Le temple du Saint Esprit

De la méditation « Le don du Saint Esprit »

de Brockhaus R. -  ME 1908 page 17  -  ME 1909 page 16

 

Contenu de l’ensemble de la méditation :

0.  Préface

1.  La personne du Saint Esprit

2.  Le baptême du Saint Esprit et de feu 

3.  L'autre Consolateur

4.  La venue de l'autre Consolateur

5.  Des différents modes de communication du Saint Esprit

6.  Le Saint Esprit, comme sceau et gage

7.  Le temple du Saint Esprit

8.  Un seul corps et un seul Esprit

9.  Le Saint Esprit dans le livre de l'Apocalypse

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Le temple du Saint Esprit

«Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu? Et vous n'êtes pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps» (1 Corinthiens 6: 19, 20). «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu'un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes» (1 Corinthiens 3: 16, 17).

Dans ces deux passages, une autre précieuse vérité nous est communiquée en rapport avec la personne du Saint Esprit, et cela à deux points de vue différents; dans le premier passage, il s'agit du chrétien individuellement, le second parle des croyants considérés dans leur ensemble comme corps. Sous les deux rapports, il est dit: Le Saint Esprit habite en vous ou est en vous comme dans son temple; dans le premier cas, c'est le corps du croyant qui constitue le temple du Saint Esprit, tandis que, dans le second, ce sont les croyants pris dans un sens collectif qui sont appelés le temple de Dieu. Occupons-nous d'abord de la première partie de cette merveilleuse bénédiction.

«Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit?» Pensez un moment à ces paroles, cher lecteur. Ce pauvre corps corrompu par le péché, si défiguré, si estropié et si dénaturé, Dieu le Saint Esprit l'a choisi pour son habitation! C'est pour lui aussi qu'a eu lieu l'oeuvre de rédemption, quand même le plein résultat n'en est pas encore manifesté. Nous attendons encore «l'adoption, la délivrance de notre corps» (Romains 8: 23). Or, parce que l'expiation a eu lieu pour notre corps aussi et que nous avons été achetés à prix, il peut être le temple du Saint Esprit. Quelle bénédiction, mais aussi quelle responsabilité! Car, comme le corps est notre serviteur, l'instrument, pour ainsi dire, avec lequel nous travaillons, il faut que tout ce que nous faisons désormais, soit mesuré par la présence de cet hôte céleste et jugé d'après elle. Pour le croyant, il n'y a pas de mesure moindre. «N'attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption» (Ephésiens 4: 30). Pour le chrétien, il n'est pas dit: Fais ceci et ne fais pas cela, il ne lui a pas été donné un certain nombre de commandements, de règles et de préceptes, d'après lesquels il doit régler sa vie. Non, le Saint Esprit, qui habite en lui, est son guide et son précepteur; et il dirige l'oeil du croyant sur Christ et s'efforce de le transformer à son image. Il donne l'intelligence et le discernement spirituels, il éveille dans le coeur l'amour et les sentiments célestes, et place devant les yeux une espérance, dont la loi ne savait rien. Oui, nous pouvons dire que l'Esprit éveille dans l'âme ses propres pensées et ses sentiments. Combien nous devrions donc prendre garde à sa voix et nous efforcer de marcher de manière à ne contrister en rien, ni en pensées, ni en paroles, ni en actes, l'Esprit qui habite en nous!

Que le Seigneur nous donne une oreille attentive, un oeil simple et un coeur soumis! Ne devons-nous pas dire que compter sur la direction du Saint Esprit, s'y attendre, observer simplement ses directions, ses exhortations et ses avertissements, écouter en silence ses enseignements, ses encouragements et ses consolations, est à bien des égards devenu parmi nous chose inconnue? Bien qu'on puisse beaucoup parler de cette partie de la vérité, n'avons-nous pas souvent oublié que c'est Dieu le Saint Esprit qui habite en nous? Plus un miroir est pur et brillant, plus clairement aussi tout souffle, même le plus léger, ternit sa surface. Et maintenant Celui dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, habite en nous, qui même accuse ses anges de folie, qui ne peut supporter en sa présence aucune trace de péché! Combien ce sentiment devrait nous rendre sérieux, nous amener à nous juger constamment, à sonder nos voies, à condamner les impulsions et les mobiles les plus intimes de nos coeurs, à la lumière infaillible de la présence divine! Plus ces saints exercices de l'âme sont profonds et sincères, plus la conscience devient délicate, plus le sentiment de ce qui est impur et impie s'aiguise, plus exactement aussi le thermomètre spirituel indique toute fluctuation, la plus petite baisse, plus aussi l'âme est rendue capable d'obéir à cette exhortation «Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, s'il y a quelque vertu et quelque louange, que ces choses occupent vos pensées» (Philippiens 4: 8). Et d'un autre côté: «Que toute amertume, et tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure, soient ôtées du milieu de vous, de même que toute malice; mais soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné» (Ephésiens 4: 31, 32). Ce n'est pas par hasard que ces derniers mots sont en relation si immédiate avec l'exhortation: «N'attristez pas le Saint Esprit». Nous savons tous par expérience combien souvent les sentiments amers, la colère, les jugements durs, l'insensibilité, les médisances, un manque de sincérité envers les autres, et autres choses semblables, se sont manifestés parmi les croyants. Hélas! tout cela devrait être ôté du milieu de nous pour toujours; car le nouvel homme est créé selon Dieu en véritable justice et sainteté.

Remarquons aussi combien tout cela est intimement lié avec Christ. «Ne savez-vous pas», demande l'apôtre, «que vos corps sont des membres de Christ?» (1 Corinthiens 6: 15). L'Esprit de Dieu présente ainsi de nouveau les corps des croyants, et en relation immédiate avec eux, il introduit la résurrection. Quelle réfutation accablante des folles opinions et des systèmes de la théologie moderne qui ferait volontiers grand cas de l'âme de l'homme, mais qui nie la rédemption et la résurrection du corps! Et pourquoi la nie-t-elle? Parce que c'est précisément en cela que se fait connaître la surabondante grandeur de la puissance de Dieu et le néant complet de l'homme. Le Saint Esprit est les arrhes de la rédemption du corps. Nous sommes scellés par lui pour le jour de la rédemption, c'est-à-dire de la rédemption de notre corps. Ainsi nous lisons en Romains 8: 11: «Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts, vivifiera vos corps mortels aussi à cause de son Esprit qui habite en vous».

Mais comment nos corps sont-ils devenus membres de Christ? «Nous avons été achetés à prix», et nous avons «l'Esprit de Dieu». Le sang de Christ a coulé pour nous, et Dieu nous a donné l'Esprit. En vérité, pour faire de pauvres créatures, comme nous, son temple et une habitation du Saint Esprit, une purification absolue était nécessaire. Car comment Dieu pourrait-il habiter dans une tente souillée? Impossible! Aussi Dieu a accompli la purification, et sur cette base il nous a donné le Saint Esprit, sceau de la rédemption et arrhes de la gloire future. C'était son bon plaisir de nous donner ce témoignage de la purification opérée et en même temps la preuve de son amour infini.

Nous avons déjà vu que la présence du Saint Esprit en nous est une pierre de touche infaillible pour tout ce qui se passe en nous, et pour tout ce que nous faisons. Si mon corps est le temple du Saint Esprit, comment pourrais-je en faire un instrument et un serviteur du péché? Pour le croyant, nous avons déjà insisté là-dessus, il ne s'agit pas tant de la transgression d'un commandement quelconque que de la question bien plus profonde, s'il veut se servir de l'habitation du Saint Esprit pour commettre un péché. Toutes les exhortations de la parole de Dieu répondent toujours à la position à laquelle on a été amené et se basent sur la relation dans laquelle on a été introduit. La Parole nous nomme disciples de Christ, serviteurs, administrateurs, fils de Dieu, lumières dans le monde, etc., et la responsabilité correspond chaque fois à la position relative. Ici, il en est aussi de même. Dieu nous a donné son Esprit et nous a mis en relation avec lui-même. Donc, «ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit, qui habite en vous et que vous avez de Dieu?» Notre corps est le vase de la présence et de l'activité de Dieu lui-même par son Esprit.

C'est là un fait sublime et merveilleux. En avons-nous toujours conscience? Ne l'avons-nous pas parfois oublié? Peut-être beaucoup d'entre nous ne l'ont-ils pas encore saisi dans toute sa sérieuse portée. Je crois que si nous nous représentons, dans la lumière de Dieu, la position à laquelle nous sommes amenés, nous sentirons tous combien notre état est bas, combien nos voies ont souvent été capricieuses et fausses, combien nous avons manqué sous tous les rapports. Combien d'orgueil et d'égoïsme, combien de péchés par omission, sans parler de tant d'autres, s'élèvent devant notre oeil intérieur, quand nous jetons un regard rétrospectif sur le passé! Le Seigneur veuille nous le faire sentir et reconnaître profondément. Ce dont nous avons besoin surtout, c'est d'une vraie contrition et humilité de coeur. Un homme humble est à sa vraie place devant Dieu. Il peut avoir encore beaucoup à apprendre et à oublier, mais la grâce lui est promise (Proverbes 3: 34; 1 Pierre 5: 5). Il y a là pour lui non seulement la grâce, mais aussi la force. Il peut tout par la force d'un autre. «Revêtu de la force d'en haut», il marche, non pas dans sa propre force, et encore moins dans la chair, mais il se sert de la force qui est en lui. Il éprouve la vérité de cette parole: «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair» (Galates 5: 16).

Ceci nous ramène à l'épître aux Galates, dont nous nous sommes déjà brièvement occupés. La cause qui amène à la bouche de l'apôtre les paroles ci-dessus, n'est pas la même que dans l'épître aux Corinthiens, mais la même vérité est mise en lumière. Les Galates croyants étaient en danger de tomber dans un esprit légal et de se laisser replacer sous un joug d'esclavage. C'est pourquoi, après leur avoir plus amplement exposé la complète opposition des principes de la loi et de la grâce, l'apôtre leur dit: «Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant», et: «Car vous, frères, vous avez été appelés à la liberté» (5: 1, 13). Dans le premier verset, il s'agit de liberté comme d'une question de justification; dans le second, d'une liberté qui mène à une sainteté pratique et qui devrait toujours être unie avec elle. Car une sainteté qui ne croît pas sur ce terrain, est légale et sert à glorifier l'homme et à élever la chair. Or nous savons qu'il y a aussi une chair religieuse et pieuse.

Nous avons été appelés à la liberté, à la bienheureuse liberté d'enfants de Dieu, qui, affranchis de la loi du péché et de la mort, marchent devant Dieu dans la puissance de l'Esprit Saint. Comme une nouvelle création en Christ où les choses anciennes sont passées et où toutes choses sont faites nouvelles, le croyant a un nouvel objet devant lui, Christ, et est influencé par une puissance nouvelle, le Saint Esprit, pour produire tout ce qui est aimable et agréable devant Dieu. Il n'a pas un commandement inflexible qui le domine et fait de lui un malheureux esclave, sans lui donner la force de l'observer (la loi est destinée à l'homme dans la chair, non pas au croyant mort et ressuscité avec Christ), mais «la liberté» caractérise son appel, non pas sans doute une liberté de faire ce qu'il veut, mais de faire ce qui plaît à Dieu et ce qui est en rapport avec les instincts de sa nouvelle nature, non pas une liberté pour la chair, pour lâcher la bride à ses convoitises, mais une liberté pour servir les autres en amour et porter leurs fardeaux.

La force pour marcher dans cette bienheureuse liberté et pour produire une vraie sainteté chrétienne dans la vie de chaque jour, c'est le Saint Esprit. «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez point la convoitise de la chair». La loi ne donne point de force contre les convoitises de la chair; de bonnes intentions ne servent non plus à rien; l'Esprit est la seule force, il n'y en a pas d'autre. Et elle est là pour tout croyant, pour le jeune et l'inexpérimenté. «Car», continue l'apôtre dans un sens tout général, «la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair, et ces choses sont opposées l'une à l'autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez» (verset 17). Ces deux puissances, opposées l'une à l'autre sous tous les rapports, existent dans chaque enfant de Dieu ici-bas; elles convoitent sans cesse l'une contre l'autre, et la seule question est laquelle des deux domine en nous. La vieille nature, la chair, tend toujours à faire sa méchante volonté propre; l'Esprit lui résiste, afin que nous ne fassions pas ce que veut le vieil homme, la chair. Le Saint Esprit, qui est d'accord avec les sentiments et les inclinations du nouvel homme (c'est lui qui a opéré la vie nouvelle en nous), juge tout ce qui est mal et fournit à l'âme la force pour tendre à tout ce qui est bien. La chair lui résiste de nouveau et cherche à nous retenir de faire ce que veut le nouvel homme.

Nous rencontrons une pensée analogue à la fin du chapitre 7 de l'épître aux Romains. Après que le croyant (car il s'agit bien d'un croyant dans ce chapitre, bien qu'il ne connaisse pas encore l'application de la mort et de la résurrection de Christ à lui-même et à son état), après, dis-je, que le croyant a éprouvé qu'il n'habite en lui aucun bien, que sa chair ne veut et ne peut jamais se soumettre à la loi de Dieu, il en vient à ce cri bien connu: «Misérable homme que je suis, qui me délivrera?» De lui-même son oeil se tourne vers un Rédempteur en dehors de lui, et aussitôt, il peut dire: «Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ». Maintenant il est heureux. Pourquoi? Parce qu'il voit qu'il y a deux natures différentes en lui, la vieille qui a pris fin à la mort de Christ, mais qui sert toujours la loi du péché, dès qu'on lui permet d'agir, et la nouvelle, qui s'efforce toujours de faire la volonté de Dieu (verset 25). Et quand il a compris cela, il est capable d'entrer dans les glorieuses vérités du chapitre 8: «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus»; c'est-à-dire qu'il se voit en Christ; «car la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort»; c'est-à-dire qu'il se trouve dans la liberté pour laquelle Christ l'a affranchi et l'a appelé (versets 1, 2). Le croyant ne languit plus dans un sombre et insupportable esclavage, mais il se réjouit d'une sainte liberté; et, remarquons-le, ce n'est pas seulement une vérité générale qu'il exprime, mais une réalité pratique pour lui personnellement; «m'a affranchi», dit-il. En Christ ressuscité, il est transplanté sur un terrain tout nouveau. Non pas que la chair ne soit plus en lui; elle y est et y reste aussi longtemps qu'il vit ici-bas. Mais il possède maintenant une nouvelle nature dans laquelle le Saint Esprit opère et qui n'est pas soumise à la loi du péché et de la mort. «Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté» (2 Corinthiens 3: 17). Le croyant en a fini une fois pour toutes avec ce qui est vieux, il a crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises (Galates 5: 24). C'est là ce qui caractérise quiconque est du Christ.

Mais j'entends le lecteur demander: Ne dois-je pas crucifier la chair chaque jour? Ne dois-je pas toujours de nouveau amener à la croix tout ce que je découvre en moi de mauvais penchants non jugés? Ma réponse est: Non, car cela est déjà fait. Ce dont tu as besoin, c'est de croire au fait que tu as été crucifié et que tu es mort avec Christ, et de marcher dans la force que te donne la foi en ce fait. Oh! quelle consolation de savoir que la chair est une chose déjà jugée, que la sentence de mort a été exécutée sur elle en Golgotha! Quelle autre chose pourrait nous donner de la force, sinon ce fait? Nous ne sommes plus «dans la chair», mais «dans l'Esprit». Nous vivons par l'Esprit. Si donc «nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit». Croyons fermement et simplement que la force du Saint Esprit nous fortifiera contre tout mal et qu'elle peut nous donner la victoire sur tout mal, et faisons usage de cette force! Comme temples du Saint Esprit, «livrons-nous nous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts étant faits vivants», et «nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu» (Romains 6: 13; 12: 1).

Grâces à Dieu, le chrétien est introduit dans des réalités, dans des faits entièrement accomplis; il est transporté sur le terrain d'une oeuvre divinement faite. Tout cela par la puissance du Saint Esprit. Et la même puissance qui a fait de lui un chrétien, est aussi là pour qu'il puisse marcher comme chrétien. Tout comme l'Esprit présente Christ au pécheur avide de salut, il travaille chez le croyant à diriger ses regards sur Christ, à glorifier Christ. Et dans la mesure où cela lui réussit auprès d'une âme, apparaîtra aussi le fruit de l'Esprit. Jamais l'Esprit n'occupera une âme de son moi, de ses progrès, de sa croissance, etc. Son oeuvre est d'exalter Christ. Il peut bien avoir à diriger les yeux sur des fautes, des manquements, des erreurs, etc.; cela peut même aller jusqu'à nous jeter entièrement dans la poussière, à briser tous nos os, comme chez Job, pour nous enseigner au sujet d'un mauvais penchant caché, ou pour nous ramener d'une voie d'erreur; mais ce n'est pas là son activité essentielle. Elle consiste, je le répète, à glorifier Christ. Christ est la règle et le fil conducteur de la marche du croyant; et en le présentant à nos yeux tel qu'il a marché ici-bas, le Saint Esprit cherche à produire chez le chrétien, sur la base de l'oeuvre de Jésus Christ, ces mêmes caractères précieux que nous voyons dans la perfection en Jésus: l'amour, l'obéissance, le dévouement, la pureté, la séparation de tout ce qui est dans le monde, etc.

Il y a donc deux grands dangers pour le croyant l'un est de tomber dans le légalisme et de nous complaire dans notre propre activité; l'autre est de nous servir de la liberté comme d'une occasion pour la chair, ou, comme Paul l'exprime, «d'avoir la liberté comme couverture du mal». L'apôtre oppose à ces deux dangers cette parole: «Marchez par l'Esprit». Si nous suivons cette direction, nous ne serons pas sous la loi et nous n'accomplirons pas les oeuvres de la chair, ces oeuvres abominables que nous trouvons énumérées aux versets 19-21. Oh! combien nous devrions désirer, cher lecteur, d'être conduits par l'Esprit. Alors seulement nous serons capables de produire en riche abondance les fruits de l'Esprit, tels que l'apôtre les cite ici: «l'amour, la paix, la joie, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance». Trois fois trois précieux résultats d'une marche par l'Esprit. Nous pouvons comprendre qu'il «n'y a pas de loi» (verset 23), contre de tels fruits et contre ceux qui les portent. Cependant ne nous arrêtons pas là, mais recherchons sérieusement et sincèrement si ces fruits bénis se trouvent en nous, et si nous marchons comme ayant crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Combien, hélas! il se trouve encore au milieu de nous qu'on «sème pour la chair», pour récolter de la chair «la corruption!» (Galates 6: 8). Que le Seigneur nous donne d'être vigilants, et de persévérer à nous éprouver nous-mêmes en nous inclinant à sa lumière, afin qu'il soit montré que nous marchons par l'Esprit, et que nous semons pour l'Esprit! Oui! que, «selon les richesses de sa gloire, il nous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit quant à l'homme intérieur, de sorte que le Christ habite par la foi dans nos coeurs!» (Ephésiens 3: 16-19). Etre «des lettres de Christ, connues et lues de tous les hommes», c'est notre vocation.

A ceci se rattache aussi l'exhortation de l'apôtre en Ephésiens 5: 18 et suivants: «Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution; mais soyez remplis de l'Esprit, vous entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur». Ne vous enivrez pas de vin; cette exhortation est sans doute à prendre d'abord à la lettre, mais elle s'applique sûrement aussi par analogie à tout ce qui peut enivrer le coeur et les sens. Le monde mixtionne toujours de nouveau son breuvage enivrant pour les enfants de ce siècle, et il peut bien facilement arriver qu'un croyant se laisse entraîner ici et là à faire un peu comme lui, à vouloir jouir comme lui. Il ne devrait pas en être ainsi. L'Esprit devrait pouvoir prendre si pleinement possession de nos pensées, de nos affections et de nos sens, qu'il les dirige en tout, qu'il gouverne nos paroles, détermine nos voies et nos actes, exclut tout ce qui lui est étranger, produit tout ce qui plaît à Dieu et est en bénédiction au prochain; des psaumes et des cantiques (oh! puissent-ils retentir davantage à la gloire de Dieu et pour la joie de ses enfants), des actions de grâce, quoi qu'il puisse arriver, du plaisir à faire la volonté de Dieu, et de la soumission les uns aux autres dans la crainte de Dieu.

En vérité, ce sont des choses désirables, et je n'ai pas besoin de dire qu'il y a accroissement dans leur réalisation. Etre rempli de l'Esprit, c'est plus que ne pas contrister l'Esprit. Si la première chose est réalisée, la seconde doit suivre immédiatement. N'oublions pas non plus que Dieu a des droits sacrés et illimités sur nous. «Vous avez été achetés à prix; glorifiez donc Dieu dans votre corps», dit l'apôtre (1 Corinthiens 6: 20). S'il y a un mobile puissant et s'emparant du coeur, c'est celui-ci: Nous sommes achetés à prix, et nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes. Si nous nous appartenions, nous serions perdus. Mais, grâces à Dieu, nous sommes siens, nous lui appartenons avec tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons. Il nous a acquis par le sang de son Fils bien-aimé (Actes des Apôtres 20: 28). Si donc nous suivons notre volonté propre, nous commettons une grave injustice envers Dieu; nous le privons de ses droits sur nous.

«Glorifiez Dieu dans vos corps!» Comment peut-on me demander à moi, pauvre et misérable créature, d'avoir à glorifier Dieu? Christ l'a fait, quand il allait et venait ici-bas, mais le pourrais-je, moi? Oui, si je marche dans l'Esprit et si je n'ai d'autre mobile que Christ, la force de Dieu opère en moi, et le monde le voit, bien qu'il ne puisse pas le comprendre. Nous sommes appelés à glorifier Dieu dans notre corps. Notre corps appartient à Dieu; il est le temple de son Saint Esprit. Ce même corps, qui jadis était un misérable esclave du péché, a été entièrement retiré de son ancienne position, et est devenu la propriété de Dieu. Il n'appartient pas non plus à ma vieille volonté corrompue, mais à Dieu. Ses membres peuvent et doivent servir d'instruments à la justice. Quelle joie que cela! Et comme cela nous montre en outre quelle oeuvre a été opérée pour nous! Même ce pauvre misérable corps appartient maintenant à Dieu, et je puis m'en servir en rapport avec la présence et dans la puissance du Saint Esprit; je peux glorifier Dieu dans mon corps. N'est-ce pas merveilleux? Oh! puissions-nous vivre davantage dans la force et dans la réalisation de cette vérité et «être occupés des choses du Seigneur, pour être saints et de corps et d'esprit» (1 Corinthiens 7: 34). De nos jours, ce n'est pas tant l'intelligence qui manque, mais l'effort sérieux «pour nous purifier nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu» (2 Corinthiens 7: 1).

Mais c'est le moment d'en venir à la seconde partie de notre méditation. Lorsque le Seigneur Jésus fit à ses disciples la promesse de l'autre Consolateur, il leur dit: «Il demeurera avec vous et sera en vous». Deux précieuses vérités que nous avons signalées déjà précédemment. Nous venons de nous occuper de la seconde en détail; considérons encore brièvement la première, ou, si l'on veut la seconde en regard de l'ensemble des croyants, de la communauté ou de l'Assemblée.

«Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous?» demande l'apôtre en 1 Corinthiens 3: 16; puis il continue: «Si quelqu'un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes». On ne peut douter qu'il ne s'agisse ici de l'Eglise de Christ, de la maison de Dieu, de temple saint que quelques-uns cherchaient à corrompre par de fausses doctrines. Les croyants sont la maison de Dieu, le temple de Dieu. La parole de Dieu distingue clairement entre l'habitation du Saint Esprit dans les personnes individuellement, et son habitation dans l'Assemblée, le corps de Christ. La première vérité était entièrement inconnue dans l'Ancien Testament; la seconde, c'est-à-dire l'habitation de Dieu avec son peuple, fut réalisée, pour ainsi dire, figurément, après qu'Israël, comme un peuple affranchi et délivré, eut traversé la mer Rouge. Aussi l'apôtre, dans sa seconde épître aux Corinthiens, réunit ces deux pensées quand il dit: «Car vous êtes le temple de Dieu, ainsi que Dieu a dit: J'habiterai avec eux, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple». Cela ne pouvait sans doute pas arriver avant que la rédemption ne fût accomplie, au moins figurément. Il en est exactement ainsi aujourd'hui. Comme l'habitation du Saint Esprit chez l'individu est basée sur la valeur infinie du sang de Christ, de même aussi la présence de l'Esprit dans l'Eglise se base sur la grande vérité que Christ est mort et glorifié à la droite de Dieu.

La pensée de l'habitation de Dieu ici-bas n'est donc pas nouvelle. Dès que le peuple d'Israël fut à l'autre rive de la mer Rouge, il chanta: «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté, tu l'as guidé par ta force jusqu'à la demeure de ta sainteté». Plus tard, Christ était le vrai temple. Et aujourd'hui, non seulement le croyant individuellement est un temple du Saint Esprit, mais Dieu bâtit aussi pour lui, avec des pierres vivantes, un temple saint, une maison spirituelle, pour être son habitation (1 Pierre 2: 5). Pensée merveilleuse et pourtant compréhensible, quand on se souvient que la base de tout est le «sang de Christ». Il est la pierre angulaire précieuse, que Dieu a posée en Sion. «Car c'est lui qui est notre paix, qui des deux (Juifs et gentils) en a fait un, et a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l'inimitié, la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu'il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau». Le mur mitoyen, établi jadis par Dieu lui-même, a disparu, et une création toute nouvelle, jusqu'alors tout à fait inconnue, un nouvel homme, l'homme des conseils éternels de Dieu, est venu à la lumière. Juifs et gentils ont été réconciliés avec Dieu en un seul corps par la croix, Christ ayant par elle tué l'inimitié; et la paix est maintenant annoncée aux uns et aux autres, à «ceux qui sont près et à ceux qui sont loin»; les uns et les autres ont accès auprès du Père par le même (ou le seul) Esprit. Et maintenant il est dit: «Ainsi donc vous n'êtes plus étrangers, ni forains, mais vous êtes concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu, ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes (savoir ceux du Nouveau Testament), Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin, en qui tout l'édifice bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur; en qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit». L'oeuvre s'opère ici-bas et avance jusqu'à ce que le temple saint, soit arrivé à son entier achèvement. L'ancien système religieux d'Israël a été remplacé par un édifice complètement neuf, qui, par suite de la présence du Saint Esprit, peut être appelé la demeure ou l'habitation de Dieu. C'est précisément cette présence qui constitue le temple; Dieu lui-même amène les pierres et les ajuste selon son pouvoir et sa sagesse, et ainsi le bâtiment avance jusqu'à ce qu'il soit en parfaite beauté devant les yeux de l'architecte divin.

Quand il est parlé de l'Eglise de Dieu comme de la maison de Dieu, il s'agit toujours, cela va sans dire, de sa position sur cette terre, aussi cette construction peut-être envisagée comme confiée à la responsabilité de l'homme; et quand c'est le cas, l'infidélité et la folie de l'homme apparaissent aussitôt; on ne bâtit plus seulement avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses, mais aussi avec de mauvais matériaux, du bois, du foin, du chaume; il y a même des docteurs et des ouvriers qui corrompent le temple de Dieu. C'est à eux qu'est annoncé le sévère jugement de Dieu: «Dieu les détruira». C'est pour cette même raison qu'il est possible (et il l'est encore aujourd'hui, bien que d'une autre manière qu'au commencement) que quelqu'un ait été participant du Saint Esprit, et que, malgré cela, il soit perdu. (Comparez Hébreux 6: 4-8). S'il s'agit du Saint Esprit comme sceau personnel et comme arrhes, par lequel, après avoir cru, nous avons été scellés pour le jour de la rédemption, ce serait évidemment impossible. Mais si nous l'envisageons comme l'Esprit qui habite ici-bas en puissance dans l'Eglise de Christ, il serait possible que quelqu'un éprouvât cette opération de puissance, qu'il goûtât la bonne parole de Dieu et les miracles du siècle à venir, et qu'il retombât et fût perdu. L'activité énergique et le puissant service du Saint Esprit, comme personne divine habitant dans l'Eglise, étaient devenus sa part, mais n'avaient produit aucune relation de coeur avec Christ; l'homme était resté après tout un simple professant, autrement le champ aurait produit une herbe utile pour celui qui le cultivait. En principe, la même chose peut arriver aujourd'hui.

L'histoire d'Ananias et de Sapphira nous rappelle d'une manière particulièrement vive cette habitation de Dieu dans sa maison. En tentant le Saint Esprit et en lui mentant, ces deux malheureux mentaient à Dieu lui-même (Actes des Apôtres 5: 3, 4). De même, la parole de l'apôtre en 1 Corinthiens 14: 25: Que si dans l'assemblée tous prophétisaient, conduits par l'Esprit, et qu'un incrédule entrât au milieu de l'assemblée, il serait convaincu et jugé par tous, et, «tombant sur sa face, il publierait que Dieu est véritablement parmi vous», — cette parole, dis-je, prouve la même vérité. Dieu n'était pas seulement dans ceux qui parlaient, mais dans l'assemblée; comme dans le premier cas il ne s'agissait pas d'un membre quelconque, mais c'est à lui-même qu'ils avaient menti. Lui était là. Qu'avec le temps de faux frères, de simples professants se soient introduits, que des ouvriers infidèles et méchants, que même des séducteurs puissent venir, cela ne change rien au fait; Dieu était et restait dans sa maison.

C'est une puissante et glorieuse consolation pour nos jours de pleine décadence. Nous n'avons aucune promesse que l'Eglise soit jamais rétablie dans sa beauté et dans sa gloire primitives; au contraire, d'après la parole de Dieu, la corruption augmentera toujours, jusqu'à ce que, comme jadis en Israël, «il n'y ait plus de remède», et qu'un jugement sans miséricorde atteigne le témoin infidèle (la chrétienté) et ôte le chandelier pour toujours. Mais les croyants qui, d'un coeur simple, saisissent la vérité divine et retournent à ce qui était dès le commencement, peuvent compter pleinement que Dieu est invariablement le même, ses pensées en Christ, sa vérité, les mêmes. En lui il n'y a «ni variation, ni ombre de changement». Aujourd'hui comme toujours, il est vrai que «nous aussi nous sommes édifiés pour être une habitation de Dieu par l'Esprit», que «Dieu est avec nous», si, confiants en la promesse de notre fidèle Seigneur et Rédempteur, nous sommes réunis en son nom.

Cher lecteur croyant, cette vérité est-elle devenue précieuse pour toi? La présence du Saint Esprit est-elle pour toi une réalité de la foi, pleine d'une glorieuse consolation, quand l'assemblée se réunit le jour du Seigneur pour adorer, ou à d'autres moments pour la prière ou l'édification mutuelle? Comptes-tu que le Seigneur est réellement là «au milieu d'eux?» Ou bien penses-tu davantage à ceux qui composent l'assemblée, ou même à un petit nombre d'entre eux, qui prient habituellement ou exercent le ministère de la Parole? Oh! n'oublions pas qu'il y a une personne vivante, divine, sur laquelle nous pouvons compter, dont nous savons qu'elle se tient au milieu de nous, et qui fait de ceux qui sont rassemblés au nom du Seigneur Jésus les représentants de l'Assemblée de Dieu, comme rien d'autre ne peut le faire de la même manière.

Dieu, dans les derniers jours de l'histoire de son Eglise ici-bas, a jugé bon de réveiller les coeurs et les consciences des saints au sujet de cette vérité. Que son nom en soit loué! Mais comme toujours il y a un grand danger à saisir la vérité par l'intelligence sans la réaliser par la foi, à en parler sans la faire passer dans la pratique, ou aussi à la laisser peu à peu devenir une affaire d'habitude, en sorte qu'elle perd tout son sérieux, sa fraîcheur et sa valeur pour l'âme. Dans les deux cas, le résultat est également triste. Que le Seigneur inscrive profondément dans nos coeurs à tous, que ce n'est pas le nombre, ni la profession, ni rien de semblable, qui donne à une assemblée le droit d'être une assemblée de Dieu, mais seulement la présence de Dieu par son Saint Esprit!

 

NB

Si quelque chose n’était pas clair pour le lecteur de ce message, qu’il n’hésite pas à poser des questions à ce sujet à l’adresse bible@beauport.eu

Claude Beauport