Réunis au Nom du Seigneur, Sa Table et Sa Cène

Ce texte s’inspire et reprend aussi l’article du Messager Evangélique de 1884 intitulé aussi «La table du Seigneur et la cène du Seigneur » 

CONTENU

Introduction. 2

Quelques points fondamentaux. 2

La différence entre la « position en Christ » du chrétien et sa « marche ». 2

L’Eglise Corps de Christ, et l’Eglise, maison de Dieu sur la terre. 3

La Maison de Dieu étant devenue une grande maison, que faire ?. 4

Assemblés au Nom du Seigneur. 5

La table du Seigneur et la cène du Seigneur. 7

Ce que nous en disent les Evangiles. 7

En Matthieu. 7

« Prenez, mangez ». 7

« Buvez-en tous ». 8

Invitation à manger et à boire. 8

Le sang de la nouvelle alliance. 8

L’ordre dans lequel se déroulent la cène. 9

En Marc. 9

En Luc. 9

La célébration de la dernière Pâque. 10

Institution de la cène. 10

Différences avec Matthieu. 10

Dans les Actes des Apôtres. 12

Dans la 1ère épître aux Corinthiens. 12

La Table du Seigneur. 12

La table du Seigneur & la coupe du Seigneur 14

Le pain que nous rompons. 15

Le terrain sur lequel est dressée la Table du Seigneur : l’Unité du Corps de Christ 18

La cène du Seigneur, le mémorial 19

Les circonstances lors de son institution. 20

La première partie de ce service d'actions de grâces : la fraction du pain. 21

La seconde partie se rapporte à la coupe : la nouvelle alliance en son sang ! 24

La cène : un témoignage au milieu d’un monde mauvais. 25

Jusqu’à la venue du Seigneur Jésus pour enlever les siens. 26

Le premier jour de la semaine. 27

Le mot de la fin. 28

 

Introduction

Questionné par un de mes correspondants sur ce sujet qui est d’une grande importance pour la vie chrétienne, individuelle et collective, par le sens profond de ce que ces symboles représentent ! La « Table » parle de communion, et la « Cène » parle de souvenir de la mort du Seigneur, le pain étant l’image de son corps physique, séparé de son sang, imagé par le vin de la coupe, mais aussi des résultats de sa mort à la croix, ce seul pain, image de l’Assemblée ou Eglise, Corps de Christ, constitué de l’ensemble de tous ceux qui sont nés de nouveau, et cette coupe, image du sang versé sur lequel la nouvelle alliance est fondée ! Il ressort clairement des enseignements de la Parole, qu’il n’est possible de participer à la « Cène du Seigneur » qu’à la « Table du Seigneur » ! Il est important de remarquer qu’aucun groupe de chrétien ne peut s’approprier la Cène, ni la Table, car elles sont du Seigneur.

On n’est pas sans se rendre compte que vu la dispersion des chrétiens authentiques dans un nombre incalculable de communautés, que cette question peut sembler difficile à résoudre, étant donné que la plupart de ces communautés, comptant un grand ou un petit nombre de « fidèles » affirment : « C’est ici, le temple de l’Eternel » (Voir Jérémie 7 v.4)

Il est nécessaire de clarifier certains points importants que la Parole de Dieu établit de manière à ne laisser aucune équivoque.

C’est ce que nous ferons dans un premier paragraphe intitulé « Préliminaires »

Quelques points fondamentaux

Il va sans dire qu’il faut être au clair sur ce qu’est une vraie conversion. Le message n°1 répond à cette question.

La différence entre la « position en Christ » du chrétien et sa « marche »

Le chrétien authentique, forcément passé par une vraie conversion, par sa nouvelle naissance est introduit dans la nouvelle création, où tout est de Dieu, où tout est de Christ ! Il possède cette vie pour l’éternité, et rien ne peut la lui ôter ! Il est en Christ, une nouvelle création ! (2 Corinthiens 5 v.17). C’est sa « position en Christ ». Mais c’est « en Christ » et non pas en tant que créature de la première création (celle de Genèse 1) ! La Parole de Dieu appelle l’être moral issu de la nouvelle naissance : « le nouvel homme » (Ephésiens 4 v.24), et le distingue de ce que nous sommes en tant que fils d’Adam et que la Parole appelle « le vieil homme » (Romains 6 v.6), qui, pour la foi, est moralement mort et tenu pour tel, ayant été crucifié avec Christ.

Le chrétien est physiquement, ou corporellement, sur la terre, dans la première création. Il a à y rendre un témoignage conforme à la position qu’il a en Christ, à refléter dans la première création des caractères moraux qu’il a acquis en tant que nouvel homme. C’est sa « marche » !

Si pour la « position en Christ », tout a été fait par Dieu en la personne de Jésus, le Fils de Dieu devenu chair, pour la « marche », les choses sont différentes, elle engage le chrétien à avoir une marche conforme à sa position. En cela il peut lui arriver de manquer, c’est aussi pour cette raison que l’Apôtre Jean nous enseigne la ressource dans ce cas ! (1 Jean 1 v.8 à 2 v.2)

Pour ce sujet, il est utile de lire le message 184 intitulé « Le pèlerinage d’Israël depuis l’Egypte jusqu’en Canaan. Quel sens pour le chrétien ? »

L’Eglise Corps de Christ, et l’Eglise, maison de Dieu sur la terre

L’Eglise, ou Assemblée, en tant que Corps de Christ, est constituée de l’ensemble de tous les chrétiens authentiques, sans aucune exception. Elle composée de tous ceux dont la position est « en christ », et pas forcément de ceux dont la marche est conforme à leur position.

On entre dans le Corps de Christ par la nouvelle naissance, et rien que par elle, tous ceux qui en font partie, sont nés de nouveau en tant que nouvel homme !

C’est du Corps de Christ qu’il est question lorsque le Seigneur dit « … sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle. » (Matthieu 16 v.18) En Ephésiens 1 v.3-14, l’apôtre à en vue le Corps de Christ, en s’adressant à l’assemblée d’Ephèse, Maison de Dieu sur la terre !

L’Eglise, ou Assemblée, en tant que Maison de Dieu, est constituée de l’ensemble de ceux qui professent d’être chrétiens ! Ils optent tous pour la profession chrétienne. Mais ne sont pas forcément nés de nouveau.

Dans la lettre de Jean aux 7 églises, ou assemblées d’Apocalypse 2 & 3 il est question de la Maison de Dieu, devenue une grande maison, dans l’état décrit par l’apôtre Paul en 2 Timothée 2.

On entre dans la « maison de Dieu » par le baptême, et rien qu’ainsi, mais tous ceux qui en font partie, ne sont pas forcément nés de nouveau ! Il va sans dire que tous ceux qui font partie du Corps de Christ, doivent aussi avoir la profession chrétienne, et y avoir été introduits par le baptême chrétien !

Il est clair qu’au jour de la Pentecôte, en Actes 2, ceux qui constituaient la maison de Dieu, faisaient tous partie du Corps de Christ. Cependant dès Actes 8, nous voyons entrer dans la maison de Dieu, par le baptême, Simon le magicien (Actes 8 v.13), mais il n’était pas né de nouveau, et ne faisait pas partie du Corps de Christ (Actes 8 v.18-24).

Lorsque l’on considère l’ensemble des chrétiens authentiques, tous ceux dont la position est en Christ, on y voit le Corps de Christ. C’est l’Eglise qui sera enlevée dans son entièreté lors de la venue du Seigneur Jésus en 1 Thessaloniciens 4 v.13-18.

Lorsque l’on considère l’Eglise sur la terre, en tant que responsable de témoigner ce qu’est le Corps de Christ, en en reflétant les caractères, il s’agit alors de la « Maison de Dieu ». Il est à noter que dans la description de l’appréciation du Seigneur Jésus lui-même, sur les 4 dernières assemblées (Apocalypse 2 v.18 à 3 v.22), et pour lesquelles le Seigneur évoque sa venue, il n’y a que Philadelphie qui reflète les caractères du Corps de Christ ! Le Seigneur ne lui fait aucun reproche.

La Maison de Dieu étant devenue une grande maison, que faire ?

Dans l’enseignement relatif au « Royaume de Dieu » et au « Royaume des Cieux », le Seigneur considère une échelle de temps plus grande que celle de l’Eglise, Maison de Dieu (*), montre clairement ce que devient la maison de Dieu. Les paraboles du royaume des cieux : L’ivraie et le bon grain, le grain de moutarde, le levain dans la pâte, … (Matthieu 13)

(*) Le Royaume « des cieux » ou « de Dieu » est relatif à la terre, il ne s’agit que de la « Maison », de l’église responsable, et non pas de l’Eglise « Corps de Christ » qui n’est pas de la terre, mais du ciel !

NB : pour ce sujet, voir le message n°183 intitulé : « Qu’est-ce que le Royaume de Dieu et des cieux ? »

L’apôtre Paul nous répond à cette question :

« … exposant justement la parole de la vérité ; mais évite les discours vains et profanes, car ceux qui s’y livrent iront plus avant dans l’impiété, et leur parole rongera comme une gangrène, … qui se sont écartés de la vérité, … qui renversent la foi de quelques-uns. Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre. Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ; mais évite les questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des contestations. Et il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité, et s’ils ne se réveilleront pas du piège du diable, par qui ils ont été pris, pour faire sa volonté. » (2 Timothée 2 v.15-26)

Cet enseignement parle explicitement du mal doctrinal, l’enseignement de fausses doctrines, mais cela est applicable aussi pour ce qui concerne le mal moral. L’acceptation d’un mal moral, souvent réprouvé par la morale humaine, a aussi pour origine un mal doctrinal, qui le fait accepter.

Il n’est pas inutile de souligner qu’il ne s’agit pas de considérer comme iniquité le fait que des frères n’ont pas encore compris certains aspects de la doctrine. Il est question de ceux qui contestent la bonne doctrine, et qui introduisent des mauvaises, allant jusqu’à supporter le mal moral.

Il y a 2 points importants à souligner dans cet enseignement :

1.    une condition nécessaire mais pas suffisante, celle de se retirer de l’iniquité

2.    l’autre est de poursuivre la justice, la foi, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur

Qui sont ceux-là qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ?

Ce sont ceux qui remplissent les caractères requis par le Seigneur Jésus, celui des deux où trois réunis en son Nom. Le Seigneur a promis de se trouver au milieu d’eux.

« … là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » (Matthieu 18 v.20)

Assemblés au Nom du Seigneur

Une remarque s’impose ici, car il est facile d’affirmer soi-même être réunis au Nom du Seigneur, mais encore faut-il que ce soit l’appréciation du Seigneur Jésus.

Dans les lettres aux 4 dernières assemblées d’Apocalypse 2 et 3, où il est question de Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, le Seigneur Jésus montre clairement que les caractères de ces assemblées se perpétueront jusqu’à sa venue de 2 Thessaloniciens 4 v.13-18. C’est bien le Seigneur qui parle en s’adressant à la partie responsable de chacune de ces assemblées, à savoir l’ange de l’assemblée.

A Thyatire, Sardes & Laodicée, le Seigneur les reconnait bien comme « Maison de Dieu », devenue une grande maison, mais pas en tant qu’assemblés à son Nom. Sa relation de communion n’est qu’avec quelques-uns, considérés individuellement et non pas collectivement.

Le caractère collectif d’être « réunis au Nom du Seigneur », le Seigneur exprimant une communion collective ne se retrouve qu’à Philadelphie !

C’est donc les caractères de Philadelphie que nous devons rechercher pour être réunis ou assemblés au Nom du Seigneur, et pouvoir jouir collectivement de sa présence.

Pour rappel ces caractères de Philadelphie sont :

·      Avoir peu de force (aucune grande démonstration impressionnante)

·      Garder la Parole du Seigneur (y compris 2 Timothée 2)

·      Ne pas renier le Nom du Seigneur (témoignage de tout ce qui est lié à son Nom)

On n’est certainement pas ainsi réunis, en l’affirmant simplement soi-même, ni parce que l’on se rattache à un groupement de chrétiens qui l’affirment. C’est le Seigneur Lui-même qui l’apprécie.

Ce point est d’une importance capitale comme nous le soulignerons plus loin, lorsque nous traiterons de la question de la Table du Seigneur, car cette Table ne peut être dressée qu’au milieu de ceux qui sont réunis au Nom du Seigneur.

Quelles sont donc les conditions à remplir pour être ainsi assemblés ?

·      Avoir conscience que l’assemblée dans la localité est composée de tous les vrais croyants du lieu, et que ceux qui sont réunis au Nom du Seigneur, n’en sont que l’expression visible. Ceci s’exprime particulièrement lors de la cène à la Table du Seigneur

·      De ne tolérer aucune forme de mal connu, moral ou doctrinal (1*).

·      Y accueillir en son sein, tous les chrétiens authentiques, sans aucune réserve, à la seule exception de ne pas être lié avec les milieux où le mal moral ou doctrinal est toléré, et desquels ils devraient se retirer selon 2 Timothée 2

·      Se réunir ainsi pour la prière, l’adoration & la cène (ce qui implique la Table du Seigneur), et l’édification des saints (les frères et sœurs se rattachant à cette assemblée locale)

·      Lors du culte, l’adoration est celle de l’assemblée, exprimée au Père, ayant le Fils pour sujet, sous la seule conduite du Saint Esprit, par la bouche des frères, sans aucune réserve d’ordre clérical. De même pour la prière, où ce sont les prières de l’assemblée exprimées par la bouche de frères et sous la direction du Saint Esprit. Quant à l’édification des saints, c’est alors Dieu qui parle par la bouche du frère qu’il utilise aussi sous la direction du Saint Esprit.

·      Laisser la liberté de s’exprimer aux dons donnés par le Seigneur pour le Corps tout entier. Sans que se manifeste aucune forme de cléricalisme.

·      Confesser sa propre faiblesse, et sa propre co-responsabilité dans la ruine de l’Eglise responsable.

·      Reconnaître dans une communion sans aucune réserve, toutes les assemblées locales réunies sur le même terrain. Et non pas sur base d’une association de quelque nature que ce soit.

·      Si deux rassemblements de chrétiens réunis sur cette même base ne sont pas en communion pratique, la communion doit être rétablie en ôtant ce qui fait obstacle (2*). Ne pas le faire donne alors le caractère sectaire, contraire à ceux trouvés à Philadelphie.

(1*) Cela implique l’exercice de la discipline, d’abord en soin correctif, dès que quoi que ce soit d’étrange se manifeste, mais en présentant un bon enseignement et non l’imposition de règles de bonne conduite à suivre !

(2*) La manière de régler la chose est décrite dans une méditation du frère Paul Fuzier, parue dans le Messager Evangélique de 1960 et intitulé : « A propos de la manière d'agir de Joseph envers ses frères » qui est déchargé à partir d’ici :

http://data.beauport.eu/ListePublications.htm#_Toc516914913

Le sujet sera à nouveau considéré plus loin dans le cadre de la Table du Seigneur.

La table du Seigneur et la cène du Seigneur

Ce sujet si important devrait être précieux pour chaque croyant. Les dons accordés par le Seigneur à l'Eglise pour l'enseignement et l'édification ont sans doute un très grand prix ; on serait coupable de ne pas les reconnaître, de ne pas les estimer à leur valeur et de n'en pas profiter. Mais très souvent nous sommes portés à trop nous attacher à ces dons, à les rechercher, et nous ne donnons pas dans notre cœur une place assez grande à ce qui tient au cœur du Seigneur. Avoir place à la table du Seigneur et participer à la cène du Seigneur, est un privilège accordé à tous les croyants. Là ils se trouvent réunis pour se souvenir ensemble du Sauveur, dans l'acte où il leur a montré d'une manière parfaite son profond amour et son dévouement sans limites. Les dons disparaissent, s'effacent, pour ne laisser de place dans la pensée et les affections que pour Jésus s'abaissant jusque dans la mort pour nous. Quelle grâce ! Comment pourrions-nous rester indifférents au privilège si grand de nous souvenir ainsi ensemble de Jésus ? Le plus éloquent discours, l'enseignement le plus profond, les exhortations les plus touchantes, pourraient-ils nous parler plus vivement que la cène de l'amour de Jésus ?

Les trois premiers évangiles rapportent l'institution de la cène ; nous la trouvons ensuite dans la 1re épître aux Corinthiens. C'est sur ce dernier passage que se concentre cette méditation, tout en présentant auparavant quelques lignes sur ce qu’en disent les évangiles.

Ce que nous en disent les Evangiles

En Matthieu

« Et comme ils mangeaient, Jésus ayant pris le pain et ayant béni, le rompit et le donna aux disciples, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps. Et, ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous. Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés. Mais je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. Et ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des Oliviers. » (Matthieu 26 v.26-30)

Nous trouvons en Matthieu trois ou quatre détails qui lui sont particuliers.

« Prenez, mangez »

« Prenez, mangez » c'est l'invitation adressée par le Seigneur aux siens, c'est une sorte d'insistance gracieuse, un encouragement à prendre ce qu'il nous présente pour que nous en usions.

« Buvez-en tous »

Il dit de même de la coupe : « Buvez-en tous » nul n'est exclu de la participation à cette seconde partie du repas. Le Seigneur, par ces paroles, condamne ainsi d'avance les prétentions que devait élever plus tard le clergé romain.

Invitation à manger et à boire

Le Seigneur invite les siens à prendre, à manger et à boire. Ce n'est donc pas un acte à accomplir d'une manière spirituelle seulement, comme le voudraient quelques-uns ; c'est un acte réel.

D'un autre côté, ce sont des symboles qui sont placés sous nos yeux, et dont, chaque fois, notre esprit et notre cœur ont à saisir le sens. Sans cela, la cène dégénérerait en une simple cérémonie, une formalité ; et peut-être hélas ! n'est-ce que trop souvent le cas !!!

Le sang de la nouvelle alliance

Dans l’Evangile selon Matthieu, le Seigneur insiste sur le caractère de ce que représente la coupe, et cela est bien en rapport avec le but de son évangile. Jésus était le Messie. Par sa venue, il mettait fin à l'ancienne alliance, basée sur l'obéissance de l'homme dans la chair, et qui condamnait à mort le transgresseur. Il venait établir une nouvelle alliance, basée sur la grâce. Cette nouvelle alliance devait reposer sur le fondement de la rémission des péchés :

« Car c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ; et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché. » (Jérémie 31 v.33-34)

« Or maintenant Christ a obtenu un ministère d’autant plus excellent, qu’il est médiateur d’une meilleure alliance qui est établie sur de meilleures promesses ; car si cette première alliance avait été irréprochable, il n’eût jamais été cherché de lieu pour une seconde ; car, en censurant, il leur dit : « Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la maison d’Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte ; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi je les ai délaissés, dit le Seigneur. Car c’est ici l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple, et ils n’enseigneront point chacun son concitoyen et chacun son frère, disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux ; car je serai clément à l’égard de leurs injustices, et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». En disant : « une nouvelle », il a rendu ancienne la première : or ce qui devient ancien et qui vieillit, est près de disparaître» (Hébreux 8 v.6-13)

Sans effusion de sang, il n'y a point de rémission (Hébreux 9 v.22).

Le vin représentait donc ce sang qui allait être versé pour plusieurs en rémission de péchés.

Bien que les Juifs n'aient point reçu Christ, l'effusion du sang a eu lieu, et sa valeur subsiste comme base de cette nouvelle alliance qui sera traitée avec eux, et qui comprendra le pardon de leurs péchés et la connaissance de Dieu dans leurs cœurs.

Pour nous il n'y a pas d'alliance, car l'évangile n'en est pas une ; c'est la proclamation du salut. Mais nous jouissons des privilèges de la nouvelle alliance et, en outre, des bénédictions qui résultent de la position céleste qui nous est acquise par l'œuvre parfaite de Christ, ressuscité et glorifié à la droite de Dieu. Ces bénédictions appartiennent exclusivement à l'Eglise :

« Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ; en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce … » (Ephésiens 1 v.3-7).

L’ordre dans lequel se déroulent la cène

Matthieu nous montre l’ordre des choses. Le Seigneur bénit avant de rompre du pain, et pas l’inverse : rompre le pain puis bénir. Il rend aussi grâces avant la distribution de la coupe.

En Marc

« Et comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris un pain et ayant béni, le rompit et le leur donna, et dit : Prenez ; ceci est mon corps. Et ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna ; et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs. En vérité, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu. Et ayant chanté une hymne, ils sortirent et s’en allèrent à la montagne des Oliviers. » (Marc 14 v.22-26)

Marc n'ajoute qu'un détail, c'est qu'ils burent tous de la coupe, accomplissant ce que le Seigneur les avait engagés à faire, et confirmant ainsi ce qu'il désire à cet égard pour tous les siens.

En Luc

« Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui. Et il leur dit : J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre ; car je vous dis que je n’en mangerai plus jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Et ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit : Prenez ceci et le distribuez entre vous, car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. Et ayant pris un pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ; — de même la coupe aussi, après le souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est versé pour vous ; mais voici, la main de celui qui me livre est avec moi à table. Et le fils de l’homme s’en va bien, selon ce qui est déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il est livré ! Et ils se mirent à s’entre-demander l’un à l’autre, qui donc serait celui d’entre eux qui allait faire cela. » (Luc 22 v.14-23)

Arrêtons-nous maintenant un instant sur ce que rapporte Luc dans son évangile. Il rapproche dans son récit — et cela est bien digne de remarque — la célébration de la dernière Pâque par le Seigneur avec ses disciples, et l'institution de la cène, en réalité la célébration de la première cène ; mais avec le Seigneur présent corporellement au milieu des siens.

La célébration de la dernière Pâque

La Pâque rappelait la délivrance du peuple d'Israël.

C'était le peuple mis à l'abri du jugement, en vertu de l'aspersion du sang de l'agneau pascal. Mais la délivrance d'Israël était pour la terre ; elle était la figure d'une délivrance plus excellente. Le type allait prendre fin pour faire place à la chose même : Christ, notre Pâque, allait être sacrifié pour nous. Jésus l'annonce à ses disciples en disant : « Je n'en mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu ». Mais ces paroles mêmes ne disent-elles pas que la Pâque, fête du peuple terrestre, et par conséquent souvenir permanent pour lui de ce qui le constituait un peuple à part, sera de nouveau célébrée dans le règne ? Nous lisons en effet dans Ezéchiel : « Au premier mois, au quatorzième jour du mois, vous aurez la pâque, fête solennelle » (Ezéchiel 45 v.21). Et il est toujours précieux de voir que Dieu n'oublie pas son peuple d'autrefois. Mais ce moment n'était pas venu. Christ devait souffrir d'abord, et il se mettait à part comme Nazaréen. Nous voyons en effet que le Seigneur, aussitôt après qu'il eut reçu une coupe et l'eut distribuée, dit, sans en boire lui-même : « Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu ».

Institution de la cène

Ayant ainsi renvoyé le moment de sa joie avec les disciples jusqu'au temps du royaume, il institue la cène pour les siens, pour le peuple céleste, durant le temps de son absence. Elle nous rappelle ce qui est la base de toutes nos bénédictions, l'amour de Christ descendant dans la mort pour nous.

Différences avec Matthieu

Si Luc, dans son récit, omet des détails que nous trouvons dans Matthieu, il en présente d'autres qui sont bien précieux pour le cœur et qui ont un cachet particulièrement intime. Ils nous font pour ainsi dire pénétrer dans les affections de Celui qui s'appelait le Fils de l'homme, caractère sous lequel l'évangile de Luc le présente tout particulièrement. Ne le voyons-nous pas dans ces paroles pénétrantes qui commencent notre récit : « J'ai fort désiré de manger cette pâque avec vous, avant que je souffre »? (Luc 22 v.15). Puis nous lisons : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous ». Donné, n'est-ce pas l'expression de l'amour dévoué qui se sacrifie, qui se livre et qui fait ainsi appel à notre affection ? « Pour vous », comme cela est direct et propre à aller au cœur ! « Vous », vous aviez besoin que je fusse ainsi donné ; que seriez-vous devenus sans cela ? Si il ne s’agissait pas de « vous », je n'aurais pas eu besoin de venir et de souffrir ; mais je vous ai aimés, et me suis donné pour vous. C'est le mémorial de cet amour si tendre, si dévoué, que nous avons sous les yeux, et là chacun de nous peut dire : « Le Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi ».

Jésus ajoute : « Faites ceci en mémoire de moi », paroles touchantes que nous ne trouvons ni dans Matthieu, ni dans Marc, et qui, rapprochées de ces mots « donné pour vous », nous disent ce que le cœur si tendre du Sauveur réclame des siens. En retour de son amour dévoué jusqu'à la mort, il demande le souvenir de notre cœur. Pouvait-il demander moins ? Moi, je me suis donné pour vous ; vous, souvenez-vous de moi. Quel est l'instant de notre vie qui ne devrait être rempli de lui ? Combien plus dans ce moment où nous avons sous les yeux ce repas que lui-même a institué pour nous rappeler son amour ! Le résidu, captif à Babylone, disait : « Si je t'oublie, Jérusalem, que ma droite s'oublie elle-même ; que ma langue soit attachée à mon palais, si je ne me souviens de toi, et si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma réjouissance ! » C'était Jérusalem, le lieu que Dieu avait choisi pour y faire habiter son nom, qui réveillait ainsi les ardentes affections du peuple captif. Et à nous, qu'est-ce qui est présenté ? Celui qui remplit tout de sa gloire et qui, pour nous, s'est abaissé jusque dans la mort. Comment pourrions-nous l'oublier ? Comment nos cœurs ne brûleraient-ils pas au dedans de nous, en nous souvenant de lui ?

Et de même quand il s'agit de la coupe. Luc rappelle bien aussi que la nouvelle alliance est établie sur l'effusion du sang de Christ, mais il ne dit pas : « versé pour plusieurs en rémission de péchés », il ajoute : « versé pour vous ». Cela est d'une application directe, individuelle ; cela va droit au cœur de chacun. Le Sauveur t'a aimé, toi ; c'est pour toi que son corps a été donné, que son sang précieux a été versé. Comme ces paroles sont propres à attirer vers lui ! Qu'en les écoutant, nos cœurs répondent : « A Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, … soient la gloire et la force ! »

Dans les Actes des Apôtres

« Et ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières. » (Actes 2 v.42)

Jésus était encore au milieu des siens, lorsqu'il institua ce repas, mémorial de sa mort. Les disciples avaient bien besoin de comprendre que c'était son amour qui le conduisait aux souffrances et à la mort. S'ils ne le saisirent pas d'abord, plus tard, quand leur cher Maître eut été glorifié, le Consolateur vint qui leur rappela toutes les choses que Jésus avait dites. Ils les enseignèrent à ceux qui crurent par leur parole, et nous voyons, au chapitre 2 des Actes, ces premiers chrétiens persévérer dans « la fraction du pain », aussi bien que dans la doctrine et la communion des apôtres, et dans les prières. Cela nous montre que, dès lors, « la fraction du pain » faisait partie intégrante de la vie d'assemblée des chrétiens. Ils avaient saisi le prix qu'attachait le Seigneur Jésus à ce mémorial de son amour pour eux.

Mais ces premiers croyants étaient des Juifs convertis. Les grandes vérités concernant l'Eglise comme corps de Christ, où il n'y a ni Juif, ni Grec, n'avaient pas encore été révélées. A Paul, l'apôtre des nations, fut donnée, par révélation, la connaissance du mystère, et alors aussi il nous est montré comment ces vérités sont en rapport avec la cène du Seigneur.

« Et le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain, Paul qui devait partir le lendemain, leur fit un discours, et il prolongea le discours jusqu’à minuit. » (Actes 20 v.7)

Dans la 1ère épître aux Corinthiens

C'est dans la 1ère épître aux Corinthiens que nous trouvons ce qui concerne la cène. Ces passages, ainsi que Actes 20 v.7, font voir que là où, parmi les nations, une assemblée était formée, là on rompait le pain : à Corinthe, à Troas, comme à Jérusalem. On s'assemblait dans ce but. L'apôtre avait enseigné, et les croyants avaient compris, que c'était le centre du service chrétien ; que dès que l'on était assemblé au nom du Seigneur Jésus (c'est là ce qui forme l'assemblée), autour de sa personne adorable, lui-même présent au milieu, selon sa promesse, l'on avait à se souvenir de lui dans sa mort, « annonçant sa mort » jusqu'à ce qu'il vienne.

Paul parle de cette ordonnance en deux endroits de la 1ère épître aux Corinthiens :

·      Au chapitre 10, il s'agit de la table du Seigneur. Il nous présente surtout la communion.

·      Au chapitre 11, l'apôtre s'occupe de la cène du Seigneur. Il nous présente surtout le mémorial.

La Table du Seigneur

« 14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. 15 Je parle comme à des personnes intelligentes : jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16 La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? 17 Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain. 18 Considérez l’Israël selon la chair : ceux qui mangent les sacrifices n’ont-ils pas communion avec l’autel ? 19 Que dis-je donc ? que ce qui est sacrifié à une idole soit quelque chose ? ou qu’une idole soit quelque chose ? 20 [Non], mais que les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu : or je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons. 21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons. 22 Provoquons-nous le Seigneur à la jalousie ? Sommes-nous plus forts que lui ? » (1 Corinthiens 10 v.14-22)

L'apôtre avait à mettre en garde les Corinthiens contre l'idolâtrie et les mauvaises associations. C'est ce qu'il fait en particulier dans le chapitre 10 : « C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie » (verset 14). Mais les principes qu'il est ainsi amené à poser sont d'une application tout à fait générale et peuvent nous guider aussi, nous qui ne vivons pas au milieu de l'idolâtrie établie comme système, mais qui nous trouvons dans la chrétienté. Cette remarque est nécessaire, pour que nous ne fassions pas de fausse application en raison des termes utilisés qui n'ont leur raison d'être que là où il y a idolâtrie formelle, comme par exemple « la table » et « la coupe des démons ». Le principe reste applicable, sans qu’il soit question de démons, mais bien d’une « table » ou une « coupe » qui ne soient pas « du Seigneur », sans pour autant être qualifiées de « des démons » !

Il y avait, au temps de Paul, trois terrains distincts qu'il nous présente en quelques endroits :

1.    L'Eglise, chose nouvelle

2.    Israël, l'ancien peuple de Dieu

3.    Les nations, dans l'idolâtrie.

 Manger, se mettre à table, c'est entrer en communion, s'associer avec ceux qui sont à cette table et avec qui l'on mange. C'est se placer, sur le même terrain qu'eux. Ce que l'on mange et boit indique aussi avec quoi l'on a communion.

Les païens sacrifiaient aux démons ; manger avec eux de leurs sacrifices, boire de leurs libations, c'était avoir communion avec les démons. Sous prétexte de liberté — mais au fond, c'était licence (*), propre volonté et indépendance — sous prétexte de liberté, de largeur de vues, de connaissance, les Corinthiens allaient jusqu'à s'asseoir dans des temples d'idoles, mangeant des choses sacrifiées aux idoles.

(*) Licence veut dire faire une chose contraire à la pensée de Dieu, en le sachant.

Prenez garde, dit l'apôtre, en faisant cela, vous avez communion avec les démons, vous êtes à leur table, vous buvez leur coupe. Cela peut-il convenir à des chrétiens qui ont communion avec Christ ?

« Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple » … » (2 Corinthiens 6 v.14-16).

La vraie liberté, celle de l'Esprit, ne peut s'exercer que dans ce qui convient à la vie de Dieu, dans le cas contraire, c'est une forme de turpitude de la chair :

 « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10 v.31).

« Que tout se fasse pour l'édification. » (1 Corinthiens 14 v.26)

 La gloire de Dieu, l'édification des autres, voilà ce qui règle la sainte liberté de l'Esprit, et le cœur se meut là avec bonheur, suivant la vérité dans l'amour.

Dans l'Israël selon la chair, ceux qui mangeaient des sacrifices avaient communion avec l'autel, l'autel du Dieu à qui l'on offrait ces sacrifices. C'était « la viande de son Dieu » :

«   Ils seront saints, consacrés à leur Dieu, et ils ne profaneront pas le nom de leur Dieu, car ils présentent les sacrifices de l’Éternel faits par feu, le pain de leur Dieu ; et ils seront saints. … Nul homme de la semence d’Aaron, le sacrificateur, en qui il y aura quelque défaut corporel, ne s’approchera pour présenter les sacrifices de l’Éternel faits par feu ; il y a en lui un défaut corporel : il ne s’approchera pas pour présenter le pain de son Dieu. Il mangera du pain de son Dieu, des choses très-saintes et des choses saintes … » (Lévitique 21 v.6 & v.21-22).

On avait ainsi communion avec Dieu. Mais Christ étant venu, ces sacrifices établis de Dieu et types d'un plus excellent, avaient pris fin, et les chrétiens avaient « un autel dont ceux qui servent le tabernacle n'ont pas le droit de manger » (Hébreux 13 v.10). Mais le principe que l'apôtre établit pour les chrétiens est confirmé par ce qui avait lieu en Israël.

Paul montre donc aux Corinthiens avec quoi et sur quel terrain est établie leur communion ; ce qui les met ainsi complètement à part.

La table du Seigneur & la coupe du Seigneur

Premièrement, c'est la table du Seigneur, la coupe du Seigneur.

Le nom donné ici à Jésus, celui de Seigneur, nous dit qu'il a autorité sur cette table et sur cette coupe.

S'il daigne nous y admettre, nous y inviter, c'est un privilège pour nous ; il ne saurait être question d'un droit.

Il a institué cette commémoration de sa mort ; c'est lui qui dresse la table, elle lui appartient, non pas à nous. Nul que lui n'y a autorité ; c'est à lui d'indiquer qui doit y être.

Son autorité comme Seigneur doit y être reconnue, et nous devons prendre garde de faire de sa table la nôtre, de la dresser sur un terrain humain et, par conséquent, sectaire.

L'apôtre s'adresse à nous comme à des personnes intelligentes pour que nous discernions les choses, et sachions ce que nous faisons et sur quel terrain nous nous plaçons.

C'est pourquoi il nous donne ensuite les caractères de la communion, ou du terrain sur lequel se trouve la table du Seigneur.

La coupe de bénédiction

D'abord, la coupe qui nous y est présentée, la coupe de bénédiction que nous bénissons est la communion du sang de Christ.

C'est une coupe de bénédiction ou d'actions de grâces. En effet, que ne nous rappelle-t-elle pas ? C'est le sang précieux de Christ, de l'Agneau sans défaut et sans tache, par lequel nous avons la rédemption, qui nous lave de nos péchés, par lequel la paix est faite, et qui nous ouvre le chemin auprès de Dieu, une libre et pleine entrée dans le sanctuaire. C'est la mort de Christ, l'expiation accomplie, la culpabilité ôtée. En la prenant, nous pouvons bien en effet la bénir et dire : Grâces à Dieu pour son don ineffable !

La coupe est la communion du sang de Christ

En comprenant et en saisissant par la foi ce qu'elle signifie, nous entrons dans la pensée du Seigneur, dont le sang a été versé, qui a offert ce sacrifice pour nous sauver. Ainsi nous y avons part, nous jouissons de ce qu'il nous a acquis par sa mort. Aux rachetés seuls appartient donc le privilège de boire de cette coupe, parce qu'ils ont communion avec le Seigneur dans sa mort. Ils forment l'Eglise acquise par le sang du Fils de Dieu.

Nous avons donc ici le premier caractère de ceux qui viennent à la table du Seigneur. Ils sont rachetés par le précieux sang de Christ, ils en ont la conscience, ils en jouissent, et ils bénissent.

La question que je dois me poser avec ceux avec qui je me réunis est la suivante : En est-il ainsi de nous ? Réalisons-nous à la table ce fait si grand, qui place devant nous l'amour insondable de Jésus, que la coupe que nous bénissons est « la communion du sang de Christ » ?

Le pain que nous rompons

Ensuite, nous avons le pain sur la table, ce pain unique que nous rompons ; partagé entre plusieurs, mais un. Le pain représente sans doute le corps personnel de Christ quand il était sur la terre ; nous verrons cela au chapitre 11, de même que nous l'avons vu dans les évangiles : « Ceci est mon corps donné pour vous ». Mais ici, en rapport avec la table, ce n'est pas la seule chose que le pain figure. C'est aussi le corps actuel de Christ ici-bas, formé de ses membres sur la terre ; car c'est tous les vrais croyants vivant sur la terre ! Ils sont un seul pain, un seul corps, bien qu'étant plusieurs.

« Il y a un seul corps », dit l'apôtre aux Ephésiens (chapitre 4 v.4).

Un seul corps formé de qui et comment ?

De tous ceux qui sont rachetés par le sang de Christ :

« … l'assemblée est son corps … » (Ephésiens 1 v.22).

Elle est formée par le Saint Esprit descendu du ciel :

« … car nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps … » (1 Corinthiens 12 v.13)

Chaque croyant a le Saint Esprit : c'est son privilège :

« … nous qui avons espéré à l’avance dans le Christ : en qui vous aussi vous avez espéré, ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, … »  (Ephésiens 1 v.12-13)

« votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? … » (1 Corinthiens 6 v.19)

« … vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu … »  (Romains 8 v.15-16)

Cet Esprit l'unit à Christ dans le ciel

« celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui» (1 Corinthiens 6 v.17)

Tous ensemble, ainsi unis à Christ, le Chef ou la Tête glorifiée, ils forment cet organisme réel, vivant, qui est le corps de Christ. Nous en sommes les membres.

Rompre le pain à la table du Seigneur implique donc que ceux qui y participent sont unis à Christ comme membres de son corps ; c'est encore la communion à un second point de vue, et c'est le second caractère de ceux qui participent à la table.

Ils sont unis à Christ comme membres de son corps ; ils sont en même temps membres les uns des autres :

« … nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre. » (Romains 12 v.5).

Or, pour être membre du corps de Christ, baptisé du Saint Esprit, il faut être racheté, lavé de ses péchés par le sang de Christ ; nous voyons ainsi pourquoi, dans ce passage, la coupe est placée avant le pain. Il est précieux de voir l'ordre dans les choses de Dieu. Nous pouvons encore remarquer que cet aspect, du pain sur la table du Seigneur ne pouvait être donné avant que Christ, la Tête du corps, fût dans la gloire, et que le mystère du seul corps fût révélé. Aussi ne le trouve-t-on que dans les écrits de Paul, à qui l'administration du mystère avait été confiée :

« … par révélation, le mystère m’a été donné à connaître (ainsi que je l’ai déjà écrit en peu de mots ; d’après quoi, en le lisant, vous pouvez comprendre quelle est mon intelligence dans le mystère du Christ), lequel, en d’autres générations, n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit : savoir que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le christ Jésus, par l’évangile ; duquel je suis devenu serviteur, selon le don de la grâce de Dieu qui m’a été donné selon l’opération de sa puissance. À moi, qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ, et de mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses … » (Ephésiens 3 v.3-9).

Cher ami qui lit ces lignes, quand tu viens à « la table du Seigneur » (*), réalises-tu, en y pensant de manière consciente, cette grande et précieuse vérité !

(*) pour que la table en question soit celle du Seigneur, il est nécessaire que ceux qui participent à cette table, soient réunis au Nom du Seigneur ! Ils doivent remplir les caractères mentionnés plus haut, de manière à être aussi l’expression de l’unité du Corps !

Peut-être que jusqu’à présent, tu ne t’es pas posé cette question. Tu as participé à cette table, sans te poser la question de savoir si elle remplissait les caractères de la « Table du Seigneur », et que tu n’y voyais, comme un grand nombre de chrétiens, que le côté, tout aussi réel, du souvenir, tu étais heureux de te souvenir de Jésus dans sa mort, preuve de son immense amour pour toi, comme aussi pour les autres. C'est bien entendu infiniment précieux, et c'est bien là ce qui doit remplir le cœur. Mais le Seigneur n’invite pas les membres de son Corps sur la terre à sa table pour y être comme des individus isolés, venus pour manger le pain et boire la coupe, et jouir chacun pour soi du souvenir de son amour.

Il a encore quelque chose de plus à sa table, pour nous qui sommes membres de son Corps sur la terre.

C’est que ses membres y soient ensemble unis avec Lui. Son cœur aime à les voir groupés ainsi autour de Lui, dans une même pensée, dans un même amour.

Peut-être n'as-tu jamais pensé, à la table, que c’est, comme membre du corps de Christ, que l’on y est avec les autres membres de ce corps, unis ensemble au même Chef dans la gloire.

A la Table du Seigneur, on exprime ce double fait que ceux qui y participent sont à la fois rachetés et membres du corps de Christ, en buvant à la même coupe et en rompant le même pain. Ils ont ainsi communion ensemble, et ensemble ils bénissent leur précieux Sauveur. Quelle jouissance pour le cœur du Seigneur de les voir assemblés autour de Lui! Quelle jouissance pour le cœurs de ceux ainsi réunis, de réaliser ensemble ce fait qu’ils sont membres du même corps, ayant le même Chef ! En arrêtant ensemble leurs regards sur lui, l'amour dont il les aime remplira leurs cœurs, et ainsi ils béniront ensemble le Seigneur Jésus.

La table du Seigneur est le lieu de la communion, de la commune participation à tout ce que Jésus est et a fait pour nous, authentique chrétien ; de la commune jouissance de son amour, et dans l'amour divin, la communion multiplie la jouissance.

Nous, authentiques chrétiens, ne serons pas isolés dans le ciel. Rassemblés autour de l'Agneau divin, nous adorerons et louerons. C’est ainsi, réunis à son Nom, à sa Table, que les membres de son Corps peuvent anticiper dès maintenant cet état éternel de bonheur !

Le terrain sur lequel est dressée la Table du Seigneur : l’Unité du Corps de Christ

Ainsi rachetés par le sang de Christ, membres de son corps, tels sont les deux caractères de ceux qui participent à la table. Cela exclut le monde et les inconvertis. En même temps, cela établit le terrain sur lequel est dressée la table : c'est celui de l'unité du corps.

Toute table qui n'est pas dressée sur ce principe, non seulement en théorie, mais pratiquement, n'est pas la table du Seigneur.

Toutes les tables dressées sur ce terrain n'en forment qu'une, car il n'y a qu'un seul corps, bien qu'il y en ait diverses expressions en diverses localités, de sorte que la communion existe entre elles toutes.

Ainsi nous avons à nous assurer sur quel terrain une table est dressée, avant de nous y associer, et à voir si le terrain défini par la Parole de Dieu est gardé pratiquement et si l'autorité du Seigneur y est pleinement reconnue.

Les conditions nécessaires et suffisantes pour que la Table soit dressée sur le terrain de l’unité du Corps, sont exactement les mêmes que celles qui régissent les caractères requis pour être réunis au Nom du Seigneur, comme mentionné plus haut.

Beaucoup de faux enseignements parmi les chrétiens consistent à inverser la cause et l’effet. Ce qui rend parfois le discernement de l’erreur difficile pour certaines âmes.

La Table du Seigneur ne se trouve pas en se rattachant à un groupe de chrétiens qui affirment eux-mêmes être réunis au Nom du Seigneur, il n’y a pas de condition de se rattacher à un groupe ! C’est le contraire, il faut remplir localement les conditions nécessaires et suffisantes, et être ainsi réunis au Nom du Seigneur et de ce fait avoir communion à sa Table. La conséquence (c’est un effet et pas la cause qui produit l’effet) sera alors la réalisation de la communion pratique avec tous ceux qui sont réunis sur ce même terrain, dans d’autres localités. Et ainsi, tous ceux qui se réunissent sur ce seul terrain, constituent aussi ensemble l’expression de l’unité du Corps de Christ, étant unis ensemble !

Ne pas reconnaître un groupe de chrétiens, qui se réunissent réellement au Nom du Seigneur, donne à ceux qui ne le reconnaissent pas, le caractère de secte !

Si un obstacle existe pour exprimer cette communion, il est impératif de lever cet obstacle, qui a toujours pour cause, un mal qui n’a pas été jugé !

Ces situations qui jettent un déshonneur sur le Nom du Seigneur, et sur ce qu’exprime sa Table, sont toujours difficiles à régler à cause de la tendance de l’homme naturel, qui cherche à résoudre sur la base d’avoir tort ou raison. Dès que l’on place les choses sur ce plan, cela conduit à une sorte de paix artificielle, qui n’est pas celle de Dieu, car c’est alors une sorte de paix négociée ! Ce que la Parole de Dieu ne reconnait pas !

Comme déjà mentionné plus haut, la Parole nous donne un schéma à suivre, celui des frères de Joseph ! Ils retrouvent la communion avec Joseph, pour nous le Seigneur Jésus, dès qu’ils déclarent que « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » ! Aussi longtemps qu’ils disent « nous sommes d’honnêtes gens », aucune communion avec Joseph ne peut être possible, car dans les faits, vis-à-vis de Dieu, ils n’étaient pas d’honnêtes gens ! C’est ce que nous disons lorsque nous plaçons les choses au niveau de tort ou raison !

Sur ce sujet, voir l’enseignement du frère Paul Fuzier dans un article intitulé « A propos de la manière d'agir de Joseph envers ses frères » qui est déchargé à partir d’ici :

http://data.beauport.eu/ListePublications.htm#_Toc516914913

La cène du Seigneur, le mémorial

Considérons maintenant ce que nous trouvons au chapitre 11, le mémorial lui-même, plutôt que la communion.

« 20 Quand donc vous vous réunissez ensemble, ce n’est pas manger la cène dominicale : 21 car lorsqu’on mange, chacun prend par avance son propre souper, et l’un a faim, et l’autre s’enivre. 22 N’avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’assemblée de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela, je ne vous loue pas. 23 Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai enseigné : c’est que le seigneur Jésus, la nuit qu’il fut livré, prit du pain, 24 et après avoir rendu grâces, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ». 25 De même il prit la coupe aussi, après le souper, en disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang : faites ceci, toutes les fois que vous la boirez, en mémoire de moi ». 26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. 27 Ainsi quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable à l’égard du corps et du sang du Seigneur. 28 Mais que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29 car celui qui mange et qui boit, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps. … » (1 Corinthiens 11 v.20-29)

C'est la cène (ou souper) dominicale (ou du Seigneur), le repas auquel, dans sa grâce, il nous invite. C'est le sien, non le nôtre, de même que la table est sienne aussi. Il ne s'agit donc pas de manger et boire sans savoir ce que l'on fait. Ce n'est pas un repas ordinaire ; c'est dans l'assemblée, « quand vous vous réunissez ensemble ». Ce n'est pas une chose que l'on puisse faire en dehors de l'assemblée, que l'on puisse dresser à son gré, comme l'on fait d'un autre repas. Il faut discerner ce que l'on fait, où l'on se trouve. Se réunir simplement ensemble pour manger, n'est pas la cène du Seigneur, et l'on n'est pas non plus à ce repas chacun pour soi, mais ensemble (versets 20-22). On ne saurait prendre la cène seul.

L'apôtre nous fait envisager la cène à un point de vue sérieux, la plaçant comme une chose à part dans le rassemblement, ou plutôt comme ce qui est le principal but du rassemblement.

Le Seigneur, en nous laissant ce mémorial, veut sans doute atteindre nos affections, mais, en même temps, tout est rendu solennel par ce qui est placé devant nous. Notre responsabilité s'y trouve engagée, non pour que nous nous abstenions, mais pour qu'entrant dans la réalité de ce que nous présente la cène, nous en jouissions d'autant plus.

En s'adressant aux Corinthiens pour réprimer les désordres qui s'étaient introduits parmi eux dans la célébration de la cène, l'apôtre nous fournit des instructions précieuses, qui nous montrent la valeur de la cène aux yeux du Seigneur et ce qu'elle doit être pour nos cœurs. Bien qu'il eût pu être instruit par les autres apôtres, et que, sans doute, il eût vu la cène célébrée parmi les disciples à Damas et à Jérusalem, Paul avait reçu du Seigneur lui-même, ce qu'il enseignait à cet égard : « J'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai enseigné ». Cela nous montre la cène comme faisant corps avec les autres vérités que Paul avait aussi reçues directement, et, en même temps, nous fait voir l'importance que le Seigneur y attache. Comment des chrétiens peuvent-ils donc traiter cette institution avec indifférence, comme une chose dont ils peuvent user à leur gré, et comme le disent quelques-uns : « si elle peut être en aide à leur foi ? »

Les circonstances lors de son institution

Paul n'oublie pas de rappeler dans quelles circonstances la cène fut instituée par le Seigneur, ce qui doit la rendre d'autant plus précieuse au cœur de chaque racheté : « Le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain ». C'est cette nuit toute la méchanceté de l'homme et de Satan conspirait contre lui ; la nuit l'un des siens le trahit, où il fut livré pour aller à la mort ; livré entre les mains des iniques, livré pour nous. Quel sujet présenté à nos consciences et à nos cœurs de voir le Seigneur livré ! Quelle méchanceté ce fait révèle dans le cœur de l'homme, quelle grâce dans Celui qui consentit à être livré ! Nul ne pouvait porter les mains sur lui et le saisir sans qu'il y consentît, mais il s'est livré, Dieu l'a livré, et c'est pour nous !

« … Ils lui répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas aussi qui le livrait était là avec eux. Quand donc il leur dit : C’est moi, ils reculèrent, et tombèrent par terre. » (Jean 18 v.5-6)

Et cette nuit, ne nous dit-elle rien ? Quand il fut livré, où était-il ? Avant d'être livré, que faisait-il ? Il était en Gethsémané ; il avait été dans l'angoisse du combat, les grumeaux de sang avaient coulé de son front ; il avait été saisi de cette tristesse profonde de son âme qui anticipait la mort et l'abandon sous le jugement de Dieu.

« Alors Jésus s’en vient avec eux en un lieu appelé Gethsémané, et dit aux disciples : Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que, m’en étant allé, j’aie prié là. Et ayant pris Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être attristé et fort angoissé. Alors il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi. Et s’en allant un peu plus avant, il tomba sur sa face, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux. Et il vient vers les disciples, et il les trouve dormant ; et il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Il s’en alla de nouveau, une seconde fois, et il pria, disant : Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci passe loin de moi, sans que je le boive, que ta volonté soit faite. Et étant venu, il les trouva de nouveau dormant ; car leurs yeux étaient appesantis. Et les laissant, il s’en alla de nouveau, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles. Alors il vient vers les disciples, et leur dit : Dormez dorénavant et reposez-vous ; voici, l’heure s’est approchée, et le fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’est approché. » (Mathieu 26 v.36-46)

« Et sortant, il s’en alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent. Et quand il fut en ce lieu-là, il leur dit : Priez que vous n’entriez pas en tentation. Et il s’éloigna d’eux lui-même environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux, il priait, disant : Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite. Et un ange du ciel lui apparut, le fortifiant. Et étant dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment ; et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre. Et s’étant levé de sa prière, il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez afin que vous n’entriez pas en tentation. » (Luc 22 v.39-46)

C'est cette nuit qui est placée devant nous ; nuit où le plus affreux des crimes de l'homme se préparait, nuit où le plus profond des sacrifices était accepté, où l'amour recevait la coupe des mains du Père par obéissance envers lui, par dévouement pour nous.

Et c'est dans cette nuit, avant la souffrance et la consommation du sacrifice, que Jésus pense aux siens, aux résultats glorieux de son œuvre pour eux, à ce qui lui donnera le droit de les avoir près de lui dans la gloire ; et il institue ce qui doit le rappeler, Lui, au cœur de ses bien-aimés durant son absence. Il a pourvu à ce que jusqu'à la fin de notre course ici-bas, nous ayons ce mémorial de son amour.

« Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. » (Jean 13 v.1)

Puissions-nous, quand nous sommes à sa table, avoir devant nos cœurs le souvenir de la nuit où il fut livré, et goûter la réalité de ce tendre et puissant amour dont il nous aime jusqu'à la fin!

Mais, quelles qu'aient été les douloureuses circonstances de cette nuit qui nous sont rappelées et qui parlent si puissamment à notre âme, bien que ce soit la commémoration de la mort du Seigneur, il s'agit pour nous de délivrance à la gloire de Dieu, et c'est pourquoi la cène est un service d'actions de grâces.

La première partie de ce service d'actions de grâces : la fraction du pain

Jésus prit du pain, et « après avoir rendu grâces, il le rompit ». Il rendit grâces, comme nous voyons qu'il avait l'habitude de le faire en d'autres circonstances (Matthieu 15 v.36; Jean 11 v.41).

Pourquoi rend-il grâces ici ?

Il anticipe le moment l'œuvre qu'il était venu accomplir sera achevée, œuvre dont il voyait et appréciait, comme nul autre que lui ne pouvait le faire, les immenses résultats pour la gloire de Dieu et le salut des siens (Jean 17), et il loue par avance au milieu de l'assemblée, représentée alors par ce faible résidu. Il nous donne le modèle de ce que nous avons à faire, maintenant qu'elle est achevée et que nous jouissons de tout ce qu'elle nous a acquis. Quelles actions de grâces devraient en effet monter de nos cœurs, en nous souvenant de lui, de son amour, et de l'amour du Père qui a donné son Fils pour nous ! Nous avons déjà remarqué que le Seigneur bénit (*) avant la fraction du pain et rend grâces aussi avant la coupe. Rien ne nous est prescrit quant à la forme que nous avons à suivre dans la cène ; les paroles même que Jésus prononça alors ne nous ont pas été conservées, mais, comme toujours, l'Esprit nous enseigne en plaçant les choses devant nous selon le cœur et la pensée de Dieu, afin que nous agissions, non selon une lettre morte, une froide liturgie, mais selon la vie et l'action de l'Esprit en nous.

(*) Bénir ne veut pas dire consacrer. Il a le même sens que « rendre grâces » (comparez 1 Corinthiens 11 v.24 ; Matthieu 26 v.26-27 ; Marc 14 v.2 ; Luc 22 v.19 ; Luc 9 v.16). C'est bénir Dieu, lui rendre grâces (Marc 8 v.7).

Le souvenir d’un Christ mort

 « Il le rompit ». L'action de rompre le pain montre qu'il s'agit de se souvenir d'un Christ mort. Il rompit le pain lui-même. Sa mort était nécessaire et il s'est livré lui-même. Comme nous l'avons déjà vu, nul n'avait le pouvoir de toucher à sa précieuse vie : Il la laissait de lui-même, et à cause de cela le Père l'aimait (Galates 1 v.4; Jean 10 v.18). Nous rompons maintenant le pain pour rappeler ce qui a eu lieu ; nous pouvons le faire, parce que Lui s'est livré d'abord. Chacun de nous y participe, parce que c'est pour chacun de nous individuellement qu'il s'est donné. En rompant le pain, en en prenant un morceau et le mangeant, je me rappelle que c'est pour moi que le Fils de Dieu, devenu un homme, a souffert ; que c'est moi qu'il a aimé (Galates 2 v.20).

« Ceci est mon corps », dit le Seigneur. Nous savons que ces paroles veulent dire : ceci représente mon corps. Actuellement, le corps glorifié du Seigneur est dans le ciel (Luc 24 v.51; Actes des Apôtres 3 v.21; Hébreux 1 v.3). Mais le pain placé devant nos yeux est destiné à nous rappeler son corps, tel qu'il était sur la terre, ce corps formé par Dieu (Hébreux 10 v.5), dans lequel il glorifia son Père en traversant ce monde, ce corps par lequel il était en relation avec nous (1 Jean 1 v.1-3), dans lequel il souffrit la faim, la soif, la fatigue (Luc 4 v.2 ; Jean 4 v.6 ; 19 v.28), dans lequel il prit nos langueurs (Matthieu 8 v.17), dans lequel il porta nos péchés sur la croix, et qui fut mis dans le sépulcre.

Ce corps donné pour vous

Et le Seigneur ajoute : « Qui est pour vous ».

Oui, il est pour nous ; il nous appartient, pour ainsi dire. Quel amour de sa part ! Quel appel à nos affections ! Ce corps saint et pur, temple de Dieu sur la terre, était pour nous. Tout ce qu'il a été dans sa vie, dans ses souffrances et dans sa mort, c'est pour nous. Il était devenu un homme, avait pris un corps, mais c'était pour nous, afin de pouvoir se donner pour nous, souffrir et mourir pour nous. Quelle voix ce mot « pour vous » devrait avoir pour nos cœurs ! C'est l'expression du plus tendre amour. Si ce n’avait pas été nous, il n'avait pas besoin de descendre du ciel, de prendre ce corps dans lequel il a souffert toute la contradiction et la haine de l'homme, ce corps qui fut couvert d'insultes et d'outrages, couronné d'épines, déchiré par le fouet, et cloué à la croix ; mais nous avions besoin de salut, et il est venu pour nous.

Il s’est anéanti, prenant la forme d’esclave

Il y a dans son sacrifice un autre point de vue. Il s'est anéanti, prenant la forme d'esclave, obéissant jusqu'à la mort de la croix, pour glorifier Dieu son Père, ainsi qu'il le dit : « Père, je t'ai glorifié » :

« Jésus dit ces choses, et leva ses yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, [quant à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle. Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire ; et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. »  (Jean 17 v.1-5)

Il ne faut pas l'oublier ; mais ici Jésus présente ce qui nous concerne, pour attacher nos cœurs à lui, et c'est pourquoi il ajoute: « En mémoire de moi »

Faites ceci en mémoire de moi

« Faites ceci en mémoire de moi ».

Ainsi, que Jésus et que sa personne adorable soit devant les yeux de notre cœur renouvelé, lorsque rompant ce morceau de pain et le mangeant, et que nous nous remémorions cette scène lorsqu’il se donnait pour nous, donnant sa vie ! Voilà tout simplement ce qu’il demande de ceux pour qui il a donné sa vie ! Pourrait-il demander moins ?

« Faites ceci » : non pas, si vous le désirez, selon votre convenance, mais « faites ».

« En mémoire de moi », Lui est l'objet divin présenté à notre cœur renouvelé.

Comme cela ferme la porte à toute autre pensée pour que nous ne jouissions que de lui seul. Cela exclut de manière évidente la recherche ou la stimulation de sentiments ou émotions propres et naturelles, de toutes sortes de pensées vaines, que produit la chair religieuse, des pensées qui concernent les autres personnes qui nous entourent ! C’est de Jésus, c’est de Lui, que nous nous souvenons en ce moment précis !

Tout autre objet ne devrait-il pas s’éclipser devant un tel objet, Christ mourant sur la croix par amour pour nous ? C’est aussi ce que produit le Saint Esprit, puissance de l’homme nouveau, puissance qui fait taire la chair religieuse en laissant par la foi le vieil homme dans la mort, car cela a justement eu lieu au moment précis que la cène remémore ! Ainsi, tout parait petit et misérable devant ce grand amour dont il nous a aimés. Quelle pénétrante lumière de grâce, quel parfum de sainte affection, quelle atmosphère de paix, en se souvenant de lui ! Soyons ainsi occupés de Lui, l’ayant sous les yeux de notre âme, ainsi par la puissance du Saint Esprit, toute autre chose disparaîtra comme les ombres devant l'éclat du soleil. C'est ce qu'il a été, ce qu'il a fait pour nous ici-bas dans ses tendres compassions, dont il désire que nous gardions le souvenir. Nous le rappelons dans la cène, et par le Saint Esprit nous sommes rendus capables de le faire et d'en jouir, parce que nous sommes unis à lui, où il est maintenant, et participants de sa vie.

La seconde partie se rapporte à la coupe : la nouvelle alliance en son sang !

La nouvelle alliance en son sang

« Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang »

Cette coupe est et représente ce qu'est la nouvelle alliance.

L'ancienne alliance était établie sur le principe de l'obéissance, avec la mort pour ceux qui la transgressaient.

« … Moïse prit le sang, et en fit aspersion sur le peuple, et dit : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles. » (Exode 24 v.8)

La nouvelle alliance, fondée sur le sang de Christ, a pour base la rémission des péchés. Israël avec qui elle sera traitée n'est donc pas exclu du bénéfice de la mort de Christ. Le jour viendra où ils regarderont vers Celui qu'ils ont percé :

« … on lui dira : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il dira : Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis. Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé ; et je tournerai ma main sur les petits. Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux parties y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y demeurera de reste. Et le tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui, dira : L’Éternel est mon Dieu» (Zacharie 13 v.6-9)

Mais ici, ce sont les chrétiens authentiques qui jouissent du privilège que comporte la nouvelle alliance, bien qu’ils possèdent infiniment plus, des bénédictions infiniment supérieures à celles d'Israël :

« Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ; en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce » (Ephésiens 1 v.3-7).

Nous, chrétiens authentiques, avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce ; ainsi Dieu ne se souvient plus de nos péchés, ni de nos iniquités, ce qui appartiendra à la nation juive, sous la nouvelle alliance. Mis à part par l'Esprit Saint, nous avons part à l'aspersion de ce sang précieux de Christ, l'Agneau sans défaut et sans tache :

« élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ … vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache,… » (1 Pierre 1 v.2 & 18-19).

Sur ce sang qui a fait la propitiation, sont fondées nos bénédictions : la coupe nous le rappelle.

Le mémorial de la mort de Christ

Nous avons donc encore ici le mémorial de la mort de Christ.

La coupe, de même que le pain rompu, nous rappelle Jésus dans sa mort, car le sang est versé, le corps est à part du sang, et tous deux sont ainsi un symbole de mort.

C'est donc Jésus, dans sa mort, qui nous est rappelé « toutes les fois » que nous buvons la coupe ; c'est lui, nous aimant d'un amour plus fort que la mort, descendant dans la mort pour nous.

« Toutes les fois », ne prenons donc jamais cette coupe avec un cœur distrait, occupé au dehors : « en mémoire de moi, toutes les fois », voilà ce que Jésus nous dit. Son souvenir, dans sa mort pour nous, est lié au pain chaque fois que nous le rompons et mangeons, à la coupe, chaque fois que nous la portons à nos lèvres.

La cène : un témoignage au milieu d’un monde mauvais

Mais ce n'est pas seulement le passé qui est devant nous dans la cène. Nous la célébrons actuellement au milieu du « présent siècle mauvais ».

Et c'est là que, par la cène, nous annonçons la mort du Seigneur.

Chaque fois que nous mangeons le pain et buvons la coupe, nous proclamons au milieu du monde ce fait inouï : la mort du Seigneur.

Quelle association de paroles ! Le Seigneur a été mort.

Nous nous en souvenons avec adoration, avec actions de grâces et louanges, avec un cœur qui s'incline devant un amour si grand, car nous savons qu'il est mort pour nous, et nous connaissons la grâce qu'ainsi il nous a acquise, et la place que sa mort nous donne.

Mais nous annonçons cette mort du Seigneur. Où et à qui ? Au milieu de ce monde qui a haï, rejeté et crucifié Christ, le Seigneur.

Si sa mort dit à l’authentique chrétien son amour et lui parle de paix, pour le monde c'est le jugement et la condamnation :

« Maintenant est le jugement de ce monde ; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. »  (Jean 12 v.31)

« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous» (Jean 15 v.18)

« Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement … » (Jean 16 v.8).

Et quel est l'effet pour nous de cette mort à l'égard du monde ? Elle nous en sépare ; elle a creusé un abîme entre nous et lui. Jésus ne s'est-il pas donné pour nous retirer de ce présent siècle mauvais ?

« … notre seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, … »  (Galates 1 v.3-4).

Nous ne sommes pas du monde, comme lui n'en était pas ; nous sommes de Dieu et le monde entier gît dans le méchant :

« Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. »  (Jean 17 v.14-16)

« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5 v.19).

La table dressée proclame à travers les siècles que le Seigneur, venu dans ce monde, y a été mis à mort.

Quelle alliance, quelle communauté de vues, de pensées, d'intérêts, pourrions-nous avoir avec un tel monde ? Mais il est vrai qu'au milieu de ce monde, nous annonçons aux pécheurs que c'est par cette mort du Seigneur qu'ils peuvent être réconciliés avec Dieu, et ainsi échapper au jugement qui va fondre sur le monde. Fait béni, œuvre précieuse, message d'amour !

Jusqu’à la venue du Seigneur Jésus pour enlever les siens

Mais à la pensée du passé et du présent, l'apôtre joint celle de l'avenir.

« Toutes les fois… vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne ».

C'est donc une institution permanente. Elle dure aussi longtemps que l'Eglise est sur la terre. Mais l'Eglise attend ; elle a une espérance ; elle sait que Christ qui l'a aimée et s'est livré lui-même pour elle, qui la sanctifie, la purifiant par le lavage d'eau par la Parole, qui la chérit et la nourrit, veut un jour se la présenter à lui-même, glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable :

« Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par [la] parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable. De même aussi, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme s’aime lui-même. Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée … »  (Ephésiens 5 v.25-29).

Elle sait que les noces de l'Agneau seront une fois célébrées dans le ciel, et elle attend ce moment où il viendra. Elle sait que ce moment est proche, car il a dit : « Je viens bientôt », et « jusqu'à ce qu'il vienne », regardant en haut vers lui, elle se souvient de lui que le monde a rejeté, et prend dans le monde la place qu'y a eue son Seigneur, celle de l'opprobre. Quelle part pourrait avoir l'Epouse avec le monde qui a crucifié Christ ! Elle attend, séparée de tout, le moment de le voir, en se rappelant son amour.

Le premier jour de la semaine

Nous trouvons dans les Actes deux passages où il est fait mention de la fraction du pain :

« Et tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés. » (Actes 2 v.46-47)

« Et le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain … » (Actes 20 v.7)

Dans l'un, comme dans l'autre, nous voyons que dès que les premières assemblées eurent été formées, soit parmi les Juifs, soit parmi les gentils, la fraction du pain, la commémoration de la mort du Seigneur, a occupé, dans le rassemblement des saints, la place proéminente qu'elle doit y avoir. Ils avaient bien saisi la pensée du Seigneur, le désir de son cœur. C'était pour la fraction du pain que les disciples se réunissaient. A Jérusalem ils persévéraient en cela, en même temps que dans la doctrine et la communion des apôtres et les prières.

On serait tenté de conclure sur base de Actes 2 v.46 qu'ils rompaient le pain chaque jour. Mais le second passage, Actes 20 v.7, nous enseigne quelque chose de plus ; c'est le jour , dans les assemblées des chrétiens tirés des nations, on se rassemblait pour la fraction du pain, et cela, on ne peut pas en douter, selon les directions de l'Esprit de Dieu. Aucun commandement formel ne nous est donné ; cela ne conviendrait pas à l'économie du ministère de l'Esprit. Mais nous voyons le premier jour de la semaine occuper une place à part :

« Or pour ce qui est de la collecte qui se fait pour les saints, comme j’en ai ordonné aux assemblées de Galatie, ainsi faites, vous aussi. Que chaque premier jour de la semaine chacun de vous mette à part chez lui, accumulant selon qu’il aura prospéré, afin que, lorsque je serai arrivé, il ne se fasse pas alors de collectes. »    (1 Corinthiens 16 v.1-2)

« Le soir donc étant venu, ce jour-là, le premier de la semaine, et les portes [du lieu] où les disciples étaient, par crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux. Et il leur dit : Paix vous soit ! … Et huit jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux et dit : Paix vous soit ! »    (Jean 20 v.19 & 26)

« Je fus en Esprit, dans la journée dominicale [la journée du Seigneur (un dimanche)], et j’ouïs derrière moi une grande voix, comme d’une trompette, disant … » (Apocalypse 1 v.10)

Il est intéressant et instructif de remarquer la liaison qui existe entre la célébration de la cène et ce premier jour. La cène rappelle la mort du Seigneur qui eut lieu le vendredi. L'homme aurait pu croire que c'était là le jour convenable pour la commémoration de cette mort. Mais les pensées de Dieu ne sont pas celles de l'homme. Le vendredi était le jour de l'homme, du triomphe apparent de la puissance des ténèbres, qui avait fait disparaître du monde Celui qui en était la lumière. Le dimanche, le premier jour de la semaine, est le jour du Seigneur. Il rappelle sa puissance en résurrection. C'est le jour de son triomphe sur Satan et la mort ; le commencement du jour éternel. C'est le jour où, ressuscité, il se trouve pour la première fois au milieu des siens assemblés après le message confié à Marie de Magdala.

Ne convenait-il pas que ce soit en ce jour son souper, la cène du Seigneur, fût offert à ses bien-aimés ? Ils se rappellent ensemble de Christ qui a été mort, mais qui maintenant est vivant aux siècles des siècles, et qui, les ayant rachetés par sa mort, les a amenés avec lui sur le terrain d'une nouvelle création, de sa vie de résurrection.

La cène rappelle sa mort, le jour rappelle sa vie.

Le mot de la fin

Cher ami lecteur, si tu es un authentique chrétien, est-ce ainsi que tu romps le pain et bois la coupe ? Ces saintes réalités qui viennent d’être présentées sont-elles présentes à ton cœur ? As-tu pu bien comprendre, combien il est précieux au cœur du Seigneur Jésus que ceux pour qui il a donné sa vie se souviennent de Lui ?

Est-ce bien à la Table du Seigneur que tu vas et dans ce cas comment y vas-tu ? Est-ce bien dans une vraie séparation du monde ?

En tant qu’authentique chrétien, y venons-nous le premier jour de la semaine avec nos soucis, nos préoccupations, nos mesquines pensées, ou bien avec le cœur rempli de lui qui se trouve au milieu de nous, et que sa table rappelle à nos affections ? Venons-nous pour recevoir, ou bien avec une âme débordant d'actions de grâces ? Ah ! sans doute nous ne pouvons penser à Jésus, nous souvenir de lui, sans que notre cœur brûle au dedans de nous, et ainsi nous recevons de lui, car son cœur en s'épanchant se donne à nous. Mais c'est le nôtre aussi qui s'épanche en louanges, et ainsi il y a une sainte réciprocité, et Jésus tient à cet épanchement de nos âmes :

Culte béni d'un cœur qui t'aime,

Encens dont le ciel est rempli,

Gardé pour le moment suprême

De ton sacrifice accompli.

Puissions-nous, chaque premier jour de la semaine, quand nous sommes réunis pour rompre le pain, goûter ce que son amour a mis là pour nous, en attendant qu'il vienne et qu'autour de lui, l'Agneau immolé, nous disions : « Tu es digne » et « à lui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang… à lui la gloire. Amen ».