Simon Pierre
Ce message est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée : « Simon Pierre »
Contenu
Chapitre 1 -
«Je suis un homme pécheur»
Chapitre 2 -
Pierre marchant sur les eaux
Chapitre 3 - La
connaissance personnelle de Christ
Chapitre 5 -
Le contempler dans la gloire
Chapitre 6 -
La maison du Père
Chapitre 7 -
La relation avec le Fils
Chapitre 8 -
Sacrificature et communion
Chapitre 9 -
Pierre entre en tentation
L'histoire de Simon Pierre est profondément instructive, que nous soyons un jeune croyant, au tout début de notre vie chrétienne, peu importe notre âge, ou que nous soyons passés par une vraie conversion depuis longtemps déjà.
Chaque chrétien peut y reconnaître les grands traits de son histoire, depuis le premier pas qu'il a fait dans la connaissance de Christ, jusqu'à l'état, hélas si rarement atteint ou maintenu, dans lequel l'Esprit Saint agit sans entraves et déploie en nous sa puissance. Entre ces deux limites, se déroule toute l'activité de la grâce qui fait pénétrer l'âme dans la connaissance de Christ et des privilèges chrétiens.
C’est entre ces deux limites que se développent normalement les enfants de Dieu, depuis l’état de petit enfant, passant par celui de jeune gens, jusqu’à celui de père, comme l’apôtre Jean nous l’enseigne.
Je vous
écris, enfants (*), parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom.
Je vous écris, pères,
parce que vous connaissez (**) celui qui est dès le commencement.
Je vous écris, jeunes
gens, parce que vous avez vaincu le
méchant.
Je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père.
(*) tous les enfants de Dieu : pères, jeunes gens & petits enfants. (**) = avez connu et connaissez
Les petits enfants commencent par jouir de la paix avec Dieu, la paix que le Seigneur nous a laissée, et progressivement, le Saint Esprit habitant en lui, le chrétien croissant spirituellement, il jouit de la paix que Jésus donne, celle dont il jouissait lui-même sur la terre, la paix de Dieu. Les pères, connaissant Celui qui est dès le commencement, celui qui est Fils de toute éternité, jouissent de la paix de Dieu.
Voici une invitation à écouter ~3 min quelques mots à ce sujet du frère Fernand Chaudier qui avait un vrai don de pasteur (cliquer pour écouter) :
Et c’est avec
cet objectif, que le Saint Esprit nous fait assister au brisement d'âme nécessaire, pour que le croyant, après avoir perdu toute confiance en
soi-même, puisse enfin réaliser ses privilèges et suivre le Seigneur dans le chemin qu'Il
a tracé.
L'histoire de Pierre se divise naturellement en deux parties que nous trouvons dans la Parole de Dieu. Les évangiles présentent l'une, l'autre se trouve dans les Actes et les épîtres :
1. A la première partie de sa vie correspondent les vérités dont nous venons de parler
2. La seconde partie de sa vie est remplie, non pas toutefois sans défaillance de la part de l'homme, de l'activité du Saint Esprit dans le ministère de Pierre, et de la puissance divine qui le soutient, comme témoin de Christ, au milieu des obstacles et des combats.
Cette méditation traite la première partie de la vie de Pierre.
Or il arriva, comme la foule se jetait sur lui pour
entendre la parole de Dieu, qu’il se tenait sur le bord du lac de Génésareth.
Et il vit deux nacelles qui étaient au bord du lac. Or les pêcheurs en étaient
descendus et lavaient leurs filets. Et montant dans l’une des nacelles qui
était à Simon, il le pria de s’éloigner un peu de terre ; et, s’étant assis, il
enseignait les foules de dessus la nacelle. Et quand il eut cessé de parler, il
dit à Simon : Mène en pleine eau, et lâchez vos filets pour la pêche. Et Simon,
répondant, lui dit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous
n’avons rien pris ; mais sur ta parole je lâcherai le filet. Et ayant fait
cela, ils enfermèrent une grande quantité de poissons, et leur filet se
rompait. Et ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre
nacelle de venir les aider ; et ils vinrent et remplirent les deux nacelles, de
sorte qu’elles enfonçaient. Et Simon Pierre, ayant vu cela, se jeta
aux genoux de Jésus, disant : Seigneur, retire-toi de moi,
car je suis un homme pécheur. Car la frayeur
l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la prise de
poissons qu’ils venaient de faire ; de même que Jacques et Jean aussi, fils de
Zébédée, qui étaient associés de Simon. Et Jésus dit à Simon : Ne crains pas ;
dorénavant tu prendras des hommes. Et ayant mené les nacelles à terre, ils
quittèrent tout et le suivirent.
(Luc 5 v.1-11)
La manière dont Pierre entre en rapport avec le Seigneur, dans l'évangile de Luc, est digne de remarque. La belle-mère de Simon (Luc 4 v.38-39) était malade d'une grosse fièvre qui la rendait incapable de toute activité. Jésus la guérit et la rend propre à le servir.
C'est ainsi, bien souvent, que l'âme rencontre Christ pour la première fois ; elle entre en contact avec lui par les bénédictions, qu'il dispense à d'autres. Quand le moment est venu, où il se révélera à notre propre coeur, nous découvrirons qu'il ne nous est pas tout à fait étranger. Le Seigneur emploie cette connaissance préparatoire pour abréger le travail par lequel nos consciences sont ouvertes au sentiment du péché, et nos coeurs à celui de la grâce. Ainsi, Simon Pierre connaissait donc Jésus pour l'avoir vu à l'oeuvre dans sa maison.
Quant à sa vocation, le fils de Jonas était pêcheur ; il possédait les engins nécessaires pour prendre le poisson, une nacelle et des filets. Pierre en avait fait usage pour obtenir ce qu'il désirait et avait travaillé toute la nuit dans ce but, mais sans aucun résultat. Ainsi l'homme naturel (ce que je suis né de mon père et de ma mère) se sert de ses facultés et des moyens mis à sa disposition pour arriver à quelque chose qui remplisse et satisfasse son cœur ; mais c'est en vain, le filet reste vide. Son labeur ne rapporte rien qui réponde aux profonds besoins de son âme. La nuit s'écoule et le jour va se lever où la pêche, le travail à la poursuite du bonheur, ne lui sera même plus possible.
N'ayant rien pris, Simon et ses compagnons quittent leurs
nacelles et lavent leurs filets. Ils s'occupent à les nettoyer, car ils
n'avaient ramassé que la vase du fond de la mer, et quand ils auront fini, la
pêche recommencera. N'en est-il pas ainsi de l'homme dans ce
monde ? Chaque jour voit se renouveler ses labeurs pour ne jamais arriver au
but après lequel il soupire. Que tu sois jeune ou
âgé, peux-tu te reconnaître dans cette histoire ? Es-tu arrivé à remplir
ce vide situé dans le secret le plus profond de ton coeur
que tu cherches à combler par tes propres moyens ? Si tu es honnête par
rapport à toi-même, tu reconnaître cette incapacité, malgré ton bon vouloir et
ta sincérité ! Tout vrai croyant confirmera y voir la description de
l’expérience par laquelle il est passé !
Quand
l'impuissance de l'homme a
été mise en évidence, Jésus entre en
scène !
Jésus était en apparence occupé de toute autre chose que de Pierre. Il enseigne les foules, mais, au milieu de son ministère, son coeur est avec Simon et ne le perd pas de vue.
Sur base de ce que tu entends, peut-être dans des réunions chrétiennes, où tu es exhorté à aimer le Seigneur, à faire ce qu’il dit, tu essaies d’y répondre avec toute sincérité, mais si ta sincérité est réelle et que tu ne veux rien cacher, tu fais alors l’expérience, que tous les vrais croyants ont aussi faite : tu n’y arrives pas, c’est l’échec !
« Montant dans l'une
des nacelles qui était à Simon, il le pria de s'éloigner un peu de terre ».
Il le
sépare un peu avec lui de la foule. Pierre entend ainsi tout le discours du Seigneur. Auparavant,
Jésus ne lui était point étranger ; maintenant,
il entend sa parole, et sa
position d'isolement avec lui contribue à l'y rendre
attentif.
Selon le verset 5 (*), il semble cependant qu’il ne retient de cette parole que la conviction de l’autorité du Seigneur.
(*) « Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n’avons
rien pris ; mais sur ta parole je lâcherai le filet. »
Dès qu’il a fini de parler aux foules, le Seigneur s'occupe plus spécialement de lui.
« Mène en pleine eau, dit-il, et lâchez vos filets pour la pêche ». De la même manière que toi, qui a jusqu’ici a essayé de faire ce qu’il te semble plaire à Dieu, Pierre avait fait cela toute la nuit, mais jusqu'ici c'était par la volonté de l'homme, maintenant c'est sur la parole du Seigneur. Pierre croit à cette parole et s'y soumet. Tel est le premier résultat de la parole de Dieu. Elle produit la foi ; celle-ci accepte son autorité et lui obéit. Le Seigneur a parlé ; cela suffit à la foi.
Mais
Jésus va s'adresser à Pierre d'une
manière plus puissante.
Il va lui montrer en présence de qui il se trouve et atteindre ainsi sa conscience. Lui, le Créateur, Lui la Parole qui devint chair et par qui toute choses furent faites (Jean 1 v.3 & 14), qui commande à toutes choses, rassemble en plein jour les poissons, là où de nuit il n'y en avait point, et en remplit les filets de Pierre. Il les remplit de bénédictions que des vases humains sont incapables de contenir sans se rompre, et qui débordent les besoins du disciple. Ses compagnons viennent avec une seconde nacelle ; elle enfonce aussi, tant les richesses données par le Seigneur de gloire sont abondantes.
Toi aussi, alors que tu essayais de puiser de quoi satisfaire le vide du secret de ton cœur, et cela au milieu des ténèbres, tu n’as rien trouvé à puiser ! Mais dès que la lumière divine est présente, Celui qui est la lumière, te met alors en présence d’une abondante richesse de bonheur qui est placé à ta portée, en vertu de l’œuvre de la croix ! Il te fait voir cette grâce, cet amour, cet avenir éternel cette création nouvelle, où tout est de Dieu. Tout cela t’est offert et tu perçois que cela a la capacité remplir le vide que tu percevais. Il t’offre un cœur nouveau, un cœur dans lequel aucun vide ne s’y trouve. Mais un élément important intervient en la présence de celui qui ne se base pas sur les apparences, mais qui sonde les secrets les plus profonds de ton cœur : ta conscience est atteinte ! Et tu prends conscience que Celui devant lequel tu te trouves, est Dieu ! Il voit ce péché caché dans le recoin le plus profond de ton cœur !
Ainsi Pierre voit (verset 8 : « Simon
Pierre, ayant vu cela »)
toute cette bénédiction, mais elle le place pour
la première fois, tel quel, en présence de Celui
qui en est la source et qui l'administre. Ainsi, ce n'est plus seulement la parole de Jésus
qui le frappe, mais Jésus lui-même et la gloire de sa personne. Un phénomène se passe dans son âme.
La bénédiction ne
lui cause pas de la joie, mais lui
apporte la conviction de péché
et la frayeur, parce
qu'elle l'amène en présence du
Seigneur de gloire. D'autre part, le
sentiment de son état, en lui donnant la certitude
effrayante que l'Eternel devrait le repousser, le jette aux pieds de Jésus, comme sa
seule ressource.
De même, le Psaume 130 v.1-4 (« Je
t’ai invoqué des lieux profonds, ô Éternel ! Seigneur ! écoute ma voix ; que
tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications. Ô Jah ! si tu
prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais il y a pardon
auprès de toi, afin que tu sois craint.), nous montre l'âme appelant au secours
Celui qu'elle a offensé. S'il
prend garde aux iniquités, c'en est fait d'elle ; elle est perdue, si la question des péchés n'est pas réglée. Mais le Dieu offensé pardonne : Dieu est connu dans son amour !
Connaissance bénie pour le pêcheur que celle de sa vraie condition, du jugement qui lui est dû, et de la sainteté du Seigneur ! «Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur».
T’es-tu trouvé ainsi devant Dieu, avec cette connaissance de ta vraie condition de pécheur, du jugement qui en résulte, conscient de la sainteté du Seigneur ?
Pierre se juge pécheur et indigne de la présence
de Dieu ; il
tremble devant sa sainteté et sa justice. Il ne sait encore que d'une manière presque instinctive ce qu'est la grâce,
il ignore que Dieu peut rester juste en justifiant celui qui est de la
foi de Jésus; mais
il est à
ses pieds, il ne s'enfuit pas, parce que, s'il y a quelque espoir, c'est là.
Te sentant aussi indigne, comme Pierre l’était, tu ne connais peut-être pas beaucoup de choses que Dieu a révélé dans sa Parole, mais tu sais, par la foi, que c’est là aux pieds du Seigneur, qu’il y a espoir ! Au pieds de celui qui s’est présenté devant Dieu à la croix, s’étant chargé de tes péchés, de ces péchés cachés dans les recoins les plus profond de ton cœur, s’étant identifié à ce que tu es par nature, pour recevoir à ta place ce jugement, que tu crains, mais que lui a enduré pendant trois heures terribles d’abandon.
Tant qu'il était occupé à laver ses filets, il ne connaissait ni Dieu, ni lui-même. Maintenant il connaît l'un et l'autre. Chose remarquable, il ne juge pas ce qu'il a fait, mais ce qu'il est. Bien des âmes reconnaissent qu'elles ont à se repentir de leurs actes coupables et les jugent, mais n'ont pas été amenées à voir la source de ces actes. Au-dessous des péchés se trouve « un homme pécheur ». Le sentiment de la présence de Dieu nous ouvre les yeux, nous montre ce que nous sommes, et nous fait voir qu'il n'y a de refuge qu'auprès de Celui qui pourrait nous condamner.
« La frayeur l'avait saisi » mais, pour l’âme qui reconnait son état de pécheur, le Seigneur ne laisse jamais subsister la crainte en sa présence ; il parle et bannit la crainte, parce qu'il est le Seigneur de grâce. Il laisse subsister tout le reste ; il n'atténue en rien les effets de l'oeuvre produite dans l'âme, mais il ôte la frayeur. « Retire-toi! » Non, le Seigneur ne se retirera jamais ; il dit : « Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des hommes ». Si je ne t'avais rencontré pour te sauver, je ne pourrais sauver d'autres par ton moyen. Il fait plus que de rendre Simon Pierre heureux, il lui donne une nouvelle bénédiction; il lui promet le service. Au lieu de rester un pêcheur, Pierre est devenu un serviteur, capable de tout quitter pour suivre Jésus.
Et aussitôt il contraignit les disciples de monter dans la
nacelle et de le précéder à l’autre rive, jusqu’à ce qu’il eût renvoyé les
foules. Et quand il eut renvoyé les foules, il monta sur une montagne à l’écart
pour prier ; et le soir étant venu, il était là seul.
Or la nacelle était déjà au milieu de la mer, battue par
les vagues, car le vent était contraire. Et à la quatrième veille de la nuit,
il s’en alla vers eux, marchant sur la mer. Et les disciples, le voyant marcher
sur la mer, furent troublés, disant : C’est un fantôme. Et ils crièrent de
peur. Mais Jésus leur parla aussitôt, disant : Ayez bon courage ; c’est moi,
n’ayez point de peur. Et Pierre, lui répondant, dit : Seigneur, si c’est toi,
commande-moi d’aller à toi sur les eaux. Et il dit : Viens. Et Pierre, étant
descendu de la nacelle, marcha sur les eaux pour aller à Jésus. Mais voyant que
le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer, il
s’écria, disant : Seigneur, sauve-moi ! Et aussitôt Jésus, étendant la main, le
prit et lui dit : Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ? Et quand ils
furent montés dans la nacelle, le vent tomba. Et ceux qui étaient dans la
nacelle vinrent et lui rendirent hommage, disant : Véritablement tu es le Fils
de Dieu !
(Matthieu 14
v.22-33)
Comme dans d’autres passages des Evangiles, nous sommes en
présence de miracles accomplis par la Seigneur Jésus. L’esprit rationnel qui
habite, non seulement dans les incrédules, mais aussi dans le vrai croyant,
introduit facilement une réticence en rapport avec ces miracles. La raison en est que l’on abaisse le
Seigneur Jésus à notre niveau ! Il s’est abaissé jusqu’à nous,
c’est Lui qui s’abaisse, mais nous n’avons pas le droit de l’abaisser à notre
niveau ! Le vrai croyant doit
juger de telle pensées que son cœur naturel génère en lui, à cause du péché qui
habite en lui ! On
oublie facilement qu’il est Dieu, le Dieu
créateur, comme le met en évidence le 1er chapitre de
l’Evangile selon Jean : « la Parole était Dieu … toutes choses furent
faites par elle … la Parole devint chair et habita au milieu de nous … » (Jean
1). La Parole divine souligne dans l’épître aux
Hébreux « Dieu ... nous a parlé dans le Fils [ou en Fils] ,
… par lequel aussi il a fait les mondes,
… soutenant toutes choses par la
parole de sa puissance, … » (Hébreux
1 v .1-3). Il a la main mise sur toutes les lois de la nature, et n’est en rien limité par aucune de ces lois !
Ce qui n’est pas le cas des prétendus faiseurs de miracles ! Voir le
message intitulé « Que
dit la Bible au sujet des miracles ? ».
Selon la prophétie selon la prophétie du Psaume 132, « l’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres ; … Là je ferai germer la corne de David, j’ai préparé une lampe à mon oint. » (v.13-17), Jésus venait de rassasier de pain les pauvres d'Israël, remplissant ainsi son rôle de Messie auprès de son peuple Israël qui ne le recevait pas. Après leur avoir fait du bien, il avait renvoyé les multitudes, se séparant en figure d'Israël qu'il allait abandonner pour un temps.
N.B. Le lecteur sera attentif au fait que, au-delà de la narration des faits, l’écrivain inspiré, à savoir ici Matthieu, délivre, par le Saint Esprit, un message contenu dans le symbole qu’exprime aussi le déroulement des faits racontés.
Le soir était venu ; le Seigneur était monté seul sur une montagne
à l'écart pour prier.
N.B. Le lecteur sera attentif au fait que le Seigneur Jésus, en tant qu’Homme, n’agit jamais en tant que Dieu, et inversément ! Ce n’est pas en tant que Dieu, qu’il prie, mais en tant qu’Homme parfait, l’homme Fils de Dieu, entièrement dépendant du Père dans toutes les circonstances qu’il traverse ! On trouve celui dont Dieu parle dans le Psaume 2 v.7 : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré.» C’est en tant qu’Homme qu’il a été engendré, en naissant de la vierge Marie ! En tant que Dieu, il est Fils de toute éternité ! Mais lorsqu’il fait un miracle, c’est en tant que Dieu, tout en restant parfaitement Homme, la Parole devenue chair !
Alors la nuit était arrivée pour les douze, que Jésus avait contraints à monter dans la nacelle. Il avait terminé ses relations avec le peuple, mais il avait pour lui un résidu voguant vers l'autre rive. Les disciples étaient pleins d'angoisse, seuls pendant ces heures ténébreuses, sur la mer soulevée par l'orage, quand, à la quatrième veille de la nuit, vers trois heures du matin, le Seigneur se met en route pour venir à eux. Sa venue est le signal de la reprise de ses relations avec ceux qu'il appellera de nouveau son peuple. Il vient à eux sur la mer irritée, au milieu de difficultés qui ne sont rien pour ses pieds divins, mais qui seront leur chemin pour apprendre à le connaître. C'est ainsi qu'il se servira de la «détresse de Jacob» (Jérémie 30 v.7). Scène touchante, et dont nous, chrétiens, pouvons aussi tirer la leçon morale, mais ce qui nous concerne plus personnellement, c'est la scène qui se passe entre Jésus et Pierre.
NB : pour comprendre le message contenu en figure, ou en symbole, dans le paragraphe précédent, il faut se rappeler, que le sens premier, est relatif à l’Evangile du Royaume, qui ne faut pas confondre avec l’Evangile de la grâce (voir le messagen°2 intitulé « L’importance de faire la différence entre l’Evangile de la grâce & l’Evangile du royaume. »). Le Peuple ayant rejeté son Messie, le haïssant jusqu’à lui faire subir le supplice de la croix, le Seigneur termine ses relations avec Israël. Il s’est alors trouvé un résidu juif, en qui le Seigneur a soufflé l’esprit de vie, et qui en Actes 2 est devenu l’Eglise, dans laquelle il n’y a ni juifs, ni grecs. L’Eglise n’est pas de cette terre, elle appartient à la nouvelle création. Lorsqu’elle sera enlevée (1 Thessaloniciens 4 v.13-18), le Seigneur reprendra ses relations avec son peuple, en annonçant à nouveau l’Evangile du Royaume, pendant une période très agitée que sera la grande tribulation, qui se termine par la venue en gloire du Roi, le Messie, pour établir son règne de 1000 ans sur la terre.
Le premier acte de Pierre avait été de se jeter aux genoux de Jésus, en reconnaissant son état de péché, le second est de se mettre en route pour aller au-devant de lui. On ne peut trop insister sur ce point. Ce qui doit suivre la conversion, c'est de nous mettre en route pour aller au-devant du Sauveur. Cela précède le service. Pierre n'ayant encore que la promesse d'être fait pêcheur d'hommes, était déjà poussé à se rendre au-devant de lui. Il jette ici ses regards sur Celui qui vient du sommet de la montagne, et ce n'est que le début des glorieuses révélations qu'il recevra sur la personne de Christ. Cher lecteur, êtes-vous sorti à sa rencontre ? Si vous ne l'avez pas fait dès le début de votre conversion, vous n'avez pas encore dépassé la connaissance du salut, car vous ne pouvez prétendre à la connaissance plus approfondie de Christ, que Pierre acquit plus tard, si, d'abord, le Seigneur venant du ciel n'est devenu votre objet et ne vous a rempli du désir d'aller à lui.
Au premier moment, cette connaissance est encore peu développée chez Pierre: «Seigneur, si c'est toi», dit-il. Mais elle lui suffit pour se mettre en route ; pour lui, tout dépend de l'identité de cette personne, et, si c'est lui, sa parole suffit à Pierre pour quitter la nacelle : « Commande-moi d'aller à toi sur les eaux ». C'était une chose grave que de quitter l'endroit de sécurité apparente, pour marcher où il n'y avait pas de chemin, mais, je l'ai dit, la parole de Christ lui suffit. Il en connaissait bien la puissance. A sa parole, il avait lâché le filet ; à sa parole, il se met en route. La Parole du Seigneur suffit pour le faire marcher sur les eaux, comme elle avait suffi pour lui faire connaître le Sauveur.
« Commande-moi d'aller à toi ». En demandant cette grâce, Pierre n'a pas l'idée de tenter une expérience, ni de faire montre de son habileté à surmonter les obstacles ; ce qu'il veut, c'est d'aller à lui. Christ l'attire. Pour le moment, il ne pense pas au vent, ni aux vagues, car si le coeur naturel ne connaît pas le chemin qui mène à Christ, la foi trouve un chemin dans les difficultés de toute espèce, dans la nuit et dans l'orage, et en profite pour se rapprocher du Seigneur. La foi quitte le bateau, seul abri apparent, ne l'estimant pas comme le vrai endroit de sécurité, et, selon l'expression remarquable d'un philosophe ancien, elle « s'embarque sur une parole divine », pour arriver à Jésus, dont la présence vaut plus encore pour elle que d'arriver à l'autre bord.
NB Le chrétien, conduit par le Saint Esprit, comprend que pour lui, il ne s’agit pas de marcher physiquement sur l’eau, mais bien de traverser un monde agité par toutes sortes d’évènements qui lui sont contraires, jusqu’à être à l’autre bout du voyage !
Hélas! on commence bien; la première foi et le premier amour, la simplicité d'un coeur rempli d'un objet qu’est le Seigneur Jésus, nous soutiennent, puis le regard se laisse détourner de son objet, vers des objets que le cœur naturel désire. Satan avait cherché à troubler les disciples en leur faisant avoir peur de Jésus (verset 26) ; ils apprennent bien vite de la bouche du Seigneur qu'ils peuvent avoir bon courage. L'ennemi effraye Pierre par les difficultés.
De la même manière, l’ennemi nous effraie aussi par des difficultés ! Mais quelle folie est la nôtre de l'écouter ! Les difficultés ne mènent-elles pas à Christ ? Pauvres incrédules que nous sommes !
Dans les épreuves, comme dans les besoins, la seule
chose que nous devrions ne pas perdre de vue, c’est la
puissance divine ! Or c’est est la seule chose que nous oublions !
Dans la scène qui précède, au verset 17, les disciples n'avaient pas oublié de compter leurs pains et leurs poissons, ni de supputer les ressources des villages, mais ils n'avaient nullement compté sur la présence du Seigneur; Pierre aussi, après s'être mis en route, se prend à penser à la violence du vent et à faire un retour sur ses forces, et il oublie qu'il a devant lui une puissance d'attraction plus forte que l'aimant du pôle, pour l'amener infailliblement auprès de Jésus; alors il commence à enfoncer.
Qui donc n'a
pas été sur le point d'enfoncer comme Pierre ? L'Eglise, les individus,
n'ont-ils pas eu le même sort ? Mais un cri sort de la bouche du disciple : « Seigneur, sauve-moi ! » non pas : « Retire-toi de moi », mais le contraire, car le Sauveur est connu du croyant ; il sait
que son caractère est de sauver. Pierre crie au
secours, au moment où il se trouve sur le point
d'arriver au but ; Jésus n'a qu'à étendre
la main pour l'amener à lui. Une minute de foi de plus, et le
disciple n'aurait pas enfoncé !
Et nous,
douterons-nous encore ? Il nous est permis de
douter de beaucoup de choses, mais jamais de
Christ. Ayons confiance
en Celui qui est capable de nous sauver jusqu'au bout, car l'orage ne s'apaisera que lorsque
le Seigneur et les siens seront
définitivement réunis.
Or, lorsque Jésus fut venu aux quartiers de Césarée de
Philippe, il interrogea ses disciples, disant: Qui disent les hommes que je suis, moi,
le fils de l’homme ? Et ils dirent : Les uns disent : Jean le baptiseur
; les autres : Élie ; et d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes. Il leur dit
: Et vous, qui dites-vous que je suis
? Et Simon Pierre, répondant, dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus,
répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang
ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi aussi,
je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les
portes du hadès ne prévaudront pas contre elle. Et je te donnerai les clefs du
royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les
cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
Alors il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il fût le Christ.
Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il
fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il souffrît beaucoup de la part des
anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il fût
ressuscité le troisième jour. Et Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre, disant :
Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point ! Mais lui, se retournant,
dit à Pierre : Va arrière de moi, Satan,
tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux
choses de Dieu, mais à celles des hommes. (Matthieu 16
v.13-23)
Pierre avait appris à connaître le Seigneur comme Celui qui répondait à ses besoins : Sauveur en rapport avec ses péchés, Sauveur en rapport avec sa faiblesse. Maintenant, le disciple va être introduit dans une connaissance plus profonde et plus merveilleuse. Il apprendra ce que le Seigneur est en lui-même.
Il en est toujours ainsi : le croyant marche pas à pas dans la connaissance de Christ. Toutefois, ce n'est pas la fidélité de Pierre qui lui fait acquérir cette nouvelle bénédiction ; elle lui est accordée par la fidélité de Dieu, qui l'avait séparé des hommes pour lui faire une telle révélation. C'était le Père, et non la chair et le sang, qui lui avait révélé ces choses (verset 17).
Introduit par le Père au centre de la bénédiction, Pierre est mis en présence du Dieu vivant. Dans le Fils de l'homme, il reconnaît le Christ, objet de toutes les promesses, et auquel se rattachent tous les conseils de Dieu ; mais ce Christ est le Fils du Dieu vivant. Il n'est pas seulement cet homme né dans le monde que Dieu avait déclaré son Fils, en disant « Tu es mon Fils ; je t'ai aujourd'hui engendré » mais il est Fils du Dieu vivant ; il possède une puissance de vie qui appartient à Dieu seul, et dont toute la plénitude se trouve en Christ.
Les hommes, dont Pierre avait été séparé pour recevoir cette glorieuse révélation, ignoraient entièrement la grandeur de Jésus. Il n'était pour eux que le fils de Joseph, tout au plus l'un des prophètes. Ils se trouvaient devant cette majesté sans la connaître, car il faut une révélation du Père pour cela. Désormais, Pierre connaît le Sauveur dans sa gloire personnelle, source et centre de toute bénédiction ; aussi Simon, fils de Jonas, est-il déclaré bienheureux par Jésus lui-même. Le ciel lui est ouvert, il possède un bonheur que rien ne peut égaler (*).
(*) Je ferai remarquer qu'il ne s'agit pas de la manière dont Pierre a saisi les choses qui lui ont été révélées, mais de la portée des révélations qui lui furent faites. En réalité, Pierre et ses compagnons ne comprirent ces choses et n'en jouirent qu'après le don du Saint Esprit.
Mais le Père ne peut révéler à Simon la gloire personnelle de son Fils, sans que
le
Fils révèle à son disciple les relations de
cette gloire avec la bénédiction individuelle et collective des rachetés.
C’est pour cela que le Seigneur Jésus lui déclare ce qui découle de son caractère de
Fils du Dieu vivant : « Et moi aussi, je te
dis… » :
1. Tu es Pierre ; comme
le Père t'a révélé mon nom, moi
je te fais connaître le tien. Tu as individuellement
et officiellement une
place dans l'édifice qui
sera établi sur cette
révélation : « tu es le Fils Dieu vivant », fondement
inébranlable !
2. Le fondement
de cet édifice étant connu
désormais (il devait être posé
plus tard dans la déclaration du Fils de Dieu en puissance, fruit de la
résurrection d'entre les morts), le Seigneur
déclare qu'il bâtira sur ce
fondement, cette Assemblée
[ou Eglise), dont le disciple est une pierre vivante : « Je bâtirai mon
assemblée ». Elle devait être l'Assemblée de Christ, et lui appartenir, objet de son intérêt et de
son affection. Pour nous, chrétiens, depuis le jour
de la pentecôte (Actes
2), la chose est faite ; l'Assemblée est maintenant bâtie sur ce
fondement, elle lui
appartient.
3. En vertu de cette déclaration, une nouvelle dispensation (*) allait
s'ouvrir ici-bas. Israël devait
être remplacé par le royaume des
cieux, dont Pierre aurait les clefs ; il serait appelé à introduire les Juifs
et les gentils [les non juifs des nations] dans une scène nouvelle de bénédictions sur la terre. Il y aurait dans ce
monde, en vertu de la
révélation du Fils du Dieu
vivant, un terrain sur lequel on professerait lui appartenir. Pierre allait être, comme nous le verrons dans les Actes,
l'instrument pour introduire dans cette profession bénie. Il aurait, pour ainsi
dire, l'administration extérieure et intérieure du royaume, les clefs et le
pouvoir de lier et de délier. La connaissance personnelle de Christ ouvre tous les cercles de bénédictions aux yeux de Simon Pierre;
il est placé, au
centre de la bénédiction, qui est Christ, pour contempler le domaine
immense qui en dépend.
(*) « dispensation », ou « économie » est un
terme que beaucoup de chrétiens ne comprennent pas. Il s’agit du cadre, ou du
régime, dans lequel Dieu exerce ses relations avec les hommes. Par exemple,
après que le peuple d’Israël ait dit « tout ce que l’Eternel nous dira,
nous le feront », Dieu leur donne la loi, c’est ainsi qu’à commencé la dispensation, ou l’économie, ou le régime de la
loi. Suite à la mort et à la résurrection du Seigneur
Jésus, une autre ère commence, celle de la grâce. On parle alors de la
dispensation, ou de l’économie, ou du régime de la grâce.
Et vous, chers lecteurs, partagez-vous, en
quelque mesure l'intérêt et les sentiments de Christ pour son assemblée ? Il y
a, grâce à Dieu, des coeurs chrétiens qui battent
pour elle et qui, en dépit de sa ruine, sont capables de comprendre
sa beauté, parce qu'ils la
regardent avec les yeux du
Sauveur et l'estiment au prix dont il l'a acquise, disant d'elle, comme autrefois l'Esprit le disait
d'Israël : « Dieu n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni
n'a vu d'injustice en Israël ».
NB. Pour bien comprendre cela, il est question de l’Assemblée, Corps de Christ, ce qu’elle est en vertu des résultats de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix ! Il ne s’agit pas de l’assemblée dans sa responsabilité sur la terre, la maison de Dieu sur la terre, dans laquelle il y a des vases à honneur et à déshonneur, comme le décrit Apocalypse 2 & 3 ! De la même manière lorsque Dieu ne voit aucune iniquité en Jacob (Israël), c’est dans son caractère de peuple élu, vu anticipativement dans le cadre de la nouvelle alliance, et non pas celle de la loi.
Ce fondement, un Christ
ressuscité et exalté dans le ciel, donne à
l'Eglise un caractère céleste. Sans doute, elle
est bâtie sur la terre, mais son fondement est
dans le ciel, au delà des portes du hadès. C'est là qu'elle se trouve déjà. La puissance de la mort, brisée par
Christ ressuscité qui tient
les clefs de la mort et du hadès, ne
peut et ne pourra jamais
rien contre elle.
Par le verset
20 : « Alors il enjoignit aux disciples de ne
dire à personne qu’il fût le Christ. »,
il déclare que toutes les relations
d'Israël avec un Messie
terrestre sont devenues dès lors impossibles. Plus tard, après l’enlèvement de l’Eglise, Corps de
Christ (1 Thessaloniciens 4
v.13-18) ces relations seront reprises ; mais dès ce
moment, le Seigneur révélait aux disciples un changement total dans leurs espérances et leur
position qui, de terrestres, allaient devenir célestes.
Glorieuses vérités que celles contenues dans la
révélation faite à Pierre. Précieux
privilèges !
NB. Il est important que si les bénédictions promises à Israël, peuple terrestre de Dieu, sont terrestres, par contre, la bénédiction des authentiques chrétiens, peuple céleste de Dieu, sont célestes ! Beaucoup de croyants oublient ce point fondamental de la révélation de Dieu dans sa Parole. Pendant toute la durée du régime de la grâce, il n’est pas question de bénédictions terrestres pour les croyants, bien que Dieu prenne aussi soin de nos besoins matériels !
Mais voici une nouvelle révélation inattendue : ces privilèges
sont la conséquence de la mort de
Christ ; ils nous sont acquis par elle, et, pour
les avoir, il nous faut accepter la croix : « Dès
lors, Jésus
commença à montrer à ses disciples qu'il fallait… qu'il
souffrit beaucoup … et qu'il
fût mis à mort, et qu'il fût ressuscité
le troisième jour » (verset 21).
Pierre ne peut admettre que Christ ait à subir un tel opprobre ; ne pouvait-il accomplir ses glorieux desseins sans mourir ? Le disciple prend son maître à part, et se met à le reprendre, disant : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point ! » Il y avait, dans cette parole, de l'affection naturelle pour Christ, mais on y découvre que Pierre n'avait pas compris et apprécié la révélation qu'il avait reçue et qui ne peut nous appartenir qu'à ce prix. De plus, ces mots dénotent qu'il ne voulait d'un pareil avilissement, ni pour le Christ qui lui promettait de tels avantages, ni pour lui-même qui, avec les douze, faisait cortège au Messie.
NB. C’est là un message important pour le croyant aujourd’hui ! C’est d’être mis en garde, de mettre en jeu notre sentimentalité naturelle, même si elle est louable dans son cadre ! Le croyant oublie très facilement que ce qu’il est naturellement, étant descendant d’Adam, est inévitablement corrompu par le péché qui habite en lui ! Moralement, la croix a mis fin à cet état, et la résurrection du Seigneur Jésus introduit le chrétien né de nouveau dans un « monde » nouveau, ou une « sphère » nouvelle, dans la nouvelle création, où tout est de Christ, tout est de Dieu, et rien de l’homme et de ses sentiments naturels ! Le vrai chrétien, possède une nature nouvelle à laquelle est attaché un cœur nouveau, dans lequel le Saint Esprit génère et développe de vraies affections pour le Seigneur Jésus !
Mais si nous pouvons, en quelque mesure, distinguer les motifs naturels de Pierre pour reprendre Jésus ; un fait, dont lui-même ne pouvait se douter, c'est que Satan se servait de lui pour mettre une occasion de chute sous les pas de Christ. Les pires et les plus dangereux instruments de Satan sont des croyants possédant la vérité et en jouissant, peut-être, mais craignant l'opprobre et l'inimitié du monde.
Reculer devant la croix, c'est renier
le christianisme, et c'est la
tendance de tous nos coeurs naturels. Nos
rapports avec le monde ne le constatent que trop. Il nous
tolère quand nous
avons osé lui parler d'événements
futurs, ou de telles vérités
qui ne touchent pas aux sources mêmes du christianisme, mais si nous parlons de la croix et du sang de Christ, il nous méprise. Nous n'aimons
pas cela, car nous
voudrions éviter l'opprobre, et nous méritons ainsi la sévère réprimande du Seigneur.
Quelle humiliation pour Pierre, tombant de la hauteur des révélations à la conviction de jouer le rôle de l'Ennemi vis-à-vis de Christ ! Lui,
confesseur du Fils du Dieu vivant, lui, future pierre vivante de l'Eglise, lui,
revêtu de l'autorité du royaume, s'entendre
dire par le Maître qu'il aimait : « Arrière de moi, Satan
! »
Mais aussi, quelle
folie de venir au Fils du
Dieu vivant, pour
le reprendre et lui suggérer ce qu'il avait à faire ! Ah! que Pierre se connaissait peu et connaissait peu Celui que le Père venait de lui révéler.
Tout ce récit nous dévoile ce qu'est la chair dans le croyant, vue sous son meilleur jour, avec ses meilleures intentions. Elle recule devant l'opprobre, offense Christ, et Satan peut s'identifier avec elle. Après avoir été introduit en présence du Dieu vivant, Pierre apprend que ses pensées naturelles ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes. Ce mot dit tout : les choses des hommes sont celles sur lesquelles Satan a la haute main. Les hommes et Satan sont en parfait accord !
NB. Ceci met en évidence l’erreur fatale de la fausse doctrine répandue dans la chrétienté et faisant de plus en plus de ravage et qui présente la conversion comme une amélioration de la nature humaine ! Alors que la saine doctrine, comme clairement exprimée dans cette méditation, déclare que la croix met un point final à la nature pécheresse, porteuse du péché, et que la résurrection du Seigneur Jésus, crée un terrain nouveau, une création nouvelle, où ce qui est né de nouveau, porte les caractères du Seigneur Jésus, et rien d’Adam !
Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir
après moi, qu’il se renonce soi-même,
et qu’il prenne sa croix, et me suive : car quiconque voudra
sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la
trouvera. Car que profitera-t-il à un
homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ; ou que
donnera un homme en échange de son âme ? Car le fils de l’homme viendra
dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon
sa conduite. En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns de ceux qui sont
ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le fils
de l’homme venant dans son royaume.
Nous voyons, ici, les disciples appelés à venir après Christ.
Pour venir après lui, il faut deux choses, celles que nous avons vues au chapitre précédent : la connaissance personnelle de Christ et la connaissance de la croix. Pierre avait reçu la première et reculait devant la seconde ; mais la croix seule enlève tout empêchement à venir après Christ. C'est là notre point de départ, notre premier pas dans le chemin chrétien, car le croyant ne peut faire un seul pas, s'il n'est parti du pied de la croix.
Cela
contredit toutes les pensées habituelles, tout l'enseignement
journalier, de l'homme religieux. Cet enseignement revient à ceci : Faites un premier pas vers Christ,
abandonnez vos vices, consacrez-vous à Dieu, et sa grâce vous aidera. Jamais Dieu n'a tenu un semblable langage. Le début même de l'histoire de Pierre en est une
preuve.
La Parole nous enseigne que Dieu a fait le premier pas vers l'homme, que ce premier pas a conduit le
Seigneur à la croix, que par elle seule l'homme commence à
Lui être agréable. Tel est donc notre point de départ pour venir après lui.
Voyons
à quelles conditions nous pouvons
marcher dans ce chemin. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce
soi-même ».
La plupart des chrétiens traduisent ces mots ainsi : Il faut renoncer à certains péchés, à certaines convoitises ! La Parole nous dit qu'il faut se renoncer soi-même. Mais le peut-on? Pas autrement que dans la puissance du nouvel homme, car le vieil homme ne peut se dépouiller lui-même. Il faut être un nouvel homme pour pouvoir se considérer comme ayant dépouillé le vieil homme et dire : « Je suis crucifié avec Christ et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Galates 2 v.20) . Pour l'homme nouveau, la chair n'a plus de droits, ni de place ; il se tient pour mort. La conséquence en est que le chrétien, et lui seul, peut, par la seule puissance du Saint Esprit, renoncer à tout. Que sont au nouvel homme les habitudes et les convoitises charnelles ? Remarquons-le ; il ne s'agit pas de faire un effort sur soi-même pour se débarrasser de ses liens. C'est la connaissance d'un jugement passé sur nous à la croix, et de la nouvelle position de l'homme en Christ, qui nous affranchit, c’est-à-dire nous libère de l’esclavage de nous-mêmes, et du péché qui y habite. Vient ensuite la lutte entre les deux natures, c’est-à-dire la lutte entre le vieil homme et le nouveau. Se renoncer soi-même, c'est faire ce que Christ a fait. Seulement, lui possédait la capacité de le faire d'une autre manière que nous ! Car en lui, il n'y avait pas de vieil homme à juger. Il marchait dans la puissance absolue de l'homme nouveau, on en trouve une image dans l’instruction donnée dans l’Ancien Testament en rapport avec la génisse sans tare qui n'avait jamais porté le joug (Nombres 19). Contrairement aux descendants d’Adam, ayant le péché en eux, Christ, comme homme, avait une volonté parfaite ! Il a soumis entièrement sa volonté, à celle de Dieu, son Père : « Que ce ne soit pas ma volonté » dit-il, « mais la tienne qui soit faite » (Luc 22 v.42). Christ avait des droits, il y a renoncé ; il avait tout pouvoir, il a été crucifié en faiblesse. Entré sur la scène avec le renoncement de soi-même, il en est sorti avec le même renoncement absolu, consommé dans le don de sa propre vie.
« Et qu'il prenne sa croix ». C'est la conséquence du renoncement de soi-même. Celui qui se serait complètement
renoncé, ne trouverait aucune
attraction dans ce que le monde lui offre, mais uniquement un sujet de douleurs. Christ a répondu aux tentations, non
par l'indifférence, mais par la souffrance : « il a souffert lui-même, étant tenté » (Hébreux
2 v.18).
Des milliers de chrétiens croient prendre leur croix, quand ils sont éprouvés, ou que la main de Dieu s'appesantit sur eux en discipline. Il n'y a rien de la croix dans cela. Remarquez le mot : « Prendre sa croix ». Ce n'est pas recevoir des afflictions de la main de Dieu, mais prendre volontairement, je dirais « volontiers », le fardeau des souffrances que le monde nous présente. Ce fardeau est d'autant plus réel et d'autant plus lourd que, pour suivre Christ, nous marchons davantage dans la puissance du nouvel homme qui, n'ayant aucune attache ici-bas, ne trouve dans le monde que l'inimitié contre son Sauveur et contre ce qui est né de lui.
« Et me suive ».
Le suivre est la conséquence des deux conditions
précédentes. Le suivre, c'est
l'imiter ; l'imiter, c'est former
sur lui ses actes et ses
pensées.
Il faut ces
trois choses pour venir après
lui :
1.
Renoncer à soi-même
2.
Prendre sa croix
3.
Le suivre
Où est la puissance pour les réaliser ?
Lorsque Pierre dit « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort. » (Luc 22 v.23), il se faisait illusion à cet égard ! Il pensait que cette puissance était dans ses bonnes intentions, dans ses décisions, dans son amour pour le Sauveur.
Combien de chrétiens pensent de même ! Ils diraient volontiers : « Je te suivrai en prison et jusque dans la mort ».
Mais cette puissance n'est pas de l'homme, elle est essentiellement liée à deux choses :
1. Au don du Saint Esprit, puissance d'en haut pour notre marche
2. A la perte de toute confiance en la chair.
Cette défiance de lui-même, Simon Pierre l'acquit avec Satan, par une chute ! Paul l’a acquise avec
Dieu, par la
connaissance d'un Christ
glorieux.
Lorsque Pierre est entièrement brisé, le Seigneur lui dit définitivement : « Suis-moi » (Jean 21 v.19). Et le disciple, à la suite de Jésus, se met en marche à travers la mort jusqu'à ce qu'il atteigne Christ dans la gloire.
Chers lecteurs chrétiens, jeune ou vieux, suivons-le jusqu'au bout ! Comme nous allons le voir dans le récit de la transfiguration sur la haute montagne, au chapitre 17 de notre évangile de Matthieu, nous en aurons déjà maintenant la récompense bénie, nous apprendrons, dès ici-bas, à le connaître dans la gloire.
Et après six jours, Jésus prend avec lui Pierre, et
Jacques, et Jean son frère, et les mène à l’écart sur une haute montagne. Et il
fut transfiguré devant eux ; et son visage resplendit comme le soleil, et ses
vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur
apparurent, parlant avec lui. Et Pierre, répondant, dit à Jésus : Seigneur, il
est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, faisons ici trois tentes : une
pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, voici,
une nuée lumineuse les couvrit ; et voici une voix de la nuée, disant :
Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le.
Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre et
furent saisis d’une très-grande peur. Et Jésus, s’approchant, les toucha et dit
: Levez-vous, et n’ayez point de peur. Et eux, levant leurs yeux, ne virent
personne que Jésus seul.
Et il arriva, environ huit jours après ces paroles, qu’il
prit avec lui Pierre et Jean et Jacques, et qu’il monta sur une montagne pour
prier. Et comme il priait, l’apparence de son visage devint tout autre, et son
vêtement devint blanc [et] resplendissant comme un éclair ; et voici, deux
hommes, qui étaient Moïse et Élie, parlaient avec lui, lesquels, apparaissant
en gloire, parlaient de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem. Et Pierre
et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil ; et quand ils furent
réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui étaient avec lui. Et il arriva, comme ils se séparaient de lui,
que Pierre dit à Jésus : Maître, il est bon que nous soyons ici ; et faisons
trois tentes : une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie, ne sachant ce
qu’il disait. Et comme il disait ces choses, une nuée vint et les couvrit ; et
ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée. (Luc 9 v.28-34)
Car ce n’est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées,
que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur
Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. Car il
reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu’une telle voix lui fut adressée
par la gloire magnifique : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai
trouvé mon plaisir ». Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant
avec lui sur la sainte montagne. Et nous avons la parole prophétique rendue
plus ferme, (à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe
qui brille dans un lieu obscur), jusqu’à ce que [le] jour ait commencé à luire
et que l’étoile du matin se soit levée dans vos cœurs, sachant ceci
premièrement, qu’aucune prophétie de l’écriture ne s’interprète elle-même. (2 Pierre 1
v.16-19)
Nous arrivons à un nouvel événement dans la vie spirituelle du disciple. Après avoir appris que les bénédictions ne pouvaient être acquises que par la mort et la résurrection de Christ, Pierre et ses deux compagnons obtiennent la faveur de contempler dès ici-bas le Seigneur Jésus venant en gloire. Ils ont le privilège de voir où aboutit le chemin pénible qui commence à la croix, et de jouir d'une telle vision. Le spectacle a laissé une impression profonde dans l'esprit de Pierre, et il en a plus tard compris toute la portée. Au chapitre 1 de sa seconde épître, après avoir placé devant les yeux des saints les conditions d'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, se souvenant de la transfiguration, il leur expose en quoi ce royaume consiste : « Car ce n'est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu'une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir ». Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne » (2 Pierre 1 v.16-18).
Toutes les vérités qui avaient trait au royaume, se résumaient dans la personne de Christ. C'était sa puissance et sa venue ; sa majesté y était visible ; l'honneur et la gloire lui étaient donnés là par Dieu le Père, du sein de la gloire magnifique. C'était donc, avant tout, du Seigneur Jésus lui-même qu'il s'agissait dans la transfiguration. Il fallait que les disciples connussent dès ici-bas quel était ce Christ qui venait de leur parler de son humiliation et de sa croix. Il fallait que Pierre apprenne à le connaître, non seulement comme le Fils du Dieu vivant, dispensateur pour les siens de toutes les bénédictions célestes, mais comme un homme déclaré Fils bien-aimé du Père dans la gloire. Il fallait qu'il contemplât, comme centre de cette gloire, un homme duquel non seulement découlait toute bénédiction, comme au chapitre 16, mais auquel remontaient tout honneur et toute gloire, comme à l'objet unique de la terre et du ciel. Il fallait qu'aux oreilles du disciple retentit cette voix suprême qui déclarait que toutes les affections et toutes les pensées de Dieu étaient concentrées sur cet homme. Hors lui, il ne restait rien. Quand cette voix eut dit : « Ecoutez-le », ils ne virent que Jésus seul, et s'il leur eût été ôté, le ciel lui-même serait resté solitaire et vide !
La seconde vérité révélée à Pierre sur la montagne, c'est que des hommes, sujets aux mêmes infirmités que nous, étaient associés au Fils de l'homme dans sa gloire. Fait remarquable. Moïse et Elie manquèrent l'un et l'autre à leur responsabilité, et durent être arrêtés avant d'avoir parcouru jusqu'au bout le chemin de la foi. La bénédiction qui s'y attache leur fut retirée, pour Elie, du moins, quant à sa charge de prophète : « tu oindras Élisée, … pour qu’il soit prophète à ta place. » (1 Rois 19 v.16). Notez-le bien, ces deux hommes étaient très grands, car ils représentaient, aux yeux des disciples, la loi et les prophètes. Cependant, Moïse frappa le rocher par deux fois, oubliant de « sanctifier l'Eternel au milieu du peuple », et dut mourir sur le Nébo, en face de la terre promise ; Elie se coucha sous le genêt et désira mourir, puis plaida contre Israël devant Dieu, et dut remettre son office de prophète en oignant un autre à sa place. Et néanmoins, merveilleuse grâce, ils sont dans la même gloire que Jésus, gloire due à Christ, et conférée aux siens en vertu de son oeuvre. Moïse et Elie n'adorent pas ici ; ils parlent avec lui, signe d'une intimité complète. Le sujet de leur entretien, c'est sa mort. La gloire est le résultat de sa mort, et sa mort est le sujet dont on s'entretient dans la gloire !
En troisième lieu, Pierre a, sur la sainte montagne, une vision complète de tout ce qui constitue le royaume : un Christ glorieux, des saints ressuscités ou transmués, apparaissant avec lui en gloire, des saints terrestres associés à cette scène bénie, vérités prophétiques bien connues, que je touche seulement en passant, et dont l'apôtre pouvait dire: « Et nous avons la parole prophétique, rendue plus ferme, à laquelle vous faites bien d'être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour ait commencé à luire et que l'étoile du matin se soit levée dans vos cœurs ! »
Et comme il disait ces choses, une nuée vint et les couvrit
; et ils eurent peur comme ils entraient dans la nuée. Et il y eut une voix
venant de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Et la
voix s’étant fait entendre, Jésus se trouva seul. Et ils se turent, et ne
rapportèrent en ces jours-là à personne rien de ce qu’ils avaient vu. (Luc 9 v.34-36)
Nous venons de voir comment les disciples furent appelés à jouir de la gloire de Christ avant le moment de sa manifestation. Cette scène, dont ils ne comprenaient pas alors la portée, devait plus tard servir d'appui à l'autorité de leur apostolat. A ce point de vue, nous n'avons pas été appelés à la contempler, et nous ne la connaissons que sur leur témoignage ; mais nous avons aussi notre scène actuelle de gloire ; car il est dit que « nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Corinthiens 3 v.18).
Toutefois, la sainte montagne n'est pas
seulement la scène de la vision future ou de la contemplation présente de la
gloire, elle offre aux disciples une part intime
avec Christ. Ce Pierre qui, peu de jours auparavant, avait
encouru la réprimande du Seigneur, est appelé
par grâce à entrer avec
ses compagnons là où jamais homme n'était entré avant eux. La nuée couvre les disciples, et ils y entrent avec Jésus. Chose terrible pour
un Juif ! Comment ne pas avoir « peur » de pénétrer en la présence de Jéhovah, dont la
nuée était la demeure solitaire
? Comment ne pas trembler en se souvenant que même
le souverain sacrificateur devait, pour ne pas mourir, s'envelopper d'un nuage d'encens,
quand il se présentait dans le sanctuaire devant Dieu ?
NB. L’auteur fait appel à lévitique 16, décrivant la cérémonie du grand jour des
propitiations. Et tout particulièrement le verset 13 « … il
mettra l’encens sur le feu, devant l’Éternel, pour que la nuée de l’encens couvre le propitiatoire qui est
sur le témoignage, afin qu’il ne
meure pas. »
Mais que les disciples peuvent maintenant se rassurer : la nuée n'est plus désormais pour eux la demeure du Jéhovah d'Israël, elle est la maison du Père ! La présence de Christ dans la nuée avec eux est le moyen de leur révéler le nom de Celui qui y habite. Ils deviennent, non seulement comme Moïse et Elie, les compagnons du Fils de l'homme dans sa gloire, mais du Fils dans la maison de son Père. Demeurer dans la gloire est, de fait, une bénédiction future qu'aucun saint, même endormi, n'a encore atteinte ; demeurer dans la maison du Père est une part présente aussi bien que future. Si je puis dire en parlant de l'avenir : « Mon habitation sera dans la maison de l'Eternel pour de longs jours » (Psaumes 23 v.6), je puis tout aussi bien m'écrier, en parlant du présent: «J'ai demandé une chose à l'Eternel, je la rechercherai: c'est que j'habite dans la maison de l'Eternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l'Eternel et pour m'enquérir diligemment de lui dans son temple» (Psaumes 27 v.4). C'est dans cette maison du Père, qu'à peine converti, le fils prodigue est introduit ; c'est là que, revêtu de la plus belle robe, et marchant dans la dignité de fils, il lui est donné d'avoir part à tous les biens du Père et à la joie qu'il a de les lui communiquer. Cette maison est la demeure secrète de la communion. Dans la transfiguration, bien des choses attiraient les regards des disciples : le visage de Christ resplendissant, comme le soleil, ses vêtements blancs comme la lumière, Moïse et Elie, ces personnages fameux, paraissant en gloire. Dans la nuée, rien de semblable. Comme Paul ravi dans le paradis, les disciples ne voient rien, car Moïse et Elie disparaissent ; mais c'est pour qu'ils puissent prêter leur attention tout entière à une parole dans laquelle toute la pensée de Dieu se résume.
Tant qu'il voyait Moïse et Elie, Pierre oubliait la prééminence de Christ. « Faisons trois tentes », dit-il. Comme tant de chrétiens le font d'une manière inconsciente, il voulait mettre la loi [représentée par Moïse] et les prophètes [représentés par Elie] au même niveau que Christ, en les associant avec lui. Pauvre disciple ! comme il se montre peu digne de ce spectacle ! Ses paroles, son sommeil et sa crainte, trahissaient l'état de son âme ! Plus la perfection de Jésus resplendissait, plus les imperfections de Pierre se multipliaient. Jusqu'à ce qu'il arrive au plein jugement de lui-même, nous le trouvons ainsi dans chaque occasion. L'Esprit lui communique la puissance, la chair la lui ôte ; l'Esprit lui donne la connaissance, la chair se montre ignorante, surtout de la croix ; l'Esprit lui fait contempler la gloire, la chair rabaisse cette gloire au niveau d'hommes qui ont failli. Il en sera de même dans la scène des didrachmes, et au souper, et en Gethsémané, et dans la cour du prétoire, jusqu'à ce que Pierre ait appris ce qu'est la chair et reçu la puissance d'en haut.
Mais la gloire magnifique, au lieu
de repousser les disciples, les attire à Christ, les place à ses pieds comme
disciples, en leur disant : « Ecoutez-le
», et Pierre, avec les autres, est introduit dans les pensées du Père au sujet du Fils de son amour. Oui, la maison du
Père est le lieu de cette
révélation.
Les disciples,
nous l'avons dit, y entendent une
seule parole, brève expression de la pensée que la présence du Fils fait
sortir de la bouche du Père,
mais un mot qui
résume tout ce qui se trouve dans
son cœur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ».
Telle est notre bénédiction actuelle. Nous
avons reçu la communication du secret du Père ; il nous a introduits dans une
intimité avec lui qui sera plus complètement goûtée, mais
ne pourra pas être plus grande dans l'état éternel. Là, nous verrons tout
le déploiement de la gloire de Christ et nous serons vus dans cette gloire,
mais maintenant nous
sommes dépositaires de la pensée du Père nous
révélant le Fils, du Père
que le Fils nous révèle. La voix s'étant fait entendre, Jésus reste seul avec nous. En l'écoutant, nous apprendrons toujours mieux ce que le Père est pour
lui et pour nous.
Et lorsqu’ils furent venus à Capernaüm, les receveurs des
didrachmes vinrent à Pierre, et dirent: Votre maître
ne paye-t-il pas les didrachmes ? Il dit : Oui. Et
quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, disant : Que t’en semble,
Simon ? Les rois de la terre, de qui reçoivent-ils des tributs ou des impôts,
de leurs fils ou des étrangers ? Pierre lui dit : Des étrangers. Jésus lui dit
: Les fils en sont donc exempts. Mais, afin que nous ne les scandalisions pas, va-t’en à la mer, jette un hameçon, et prends le premier
poisson qui montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un
statère ; prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi. (Matthieu 17
v.24-27)
NB : Payer les didrachmes était le paiement de l’impôt prélevé pour le temple, probablement celui prescrit par Moïse en Exode 30 v.11-16, ou celui établi par Néhémie pour le service de la maison de Dieu (Néhémie 10 v.32-33).
Sur la montagne, Pierre avait vu des hommes associés avec Christ dans la gloire du royaume ; puis introduit dans la nuée, il était entré en communion avec le Père au sujet de son Fils. Ici, dans la scène des didrachmes, le Seigneur associe son disciple avec lui, non pas dans une gloire future, ni dans une jouissance céleste actuelle, mais ici-bas, sur la terre, comme un fils de Dieu marchant dans la conscience de sa dignité de fils. Quand le Seigneur montre à ses disciples les compagnons de sa gloire, un moment arrive où ils disparaissent, faisant place à Jésus seul, pour que la gloire de Christ, «plus excellente que celle de Moïse», soit reconnue dans toute sa prééminence; mais lorsque le Seigneur associe Pierre avec lui comme fils, il le place et le garde dans la même relation que lui vis-à-vis du Père. Ces trois paroles : « Les fils en sont donc exempts » « afin que nous ne les scandalisions pas », et: « Donne-le-leur pour moi et pour toi», sont l'expression bénie de cette relation.
Combien nous connaissons et apprécions peu cette dernière ! Etre fils de
Dieu, posséder une relation qui n'est pas inférieure à celle de Jésus homme, avec Lui, chose
incroyable, impossible, si elle ne nous était
affirmée de Dieu.
Hâtons-nous d'ajouter que Christ est
Fils de Dieu sous deux aspects:
1. Comme « le Fils unique qui est dans le sein du Père », il a une relation que nous n'avons pas et que nous
n'aurons jamais !
2. Mais comme homme il est appelé Fils de Dieu (Psaumes 2 v.7 et Luc 1 v.35), et nous place
dans cette relation, qui n'offre qu'une
seule différence entre lui et nous, c'est
que lui s'y trouve selon sa
valeur et sa dignité personnelle (aussi Dieu, quand Jésus parait dans ce monde, le
salue-t-il de ces mots: « Tu es mon Fils, je
t'ai aujourd'hui engendré »),
tandis que nous, nous sommes fils uniquement en vertu de son
oeuvre.
Mais il est merveilleux de penser que notre relation est absolument la même : « Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 v.17). « Vous avez reçu l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba, Père » (Romains 8 v.15) ; « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ! » (Romains 8 v.17). S’exprimant à son Père il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles » (Marc 14 v.36)
Mais hélas !
comme en toute occasion la misère des pensées
naturelles est mise à nu chez le pauvre disciple ! Quand il disait : « Seigneur, Dieu
t'en préserve, cela ne
t'arrivera point
», ses pensées étaient humaines,
c'est-à-dire sataniques ! Comme si Jésus avait pu penser à s'épargner lui-même ! Sur la montagne, Pierre
« ne savait ce qu'il disait » (Luc
9 v.33). C'était l'inintelligence,
voulant faire d'une scène
future une scène actuelle.
On
pourrait comparer ces paroles de Simon : « Il est bon que nous soyons ici », à celles des chrétiens de nos jours qui
attendent pour l'économie présente
un règne de Christ sur la terre par l'évangile.
C’est confondre l’Evangile de la
grâce (dont les bénédictions sont célestes)
avec l’Evangile du Royaume
(dont les bénédictions sont terrestres).
[Voir le message n°2 : « L’importance de faire la différence entre l’Evangile
de la grâce & l’Evangile du royaume. »]
En outre, son inintelligence introduisait
quelque chose à côté de Christ,
une autorité à côté de la
sienne. Comme on
vient de le souligner : Pierre agit de la même manière que tant de chrétiens qui font un
mélange de loi et de grâce :
la grâce, ce qui nous
sauve, la loi, notre
règle de conduite. Les pensées terrestres de Pierre
étaient en scandale à Christ,
aussi tança-t-il fortement son disciple ; mais, sur la montagne, Dieu répond en grâce à son ignorance (quelle condescendance
!), en
plaçant Christ devant lui comme le seul qu'il dût écouter.
Dans la scène des didrachmes, on trouve chez le disciple le désir de revendiquer pour son Maître le caractère d'un Juif zélé. C'est comme le besoin, si fréquent de nos jours, d'accommoder Christ à la religion d'un monde qui l'a rejeté, pour le faire accepter, reconnaître et honorer. Pierre voudrait que Jésus ne fût pas traité en étranger dans le système officiel et n'eût pas l'air de s'en séparer.
Le Seigneur montre à son disciple que lui marche en vue de Dieu, et non pas en vue d'un système. Si Christ était désormais étranger au système juif, c'est que ce dernier était étranger à Dieu, tandis que, vis-à-vis de Dieu, Jésus est Fils. De plus, le Seigneur du temple ne doit pas payer l'impôt pour le temple ; lui, le Créateur, qui a tout pouvoir sur la création, ne peut être assimilé à la créature ; lui, auquel un poisson même, du fond de la mer, apporte le tribut, ne doit pas payer le tribut.
Qu'elles sont misérables, les meilleures pensées de l'homme, livré à lui-même pour apprécier Christ ! Aussi le Seigneur ne peut-il jamais, dans ses communications, reconnaître l'intelligence de Pierre, sauf dans le cas où ce dernier avait reçu directement une révélation du Père que la chair et le sang ne pouvaient lui enseigner. Mais, nous l'avons dit, la grâce répond à la folie du disciple. Le souverain accepte cette position d'humiliation non mérité, pour ne pas les scandaliser. Il ne cherche pas à combattre un système que Dieu avait abandonné, mais n'avait pas encore jugé. Celui qui était déjà réellement rejeté ne veut pas scandaliser des hommes qui le rejettent. Quoique étant Fils, il accepte la position de dépendance qui lui est faite. De plus, il ne veut pas, en refusant de payer les didrachmes, humilier et démentir son pauvre disciple devant le monde. Quelle condescendance !
Mais il fait plus ; dans sa réponse, il révèle à Pierre son association avec Christ, comme Fils du Dieu souverain. Sur la
montagne, les disciples avaient reçu la révélation du Père au sujet du Fils ; ici,
Jésus révèle à son disciple une merveilleuse
relation de famille. Ils sont tous deux fils de Dieu ; mais Pierre l'est seulement en
vertu du fait que Christ s'est
abaissé pour nous sauver. De telles bénédictions sont actuelles !
Sur la montagne, il y avait trois
pauvres pécheurs plongés dans la frayeur, le sommeil et l'ignorance, appelés à entrer dans la maison du Père pour avoir
communion avec lui au sujet de son Fils ; ici, à Capernaüm, nous voyons un faible disciple
dont le zèle humain pour
honorer Christ, a
pour effet, de le rabaisser, appelé tel qu'il est à marcher avec lui, dans
l'humilité toujours, mais aussi dans la
conscience de la dignité
d'un fils de Dieu !
Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure
était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient
dans le monde, les aima jusqu’à la fin. Et pendant qu’ils étaient à souper, le
diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, de le
livrer, — Jésus, sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les
mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, se lève du souper et
met de côté ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit. Puis il
verse de l’eau dans le bassin, et se met à laver les pieds des disciples, et à
les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient donc à Simon Pierre ;
et celui-ci lui dit : Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds ? Jésus répondit et
lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans
la suite. Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui
répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi. Simon Pierre lui dit
: Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. Jésus
lui dit : Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds; mais il est tout net ; et vous, vous êtes nets, mais
non pas tous. Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes
pas tous nets.
Quand donc il eut lavé leurs pieds et qu’il eut repris ses
vêtements, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai
fait ? Vous m’appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis ;
si donc moi, le seigneur et le maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous
devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple,
afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez. En vérité, en
vérité, je vous dis : L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni
l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous
êtes bienheureux si vous les faites. Je ne parle pas de vous tous ; moi, je
connais ceux que j’ai choisis ; mais c’est afin que l’écriture soit accomplie :
« Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi ». Je vous le
dis dès maintenant, avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous
croyiez que c’est moi. En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui reçoit
quelqu’un que j’envoie, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui
m’a envoyé.
Ayant dit ces choses, Jésus fut troublé dans [son] esprit,
et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un
d’entre vous me livrera. Les disciples se regardaient donc les uns les autres,
étant en perplexité, ne sachant de qui il parlait. Or l’un d’entre ses
disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon Pierre
donc lui fait signe de demander lequel était celui dont il parlait. Et lui, s’étant
penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, lequel est-ce ? Jésus
répond : C’est celui à qui moi je donnerai le morceau après l’avoir trempé. Et
ayant trempé le morceau, il le donne à Judas Iscariote, fils de Simon. Et après
le morceau, alors Satan entra en lui. Jésus donc lui dit : Ce que tu fais,
fais-le promptement. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi
il lui avait dit cela ; car quelques-uns pensaient que, puisque Judas avait la
bourse, Jésus lui avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête ;
ou, qu’il donnât quelque chose aux pauvres. Ayant donc reçu le morceau, il
sortit aussitôt ; or il était nuit.
Lors donc qu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le fils
de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en
lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et aussitôt il le glorifiera.
Enfants, je suis encore pour un peu de temps avec vous : vous me chercherez ;
et, comme j’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir,
je vous le dis aussi maintenant à vous. Je vous donne un commandement nouveau,
que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous
vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples,
si vous avez de l’amour entre vous. Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu
? Jésus lui répondit : Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais
tu me suivras plus tard. Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te
suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi. Jésus répond : Tu laisseras
ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis : Le coq ne chantera point,
que tu ne m’aies renié trois fois. (Jean 13)
La scène du souper révèle à Pierre un nouveau côté du caractère de Christ et de son œuvre, sa sacrificature en rapport avec la communion. Sur la sainte montagne, le disciple avait déjà été introduit au lieu même de la communion, et avait entendu le Père exprimant le bon plaisir qu'il trouvait en son Fils, mais Pierre avait à apprendre ce qui lui était nécessaire pour avoir cette communion, ou pour la maintenir, ou pour y être réintégré s'il l'avait perdue. Nous pouvons, comme le disciple au chapitre 17 de Matthieu, jouir en quelque mesure de nos relations avec Dieu, sans communion réelle avec lui. La communion, c'est avoir une pensée et un cœur avec le Père et avec le Fils. Le Seigneur l'exprime dans notre chapitre, quand il dit à Pierre : « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi » (verset 8). Avons-nous, sans réserve, part avec Christ dans ses appréciations, ses pensées et ses affections ? Avons-nous, avec Dieu, un même jugement au sujet de l'homme, du monde, du péché, une même pensée au sujet de l'œuvre de Christ et de la valeur de son sang. Avons-nous les mêmes affections que le Fils pour le Père, que le Père pour le Fils ; une commune jouissance avec Dieu au sujet de la perfection de Christ, une commune pensée avec le Fils au sujet du Père pour le glorifier, lui plaire, faire sa volonté, nous confier en lui, jouir pleinement de sa présence ?
Hélas ! quand il s'agit de réaliser de telles choses, nous sommes bien forcés de l'avouer: cette communion, nous la connaissons à peine ! En vérité, les instants où nous jouissons de la communion divine sont comme submergés par l'ensemble de notre vie chrétienne. Et cependant, rien ne nous manque pour l'avoir toujours, car nous avons la vie éternelle qui nous y introduit (1 Jean 1). Mais si la communion nous est si peu familière, ne nous contentons pas de notre mesure et, d'autre part, ne nous décourageons pas. Dieu a pourvu à toute notre incapacité et à tous nos manquements par la sacrificature de Christ.
NB. « …. afin qu’il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation pour les péchés du peuple. Car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés. » (Hébreux 2 v.17-18) « Ayant donc un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme notre confession ; car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché. Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun. » (Hébreux 4 v.14-16)
Cette sacrificature a pour base l'amour manifesté une fois, mais non épuisé à la croix, car il reste et restera le même
jusqu'à la fin : « Jésus ayant aimé les siens qui
étaient dans le monde, les aima
jusqu'à la fin » (Jean
13 v.1). Il ne suffit pas au Seigneur de nous sauver ; son amour veut nous sauver jusqu'au bout, et c'est à quoi il s'emploie comme sacrificateur. Il a une
« sacrificature qui ne se transmet pas. De là vient aussi qu'il peut sauver entièrement (jusqu'à
l'achèvement) ceux qui s'approchent
de Dieu par lui »
(Hébreux
7 v.24-25). Rien ne peut arrêter ou même entraver ce service sacerdotal en faveur
des siens. C'est
au moment même de la trahison de Judas (13
v.2),
qu'il se ceint pour laver les pieds de ses disciples. La possession de toutes choses, sa
propre dignité comme venant de Dieu et allant à Dieu, ne l'éloignent pas non
plus de ces fonctions serviles ; bien au contraire, il se sert de sa
toute-puissance pour la mettre, en s'abaissant, au service de ses bien-aimés
(verset 3). Tel est l'amour manifesté dans la
sacrificature.
La sacrificature de Christ a des fonctions multiples. Sans parler de sa nécessité pour faire propitiation (Hébreux 2 v.17), nous la voyons s'exercer pour secourir ceux qui sont tentés (Hébreux 2 v.18), et pour nous rendre capables de nous approcher du trône de la grâce (Hébreux 4 v.16). Nous la voyons en activité pour que nous puissions avoir communion avec le Seigneur là où il est (Jean 13), et enfin, pour nous faire retrouver cette communion quand le péché nous l'a fait perdre [je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ; et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste …] (1 Jean 2 v.1). Dans son exercice en notre faveur, cette sacrificature a deux faces, une du côté de Dieu, une du nôtre. Il est devant Dieu pour nous, notre intercesseur ; et il nous porte secours de sa part.
Au point de vue de la communion, nous trouvons dans notre chapitre le côté secourable de la sacrificature. Quand Jésus dit plus tard à Pierre : « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Luc 22 v.32), c'est l'activité de la sacrificature devant Dieu pour la restauration de son disciple. Ici, nous voyons le Seigneur nous mettant en contact avec la Parole (l'eau de purification), qu'il applique lui-même à nos consciences et à notre marche, afin de nous donner une part actuelle — non pas future — avec lui : « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi ». C'est ce que nous voyons avec de si précieux détails dans le type de la génisse rousse, au chapitre 19 des Nombres (*).
(*) Pour des éclaircissements sur le sujet, voir l’article du Messager Evangélique 1887, intitulé: «La Génisse rousse».
Mais, à cette sacrificature de Christ
qui lui était ainsi présentée, Pierre ne comprenait rien encore et ne
pouvait entrer là où elle voulait l'introduire. Pour cela, deux
choses lui manquaient, exprimées dans ces deux paroles : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu
le sauras dans la suite » (verset 7) ; et : « Là où je vais, tu
ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard » (verset 36). Ces deux choses sont la connaissance et la puissance.
Le manque de connaissance de Pierre
Pierre avait une réelle affection pour le
Seigneur, mais cette affection
ne put le préserver de la
chute la plus grave. Il lui manquait
une chose indispensable : la connaissance,
dont on peut jusqu'ici constater l'absence dans les actes les plus marquants de
sa vie.
Quand il disait (Matthieu 16 v.22) : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera
point ! » c'était
son affection qui parlait ainsi,
et pourtant, à
ce moment même, Pierre était un Satan qui,
faute de connaître le cœur de Christ, osait
penser que le Dieu d'amour
consentirait à être un égoïste.
Lorsque, sur la montagne, il disait : « Faisons trois tentes, une
pour toi, et une pour Moïse, et une pour Elie », c'était encore de l'affection pour Jésus, mais la connaissance de la gloire de cette personne lui
manquait totalement, quoique ses yeux en voient la manifestation. Il mettait la grâce divine au même niveau que « la loi venue par Moïse » pour condamner,
et que la prophétie qui
annonçait le jugement.
Dans la scène des didrachmes, le « oui » de Pierre à la question : « Votre Maître
ne paie-t-il pas ? » dénote encore de l'affection pour son maître qu'il pensait honorer devant ses
compatriotes, mais sans
aucune connaissance de
la dignité de celui qui était Dieu, Créateur, Seigneur du temple, Fils du souverain sur son trône.
Dans un sens, la connaissance précède les affections, car au fond, elle n'est pas autre chose que le
fait de s’approprier par le Saint Esprit de l'œuvre, de l'amour
et de la personne de Christ ;
elle
les suit aussi, car les affections pour Christ sont le
meilleur moyen de mieux le
connaître.
Dans le chapitre qui nous occupe, ces mots de Pierre : « Tu ne me laveras jamais les pieds », dénotent de nouveau son affection, jointe au sentiment de la dignité de Christ, mais aussi l'ignorance de la sacrificature du Sauveur, et d'un amour qui trouvait sa satisfaction dans le dévouement du service. Puis, quand le Seigneur lui dit : « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi », il demande à avoir non seulement les pieds lavés, mais aussi les mains et la tête. Certes, c'était de l'affection pour Christ, puisqu'il estimait comme une chose des plus précieuses d'avoir part avec lui ; mais cette affection était accompagnée d'une ignorance complète de l'œuvre qui avait déjà accompli la purification une fois pour toutes (*).
(*) Il faut noter que si l’auteur dit : « accompli », c’est parce que, dès ce chapitre 13 jusqu'à la fin du chapitre 17, le Seigneur se présente à nous comme étant au-delà de la croix, son heure étant venue pour aller de ce monde au Père.
C'est dans cette connaissance de l'œuvre et de l'amour de Christ que se
trouve aussi le secret de
toutes nos relations avec nos frères. Comme le Seigneur les avait aimés, les disciples devaient s'aimer les uns
les autres (verset
34) ; comme il avait lavé leurs pieds, eux aussi
devaient se laver les pieds les uns aux autres (verset 14).
A ce propos, remarquons en passant que, lorsque nous avons besoin de la sacrificature pour être nous-mêmes restaurés, ce n'est pas le moment de l'exercer vis-à-vis de nos frères. Pour faire aspersion avec l'eau de la purification sur celui qui avait été souillé par un mort, il fallait un homme pur qui lui-même ne se fût pas souillé (Nombres 19). Si nous manquons de vigilance dans notre marche, nous perdons, avec la communion qui en est la conséquence, le grand privilège du service sacerdotal envers les autres.
Le manque de puissance de Pierre
Comme nous l'avons dit plus haut, la seconde chose qui manquait à Pierre était la puissance. Humainement, il était caractérisé par une énergie, qui lui faisait affronter les difficultés, mais qui, étant l'énergie de la chair, ne le rendait pas capable de les surmonter. « Je te suivrai ». « Je laisserai ma vie pour toi ». « Je ne t'abandonnerai pas », tel est son langage habituel. C'était de l'affection toujours, mais sans la puissance divine ; et cette affection n'empêche pas le disciple de renier son maître. La puissance qui lui manque est celle de l'Esprit, qui est exactement l'opposé de celle de la chair, et qui ne se développe que dans la mesure où la chair est jugée. Il faut, pour qu'elle se manifeste pleinement, que l'homme ait la conscience de sa complète impuissance.
Pierre ne pouvait avoir ni cette connaissance, ni cette puissance, avant la mort et la résurrection de Christ, et avant le don du Saint Esprit, mais les expériences qu'il a dû faire, alors qu'il ne possédait pas encore ces deux choses, lui ont été profitables. Elles le sont et le seront à d'autres. Dans les Actes, tout est changé dans la carrière de Pierre. Connaissance de Christ, puissance, oubli de soi, action bénie sur les autres, se rencontrent à chaque pas. Les choses vieilles sont passées, c'est la nouvelle carrière d'un nouvel homme.
Et le Seigneur dit : Simon, Simon, voici, Satan a demandé à
vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin
que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand une fois tu seras revenu, fortifie
tes frères. — Et il lui dit : Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en
prison et à la mort. — Et il dit : Pierre, je te dis : le coq ne chantera point
aujourd’hui, que premièrement tu n’aies nié trois fois de me connaître.
Et il leur dit : Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans
sac et sans sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? Et ils dirent : De
rien. Il leur dit donc : Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne,
et de même celui qui a un sac, et que celui qui n’a pas d’épée vende son
vêtement et achète une épée. Car je vous dis, qu’il faut encore que ceci qui
est écrit, soit accompli en moi : « Et il a été compté parmi les iniques ». Car
aussi les choses qui me concernent vont avoir leur fin. Et ils dirent :
Seigneur, voici ici deux épées. Et il leur dit : C’est assez.
Et sortant, il s’en alla, selon sa coutume, à la montagne
des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent. Et quand il fut en ce
lieu-là, il leur dit : Priez que vous n’entriez pas en tentation. Et il
s’éloigna d’eux lui-même environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux,
il priait, disant : Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi !
Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite. Et un
ange du ciel lui apparut, le fortifiant. Et étant dans l’angoisse du combat, il
priait plus instamment ; et sa sueur devint comme des grumeaux de sang
découlant sur la terre. Et s’étant levé de sa prière, il vint vers les
disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; et il leur dit : Pourquoi
dormez-vous ? Levez-vous, et priez afin que vous n’entriez pas en tentation.
Comme il parlait encore, voici une foule, et celui qui
avait nom Judas, l’un des douze, les précédait ; et il s’approcha de Jésus,
pour le baiser. Et Jésus lui dit : Judas, tu livres le fils de l’homme par un
baiser ? Et ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui
dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ? Et l’un d’entre eux frappa
l’esclave du souverain sacrificateur et lui emporta l’oreille droite. Mais
Jésus, répondant, dit : Laissez faire jusqu’ici ; et lui ayant touché
l’oreille, il le guérit. Et Jésus dit aux principaux sacrificateurs et aux
capitaines du temple et aux anciens qui étaient venus contre lui : Êtes-vous
sortis comme contre un brigand avec des épées et des bâtons ? Lorsque j’étais
tous les jours avec vous, dans le temple, vous n’avez pas étendu vos mains
contre moi ; mais c’est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres.
Et se saisissant de lui, ils l’emmenèrent, et le conduisirent
dans la maison du souverain sacrificateur. Or Pierre suivait de loin. Et
lorsqu’ils eurent allumé un feu au milieu de la cour et qu’ils se furent assis
ensemble, Pierre s’assit au milieu d’eux. Et une servante, le voyant assis
auprès de la lumière, et l’ayant regardé fixement, dit : Celui-ci aussi était
avec lui. Mais il le renia, disant : Femme, je ne le connais pas. Et peu après,
un autre le voyant, dit : Et toi, tu es de ces gens-là. Mais Pierre dit: Ô homme, je n’en suis point. Et environ une heure
après, un autre affirma, disant : En vérité, celui-ci aussi était avec lui ;
car aussi il est Galiléen. Et Pierre dit : Ô homme, je ne sais ce que tu dis.
Et à l’instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Et le Seigneur, se
tournant, regarda Pierre ; et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur,
comme il lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et
Pierre, étant sorti dehors, pleura amèrement. (Luc 22 v.31-62)
Pierre avait appris
dans la scène du lavage des pieds, ce
qui était nécessaire pour être en communion avec le Seigneur. En
repassant les bénédictions déroulées devant lui dès le début de sa carrière, il
semblerait que le cercle en est complet et qu'il ne lui reste rien à apprendre… Il reste une
chose, sans laquelle toutes ces bénédictions seraient sans
effet, la connaissance et le jugement
de la chair et de son absolue incapacité devant Dieu.
Le verset 31 du chapitre 22 de
Luc introduit cette nouvelle scène : Satan avait demandé à avoir les pauvres
disciples pour les cribler comme le blé. Comme dans le
cas de Job, l'Ennemi s'était présenté devant Dieu pour les accuser. Se prévalant du moment favorable à ses
desseins, où le Seigneur leur serait retiré et où ils seraient extérieurement sans défense,
il avait demandé à les
mettre sur le crible,
bien certain qu'il n'y resterait rien que Dieu pût accepter. Satan pensait les arracher ainsi à
Christ ; il se trompait. Sans
doute, sur le crible il ne resterait rien de l'homme, mais
ce que Dieu avait produit
dans les disciples devait y rester. Dans sa haine, Satan ignore que, s'il a toute puissance sur la chair, il
n'en a aucune sur Dieu et sur ce qui vient de
lui. Dieu accorde à Satan sa demande, parce qu'il a des vues de grâce et d'amour
envers Pierre et les disciples comme jadis envers Job. Simon va être abandonné aux mains de l'Ennemi pour apprendre à se connaître. Il
fallait de telles voies pour le
bénir ; elles furent autres
envers Saul de Tarse.
En ce qui concerne Saul de Tarse, à sa première rencontre avec Christ, il acquit la connaissance de lui-même sur le chemin de Damas. Quelque pénible qu'elle fût, il eut le bonheur de la faire avec Dieu, et ne fut pas obligé d'y revenir. Dès le début, il put dire : «Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien», et aussi: « Nous qui n'avons aucune confiance en la chair ». Avant cette rencontre, son caractère naturel arrivé à son entier développement, s'était manifesté pleinement dans ses fruits. Les circonstances avaient prouvé que sa chair était animée, sans raison et sans cause, de la plus terrible inimitié contre Christ qu'il fût possible de voir. Sa conscience, et il en avait beaucoup, car il dit: « J'ai pensé en moi-même qu'il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen », l'avait constitué en ennemi acharné de Jésus.
Pierre, nous l'avons dit souvent, avait beaucoup d'amour pour le Seigneur. Si quelque chose était capable d'empêcher sa chair d'agir, et de la garder, c'était bien cela. Eh bien ! son amour pour Christ ne faisait que donner confiance à sa chair ! Même chez Paul qui avait appris sa leçon, la chair aurait voulu se servir plus tard de la communion avec Dieu, pour s'enorgueillir. Il faut à Paul l'ange de Satan pour le garder de chute, à Pierre il faut la chute et le crible de Satan pour lui ouvrir les yeux.
Mais si l'Ennemi avait déployé son activité, Christ s'était
mis à l'œuvre avant lui et avait
devancé le moment du crible : « J'ai prié pour toi, afin
que ta foi ne défaille pas » (verset 32). Il avait intercédé pour Pierre, avant même qu'il se passât quoi que
ce fût dans la conscience du disciple.
La première
fonction de la sacrificature, celle qui regarde Dieu, avait eu lieu
sans que Pierre en sût rien, et en vue d'une chute qui n'était pas
encore arrivée ; la seconde
fonction commence après la chute, quand « le Seigneur se tournant, regarde Pierre » (verset 61), et atteint sa
conscience.
Un seul regard de Christ est le point de départ de toutes les bénédictions qui suivront, en rappelant au cœur du disciple tout l'amour qui s'était employé à prévenir sa chute, en l'assurant que cet intarissable amour n'était pas altéré par son infidélité, en atteignant enfin sa conscience pour lui faire répandre les pleurs amers du repentir en présence de la grâce.
Alors seulement Pierre, une fois revenu, sera
capable de fortifier ses frères (verset 32), pourra commencer à agir sur le cœur et la conscience des autres.
L'action
du ministère ne peut s'exercer que dans le jugement de soi-même : tout ce que Pierre
avait appris auparavant, ne pouvait le
qualifier pour une action bénie auprès de ses frères ; ce qui l'en rend
capable, c'est la connaissance de la
grâce, prenant son point de départ dans l'expérience qu'il a dû faire de son absolue
indignité.
Maintenant (verset
33), le Seigneur laisse
Pierre mettre au jour toute sa confiance en lui-même : « Seigneur,
avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort ». Je suis prêt, c'est bien la
chair ! Prêt à tout affronter ! La chair, même avertie, a toujours confiance en elle-même. Si
elle avait seulement un atome de force, l'avertissement si solennel du
Sauveur aurait dû l'empêcher
de tomber.
Le moment arrive où Pierre, abandonné à ses propres ressources (versets 35-38), accompagne le Seigneur en Gethsémané (versets 39-46). Le Maître aussi est laissé seul ; pas un de ses disciples ne veille une heure avec lui. « Veillez et priez », dit-il, « afin que vous n'entriez pas en tentation » (Matthieu 26 v.41). Veiller et prier, c'est ce que fait Jésus. Si Pierre avait écouté (il dormait devant la tentation, comme il dormait devant la gloire), la tentation l'aurait trouvé sur ses gardes et dans la dépendance de Dieu, et il n'y serait pas entré. Entrer en tentation, pour des êtres charnels, c'était succomber. Christ seul pouvait y entrer et en sortir divinement victorieux, et cette victoire, il ne la remporte que par la dépendance. Il aurait pu user de sa puissance pour se délivrer : rien qu'à sa vue, ses ennemis reculaient et tombaient en arrière ; il aurait pu demander des légions d'anges, mais il se soumet, supporte la trahison de Judas, abandonne tous ses droits (et quels droits !) entre les mains des hommes, muet comme une brebis devant celui qui la tond, sans une protestation, sans un murmure. Pierre ne veille ni ne prie, entre en tentation et succombe aussitôt. Impatient, il tire l'épée pour se défendre, fait couler le sang, au lieu d'accompagner le Seigneur pour être frappé comme lui. Il suit de loin, et entre dans la cour du souverain sacrificateur, la chair peut le mener jusque-là. Ici, toute sa force charnelle tombe et se réduit en poussière devant la parole d'une servante !
Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le
matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée
du sépulcre. Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre
disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le
Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis. Pierre donc sortit, et l’autre
disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. Et ils couraient les deux ensemble
; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier
au sépulcre ; et s’étant baissé, il voit les linges à terre ; cependant il n’entra pas. Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive ; et
il entra dans le sépulcre ; et il voit les linges à terre, et le suaire qui
avait été sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu
à part. Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au
sépulcre, entra, et il vit, et crut ; car ils ne connaissaient pas encore
l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts. Les disciples s’en
retournèrent donc chez eux.
Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait.
Comme elle pleurait donc, elle se baissa dans le sépulcre ; et elle voit deux anges
vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus
avait été couché. Et ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur
dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis. Ayant dit
cela, elle se tourna en arrière, et elle voit Jésus qui était là ; et elle ne
savait pas que ce fût Jésus. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui
cherches-tu ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur*, si
toi tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi je l’ôterai. Jésus lui dit
: Marie ! Elle, s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut
dire, maître). Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore
monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon
Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala vient
rapporter aux disciples qu’elle a vu le Seigneur, et qu’il lui a dit ces
choses.
(Jean 20 v.1-18)
Quelques femmes et le disciple bien-aimé avaient assisté au dernier acte de la croix. Avant de baisser la tête et de remettre son esprit, le Seigneur avait prononcé cette parole: « C'est accompli ». Bénédiction d'une portée infinie pour le cœur des disciples, qui recevaient ainsi l'assurance d'un amour divin prenant en pitié leur état et ayant fait à tout prix ce qui était nécessaire pour y pourvoir. C'est accompli ! une telle œuvre ne laissait rien à faire. La croix ne pouvait plus garder la victime. Joseph d'Arimathée et Nicodème sont les instruments choisis de Dieu pour donner au Sauveur une place avec le riche dans son sépulcre, et c'est là que nous mène le passage que nous venons de lire.
En effet, connaître un
amour qui avait fait descendre pour eux le Seigneur jusque dans la mort,
n'était pas tout, il restait un grand point à
connaître : que contenait le
sépulcre ? La mort qu'avait-elle fait du Sauveur, ou bien
le Sauveur qu'avait-il
fait de la mort ? Si le tombeau l'avait retenu, son
œuvre était vaine et pas un seul de ceux pour lesquels il s'était donné n'était acquitté, ni justifié.
Marie trouve le sépulcre ouvert, Pierre et Jean constatent qu'il est vide. Pierre entre et voit ; les attributs de la mort sont là, témoignant par leur présence que la mort n'a pu retenir sa proie, et qu'elle est vaincue, d'une victoire paisible, sans lutte et sans combat. Le suaire était plié dans un lieu à part, comme on fait d'un vêtement quand on s'apprête à sortir. La preuve du « c'est accompli » était livrée ; l'amour qui avait entrepris l'œuvre, l'avait menée à bonne fin, et les disciples qui ne connaissaient pas encore l'Ecriture, sont convaincus par le témoignage de leurs yeux ; ils croient et s'en retournent à la maison avec la connaissance d'une œuvre désormais terminée.
C'est beaucoup, sans doute, mais à la confusion des deux disciples, c'est peu en comparaison de
ce que trouve au sépulcre une pauvre
femme ignorante. Marie de Magdala, témoin dans sa personne de
l'amour de Christ qui l'avait délivrée de sept démons, aimait le Seigneur d'une affection produite par la grandeur d'un tel amour,
et qui dépassait de bien loin sa connaissance. Heureuse
femme après tout, car la
connaissance de Pierre et de Jean peut s'attacher à une œuvre
et en être satisfaite, l'affection de Marie ne le peut ; il lui faut autre chose, elle veut la personne qui
est son objet.
Pierre qui était entré dans le sépulcre, n'y avait vu
que les linges et le suaire ; Marie, cherchant
une personne, se baisse en
pleurant dans le tombeau et voit des anges. Les
linges avaient suffi aux disciples, mais
les anges ne suffisent pas à Marie.
Même en leur présence, et
sans attendre leur réponse, elle se retourne, car il lui faut son
Seigneur. D'abord son ignorance complète des choses qui
« devaient arriver », l'empêche de le
reconnaître, mais « Jésus lui dit : Marie », — un seul mot — Marie.
Quoi d'étonnant
qu'il pût y avoir un lien d'affection de Marie à Jésus ! que la personne si parfaite du Sauveur
a attiré toutes les pensées
et tout l'amour d'un être
ignorant et imparfait, et surtout quand cet être avait été l'objet de tels bienfaits
et d'une si grande délivrance ! Mais qu’un lien d’affection soit révélé de la part de Jésus à l’égard de cet être ignorant
qu’était Marie, voilà la chose
merveilleuse ! Entre
des milliers de milliers, il la
connaissait par son nom comme sa brebis ! Il démontre qu’il se rappelait de sa brebis la plus misérable. Elle s'écrie : Maître
! Il répond, non pas : Va vers mes serviteurs, mais ; «Va vers mes frères,
et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers
mon Dieu et votre Dieu ». L'affection
de Marie, en
s'attachant à Christ, a trouvé une
révélation plus grande que toutes celles que Pierre avait reçues jusque-là.
L'amour qui s'attache à sa personne devient le dépositaire d'une
connaissance plus étendue.
Avec la simple connaissance de son œuvre, les disciples s'en étaient retournés chez eux ; avec l'amour qui s'attachait à sa personne, Marie de Magdala avait trouvé aux pieds du Sauveur, la connaissance des résultats les plus glorieux de son sacrifice !
Et voilà pourquoi Pierre et Jean jouent un rôle si effacé dans cette scène ; une faible femme, restant dans la modestie de son rôle, les devance. Leurs pieds sont prompts, sans doute, pour les mener au sépulcre ; Marie, la première, a connu le chemin qui mène directement au Père et, revenant sur ses pas avec cette merveilleuse révélation, en a porté le message aux disciples !
Après ces choses, Jésus se manifesta encore aux disciples
près de la mer de Tibérias ; et il se manifesta ainsi : Simon Pierre, et Thomas,
appelé Didyme, et Nathanaël de Cana de Galilée, et les fils de Zébédée, et deux
autres de ses disciples étaient ensemble. Simon Pierre leur dit : Je m’en vais
pêcher. Ils lui disent : Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent, et
montèrent dans la nacelle : et cette nuit-là ils ne prirent rien. Et le matin
venant déjà, Jésus se tint sur le rivage ; les disciples toutefois ne savaient
pas que ce fût Jésus. Jésus donc leur dit : Enfants, avez-vous quelque chose à
manger ? Ils lui répondirent : Non. Et il leur dit : Jetez le filet au côté
droit de la nacelle, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne
pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude des poissons. Ce disciple donc
que Jésus aimait, dit à Pierre : C’est le Seigneur. Simon Pierre donc, ayant
entendu que c’était le Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et
se jeta dans la mer. Et les autres disciples vinrent dans la petite nacelle
(car ils n’étaient pas loin de terre, mais à environ deux cents coudées),
traînant le filet de poissons. Quand ils furent donc descendus à terre, ils
voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain. Jésus leur dit :
Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. Simon Pierre
monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois gros poissons ;
et quoiqu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré. Jésus leur dit :
Venez, dînez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant
que c’était le Seigneur. Jésus vient et prend le pain, et le leur donne, et de
même le poisson. Ce fut là la troisième fois déjà que Jésus fut manifesté aux
disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts. (Jean 21 v.1-14)
Nous trouvons dans ce passage quelques
enseignements au sujet du service
et de la nourriture des serviteurs du Seigneur.
Examinons-le avec quelques détails.
1) Le Service
Après toutes les expériences qu'il a faites, Simon
Pierre semble désormais qualifié
pour le service. Suivi de six autres disciples, il s'en va pêcher sur la
mer de Tibérias. Cette
entreprise est caractérisée par le fait que Pierre se met à l'oeuvre
de sa propre initiative pour obtenir les résultats de son travail. Ces résultats sont
nuls, et la nuit s'écoule sans que l'apôtre
et ses compagnons voient leur activité couronnée de succès. Pierre employait les
mêmes procédés que ceux dont il avait usé dans la scène qui précéda sa conversion.
Que de fois,
lorsque Dieu nous confie une activité pour son service, nous avons la
manière d'agir et les décisions de l'homme selon la chair, et notre travail reste stérile. Il est important de
comprendre que dans le ministère tout,
absolument tout, doit être de Dieu et rien de l'homme.
Quand Jésus se tient sur le rivage, la
scène change aussitôt ; l'aurore d'un jour de bénédiction
paraît avec sa
présence. C'est sa présence qu'il faut avant tout. Tant
qu'ils avaient travaillé, lui absent, loin
de son regard, leur travail avait été stérile. Cette
scène a lieu au point du jour. Il y a un moment spécial,
déterminé de Dieu pour le service, et les disciples, qui
ignoraient ce moment, avaient perdu leur temps toute la nuit. Ils trouvent du poisson au côté droit de la nacelle, dans
un endroit spécial,
connu
de Jésus seul, et Pierre doit s'en
remettre à cette connaissance pour voir son activité couronnée de succès. Les disciples jettent le filet à sa parole :
ils ne peuvent dépendre que d'elle. Ils capturent cent cinquante-trois gros poissons : leur pêche,
à cette place désignée par le
Seigneur, est close avec un
nombre déterminé que le
Seigneur seul pouvait connaître. Dès ce moment, ils ont autre chose à faire : ils apportent le résultat de leur
travail à Jésus (verset 10). Ils ne pêchent pas
pour eux, ni pour les autres,
mais pour
le Seigneur seul.
Ah ! que nos cœurs, chers serviteurs de Christ, apprennent tous cette leçon. Quand, où, avec qui, par qui et pour qui travaillons-nous ? Notre vie est-elle une
longue nuit d'activité humaine dirigée par la
volonté de l'homme, ou est-elle
comme une aurore illuminée de la présence du Seigneur, et dans laquelle nous voyons nos
filets se remplir, parce que nous travaillons sous sa
dépendance ?
2) La Nourriture
Voici maintenant la nourriture : le Seigneur se tient sur le rivage et dit : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? » « Non », répondent-ils. Ils pensent, sans doute, que cet étranger qu'ils n'ont pas encore reconnu, a besoin de nourriture. Mais la question du Seigneur les force à l'aveu que tout leur travail n'a pu jusqu'ici donner quelque chose à Christ. Alors viennent ces mots « Jetez le filet ». C'est comme s'il leur disait Si vous voulez me donner quelque chose, il faut que vous l'ayez reçu de moi. Dès lors, Jean ne peut plus le méconnaître, lui que Jésus aimait, car le Seigneur était pour lui celui qui donne et auquel on ne donne pas.
Mais un autre point ressort ici : les disciples, eux-mêmes, n'avaient rien à manger. Le travail même celui fait pour le Seigneur ne nourrit pas, il donne faim. Même un travail productif, une pêche miraculeuse, laissait les disciples aux prises avec la faim.
Que d'âmes, en nos jours d'activité, restent spirituellement sèches, malgré leur travail, parce qu'elles se
font illusion sur les
bénéfices que cette activité leur
apporte pour leur vie spirituelle.
Ce n'est pas sur la mer, au milieu de l'effort et de
l'agitation qui les entoure, c'est sur
le rivage, dans le calme, que les disciples entendent cette parole du Seigneur : « Venez, dînez ». Remarquez
le bien : Ce repas n'est pas
apprêté avec les poissons
qu'ils
ont tirés de leur filet. Il a été préparé par
le Seigneur
lui-même qui le leur distribue. Ils se nourrissent du résultat du travail de
Christ, de ce que lui
a fait tout seul pour eux.
Qu'il en soit ainsi pour nous, bien-aimés. Après avoir apporté au Seigneur le
fruit du service pour qu'il en fasse ce qu'il juge bon, sachons nous asseoir au
repas auquel il nous convie, nous nourrir de lui dans la retraite du rivage. Revenons toujours, non seulement pour les autres, mais avant tout pour
nous-mêmes, à la sainte Parole qui révèle Christ.
Après avoir pris son repas, Pierre fut introduit dans un meilleur service où il fut capable de distribuer la nourriture aux agneaux et aux brebis du
Seigneur.
Lors donc qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre :
Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? Il lui dit : Oui,
Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit
encore une seconde fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Il lui dit : Oui,
Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Sois berger de mes brebis. Il lui
dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut
attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui
dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit
: Pais mes brebis. En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu
te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu
étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas.
Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il
eut dit cela, il lui dit : Suis-moi.
Après avoir rassasié tous ses disciples, témoignage d'un amour qui ne faisait aucune distinction entre eux, le Seigneur isole Pierre avec lui, et lui demande : « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? »
Pierre aimait le Seigneur, mais il y avait un disciple qui l'aimait, je ne dirai pas davantage, mais mieux que Pierre. Tandis que Pierre était occupé de son service, Jean était occupé du Seigneur. Il ne se nomme jamais : le disciple qui aimait Jésus, mais le disciple que Jésus aimait. Ce qui lui semble merveilleux à enregistrer, c'est que Jésus aimât un être tel que lui, et il ne se lasse pas de le répéter. Jonathan aima David comme son âme, et cependant ne sacrifia pas sa position pour lui ; l'amour d'Abigaïl, auquel celui de Jean ressemble davantage, n'était que la conscience de pouvoir être aimée d'un tel homme, elle, « l'esclave pour laver les pieds des serviteurs de son seigneur ». Jean, comme Marie de Magdala, était occupé de la personne et de l'amour de Christ, aussi est-il prompt à reconnaître Jésus. Contrairement à Pierre, Jean n'a pas besoin de quelqu'un qui lui dise : « C'est le Seigneur ». Pierre se jette à la mer, avec toute l'impétuosité de sa nature, pour le rejoindre et lui montrer son affection ; Jean se contente d'être l'objet de l'amour de Jésus.
« M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » Pierre avait dit qu'il l'aimait davantage et l'avait renié. Le Seigneur le prend par la main et remonte avec lui au point de départ de sa chute, à sa confiance en ses forces et en son amour pour
Christ.
Dans les derniers entretiens du Sauveur avec ses
disciples, trois paroles de Pierre avaient exprimé clairement l'état de son âme.
1.
« Si tous étaient
scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé » (Matthieu 26 v.33).
2.
« Seigneur, avec toi,
je suis prêt à aller et en prison et à la mort » (Luc 22 v.33),
3.
« Seigneur,
pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi » (Jean 13 v.37).
Le Seigneur
va reprendre ces trois paroles, en commençant par la première : « Si
tous étaient scandalisés ». « M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci
? » Tous hélas ! l'avaient
abandonné, mais Pierre
seul l'avait renié ! Pierre ne peut donc plus s'appuyer sur son amour pour se comparer à d'autres. Dans son humiliation, il fait appel, non à ses sentiments, mais à la connaissance
du Sauveur. Celui-ci savait… « Oui, Seigneur,
tu sais que je t'aime ». Il n'ajoute pas
: « plus
qu'eux », car il se compare à Christ, et dans l'humilité il estime les autres supérieurs
à lui-même (Philippiens 2 v.3).
Alors Jésus
lui dit : « Pais mes agneaux ». C'est de l'humilité,
jointe à l'amour pour le
Seigneur, que découle le pastorat
pour les jeunes âmes. Quand
le Seigneur trouve ces choses chez les siens, il peut leur confier cet office. D'autres dons, peut-être, ne sont pas
aussi absolument liés à l'état intérieur ; mais on ne peut réellement
s'occuper des besoins des âmes tendres sans
abnégation et sans beaucoup
d'amour, non seulement pour
elles, mais pour Christ. « Pais mes agneaux ».
Ce seul mot nous montre ce qu'ils sont pour Jésus
et la valeur de ce qu'il
confie à Pierre. Ils sont sa propriété. Le cœur de Christ n'avait pas
changé à l'égard de Simon ; au premier pas que fait le
disciple dans le pénible chemin qui mène à une pleine restauration, le
Seigneur lui confie ce qu'il aime. Le cœur de Pierre était brisé,
mais soutenu par Christ dans
ce brisement. Jésus ne le
sonde pas trois fois pour ne lui donner une réponse qu'à la troisième, il la donne déjà à la suite de la
première. Quelle
délicatesse d'affection et de soins dans la discipline ! Si les trois questions eussent été posées sans
l'encouragement d'une promesse, à chacune, ce cœur affligé de sa faute,
aurait été accablé d'une trop grande tristesse. La promesse, au contraire, le
soutient chaque fois sous
le coup destiné à le briser.
On trouve dans
le livre de l’Exode, une expérience faite par Moïse, un buisson qui était en
feu, mais qui ne se consumait pas ! « … l’Ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu,
du milieu d’un buisson à épines ; et il regarda, et voici, le buisson était tout ardent de feu, et le buisson n’était pas consumé. Et Moïse dit : Je me
détournerai, et je verrai cette grande vision, pourquoi le buisson ne se consume pas. » (Exode 3 v.2-3) ! Il est utile d’en
comprendre le sens. Un buisson c’est un arbuste pauvre, misérable d’aspect,
sans utilité, fait pour être coupé et jeté au feu. C’est l’image de ce pauvre peuple esclave ! C’est aussi
l’image de nous-mêmes, dans notre état naturel, celui de descendants
d’Adam ! Le peuple d’Israël est là comme un buisson, en Égypte ; et le
feu, c’est cette fournaise d’Égypte au milieu de laquelle se trouvait ce
peuple, sans que rien pût le
consumer ! Il
ne peut pas être consumé,
parce que l’Éternel est là, au milieu. Le peuple ne le savait pas, il
gémissait, mais l’Éternel est là, et, quelles que soient les flammes, Israël ne peut être détruit. Ce
n’est pas parce qu’Israël était meilleur que les Egyptiens, mais il ne pouvait
pas être consumé, parce qu’Israël était l’objet de la
grâce de Dieu !
Pierre fait
passe une épreuve semblable au buisson
en feu que la grâce empêche d'être consumé. Jésus sonde Pierre trois
fois, il avait renié Jésus trois fois. A la dernière, que
reste-t-il de lui ? Rien que ce que le Seigneur peut voir et a produit. De l'affliction, sans doute, mais jointe à la certitude que cet amour,
fruit de son amour, invisible aux yeux de tous car caché sous les manifestations
de la chair, le regard seul
de Christ et sa toute
connaissance saurait le distinguer et le connaître.
« Seigneur, tu
connais toutes choses, tu
sais que je t'aime ». A
la deuxième question, la surveillance des brebis, à la troisième, la nourriture de tout
le troupeau, sont
enfin placés entre les mains de Pierre.
C'est quand, les
yeux tournés, par la grâce, sur
lui-même, Pierre est obligé de faire appel au Seigneur pour pouvoir
découvrir ce qu’il renonce à découvrir, c'est
alors, suite à cette découverte, qu'il se trouve en
possession de la bénédiction
complète et sans réserve.
En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu
te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu
étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas.
Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu. Et quand il
eut dit cela, il lui dit : Suis-moi. (Jean 21 v.18-19)
Pierre, confiant en lui-même, avait dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort » (Luc 22 v.33). L'âme du disciple ayant été brisée, le Seigneur peut l'instruire : « En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ».
NB. Voici une petite remarque importante sur l’expression « tu te ceignais », « se ceindre » veut dire porter une ceinture, ou autre élément, autour des reins, afin d’avoir de la force. On trouve dans l’Ecriture trois situation où le port d’une ceinture est absolument nécessaire :
1. Pour la marche : parlant de l’agneau pascal, juste avant de se mettre en route pour quitter l’Egypte : « vous le mangerez ainsi : vos reins ceints, vos sandales à vos pieds, et votre bâton en votre main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la pâque de l’Éternel. » (Exode 12 v.11)
2. Pour le service : le Seigneur nous enseigne en rapport avec service en attendant son retour : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées » (Luc 12 v.35), sans manquer de rappeler le service que le Seigneur fait lui-même : « En vérité, je vous dis qu’il [le maître] se ceindra et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira. » (Luc 12 v.37)
3. Pour le combat : l’apôtre Paul nous exhorte à revêtir « l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable : car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. » (Ephésiens 6 v.11-12). Cette armure contient une pièce importante qui est justement la ceinture : « Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité, … » (Ephésiens 6 v.14)
Au
commencement de sa carrière, il disposait, pour ainsi dire, de sa propre force, sa propre ceinture, qui
fortifiait les reins ; la confiance en lui-même en était le
résultat. Il allait où
il voulait et marchait ainsi dans l'indépendance. « Mais quand tu
seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu
ne veux pas ». A la fin de sa
carrière, quand la vieillesse aurait
abattu sa force naturelle, il dépendrait d'autrui pour sa
force et devrait consentir à être guidé par d'autres qui le mèneraient où sa volonté
ne l'aurait jamais conduit. Pierre avait dit : « En
prison et à la mort ». La chose aurait lieu, mais nullement avec les forces de l'homme
; elle se réaliserait au milieu de la faiblesse du vieillard. « Or
il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu ». Dieu serait glorifié dans ce brisement
complet de l'homme, alors que vieux, faible, et conduit par d'autres
contre son gré, il semblerait être devenu un
instrument inutile.
Comme nous jugeons
mal d'habitude ce qui convient à Dieu et ce qui l'honore ! Quand, frappés
dans nos corps, dans notre intelligence peut-être, nous sommes mis au rebut par les hommes, quand, sentant
notre inutilité, nous serions tentés de dire comme le monde, que
nous ne sommes plus bons à rien, Dieu déclare que nous
lui sommes utiles.
Jusqu'ici le disciple, avec toute son énergie, avait plus déshonoré que glorifié le Seigneur. Maintenant l'homme va vieillir, s'affaiblir, mourir, et devant sa mort Dieu dit : Voilà ce qui me glorifie. C'est que cette gloire n'est réalisée que dans des vases brisés, dépendants, et n'ayant pour force que celle de Dieu.
C'est alors que Jésus dit : « Suis-moi ». Il répond à la parole prononcée jadis par Pierre: « Pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? » (Jean 13 v.37). Désormais il va pouvoir le suivre.
Pierre se retourne et voit suivre Jean, « le disciple que Jésus aimait, qui aussi, durant le souper, s'était penché sur sa poitrine, et avait dit : Seigneur, lequel est celui qui te livrera ? » (verset 20).
Trois choses caractérisent
ici le disciple bien-aimé :
1.
Il était l'objet
de l'amour de Christ et en avait
conscience,
2. il avait confiance en
Christ seul, et
3.
son attitude pendant le souper montrait qu'il avait une
intimité
de communion avec le Maître, que
d'autres ne possédaient pas.
Aucun motif n'est plus simple pour suivre Jésus,
que celui-ci : son amour, qui nous est connu, nous attire
après lui, cet amour gagne
naturellement notre confiance et nous met en communion
avec le Seigneur.
Il était
donné à Pierre de suivre maintenant le Seigneur pas à pas, à travers la mort. Les expériences de lui-même, avant d'être « revenu » (Luc
22 v.32), étaient
désormais terminées ; il avait perdu confiance en lui, gagné
confiance en Christ,
et il entrait maintenant dans le chemin béni où il allait apprendre à
réaliser la dépendance jusqu'à
la mort. Je
dis : « allait apprendre »,
car cette dépendance ne
s'apprend pas d'un seul coup et en une fois, quelle que soit la
profondeur du travail opéré dans l'âme. « Quand tu seras devenu vieux », dit le Seigneur ; Pierre avait à être éprouvé jusqu'à la mort et là, comme pour son Maître, se trouverait le couronnement d'une vie appelée à
glorifier Dieu.
Jean a une autre mission : il ne lui est pas donné de suivre le chemin de Christ dans la mort violente, mais de demeurer figurativement jusqu'à ce que le Seigneur vienne, assistant au déclin et à la ruine de l'Eglise et, en rapport avec elle, à cette puissante venue du Seigneur, dont les disciples avaient vu le tableau sur la sainte montagne en rapport avec le royaume. Mais Jean suit aussi le Seigneur. Il n'avait pas besoin, comme Pierre, d'un ordre ou d'un encouragement pour le suivre ; l'amour du Seigneur l'attirait après lui.
En suivant le Seigneur, Pierre n'a pas à s'occuper des autres. « Que t'importe ? Toi, suis-moi ». Du moment qu'on se retourne, on cesse de suivre et l'on s'arrête. La chose est sérieuse. Pour le suivre, il faut unité de pensée et l'œil simple. Pierre ne pouvait être occupé à la fois de Jean et de Christ.
Pour bien
suivre le Seigneur, il faut qu'il se soit emparé si puissamment de nous que nous ne nous appartenions plus. C'est là le seul
moyen du renoncement à nous-mêmes, le seul moyen
de porter courageusement notre croix
; nous estimons que Jésus
seul vaut la peine d'être suivi ici-bas, même au prix d'une vie
de souffrances.
Les disciples l'ont suivi de deux manières : avant et après la croix.
Au premier chapitre de Jean, Jésus dit à
Philippe : « Suis-moi », au dernier chapitre,
il dit à Pierre : « Suis-moi ».
Dans
le premier cas, avant la croix,
les disciples avaient tout abandonné pour le suivre, car ils avaient foi en
lui, mais leur marche s'arrêta devant le Calvaire, et ils s'enfuirent tous. Pierre
persista le dernier, et le suivit de loin ; nous avons vu où cela aboutit.
Au delà de la croix, le chemin interrompu recommence, mais les disciples
suivent désormais un Christ ressuscité, céleste, qui
imprime son caractère à leur marche. Cette
marche devient céleste.
Avant la croix, bien qu'avec d'autres motifs et d'autres sentiments que les disciples, les foules pouvaient le suivre ; après la croix, le monde ne le peut plus, car il faut pour cela la fin du vieil homme et la puissance de l'Esprit, deux choses trouvées par le croyant seul, dans la mort et la résurrection de Christ.
Que Dieu nous donne une intensité soutenue et toujours croissante d'énergie spirituelle pour le suivre. En suivant le Seigneur, lui qui « nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces » (1 Pierre 2 v.21), nous deviendrons des modèles pour d'autres. Notre immense privilège est de posséder en lui l'homme modèle marchant ici-bas dans une perfection absolue, et l'homme modèle sanctifié dans le ciel pour nous ; mais en le suivant, je le répète, nous pouvons devenir nous-mêmes des modèles pour nos frères.
L'apôtre Paul disait: « Soyez tous ensemble mes imitateurs, frères, et portez vos regards sur ceux qui marchent ainsi, suivant le modèle que vous avez en nous » (Philippiens 3 v.17). Paul ne se donnait pas comme modèle devant être suivi, ce qui aurait été se substituer à Jésus, mais il offrait l'exemple d'un homme qui, n'ayant pour objet que cette personne bénie, s'était mis à la suivre ici-bas et courait vers elle, l'ayant pour but dans la gloire. Ainsi la personnalité de Paul ne cachait pas le Seigneur à ses frères, mais, bien au contraire, le mettait en pleine lumière comme le seul objet digne d'être suivi, digne d'être atteint !