citoyen, alors qu'Abraham habitait avec les siens dans une tente, comme étranger, et avait communion avec Dieu à son autel.

Quel contraste entre les deux familles! Qui était le plus heureux? Poser cette question, c'est y répondre. Ce que Pierre dit à ce sujet dans sa deuxième épître est très instructif. Il nous décrit «le juste Lot, accablé par la conduite débauchée de ces hommes pervers, (car ce juste qui habitait parmi eux, les voyant et les entendant, tourmentait de jour en jour son âme juste à cause de leurs actions iniques) ... » (chap. 2 : 7-8). Comment cet homme put-il le supporter? Pourtant il n'est pas le seul dans ce cas. La mondanité et le mauvais choix d'un conjoint peuvent aujourd'hui encore avoir une influence désastreuse sur un croyant.

Nous comprenons quels étaient les grands péchés commis à Sodome en lisant Genèse 19. Apparemment, parmi les hommes de cette ville, l'homosexualité était une habitude généralisée. Nous sommes ainsi confrontés à un sujet de grande actualité, qui, dans un livre sur le mariage et la vie de famille, doit malheureusement être au moins mentionné. Nous nous limitons à ce que l'Ecriture en dit. Genèse 19 et 2 Pierre 2 en parlent de façon claire et nette.

Paul en parle aussi en Romains 1 : 24-27: «Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs coeurs, à l'impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes: eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l'a créée, qui est béni éternellement. Amen! C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes, car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature; et les hommes aussi pareillement, laissant l'usage naturel de la femme, se sont embrasés dans leur convoitise l'un envers l'autre, commettant l'infamie, mâles avec mâles, et recevant en eux-mêmes la due récompense de leur égarement.»

Ce que l'on entend dire actuellement un peu partout, c'est que l'homosexualité ne serait pas un péché, mais que les homosexuels seraient «différents» de naissance. De nos jours, beaucoup refusent de considérer comme péché les manifestations dénaturées auxquelles Lot était confronté à Sodome et auxquelles Paul fait allusion dans ce passage de l'épître aux Romains. «Ces hommes, dit-on, sont simplement différents et doivent avoir toute liberté pour vivre leur différence».

Cette argumentation conduirait à laisser faire également les pyromanes et les cleptomanes; les incendies provoqués et les vols ne proviennent que du fait que ces personnes sont «différentes»! Mais il en résulterait d'importants dommages matériels. Et causer de grands dommages matériels semble plus grave que causer du mal moral!

De nos jours, enseignants, éducateurs et même gens d'église peuvent faire librement profession de cette «différence» et la vivre publiquement. Adultes et enfants sont nécessairement exposés à ces influences. La situation devient semblable à celle de Sodome. Quand Lot ne voulut pas se rallier à leurs agissements et essaya d'en préserver ses hôtes, les hommes dirent: «Cet individu est venu pour séjourner ici, et il veut faire le juge!» (Gen. 19 : 9). Il dut être maltraité et on lui interdit de parler. Aujourd'hui celui qui désapprouve ces théories et ces pratiques impies risque bien d'être méprisé et réduit au silence. Personne ne niera que certains êtres humains naissent avec des anomalies physiques ou mentales. Et il faut se réjouir qu'ils soient l'objet d'attentions particulières. Cependant, à Sodome, il n'était pas question de différence naturelle, mais d'un état dénaturé et dégénéré. Aujourd'hui, nous voyons aussi ce phénomène. Autrefois, ce péché était publiquement condamné et c'est en secret qu'on le commettait. Maintenant, une minorité croissante défend ses «droits» et menace les fondements d'une société où les chrétiens aussi ont la liberté de vivre selon les principes divins. Gardons en honneur les fondements du mariage et mettons en garde contre toutes les doctrines et pratiques mauvaises qui le mettent en péril.

A la suite de l'intercession d'Abraham, l'Eternel voulut sauver Lot. Mais pour cela il fallait que ce dernier rompe avec les habitants de Sodome et sorte de cette ville. Le salut était offert en même temps à la famille de ce juste. C'est encore ici le «toi et ta maison», comme pour Noé, et comme dans beaucoup d'autres passages. Faisaient partie de la famille de Lot: sa femme, ses enfants et leurs conjoints.

Noé avait une certaine autorité morale, de sorte que toute sa famille, composée d'adultes, l'écouta et fut sauvée. Chez Lot, il en était autrement. Ses gendres refusèrent de quitter Sodome. S'ils périrent, ce fut par leur propre faute. Lot connut l'expérience humiliante de ne pas être pris au sérieux par eux. Sa conduite équivoque en était sûrement le motif. Voilà une sérieuse leçon pour les pères croyants.

Lot lui-même eut de la peine à s'en aller de Sodome. Il tardait, et les anges durent les saisir par la main, lui et les siens, pour les faire sortir. La vie moralement malsaine de la ville de Sodome l'avait si fortement influencé qu'il préféra fuir à la petite ville de Tsoar plutôt que sur la montagne, comme l'Eternelle lui avait dit d'abord.

Pour sa femme, ce fut pire encore. Une fois en dehors de la ville, elle n'arriva pas à s'en détacher. Elle se laissa distancer par son mari et ses filles, regarda en arrière et devint une statue de sel. En regardant en arrière, au mépris du commandement de Dieu (v. 17), elle avait donc nettement désobéi. En rapport avec le jugement à venir, le Seigneur Jésus a prononcé cette parole sérieuse: «Souvenez-vous de la femme de Lot» (Luc 17 : 32). Nous aussi, nous devons penser à elle. Liée à un mari croyant, quoique faible spirituellement, elle avait eu l'occasion d'être sauvée. Certes, elle sortit de Sodome, mais n'atteignit pas le lieu de la délivrance et devint une statue de sel. L'historien Flavius Josèphe raconte qu'au temps où il vivait, elle se voyait encore.

Lorsque Lot arriva à Tsoar, il n'osa pas y rester mais il s'enfuit dans la montagne et habita dans une caverne avec ses deux filles . Celles-ci, en lui faisant boire du vin, l'entraînèrent à l'inceste. Abominable péché condamné par les lois, malheureusement peut-être plus fréquent qu'on ne pense.

De ce péché naquirent les Moabites et les Ammonites, peuples qui firent beaucoup de mal aux fils d'Israël. Là encore, nous voyons que le mal engendre son propre châtiment. C'est la dernière chose qui nous est rapportée sur Lot et sa famille. Telle est la conclusion humiliante et tragique, mais combien instructive de cette histoire!

Par le matérialisme et la conformité au monde, on peut causer beaucoup de tort à sa propre âme et à celle des membres de sa famille . En s'établissant à Sodome, Lot s'exposa et exposa les siens à de grands dangers d'ordre moral. Nous en avons vu les conséquences.

Dans le monde actuel aussi, de nombreux dangers nous guettent. Paul attire l'attention des Corinthiens sur ce sujet. L'expression, connue des Grecs, «vivre à la corinthienne» signifiait une vie mauvaise et dissolue.

Ces croyants ne pouvaient pas éviter toute relation avec les personnes vivant ainsi. Cependant, Paul les met en garde contre les associations entre croyants et incrédules (2 Cor. 6). En 1 Corinthiens 15 : 33 il les avertit: «Ne soyez pas séduits: les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs». Combien de parents sont tellement occupés qu'ils ne savent même pas où et comment leurs enfants passent leur temps libre! Ils ne savent pas quels amis ils fréquentent, ni ce qu'ils lisent et à quels dangers ils sont exposés de ce fait.

Comme excuse, on invoque de lourdes exigences professionnelles. Est-ce un argument valable devant Dieu qui nous a confié la responsabilité d'élever nos enfants? Que l'exemple de Lot, qui a tellement manqué à cet égard, nous serve d'avertissement.

6. ISAAC ET SA FAMILLE

(Genèse 24 à 28)

En Genèse 24, nous apprenons d'abord qu'Abraham était vieux et avancé en âge. Il était préoccupé par le fait que son fils n'était pas marié. En ce temps-là, les parents portaient plus qu'aujourd’hui la responsabilité du mariage de leurs enfants, du moins dans ces pays. Les moeurs et les habitudes telles qu'elles sont décrites dans l'Ancien Testament ne nous permettent pas d'en tirer de règles ni d'ordonnances.

L'influence des parents a été très inégale au cours des siècles, et aujourd'hui encore. En Inde, j'ai vu un père demander à son ami de chercher une femme qui conviendrait à son fils, en âge de se marier. Lorsque celui-ci pensa avoir trouvé celle qu'il fallait, les parents de part et d'autre entrèrent en pourparlers. Après qu'ils se furent mis d'accord, les enfants purent prendre part aux délibérations, et le mariage fut conclu. Un mariage idéal? Je ne le pense pas.

En Amérique, un jeune homme quitta la maison paternelle pour prendre un travail au loin. Il fit la connaissance d'une jeune fille. Ils décidèrent de se marier, et ensuite seulement les parents en furent informés. Etait-ce l'idéal? Je ne le pense pas non plus.

J'imagine que les jeunes considèrent comme idéal le deuxième cas plutôt que le premier; pourtant les mariages qui échouent sont beaucoup plus nombreux en Amérique qu'en Inde.

Samson prit un chemin intermédiaire. Il trouva lui-même une jeune fille et demanda à ses parents de régler l'affaire selon la coutume locale. Mais il ne tint aucun compte de leur conseil, fondé pourtant sur la parole de Dieu. Si seulement il les avait écoutés!

Il me paraît bon qu'un jeune croyant réfléchisse avec ses parents lorsqu'il pense avoir trouvé la jeune fille qui lui est destinée. Une jeune fille devrait aussi demander conseil à ses parents avant de se décider.

Quelles devraient être les considérations déterminantes ? Il est bien dommage que, même parmi les croyants, on estime quelquefois si haut les valeurs matérielles! On se pose la question: Quelle fortune la jeune femme apporte-t-elle dans le mariage? Quelle est la position du jeune homme?

Abraham ne connaissait pas ce genre de préoccupations. Ce qui était décisif pour lui, c'était que son fils ne devait pas se marier avec une femme cananéenne. Eliézer ne devait en aucun cas se prêter à cela. Abraham le lui fit confirmer par un serment.

En 2 Corinthiens 6 : 14, il est dit aux croyants: «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules» . Il n'y est pas directement question du mariage. Cet avertissement est valable pour un domaine bien plus étendu. Les expressions qui suivent: «participation», «communion», «accord», «part avec ... » en indiquent la signification. Mais d'emblée, il est évident à chacun que ces paroles sont aussi applicables à l'union dans le mariage.

Abraham et son serviteur n'étaient pas conduits seulement par des pensées négatives. Cela apparaît dans la prière de ce dernier en Genèse 24 : 12 -14. Quelles qualités positives il espérait trouver chez la jeune fille! Elles devaient la rendre apte à être la femme du fils de son seigneur! L'exaucement de cette prière nous est décrit dans les versets suivants.

Il est frappant de lire au verset 16: «Et la jeune fille était très belle de visage, vierge, et nul ne l'avait connue». C'est encore un passage qui montre que les relations sexuelles ne doivent avoir lieu que dans le mariage. La Bible le souligne dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament. Si un jeune croyant attend de sa future épouse qu'elle se soit gardée pure, il doit évidemment lui aussi vivre de même. Voir à cet égard ce qui nous est dit de Joseph et de Marie en Matthieu 1 : 18-25.

En Genèse 24, 26 nous lisons que le serviteur remercia Dieu pour sa direction qu'il venait d'expérimenter de façon si évidente. Lorsque ensuite il en fit encore une fois le récit détaillé dans la maison de Bethuel, ils furent unanimement d'avis que tout était conduit par l'Eternel.

Aujourd'hui, un jeune homme ne fait habituellement pas intervenir une personne intermédiaire. Lui-même est actif. Mais il est bon qu'il agisse dans l'esprit d'Eliézer. Je ne veux pas dire qu'il demande un signe; cela peut être dangereux. Bien entendu, il est nécessaire que d'abord il soit sûr de ses sentiments. Mais c'est seulement dans la prière dépendante qu'il peut découvrir la direction du Seigneur. La jeune fille aussi doit avoir la même conviction avant de donner son consentement. Et que c'est merveilleux lorsque chez tous les intéressés naît la conviction que le Seigneur les a ainsi conduits.

Il nous paraît étrange que dans tout cela, Isaac soit aussi passif. Mais il était actif d'une autre manière. Au verset 63, nous lisons: «Isaac était sorti dans les champs pour méditer, à l'approche du soir» . «Méditer» signifie: examiner avec prière, avoir un moment de recueillement. On ne sait si cette méditation du soir était une habitude pour Isaac ou si les circonstances particulières l'y avaient conduit. Nous pouvons bien en tirer pour nous une leçon importante: lorsque nous sommes contraints à une attente passive pour une décision qui nous concerne, la dépendance active qui recherche la direction du Seigneur est toujours le bon chemin.

Il est extrêmement inquiétant de voir comment, parfois même de jeunes croyants, nouent superficiellement une relation et décident de se marier sans chercher la direction de Dieu. Est-il surprenant alors de voir augmenter le nombre de mariages qui échouent?

Dans le cas qui nous occupe, tous les intéressés purent remercier l'Eternel qui les avait dirigés, comme ils l'avaient demandé. C'est ainsi qu'il faudrait agir. Isaac et Rebecca devinrent donc mari et femme. Nous remarquons ici l'absence d'un temps de fiançailles et de proclamation du mariage, ce qui a lieu en temps normal. Avant les fiançailles, les deux jeunes gens devraient être sûrs de leurs sentiments d'amour réciproque et de la direction du Seigneur! Et si, pendant les fiançailles, le contraire se manifeste ? Faut-il alors se décider à se marier quand même parce que chacun a donné à l'autre son consentement et pense ne pas être autorisé à rompre cette promesse solennelle? Il nous faut bien voir la différence entre des fiançailles et un mariage. Rompre des fiançailles, c'est retirer une promesse. Et ce n'est pas de peu d'importance. C'est pourquoi, lorsque naît une relation, on ne devrait pas trop hâter les fiançailles.

Mais, dissoudre un mariage, c'est bien plus grave que retirer une promesse. C'est rompre une alliance conclue devant Dieu et les hommes, et valable, selon l'Ecriture, pour toute la vie. Seule la mort peut provoquer la séparation et mettre un terme à cette relation.

Il n'est pas souhaitable, à mon avis, de maintenir des fiançailles tout en ayant la certitude que les conditions d'un mariage heureux pour une vie de mariage saine ne sont pas respectées. Mais, si cette «erreur» se révèle seulement pendant la vie commune, ce n'est en aucun cas un motif valable, selon la Bible, pour rompre le mariage. Dieu le défend expressément dans sa Parole.

Aujourd'hui de plus en plus de jeunes perdent de vue le caractère officiel d'un mariage. Quand on a donné son consentement l'un à l'autre, on croit pouvoir se considérer comme mariés devant Dieu et se comporter ensemble en conséquence. On tient pour superflus l'inscription au registre de l'Etat Civil et l'acte de mariage dressé à ce moment-là. On prétend qu'une telle prescription n'apparaît pas dans la Bible. Le cérémonial du mariage a été certes très variable selon les époques et les pays, et l'est aujourd'hui encore; mais le mariage a toujours et partout constitué un acte public, de sorte qu'il était connu et reconnu de tout le monde, avec toutes les conséquences que cela comporte. Si quelqu'un ne veut pas l'admettre, il s'abaisse au niveau de l'animal.

Lorsqu'on lit Matthieu 1 : 18-25, on voit clairement quelle grande différence existait entre le mariage et les fiançailles pour Joseph et Marie.

Combien de temps devraient durer des fiançailles? On ne peut pas donner de réponse valable pour tous les cas. Je dirai seulement: assez longtemps pour bien apprendre à se connaître, pour se préparer au mariage et faire des projets. Mais pas trop longtemps pour ne pas s'exposer, à cause d'une trop longue retenue, au danger d'en arriver à tomber dans le péché.

Isaac et Rebecca ne connurent pas ce temps de préparation. Rebecca entendit beaucoup parler d'Isaac et apprit à le connaître un peu par ce qui lui a été rapporté. Lorsqu'on lui demanda si elle voulait aller à lui, elle répondit par un «oui» décidé. Nous apprenons que, selon la coutume locale, c'est voilée qu'elle épousa Isaac. Du côté d'Isaac, on ne peut donc pas parler d'un mariage d'amour. Cependant, au dernier verset de ce chapitre, il est dit: «elle fut sa femme, et il l'aima». Quelle joie pour lui de découvrir la beauté physique et morale de sa femme! Ce fut sans doute le même émerveillement éprouvé par Adam lorsqu'il reçut, de la main de Dieu, Eve pour femme. A beaucoup il est accordé, après de longues années, de repenser au début de leur mariage. Après qu'il est conclu, toutes les limitations sont levées et l'on peut se donner l'un à l'autre dans un abandon total.

C'est aussi par cette «lune de miel», dont on parle parfois avec un brin de raillerie, qu'Isaac et Rebecca commencèrent leur vie commune. Comment continuèrent-ils? En Genèse 26 : 8 nous lisons: «Et il arriva, comme son séjour dans ce lieu se prolongeait, qu'Abimélec, roi des Philistins, regarda par la fenêtre; et il vit, et voici, Isaac se jouait avec Rebecca sa femme.» Pour eux, la lune de miel a donc duré longtemps. Les relations sexuelles en tant qu'expression de l'amour dans le mariage ne sont pas une chose dont les croyants doivent avoir honte ou qui doit leur donner mauvaise conscience. Non, le Créateur a fait en cela un grand don à ses créatures. Mais tout don est accordé pour en faire usage et non pour en abuser. Les relations intimes peuvent renforcer le lien d'amour; leur abus a souvent pour effet de le refroidir.

En donnant ici l'exemple d'Isaac et de Rebecca, nous ne voulons pas approuver le fait qu'ils aient donné à Abimélec l'occasion de les observer. De nos jours, on fait de plus en plus étalage du sexe en public, sur les plages et en d'autres lieux, sans pudeur. Les jeunes font bien de s'en tenir éloignés. L'éveil de désirs qui ne peuvent pas encore être satisfaits ne peut que faire du tort.

Dans bien des couples, la lune de miel ne dure malheureusement pas beaucoup d'années. Souvent, l'amour se refroidit après un certain temps. On ne trouve plus de satisfaction l'un dans l'autre et on n'a plus le même intérêt l'un pour l'autre. Les liens étant relâchés, le mariage devient alors une cohabitation, avec tous les dangers de cette situation. Pour prévenir cet état, vigilance et tendresse l'un pour l'autre sont nécessaires. Sur «l'autel familial» , il faut que le feu de l'amour soit maintenu ardent.

Un bon commencement ne garantit donc pas une bonne continuation ou une bonne fin. La suite de l'histoire d'Isaac et de Rebecca nous le confirme. L'image que l'Ecriture nous donne de cette famille n'est pas celle d'un foyer idéal. Des problèmes apparurent et ils ne furent pas abordés de la bonne manière. Aucune vie humaine n'est sans difficultés. Dans chaque famille surgissent des problèmes. Ils doivent et peuvent être résolus en regardant au Seigneur ensemble avec prière.

Le foyer d'Isaac et de Rebecca resta longtemps sans enfant. Abraham et Sara avaient eu aussi cette grande déception. Nous avons lu comment Sara proposa de résoudre ce problème. Ce n'était pas la solution voulue par Dieu et il en découla beaucoup de souffrance.

Pour Isaac, le fait de ne pas avoir d'enfants devint un sujet de prière: «Et Isaac pria instamment l'Eternel au sujet de sa femme» (Gen. 25 : 21). Mais malheureusement, il semble avoir été seul à prier. On pourrait y voir le début d'un refroidissement entre ces deux époux qui avaient si bien commencé. Il est bon que mari et femme parlent de leurs problèmes l'un avec l'autre, et cherchent à les résoudre ensemble. Il est bon aussi qu'ils les apportent au Seigneur dans la prière commune, même s'il appartient au mari, en tant que chef, de les exprimer. C'est une expression d'unité, qui renforce bien plus les relations que si chacun ne prie que de son côté, ce qui est nécessaire aussi.

Il semble qu'Isaac et Rebecca n'aient pas connu cette prière en commun. Ici, nous lisons simplement qu'Isaac pria. En Genèse 25 : 22 c'est Rebecca qui pria seule. N'auraient-ils pas du tout parlé ensemble de ces problèmes ni prié ensemble à ce sujet? Apparemment non. Comme il aurait été bon pourtant qu'Isaac entende directement la parole de l'Eternel au sujet de l'avenir des jumeaux attendus!

Les enfants peuvent être un élément qui resserre les liens du ménage. Mais on peut rencontrer le cas inverse, comme dans cette famille. Esaü fut le préféré du père, Jacob, celui de la mère. Ces différences d'affinités éloignèrent les parents l'un de l'autre, et introduisirent du même coup une distance entre leurs fils . Ce qui s'est passé là contient un sérieux avertissement pour tous les parents. Les motifs d'Isaac étaient très superficiels, comme le montre le verset 28. Il se laissait entièrement dominer par un triste désir charnel. Nous ne pouvons pas supposer qu'il ne connaissait pas la parole de Dieu que nous lisons au verset 23 du chapitre 25. Comment pouvait-il alors ne pas en tenir compte? Et qu'est-ce qui attirait Rebecca vers Jacob? Son tempérament tranquille, attaché à la maison? Ou bien la connaissance de la promesse de Dieu qui reposait sur lui? Nous ne le savons pas. Nous constatons que les différences de sentiments amenèrent une distance entre les parents. Cela les a conduits à s'isoler chacun de son côté et les enfants en ont subi le préjudice. Tirons-en les leçons pour nous, parents. Ce n'est pas d'un père ou d'une mère que les enfants ont besoin mais de leurs deux parents. Tous deux doivent aimer leurs enfants du même amour.

Le fossé qui séparait les frères continua de se creuser. Si ces garçons vivaient aujourd'hui, nous aurions peut-être donné la préférence à Esaü pour son caractère ouvert plutôt qu'à Jacob, ce calculateur rusé. Mais en Hébreux 12, Esaü est appelé «profane» parce qu'il vendit pour un mets son droit d'aînesse. S'il est dit en Malachie que Dieu a aimé Jacob et qu'il a haï Esaü, cela ne doit en aucun cas faire naître chez les parents la pensée que Dieu a destiné, à priori, un enfant à être perdu, et l'autre à être sauvé. Avant leur naissance, Dieu avait seulement dit que le plus grand serait asservi au plus petit. L'autre parole a été prononcée longtemps après leur mort. Les parents peuvent prier avec toute confiance pour tous leurs enfants. Les «Jacob» , faciles en apparence, autant que les «Esaü», enfants à problèmes, ont besoin de notre amour et de notre intercession.

Esaü méprisa son droit d'aînesse, alors que c'était tout ce que désirait Jacob. Et les années passèrent. Du point de vue matériel, tout allait bien pour eux, mais spirituellement, les choses ne s'arrangeaient pas. Malheureusement, c'est ce qui peut se produire de nos jours aussi. A quoi sert tout le confort quand les relations avec Dieu et les relations mutuelles ne sont pas bonnes? Une nouvelle souffrance frappa la vie d'Isaac et de Rebecca, c'est le fait qu'Esaü se maria, de sa propre volonté et dans l'indépendance, avec des femmes étrangères. Ce fut pour eux «une amertume d'esprit».

Isaac devint aveugle. Il se sentait vieux et solitaire. Manifestement, il attendait sa fin prochaine et voulut, dans cette perspective, donner à Esaü une grande bénédiction. Il l'appela donc et le chargea de lui prendre du gibier à la chasse. Rebecca avait tendu l'oreille. Cela nous montre à quel point ses relations avec Isaac s'étaient dégradées. Il n'y avait plus d'échange, ni de confiance mutuelle.

Rebecca montra qu'elle n'avait pas non plus confiance en Dieu. Elle agit de sa propre volonté et trompa son mari et son fils. C'est ainsi qu'elle parvint à ses fins. Jacob obtint la bénédiction. Mais combien toutes ces personnes vont souffrir des conséquences de leurs actes dictés par la volonté propre! Isaac croyait être parvenu à la fin de sa vie et avait pris ses dispositions. Or il vécut encore cinquante ans : des années de solitude qu'il aurait pu passer tout autrement. Rebecca pensait pouvoir sauver la situation par son conseil habile. Elle espérait revoir son fils Jacob lorsque la colère d'Esaü se serait apaisée. Il en fut autrement. Elle ne le revit plus jamais. .

Quelles années difficiles pour Jacob aussi, lorsque lui, le trompeur, fut trompé par son oncle Laban! Quant à Esaü, il avait pensé pouvoir rapidement se venger de son frère parce qu'il s'attendait à la mort proche de son père. Tous ces calculs ne se réalisèrent pas. Nous voyons la confirmation du principe que l'homme moissonne ce qu'il sème, principe valable aussi pour les croyants.

Nous ne savons pas combien de temps vécut encore Rebecca. Genèse 49 : 31 nous apprend seulement qu'elle fut enterrée dans la caverne de Macpéla. En Genèse 33 la réconciliation de Jacob et d'Esaü nous est racontée. Mais manifestement en cette circonstance encore il ne pouvait être question d'une véritable confiance. Ils habitèrent très éloignés l'un de l'autre. A la fin de Genèse 35, nous voyons qu'Isaac mourut à l'âge de cent quatre-vingts ans. Alors, comme pour Abraham dont il est dit qu'Isaac et Ismaël l'enterrèrent (Genèse 25 :9), nous apprenons que les deux fils d'Isaac, Esaü et Jacob, enterrèrent ensemble leur père.

Il peut arriver, hélas, même chez des croyants, que les parents et les différents membres de la famille perdent le contact les uns avec les autres. Finalement, on ne se rencontre plus que pour des enterrements.

Voilà pour Isaac et Rebecca la fin d'une vie commune qui avait si bien commencé: on pourrait la comparer à un train qui a déraillé et malheureusement n'est jamais revenu sur la voie. Peut-être certains lecteurs y reconnaissent-ils quelque chose de leur propre expérience. De nos jours de tels «déraillements» risquent de se produire de plus en plus souvent. Alors, j'aimerais dire ceci: Ne laissez pas le convoi continuer de cahoter sur les traverses, à côté des rails. Le mariage et la vie de famille sont de trop grands dons de Dieu, de trop grandes bénédictions pour que nous les gâchions. Très important aussi: Dieu est infiniment grand dans sa grâce. Il peut, et il veut restaurer ce que nous tenons pour impossible. Et il le fait si on en appelle à sa grâce, avec une sincère repentance et la confession mutuelle.

J'aimerais encore attirer l'attention sur quelques paroles du Seigneur jésus lui-même (Matthieu 5 : 21-26 ; 18 : 15-17 et Luc 12, 13). Dans ces passages, le Seigneur parle d'un désaccord entre deux frères. Le mot «frères» peut être pris dans le sens littéral ou dans le sens d'une «parenté» spirituelle, ce qui n'enlève rien au principe. Dans les deux cas, des instructions claires sont données pour parvenir à la réconciliation.

Ce sont des cas très différents. Dans le premier, le Seigneur parle à une personne qui est elle-même responsable des mauvaises relations. Il faut qu'elle laisse son don devant l'autel et aille d'abord se réconcilier avec son frère. Le coupable doit se rapprocher et confesser son péché: «Confessez vos fautes l'un à l'autre.» Pour l'autre personne s'applique cette parole: Pardonnez-vous les uns aux autres, comme aussi le Seigneur vous a pardonné. Lorsque la dispute est réglée, c'est avec une pleine liberté que la première personne peut aller offrir son don.

Dans le deuxième cas, il s'agit de l'inverse. Ce n'est pas moi qui ai péché, mais c'est mon frère. Dans le cas de mauvaises relations, même si quelqu'un n'est pas en tort, il doit tout mettre en œuvre pour rétablir de bonnes relations. Il ne doit pas attendre de voir si l'autre vient à lui avec repentir mais doit prendre lui-même l'initiative, essayer de parler de cette affaire à son frère en vue de le gagner.

Si cela ne réussit pas, il doit prendre une ou deux personnes avec lui. S'il le fait dans un bon esprit, il choisira des personnes que le frère sera susceptible d'écouter. Si cette démarche ne sert à rien, il demandera à l'assemblée d'intervenir. Il a fait alors tout ce qui est en son pouvoir, et il ne lui reste plus qu'à attendre. L'autre, s'il s'obstine, sera considéré comme un homme des nations et comme un publicain.

Luc 12 : 13 nous parle de quelqu'un qui demande au Seigneur de l'aider dans une affaire d'héritage. A tort ou à raison, cet homme se sentait lésé par son frère. Le Seigneur refuse de prononcer un jugement, mais attire son attention sur la racine de son mauvais état: l'avarice. Et il donne un enseignement important à ceux qui sont autour de Lui.

On dit parfois que l'argent est cause de tous les maux. Ce n'est pas exact. Avec de l'argent, on peut certes faire beaucoup de mal, mais on peut aussi faire beaucoup de bien. Hélas, les questions d'héritage sont encore de nos jours, même entre «frères», une cause de désaccord, voire de haine et de querelles. On va jusqu'à se tourner vers un juge du monde au lieu de suivre le chemin enseigné en Matthieu 18. Paul parle de ce sujet en 1 Corinthiens 6 : 1-9. Il explique aux Corinthiens que c'est une faute d'avoir des procès entre eux et, en plus, de défendre leurs droits devant des juges incrédules. «Pourquoi ne supportez-vous pas plutôt des injustices? pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt faire tort?» Voilà un principe encore applicable parmi les croyants d'aujourd'hui, aussi bien dans l'assemblée que dans les relations courantes entre les membres d'une famille. Il convient que ceux-ci vivent ensemble dans une harmonie divine.

7. JACOB ET SA FAMILLE

(Genèse 27 à 34)

Dieu s'est révélé comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Qu'il se nomme le Dieu d'Abraham, cela se comprend. Ce patriarche a marché avec Dieu par la foi, Dieu l'a appelé son ami et lui a révélé ce qu'il allait faire . L'expression «le Dieu d'Isaac» ne nous paraît pas étrange non plus. Mais qu'il n'ait pas eu honte de s'appeler aussi le Dieu de Jacob, c'est vraiment chose étonnante. Nous voyons sa grâce sans limites. Comme nous aimons nous rappeler que nous avons, nous aussi, dans notre vie, le Dieu de Jacob pour secours!

Le premier acte qui nous soit rapporté au sujet de Jacob est qu'il a trompé son père aveugle (Gen. 27 : 1-29). Le dernier est que, par la foi, il a béni ses fils (Gen. 49 - voir aussi Héb. 11 : 21) . Entre les deux s'est déroulée l'histoire de sa longue vie et celle de sa famille, une histoire où on le voit tour à tour tomber et se relever.

Ces expériences vérifient les paroles du psaume 99 : 8: «tu as été pour eux un Dieu qui pardonnait, et prenait vengeance de leurs actes». C'est un enseignement important pour nous et nos familles. Si nous confessons nos péchés, nous pouvons compter sur le pardon de Dieu en grâce. Mais, selon sa justice et dans ses voies gouvernementales, il nous fait supporter sur la terre certaines conséquences de nos péchés.

Le fait que Jacob a quitté la maison est la conséquence d'un complot, d'une tromperie. Malgré cela, Dieu lui apparaît dans un songe à Béthel et lui fait de riches promesses. Jacob fait alors le voeu d'offrir là, à son retour, un sacrifice à l'Eternel (Gen. 28 : 10-22).

Au chapitre 29, nous apprenons que Jacob, le trompeur, est lui-même trompé par son oncle Laban, également trompeur. Celui-ci lui avait promis Rachel, pour laquelle il avait dû le servir sept ans. Mais lorsque ces années sont accomplies, Laban lui donne Léa. Certes, il reçoit aussi Rachel, qu'il aime, mais il doit encore servir sept ans pour elle. La situation de ces deux soeurs qui doivent vivre avec le même mari est tragique.

Nous apprenons quelle terrible discorde s'ensuit dans sa maison. Plus tard, lorsque la polygamie fut tacitement tolérée en Israël, les cas de ce genre demeurèrent interdits (Lév. 18 : 18). De plus, par jalousie, ses deux femmes imposent encore à Jacob deux servantes. Ainsi naissent ses douze fils et sa fille Dina.

Bien que tant d'années se soient écoulées, il a peur de rencontrer Esaü. De nouveau, il se montre calculateur et rusé, pour assurer le bon déroulement de la rencontre. Lorsqu'il reste seul la nuit au bord du torrent, Dieu lui apparaît.

Dieu se révèle à lui sous la forme d'un Ange. Dans d'autres passages de l'Ancien Testament, il est parlé de l'Ange de l'Eternel. Peut-être Jacob comprend-il seulement au cours de la lutte à quel adversaire il a affaire. Là, Jacob, le trompeur est brisé. Le prophète Osée dit plus tard: «il lutta avec l'Ange et prévalut: il pleura et le supplia» (chap. 12 : 5): Jacob demande: «Je ne te laisserai point aller sans que tu m'aies béni». Sa prière est exaucée et Dieu change son nom Jacob (qui tient par le talon, supplanteur) en Israël (vainqueur de Dieu) (Gen. 32 : 22-32). Bienheureux le chrétien qui, par la grâce de Dieu, vit son propre Peniel.

Auparavant, au chapitre 30, nous sont rapportés toutes sortes d'incidents survenus dans la famille de Jacob, notamment les tromperies réciproques de Jacob et de son oncle. Lorsque les fils de Laban aussi prennent une attitude hostile envers Jacob, l'Eternel lui donne l'ordre de retourner au pays de sa parenté.

En s'enfuyant et en trompant son oncle, pendant que Rachel vole les théraphim de son père, il s'attire la colère de Laban. Celui-ci le poursuit et, après qu'ils se sont exposés leurs griefs mutuels, ils concluent une alliance (chap. 31). Le chapitre 33 présente la réconciliation superficielle de Jacob avec Esaü et la poursuite de son voyage jusqu'à Sichem en passant par Succoth.

Au chapitre 34, Dina, la fille de Jacob, est humiliée par Sichem, après quoi ses frères, Siméon et Lévi, exercent leur vengeance par le mensonge et la violence. Jacob condamne la manière d'agir de ses fils et en reparle de façon encore plus claire en prononçant ses paroles prophétiques au chapitre 49.

Au chapitre 35, Dieu lui ordonne de quitter cette région et de s'établir à Béthel, où, des années auparavant, lorsqu'il s'enfuyait de devant son frère Esaü, il lui était apparu en songe. Jacob avait donné à ce lieu le nom de Béthel (maison de Dieu) et avait dit: «Que ce lieu-ci est terrible! » Entre-temps, Dieu a accompli toutes ses promesses et l'a ramené en sécurité dans son pays. Mais jusque-là, Jacob n'a pas encore accompli son voeu envers Dieu. Maintenant, Dieu lui-même doit le lui rappeler. Il dit à Jacob de bâtir un autel au Dieu qui lui était apparu là. On comprend sa crainte de revenir à ce lieu terrible. Le mauvais état moral de sa famille l'en avait retenu.

C'est pourquoi, avant de partir, il donne l'ordre à sa maison et à tous ceux qui sont avec lui d'ôter tout ce qui a rapport avec le culte des dieux étrangers. On ne voit pas que Dieu lui ait demandé de le faire. Visiblement, il comprend lui-même très bien que la sainteté sied à la maison de Dieu. Son appel est bien écouté et Jacob enterre tous ces objets sous un térébinthe près de Sichem. On lit aussi quelque chose de semblable en Actes 19 : 19. Des idolâtres convertis, qui s'étaient adonnés à des pratiques magiques, apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tous. C'était encore plus radical que chez Jacob, qui laissait la possibilité de les déterrer plus tard. Les magiciens d'Actes 19, en brûlant leurs livres, faisaient un sacrifice d'une valeur de cinquante mille pièces d'argent. On peut se demander s'ils n'auraient pas mieux fait de les vendre et d'en employer le prix pour faire du bien. Si quelqu'un pose cette question, il montre qu'il n'a aucune notion de la gravité de ce mal. Ceux qui pratiquaient la magie noire en étaient conscients, et leurs victimes aussi.

Ne pensons pas que ces pratiques appartiennent au passé. Dans certaines régions d'Afrique, je n'ai pu que trop me rendre compte de l'emprise de cette sorcellerie. Quand des hommes se convertissent au christianisme, ces puissances sont repoussées. Mais il faut que ce soit une réelle conversion des idoles vers Dieu. Le Seigneur Jésus a dit à cet égard: «Or quand l'esprit immonde est sorti d'un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et il n'en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti. Et y étant venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même; et étant entrés, ils habitent là; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Ainsi en sera-t-il aussi de cette génération méchante.» (Matt. 12 : 43-45).

Ces pratiques existent, non seulement en Afrique, mais aussi dans notre monde occidental. Plus de dix millions de personnes sont adonnées au spiritisme. La mystique orientale et l'occultisme progressent de façon terrifiante. De là découlent l'abus de drogues, les jeux de magie, la consultation des horoscopes, la pratique du yoga, etc. C'est l'esprit qui opère dans les fils de la désobéissance, et cet esprit a un pouvoir de séduction qui s'accroîtra encore.

J'attire l'attention sur la banalisation et la publicité faite à ces pratiques par la télévision. Elle a dégénéré insensiblement, mais irrésistiblement, en un podium où la haine, la jalousie, le meurtre, l'assassinat, ont été mis au rang des divertissements populaires les plus appréciés.

Les parents se rendent coupables quand ils s'exposent et exposent leurs enfants, à ces influences. Elles empêchent de préserver une atmosphère chrétienne dans nos maisons. Par contre, nous pouvons y contribuer de façon positive en chantant et en faisant de la musique ensemble. Dans la Bible, nous sommes exhortés à nous entretenir par des psaumes, des hymnes, et des cantiques spirituels. A Philippes, les prisonniers écoutaient si attentivement les chants de Paul et de Silas qu'ils ne s'enfuirent même pas lorsque les portes s'ouvrirent. Le roi Saül était apaisé par la musique de David et le prophète Elisée fut encouragé au service par les sons d'une harpe. Dans notre famille, nous avons goûté toute la valeur du chant et de la musique. Je me souviens d'avoir fait la connaissance d'une personne qui m'a dit: «C'est donc vous, le père de la grande famille où la musique et le chant occupent une si grande place? Lorsque nous rendions visite à vos voisins, nous écoutions dans le jardin avec beaucoup de plaisir.» Maintenant, de nouveau seuls, comme au début, avec ma femme, nous repensons avec joie à ce temps-là, et nos enfants aussi.

Considérons encore un instant les dernières années de la vie de Jacob, passées en Egypte. Les croyants hébreux, dans l'épître qui leur est adressée, étaient exhortés à se souvenir de leurs conducteurs. Ils devaient considérer l'issue de leur conduite et imiter leur foi. «Tout est bien qui finit bien», selon un dicton. La vie de Jacob s'est terminée à la gloire de Dieu. La discipline de Dieu, nécessaire parce que Jacob s'était écarté, a produit finalement le fruit paisible de la justice.

Genèse 47 : 7-10 fait le récit de sa rencontre avec le Pharaon. Celui-ci lui posa la question: «Combien sont les jours des années de ta vie? Et Jacob dit au Pharaon: Les jours des années de mon séjournement sont cent trente ans; les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais, et ils n'ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères, dans les jours de leur séjournement.» Et le monarque le plus puissant de ce temps-là reconnut que Jacob lui était supérieur: il reçut sa bénédiction. «Ta débonnaireté m'a agrandi» (Ps. 18 : 35). Nou voyons dans la vie de Jacob la confirmation de ces paroles de David.

Jacob vécut encore treize ans en Egypte. Lorsqu'il sentit sa fin approcher, il bénit ses fils. D'abord, Joseph vint vers lui avec ses deux fils, Ephraïm et Manassé. Joseph reçut une double bénédiction parce que ses deux fils furent comptés comme fils de Jacob et devinrent donc deux tribus.

Le droit d'aînesse avait en ce temps-là une grande importance. Esaü ne lui avait accordé aucune valeur et l'avait vendu pour un plat de lentilles. Il perdit la bénédiction que reçut Jacob. Ruben perdit cette bénédiction à cause de sa conduite immorale, que son père dut lui rappeler sur son lit de mort (voir aussi 1 Chroniques 5 : 1). Jacob plaça Ephraïm, le plus jeune, au-dessus de Manassé, l'aîné, non pas de façon arbitraire, mais par un acte de foi, comme l'explique Hébreux 11 : 21.

Par la foi également, Jacob a pu faire savoir aux douze tribus ce qui leur arriverait. Sa foi dans les promesses de Dieu pour l'avenir apparaît aussi dans ses dernières volontés: il désira être enterré auprès de ses pères dans le pays promis.

L'histoire de Jacob est très mouvementée, commencée par la tromperie, caractérisée par des chutes et des rétablissements, le péché et la confession.

Mais à la fin de sa vie, sa foi brilla de la façon la plus glorieuse. Nous le voyons sous le caractère d'un sacrificateur et d'un prophète lorsqu'il retira ses pieds dans le lit et expira. On lui fit un enterrement princier. Nous nous joignons au poète du psaume 146 (v.5) pour dire:

«Bienheureux celui qui a le Dieu de Jacob pour son secours, qui s'attend à l'Eternel, son Dieu.»

8. JOB ET SA FAMILLE

Job appartenait vraisemblablement à une tribu proche des Edomites. En lisant le livre qui nous relate son histoire, on est impressionné par sa grande connaissance de Dieu ainsi que par celle de ses amis, appelés par leur nom, et appartenant eux aussi à des peuples païens. Dieu lui-même rendit témoignage de cet homme devant Satan: «il n'y a sur la terre aucun homme comme lui, parfait et droit, craignant Dieu, et se retirant du mal» (Job 1 : 8).

Satan, l'accusateur des frères, avait surveillé Job de très près. Il avait aussi, sur la conduite irréprochable de ce juste, une explication qui était en même temps une accusation: si Job se comportait ainsi, c'est uniquement parce qu'il en tirait des avantages. Dieu donna carte blanche à Satan; par suite, ceux de Sheba tombèrent sur le pays, prirent les boeufs de Job et tuèrent ses jeunes hommes; puis le feu tomba du ciel et consuma ses brebis ainsi que les bergers; ensuite survinrent les Chaldéens qui prirent les chameaux et frappèrent les jeunes hommes; vint encore un messager pour annoncer qu'une tempête avait fait écrouler la maison de son fils aîné où les autres enfants étaient rassemblés, et que tous étaient morts.

Mais Satan n'atteignit pas son but. Job déclara: «l'Eternel a donné, et l'Eternel a pris; que le nom de l'Eternel soit béni! En tout cela Job ne pécha pas, et n'attribua rien à Dieu qui fût inconvenant» (Job 1 : 21-22).

Satan reçut alors la permission de toucher le corps de Job, sous réserve d'épargner sa vie. Il le frappa d'un ulcère malin. Mais là encore, ses plans échouèrent. Aucune plainte coupable ne monta aux lèvres de Job. Ses amis vinrent pour le consoler. Vingt-huit chapitres nous rapportent les conversations de ces quatre hommes au sujet du mystère de la souffrance. Ensuite viennent les chapitres 32 à 37, avec un long discours du quatrième ami, Elihu. Les derniers chapitres (38 à 42) renferment les paroles de Dieu adressées à Job et à ses amis.

Job et sa femme avaient une nombreuse famille: sept fils et trois filles. Manifestement, au commencement de ce livre, leurs fils étaient mariés; ils avaient quitté la demeure des parents et fondé un foyer, chacun dans sa propre maison. C'est une bonne chose, en tout cas ce qui est le plus souhaitable. Dans les régions agricoles, l'usage a été longtemps d'habiter chez ses parents, avec tous les inconvénients de cette situation.

Les filles de Job étaient certes à l'âge adulte, mais apparemment pas encore mariées, et elles habitaient encore avec leurs parents. Globalement, c'est le déroulement normal des choses, à notre époque aussi. Rien ne nous est donné sur les jeunes années des enfants, ni sur les problèmes d'éducation, bien qu'il y en ait eu sûrement, comme partout. Pour ces parents, ce dut être une grande satisfaction de voir leurs enfants trouver leur voie. Mais cette expérience est aussi un peu douloureuse. Un pédagogue bien connu a dit que le but de l'éducation devait être de se rendre soi-même superflu. Je suis d'accord, et pourtant ce n'est pas entièrement vrai.

Les parents ne deviennent jamais totalement inutiles. Ils suivront toujours leurs enfants avec intérêt et avec prière. Bien entendu, cet intérêt ne doit pas dégénérer en une manie de se mêler de tout. Il semble que ce soit difficile parfois, surtout pour les mères.

Les enfants de Job se rencontraient régulièrement lors de fêtes qui avaient lieu tour à tour dans l'une de leurs maisons. Les liens de famille étaient entretenus même après le mariage des fils. C'est une bénédiction, lorsque c'est encore le cas. Mais il semble que les parents n'étaient pas présents à ces fêtes . N'étaient-ils pas invités? Les enfants préféraient-ils rester «entre eux»? Se sentaient-ils plus libres alors? Avons-nous affaire ici aux symptômes du «conflit des générations»? C'est une expression moderne, mais bien sûr le phénomène lui-même est aussi vieux que le monde. Il y a toujours eu des générations.

Beaucoup de parents réagissent mal lorsqu'ils s'aperçoivent que leurs enfants deviennent indépendants. Je connais des cas où des parents persistaient à lire la correspondance de leurs enfants. Il est très grave que des parents, faisant preuve d'une méfiance injustifiée, perdent l'estime de leurs enfants. Et si cette méfiance se poursuit après le mariage des enfants, ceux-ci le ressentent comme une ingérence fâcheuse. Chaque nouvelle génération de croyants a devant elle le devoir de chercher de façon autonome une solution à tous les problèmes de sa famille. Ce qui fait autorité, ce sont les normes bibliques, invariables, dont les générations précédentes ont aussi tenu compte. Mais cela ne veut pas dire que, dans tous les détails, on doive suivre toujours le même type de comportement.

Si l'on pense que les normes divines sont vieillies et pourraient être mises de côté, on expose nécessairement le mariage et la vie de famille à s'échouer sur des écueils. Chaque génération doit lire la parole de Dieu avec prière et mettre en pratique ses principes immuables. Il se présente toujours de nouvelles circonstances et de nouveaux problèmes auxquels on doit chercher une réponse. On ne peut pas attendre de la nouvelle génération qu'elle suive d'emblée le modèle de l'ancienne et qu'elle prenne des décisions identiques. C'est impossible dans le domaine social et dans les affaires, aussi bien que dans les problèmes de la vie de famille. Il faut accepter ces différences de jugement et les façons d'agir différentes qui en découlent. Cela ne va pas forcément creuser un fossé entre les générations, bien que cela puisse en être un motif. Il est remarquable que le conflit des générations soit évoqué dans le tout dernier paragraphe de l'Ancien Testament. La solution y est aussi donnée, en même temps qu'est dévoilée la racine du conflit.

Il ne s'agit pas d'opinions ou de jugements différents. Ce texte parle du fossé qui s'est formé entre les coeurs. C'est un danger de nos jours encore, non seulement pour nos familles, mais aussi dans le cadre des assemblées.

Je n'ai rien contre les réunions pour jeunes ou les conférences où l'on aborde des thèmes qui intéressent les jeunes. Mais cela ne doit pas dégénérer au point que l'on s'écarte des «vieux» qui « me comprennent vraiment rien à nos problèmes» . On perd alors le respect et la considération dus aux plus âgés, et l'on se prive de leur expérience. De plus, cette affirmation bien superficielle n'est pas vraie. Les «vieux» ont également traversé cette crise en leur temps. A cet égard encore, il n'y a «rien de nouveau sous le soleil».

Je ne suis pas non plus contre le fait que les plus âgés avertissent des dangers de l'esprit de notre temps, auquel les jeunes sont tout particulièrement confrontés, et à cause duquel, hélas, quelques-uns se sont écartés du chemin. Mais il ne s'agit pas d'en venir à condamner froidement toutes leurs activités comme étant «charnelles». Cette affirmation, lorsqu'on la généralise, n'est pas vraie non plus. Spécialement dans leurs activités pour l'évangélisation, nous aimons à penser qu'ils sont toujours poussés par l'amour pour Christ.

La prudence et la circonspection des plus âgés, et l'enthousiasme des plus jeunes, sont des courants qui doivent se rejoindre. Il en résulte alors, dans le service pour Dieu, un sain équilibre et l'unanimité de pensée. En Malachie 4 : 5-6, nous lisons que Dieu envoie son prophète pour guérir les générations du fossé qui s'est creusé entre elles. «Et il fera retourner le coeur des pères vers leurs fils, et le coeur des fils vers leurs pères.» Lorsque, par le service divin du prophète, les coeurs sont amenés à se rejoindre, tout se simplifie pour les autres différences. Pour cela Dieu commence par opérer non dans le cœur des fils , mais dans celui des pères. N'y a-t-il pas là aussi la solution de beaucoup de problèmes dans le domaine de la famille et de la parenté? En ne parlant que des torts, en les répandant et en les attribuant à l'autre avec partialité, on ne fait qu'éloigner toujours plus les coeurs les uns des autres. Et, ce qui est encore plus grave, on les éloigne aussi du Seigneur. Mais par l'opération de la Parole et de l'Esprit de Dieu, les coeurs seront amenés au Seigneur, et par là même, l'un vers l'autre. Ensuite seulement, il sera possible de résoudre les difficultés survenues, dans le sentiment de la grâce et de l'amour.

Job et sa femme n'imposaient pas aux enfants leur présence à leurs fêtes, pour y exercer une bonne influence et prévenir d'éventuels «déraillements». Mais ils ne se retiraient pas en se sentant frustrés ou vexés. Au contraire! «Et il arrivait que, quand les jours de festin étaient terminés, Job envoyait vers eux et les sanctifiait: il se levait de bonne heure le matin et offrait des holocaustes selon leur nombre à tous, car Job disait: Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils maudit Dieu dans leurs coeurs. Job faisait toujours ainsi» (Job 1 : 5).

Aujourd'hui les pères ne peuvent pas faire exactement ce que fit Job car nous ne connaissons plus les holocaustes au sens littéral du terme. Mais le comportement de Job nous apprend beaucoup, à nous, parents d'aujourd'hui. Tout comme Job et sa femme, tous les parents doivent accepter le fait que, à leur mariage, les enfants quittent leur père et leur mère. Ensemble avec leur conjoint, ils forment une nouvelle unité indépendante, ayant sa propre responsabilité. Cependant les parents ne deviennent pas pour autant inutiles, de sorte qu'il ne leur resterait plus rien à faire. Il est un devoir qui demeure: suivre avec une attention pleine d'amour l'évolution de la nouvelle famille, et parfois l'assister selon tout ce qui est en leur pouvoir. Lorsque les parents remarquent des problèmes, ou que les enfants leur en confient, ils peuvent toujours recourir à la prière. Jacques nous y invite: «Priez l'un pour l'autre ... : la fervente supplication du juste peut beaucoup» (Jacq. 5, 16). Puis il attire l'attention sur la prière d'Elie, une prière qu'aucun homme n'entendit. Mais elle est montée jusqu'au ciel et a eu une influence sur ce qui s'est produit sur la terre. La prière sacerdotale de Job a été sans aucun doute d'une grande valeur pour sa famille. C'est un devoir, un privilège réservé encore aujourd'hui aux parents croyants.

Maintenant, comment Job et sa femme ont-ils réagi à la souffrance indicible qui s'est abattue sur eux si soudainement? Lisons encore une fois Job 1 et 2. Profondément affligé, Job se jeta à terre. Mais il ne se révolta pas contre Dieu. Il reconnut que tout ce qu'ils avaient était un don de Dieu, de sa pure grâce: «l'Eternel a donné». Mais il ajoute «l'Eternel a pris» . Il aurait pu parler des phénomènes de la nature, qui avaient causé la mort de ses enfants. Il aurait pu accuser à juste titre ceux de Sheba et les Chaldéens d'avoir été des meurtriers et des pillards. Mais alors il ne serait resté dans son coeur que douleur et amertume. Il n'aurait pas vu la main de Dieu dans cette souffrance. Il n'aurait pas pu dire non plus ensuite: «l'Eternel a pris». Et il ne serait jamais arrivé à la troisième affirmation: «le nom de l'Eternel soit béni». Sa vie de foi culmine au moment de sa souffrance la plus profonde, au chapitre 19 : 25-27. Citons ces paroles bien connues: «Et moi, je sais que mon rédempteur est vivant, et. .. de ma chair je verrai Dieu.»

Nous écoutons cette déclaration avec étonnement et admiration. Comme nous sommes loin des croyants d'autrefois lorsque nous traversons un temps d'épreuve dans notre vie de foi! Cependant nous ne voulons pas admirer cet homme, mais plutôt la grâce de Dieu qui a produit une telle foi dans le coeur de l'un des siens. Et ce Dieu n'a pas changé jusqu'à maintenant dans sa grâce envers eux.

J'ai connu un père qui perdit son fils aîné pendant la guerre. Celui-ci devait aller au travail dans un village où les troupes d'occupation firent une rafle, à titre de représailles. Tous les hommes qu'ils purent trouver furent faits prisonniers et emmenés en Allemagne. Ce fils en faisait partie. Aucun d'eux ne revint, lui non plus. Des mois plus tard, les parents reçurent un avis stipulant que leur fils était mort d'une «pneumonie» . Un ami essaya de les consoler en disant à ce père d'essayer quand même de retenir que le Seigneur l'avait permis. Ce frère répondit: «Cette pensée ne m'apporte aucune consolation. Non, je sais que Dieu a voulu reprendre mon fils dans Sa maison de cette manière-là».

Je n'ai jamais oublié ces paroles. Elles m'ont fait penser à celle de Job: «l'Eternel a pris». Quelle bénédiction pour nous aussi, dans un chemin de souffrance, de reconnaître la main du Seigneur et d'oublier celle des hommes!

On peut supposer que, jusqu'à ce moment-là, sa femme s'était tenue fidèlement à ses côtés, et qu'ils avaient partagé joies et peines, ce qui devrait toujours être le cas. Mari et femme n'ont-ils pas, lors du mariage, fait la promesse solennelle de s'aimer, de se prêter assistance l'un à l'autre, pour les bons et les mauvais jours, dans une fidélité réciproque, jusqu'à ce que la mort les sépare? Il est vrai que Job et sa femme n'ont jamais entendu ni signé la formule consacrée. Mais est-ce que cela n'a pas été de tout temps l'intention de Dieu pour chaque couple uni par Lui, comme mari et femme, par le lien du mariage? Comme on l'oublie facilement parfois quand viennent des «jours mauvais»! De ce point de vue, d'ailleurs, même des jours de grande aisance matérielle peuvent être «mauvais», exactement comme les jours de peine et de déception. Que de fois ne voyons-nous pas l'un des partenaires abandonner la fidélité promise. Et cela aboutit souvent au divorce. Mais cela n'a jamais été l'intention deDieu. Il hait le divorce.

Un début de refroidissement des relations entre Job et sa femme apparaît ici clairement. Cette dernière en avait assez. Elle a perdu sa confiance en Dieu et conseille à son mari d'en faire autant, avec ces paroles de reproche: «Restes-tu encore ferme dans ta perfection? Maudis Dieu et meurs!» (Job 2 : 9). Comme ce devait être dur, pour cet homme si éprouvé, de perdre le soutien de sa femme dans ces circonstances ! Cependant, même dans cette épreuve, il ne cède pas. Il repousse résolument ses paroles.

Quelqu'un a fait remarquer qu'il n'appelle pas sa femme une insensée, mais qu'il dit: «Tu parles comme parlerait l'une des insensées» (chap. 2 : 10). C'est là qu'apparaît sa patience. L'expression «patience de Job» (Jacq. 5 : 11) nous rappelle ce qui distinguait cet homme. Job dit à sa femme: « nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal?» Il ne dit pas «je», mais « mous». Ces mots renfermaient en fait, pour sa femme, une exhortation à ne pas se dissocier de lui.

Ces paroles sont aussi d'un grand enseignement pour nous. Nous sommes volontiers disposés à recevoir, avec reconnaissance, le bien comme venant de Dieu. Mais quant au mal, nous avons souvent tendance à en rechercher les causes. Un médecin a dit une fois avec un peu d'amertume au sujet de ses patients chrétiens: «Quand tu te donnes de la peine et que tu réussis à les tirer d'affaire, ils disent: C'est Dieu qui m'a guéri. Si, malgré tous tes efforts, tu échoues, c'est la faute du médecin qui n'a pas établi le bon diagnostic et n'a pas prescrit le bon médicament. On n'a aucune considération de la part de ce genre de personnes.» Je comprends un peu le raisonnement de ce médecin.

Nous devons être prudents dans nos pensées et dans nos paroles. Un croyant qui vit dans l'esprit de Job ne tient pas de tels propos.

Par la suite, nous ne lisons plus rien au sujet de la femme de Job. Satan aussi, qui a pris la parole deux fois, disparaît de la scène. Cependant la souffrance terrible de Job continue.

Ses amis apparaissent alors pour le consoler. Mais leurs longues discussions n'aboutissent à rien de semblable. Ses amis posaient comme principe la majesté, la souveraineté et la justice absolue de Dieu. En cela, ils montrèrent de l'intelligence, et ils exprimèrent de bonnes pensées sur ces sujets. En revanche, ils se trompaient en partant du principe que la souffrance humaine devait être considérée comme la juste rétribution de Dieu pour le mal commis.

Job se défendit passionnément, maintint imperturbablement sa propre justice et continua de se battre contre un problème qu'il ne pouvait résoudre. Ses réponses se firent de plus en plus véhémentes et il employa des mots inacceptables. En même temps les paroles des amis devinrent toujours plus dures. Ils accusèrent Job d'hypocrisie, prétendirent qu'il avait fait du mal en secret, et finalement, qu'il avait péché publiquement.

En partant de mauvais principes et en appliquant sans charité ce qu'ils tenaient pour la vérité, ils devinrent pour Job plutôt des accusateurs que des consolateurs. Ce fut vraiment un dialogue de sourds, et ainsi ils ne parvinrent pas à résoudre le problème. Ensuite, c'est un ami plus jeune, Elihu, qui prit la parole. Il s'adressa aussi bien aux amis qu'à Job lui-même et ce qu'il dit est bien digne de considération. Mais il n'arriva pas à réfuter radicalement leurs arguments. Lui non plus n'avait pas de solution au problème de Job, ni de réponse à ses questions.

Finalement, Dieu lui-même prit la parole. A Job il fit comprendre Sa grandeur et Sa majesté, et le néant de Job. Convenait-il à une vaine créature comme lui de se poser en critique face au Tout-Puissant, de l'accuser d'une prétendue injustice ? Job mit la main sur sa bouche. Il n'avait pas de réponse. Ses derniers mots furent: «J'ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas ... C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (Job 42 : 3-6).

Dieu parla aussi aux amis de Job et leur adressa des paroles sévères. Ils avaient accusé Job à tort, mais, plus grave encore, ils avaient parlé de Dieu d'une manière inconvenante. C'est pourquoi ils durent offrir un holocauste, et demander à Job de prier pour eux. Dieu exauça cette prière, de sorte qu'ils ne furent pas punis pour leur péché. Ainsi, Dieu avait atteint son but pour Job et pouvait maintenant changer son sort. Les amis aussi avaient appris leur leçon.

Nous sommes tous, dans nos familles, confrontés au problème de la souffrance. Il y a quelques années, nous assistions, ma femme et moi, avec un couple de nos enfants, à l'enterrement d'un de leurs fils. Un gentil garçon de treize ans, à l'avenir plein de promesses, et qui avait montré qu'il aimait son Sauveur, leur était repris soudainement. Circulant à bicyclette, il avait été accroché par un bus qui faisait une manoeuvre imprudente, et il était mort sur le coup. Un choc terrible pour les parents, pour les autres enfants, et pour nous les grands-parents. Je pense que plus d'un lecteur a dû passer par des circonstances semblables. Parfois s'élève la question: Pourquoi fallait-il que cela nous arrive? Alors Satan se tient prêt à décocher ses flèches pour semer dans nos coeurs l'incrédulité et le doute à l'égard de l'amour de Dieu.

Nos enfants étaient profondément affligés, la souffrance était difficile à accepter, mais ils ne se révoltèrent pas. Ils ne ressentirent pas non plus de rancune vis-à-vis du conducteur qui avait provoqué l'accident. Par Sa grâce, ils purent voir la main du Seigneur dans ce qui leur était arrivé. Sur leur calendrier, il y avait justement ce jour-là le verset: «Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite» (Jean 13, 7). Ces paroles nous ont particulièrement consolés. Celui qui les croit peut chanter dans les circonstances les plus difficiles, même dans les larmes:

Si je dois souvent marcher sans comprendre,

Là-haut, bientôt, je comprendrai.

Nous ne devons pas demander le pourquoi ni nous évertuer à chercher la cause en nous-mêmes ou chez d'autres, ce qui produit davantage la révolte que la paix. Il vaut mieux chercher à découvrir ce que le Seigneur veut nous enseigner par ces circonstances.

Une évidence s'imposa très rapidement. Peu après, un accident semblable se produisit dans le voisinage. Les parents étaient désespérés et inconsolables. A ce moment-là, nos enfants eurent les mots appropriés pour consoler les autres de la consolation dont ils avaient été eux-mêmes consolés par Dieu (2 Cor. 1 : 4). Par la parole de Dieu, nous savons quelque chose de ce que Job dut apprendre dans son difficile chemin de souffrance. «Mais nous savons que toutes choses (donc aussi la déception, la maladie, la souffrance, le deuil) travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos» (Rom. 8, 28). C'est pourquoi, dans un chemin de souffrance et de discipline, nous devons toujours chercher à voir la main d'amour du Seigneur, y compris dans notre famille. Alors nous serons gardés de la mépriser en y restant insensibles; dans ce cas, nous n'apprendrions rien. Nous n'allons pas non plus nous effondrer, mais nous serons spirituellement exercés par elle. «Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle» (Héb. 12 : 11). La vérité de ces paroles est confirmée par l'histoire de Job.

9. AMRAM ET SA FAMILLE

(Exode 2, 1-10; 6, 20)

«Et un homme de la maison de Lévi alla, et prit une fille de Lévi; et la femme conçut, et enfanta un fils; et elle vit qu'il était beau; et elle le cacha trois mois. Et comme elle ne pouvait plus le cacher, elle prit pour lui un coffret de joncs, et l'enduisit de bitume et de poix, et mit dedans l'enfant, et le posa parmi les roseaux sur le bord du fleuve. Et sa sœur se tint à distance pour savoir ce qu'on lui ferait. Et la fille du Pharaon descendit au fleuve pour se laver, et ses jeunes filles se promenaient sur le bord du fleuve; et elle vit le coffret au milieu des roseaux, et elle envoya sa servante, qui le prit; et elle l'ouvrit, et vit l'enfant; et voici, c'était un petit garçon qui pleurait. Et elle eut compassion de lui, et dit: C'est un des enfants des Hébreux. Et sa soeur dit à la fille du Pharaon: Irai-je et appellerai-je auprès de toi une nourrice d'entre les Hébreues, et elle t'allaitera l'enfant? Et la fille du Pharaon lui dit: Va. Et la jeune fille alla, et appela la mère de l'enfant. Et la fille du Pharaon lui dit: Emporte cet enfant, et allaite-le pour moi, et je te donnerai ton salaire. Et la femme prit l'enfant, et l'allaita. Et l'enfant grandit, et elle l'amena à la fille du Pharaon, et il fut son fils; et elle appela son nom Moïse, et dit: Car je l'ai tiré des eaux» (Exode 2 : 1-10).

Ainsi se présente le début de l'histoire de Moïse. Ensuite, ses parents passent complètement à l'arrière-plan, et nous n'entendons plus parler d'eux dans le récit. Dans son discours devant le sanhédrin, Etienne a brièvement résumé cette histoire en disant: «En ce temps-là naquit Moïse, et il était divinement beau; et il fut nourri trois mois dans la maison du père. Mais, ayant été exposé, la fille du Pharaon l'emporta, et l'éleva pour elle, afin qu'il fût son fils» (Actes 7 : 20-21). Hébreux 11 : 23 dit de lui: «Par la foi, Moïse, étant né , fut caché trois mois par ses parents, parce qu'ils virent que l'enfant était beau, et ils ne craignirent pas l'ordonnance du roi ».

Peu de détails nous sont donnés sur ce couple. Mais ils sont tous d'une grande importance, et dignes d'être examinés de près.

Amram et Jokébed (Ex. 6 : 20) étaient unis dans leur foi en Dieu. Voilà la base fondamentale d'un bon mariage. C'étaient un homme et une femme de prière, qui, dans leurs décisions, se laissaient conduire par Dieu et par sa parole. Amram, le lévite, s'était marié avec une fille de Lévi: c'était une femme donnée par Dieu, celle qui lui correspondait, comme la suite l'a confirmé.

Pour qu'un jeune homme trouve la femme qui lui convient, il est nécessaire qu'il reste dans la dépendance du Seigneur par la prière. Il est indispensable d'attendre la direction de Dieu. J'ai l'impression que, dans ce domaine plus que dans tout autre, on prend souvent ses désirs pour des réalités. On croit volontiers que Dieu a tout dirigé, alors que l'on suit sa propre volonté.

J'ai connu un jeune homme qui s'intéressa à une jeune fille et la demanda en mariage. Elle ne réagit pas comme il s'y attendait et demanda du temps pour réfléchir et prier pour savoir si c'était la volonté de Dieu pour elle. Elle s'en tint à cette attitude, quoiqu'il ait continué de faire pression sur elle car, assurait-il, il était parfaitement clair pour lui que le Seigneur les avait conduits à se rencontrer et les avait destinés l'un à l'autre. Trois mois plus tard, il se liait avec une autre jeune fille.

Le sage roi Salomon a dit: «Une femme vertueuse! Qui la trouvera?» (Prov. 31, 10). Un peu plus loin: «La grâce est trompeuse, et la beauté est vanité; la femme qui craint l'Eternel, c'est elle qui sera louée» (v. 30). Affirmer qu'on a la certitude d'être conduits l'un vers l'autre par la main de Dieu ne doit pas être une expression vide de sens.

Amram et Jokébed ont montré une véritable unité dans la foi en traversant de grandes épreuves: «En ce temps-là naquit Moïse» (Actes 7 : 20). Ses parents connaissaient l'ordre du Pharaon: tous les jeunes garçons hébreux devaient être jetés dans le Nil. Alors, était-ce bien le moment de se risquer à mettre un enfant au monde? De plus, ils avaient déjà deux enfants, une fille et un fils de quelques années de plus. Cela ne suffisait-il pas?

De nos jours, il faut souvent beaucoup moins d'arguments de cette importance pour que des parents considèrent que la famille est au complet. Déjà du temps d'Amram on savait aussi comment éviter une grossesse. Mais ces parents-là acceptèrent par la foi l'arrivée d'un nouvel enfant, comme une bénédiction. Et quelle bénédiction! Moïse fut l'homme qui devait faire sortir le peuple de la captivité et le conduire dans le pays promis. «Par la foi, Moïse, étant né, fut caché trois mois par ses parents» (Héb. 11 : 23). Exode 2 nous raconte ce qu'a fait ensuite la mère avec l'aide de sa fille . Le père reste à l'arrière-plan. Dans l'épître aux Hébreux, il est parlé de la foi des parents.

Dans la famille d'Isaac et de Rebecca, nous avons malheureusement dû constater, hélas, que le père et la mère avaient des avis différents sur l'éducation des enfants et que chacun agissait à son idée. Les conséquences ne manquèrent pas de se faire sentir, pour eux et leurs enfants.

Je crains que ce mal n'existe que trop souvent de nos jours. Beaucoup d'enfants savent bien qu'ils ont un père et une mère, mais ils n'apprennent pas qu'ils ont des parents. Ils ne voient pas leur père et leur mère liés l'un à l'autre dans l'amour et formant une unité. Si cette relation n'existe pas, les enfants ne manquent pas de s'en apercevoir. L'oeil d'un enfant voit très clair et son coeur ressent très nettement la situation. Ces petits malins sont très adroits pour l'exploiter et arriver à leurs fins . Parfois ils essaient de mettre leur père à contribution, dans d'autres cas, ils s'adressent à leur mère. Cela devient grave lorsqu'ils arrivent avec succès à transformer un «non» du père en un «oui de la mère, ou inversement. C'est d'un effet désastreux sur l'unité de la famille et sur l'éducation des enfants. Les enfants n'ont pas seulement besoin d'un père et d'une mère, il leur faut des parents animés du même sentiment!

C'est une bénédiction pour Marie, Aaron et Moïse d'avoir eu des parents bien unis et d'avoir reçu une bonne éducation dans la crainte du Seigneur; leur vie en a été marquée.

Il est tout naturel que, au début de cette histoire, l'activité de la mère apparaisse au premier plan. Le père découvre souvent que, pour s'occuper d'un bébé, il a deux «mains gauches». Les premiers temps, il en laisse volontiers le soin à sa femme. Plus tard, il aura un plus grand rôle, - si du moins il le remplit! Malgré tout, il est bon que même le père apprenne à changer le bébé et à faire la vaisselle. Cela lui permet de comprendre que sa femme peut parfois être fatiguée à cause de tous les soucis et de toutes les charges de la maison, tout comme lui à cause de son activité professionnelle.

Jokébed paraît avoir agi d'une manière tout à fait indépendante, mais elle l'a fait selon le plan qu'ils avaient établi ensemble dans l'obéissance de leur foi devant Dieu. Les parents ont manifestement inclu aussi leur fille Myriam dans leur plan. Ils devaient mettre le bébé aussi protégé que possible dans le Nil. Mais en pensée nous pouvons voir ces trois (Aaron était encore trop petit) se concerter et s'agenouiller ensemble pour supplier Dieu de donner une issue favorable .

Grâce à l'intervention de Dieu, les parents eurent la possibilité de ramener leur petit garçon à la maison. Jokébed put allaiter son bébé. Mais nous sommes persuadés qu'elle a profité de ces années, non seulement pour nourrir son fils, mais aussi pour l'élever «dans la crainte de l'Eternel» , comme le dit la Bible.

Nous ne savons pas combien de temps elle l'a gardé. La Bible dit seulement: «l'enfant grandit, et elle l'amena à la fille du Pharaon». Elle a sûrement prolongé et mis à profit cette période aussi longtemps et aussi bien que possible.

Dans un de ses livres, le Professeur Waterink rapportait une conversation entre plusieurs mamans sur l'éducation des enfants et sur les influences qui s'exercent sur eux. Soudain, une jeune mère s'écria: «Quel temps terriblement court nous avons pour élever nos enfants!» Ce cri déclencha des rires. Mais Waterink continuait ainsi: «Je souhaiterais plutôt que toutes les mères soient profondément pénétrées du sentiment qu'elles n'ont que peu de temps pour élever leurs enfants.»

Il avait raison. Malheureusement, beaucoup de parents n'ont aucune idée des influences auxquelles leurs enfants sont soumis. Savons-nous seulement quelles lectures on met entre leurs mains? Il est d'autant plus important qu'ils apprennent à résister aux mauvaises influences par une saine éducation biblique à la maison agissant comme un contrepoison.

La parole de Salomon, en Proverbes 22 : 6, conserve encore toute sa valeur: «Elève le jeune garçon selon la règle de sa voie; même lorsqu'il vieillira, il ne s'en détournera point.» Cette leçon s'est vérifiée dans la vie de Moïse. L'instruction reçue «dans toute la sagesse des Egyptiens» n'a pas pu avoir de prise sur lui. J'ose mettre en doute qu'il en ait tiré beaucoup de profit pour l'accomplissement de sa tâche. Certains pensent que oui, que Moïse, dans ses ordonnances, a beaucoup emprunté à la sagesse des Egyptiens. Mais il est clairement dit que c'est selon le modèle que Dieu lui avait montré sur la montagne que Moïse a disposé le tabernacle et tous ses ustensiles.

Les lois concernant la nourriture et celles concernant l'hygiène surpassent de beaucoup celles que l'on peut trouver dans des anciens écrits d'Egypte souvent remplis d'absurdités. Aujourd'hui encore les médecins reconnaissent leur haute valeur. Par exemple, Moïse a prescrit d'exécuter la circoncision le huitième jour. Or on a découvert que c'est précisément ce jour que la perte de sang est la moindre. Cette sagesse, Moïse ne la tenait pas non plus des Egyptiens. C'était la sagesse d'en-haut, l'inspiration du Saint Esprit. Bien sûr, je ne veux pas prétendre par là qu'une bonne école, une formation spécialisée, ou une université sont sans valeur. De la part d'un ancien enseignant, ce serait malvenu!

En Hébreux 11 : 24-26, nous lisons: «Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d'être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant plutôt d'être dans l'affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l'opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l'Egypte; car il regardait à la rémunération.»

Il ne nous est pas dit à quel âge Moïse a pris cette décision. L'éducation qu'il avait reçue à la maison a sans aucun doute influencé ce choix. La vie en Egypte et la position qu'il y occupait ont dû constituer une tentation pour ce jeune homme. Pour y opposer la résistance nécessaire, la force d'une bonne éducation à la maison n'était pas suffisante. Il fallait prendre une décision personnelle et faire le choix de la foi. C'est ce que doivent bien considérer tant les parents que les enfants qui grandissent. La plupart des conversions et des choix de la foi ont lieu avant vingt ans. Plus tard, l'expérience montre qu'il devient de plus en plus difficile de se livrer au Seigneur et de rompre avec le péché. Les parents de Moïse ont certainement été témoins de la transformation intérieure qu'il a connue.

Un poète a dit: «Un talent se forme dans le secret, un caractère, dans la vie quotidienne.» Les traits de caractère que Moïse montra lors de sa première sortie en Egypte (Ex. 2 : 11 et suiv.) le rendaient impropre à son appel. Il se trompait, non quant à sa vocation, mais quant au moment. Dieu devait d'abord le mener à l'écart, à Madian. Là, auprès des brebis, il a appris ce que toute la sagesse des Egyptiens ne pouvait pas lui inculquer: la patience et la douceur, conditions indispensables pour conduire un peuple si nombreux, si difficile, à travers le grand et terrible désert. C'est ce qu'il a appris dans une deuxième période, d'une durée de quarante ans. Nous ne voyons pas que Moïse ait eu des contacts avec son peuple pendant ces quarante années en Madian. Mais Dieu, pendant tout ce temps, ne l'avait pas perdu de vue. Lorsqu'il jugea le moment venu, il apparut à Moïse dans un buisson ardent de feu et lui dit: «J'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu le cri qu'il a jeté à cause de ses exacteurs; car je connais ses douleurs .. . Et maintenant, viens, et je t'enverrai vers le Pharaon, et tu feras sortir hors d'Egypte mon peuple, les fils d'Israël» (Ex. 3 : 7, 10).

Comme Moïse ne se sentait plus à la hauteur de cette tâche, Dieu le rassure: «Je serai avec toi» . Cette promesse aurait dû suffire, mais Moïse fit encore des objections, cinq fois en tout. Plein de patience et de grâce, Dieu prévint toutes ses craintes. Quand Moïse, à la fin, demanda à être dispensé de ce travail, Dieu lui promit de lui envoyer son frère Aaron pour le seconder et parler pour lui.

Alors Moïse, avec sa femme et ses fils, retourna en Egypte pour y accomplir sa mission et libérer le peuple. Quarante ans auparavant, il avait tenté de le faire sans en avoir reçu l'ordre, et par ses propres forces; ce fut un échec. Il n'avait pu supporter l'attitude de refus de son peuple, avait craint la fureur du Pharaon et s'était enfui à Madian. Maintenant, il était en mesure d'assumer la réaction décevante du peuple et il ne craignait pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. Et cela, par la foi en celui qui l'avait appelé et envoyé (Héb. 11 : 27) .

Nombres 12 : 3 nous apprend que «cet homme, Moïse, était très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre» . Qui aurait pensé une pareille chose après sa première apparition publique, lorsque, sous l'impulsion de la colère, il avait tué l'Egyptien? C'est une leçon pour nous: un croyant n'a jamais à s'excuser en alléguant son mauvais caractère, sa vivacité .. .

La Bible nous enseigne que l'on peut avoir le contrôle sur tous les défauts de la vieille nature par la puissance du Saint Esprit. Mais personne ne doit penser que la vieille nature peut être améliorée ni son caractère devenir plus noble. Moïse, malgré le magnifique témoignage de Nombres 12, ne fait pas exception. Près de la fin du voyage, il se laissa pousser à l'irritation par le peuple rebelle. Au lieu de parler au rocher, comme l'Eternel le lui avait commandé, il le frappa deux fois . Certes, par la grâce de Dieu, l'eau jaillit, mais, comme punition de sa désobéissance, Moïse perdit le privilège d'introduire personnellement le peuple dans le pays promis (Nomb. 20 : 7-13) .

Aaron, son frère , qui partageait sa culpabilité, dut subir la même peine. Il est parlé d'Aaron pour la première fois en Exode 4 : 14. Leur service pour le peuple est résumé dans Exode 6 : 26 et 27.

Puis, il y a encore Marie, la fille aînée. Elle aussi est sortie d'Egypte. Au bord de la mer Rouge, avec un tambourin, elle a chanté un cantique avec toutes les femmes: «Chantez à l'Eternel, car il s'est hautement élevé» (Ex. 15 : 21).

En tant que prophétesse, elle a certainement tenu une place importante parmi le peuple. Pourtant, pas plus que ses frères, elle n'était exempte de faiblesse. Poussée par la jalousie, elle entraîna Aaron à se rebeller contre l'autorité de Moïse, et fut frappée de lèpre en châtiment. Mais Moïse se montra prêt à pardonner. Il fit cette courte prière: «O Dieu! Je te prie, guéris-la» . Il fut exaucé. Après une semaine d'exclusion hors du camp, elle put reprendre sa place au milieu du peuple (Nomb. 12).

Voilà, en bref, ce qui nous est dit sur les trois enfants d'Amram et de Jokébed. Quelle place bénie ont-ils occupée parmi le peuple! Si les parents avaient pu voir tout cela!

Mais à eux aussi s'applique la parole: «ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent» (Apoc. 14 : 13). Et nous pouvons nous reporter à l'exemple de ce couple fidèle qui, dans des circonstances aussi difficiles, a élevé à la gloire de Dieu les enfants qui lui étaient confiés.

10. MANOAH ET SA FAMILLE

(Juges 13)

La famille qui va nous occuper maintenant ne comprend que trois personnes: le père, la mère et un fils. Juges 13 nous apprend que ce couple n'avait pas d'enfant, car la femme, dont le nom ne nous est pas donné, était stérile.

Le Seigneur lui-même apparut à cette femme, sous l'apparence de l'Ange de l'Eternel, ainsi qu'il est souvent désigné avant d'avoir été «manifesté en chair» . Ses paroles montrent qu'il connaissait parfaitement la situation de cette femme. Il lui promit qu'elle aurait un fils, et que celui-ci serait nazaréen de Dieu. Nombres 6 renferme toute la loi du nazaréen. Quelques points en sont mentionnés ici: ne pas se couper les cheveux, ne pas boire de vin ni de boisson forte, ne rien manger d'impur.

Comme la femme rapportait ces paroles à son mari, Manoah demanda que l'homme vienne encore vers eux. Non parce qu'il ne pouvait croire; sa prière prouve le contraire. Il supplia: «Ah, Seigneur! que l'homme de Dieu que tu as envoyé, vienne encore vers nous, je te prie, et qu'il nous enseigne ce que nous devons faire au jeune garçon qui naîtra» (Juges 13 : 8) .

Nous avons déjà parlé de la nécessité de se préparer par la prière à être parents, ce qui est peut-être parfois trop négligé par les parents chrétiens. Pourtant, comment pourrait-on remplir la mission d'élever des enfants sans la sagesse d'en haut? La prière de Manoah fut exaucée. Il eut l'occasion de poser ses questions. A celles-ci, et c'est bien remarquable, l'Ange ne répond qu'en disant quelle devait être la conduite de la future mère.

Je suis de plus en plus convaincu que le secret de l'éducation des enfants dépend en premier lieu du comportement des parents. Il faut s'y préparer à l'avance. Le contrôle de soi n'est pas dans la nature de la femme, et encore moins dans celle de l'homme. Au début, dès avant la naissance, c'est la mère qui a le rôle le plus grand. Elle porte l'enfant et le met au monde. Elle le nourrit et lui donne ses soins. C'est elle qui, la première, exerce son influence sur le jeune enfant, physiquement et moralement. C'est pourquoi la femme doit se préparer à être bientôt maman. Souvent, les futures mères reçoivent beaucoup de bons conseils plus ou moins judicieux. Mais on peut beaucoup apprendre de ce que l'Ange a dit à Manoah. Il va de soi que la consommation exagérée d'alcool, le tabac, les narcotiques, sont nocifs pour l'enfant avant la naissance, et après aussi. Mais d'une manière générale, une autodiscipline reste indispensable, et elle l'est pour le mari également, si l'on veut que l'éducation de ses enfants ait d'heureux résultats.

Il est absolument indispensable que des parents croyants demandent par la prière la sagesse dont ils ont besoin pour élever leurs enfants. Un jeune couple, que nous connaissions bien, avait une mignonne petite fille de trois ans environ. Un soir, à l'heure d'aller au lit, on lui demanda, comme d'habitude, de donner un baiser et de dire bonne nuit, mais la réponse fut un «non» catégorique. Malgré l'insistance du père, c'était toujours « non!» . Une tape n'apporta aucun changement. Aller «au coin» n'eut pas plus de succès. Le «non!» obstiné sonnait de plus en plus nettement dans la petite bouche. Alors le père la mena dans une autre pièce et ferma la porte. Découragés, les parents étaient assis côte à côte.

Les parents qui ont eu plusieurs enfants connaissent cette période difficile des «non!» des petits, et ils apprennent peu à peu la meilleure manière d'y réagir. Pour ces parents-là, c'était une nouvelle expérience pénible. La mère commença à pleurer. A son avis, son mari devait en finir et céder. Mais il ne pouvait accepter que la volonté de la petite soit plus forte que la sienne. Ils en seraient presque arrivés à se disputer. Alors ils se mirent à genoux et implorèrent la sagesse du Seigneur. Puis le père ouvrit la porte et dit gentiment: «Viens donc, Anne».

Avec entrain, la petite entra et dit: «Bonne nuit, papa, bonne nuit, maman!» Un baiser, et, satisfaite, elle alla au lit. Je pense que le changement de ton dans la voix sévère du père (pourtant ici, sans aucun doute, il s'agit d'une réponse à la prière) a brisé sa résistance.

Sur un tableau au mur, j'ai lu une fois ces mots: «La prière change tout». Ce n'est pas une parole de la Bible, et pourtant ces mots sont vrais. Souvent, le changement se produit tout d'abord dans le cœur de celui qui prie, comme dans l'exemple ci-dessus. Si tous les parents étaient conscients de l'importance de la prière pour leurs enfants, et parfois aussi avec leurs enfants, je pense que cela leur apprendrait aussi à exercer de la bonne manière l'autorité que Dieu leur a donnée. Et qu'en est-il lorsque les enfants grandissent, qu'ils deviennent indépendants et quittent la maison? La prière des parents continue, et souvent s'intensifie encore. Et quand se manifeste ce qu'on appelle le conflit des générations et que les opinions se heurtent? Là aussi, il faut prier plus que jamais!

J'ai déjà dit que le secret de l'éducation est avant tout une question d'exemple et de discipline personnelle.

Peut-être connaissez-vous l'histoire de ce garçon qui recevait les remontrances de son père: «Quand j'avais ton âge, je faisais bien mieux que toi.» Suivait une énumération de toutes sortes de vertus. «Pourras-tu toi aussi en dire autant à tes enfants, plus tard?» Réponse: «Oh sûrement! Mais je ne sais pas si je réussirai à le faire avec le même air d'innocence que toi.» C'était une réponse impertinente; peu d'enfants répliqueraient ainsi. Mais il est bien vrai que l'oeil d'un enfant voit et que son oreille enregistre beaucoup plus que nous ne pensons. On ne peut pas espérer que des exhortations donnent de grands résultats si on n'en tient pas compte soi-même.

Paul écrivait aux Philippiens: «Ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et vu en moi, - faites ces choses» (Phil. 4 : 9). Voilà une leçon importante pour des éducateurs!

Au sujet des relations entre mari et femme dans ce couple, on peut encore remarquer un point intéressant. Lorsqu'ils montrèrent leur reconnaissance en apportant un holocauste, ils virent un miracle. L'Ange de l'Eternel monta dans la flamme de l'autel. Manoah prit peur et craignit de devoir mourir. Mais sa femme lui répondit: «Si l'Eternel eût pris plaisir à nous faire mourir, il n'aurait pas accepté de notre main l'holocauste et le gâteau» (Juges 13 : 23). Ici, la femme montre un plus grand discernement spirituel et une plus grande foi que son mari. Si physiquement, le mari est souvent plus fort que sa femme, spirituellement, c'est loin d'être toujours le cas; il n'est pas rare même que ce soit l'inverse.

A notre mariage, un frère prit un exemple dans la nature, pour illustrer la relation idéale dans le mariage. Il compara le mari à un chêne, et la femme à un pied de lierre s'y cramponnant. Cette image me plut. Je voulais bien être ce chêne robuste, inébranlable. Et l'aimable jeune fille assise à côté de moi, devenue ma femme quelques heures auparavant? N'était-ce pas merveilleux qu'elle vive désormais toujours près de moi et trouve en moi force et soutien? Mais bientôt, nous avons remarqué que cette image n'était pas appropriée. Je fis la pénible découverte que je n'étais pas le robuste chêne que j'aurais aimé être. Je n'étais pas toujours le plus fort dans toutes les circonstances de la vie du foyer. Et ma femme n'était pas l'aimable lierre dépendant de moi. Elle montrait qu'elle avait elle-même deux jambes sur lesquelles elle pouvait parfaitement se tenir debout.

Je suis reconnaissant que cette illustration ne rende absolument pas la réalité de la relation. Pour le chêne, quelle est l'utilité d'une plante grimpante, si jolie et si décorative soit-elle? Elle ne lui est d'aucun soutien pour résister aux tempêtes de l'automne! Quoique belle, elle n'est finalement rien d'autre qu'un parasite.

Du reste, une telle relation n'était pas le but de Dieu lorsqu'il donna Eve à Adam. Et ce n'est pas son dessein lorsqu'il unit mari et femme pour marcher ensemble dans la vie. Le mariage est bien plus beau, et a une bien plus grande signification que le contenu de cette image. Dans la Bible, on trouve suffisamment d'exemples où le plus fort spirituellement est tantôt le mari, tantôt la femme. Quel couple n'a pas fait encore l'expérience de situations où une fois, c'est le mari qui a le plus de discernement, une autre fois , c'est la femme . Même dans de grandes épreuves, c'est parfois l'un, parfois l'autre qui a le plus de force pour tenir ferme.

Nous ne savons pas si ce couple a eu d'autres enfants plus tard. La Parole le passe sous silence. Mais ce fils-là, Samson, a causé ensuite suffisamment de problèmes à ses parents. Je lui consacrerai un chapitre à part.

11. SAMSON ET SON MARIAGE

(Juges 14 à 16)

Certains s'étonnent peut-être que mon livre contienne aussi un chapitre sur Samson. Dans son cas, on ne peut tout de même pas parler d'une famille! C'est juste, mais il est question d'un mariage: l'histoire de Samson en Juges 14 à 16 commence par le récit de son mariage.

Samson remarqua une femme parmi les Philistins, à Thimna, et se mit en tête de l'épouser. Coup de foudre! Mais était-ce de l'amour ou simplement comme il semble, le désir charnel? Quand il en est ainsi, c'est un piètre et égoïste succédané d'un amour véritable et désintéressé, qui a en vue le bonheur mutuel. Samson était bien conscient du fait que cette femme appartenait au peuple des Philistins et qu'un mariage avec elle ne pouvait correspondre à la volonté de Dieu. Plus tard aussi, nous verrons que, dans sa vie, la passion a toujours dominé sur la raison.

Salomon a dit que celui qui gouverne son esprit est plus fort que celui qui prend une ville (Prov. 16 : 32). Samson était tout à fait capable de prendre une ville. Mais, apparemment, il n'a jamais appris à gouverner son esprit.

j'espère que ce livre parviendra entre les mains de nombreux jeunes gens qui ne sont pas encore mariés. - Cher ami, tu connais sans doute beaucoup de jeunes filles , et peut-être que l'une d'elles éveille en toi le désir d'en faire ta femme. Coup de foudre, ou non? Tu te poses alors des questions: «Ce désir vient-il de Dieu? Est-ce la femme qu'il m'a destinée?» Et une jeune fille croyante se demandera: «Puis-je m'en remettre à lui et l'aimer? Est-il le mari que Dieu met sur mon chemin?» Trouver les réponses justes, cela signifie pour l'un et l'autre qu'il faudra du temps pour examiner la chose avec prière.

Il arrive que les jeunes se jettent un peu trop vite dans les bras l'un de l'autre. Ils considèrent comme amour le simple désir et ils ne se sont pas suffisamment - ou pas du tout - demandé si leur mariage serait dans le Seigneur. Le résultat risque d'être une vie de couple amèrement décevante , qui peut même parfois aboutir à deux vies parallèles, ou à une séparation officielle.

Samson demande à ses parents d'arranger l'affaire. A cette époque-là, il était difficilement envisageable de faire autrement. Mais son père et sa mère, avec juste raison, lui déconseillent sa démarche de la façon la plus catégorique.

Le temps où les parents choisissaient un conjoint pour leurs enfants est révolu, du moins dans notre culture occidentale, mais j'espère que les enfants demandent encore l'avis de leurs parents avant de prendre leur décision et tiennent compte sérieusement de leurs conseils. L'approbation des parents sur leurs projets devrait être d'une grande valeur pour les enfants.

Malheureusement Samson a méprisé l'avis de ses parents, fondé pourtant sur la Parole. Les conséquences en ont été terribles. On aurait pu espérer beaucoup mieux d'un fils qui avait de tels parents et qui, de plus, était appelé à servir l'Eternel. Au sujet de l'union de croyants avec des incrédules, ou du «joug mal assorti », la Parole est très claire. «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec des incrédules» (2 Cor. 6 : 14). Cette déclaration de l'apôtre, bien que dans un contexte un peu différent, a certainement toute sa valeur. Avant de dire «oui», chacun des jeunes croyants doit être entièrement convaincu que la foi de l'autre au Seigneur Jésus Christ est réelle. S'il manque cette unité dans la foi, le mariage est une grave désobéissance. Les croyants cherchent et trouvent dans la parole de Dieu la solution à leurs questions vitales et la consolation dans leurs difficultés. Pour eux, la Bible est la règle de conduite de la vie. Par contre, un incrédule ne le comprendra jamais; il est conduit par d'autres motifs. Il résultera donc des conflits sans fin.

Tant qu'il y a l'amour et une tolérance réciproque, tout peut aller à peu près bien. Mais il reste la question du passage déjà cité: «quelle part a le croyant avec l'incrédule?» La réponse sera toujours: aucune! Les différences sont trop grandes, trop fondamentales, trop déterminantes dans la vie. Mais que faire si c'est seulement après s'être fréquentés quelque temps que le fossé entre les deux se découvre clairement ? Ou si, l'un des fiancés s'étant converti après les fiançailles, ce fossé apparaît ? Je réponds sans hésiter : rompre. Une rupture de fiançailles est une chose extrêmement regrettable, mais bien préférable à un mariage malheureux. Les fiançailles ne sont pas un mariage, mais seulement un temps de préparation au mariage. Pendant le temps des fiançailles, les engagements du mariage n'existent pas encore. Mais pour les fiançailles comme pour le mariage, on peut appliquer la règle d'or: «Réfléchir avant d'agir!» Si le fossé apparaît ou se crée seulement après le mariage, c'est différent. Le croyant ne peut pas revenir en arrière. Un mari croyant ne peut pas répudier sa femme incrédule pour cette raison; la femme croyante pas davantage (1Cor. 7 : 12-17).

Paul ne donne pas d'instructions aux conjoints incrédules. Ceux-ci doivent d'abord se convertir avant d'avoir la sagesse et la force spirituelle pour se soumettre à la parole de Dieu. Il est clair que Dieu ne permet pas au croyant de divorcer pour échapper à un joug mal assorti, si accablante et insupportable que soit cette situation.

Un jeune croyant, dans sa profession, fut en contact avec une jeune fille qui lui était très sympathique, et c'était réciproque. Leurs sentiments se transformèrent jusqu'à devenir un amour ardent et des liens étroits se nouèrent. Mais, au fil des conversations, il apparut qu'un grand fossé les séparait. Quand il s'agissait de la foi, ils ne se comprenaient pas. Il devint clair pour lui qu'il avait eu le tort de déclarer son amour à la jeune fille avant de savoir quelle était sa position quant à la foi. Il en fit alors un sujet de prière, trop tard à vrai dire, et ils en discutèrent ouvertement. Elle aussi avait clairement ressenti la différence. Elle venait d'une famille non croyante et n'avait pas été élevée dans la connaissance de la Parole. Tous deux comprirent que cette incompatibilité les séparait, et qu'il ne pouvait pas y avoir de mariage heureux entre eux. Le cœur triste, ils décidèrent de mettre fin à leurs relations. Ils se séparèrent et ne se rencontrèrent plus ni ne s'écrivirent.

Beaucoup plus tard, la jeune fille assista à une réunion d'évangélisation. Elle se convertit et sa vie devint tout autre. Lorsque le jeune homme apprit qu'elle s'était convertie et qu'elle le montrait clairement dans sa vie, il y vit avec raison l'exaucement de ses prières et reprit contact avec elle. Ensuite, ils se fiancèrent et il y a maintenant des années qu'ils sont mariés et heureux. Evidemment, je sais bien que les liens rompus pour le même motif sont loin de se terminer tous de cette façon heureuse.

Une jeune fille croyante avait des relations amicales avec un jeune homme qui avait une tout autre conception de l'existence et poursuivait d'autres idéaux. Il lui était très sympathique et elle pensait pouvoir être heureuse avec lui. Je lui fis remarquer qu'elle considérait cette question d'un point de vue vraiment très égoïste. Elle aurait plutôt dû se demander si elle pouvait le rendre heureux. J'essayai de lui faire comprendre que, en tant que croyante, elle ne pourrait jamais être une vraie aide dans la réalisation de ses idéaux mais qu'elle lui serait plutôt une entrave. Ce qui était bien plus grave encore, c'était que ce lien deviendrait un «joug mal assorti» contre lequel la parole de Dieu met en garde.

Quelques jours après, elle m'écrivit qu'elle avait mis fin à cette relation. Des années plus tard, j'appris qu'elle allait se marier avec un jeune croyant. Ainsi cette histoire eut aussi un heureux dénouement, bien que tout différent.

Je suis du reste persuadé que chaque décision prise par obéissance au Seigneur conduit à une fin heureuse, même si on ne la discerne pas tout de suite. Le Seigneur a promis que tout sacrifice fait pour lui recevrait sa récompense.

Maintenant, voici encore une histoire, mais avec un déroulement fâcheux: une femme croyante me raconta que son mariage n'était pas heureux. Son mari était tout à fait indifférent, ne voulait rien savoir du christianisme et refusait aussi le contact avec des croyants. Il lui permettait toutefois d'aller aux réunions. On l'avait mise en garde contre ce mariage qui allait être un joug mal assorti. Mais à ce moment-là, son futur mari n'était pas hostile ; on ne pouvait même pas dire avec certitude qu'il était incrédule ; il l'accompagnerait, et tout irait bien. Dans de tels cas, on prend souvent ses désirs pour des réalités. Mais la réalité était devenue tout autre, et maintenant elle avait à supporter les graves conséquences de ce joug mal assorti. C'est ainsi qu'elle termina son triste récit. Je lui demandai si elle connaissait la signification première de l'image du «joug mal assorti». «Oui», dit-elle, «il s'agit d'un boeuf et d'un âne côte à côte sous le joug.» Alors je lui demandai si elle avait déjà découvert lequel d'entre eux deux était le boeuf, et lequel l'âne. «Evidemment», dit-elle, «je suis le pauvre petit âne.»

Cependant je lui répondis: «Je crois que c'est votre mari qui est le pauvre petit âne; il ne possède rien, ni Dieu, ni la foi, aucun soutien dans la vie, aucune espérance pour l'éternité. Quand il cherche à se divertir à la manière du monde, il est seul. Vous ne pouvez pas l'accompagner. Vous, vous connaissez les consolations de la parole de Dieu, la force puisée dans la prière, la communion avec des croyants. Votre mari ne possède rien de tout cela. Lequel d'entre vous est à plaindre?» Elle admit que j'avais raison. Elle n'avait pas encore vu les choses de cette manière. En terminant, nous avons lu ensemble 1 Pierre 3 : 1-2: «Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n'obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte». Gagner un mari incrédule sans paroles, seulement par la conduite, ce n'est pas une tâche facile pour une femme. La réussite n'est pas assurée. Cependant, c'est la seule possibilité offerte par la parole de Dieu et par conséquent c'est celle qui doit être utilisée par les personnes concernées.

Cette histoire n'a pas un heureux dénouement. Je ne sais si cette triste situation a changé. J'ai perdu de vue cette famille et n'ai plus eu de nouvelles.

Le mariage de Samson fut une amère déception et de bien courte durée. Furieux, il quitta sa femme et retourna à la maison de son père. On ne pouvait approuver le rôle qu'a joué cette jeune femme. L'indignation de Samson est compréhensible. Mais s'enfuir en colère, abandonnant sa femme, ce n'était pas la conduite convenable.

Le chapitre 15 nous apprend que Samson décida après quelque temps de retourner vers sa femme. Nous ne savons pas combien de temps s'était écoulé. Il emporta un cadeau, peut-être comme moyen de réconciliation. Mais il avait laissé passer le bon moment. Il arriva trop tard.

Parfois, on émet l'opinion qu'il n'y a jamais vraiment eu de mariage entre Samson et cette femme. Je ne crois pas que ce soit juste. Le mariage a été conclu avec l'accord des parents respectifs, par leur entremise, et il a été confirmé officiellement par un grand festin.

L'un et l'autre avaient leur part de responsabilité dans la rupture, et les agissements du beau-père ont transformé la cassure en une séparation définitive. Il est rare que dans un conflit matrimonial, les difficultés soient provoquées à cent pour cent par l'un des époux. Si, par bonheur, des forces extérieures agissent en faveur de la réconciliation, c'est bien. Mais quel malheur si c'est l'inverse, comme ici.

La séparation n'apporte jamais la solution souhaitée. De plus, nous lisons dans la Bible: «car je hais la répudiation, dit l'Eternel, le Dieu d'Israël». Et auparavant, il est écrit: «Or prenez garde à votre esprit; et n'agis pas perfidement envers la femme de ta jeunesse» (Mal. 2 : 15-16). Il est triste de constater que Samson a si peu appris de ce qui s'est passé.

Dans le chapitre 16, nous le voyons à Gaza, une autre ville des Philistins, nouer des relations avec une prostituée et passer la nuit avec elle. Il n'est plus question de mariage ici. 1 Corinthiens 6 : 13-20 nous rappelle la gravité aux yeux de Dieu du péché de la fornication.

Au chapitre 16, nous voyons qu'il aima une autre femme parmi les Philistins, dont le nom était Delila (v. 4) . Mais de nouveau se pose la question: quelle sorte d'amour était-ce? Cette relation a duré plus longtemps, et finalement lui a été fatale. Il a livré les secrets de son nazaréat. Il en a perdu le signe extérieur, ses cheveux longs, et a remarqué, trop tard, que l'Eternel s'était retiré de lui. Les Philistins lui crevèrent les yeux, le lièrent et le mirent en prison.

Le croyant qui s'allie avec le monde au lieu de se séparer pour Dieu perd la communion avec Dieu, et donc sa force spirituelle. Heureusement, à la fin de la vie de Samson, cette communion fut rétablie.

En même temps il retrouva sa puissance extraordinaire. Dans sa mort, il remporta une victoire plus grande que toutes les précédentes.

L'un des aspects tragiques de la vie de Samson, c'était qu'il ne pouvait maîtriser ses pulsions; elles le dominaient au contraire. L'instinct sexuel n'est pas un péché ni quelque chose dont on doit avoir honte. Dieu - le Créateur - a fait ses créatures ainsi; l'homme ne fait pas exception. C'est de cette manière qu'il veut conserver les espèces.

Mais entre l'homme et l'animal, il y a une différence fondamentale. L'animal suit ses instincts alors que pour l'homme, Dieu a en vue autre chose. Il assemble mari et femme en une unité durable. Même quand il ne peut plus être question de contribuer à la conservation de l'espèce, les époux sont toujours attirés l'un vers l'autre. Et c'est un don inappréciable qui, dans le mariage, peut conduire à un état de bonheur inouï.

En contraste avec l'animal, Dieu a pourvu l'homme de raison et de volonté. Un médecin a écrit: «La raison est en mesure de soumettre, de maîtriser l'instinct sexuel ou encore de bien le canaliser. Nous voyons donc, de façon répétée, que la raison, conjointement avec la volonté de l'homme, est placée au-dessus de l'instinct, comme une faculté d'ordre supérieur.»

L'amour rend aveugle, dit un proverbe. La vérité de cette affirmation n'est, hélas, que trop souvent confirmée. D'un autre côté, il ne faut pas oublier non plus que l'amour est une condition indispensable pour vivre un mariage heureux. Mais il ne faut pas mettre de côté la raison et la volonté, ni surtout les principes bibliques concernant le mariage. Si l'on ne fait que céder à l'instinct de la nature, on court de grands dangers. «Qui gouverne son esprit vaut mieux que celui qui prend une ville» (Prov. 16 : 32).

Samson était bien capable de prendre une ville ; malheureusement, il n'a jamais appris à gouverner son esprit. Les croyants doivent apprendre à le faire, et ils le peuvent avec l'aide du Seigneur par la puissance de l'Esprit Saint. Par les médias, on est confronté presque chaque jour à des informations sur des comportements appelés péchés dans l'Ecriture. Celui qui se laisse influencer met un obstacle, ou porte atteinte au bonheur conjugal que Dieu veut accorder.

Si dans le mariage on ne pense qu'à ses privilèges, à ce qu'on reçoit de bon, on prend un point de départ mauvais et dangereux. Si les conjoints ne voient pas ce qu'ils doivent apporter, ils n'auront pas grand chose à recevoir. Un ménage heureux découle, non de motifs égoïstes, mais du dévouement de chacun. Le bien du conjoint doit être prioritaire. Mari et femme ne pourront atteindre le grand bonheur que Dieu a prévu pour eux dans le mariage s'ils ne cherchent qu'à revendiquer leurs droits au maximum.

Pierre était marié. On lit dans les évangiles qu'il avait une belle-mère; celle-ci, malade, fut guérie par le Seigneur Jésus. Paul a écrit que Pierre était accompagné par sa femme dans ses voyages (1 Cor. 9, 5). Sous cet éclairage, la portée de ses paroles a d'autant plus de valeur pour nous: «Pareillement, vous, maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c'est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues» (1 Pierre 3 : 7).

Je crois que dans chaque ménage se présentent des situations où le mari doit soumettre son désir à sa raison et à sa volonté. La femme aussi, parfois. Pour ceux qui ont des problèmes dans ce domaine, il leur est conseillé de s'adresser à un médecin croyant ou à une personne en qui l'on a confiance, et dont l'aide sera en accord avec les principes de la parole de Dieu.

Suis-je donc contre les grandes familles? Certainement pas. Dieu a béni notre mariage en nous donnant huit enfants. Nous avons dû souvent renoncer à des choses que d'autres pouvaient s'offrir. Nous savons ce que sont les soucis, les maladies, la fatigue et les nuits blanches. Nos enfants sont maintenant indépendants depuis longtemps. Nous sommes heureux d'avoir aussi un grand nombre de petits-enfants et d'arrière-petits-enfants. Lorsque nous pensons aux années difficiles écoulées, nos coeurs sont pleins de reconnaissance. Nous nous sommes efforcés d'élever nos enfants aussi bien que possible. Nous avons aussi fait l'expérience que ces enfants avaient sur nous une influence très formatrice . Et nous en remercions Dieu.

Peut-être le lecteur a-t-il l'impression que j'ai fait une description trop sombre du personnage de Samson. Effectivement, il était par ailleurs un nazaréen, un homme mis à part pour le service de Dieu. Il a libéré le peuple de l'Eternel de la domination des Philistins. Son nom figure en Hébreux 11 parmi les héros de la foi. Et que devons-nous penser de Juges 14 :4 ? «Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l'Eternel; car Samson cherchait une occasion de la part des Philistins.» Assurément, cette intention de Samson était bonne; et Dieu l'a aidé à atteindre son but, ce qui ne signifie pas que Dieu approuvait sa manière de faire.

Dieu est souverain. Il accomplit ses desseins. Il choisit ses instruments. Ceux qui connaissent la Bible savent qu'il peut se servir des ruses de Satan, des activités de ses ennemis, des péchés et des faiblesses de ses enfants. On dit parfois que Dieu peut très bien donner un coup droit avec un bâton tordu. C'est ce qu'il a fait avec Samson, et nous admirons sa grâce en cela. Mais nous ne devons nullement y voir un encouragement à devenir nous-mêmes des bâtons tordus.

12. CORÉ ET SA FAMILLE

(Nombres 16)

Coré nous est décrit comme un véritable révolutionnaire (Nomb. 16). Il appartenait à la tribu de Lévi, parmi laquelle Dieu avait désigné la lignée d'Aaron pour la sacrificature, les autres étant destinées au service lévitique. Coré n'est pas satisfait de ce service-là. Il ambitionne aussi la sacrificature. Dans ce but, il se met d'accord avec Dathan et Abiram, qui eux sont de la tribu de Ruben, pour se dresser contre Moïse. Ils ne mobilisent pas moins de deux cent cinquante partisans parmi les dirigeants du peuple. Voici le mot d'ordre qu'ils adoptent: «C'en est assez! car toute l'assemblée, eux tous sont saints, et l'Eternel est au milieu d'eux; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de la congrégation de l'Eternel?» (Nomb. 16 : 3). Ils prétendent défendre les droits du peuple; en réalité, ils cherchent pour eux-mêmes une position d'honneur et de pouvoir. Et ils s'attroupent contre Moïse et contre Aaron.

Moïse s'adresse d'abord à Coré. Pourquoi n'est-il pas satisfait du service qu'il avait à accomplir de la part de Dieu pour le peuple? Pourquoi recherche-t-il aussi la sacrificature? C'est un soulèvement en règle contre l'Eternel! Ensuite, Moïse fait appeler aussi Dathan et Abiram, mais ceux-ci répondent: «Nous ne monterons pas. Est-ce peu de chose que tu nous aies fait monter hors d'un pays ruisselant de lait et de miel, pour nous faire mourir dans le désert, que tu te fasses absolument dominateur sur nous? .. Nous ne monterons pas» (Nomb. 16 : 13-14).

Moïse demande à Coré de paraître avec ses partisans devant la face de l'Eternel pour entendre son verdict. Et l'Eternel prononce un jugement très clair. Le peuple doit se retirer des alentours des habitations de Coré, de Dathan et d'Abiram. Un châtiment terrible est exécuté envers eux: ils sont engloutis vivants, eux et leurs familles, par une faille dans la terre. Les deux cent cinquante partisans sont consumés par le feu .

Pour nous, croyants d'aujourd'hui, cet incident renferme un sérieux avertissement. Le temps actuel est de plus en plus caractérisé par un esprit de contestation. L'obéissance aux parents n'est plus à l'ordre du jour. La désobéissance à l'égard de l'Etat se généralise. L'autorité morale n'est souvent plus reconnue. L'indépendance de l'individu et le désir de se faire valoir sont à l'honneur.

La Parole nous avertit que ce mal va croître et que nous pouvons nous attendre à des temps difficiles (2 Tim. 3, 1). Mais nous ne manquons pas d'avertissements ni d'enseignements. Avec nos familles, nous devons les prendre à coeur!

La Bible dit clairement que les enfants doivent obéir à leurs parents dans le Seigneur. Romains 13 nous enseigne que nous devons nous soumettre aux autorités qui sont au-dessus de nous. Leur résister, c'est désobéir à Dieu lui-même. Quant au domaine chrétien, l'Ecriture nous enseigne que nous devons reconnaître, estimer et honorer ceux que le Seigneur a donnés pour être à la tête (1Thess. 5 : 12 ; 1 Tim. 5 : 17).

En Nombres 16 :27 nous voyons que Dathan et Abiram se tinrent à l'entrée de leurs tentes avec leurs familles entières. Rien n'est rapporté sur la famille de Coré. Il était seul à se tenir là. Nombres 26, Il nous apprend que les fils de Coré ne sont pas morts. Ils furent les objets de la grâce de Dieu. Tout permet de penser aussi qu'ils n'avaient pas consenti à la mutinerie et qu'ensuite, au commandement de Moïse, ils s'étaient écartés de la tente de leur père, reconnu comme un méchant homme (Nomb. 16 : 26-27).

Comme ce dut être difficile pour ces enfants de faire cette confession de foi et combien le choix est plus simple pour des jeunes ayant des parents croyants! Pour les enfants de parents incrédules, c'est souvent très dur, lorsqu'ils comprennent qu'ils peuvent être sauvés uniquement en se convertissant et en croyant au Seigneur Jésus. Etant seuls, il leur faut alors beaucoup de courage pour aller contre le courant familial, comme ont dû le faire les fils de Coré.

Le Seigneur a dit lui-même: «Celui qui aime père ou mère plus que moi, n'est pas digne de moi»; et «quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère .. . pour l'amour de mon nom, en recevra cent fois autant, et héritera de la vie éternelle» (Matt. 10 : 37 ; 19 : 29). Le Seigneur veut avoir la première place. Je n'ai encore rencontré personne qui ait regretté d'avoir fait ce bon choix. Les fils de Coré n'ont pas eu à le regretter non plus. Bien sûr, cela ne signifie pas qu'après sa conversion un jeune homme doive cesser d'aimer ses parents. Au contraire, il essaiera, par ses paroles et par sa conduite, de gagner aussi sa famille au Seigneur Jésus. Cependant la leçon la plus importante pour grandir spirituellement reste la suivante: se renoncer soi-même et donner au Seigneur Jésus la première place dans sa vie.

Parmi d'innombrables cas semblables, je me souviens avoir rencontré en Guyane un jeune indien musulman. A l'âge de dix-huit ans, il se convertit et rendit témoignage de sa foi au Seigneur jésus Christ. Son père le menaça, le frappa même, sans réussir à l'ébranler, ni à lui faire renier son Sauveur. Alors la maison paternelle lui fut interdite et on le déclara «mort». Tout contact avec sa famille fut rompu. Jamais je ne pourrai oublier son visage joyeux et le témoignage qu'il rendait ouvertement! Il a été pour moi une grande aide dans les réunions que j'ai tenues dans ce pays.

En Jean 9, nous lisons l'histoire d'un homme né aveugle. Il rencontra le Seigneur Jésus qui le guérit. Il déclara publiquement que c'était Jésus qui l'avait guéri. Ce témoignage dérangeait les Pharisiens religieux. Comme il ne se rétractait pas, ils le chassèrent de la synagogue. Il n'est pas rare que la persécution provienne du côté «religieux». En ce temps-là, ce n'était pas peu de chose que d'être chassé de la synagogue et, de ce fait, d'être exclu de tout ce qui était lié à la vie du culte juif. Mais ces conducteurs aveugles n'avaient pas la moindre idée de tout le bien qui était arrivé à l'homme qui avait maintenant une bonne vue. Le Seigneur Jésus l'avait cherché et trouvé, et s'était révélé à lui comme le Fils de Dieu. Sa réponse fut : «Je crois, Seigneur» et il lui rendit hommage.

Les premiers disciples furent aussi beaucoup persécutés par les chefs des Juifs. Pourtant ils se réjouissaient de pouvoir souffrir pour le nom de Jésus.

Les fils de Coré et leurs descendants devinrent des portiers et des chantres en Israël. Ils servirent d'abord dans le tabernacle, et plus tard, au temps de Salomon, dans le temple. Comme ils ont été richement récompensés de leur fidélité envers Dieu!

Douze des cent cinquante psaumes ont été écrits par eux, en particulier le psaume 84. Ainsi, ils nous parlent encore, quoique morts depuis longtemps: «Bienheureux l'homme dont la force est en toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés! » (Ps. 84 : 5).

13. ÉLI ET SA FAMILLE

(1Samuel 1 et 2)

La Bible nous rapporte peu de choses au sujet d'Eli. Elle ne parle pas du tout de sa femme. Tout ce que nous savons sur ce sacrificateur se trouve dans les premiers chapitres de 1 Samuel.

Il fut sacrificateur en même temps que juge en Israël jusqu'à un grand âge. Nous ne savons pas comment il a exercé son activité officielle. Par contre nous sommes renseignés sur son comportement en tant que père de ses deux fils, Hophni et Phinées. Et dans cette tâche pleine de responsabilités, il a lamentablement échoué. L'exemple d'Eli est donc un avertissement pour tous ceux que Dieu a revêtus d'une autorité paternelle.

Le comportement impie de ces fils est décrit assez crûment. Ils sont appelés des fils de Bélial (1 Sam. 2 : 12). Pourtant, ils occupaient une position très privilégiée en Israël. Ils étaient sacrificateurs, des intermédiaires entre Dieu et le peuple. Ils présentaient à Dieu les sacrifices du peuple dont une partie leur revenait. Le livre du Lévitique décrivait clairement comment ils devaient le faire.

Mais ils n'avaient aucune crainte de Dieu et ne respectaient pas les instructions de sa Parole. (Lisez aussi à ce sujet Malachie 2 : 1-3.) Ils ne se contentaient pas de la part des sacrifices qui leur revenait, mais ils s'attribuaient les meilleurs morceaux. Même quand ceux qui apportaient les sacrifices leur faisaient remarquer que c'était manquer à leur devoir, ils imposaient leur volonté. De ce fait , à cause d'eux, tout le service des offrandes à l'Eternel était méprisé.

Mais ce n'était pas leur seul péché. Le chapitre 2, verset 22, ajoute qu'ils couchaient avec les femmes qui servaient à l'entrée de la tente d'assignation. Le seul passage de la Parole où il soit aussi question de cet attroupement de femmes est Exode 38 : 8. Même ce beau service des femmes fut discrédité par le comportement impie des fils d'Eh. N'étaient-ils pas de plus des hommes mariés? Nous savons que c'était au moins le cas de Phinées, et que sa femme avait manifestement beaucoup plus d'intelligence que son mari quant à la gloire de Dieu (1 Sam. 4 : 19-22).

Or ces hommes occupaient une place particulièrement privilégiée! Ils étaient appelés par Dieu pour instruire le peuple dans la parole de Dieu et pour lui enseigner, par leur propre exemple, le respect du service de l'Eternel. Combien ils ont failli à leur devoir! Pourtant ils n'ont pas manqué d'avertissements. Un homme de Dieu fut envoyé pour montrer à Eli (et par conséquent à ses fils) la gravité de leurs péchés.

Qu'en était-il d'Eli lui-même? Il est resté personnellement fidèle. Il a donné une bonne instruction au jeune Samuel qui était confié à ses soins. Certes, il a repris ses fils, mais il s'en est tenu à de faibles protestations. «Pourquoi faites-vous des actions comme celles-là? Car, de tout le peuple, j'apprends vos méchantes actions. Non, mes fils» (chap. 2 : 23-24)! Ces avertissements arrivaient trop tard. La mesure de leur péché était comble. L'Eternel avait décidé de les faire mourir (v. 25).

Dans leur aveuglement, ils crurent pouvoir contraindre l'Eternel à leur donner la victoire dans la bataille contre les Philistins. Sans en avoir reçu l'ordre, ils apportèrent l'arche de l'alliance dans le camp, convaincus que Dieu serait obligé de veiller à la gloire de l'arche et de leur donner la victoire.

Dieu a ses moyens à lui pour veiller à sa gloire. Le jugement annoncé fut exécuté: l'armée battue; Hophni et Phinées tués tous les deux; l'arche prise et emportée. Lorsque Eli entendit ces terribles nouvelles, surtout celle de la prise de l'arche, il tomba de son siège à la renverse et mourut. Sa réaction montre combien il craignait l'Eternel et avait à cœur ses intérêts.

Hélas, Eli a gravement manqué dans l'exercice de son autorité paternelle. Ses fils ne lui obéissaient pas et en subirent les terribles conséquences. Mais leur père ne fut pas épargné du châtiment à travers lequel Dieu parle à tous les pères!

«Un homme de Dieu vint vers Eli» (chap. 2 :27). Par sa bouche, l'Eternel lui rappela sa place privilégiée de souverain sacrificateur, ce qui impliquait un haut degré de responsabilité. Bien que ce soit ses fils qui commettaient l'injustice et que lui-même n'y ait pas directement participé, l'homme de Dieu le rendit personnellement responsable. Il lui adressa de très sérieux reproches: «Pourquoi foulez-vous aux pieds mon sacrifice et mon offrande . .. Et tu honores tes fils plus que moi ... ». C'est pourquoi le jugement devait tomber sur Eli et sur sa maison. Ensuite, ce fut le jeune Samuel qui dut le lui annoncer une seconde fois. Il est reproché à Eli d'avoir connu toutes les injustices de ses fils et de ne pas les avoir arrêtés. En tant que souverain sacrificateur responsable, il n'était pas intervenu pour mettre obstacle à ce mépris des sacrifices et des offrandes. En tant que juge, il n'avait pas puni ses fils pour leurs actions infâmes. En tant que père, il avait aussi sérieusement manqué dans sa famille.

En regardant autour de soi, on constate qu'une crise de l'autorité règne dans tous les domaines de la société. De telles périodes ont existé aussi en Israël. «Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux» (Juges 17: 6; voir 18 : 1; 19 : 1; 21 : 25). Tout allait de travers.

Dans le Nouveau Testament, Paul nous rappelle qu'il «n'existe pas d'autorité, si ce n'est de par Dieu; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu» (Rom. 13 : 1). Ceux qui détiennent l'autorité sont donc responsables devant Dieu de la manière dont ils l'exercent. Le despotisme et l'arbitraire ont été des facteurs qui ont conduit à beaucoup de révolutions. Cependant le germe de ces révolutions se trouvait aussi dans les écrits de philosophes qui imprégnèrent la pensée des pédagogues. Leur influence a toujours des répercussions.

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau par exemple partait du principe que l'homme est bon par nature et qu'il doit être protégé des mauvaises influences, en particulier celle de la religion. Il considérait que seule la propre conscience était un guide sûr. Il l'appelait un instinct divin, une voix céleste, qui rend l'homme égal à Dieu. Il ne voulait rien savoir de Jésus Christ. Cet homme irréligieux a marqué son siècle, et ses théories trouvent encore aujourd'hui des adeptes.

Au 20e siècle, les livres du Docteur Benjamin Spock ont eu une grande influence et on les consulte encore volontiers. Le livre le plus connu de ce pédiatre et pédagogue américain: «Comment soigner son enfant», traduit en plus de trente langues, atteignait il y a une dizaine d'années déjà sa 170e édition. En Amérique, il est devenu le manuel le plus utilisé parce qu'il donne des conseils pour tous les problèmes qui peuvent se poser en alimentation et en éducation. Son principe de départ est le libre épanouissement du jeune enfant, ce qui conduit à de dangereux raisonnements. Certaines pensées, notamment sur l'autorité, l'obéissance et la punition, sont inacceptables pour un chrétien, puisqu'elles ne sont pas bibliques. Dans des éditions postérieures, il a rectifié certaines affirmations.

Une mère américaine a écrit pour raconter ses expériences. Elle avait élevé son fils en suivant à la lettre les instructions de Spock, mais il devenait toujours plus difficile et violent. Finalement, en dépit de tous les conseils de Spock, elle le prit sur les genoux et lui administra une bonne fessée . Il cria à fendre le coeur, puis se tut, et fut ensuite beaucoup plus facile.

Salomon, le roi le plus sage de tous les temps, a parlé de l'éducation d'une autre manière. Il prend comme point de départ la crainte de l'Eternel. Les notions de discipline, d'obéissance, de punition, sont pour lui d'une haute valeur. Lisons le livre des Proverbes!

Après ces considérations sur la méthode d'éducation d'Eli dont l'échec fut lourd de conséquences, il me semble utile d'examiner l'éducation d'un point de vue biblique. Nous partons du principe que l'homme est le chef de sa famille et qu'il est responsable devant Dieu de la diriger. Pour cette tâche (comme pour toutes les autres), Dieu lui a donné une femme comme «aide» . Christ est le chef de l'homme. L'homme est le chef de la femme. Certes, l'homme et la femme ont la même valeur devant Dieu, mais la femme, si elle interprète ce fait comme une égalité de droits, commet une grande erreur aux conséquences souvent fatales. Si les enfants voient leur mère se dresser contre l'autorité de son mari, comment vont-ils accepter l'autorité de leur père? La désobéissance s'ensuivra inévitablement et il n'y aura aucune discipline dans de telles familles. Or «Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais» - remarquez ici le terme opposé! - «de paix» (1 Cor. 14 : 33). La paix, c'est plus que l'ordre. Un père peut s'appliquer à maintenir l'ordre, en exerçant l'autorité d'une manière non biblique, par laquelle précisément la discorde est semée. En Colossiens 3 : 20, il est écrit: «Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur.» Le Seigneur jésus en a donné lui-même l'exemple lorsqu'il était enfant. Pour les pères, il est ajouté: «Pères, n'irritez pas vos enfants, afin qu'ils ne soient pas découragés.» Ephésiens 6 : 4 dit encore: «Vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur» . Comment un homme serait-il à la hauteur de sa responsabilité sans l'aide dévouée d'une femme aimante, consciente elle-même de la responsabilité qui lui incombe?

La manière idéale de diriger quelqu'un est expliquée dans le psaume 32 (v. 8) : «Je t'instruirai, et je t'enseignerai le chemin où tu dois marcher; je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi.» C'est ainsi que Dieu lui-même veut diriger ses enfants. Pour des parents aussi, diriger avec discernement des besoins et réponses appropriées sous forme de conseils est certainement la meilleure façon de faire. Mais ce n'est malheureusement pas toujours possible. C'est pourquoi le verset suivant contient l'exhortation: «Ne soyez pas comme le cheval, comme le mulet, qui n'ont pas d'intelligence, dont l'ornement est la bride et le mors, pour les refréner quand ils ne veulent pas s'approcher de toi». Quand la première méthode de direction n'est pas acceptée, Dieu doit employer des moyens plus sévères. Il montre ainsi ses soins d'amour envers nous, même dans le chemin de la discipline.

En Hébreux 12 : 5-11, nous lisons: «Mon fils , ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu'il agrée. Vous endurez des peines comme discipline: Dieu agit envers vous comme envers des fils , car qui est le fils que le père ne discipline pas? Mais si vous êtes sans la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu'ils le trouvaient bon; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle.»

Dans ces versets, la discipline de Dieu est comparée à celle des pères et ceux-ci ont beaucoup à en apprendre. Dieu discipline uniquement par amour, et en le faisant, il a toujours en vue notre bien. Pour cela, il choisit, dans des circonstances données, les moyens de discipline appropriés, pour produire plus tard le fruit paisible de la justice. Quant à nous, c'est aussi l'amour pour nos enfants qui doit être le motif pour choisir entre les mesures de discipline qui sont à notre disposition. C'est pourquoi nous devons nous examiner nous-mêmes pour voir s'il n'entre pas en jeu d'autres motifs tels que la vanité, l'orgueil blessé ou quoi que ce soit d'autre. Nous devons choisir les moyens qui, à notre connaissance, nous semblent les plus adéquats. Ce faisant, il faudrait réfléchir pour savoir si ces mesures sont trop douces ou trop sévères, ou de trop longue durée.

Si la discipline n'est pas exercée alors que, selon la parole de Dieu, elle est nécessaire, c'est un manque d'amour, même si l'on prétend souvent le contraire. Ces versets d'Hébreux 12 nous l'enseignent très clairement. L'expérience montre que lorsque la discipline est exercée justement, les enfants s'y soumettent et ne perdent pas le respect pour leurs parents, au contraire!

Dieu ne nous traite pas, nous ses enfants, comme des bâtards. Nous ne devrions pas non plus traiter nos enfants comme tels. Bien sûr, personne n'a cette intention. Toutefois, en pratique, cela ne se produit que trop souvent. On omet la discipline parce qu'elle pourrait soi-disant porter préjudice aux enfants et surtout éveiller des frustrations nuisibles. C'est devenu un argument employé couramment à ce sujet. Le résultat, c'est une génération d'enfants difficiles, désobéissants, et une jeunesse en rébellion. Ils n'ont pas eu leur compte de corrections. Et face à eux, il y a toute une génération de parents eux-mêmes frustrés, tyrannisés par leurs enfants. Ce problème d'actualité attire l'attention de nombreux psychologues .. . «Voici, ils ont méprisé la parole de l'Eternel, et quelle sagesse ont-ils?» (Jér. 8 : 9). C'est une question pressante. Nous avons besoin de beaucoup de sagesse pour élever nos enfants, tâche bien difficile. Nous ne pouvons pas nous dispenser des enseignements de la parole de Dieu.

Nous savons que Samuel, le successeur d'Eli et le dernier juge en Israël, fut témoin de tout ce qui s'était passé dans la maison d'Eli. Pourtant lui aussi a été plus tard insuffisant pour remplir son rôle de père. Il a établi ses fils juges sur Israël (1 Sam. 8, 1) et n'a pas remarqué qu'ils n'étaient pas qualifiés pour ce service. Lorsque le peuple attira son attention sur leur honteuse déficience, il semble les avoir démis de leurs fonctions, comme on peut le déduire peut-être de la phrase «et voici, mes fils sont avec vous» (1 Sam. 12 : 2).

Un grand danger, auquel beaucoup de parents n'ont pas résisté, consiste à surestimer leurs propres enfants, selon le proverbe «chacun prend sa chouette pour un rossignol». C'est si souvent le cas! Le danger inverse existe aussi: les parents ne savent pas remarquer le bien chez leurs enfants, exprimer une approbation qui les encouragerait, ce dont ils ont besoin, justement. Les plus petits manquements sont souvent sévèrement blâmés. Ce sont surtout des parents doués, ayant eux-mêmes bien réussi, qui s'emportent facilement et disent: «tu ne sais rien faire». Cela peut susciter chez les enfants un sentiment d'infériorité dont ils ne peuvent plus se défaire le reste de leur vie. Comme nous avons besoin de sagesse pour contourner tous ces écueils!

14. ZACHARIE ET ELISABETH

(Luc 1 : 5-25, 39-45, 57-80)

Ce qui nous est dit de Zacharie et d'Elisabeth en Luc 1, versets 5 et suivants, nous permet de déduire qu'ils étaient un couple très bien assorti. Tous deux étaient des Israélites, appartenaient à la tribu de Lévi et à la famille sacerdotale d'Aaron. «Ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche» (v. 6). On ne peut pas imaginer de fondement plus sûr pour un bon mariage. Cependant, il y avait aussi une ombre sur ce ménage: ils n'avaient pas d'enfants. Pour tous les deux, c'était une souffrance, et le motif de beaucoup de prières. Dieu ne les avait pourtant pas exaucés. Les années avaient passé. Ils étaient devenus vieux et l'espoir d'avoir des descendants s'était évanoui.

Le roi David avait réparti les sacrificateurs en vingt-quatre classes, et cette classification était encore en vigueur chez leurs descendants (Chron. 24). Zacharie appartenait à la huitième classe, celle d'Abia. Les différentes tâches étaient distribuées par le sort. C'est ainsi que revint à Zacharie le privilège d'offrir le parfum dans le temple du Seigneur. Un jour, le peuple se tenait dehors et attendait que Zacharie revienne pour recevoir la bénédiction selon Nombres 6 : 24. Mais cette fois-là, tout se déroula autrement qu'à l'habitude. Zacharie vit un ange se tenant au côté droit de l'autel du parfum, et il fut troublé.

L'ange lui dit: «Ne crains pas, Zacharie, parce que tes supplications ont été exaucées, et ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean» (v. 13). L'ange les nomma tous les deux par leur nom. Zacharie signifie: Le Seigneur se souvient, et Elisabeth: Le Dieu du serment. Cependant, Zacharie ne fit pas honneur à son nom. Tout en sachant qu'un ange du Seigneur lui parlait, donc que ces paroles venaient de Dieu, la nouvelle lui semblait trop belle pour être vraie. Il demanda un signe. C'était de l'incrédulité. Le signe demandé fut en même temps une punition: il allait être muet jusqu'au jour de l'accomplissement de la promesse de Dieu.

Quelles choses magnifiques furent prononcées au sujet de leur fils! Eux-mêmes en auraient de la joie et beaucoup d'autres se réjouiraient de sa naissance. Il allait être grand devant le Seigneur et ferait retourner au Seigneur, leur Dieu, plusieurs des fils d'Israël, de ceux qui s'étaient détournés. Cela ne devrait-il pas être le souhait de tous les parents croyants? Hélas, quelques-uns ne semblent penser qu'à leur joie personnelle et élèvent leurs enfants pour eux-mêmes; rien d'étonnant à ce qu'ils soient souvent déçus. Le nom de Jean signifie: la grâce du Seigneur. Avec la venue de Jean, Dieu a fait grâce non seulement à Zacharie et à Elisabeth en exauçant leurs prières mais aussi à tout le peuple en l'appelant à retourner vers Lui par la prédication de Jean.

Quand les jours de son ministère furent accomplis, Zacharie retourna dans sa maison. Il dut annoncer par écrit à sa femme ce qu'il avait vu et entendu. Lorsqu'elle vit que Dieu accomplissait sa promesse et qu'elle était enceinte, elle se retira cinq mois dans la solitude. Il fallait attendre que les faits parlent d'eux-mêmes. Entre-temps, elle avait remercié le Seigneur pour la grâce qu'il manifestait envers elle. Le récit concernant Zacharie et Elisabeth est alors interrompu par celui de l'apparition de l'ange Gabriel à Marie suivie de la visite de celle-ci à Elisabeth. Nous en parlerons plus en détail dans le prochain chapitre.

Au temps fixé naquit un fils. Le huitième jour, on le circoncit et on lui donna un nom. On voulait appeler le petit garçon Zacharie. Mais lorsqu'on fit signe à son père, il écrivit: «Jean est son nom.» Et alors, il put de nouveau parler! Les premières paroles qu'il prononça furent pour louer Dieu. Rempli de l'Esprit Saint, il prophétisa dans son cantique de louange. Il ne parla pas en tout premier lieu de son fils, mais du fils de Marie, dont il savait la venue annoncée.

Ensuite, Zacharie prophétisa au sujet de son fils. Il serait un prophète du Très-Haut et préparerait le chemin de celui qui est appelé ici «l'Orient d'en haut», le Messie promis. Avant d'atteindre cette bénédiction, le peuple devait d'abord être amené à la repentance pour pouvoir recevoir la rémission de leurs péchés. Ce devait être la tâche de Jean d'y appeler le peuple.

Jeune homme, Jean se retira dans le désert où il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. A l'âge de trente ans, il fit son apparition Publique comme prophète et baptisa beaucoup de personnes venues à lui en confessant leurs péchés. Il faisait bien comprendre qu'il n'était pas le Messie, mais seulement celui qui préparait son chemin, la voix de celui qui crie dans le désert.

Le Seigneur Jésus a parlé lui-même de Jean comme étant le plus grand de tous les prophètes (Matt. 11 : 7-11). Il a aussi témoigné de lui: «Celui-là était la lampe ardente et brillante; et vous, vous avez voulu vous réjouir pour un temps à sa lumière» (Jean 5, 35). Cette lampe fut éteinte.

En Christ lui-même, la lumière est apparue au monde. Mais en ce temps-là, les hommes l'ont rejeté parce qu'ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Celui qui le rejette aujourd'hui demeure dans les ténèbres, aussi «éclairé» qu'il puisse se considérer lui-même. Il continuera d'avancer à tâtons, en trébuchant, jusqu'à ce qu'il soit frappé par le jugement des profondes ténèbres.

Etant donné leur grand âge, Zacharie et Elisabeth n'auront sans doute pas été témoins du ministère de leur fils, ni de la venue et de l'apparition du Messie au sujet duquel Zacharie avait prophétisé. Comme beaucoup d'autres avant eux, ils se seront endormis dans l'espérance de l'accomplissement des promesses de Dieu.

Une veuve croyante, très âgée, nous disait récemment: «Il me tarde d'aller à la rencontre du Seigneur et de le voir, mais je laisse tellement derrière moi!» Elle voulait parler de ses enfants et petits-enfants pour lesquels elle priait chaque jour. Pour tous les parents, cette tâche demeure, même quand les enfants ont quitté depuis longtemps la maison paternelle.

15. JOSEPH ET MARIE

(Matthieu 1; Luc 1)

Joseph et Marie étaient tous deux descendants du roi David, comme certains l'ont déduit des généalogies de Matthieu 1 et de Luc 3. Cependant, la lignée royale avait complètement déchu de son rang. Joseph gagnait son pain quotidien comme simple charpentier à Nazareth, ville méprisée, en Galilée, et dans la même ville vivait Marie, modeste jeune fille, craignant Dieu comme lui, à qui il était fiancé.

Les fiançailles signifient qu'un couple éprouve un amour réciproque et a l'intention de se marier plus tard. En général, des fiançailles peuvent être facilement rompues. Cela ne doit pas être un encouragement à entrer à la légère dans une telle relation. Revenir sur son engagement est une chose sérieuse, mais n'a pas la même gravité qu'un divorce. Des fiançailles rompues sont certainement préférables à un mariage malheureux. Dans l'Ancien Testament nous voyons que la position d'une jeune fille, fiancée mais non encore mariée, était très différente de celle d'une femme mariée. (Voir Ex. 22 : 16 et Deut. 20 : 7; 22 : 23-29.)

En Israël, si une jeune fille fiancée avait une relation avec un autre homme, cela signifiait pour tous les deux la peine de mort. La notion de fiançailles correspondait donc à un engagement bien plus grand que pour nous aujourd'hui. Mais d'un autre côté, ce n'était pas un mariage. Il n'était pas question de célébration officielle comme c'était le cas pour des noces.

En Luc 1 : 30-33, nous lisons que l'ange Gabriel vint vers Marie et lui annonça: «Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu . Et voici, tu concevras dans ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume.»

Marie ne douta pas, comme Zacharie, de l'accomplissement de cette promesse. Elle ne demanda pas non plus de signe. Sa question était de savoir comment cela pourrait arriver puisqu'elle n'avait pas de relation avec un homme. Pour Joseph et Marie, il n'était donc absolument pas question de relations intimes avant le mariage. Cela ne devrait pas non plus se produire aujourd'hui entre jeunes croyants. C'est pourquoi, pendant le temps des fiançailles, il est bon de s'imposer des limites pour ne pas être entraînés au péché de fornication par un désir brûlant. Il vaut la peine d'entrer purs dans le mariage et alors seulement, de se donner aux joies voulues par Dieu dans le mariage.

Marie reçut une réponse à sa question: «L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre; c'est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu» (Luc 1 : 35). Et, sans l'avoir demandé, elle reçut un signe: «Voici, Elisabeth ta parente, elle aussi a conçu un fils dans sa vieillesse, et c'est ici le sixième mois pour celle qui était appelée stérile; car rien ne sera impossible à Dieu. Et Marie dit: Voici l'esclave du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole» (v.36-38). Marie, sans doute pressée de partager son grand secret, s'en alla en hâte à la maison de Zacharie pour rencontrer Elisabeth. Comme elle la saluait, il se produisit un fait remarquable: l'enfant d'Elisabeth tressaillit dans son ventre. «Et Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et elle s'écria à haute voix et dit: tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton ventre! Et d'où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi? » (v. 41 -43).

La Bible n'est pas un livre de biologie, mais elle nous donne certains détails qui méritent notre attention. De ce passage, il ressort à l'évidence que la vie commence avant la naissance et que, par conséquent, l'avortement est un acte criminel. Le psalmiste s'exprime ainsi: «Tu m'as tissé dans le ventre de ma mère. Je te célébrerai de ce que j'ai été fait d'une étrange et admirable manière. Tes œuvres sont merveilleuses, et mon âme le sait très bien. Mes os ne t'ont point été cachés lorsque j'ai été fait dans le secret, façonné comme une broderie dans les lieux bas de la terre. Tes yeux ont vu ma substance informe, et dans ton livre mes membres étaient tous écrits; de jour en jour ils se formaient, lorsqu'il n'y en avait encore aucun» (Ps. 139 : 13-16).

Marie reste environ trois mois chez Elisabeth avant de rentrer chez elle. Apparemment, elle n'a pas pu répéter avec exactitude à Joseph ce que Gabriel lui avait dit. De ce fait, Joseph est placé devant une décision extrêmement délicate. Etant juste, il peut difficilement épouser Marie qui attend un enfant. D'après la loi, il peut la traduire devant le juge. Même si la peine de mort n'était plus appliquée en ce temps-là, pour Marie, cela signifiait qu'elle allait être publiquement couverte de honte et il veut le lui épargner. Une autre solution serait de la répudier par lettre, ce qui aurait beaucoup moins de retentissement.

Alors Dieu lui fait comprendre ce qu'il doit faire. Un ange lui apparaît dans un songe et lui explique la situation, après quoi il décide de prendre Marie auprès de lui. Il Ia préserve ainsi de la honte publique. Mais il n'aura pas de relation avec elle jusqu'à ce qu'elle ait mis au monde un fils ; et il lui donna le nom de Jésus (Matt. 1 : 25).

Matthieu 2 relate la venue des mages et les plans infâmes du roi Hérode. Ses intentions meurtrières furent déjouées car un ange apparut à Joseph dans un songe et lui ordonna de fuir en Egypte avec le petit enfant et sa mère. Ensuite, ils revinrent à Nazareth, où leur naquirent au moins six enfants. Les quatre fils sont nommés en Matthieu 13 : 55 : Jacques, Joses, Simon et Jude. Le nombre de leurs soeurs n'est pas indiqué. L'apôtre Jean nous apprend que ces frères ne croyaient pas en Jésus à ce moment-là (Jean 7 : 5).

Nous apprenons encore que Joseph et Marie ont cherché Jésus, âgé de douze ans, dans le temple où l'occasion lui a été donnée de montrer sa sagesse extraordinaire (Luc 2 : 41-52). Ensuite, il est retourné avec ses parents et leur était soumis. En cela, il est l'exemple parfait pour tous les enfants. Par la suite, plus rien ne nous est dit sur Joseph. On peut supposer qu'il est mort avant la manifestation publique du Seigneur Jésus.

D'après ce qu'on lit à son sujet, il nous donne l'image d'un mari et d'un père aimant et attentionné. Nous avons davantage de passages concernant Marie. Les paroles suivantes sont caractéristiques à son sujet: «Et Marie gardait toutes ces choses par devers elle, les repassant dans son coeur» (Luc 2 : 19 - voir aussi v. 51). Elle se remémorait ce qui était dit au sujet de son fils. Lors de la première apparition du Seigneur Jésus en public, aux noces de Cana, elle est présente (Jean 2). Quand elle entend qu'on manque de vin, elle prouve sa confiance en Jésus en invitant les serviteurs à faire tout ce qu'il leur commandera.

Dans les années suivantes, Marie doit avoir beaucoup souffert du comportement des Juifs remplis de haine envers son fils . Lorsque enfin elle se tint près de la croix, elle éprouva toute la portée des paroles de Siméon dans le temple: «une épée transpercera ta propre âme». Jésus lui-même mit du baume sur ses blessures par les paroles tendres qu'il prononça alors qu'il était sur la croix: «Femme, voilà ton fils », et s'adressant à Jean: «Voilà ta mère». Jean comprit cette indication, et dès cette heure-là, il la prit chez lui. Vraisemblablement, elle était alors veuve, et ses autres fils, peut-être à cause de leur incrédulité, n'étaient pas aptes à remplir cette tâche.

Il est fait pour la dernière fois mention de Marie en Actes 1 : 14. Après l'ascension du Seigneur Jésus au ciel, les apôtres, avec quelques femmes et aussi la mère de Jésus, et ses frères, étaient rassemblés dans la chambre haute. Quelle joie pour Marie, si éprouvée, d'être maintenant un témoin de sa résurrection et de son élévation au ciel ! Et cette joie, elle pouvait la partager avec ses fils, qui avaient autrefois rejeté le Seigneur, dans leur incrédulité. Elle aura certainement beaucoup prié pour ses enfants ! Jean écrivit à une femme, probablement veuve elle aussi : «Je me suis fort réjoui d'avoir trouvé de tes enfants marchant dans la vérité» (2 Jean 4).

Il m'est arrivé une fois d'annoncer la Parole à l'enterrement d'un serviteur du Seigneur, qui laissait une nombreuse famille avec des enfants à l'âge adulte. Ils n'avaient pas tous la foi. Pendant le service près de la tombe, un de ses fils se convertit. Le père n'avait pas pu le voir de son vivant. Mais, au moment voulu de Dieu, sa prière fut exaucée. Voilà ce qui peut encourager beaucoup les parents à prier avec persévérance pour ceux de leurs enfants qui vivent encore dans un chemin d'incrédulité.

16. LA FAMILLE DE BÉTHANIE

(Matthieu 26; Marc 14; Luc 10; Jean 11 et 12)

En lisant le titre de ce chapitre, tous ceux qui connaissent la Bible penseront immédiatement à Marthe, Marie et Lazare. Faut-il ajouter à ces trois personnes Simon appelé «le lépreux»? En Matthieu 26 : 6 et Marc 14 : 3 on apprend que le Seigneur Jésus fut oint du parfum par Marie dans la maison de Simon, mais son nom n'est plus évoqué ensuite. En Luc 10 : 38 on lit que Marthe reçut Jésus dans sa maison. Là non plus, il n'est rien dit de Simon, et pas davantage en Jean 12. Peut-être Simon était-il le mari de Marthe, ce qui résoudrait le problème. Il aurait été guéri de sa lèpre par le Seigneur Jésus. Dans la suite de nos considérations, nous nous limiterons aux trois personnages principaux et à ce que nous lisons à leur sujet en Matthieu 26 : 6-13 ; Marc 14 : 3-9 ; Luc 10 : 38-42 ; Jean 11 et 12 : 1-11.

Nous n'avons pas affaire ici à une famille se composant de parents et d'enfants, comme dans nos autres chapitres. Toutefois, à cause de ce qui nous est dit au sujet de leurs relations mutuelles et de la place centrale que le Seigneur jésus occupait chez eux, cette famille mérite certainement d'être mentionnée dans ce livre.

C'était une maison très hospitalière où le Seigneur Jésus aimait s'arrêter, en particulier la dernière semaine avant sa mort. Après son entrée à Jérusalem, il s'entretenait chaque jour avec les juifs. En même temps se manifesta, de la part de leurs chefs, une haine croissante qui allait conduire à son rejet public et à sa crucifixion. Mais il y avait pour lui, comme un sanctuaire, cette maison de Béthanie où il pouvait se retirer, objet du dévouement et des soins dictés par l'amour de tous les membres de cette famille, qui peut nous servir de modèle quant à l'hospitalité. Eux-mêmes ont reçu beaucoup de bénédiction par ce moyen. «Là où est Jésus, là il bénit».

Heureuse est la maison dont le Seigneur est l'hôte,

La Bible, le flambeau,

Où la famille entière, chaque jour, côte à côte,

Invoque le Très-Haut.

Si aujourd'hui nous ne pouvons plus au sens littéral accueillir le Seigneur Jésus dans notre maison, nous le recevons en recevant les siens. Le Seigneur a déclaré: «celui qui reçoit un prophète .. . recevra la récompense d'un prophète» (Matt. 10 : 41) et «quiconque recevra l'un de tels petits enfants en mon nom, me reçoit» (Marc 9 : 37). En Actes 28 : 7-10, c'est avec beaucoup de bonté que Publius reçut et logea le prisonnier Paul et ceux qui l'accompagnaient. Il en fut richement récompensé.

Les surveillants doivent être hospitaliers (1 Tim. 3 : 2; Tite 1 : 8). Du reste, tous les croyants sont exhortés à l'hospitalité. Hébreux 13 : 2 enjoint: «N'oubliez pas l'hospitalité; car par elle quelques-uns , à leur insu, ont logé des anges.» Pratiquer de telles relations avec des croyants et s'entretenir du Seigneur et de sa Parole, peut être aussi en grande bénédiction aux enfants.

J'ai souvent entendu des adultes rappeler que dans leur enfance, ils s'étaient réjouis de telles rencontres, et en avaient retiré du profit. Il est très important que les parents n'oublient pas que, lors de ces occasions, le Seigneur est aussi l'auditeur silencieux de toutes les conversations. Car il arrive malheureusement aussi que des jeunes subissent des dommages spirituels à cause de mauvaises conversations ou de propos malveillants. Le Seigneur lui-même rappelle combien il est grave de scandaliser un de ces petits qui croient en lui (Marc 9 : 42) .

Nous trouvons la famille de Béthanie pour la première fois en Luc 10: Marthe reçoit le Seigneur Jésus et ses disciples dans sa maison. La grande différence entre elle et sa soeur apparaît déjà. Pour Marthe, recevoir tant de visites représente beaucoup de travail. Elle est tout absorbée par sa tâche. Marie profite de cette occasion pour s'asseoir aux pieds du Seigneur Jésus et pour écouter sa parole. Marthe est certainement présente par intervalles, mais, étant tout entière à son travail, elle ne peut s'imprégner de ses paroles. Contrariée par le comportement de sa soeur, elle fait même un reproche à Jésus: «Seigneur, ne te soucies-tu pas de ce que ma soeur me laisse toute seule à servir? Dis-lui donc qu'elle m'aide. Et Jésus, lui répondant, dit : Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n'est besoin que d'une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée» (Luc 10 : 40-42).

Ces deux soeurs représentent deux sortes de croyants. Les premiers voient surtout le travail à faire. Ils sont entraînés d'une activité à l'autre, constamment sous pression. Ces personnes-là deviennent soucieuses et surmenées. Elles risquent de perdre leur équilibre spirituel et d'adopter une attitude critique vis-à-vis de croyants ayant d'autres dispositions, comme celles de Marie. Ces derniers savent réserver du temps pour la prière et l'étude de la Bible, pour mieux connaître le Seigneur. En conséquence, ils l'aimeront toujours plus et apprendront à le servir mieux et avec plus de dévouement.

On a souvent interprété trop sévèrement les paroles adressées par le Seigneur à Marthe. Il ne l'a pas blâmée à cause de tout son service ; il l'a reconnu et a apprécié. Il ne lui aurait certainement pas parlé ainsi si elle ne s'était permise de lui faire ces reproches. On a parfois déduit de l'expression «il n'est besoin que d'une seule (chose) » qu'il manquait à Marthe la seule chose nécessaire, à savoir la foi en lui. Mais nous voyons ailleurs que Marthe était une croyante, qu'il y avait dans son coeur de l'amour pour le Seigneur et qu'elle trouvait sa joie à le servir. Ce qui lui manquait, c'était le désir de Marie d'écouter sa parole et ainsi d'apprendre à mieux le connaître. Grâce à sa plus grande connaissance de Sa personne et de Son oeuvre, Marie sera rendue capable, plus tard, de remplir un service ayant pour lui beaucoup plus de valeur que tout autre. Nous avons peut-être tendance à mettre en opposition Marthe et Marie et à prendre parti pour l'une ou pour l'autre. Au contraire, nous avons beaucoup à apprendre de chacune d'elles!

Une fois, lors d'une visite dans une maison chrétienne, je fis la connaissance d'un jeune croyant, intelligent, qui faisait de bonnes études. Je lui demandai s'il trouvait aussi du temps pour l'étude de la parole de Dieu. Ce n'était pas le cas. Certes, dans cette maison, on trouvait beaucoup d'écrits et d'études sur la Bible. Il y avait bien jeté un coup d'oeil par-ci, par-là, mais les avait trouvés trop «ennuyeux» pour s'y pencher de façon plus approfondie. En outre, il n'en sentait pas la nécessité car prêcher ne serait jamais son affaire. j'attirai son attention sur 1 Corinthiens 14 : 29: «que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent». Jamais non plus il ne serait en mesure de «juger» sans une connaissance suffisante de la Parole. De plus, il se privait de la joie goûtée dans les moments réservés régulièrement à la prière et à la méditation de la Parole, avec la croissance spirituelle qui en découle. Enfin il ne se préparait pas à remplir peut-être plus tard son rôle de mari et de père dans sa propre famille. Luther disait, paraît-il, que c'est lorsqu'il avait le plus à faire qu'il consacrait le plus de temps à la prière. Avec cette disposition d'esprit, tout croyant sera gardé d'excès et de déséquilibre spirituel.

On trouve une autre visite du Seigneur dans cette famille en Jean 11. Les deux soeurs sont dans la peine: leur cher frère Lazare est gravement malade. Les maisons des croyants ne sont pas épargnées non plus par la maladie et la mort.

La souffrance et les larmes rapprochent étroitement les coeurs de Marie et de Marthe. Si seulement leur grand Ami Jésus était là! Mais il était très loin, de l'autre côté du Jourdain. Elles lui envoient un message, bref mais clair: «Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.» Elles ne parlent pas de l'amour de Lazare; elles en appellent aux affections du Seigneur qui leur sont bien connues. Cependant, le Seigneur attend encore deux jours avant d'aller vers elles. C'est une dure épreuve pour les deux soeurs. Il a son but en agissant ainsi, comme il a son but pour nous aussi dans des circonstances semblables. Il nous vient en aide à son moment et à sa manière.

En chemin, lui, le Tout-Puissant, annonce à ses disciples: «Lazare, notre ami, s'est endormi; mais je vais pour l'éveiller.» Les disciples trouvent maintenant qu'il n'est plus utile de risquer un retour en Judée. Si Lazare dort, c'est qu'il est en bonne voie de guérison ; ils n'ont pas compris que le Seigneur n'a pas parlé du repos du sommeil, mais de la mort de Lazare. Ce malentendu est compréhensible. On peut remarquer à quel point les disciples considèrent ce voyage comme dangereux, d'après les paroles de Thomas : «Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui.» En même temps, il exprime là son grand amour pour le Maître.

La nouvelle de la venue du Seigneur parvient aux deux soeurs avant qu'il n'arrive à Béthanie. De nouveau , la grande différence entre Marthe et Marie se manifeste. Marthe, impulsive, empressée, ne peut attendre son arrivée, mais court à sa rencontre. Marie, elle, reste tranquillement à la maison, avec tous les amis qui sont venus aussi de Jérusalem pour les consoler. Marthe soulage son coeur en disant: «Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.» Elle exprime sa foi en lui par ces mots: « ... mais même maintenant je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera.» La conversation qui suit montre qu'elle ne comprend pas bien le Seigneur. Est-ce peut-être parce qu'elle a écouté trop superficiellement ses paroles auparavant? Elle est contente d'aller chercher sa soeur en lui disant: «Le maître est venu, et il t'appelle.» Accompagnées des visiteurs, elles vont à l'endroit où Jésus les attend.

Marie se jette aux pieds de Jésus . Là où précédemment elle a reçu de si précieux enseignements, elle cherche et trouve maintenant la consolation. Elle exprime sa peine en pleurant, et le Seigneur Jésus lui montre sa sympathie en pleurant avec elle. Mais il fait plus. Il se fait conduire au tombeau de Lazare et commande d'ôter la pierre du sépulcre. Puis il crie à haute voix: «Lazare, sors dehors!» Lazare sort, et après qu'ils l'ont délié des bandes, ils le laissent aller.

La dernière fois qu'il est question de la famille de Béthanie, c'est en Jean 12, 1-8: «Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. On lui fit donc là un souper; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. L'un de ses disciples donc, Judas Iscariote, fils de Simon, qui allait le livrer, dit: Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu trois cents deniers et donné aux pauvres? Or il dit cela, non pas qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et qu'il avait la bourse et portait ce qu'on y mettait. Jésus donc dit: Permets-lui d'avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. Car vous avez les pauvres toujours avec vous; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.»

Dans cette circonstance aussi, les noms des trois frère et soeurs sont cités. Lazare, le mort que Jésus a ressuscité d'entre les morts, est un de ceux qui sont à table avec lui. Nous ne lisons pas plus ici qu'avant que Lazare ait prononcé un seul mot. Il est un témoin silencieux, parlant par le seul fait qu'il vit : une preuve irréfutable que Jésus a accompli un miracle à son égard. De ce fait, plusieurs Juifs croient en Jésus. C'est pourquoi d'ailleurs les principaux sacrificateurs le haïssent lui aussi et veulent le faire mourir (v. 9-11).

De nouveau, on trouve Marthe en train de servir ; mais elle le fait en silence, sans critiquer. Marie oint le Seigneur avec un parfum de nard pur de grand prix. Ayant écouté avec recueillement les paroles du Seigneur, elle a acquis une intelligence de sa personne et de son oeuvre, dans laquelle elle surpasse même les disciples. Ils ne peuvent donc pas comprendre sa façon d'agir. Ils le prennent même en mauvaise part (Matt. 26 : 6-13). En Jean 12, c'est Judas qui exprime leur pensée. Lui, le voleur, a très vite calculé le prix : trois cents deniers, une somme pour laquelle un journalier devait travailler trois cents jours, c'est-à-dire presque une année entière. Et Marie «gaspille» une pareille somme en un instant!

Pauvre Marie, critiquée d'abord par sa soeur, et maintenant par un disciple ! Mais le Seigneur apprécie sa conduite, et exprime son approbation. Cela lui suffit. Nous aussi, nous pouvons passer par des expériences semblables à celles de Marie. Il est désagréable que nos bonnes intentions ne soient pas comprises et que nos actions soient mal jugées. Apprenons à tout remettre au Seigneur.

17. ANANIAS ET SAPPHIRA

(Actes 5 : 1-11)

Le livre des Actes nous parle de deux couples: Ananias et Sapphira d'une part, Aquilas et Priscilla d'autre part. La Bible ne dit pas s'ils avaient des enfants ou non. Le récit concernant le premier ménage se trouve au chapitre 5, versets 1 à 11 que chacun est invité à relire.

Cet incident nous reporte au temps des débuts prospères de l'assemblée de Dieu. Le Seigneur Jésus était mort, ressuscité, et monté au ciel. Le Saint Esprit en était descendu le jour de la Pentecôte pour habiter dans les coeurs de tous ceux qui venaient au salut et constituaient l'assemblée. Celle-ci croissait rapidement. Les croyants étaient «un cœur et une âme» et prenaient soin les uns des autres avec amour. Personne n'était dans la nécessité. Les riches vendaient leurs biens pour aider les pauvres. Certains ont prétendu que les premiers chrétiens étaient des communistes. Ce n'est pas vrai, car ils ne partaient pas du principe que la propriété est un péché ; ils n'enseignaient pas : «Ce qui est à toi est à moi», mais ils vivaient selon la règle suivante: «Tout ce qui est à moi est à toi».

Dieu le Saint Esprit habitait dans l'Assemblée. Il demeurait aussi dans chaque croyant individuellement. Leurs corps étaient des temples du Saint Esprit. Celui-ci était la force motrice de leur vie. Cela se voyait de l'extérieur, on en parlait, et le nom de Dieu était glorifié par ce moyen. Seul Satan ne pouvait y trouver son compte. En vue de détruire l'oeuvre de Dieu, il déclencha une persécution contre les apôtres. Ce fut en vain. Alors il essaya d'entraîner des croyants à pécher. Ce récit nous en montre les résultats.

Quel péché ce couple a-t-il commis ? Ce n'était pas un vol ni une désobéissance, comme dans le cas d'Acan au début de l'histoire d'Israël dans le pays de Canaan. Ananias et Sapphira avaient vu que Joseph (Barnabas) avait vendu un champ et avait apporté le produit de la vente aux apôtres pour qu'il soit distribué aux pauvres. D'autres aussi avaient fait de même et avaient reçu en retour de la reconnaissance et de l'estime. Cependant personne n'y était obligé, Ananias et Sapphira non plus. Ils étaient tout à fait libres de vendre leur bien ou de le garder. Ils étaient libres aussi de faire ce qu'ils voulaient de la recette. Leur péché, c'était de prétendre tout donner, alors qu'ils en gardaient une partie à l'insu de tous. Ils pensaient ainsi recevoir le même honneur que les autres.

Pierre appela cela mentir à l'Esprit Saint, et donc à Dieu, ce qui était bien plus grave que de mentir aux hommes. C'était une mauvaise action qu'ils s'étaient proposée dans leurs coeurs à l'instigation de Satan. Ils n'ont pas été surpris par ce péché mais l'ont commis «intentionnellement». De plus, cela se passait en un temps où le Saint Esprit agissait très puissamment dans l'Assemblée, ce qui rendait l'acte d'autant plus grave. Ainsi ce mal devint-il un «péché à la mort» (1 Jean 5 : 16).

Il existe des cas où le péché nécessite la discipline de l'assemblée (1 Cor. 5), et d'autres où Dieu intervient lui-même. Chaque fois, le but est le salut de l'esprit dans la journée du Seigneur Jésus (1 Cor.5 : 5). Sapphira eut à son tour l'occasion de confesser son péché, mais elle persista dans le mal et fut frappée du même jugement que son mari. Il est bon de remarquer que, dans ce cas, il n'est pas question d'une discipline exercée par l'assemblée ni par l'autorité apostolique, mais par une intervention directe de Dieu. On dit parfois qu'Ananias et Sapphira n'étaient pas vraiment convertis. Mais alors ce serait un avertissement de moins pour nous, et nous pourrions croire qu'il n'est pas possible qu'une chose aussi grave nous arrive. Le jugement commence par la maison de Dieu. C'est valable aujourd'hui aussi, et c'est tout autre chose que le jugement qui va venir sur les incrédules.

Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée. C'est ce qu'il nous convient également de ressentir en face de ce péché de l'hypocrisie. Dans le long discours du Seigneur Jésus, en Luc 12, nous lisons qu'il «se mit, avant tout, à dire à ses disciples : Tenez-vous en garde contre le levain des pharisiens, qui est l'hypocrisie. Mais il n'y a rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu. C'est pourquoi toutes les choses que vous avez dites dans les ténèbres seront entendues dans la lumière, et ce dont vous avez parlé à l'oreille dans les chambres sera publié sur les toits» (v. 1-3). Le Seigneur le dit, non aux pharisiens, mais à ses disciples. Eux aussi étaient exposés à ce mal et pouvaient y succomber. Et nous ne sommes pas meilleurs qu'eux. Ce chapitre contient beaucoup d'avertissements donnés par le Seigneur, mais en tout premier lieu c'est sur ce péché d'hypocrisie qu'il attira l'attention des disciples.

Si nous comparons les paroles du Seigneur en Luc 12 : 3 avec ce qui est arrivé en Actes 5, la correspondance est particulièrement évidente. Le grand sérieux avec lequel le Seigneur mit en garde contre l'hypocrisie, la sévérité avec laquelle il jugea ce péché dans la première assemblée à Jérusalem et fit plus tard des reproches à Laodicée, nous contraint à prendre ce péché également très au sérieux. Nous avons besoin comme cette dernière assemblée de recevoir du Seigneur un collyre pour bien voir. L'hypocrisie nous empêche d'avoir un regard juste sur lui, sur nos frères et nos contemporains.

Je suis persuadé que cet avertissement revêt aussi la plus grande importance pour la vie conjugale et familiale des croyants. «Toutes les choses que vous avez dites dans les ténèbres seront entendues dans la lumière, et ce dont vous avez parlé à l'oreille dans les chambres sera publié sur les toits» (Luc 12 : 3). Ces paroles du Seigneur, Ananias et Sapphira ne pouvaient pas ne pas les connaître. Mais ils n'avaient pas compté qu'elles se réaliseraient. Hélas, l'avertissement s'accomplit littéralement envers eux.

Nous nous les représentons tous les deux assis, peut-être dans leur chambre: - Ce Joseph! Il a vendu sa terre et en a apporté la valeur aux apôtres pour soulager les nombreux pauvres. On lui a donné le beau surnom de «Barnabas», qui signifie «fils de consolation». Quelle place honorable il prend dans l'assemblée! - pensent Ananias et Sapphira. Et les voilà qui réfléchissent. Eux aussi ont des possessions. S'ils comme Barnabas? Mais était-il nécessaire de tout donner ? S'ils en gardaient par exemple la moitié pour eux ? Ils seraient alors considérés comme ayant autant de dévouement que les autres qui a aient tout donné. Qui saurait qu'ils avaient mis de côté de petites économies ? Personne ! Les murs de la chambre n'avaient pas d'oreilles. Leur secret ne serait jamais découvert. Ils oublient Celui qui lit dans les coeurs.

Finalement, ils mirent leur projet à exécution. Leurs consciences ne firent-elles pas entendre leur voix lorsque Ananias fit ses adieux à sa femme et apporta une partie de l'argent aux apôtres après qu'ils eurent mis le reste en lieu sûr ?

Le secret fut révélé à Pierre. «Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, que tu aies menti à l'Esprit Saint . .. ?» demanda-t-il sévèrement. Il savait que Satan est l'instigateur de tout mal. C'est ce qu'il a été pour Eve au paradis, c'est ce qu'il sera jusqu'à la fin, lorsque Dieu le jettera dans l'étang de feu qui est préparé pour lui et pour ses anges. Cependant, Ananias n'était pas justifié pour autant, pas plus qu'Eve, des siècles plus tôt. Si seulement il avait discerné l'origine de la première suggestion et avait résisté à Satan! Mais il laissa la convoitise s'implanter dans son coeur, et finalement Satan en profita pour prendre la place à laquelle seul le Seigneur avait droit. Nous connaissons sa fin et celle de Sapphira qui persista dans le même mensonge.

Que peut nous apporter cette histoire, à nous, maris et femmes d'aujourd'hui ? Nous aussi, nous avons des délibérations dans l'intimité de nos demeures ! Et c'est bien nécessaire. Nous parlons de l'éducation de nos enfants, quand Dieu nous en a donné. Nous discutons des problèmes que comportent notre travail et notre profession. Cherchons-nous alors notre satisfaction et la considération des hommes ? Sommes-nous conscients du fait que Dieu entend ces conversations privées ? Sa parole est-elle la règle de conduite de toutes nos actions ?

A propos de ce récit, nous sommes confrontés à la question : Comment devons-nous gérer nos biens et employer nos revenus ? Nous avons vu que, pour les croyants de ce temps-là, ce n'était pas un problème. J'ai déjà entendu dire que ce comportement n'était pas raisonnable parce que, en conséquence, tous les Juifs croyants eurent besoin d'assistance et qu'il fallut faire des collectes pour eux en d'autres lieux. Pourtant ils ont agi alors selon la parole du Seigneur en Luc 12 : 33 et ont acquis ainsi pour eux-mêmes un trésor impérissable dans les cieux, «d'où le voleur n'approche pas, et où la teigne ne détruit pas; car là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur.» Si ce trésor, pour nous, est sur la terre , notre coeur sera inévitablement sur la terre. Cela peut facilement engendrer la cupidité qui est rangée parmi les péchés graves en 1 Corinthiens 5 : 10, 11 et 6 : 10.

On entend dire parfois que l'argent est la racine de tous les maux. C'est faux. On peut faire beaucoup de bien avec l'argent. Il est écrit en 1 Timothée 6 : 10: «c'est une racine de toutes sortes de maux que l'amour de l'argent: ce que quelques-uns ayant ambitionné, ils se sont égarés de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs.» Le verset précédent avertit: «Or ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition». Mais il existe aussi des croyants à qui Dieu a confié des richesses. A ceux-là s'adressent les versets 17 à 19: «Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle, qu'ils ne soient pas hautains et qu'ils ne mettent pas leur confiance dans l'incertitude des richesses, mais dans le Dieu qui nous donne toutes choses richement pour en jouir; qu'ils fassent du bien; qu'ils soient riches en bonnes oeuvres; qu'ils soient prompts à donner, libéraux, s'amassant comme trésor un bon fondement pour l'avenir, afin qu'ils saisissent ce qui est vraiment la vie.»

Nous trouvons enfin en Hébreux 13 : 16 : «N'oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.»

Selon Lévitique 27 : 30, les Juifs devaient donner la dîme de leurs revenus pour le service de Dieu. C'était pour subvenir aux besoins des Lévites qui, à leur tour, devaient en donner dix pour cent aux sacrificateurs (Nomb. 18 : 26). S'y ajoutaient les sacrifices offerts volontairement, et les dons aux pauvres. Dans le Nouveau Testament, il ne nous est pas prescrit une telle règle, puisque nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce. Mais ne serait-ce pas mal comprendre la grâce et méconnaître ses effets que de donner en dessous du minimum ordonné au peuple terrestre de Dieu?

Outre les passages déjà cités, j'aimerais encore attirer l'attention sur 2 Corinthiens 8 et 9, deux chapitres entièrement consacrés au «don», sans trace de principe légal. Paul présente aux croyants de Corinthe l'exemple des Macédoniens, en qui la grâce de Dieu avait opéré de telle manière que, malgré leur profonde pauvreté, ils avaient abondé dans la richesse de leur libéralité. Ils avaient même demandé de pouvoir participer aux collectes, et y avaient contribué spontanément, et au-delà de leur pouvoir. Le secret, c'est qu'ils avaient trouvé le salut par la foi en Christ qui s'était donné lui-même pour eux. Ils s'étaient alors donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur et ensuite, poussés par l'amour, aussi aux autres. Pour eux, la question n'était pas «combien dois-je donner?» mais «combien puis-je donner?»

Au chapitre 9, verset 7, on trouve: «Que chacun fasse selon qu'il se l'est proposé dans son coeur, non à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement.» Si l'amour du Christ avait eu une telle place dans les coeurs d'Ananias et de Sapphira, ils n'auraient pas connu cette mort terrible. Et si nous donnons à Christ la première place dans notre coeur, Satan n'aura pas d'influence sur nous. Il n'y aura pas de place non plus pour le levain d'hypocrisie des pharisiens. Dans les sept «Malheur à vous!» de Matthieu 23, le Seigneur Jésus a mis en lumière l'hypocrisie de ces hommes et a prononcé son jugement contre eux. Le Seigneur comparait leur doctrine et leur mise en pratique avec le levain qui, dans la Bible, est toujours une image du mal. Lorsque les fils d'Israël célébrèrent la Pâque en Egypte, ils durent ôter le levain de leurs maisons, car il ne fallait pas qu'il y en ait du tout. Paul appelle les croyants à ôter le vieux levain: «c'est pourquoi célébrons la fête , non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité» (1 Cor. 5, 8).

Les pharisiens donnaient rigoureusement la dîme de tout. Mais ils faisaient leurs aumônes publiquement afin d'être loués par les hommes pour leur piété. C'était agir avec fausseté, c'était un péché !

Et nous ? si nous examinons nos maisons, les trouvons-nous exemptes de «levain»? Où en sont nos relations entre mari et femme? Sommes-nous francs et loyaux l'un devant l'autre dans un amour sincère ? Ou l'hypocrisie y a-t-elle aussi une place ? Par nature, nous sommes enclins à donner aux autres une meilleure image de nous-mêmes que ce que nous sommes.

Dans quelle atmosphère nos enfants grandissent-ils? Est-elle imprégnée de sincérité et de vérité, ou bien faisons-nous «comme si. .. »? Les enfants savent bien ce qu'il en est au fond, ou le comprennent par intuition. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Ils sont plus faibles et plus vulnérables, et ont besoin que nous les guidions et leur soyons en exemple.

Au sujet des pharisiens, le Seigneur a dû dire: faites selon leurs paroles mais non selon leurs oeuvres. Il ne faut pas que cela puisse s'appliquer à nous, parents. Nous désapprouvons avec raison la manière de donner des pharisiens en la qualifiant d'hypocrisie. Mais est-ce que cela doit nous conduire à ne rien donner, ou à donner peu ? Selon l'apôtre Paul, donner est une bénédiction. Et on connaît les paroles du Seigneur Jésus: «Il est plus heureux de donner que de recevoir» . On doit malheureusement souvent constater que beaucoup de personnes, et même des croyants, sont entièrement satisfaits de la bénédiction qu'il y a à recevoir, et pensent peu à l'autre bénédiction que l'on trouve à donner. Nous devrions aussi y faire participer nos enfants.

Je vois parfois des parents glisser un peu d'argent dans la main de leur enfant pour qu'il le mette à la collecte. Moi-même, je l'ai fait aussi. Les petits aiment cela. Pourquoi ne leur accorderions-nous pas cette joie ? Mais nous ne devons pas penser que, de cette manière, ils apprennent à donner. Ils sauront ce que c'est, lorsqu'ils auront grandi, seulement quand nous leur enseignerons à faire un bon usage de l'argent de poche ou de celui qu'ils ont gagné eux-mêmes. Ils devront apprendre à en donner aussi une partie au Seigneur, lui qui est le grand Ami des enfants.

Il y a longtemps, je reçus d'un jeune écolier une somme de 35 florins, si je me souviens bien. Pendant quelques mois, il avait distribué le journal dans son quartier, et il avait gardé l'argent qu'il avait gagné. Il voulait donner la somme en question pour l'œuvre missionnaire. Il me demanda de transmettre cet argent, ce que je fis avec joie, estimant heureux ses parents à cause des résultats de leur éducation. Ce que l'on a appris dans sa jeunesse, on en garde le pli, dit un proverbe.

Terminons sur cet extrait du livre des Proverbes : «Honore l'Eternel de tes biens et des prémices de tout ton revenu; et tes greniers se rempliront d'abondance, et tes cuves regorgeront de moût» (Prov. 3 : 9-10).

Les fils d'Israël devaient donner de leurs prémices à Dieu. Celui qui reçoit un salaire hebdomadaire ou mensuel fera bien, dès le début, d'en mettre à part pour le Seigneur, selon qu'il aura prospéré et qu'il se sera proposé dans son coeur (1 Cor. 16 : 2 ; 2 Cor. 9 : 6-8). Il vaut mieux donner des premiers fruits plutôt que de ce qui reste.

18. AQUILAS ET PRISCILLA

Les noms de ces époux croyants sont cités six fois dans le livre des Actes et dans les épîtres de Paul. Il est à remarquer que, chose très inhabituelle en ce temps-là, le nom de la femme est cité quelques fois en premier lieu. Le contexte fait comprendre pourquoi. Nous y reviendrons en examinant ces différents passages. Cela nous montre une fois de plus quelle place honorable la Bible donne à la femme et à son service dans la famille et dans l'assemblée.

La première fois qu'il est question d'eux, c'est en Actes 18. Quand Paul vint à Corinthe, lors de son deuxième voyage, il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, tout récemment venu d'Italie avec Priscilla sa femme, parce que Claude avait commandé que tous les Juifs sortent de Rome. Paul alla chez eux. Son métier étant de faire des tentes, comme eux, il demeura et travailla avec eux. On sait par les historiographes qu'une révolte avait provoqué cette expulsion des Juifs. Après qu'on les eut chassés de Rome et dispersés parmi les peuples, les hommes au pouvoir des différents pays n'ont pas cessé de trouver des occasions de persécuter les Juifs. L'antisémitisme reste encore un phénomène très fréquemment rencontré.

Aquilas et Priscilla avaient trouvé refuge dans la grande ville de Corinthe, colonie romaine aisée, pour commencer une nouvelle existence. Vraisemblablement, ils n'étaient alors pas encore chrétiens. Comme tout Juif pieux, ils fréquentaient la synagogue qui s'y trouvait, de même que dans la plupart des localités importantes.

Bien que Paul ait été appelé comme apôtre des nations, il commençait toujours par visiter la synagogue juive pour y annoncer l'évangile. C'est probablement ainsi qu'il fit la connaissance de ce couple, et qu'ensuite il alla chez eux. Il y séjourna un an et demi et travailla lui-même avec eux pour subvenir à ses besoins. Plus tard, dans une épître, il appela Aquilas et Priscilla ses «compagnons d'oeuvre» (Rom. 16 : 3) en rapport avec leur collaboration non dans le domaine professionnel bien sûr, mais dans celui de l'évangile.

Ce ménage a certainement été richement récompensé de son hospitalité. Ils n'ont pas logé un ange à leur insu (Héb. 13 : 2) mais ils ont reçu sciemment un serviteur du Seigneur, ce qui leur a été en grande bénédiction. Non seulement ils se sont convertis et ont cru au Seigneur Jésus Christ, mais ils ont participé efficacement à la diffusion de l'évangile. De ce fait, ils s'attirèrent la haine des Juifs qui rejetèrent Paul et ses discours, et le traînèrent devant le tribunal du proconsul romain. Dans une vision de nuit, Paul fut encouragé par le Seigneur lui-même à ne pas se taire, mais à continuer à annoncer l'évangile. Comme les Juifs refusaient de l'écouter et blasphémaient, il se réunit avec les Juifs croyants et les Corinthiens convertis, dans la maison de Justus, manifestement une grande maison, à côté de la synagogue. C'est ainsi que, de ces deux groupes, s'est formée l'assemblée.

Dix-huit mois plus tard, Paul quitta Corinthe et se rendit à Ephèse. Priscilla et Aquilas voyagèrent avec lui. De là, Paul continua son voyage, tandis que le couple resta à Ephèse. Là, ils fréquentèrent de nouveau la synagogue. La séparation entre le judaïsme et le christianisme s'est apparemment accomplie de façon progressive. A Ephèse, ils rencontrèrent un juif portant un nom grec, Apollos, Alexandrin d'origine. En tant que prédicateur itinérant, il était probablement en voyage vers l'Achaïe, où se trouvait d'ailleurs Corinthe. Il était d'usage que des étrangers soient autorisés à parler dans la synagogue, à condition qu'ils soient juifs. Parfois, ils y étaient même invités (Actes 13 : 15).

Apollos saisit cette occasion pour parler dans la synagogue d'Ephèse à ceux qui s'y trouvaient. Sans aucun doute, Priscilla et Aquilas ont beaucoup apprécié ce qu'il disait. Il n'était pas seulement un orateur éloquent qui galvanisait son auditoire, mais aussi un docteur instruit dans les Ecritures. Cependant le couple regrettait qu'il manque quelque chose à ses discours. Ce n'était pas l'évangile complet prêché par Paul, et centré sur le Christ crucifié et ressuscité. Apollos n'avait entendu parler que de la prédication de Jean le Baptiseur et du baptême de la repentance dans l'attente du Christ qui baptiserait de l'Esprit Saint. Quand Aquilas et Priscilla s'en aperçurent, ils ne se détournèrent pas de lui dans un esprit de critique, mais l'invitèrent dans leur maison pour avoir une conversation. Priscilla et Aquilas le reçurent et lui expliquèrent plus exactement la voie de Dieu (Actes 18 : 26). D'anciens manuscrits, découverts récemment, confirment l'ordre des noms «Priscilla et Aquilas» dans ce verset. L'expression «la voie» se trouve à maintes reprises dans le livre des Actes et c'est une autre façon de désigner «l'évangile».

Un prédicateur s'est un jour permis de dire que, pour une femme, il était plus important d'étudier son livre de cuisine que la Bible. Je ne suis bien sûr pas d'accord, et j'espère que mes lecteurs ne le sont pas non plus. Cela ne signifie pas que, pour une femme, l'art culinaire soit sans importance. J'ai apprécié le savoir-faire de ma femme dans ce domaine, et j'en ai bien profité ! Mais il n'y a aucune commune mesure avec la connaissance de la Bible, nécessaire à une femme pour diriger sa marche et être le soutien de son mari. Si c'est une maman, elle pourra être en exemple à ses enfants et elle sera capable de les instruire dans la Parole.

Priscilla a certainement été une excellente maîtresse de maison, hospitalière, et de ce fait, beaucoup auront gardé d'elle un souvenir reconnaissant. Mais, avec son mari, elle était aussi en mesure d'expliquer plus exactement la voie de Dieu à Apollos. Nous avons déjà parlé dans les chapitres précédents des passages de l'Ecriture qui traitent du fait que la femme n'est pas autorisée à enseigner dans l'assemblée. Ce que fit Priscilla n'était pas en contradiction avec ce précepte, puisqu'il s'agissait là d'une conversation à la maison. Et Apollos, si doué qu'il fût, était assez humble pour écouter avec reconnaissance ce dont lui faisait part ce couple d'artisans, simples mais ayant une plus grande connaissance que lui. Comme il se proposait d'aller en Achaïe, les frères l'y encouragèrent et lui donnèrent une «lettre de recommandation» pour les disciples. Aquilas et Priscilla s'en seront beaucoup réjouis. C'est à Corinthe qu'ils s'étaient convertis et ils connaissaient la situation là-bas. Apollos, lisons-nous, fut très utile aux croyants de cette ville: «il réfutait publiquement les Juifs avec une grande force, démontrant par les Ecritures que jésus était le Christ.» Aquilas et Priscilla ont pris part à ce service et à la bénédiction qui en a découlé. Quel exemple encourageant pour tous les couples croyants!

Pendant que ces événements se déroulaient à Corinthe, Paul revint à Ephèse, lors de son troisième voyage. C'est de là qu'il écrivit sa première épître aux Corinthiens. Il y transmit aussi les salutations des assemblées d'Asie qui s'étaient formées par son service, et en particulier les salutations d'Aquilas et de Priscilla avec l'assemblée qui se réunissait dans leur maison (1 Cor. 16 : 19).

A Ephèse, quand Paul dut se séparer de la synagogue, exactement comme à Corinthe, on se réunit dans l'école de Tyrannus. Comme l'assemblée croissait, il semble que ce bâtiment ne fut plus assez grand; alors on se réunit aussi dans les maisons. Aquilas et Priscilla mirent également leur maison à disposition pour ces rassemblements. Cela s'était passé de la même manière à Jérusalem comme en d'autres lieux. Cependant tous ces rassemblements de maisons formaient un tout : l'assemblée à Ephèse. Nous voyons ici de nouveau l'hospitalité et l'affection fraternelle de ce ménage.

Nous retrouvons leurs noms dans l'épître de Paul aux Romains: «Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d'oeuvre dans le Christ Jésus (qui, pour ma vie, ont exposé leur propre cou; auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les assemblées des nations), et l'assemblée qui se réunit dans leur maison» (chap. 16 : 3-4). De toute évidence, la situation à Rome avait changé, si bien qu'ils pouvaient y habiter de nouveau.

Paul n'était pas encore allé à Rome quand il écrivit cette épître, mais il savait qu'il y avait des croyants. Il espérait leur rendre visite, comme on le voit au début de l'épître. Il savait aussi que ce couple y avait continué son travail d'évangélisation et, comme à Ephèse, avait mis à disposition sa maison pour le rassemblement des croyants.

Des années plus tard, Paul écrivit sa deuxième épître à Timothée qui travaillait à Ephèse en ce temps-là. Apparemment, Aquilas et Priscilla y avaient de nouveau déménagé. Car Paul demande à Timothée de les saluer ainsi que d'autres , de sa part. Aucun détail n'est donné à leur sujet dans cette épître, ils étaient sans doute suffisamment connus. De fait, on ne trouve aucun couple, dans le Nouveau Testament, dont il soit rapporté autant de bien que de ces deux personnes. Suivons leur exemple !

Pour autant que nous le sachions, Aquilas et Priscilla n'ont pas eu d'enfants. Ils ont certainement surmonté cette déception de la bonne manière. Avec toute leur énergie et leur dévouement, ils se sont mis, eux-mêmes et tout ce qu'ils avaient, à la disposition du Seigneur et de son service. Les couples sans enfants ont cette possibilité encore aujourd'hui, et j'en connais plusieurs qui suivent cet exemple. Ainsi la tristesse est transformée en bénédiction pour eux-mêmes et pour d'autres.

Il y a aussi des croyants qui ne se sont jamais mariés ou qui ont perdu leur conjoint. Ils sont seuls dans la vie et ressentent souvent douloureusement la solitude. Mais le Seigneur est puissant pour combler ce vide et rendre la vie riche et heureuse. Pensons à Paul, cet homme solitaire, et à toutes les joies de la vie auxquelles il a dû renoncer volontairement. Et pourtant, par là-même, combien plus a-t-il été en bénédiction à d'autres ! Pensons à Anne, la prophétesse, qui avait connu le bonheur du mariage pendant sept ans, et ensuite était restée veuve et solitaire. Elle n'était pas languissante et incapable d'agir à cause de son chagrin, mais elle servait Dieu nuit et jour, et lorsque à quatre-vingt-quatre ans elle put voir l'accomplissement de la promesse de Dieu dans le temple, elle loua Dieu et parla de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance (Luc 2 : 36-38). Pensons à Dorcas, qui était seule et dont la vie était remplie de bonnes oeuvres et d'aumônes qu'elle faisait envers les veuves nécessiteuses (Actes 9 : 36-43). Pensons aux filles non mariées de Philippe, dont la vie était remplie par le service de la prophétie, qui consistait à parler à d'autres pour l'édification, l'exhortation, et la consolation (Actes 21 : 9 ; 1 Cor. 14 : 3).

Je pourrais continuer ainsi. Le croyant n'a pas à se laisser abattre ni attrister par les déceptions de la vie. Dieu ouvre toujours de nouvelles voies et donne mille possibilités d'être actif pour d'autres.

Tous, mariés ou non, avec ou sans enfants, nous nous sentons concernés par ce verset 58 de 1 Corinthiens 15 : «Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur.»