Être aux pieds de Jésus comme
Marie
Ce message s’inspire
de la publication « Aux pieds de Jésus » de Samuel Prod'hom, parue dans le Messager
Evangélique de 1909.
Dans ces trois passages, nous voyons,
parmi beaucoup d'autres enseignements, l'attitude
nécessaire pour recevoir,
de la source même, tout ce qui peut nous rendre capables d'honorer le Seigneur en toutes
circonstances.
Evangile
selon Luc chapitre 10 … 38
Et il arriva, comme ils étaient en chemin, qu’il entra dans un village. Et une
femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. 39 Et elle avait une sœur appelée
Marie, qui aussi, s’étant assise aux
pieds de Jésus, écoutait sa
parole ; 40
mais Marthe était distraite par beaucoup de service. Et étant venue à Jésus,
elle dit : Seigneur, ne te soucies-tu pas de ce que ma sœur me laisse toute
seule à servir ? Dis-lui donc qu’elle m’aide. 41 Et Jésus, lui répondant, dit :
Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, 42 mais il n’est
besoin que d’une seule ; et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas
ôtée.
C'est à ses pieds, dans la proximité pratique de sa glorieuse personne, que notre vie, alimentée directement à sa source, se manifestera purement.
N'oublions pas que c'est pour nous faire réaliser cette vie, que Christ est devenu notre vie. Nous ne devons pas nous contenter de savoir que Christ est notre vie, dans ce sens que nous possédons la vie éternelle en face de la mort ; mais il nous faut pouvoir dire, comme Paul aux Philippiens : « Pour moi vivre, c'est Christ » (Philippiens 1 v.21) ; car toute sa vie était l'expression de Christ.
Le passage de Luc 10 v.39, nous montre Marie buvant à la source, et rendue capable d'agir avec le tact et l'intelligence de l'amour, résultat de ce qu'elle a appris aux pieds de Jésus, dans les deux autres circonstances rapportées en Jean 11 et 12.
Les circonstances de Marie, rapportées en Luc 10,
Jean 11 &v12, nous présentent, bien plus qu'on ne pense, le caractère de la vie chrétienne tout
entière.
Être aux pieds de Jésus pour écouter sa parole est la part constante de l’authentique chrétien, le racheté du Seigneur.
C'est là qu'il puise : la jouissance de la grâce,
la connaissance de la volonté de Christ,
l'intelligence des pensées de Dieu et
la capacité de se conduire d'une manière digne du Seigneur, pour lui plaire à tous égards (*).
(*) « … nous ne cessons pas de prier et de demander … vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu … » (Colossiens 1 v.9-10)
C'est là que le croyant trouve la force,
pour marcher toujours à la gloire de Dieu,
dans un chemin semé d'épreuves et de douleurs.
Evangile
selon Jean chapitre 11 … 5 Or Jésus
aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare. … 20
Marthe donc, quand elle eut ouï dire que Jésus venait, alla au-devant de lui ;
mais Marie se tenait assise dans la maison. 21 Marthe donc dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici mon
frère ne serait pas mort ; … 23 Jésus lui dit : Ton frère
ressuscitera. 24 Marthe lui dit : Je
sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour. 25 Jésus lui dit : Moi, je suis la
résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra
; 26 et quiconque vit, et croit en
moi, ne mourra point, à jamais. Crois-tu cela ? 27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ,
le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. …
32 Marie donc, quand elle fut venue là où était Jésus, et
qu’elle l’eut vu, se jeta à ses pieds, lui disant : Seigneur, si tu eusses été
ici, mon frère ne serait pas mort. 33 Jésus donc, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient
venus avec elle, pleurer, frémit en [son] esprit, et se troubla, 34 et dit : Où
l’avez-vous mis ? Ils lui disent : Seigneur, viens et vois. 35 Jésus pleura. ….
La vie
du chrétien est composée de
souffrances multiples, où le deuil a une large part ; aussi faut-il
des ressources spéciales pour traverser cette sombre vallée.
C'est aux pieds de Celui qui enseigne
que nous trouvons la sympathie et la consolation
à l'heure de la
douleur.
Jésus aimait Marte tout autant que Marie. Mais Marthe qui n'était pas habituellement assise à ses pieds, va au-devant de lui lorsqu'elle apprend qu'il
vient ; et le Seigneur cherche à la consoler par ses précieux enseignements. Mais
Marie, qui était demeurée
jusque-là assise dans la maison, attirée par le cœur de son Seigneur,
sort au moment convenable et se
jette à ses pieds.
Ce n'était pas proprement d'enseignement, que son cœur avait besoin à cette heure, c'était de sympathie et de consolation. Aussitôt que ces deux cœurs entrent en contact, la sympathie divinement humaine du Fils de Dieu éclate : Jésus pleura !
On ne le voit pas pleurer avec Marthe, car la communion pratique et la sympathie n'existaient pas au même degré qu'avec Marie.
Quelle consolation de savoir que le Seigneur entre parfaitement et mieux que nous dans nos douleurs ! Il les comprend, cela suffit à l'âme qui le connaît et qui apprend de lui tous les jours.
Quelle différence, quand l'épreuve
nous trouve dans cette proximité
de Lui, au lieu de nous surprendre
et de nous forcer, pour ainsi dire, à chercher, en tâtonnant, un
refuge auprès de Celui que nous avions abandonné, quand les circonstances semblaient nous permettre de
nous passer de Lui. Nous apprenons alors qu’il y a plus de bénédiction à traverser l’épreuve avec Lui,
dans sa communion,
que s’il nous épargnait cette
épreuve ! C’est à ses
pieds que l’on apprend cette leçon !
Au Psaume 27, le psalmiste demande une chose à l'Eternel : « C'est d'habiter dans la maison de l'Eternel tous les jours de sa vie, pour voir la beauté de l'Eternel et pour s'enquérir diligemment de lui dans son temple ». Le résultat est qu'au mauvais jour, c'est là qu'il se trouve. « Car au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge, il me tiendra caché dans le secret de sa tente ; il m'élèvera sur un rocher » (versets 4 et 5).
Précieux Sauveur, Homme divin, qui pourrait
mieux que toi sympathiser à nos douleurs ? Qui pourrait
frémir en son esprit, comme tu l'as fait, en voyant l'effet produit par la mort sur l'esprit
de l'homme ?
Il n'y a chez l'homme qui vit continuellement
dans la crainte de la mort aucune ressource contre une telle
calamité.
Oui, Jésus pleura !
Marie pleurait dans la conscience de son deuil, les
Juifs pleuraient par convenance, et dans
l'incapacité de remédier à la mort. Mais quelles larmes que celles de
Jésus ! Il connaissait
divinement toutes choses, et son
cœur parfaitement humain,
exempt de toute trace d'égoïsme et de péché,
exprimait l'amour divin
devant les effets de la mort sur
l'homme.
Il est le même aujourd'hui ; c'est à ses pieds que nous pouvons pleurer, quoiqu'il soit couronné de gloire et d'honneur, et sorti des circonstances que sa grâce a traversées pour nous.
Evangile selon Jean chapitre 12 … 1 Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie où était Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. 2 On lui fit donc là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. 3 Marie donc, ayant pris une livre de parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. 4 L’un de ses disciples donc, Judas Iscariote, fils de Simon, qui allait le livrer, dit : 5 Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers et donné aux pauvres ? 6 Or il dit cela, non pas qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’il avait la bourse et portait ce qu’on y mettait. 7 Jésus donc dit : Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. 8 Car vous avez les pauvres toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.
La troisième chose qui caractérise le
croyant, nous la trouvons au chapitre 12, et Marie nous l'enseigne : c'est la communion dans le culte.
Aux
pieds du Seigneur, nous
commençons par apprendre de Lui
; c'est la bonne part qui ne sera ôtée, ni ici-bas, ni dans l'éternité. Puis
nous y apprenons ce que vaut pour
nous son cœur dans l'épreuve. Enfin, c'est là que nous faisons
connaissance avec les gloires de
sa personne, que nous entrons
en communion avec Dieu
au sujet de Son excellence,
et que nous apprenons à l'apprécier.
Dans le ciel,
cette connaissance sera parfaite pour
nous tous, et le culte qui en
découlera sera parfait aussi.
Mais quel prix ce culte n'a-t-il pas, dès maintenant, pour le cœur du Seigneur ?
Oui, il aime à voir chez les siens,
une appréciation vraie des gloires
de sa personne, au milieu d'un monde qui le méprise.
Marie, plus attachée à son Seigneur qu'aucun
de ses disciples, se rendait
compte de la haine dont il
était l'objet de la part des Juifs. Elle sentait monter cette haine
comme une marée qui allait bientôt tout submerger, et son amour choisit l'approche de cette heure ténébreuse, où pas une voix ne s'élèverait en
faveur de son divin Maître, pour
manifester au milieu des disciples, combien
elle estimait sa personne.
Avec l'intelligence de cet amour, elle fait ce qui est en son pouvoir, pour
montrer le prix qu'a pour son âme Celui qui,
quelques jours plus tard, allait endurer l'opprobre, les crachats de ses créatures
et la
mort.
A ses pieds, comme toujours, elle vient
répandre sur eux un parfum de grand prix, qui
indiquait le prix plus grand encore qu'avait pour
son cœur la personne de Jésus,
le Fils de Dieu.
L'Esprit de Dieu, dans cet évangile, fait ressortir
la pensée de Marie, ou plutôt, donne la vraie portée de son acte, en disant qu'elle répandit le parfum sur ses pieds. Dans
l'évangile de Matthieu, le parfum est répandu sur la tête
du Messie rejeté, dans
celui de Marc, sur la tête
du Serviteur méprisé. Ici, Marie
est en présence du Fils de Dieu,
haï du monde ; mais pénétrée de son amour, consciente de la dignité
et de la grandeur
de sa Personne, elle ne verse pas le parfum sur sa tête, mais est heureuse
de répandre sur ses pieds le symbole du prix de sa Personne pour
son cœur, en contraste avec la
haine du cœur des hommes et l'indifférence du cœur des disciples.
Cet acte qui se lie intimement à la mort du Seigneur,
cet acte, fruit de l'intelligence de l'amour,
est accepté par le
Seigneur pour sa sépulture.
L'amour
ignorant d'autres femmes
lui réservait aussi cette cérémonie et cet honneur, mais
Marie les avait devancées, et elles furent privées de ce privilège.
Dans les jours
que nous traversons, et où notre Seigneur est méprisé de tant de manières, nous
avons besoin, plus que jamais, de
demeurer à ses pieds, écoutant
sa Parole, pour
apprendre à le connaître
et à croître « en toutes choses jusqu'à Lui » (Ephésiens 4 v.15), dans l'intelligence de ses gloires.
Nous avons
besoin d'y demeurer
pour lui
manifester, par un culte incessant et par une entière obéissance à sa Parole, tout le prix qu'il a pour notre cœur, en présence de l'indifférence, du mépris
et de la haine dont il est toujours
plus l'objet au milieu du monde christianisé. La puissance de notre vie pratique, de notre témoignage, de notre service, vient de la proximité dans
laquelle nous vivons avec le
Seigneur.
On peut avoir une certaine lumière sur les vérités fondamentales des Ecritures, des connaissances dogmatiques qui nous rendent capables de réfuter certaines erreurs, on peut être au clair sur la question du rassemblement des enfants de Dieu, tout en ayant une vie plus ou moins stérile pour Dieu.
La cause de cette stérilité, c'est qu'on
laisse subsister dans son cœur, une quantité de choses auxquelles
on donne plus de prix
qu'au Seigneur, et qui interrompent le courant si délicat d'une communion,
sans laquelle le christianisme
n'a pas de valeur.
Comme Marthe, notre service peut nous éloigner de la personne du Seigneur.
En contraste avec Marie qui écoutait la Parole, « Marthe était distraite par beaucoup de
service » (Luc 10 v.40). Sans doute, le service est une chose très
précieuse, car en servant, nous ressemblons à notre divin Maître qui est
venu ici-bas « pour servir » (Matthieu 20 v.28).
Mais nous sommes si égoïstes, et avons tant d'importance à nos yeux, que nous-mêmes
et ce que nous faisons nous occupe plus
que le Seigneur.
Alors, le courant
de la vie et de l'amour qui
se puisent à la source, étant obstrué,
nous manquerons d'intelligence
et de puissance
dans notre service.
Si, par contre, cet amour qui ne
se puise qu'aux pieds du Seigneur, dans sa communion, abonde en nous,
il nous rendra capables de discerner les choses excellentes
pour les accomplir, « afin que
nous soyons purs, et que
nous ne bronchions pas jusqu'au jour de Christ, étant
remplis du fruit de la justice,
qui est par Jésus Christ
à la gloire et à la louange de Dieu »
(Philippiens 1
v.9-11).
Le vrai Serviteur, le
parfait Modèle n'était pas distrait par son service.
Dieu était son objet. « Il
nous a aimés et s'est livré lui-même pour
nous comme offrande et
sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur »
(Ephésiens 5 v.2).
Nous avons
besoin d'être gardés de l'influence de ce siècle d'activité chrétienne, qui fait contraste avec l'attitude
de Marie « assise aux
pieds du Seigneur, écoutant sa Parole ».
Comment obéir, si l'on n'a pas pris le temps d'écouter, et si la personne du Seigneur
n'a pas acquis
pour le cœur assez de valeur pour que sa Parole seule fasse autorité ? De
fait, il n'y a d'activité fructueuse que celle
qui
est réglée par la Parole
de notre Seigneur et Maître.
De cette manière, notre volonté est brisée, soumise et gardée dans l'heureuse dépendance de Celui qui « a préparé à l'avance les bonnes œuvres, afin que
nous marchions en elles » (Ephésiens 2 v.10).
C'est en choisissant cette bonne
part, cette proximité du Seigneur,
à ses pieds, dans l'attitude humble qui nous convient, sans préoccupation de nous-mêmes,
que nous possédons toutes les
ressources dont nous avons besoin pour nous conduire d'une
manière digne de Lui, dans toute
notre vie. Nous trouvons là l'intelligence pour servir, nous
y puisons l'amour, « ce chemin plus excellent
» du service, ce grand mobile
divin qui nous rend
intelligents comme Marie, sans que nous ayons besoin de textes formels pour savoir ce qui
convient au Seigneur. Nos cœurs posséderont aussi une abondance de consolations et de sympathies à l'heure de l'épreuve. De
plus, apprenant à le connaître
toujours mieux, nous pourrons lui offrir sans cesse le culte intelligent qui lui est dû,
en faisant monter devant lui, le parfum des grâces que nous avons
reçues de Lui. Enfin,
quittant ce monde pour être avec le Seigneur, nous emporterons comme un trésor pour l'éternité, tout ce que nous aurons reçu de Lui, tandis
que nous étions à ses pieds ; et nous laisserons tout le reste, tout
ce par quoi nos cœurs avaient été
distraits de sa glorieuse Personne, qu'il s'agît
de notre service, ou de toute autre chose.
1 Être à tes pieds comme Marie, Laissant les heures s’écouler Dans un silence qui s’oublie, Jésus, pour te laisser parler. |
2 Être à tes pieds dans la tristesse, Trouvant, pour toutes mes douleurs, Ta sympathie et ta tendresse, Ta bonté qui tarit mes pleurs ; |
3 Sur tes pieds saints, à ta louange, Répandre, ô Sauveur méprisé, Le parfum pur et sans mélange D’un vase d’albâtre brisé ; |
4 Culte béni d’un cœur qui t’aime, Encens dont le ciel est rempli, Gardé pour le moment suprême De ton sacrifice accompli... |
5 Ah ! qu’à tes pieds, Seigneur, je reste, Et, qu’ici-bas, ma faible voix Exalte, unie au chœur céleste, Le Fils de Dieu mort sur la croix ! |