LES VÉRITÉS FONDAMENTALES DU SALUT
Edward Dennett
Chapitre 2 — L’état de l’homme devant Dieu
Chapitre 3 — Le sang de Christ nécessaire à la rémission des
péchés
Chapitre 4 — Il vous faut être nés de nouveau
Chapitre 5 — La paix avec Dieu — La justification
Chapitre 6 — «Que faut-il que je fasse pour être
sauvé ?»
Chapitre 9 — L’Esprit qui habite dans le croyant
Chapitre 10 — La position et la responsabilité
Chapitre 11 — La venue du Seigneur
Nous désirons par
ces quelques lignes répondre au besoin de ceux qui ont déjà été réveillés du
sommeil de la mort spirituelle, et dont le principal intérêt est de connaître
le moyen d’obtenir la paix avec Dieu. On peut caractériser l’état de leur âme
par l’anxiété. Les personnes dans cet état sont nombreuses, surtout dans un
temps comme celui-ci, où l’évangile de la grâce de Dieu est si largement proclamé.
Il ne s’agit pas seulement de ceux qui sont émus au point de s’écrier :
que faut-il faire pour être sauvé ? mais aussi de beaucoup d’autres qui,
sous un extérieur calme et tranquille, cachent une véritable détresse d’âme. La
profondeur et l’intensité de leurs sentiments varieront selon les individus et
les circonstances. Chez quelques personnes ce ne sera que de l’inquiétude, chez
d’autres on trouvera une réelle détresse d’esprit et de coeur ; tandis que
chez d’autres encore ce sera une angoisse positive de l’âme. Mais quelle que
soit la profondeur du sentiment, soit plus, soit moins, s’il y a la conviction
de l’éloignement de Dieu ou de la culpabilité devant Lui, s’il y a de la
douleur à cause du péché, et le plus faible désir de pardon et de réconciliation
avec Dieu, en d’autres termes s’il y a une humiliation devant Dieu en se
jugeant soi-même, c’est là cette anxiété spirituelle
dont nous parlons ; car un tel état de coeur ne peut être produit que
par l’Esprit de Dieu.
Le moyen employé
pour provoquer cet état d’âme est, d’une manière ou d’une autre, la parole de
Dieu. Cela n’est pas toujours apparent, car un cantique, une simple question de
la part d’un ami, le souvenir des prières d’un parent, l’appel d’un prédicateur
de l’évangile, peuvent avoir été employés comme flèche de conviction ;
mais, dans tous ces exemples, c’est réellement la parole de Dieu sous ces
formes diverses, que le Saint Esprit a employée pour éveiller l’âme
insouciante. Sa propre Parole est, comme nous le savons, l’arme unique dont
Dieu se sert pour atteindre ce but ; car il Lui a plu «par la folie de la
prédication, de sauver ceux qui croient» (1 Cor. 1:21) ; et c’est
pourquoi, dit l’apôtre «nous prêchons Christ crucifié, aux Juifs occasion de
chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et Juifs et Grecs,
Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu» (1 Cor. 1:23, 24).
Il y a plusieurs
exemples de ce fait dans les Actes des apôtres. Au jour de la Pentecôte, nous
voyons Pierre présenter, dans son discours, Christ crucifié, ressuscité et
exalté, et accuser ses auditeurs du péché d’avoir rejeté et crucifié Celui que
Dieu a ressuscité des morts. «Que toute la maison d’Israël donc sache
certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez
crucifié. Et ayant ouï ces choses, ils eurent le coeur saisi de componction, et
ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Que ferons-nous,
frères ?» L’apôtre Paul fut humilié aux pieds du Sauveur d’une manière
particulière et extraordinaire, mais ce fut aussi par la présentation de
Christ, quoique en révélation et non par la prédication de la Parole. Prenons
également l’exemple de Félix. Nous lisons que, comme l’apôtre discourait sur la
justice, sur la tempérance et sur le jugement à venir, Félix fut effrayé et bien
que, dans cet exemple, l’effet semble n’avoir été que momentané, cela nous
montre la puissance de la parole de Dieu sur l’âme. Le geôlier de Philippes
peut paraître au premier abord une exception à cette règle, mais sans aucun
doute les événements surnaturels de la nuit pendant laquelle Paul et Silas se
trouvaient sous sa garde ne furent que l’occasion de sa détresse d’âme, le
moyen de fixer sur son coeur et sa conscience le message évangélique qu’il
devait avoir entendu avant ce moment. Il en est bien souvent ainsi aujourd’hui.
Fréquemment un danger ou une maladie soudaine, en transportant les hommes
devant la perspective immédiate de la mort, rendent efficaces, par la puissance
de l’Esprit, les messages et les avertissements de l’évangile, jusqu’alors méprisés
ou négligés, remplissent les âmes de la crainte de la colère de Dieu à cause du
péché, et les amènent à implorer sa miséricorde.
Là donc où nous
voyons l’anxiété de l’âme, cette inquiétude dont nous avons parlé, nous pouvons
être sûrs qu’elle est l’oeuvre du Saint Esprit par le moyen de la parole de
Dieu. C’est à de telles personnes que nous désirons nous adresser.
Cher lecteur,
êtes-vous dans cette condition à l’égard du salut ? Avez-vous été
convaincu de péché, et le désir de votre âme est-il de connaître le chemin de
la paix avec Dieu ? S’il en est ainsi, gardez-vous de faire la sourde
oreille à la voix de l’Esprit de Dieu, de vous en moquer, ou de chercher à
étouffer les convictions qu’il a déjà produites. Et, nous vous en supplions,
gardez-vous aussi de différer. Dieu lutte en grâce avec vous. C’est pourquoi il
est particulièrement vrai pour vous que «c’est maintenant le temps
agréable ; voici, c’est maintenant le jour du salut» (2 Cor. 6:2).
Gardez-vous de guérir les plaies de votre âme avec d’autres remèdes que ceux de
l’évangile, de peur que vous ne soyez amené à dire : «Paix, paix ! et
il n’y avait point de paix» (Jér. 6:14). Votre situation est pleine d’espoir,
car Celui qui a éveillé vos besoins de salut vous envoie ce message :
«Soyez réconciliés avec Dieu» (2 Cor. 5:20), et Sa propre Parole dit que :
«Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (Jean 3:16).
Laissez-moi vous supplier devant Dieu, de lire avec soin et avec prière, les
pages suivantes, qui peuvent vous montrer la voie du salut telle qu’elle est
révélée dans les Écritures. Et que Dieu veuille Lui-même vous enseigner et vous
guider dans la paix qui est par la foi en Christ !
La première chose
que les âmes angoissées ont besoin d’apprendre, c’est leur place et leur
condition devant Dieu ; il leur faut comprendre comment Dieu Lui-même les
considère. Car, aussi longtemps qu’elles demeureront dans l’illusion et dans
l’ignorance à l’égard de leur propre condition, elles refuseront d’être sauvées
par la grâce de Dieu. Jusqu’à ce qu’elles admettent et reçoivent le témoignage
que Dieu rend d’elles-mêmes, elles ne recevront pas le témoignage qu’il rend au
sujet de son Fils. Car l’évangile est pour des
pécheurs, et, en
conséquence, doit être proclamé aux pécheurs seulement. Je désire très vivement
insister sur ce point auprès de tous ceux qui sont troublés dans leur âme, car
plusieurs sont tenus pendant des mois, et même des années dans le doute et dans
l’anxiété, parce que, sondant leurs propres coeurs, au lieu d’interroger la
parole de Dieu, pour reconnaître leur vraie condition, ils ne prennent jamais
devant Dieu la place qu’il leur assigne.
«Le coeur est
trompeur par-dessus tout» (Jérémie 17:9), mais la parole de Dieu est la vérité
(Jean 17:17), en sorte que c’est à elle seule que nous devons nous en
rapporter.
Quel est donc le témoignage de Dieu à votre
sujet ; au sujet de tous les hommes ? Attendez-vous à ce qu’il soit le plus mauvais
possible !... «Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par
le péché la mort, et... ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché» (Rom. 5:12). Et encore : «Il n’y a point de juste, non
pas même un seul ; il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a
personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont tous
ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y
en a pas même un seul !» (Rom. 3:10-13). Et encore : «Il n’y a pas de
différence, car tous ont péché et
n’atteignent pas à la gloire de Dieu» (v. 22, 23). «L’Écriture a renfermé
toutes choses sous le péché» (Gal. 3:22).
Tel est le
témoignage des Écritures, d’après lequel tous les hommes sont pécheurs devant
Dieu. Acceptez-vous ce témoignage comme
vrai à votre égard ?
Je ne demande pas
si vous l’admettez d’une manière générale, car bien des personnes en sont là,
qui chercheront par la comparaison avec les autres, soit à s’excuser elles-mêmes,
soit à tirer des conclusions à leur propre avantage. Le point important est
celui-ci : que Dieu place tous les hommes sur le même terrain devant Lui ; il déclare que tous sont
pécheurs. La question devant Lui n’est pas celle du degré de péché ou de culpabilité,
mais c’est qu’il n’y a pas de différence ; c’est que tous, quelle que soit
leur position, leur caractère ou leur réputation, tous sont pécheurs, pécheurs
sans excuse, sans une seule lueur d’espoir en eux-mêmes, puisque tous sont
renfermés sous la même condamnation. La mort s’est étendue sur tous les hommes,
parce que tous ont péché ; «car les gages du péché, c’est la mort» (Rom.
6:23).
Je vous le demande
encore : Acceptez-vous ce témoignage de Dieu comme véritable dans votre
cas particulier ? Vous humiliez-vous sous le jugement de vous-même devant
Dieu, en reconnaissant que vous êtes un pécheur, objet de sa juste sentence
contre le péché ?
S’il n’en est pas
encore ainsi, je vous supplie de vous arrêter un peu et de considérer combien
votre cause est désespérée ; car le Seigneur Jésus lui-même a dit :
«Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs» (Matt. 9:13). Il
n’y a donc pas de Christ, pas de Sauveur, sinon pour des pécheurs. En sorte
qu’aussi longtemps que vous hésitez ou que vous refusez de prendre la place
d’un pécheur perdu, vous êtes en dehors des limites de la grâce et de la
miséricorde de Dieu dans l’évangile.
Mais si vous
recevez le témoignage des Écritures à l’égard de votre propre état, nous
pouvons dès lors dire de Celui qui «a porté nos péchés en son corps sur le
bois» (1 Pierre 2:24) ; qui «a été blessé pour nos transgressions» et
«meurtri pour nos iniquités» (És. 53:5) ; de Celui que «Dieu a présenté
pour propitiatoire, par la foi en son sang» (Rom. 3:25) ; de Celui qui a
pris réellement la place du pécheur et qui a supporté le jugement du
pécheur : que quiconque croit en Lui ne périra pas, mais qu’il a la vie
éternelle (2 Cor. 5:21 ; Jean 3:16). Mais le témoignage de la vérité va
plus loin encore : non seulement vous êtes pécheurs, mais les Écritures
enseignent encore que tous ceux qui ne sont pas sauvés sont morts dans leurs
fautes et dans leurs péchés (Éph. 2:1). Le Seigneur Jésus dit aussi que le
croyant «est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24), montrant clairement que la
condition antérieure du croyant était la mort, la mort spirituelle. En
conséquence, le pécheur est à la fois sous la condamnation du péché et mort
dans ses péchés. Ce qui, assurément, ne signifie pas qu’il n’a aucune vie, car
il est évident qu’il a la vie physique. Mais ce qui est affirmé, c’est que par
le péché, le pécheur est séparé de Dieu, retranché de la source de la vie (car
Dieu est la source de la vie), et, par suite, qu’il est dans un état de mort
spirituelle, n’ayant pas la vie, ni la puissance de la vie, pour Dieu. Toute la
manière d’agir de Dieu envers les hommes, depuis Israël jusqu’à maintenant, est
la preuve de la vérité de sa Parole. Je vous demande donc encore :
recevez-vous ce second témoignage à votre égard ?
Bien-aimé lecteur,
vous ne connaîtrez jamais le dénuement de votre condition jusqu’à ce que vous
souscriviez vous-même à ce verdict. Les hommes disent : Tant qu’il y a de
la vie il y a de l’espoir. Combien souvent de telles paroles ont soutenu les
coeurs de ceux qui ont veillé au chevet d’un parent ou d’un ami malade ?
Espérant contre espérance, ils ont refusé de croire que la fin était proche, et
jusqu’à ce que la dernière pulsation soit arrivée avec le dernier soupir, ils
n’ont pas voulu se croire en présence de la mort. Il en est souvent ainsi des
pécheurs, de ceux même dont les âmes ont été déjà réveillées. Ils ne peuvent
douter qu’ils soient des pécheurs et sous la condamnation, mais ils ne peuvent
croire que leur état soit sans espoir, qu’ils n’aient en eux-mêmes aucune puissance
de vie, ni de relèvement, ni de restauration, et par suite ils ne reconnaissent
pas qu’ils sont entièrement ruinés, perdus «morts dans leurs fautes et dans
leurs péchés». De cette manière, ils s’excluent eux-mêmes de la bénédiction et
retournent, peut-être pour des années, dans les égarements et les combats,
parce qu’ils se confient en leurs propres coeurs plutôt qu’à Dieu (et celui qui
se confie en son propre coeur est un sot selon Prov. 28:26). Mais nous devons
résolument fermer les yeux à toutes choses, pour recevoir le témoignage des
Écritures ; car ce n’est pas ce que je pense, ou ce que je préfère, ou ce
que je ressens, ou ce que je crois, mais ce que Dieu déclare, qui détermine mon
état devant ses yeux. Il est le seul Juge ; et par conséquent s’il dit du
pécheur qu’il est mort dans ses fautes et dans ses péchés, le pécheur est
obligé de reconnaître que Dieu est vrai, et que tout homme est menteur (Rom.
3:4).
Acceptez-vous
maintenant que, n’ayant pas la vie, votre état est désespéré ? Souscrivez
au verdict de Dieu immédiatement ; car aussitôt que vous aurez pris la
place d’un pécheur, reconnaissant la vérité de Dieu à votre égard, et
confessant que vous êtes sous la juste condamnation du péché, aussitôt vous
entrerez dans une position de bénédiction, où Dieu, dans sa grâce infinie, peut
vous rencontrer, et où vous pouvez invoquer le Sauveur des pécheurs.
Humiliez-vous donc devant Dieu dès à présent, et recevez le don inexprimable de
son amour — son propre Fils — comme votre Sauveur, votre Rédempteur et votre
Seigneur.
En supposant
maintenant que les âmes travaillées dont nous parlons s’humilient devant le
jugement de Dieu à l’égard de leur état, leur premier intérêt sera de savoir par
quel moyen elles peuvent obtenir le pardon de leurs péchés. Le sang de Christ
est le seul moyen pour délivrer de la culpabilité du péché. «Sans effusion de sang il n’y a pas de
rémission» (Héb. 9:22). Ici est
montrée la nécessité de la mort de Christ ; la nécessité, de fait,
pour toute l’oeuvre de la rédemption. C’est pourquoi il est de toute importance
que cette vérité soit bien comprise.
Nous avons déjà
fait remarquer que la mort «a passé à tous les hommes, en ce que tous ont
péché» (Rom. 5:12). Adam a encouru le premier cette sentence à cause de sa
désobéissance à Dieu. Il avait été averti de ne pas manger de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal ; «car, au jour que tu en mangeras, tu
mourras certainement» (Gen. 2:16, 17). Adam méprisa le commandement divin et
tomba sous la terrible sentence de mort — pénalité que Dieu avait attachée à la
désobéissance. Ainsi «par un seul homme le péché est entré dans le monde, et
par le péché la mort, et... ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que
tous ont péché» (Rom. 5:12). Il n’y a donc pas de différence ; tous
pareillement sont pécheurs ; et c’est pourquoi chaque enfant de la race
d’Adam est assujetti à la pénalité du péché, c’est-à-dire à la mort. Oui, la
mort règne déjà (voyez Rom. 5:13-21) sur toute la famille humaine : chaque
individu (excepté ceux qui croient au Seigneur Jésus Christ) étant sous la
juste sentence de mort à cause du péché. «Mais Dieu constate son amour à lui
envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort
pour nous» (Rom. 5:8). Il «a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie
éternelle» (Jean 3:16). Étant riche en miséricorde, il a envoyé son propre Fils
pour mourir, «le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu» (1
Pierre 3:18). Et comme, lorsque Abraham était sur le point de sacrifier son
fils, Dieu fournit un agneau pour être offert à sa place, en sorte qu’Isaac put
être délivré et subsister (Gen. 22), de même aussi Dieu a donné un agneau pour
être sacrifié en lieu et place du pécheur, «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde» (Jean 1:29). C’est là le secret de la mort de Christ. Il est mort
comme le substitut du pécheur, dont il a supporté la condamnation, et expié la
culpabilité.
La merveilleuse
efficacité du sang de Christ, en présence du besoin des pécheurs, ressort du
caractère de sa personne et de la nature de sa mort. Son sang est le symbole de
sa mort, du sacrifice de sa vie ; car la vie est dans le sang (voyez
Lévitique 17:10-14) ; en sorte que son sang purifie du péché, à cause de
la valeur de sa mort aux yeux de Dieu à la place et en faveur du pécheur. Dieu
a daigné nous enseigner ceci par des types et figures, en même temps que par un
enseignement direct.
Considérons les
Israélites au pays d’Égypte dans la nuit de la Pâque. Dieu était sur le point
d’exécuter le jugement contre le pays d’Égypte, mais du moment que la justice
avait son cours, Israël se trouvait sous le coup du jugement, autant que les
Égyptiens. Comment alors épargner les premiers pendant que les derniers
seraient frappés ? «Je passerai par le pays d’Égypte cette nuit-là, et je
frapperai tout premier-né dans le pays d’Égypte, depuis l’homme jusqu’aux
bêtes, et j’exercerai des jugements sur tous les dieux de l’Égypte. Je suis
l’Éternel. Et le sang vous sera pour
signe sur les maisons où vous serez ; et je verrai le sang, et je passerai
par-dessus vous, et il n’y
aura point de plaie à destruction au milieu de vous, quand je frapperai le pays
d’Égypte» (Ex. 12:12, 13 ; aussi v. 21-23). La seule différence, cette
nuit-là (remarquez-le bien), entre Israël et l’Égypte était le sang. Il ne s’agissait pas de ce qu’était Israël comparé aux Égyptiens,
mais le sang arrêtait la main de l’ange exterminateur — le sang à
l’extérieur de leurs maisons ; car l’Éternel avait dit : quand je
verrai le sang, je passerai par-dessus vous. En type, le sang de l’agneau — car
l’agneau avait été mis à mort — les purifiait de la culpabilité, de telle manière
que Dieu pouvait avec justice épargner Israël, tandis qu’avec justice aussi il
détruisait les premiers-nés d’Égypte.
Le grand jour des
propitiations, dont nous avons le récit au chapitre 16 du Lévitique, nous
fournit le même enseignement, car Aaron devait faire aspersion du sang du
bélier et du bouc des sacrifices pour le péché sur le propitiatoire et devant
le propitiatoire, où Dieu demeurait entre les chérubins ; «car, en ce
jour-là, il sera fait propitiation pour vous, afin de vous purifier : et
vous serez purs de tous vos péchés devant l’Éternel» (Lév. 16:30). Toutes ces
choses n’étaient que des ombres de l’efficacité du sang de Christ. Ainsi nous
lisons : «Notre pâque, Christ, a été sacrifiée» (1 Cor. 5:7), et encore :
«Non avec le sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang», il est
entré une fois pour toutes dans les lieux saints, «ayant obtenu une rédemption
éternelle. Car si le sang de boucs et de taureaux — et la cendre d’une génisse
avec laquelle on fait aspersion sur ceux qui sont souillés — sanctifie pour la
pureté de la chair, combien plus le sang
du Christ, qui, par
l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre
conscience des oeuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant !»
(Héb. 9:12-14). Nous apprenons ainsi que «le sang de Jésus Christ son Fils nous
purifie de tout péché» (1 Jean 1:7).
Nous pouvons donc
maintenant faire ressortir distinctement, ce que l’Écriture enseigne du sang de
Christ en rapport avec le péché :
1.
C’est
le seul moyen de purifier les coupables. C’est Dieu qui a établi et fourni ce
moyen ; par conséquent, tout autre moyen est exclu. «Quand tu te laverais
avec du nitre, et que tu emploierais beaucoup de potasse, ton iniquité reste
marquée devant moi, dit le Seigneur, l’Éternel» (Jérémie 2:22). «Si je me lave
avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté, alors tu me
plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur» (Job 9:30, 31).
Le sang de Christ seul peut rendre le pécheur plus blanc que la neige.
2.
C’est
le sang qui seul, en lui-même et par lui-même, possède cette efficacité. On ne
peut rien y ajouter. Ce n’est pas le sang et quelque chose avec. Ajoutez-y quoi que
ce soit, l’expérience, les prières ou la pénitence (toutes choses qui
ont leur importance à leur propre place), et vous enlèverez son pouvoir de
purifier.
3.
C’est
Dieu qui a fourni le sang. C’est Lui qui a livré son Fils à la mort. Cette
provision pour les besoins du pécheur est entièrement l’effet de la grâce de
Dieu et, par conséquent, tout à fait en dehors du pécheur lui-même. Dieu, dans
sa miséricorde infinie et parce qu’il aimait le monde, s’est pourvu d’un Agneau
pour le sacrifice ; et maintenant le précieux sang de l’Agneau est au
profit de tous ceux qui croient (Jean 3:16). Il n’y a aucune limite quelconque
dans son application, si ce n’est l’incrédulité du pécheur. Il est préparé pour
tous, et chacun peut devenir par la foi l’objet de son précieux pouvoir de
purification.
Cher lecteur, vous
avez reconnu votre besoin de purification, et voici, Dieu a préparé ce qui peut
seul satisfaire à ce besoin. Vous demandez : comment obtiendrai-je
l’application de ce sang à moi-même ? C’est
seulement et absolument par l’obéissance de foi. Reportons-nous à la nuit
de la pâque (Ex. 12). Ce n’était pas assez que l’agneau fût égorgé, et que le
sang fût dans le bassin ; mais l’Israélite avait reçu l’ordre d’asperger
le sang pour lui-même sur le linteau et les deux poteaux de sa porte. Avec le
bouquet d’hysope à la main, signe de son humiliation sous le juste jugement de
Dieu, il arrosait de sang le linteau et les poteaux, confessant qu’il méritait
lui-même la mort, et montrant sa foi dans le sang, comme moyen d’éloigner le
destructeur et d’être garanti du jugement du juste Juge. Or maintenant l’Agneau
a été offert et immolé, son sang a été versé. Mais le fait de ce sang versé ne
vous assure pas de votre salut. La question est : Êtes-vous sous le couvert de ce sang ? Vous demandez
encore : comment cela aura-t-il lieu ? C’est en vous humiliant comme
l’Israélite devant le jugement que Dieu a prononcé contre le péché ; c’est
en prenant la place d’un pécheur et en regardant au sang de Christ pour vous
garantir de la juste sentence et de la juste punition du péché. Dès lors le
sang de Christ est sur vous selon toute sa valeur ; il est entre le
jugement et vous, pour vous abriter entièrement et pour toujours des
conséquences du péché, ce sang ayant rencontré et satisfait toutes les
exigences de la sainteté de Dieu contre vous : car Dieu a présenté Christ
comme propitiatoire par la foi en son sang (Rom. 3:25). Il ne vous reste, par
conséquent, absolument rien à faire, pas même le soin de rassembler l’hysope et
d’asperger avec le sang. Vous avez à croire simplement la parole de Dieu, à
considérez avec foi le sang déjà répandu, seul moyen de protection contre la
mort et le jugement, et Dieu vous verra dès lors recouvert de toute son
efficacité et de toute sa valeur, purifié de la souillure du péché et plus
blanc que la neige. Ne tardez donc pas à chercher la protection du précieux
sang de Christ. À minuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés au pays
d’Égypte ; de même, soudain et sans avertissement, le jugement surprendra
ceux qui rejettent Christ, car quand ils diront : Paix et sûreté, alors
une subite destruction viendra sur eux... et ils n’échapperont point (1 Thess.
5:3). Aujourd’hui donc, écoutez l’appel de l’amour de Dieu, qui vous invite à fuir
la colère à venir et à contempler l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde
(Jean 1:29).
Lorsque Nicodème
vint auprès du Seigneur pour chercher de l’instruction, il reçut immédiatement
cette réponse solennelle : «En vérité, en vérité, je te dis : Si
quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3).
Méditons un instant cette divine et pénétrante parole ; car quel que soit
l’état d’une âme ou la profession de foi, s’il n’y a pas eu ce grand
changement, «la nouvelle naissance», il n’y a pas encore la vie et pas de
salut.
D’abord, à qui le
Seigneur adressa-t-il ces paroles ? À Nicodème, un des principaux
d’Israël, sur l’état duquel le rapprochement des second et troisième chapitres,
nous donne la vraie lumière. Nous lisons : «Et comme il était à Jérusalem,
à la Pâque, pendant la fête, plusieurs
crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus lui-même ne se fiait pas
à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que
quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait
ce qui était dans l’homme. Mais (c’est ainsi qu’il faudrait lire) il y avait un
homme d’entre les pharisiens, dont le nom était Nicodème, qui était un chef des
Juifs» (Jean 2:23-25 ; 3:1, etc.). Ainsi donc un certain nombre de Juifs
crurent en Jésus en contemplant ses miracles, et Nicodème était de ce nombre.
Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il savait ce qui était dans
l’homme et leur foi n’était en réalité qu’une conviction naturelle de la vérité des droits de Jésus, produite par l’évidence
des miracles, une croyance intellectuelle au nom de Christ, sans humiliation de
coeur devant Dieu. Aussi, quand Nicodème vint à Jésus de nuit, sans doute en
quête de quelque chose de plus et exprimant cette foi : Maître, nous
savons que «tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces
miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui», Jésus lui répondit en
établissant d’abord la nécessité d’être né de nouveau. C’était comme s’il avait
dit : «Vous pouvez croire en moi comme en un divin docteur et cependant
être perdus. Il vous faut être nés de nouveau avant d’être capables d’entrer
dans le royaume de Dieu».
Nous recevons ainsi
une exhortation des plus solennelles en même temps qu’un avertissement
nécessaire. Cette exhortation est : Prenez garde d’être satisfaits d’une
profession de foi en Christ. L’avertissement est : N’oubliez jamais que
tout est inutile si vous n’êtes pas nés de nouveau. Vous pouvez être très
sérieux, très religieux, un modèle de zèle, en haute réputation de sainteté de
conduite, ou d’oeuvres utiles et, néanmoins, votre âme peut être perdue, car si
vous n’êtes pas nés de nouveau vous ne pouvez même voir le royaume de Dieu.
La réponse à cette
question nous conduit à l’une des parties les plus importantes de notre sujet.
Nous avons déjà montré que tous les hommes sont pécheurs mais ce n’est pas
seulement le fait d’être pécheurs, c’est encore d’avoir une nature mauvaise,
corrompue et dépravée, et cette nature irrémédiablement corrompue est l’arbre
qui produit tous les mauvais fruits du péché. Les actes de péché manifestent le
caractère de cette nature, et cette nature est entièrement impropre pour la
présence de Dieu. C’est ici la portée des paroles de notre Seigneur dans ce
chapitre : «Ce qui est né de la chair est chair» (v. 6). Tout ce que nous
sommes comme hommes naturels, comme enfants d’Adam, est chair et, dans cette
chair, il n’habite aucun bien (Rom. 7:18).
Comprenons-nous que
tous les hommes, sans exception, sont ainsi totalement corrompus et
désespérément mauvais ? Oui, tel est le verdict de Dieu sur la nature
humaine. Ce qui est né de la chair est chair.
Mais est-il
possible que les nobles exemples rapportés par l’histoire, ou bien toutes les
aimables, généreuses et bienfaisantes actions que nous rencontrons dans notre
vie journalière, soient l’oeuvre de ceux dont la nature est si complètement
dépravée ? Certainement il doit y avoir une différence, des degrés dans
notre condition naturelle, car comment est-il possible de classer ensemble de
telles actions et des péchés grossiers et flagrants ?
Il n’est pas
question du caractère extérieur des actions des hommes, si elles provoquent les
applaudissements ou le blâme de la part de leurs semblables ; car aussi
longtemps qu’elles procèdent d’hommes qui ne sont pas nés de nouveau, elles ne
valent rien aux yeux de Dieu. Car il n’y a pas «d’arbre mauvais qui produise de
bon fruit... Car on ne récolte pas des figues sur des épines, ni ne cueille du
raisin sur un buisson» (Luc 6:43, 44). La parole de Dieu est tout à fait
explicite sur ce sujet. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car
elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas. Et ceux
qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu» (Rom. 8:7, 8). Ainsi, comme
l’a dit Luther, ce n’est pas une question de faire, mais une
question d’être ; non pas une question du caractère des actions,
mais de leur nature, et Dieu déclare que cette nature est chair, et la chair ne
peut être rien que mal à ses yeux. Il est écrit : «La chair et le sang ne
peuvent pas hériter du royaume de Dieu, et la corruption non plus n’hérite pas
de l’incorruptibilité» (1 Cor. 15:50).
C’est de là que
ressort la nécessité d’être nés de nouveau. Ce qui est né de la chair est
chair : «Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être
nés de nouveau» (Jean 3:7). Cette nécessité est universelle dans son
application. Elle concerne l’enfant soumis et obéissant, aussi bien que le fils
prodigue, l’actif et zélé philanthrope aussi bien que le condamné dans sa
prison. Car la chair est chair et ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Il
faut donc avoir une nouvelle nature et une nouvelle vie, et si ces choses ne se
trouvent pas, quelle que soit la réputation morale d’un homme, il sera pour
toujours exclu du royaume de Dieu.
C’est là en substance
la question de Nicodème : «Comment un homme peut-il naître quand il est
vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et
naître ?» (Jean 3:4). Or, au lieu de répondre à la question de possibilité
proposée par Nicodème, le Seigneur fait ressortir la manière dont un homme est
né de nouveau : «En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est
né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu» (v. 5).
Une grande
difficulté a été soulevée par les efforts qui ont été tentés de toute part pour
tordre le sens de ce symbole. Les ritualistes de bien des nuances ont essayé
avec persistance d’appuyer sur ce passage leur faux enseignement de la
régénération baptismale. Mais si nous nous bornons aux Écritures, nous trouverons
que la difficulté disparaît. D’abord, il est évident que Nicodème aurait dû
être en mesure de saisir le sens des paroles du Seigneur, car quand il
réplique : «Comment ces choses peuvent-elles se faire ?» Jésus répond
et lui dit : «Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces
choses ?» (Jean 3:9, 10). Et si nous nous reportons à l’un des prophètes
(dont les écrits auraient dû être connus de Nicodème en sa qualité de docteur
d’Israël), nous y trouvons une anticipation claire de cet enseignement du
Seigneur. Parlant de la restauration future d’Israël, le prophète Ézéchiel
dit : «Je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je
vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous
donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit
nouveau ; et j’ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous
donnerai un coeur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous,
et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances
et les pratiquiez (Ézéch. 36:25-27). Ici nous avons ce même rapprochement de
l’eau et de l’Esprit, et un changement radical suit leur application, impliqué
dans cette expression : «Un nouveau coeur». De plus, l’eau est citée dans
ce passage dans le sens le plus familier aux Israélites, en rapport avec la
purification.
En regard de cette
citation, nous demandons quelle est la signification de l’eau ? Le Psaume
119 nous offre cette question : «Comment un jeune homme rendra-t-il pure
sa voie ?» (v. 9). C’est, répond-il, «en y prenant garde selon ta parole».
Nous lisons aussi dans le Nouveau Testament : «Par le lavage d’eau par la
Parole» (Éph. 5:26), et encore : «Vous êtes déjà nets, à cause de la
parole que je vous ai dite» (Jean 15:3. Lisez aussi Jean 13:5-11). L’eau est
donc un symbole bien connu de la parole de Dieu. D’autre part, nous trouvons la
Parole constamment associée avec la nouvelle naissance dans d’autres passages.
«De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité» (Jacq.
1:18). «Vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une
semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu : parce
que toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de
l’herbe : l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du
Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée»
(1 Pierre 1:23, 25). L’apôtre Paul, faisant allusion au même sujet, dit aux
Corinthiens : «Moi je vous ai engendrés dans le christ Jésus par
l’évangile» (1 Cor. 4:15). Ainsi la parole de Dieu prêchée dans l’évangile est
le premier moyen de la nouvelle naissance, que le Seigneur présente ici sous le
type de l’eau.
«C’est l’Esprit qui
vivifie» (Jean 6:63). «La lettre tue, mais l’Esprit vivifie» (2 Cor. 3:6).
L’Esprit agissant avec et par la parole de Dieu vivifie les âmes mortes, et
elles sont nées de nouveau. La Parole ne peut faire cela sans l’intervention du
Saint Esprit, mais l’Esprit de Dieu se sert de la Parole comme instrument, pour
amener les âmes de la mort à la vie, produisant en elles, à la fois, une
nouvelle nature et une vie nouvelle. Les Écritures nous fournissent plusieurs
illustrations de ce fait. Prenons la plus frappante de toutes — le jour de la
Pentecôte. Les meurtriers du Seigneur Jésus étant rassemblés autour de Pierre
et des autres apôtres, Pierre leur annonce la parole de Dieu et leur dit :
«Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et
Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» (Actes 2:36). Au
commencement du chapitre, dans le récit de la descente du Saint Esprit, il est
dit des apôtres «qu’ils furent tous remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à
parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer». Pierre
parlait donc par la puissance du Saint Esprit et le même Esprit, revêtant la
parole de Dieu d’une grande puissance, une multitude de personnes furent nées
de nouveau ; le changement produit en elles fut constaté par le fait
qu’ils «eurent le ceeur saisi de componction et ils dirent à Pierre et aux
autres apôtres : Que ferons-nous ?» (v. 37). Il en est de même
aujourd’hui, quand des hommes sont nés de nouveau. C’est toujours par l’Esprit
de Dieu, par le moyen de la Parole. Il n’y a pas d’autre moyen.
Nous pouvons,
maintenant, en présence de l’enseignement du Seigneur, définir plus exactement
le sens de ces paroles. Dans l’évangile de Jean, ch. 3, v. 9, Nicodème
demande : «Comment ces choses peuvent-elles se faire ?» En premier
lieu, le Seigneur lui reproche avec douceur son ignorance (v. 10) et son
incrédulité (v. 11, 12), et ensuite il lui donne une réponse complète à la
question qu’il lui avait adressée. Celle-ci comprend trois parties, qui
révèlent ensemble tout le mystère que l’esprit de Nicodème ne pouvait
comprendre.
La personne du Fils de l’homme
Ceci est le
fondement de tout dans la parole de Dieu, dans l’évangile, par lequel sous
l’action de l’Esprit de Dieu les âmes sont amenées à la vie nouvelle. «Personne
n’est monté au ciel, sinon Celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme
qui est dans le ciel» (v. 13). Nous avons ici le grand mystère de l’incarnation
du Fils de Dieu. Il était dans le ciel, mais il «est descendu du ciel». Il
naquit d’une femme et devint le Fils de l’homme sur la terre, et toutefois
pendant qu’il parle à Nicodème il peut dire de Lui-même «qui est dans le ciel».
C’est le Dieu-Homme, vrai homme, et vrai Dieu, qui est ici révélé dans la personne
du Fils de l’homme. C’est cette merveilleuse dignité de la personne de Christ,
qui donne une vertu infinie à son oeuvre ; de là la nécessité de garder
avec un soin jaloux la vraie doctrine de la personne de notre Seigneur, et de
rejeter tout enseignement capable de déprécier soit sa nature humaine, soit sa
nature divine. Tout ce qui est hostile à la personne de Christ, s’oppose à sa
croix et à son sacrifice expiatoire. La personne de Christ est le fondement de
l’évangile de la grâce de Dieu et lui donne son caractère. «Car c’est le Dieu qui a dit que du sein des
ténèbres la lumière resplendît, qui a
relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu
dans la face de Christ» (2 Cor.
4:6).
C’est ici que nous
trouvons le second des divins «il faut». «Il vous faut», dit le Seigneur, «être
nés de nouveau». Et maintenant il dit : «Comme Moïse éleva le serpent dans
le désert, ainsi il faut que le Fils de
l’homme soit élevé, afin
que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle»
(Jean 3:14, 15). Mais pourquoi fallait-il que le Fils de l’homme fût élevé et
crucifié ? C’était une nécessité morale, car «sans effusion de sang il n’y
a pas de rémission» (Héb. 9:22). Parce que, prenant la place du pécheur, il
devait être «blessé pour nos transgressions» et «meurtri pour nos iniquités»
(És. 53:5) ; parce que, par le fait que nous étions sous le jugement et la
condamnation du péché, il fallait qu’il mourût à notre place : car il a lui-même
«porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2:24). C’était, en un
mot, en tant que substitut du pécheur, qu’il lui fallait être élevé, «afin que
quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (Jean
3:15). Il devient ainsi la source de la vie ; de plus, en résurrection il
est la vie de chaque croyant (Col. 3:3, 4) ; car c’est dans la nouvelle
naissance que cette vie est communiquée par la puissance de l’Esprit vivifiant.
Mais, par le caractère de sa mort, comme substitut du pécheur sur la croix, il
est la vie de ceux qui croient ; car c’est dans la mort qu’il a expié nos
péchés, et fait la propitiation, et par ce moyen, il a enlevé toute barrière
entre un Dieu de grâce et des pécheurs perdus. Dès lors il peut dire :
«Celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra» (Jean 11:25).
C’est ainsi une vie
sortant de la mort, une vie dans un Sauveur crucifié et ressuscité, parce que
«par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort» (Héb.
2:14), car «à moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure
seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit» (Jean 12:24).
La foi est le lien entre le pécheur et
Christ
La foi est le lien
entre le pécheur et Christ, tout comme l’attouchement était le lien entre ceux
qui étaient guéris et Christ, dans les jours de sa vie ici-bas. En sorte que
«quiconque croit en lui» ne périt pas, mais a la vie éternelle (Jean 3:15, 16).
Ceci sera compris tout de suite, si l’on considère le parallèle que le Seigneur
place ici devant Nicodème. Il compare sa propre «élévation», à celle du serpent
élevé par Moïse au désert (Nomb. 21:6-9).
Des serpents mordaient les enfants d’Israël et les faisaient
mourir ; ce fut au serpent qu’ils furent invités à regarder afin de vivre.
Le péché a été la cause de notre mort. «Par un seul homme le péché est entré
dans le monde, et par le péché la mort, etc.» (Rom. 5:12). De même, c’est à Celui qui a été fait péché pour nous (2 Cor.
5:21), que nous sommes appelés à croire pour avoir la vie.
C’est donc ici le
point capital à saisir, savoir le rapport qui existe entre le fait de regarder
au serpent et la foi. Nous lisons : «Et Moïse fit un serpent d’airain, et
le mit sur une perche ; et il arrivait que,
lorsqu’un serpent avait mordu un homme, et qu’il regardait le serpent d’airain,
il vivait» (Nomb. 21:9).
Remarquez d’abord, que c’était l’Israélite mordu qui regardait, et secondement,
qu’il regardait par obéissance de foi, croyant la parole de Dieu. Il en est
exactement ainsi de Christ élevé. Quiconque prend la position d’un pécheur,
reconnaissant qu’il est «mordu», perdu sans ressource par le péché, s’il
regarde à Christ dans l’obéissance de la foi, ne périra pas, mais il a la vie
éternelle. Nous voyons ainsi, comme dans la Pâque, qu’il n’y a pour le pécheur
absolument aucune oeuvre à faire. Il a simplement à croire le témoignage que
Dieu a donné de son Fils, savoir, que Dieu a réglé le compte du péché dans la
mort de Christ et que dès lors il proclame la vie pour tous ceux qui croient.
Dès que le pécheur a la foi dans le Seigneur Jésus Christ, il est né de
nouveau ; il a la vie éternelle.
L’évangile est
prêché, cette parole de Dieu qui dit à une race coupable, que «Dieu a tant aimé
le monde, qu’il a donné son Fils unique (livré à la mort), afin que quiconque
croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (Jean 3:16). Le
Saint Esprit revêt le message de Dieu de grâce et de puissance. Il pénètre dans
les coeurs des pécheurs ; ils croient, ils sont vivifiés, ils naissent de
nouveau, ils ont la vie éternelle (Jean 3:16).
Cher lecteur,
êtes-vous né de nouveau ? Avec cette parole pénétrante devant les yeux,
vous pouvez sans difficulté répondre à cette question. Si vous l’êtes, votre
âme entière éclatera en actions de grâces à Dieu pour le don de son Fils
unique ! Si vous ne l’êtes pas, laissez-moi vous avertir encore une fois
qu’il n’est pas question de ce que vous pouvez être bon fils ou bonne fille,
mari dévoué ou épouse affectionnée, bon père ou tendre mère. Si vous n’êtes né
de nouveau, vous êtes en dehors du royaume de Dieu, ruiné, perdu sans espoir.
Serez-vous satisfait d’une telle condition ? Que fût-il advenu si les
Israélites mordus avaient refusé de regarder au serpent d’airain, disant :
«Nous pouvons peut-être nous guérir» ? Ils seraient morts dans leur
angoisse et leur péché. De même, si vous refusez de croire à Christ, de croire
en Lui, il n’y a pas d’autre remède ; et au lieu d’avoir la vie éternelle,
vous périrez pour toujours. Mais si vous vous soumettez à cette nécessité
d’être né de nouveau, reconnaissant votre véritable condition devant Dieu, et
regardant à Christ avec une foi simple, vous passerez immédiatement de la mort
à la vie.
«Ayant donc été
justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
seigneur Jésus Christ» (Rom. 5:1). C’est ici la conclusion à laquelle l’apôtre
arrive, après avoir constaté les conditions en vertu desquelles Dieu peut
rencontrer le pécheur en grâce et justifier quiconque croit en Jésus. Le
principe que renferme cette conclusion est si important et si nécessaire à
comprendre, que nous nous proposons de le considérer en détail, afin de montrer
aux âmes angoissées comment Dieu a posé soigneusement le fondement de la paix,
entièrement en dehors d’elles-mêmes, en sorte qu’elles puissent reconnaître que
le Rocher sur lequel cette paix est fondée, c’est Christ seul et son oeuvre.
La justification
est par la foi ; c’est-à-dire sur le principe de la foi, en contraste avec
le principe des oeuvres. Le souvenir de ce fait nous épargnerait bien des
confusions, et c’est sur ce contraste que l’apôtre établit toute son
argumentation. Ainsi, après avoir dépeint l’état des nations et des Juifs, et
avoir prouvé que les uns et les autres sont convaincus de péché, il dit :
«C’est pourquoi nulle chair ne sera justifiée» devant Dieu par des oeuvres de
loi (Rom. 3:20). Et encore : «Nous concluons que l’homme est justifié par
la foi, sans oeuvres de loi» (v. 28). De même, après avoir cité
l’exemple de la justification d’Abraham : «Abraham crut Dieu, et cela lui
fut compté à justice», il nous dit : «À celui qui ne fait pas des oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie
l’impie, sa foi lui est comptée à justice» (Rom. 4:3, 5). Nous avons, par
conséquent, le contraste le plus complet entre la loi et l’évangile. La loi disait :
«Celui qui aura fait ces choses vivra
par elles» (Gal. 3:12) mais l’évangile proclame que Dieu justifie quiconque
croit en Jésus (Rom. 3:26). Ce n’est donc plus une question d’oeuvres ou de
quelque chose à faire de la part de l’homme, car Dieu a démontré la ruine
complète et définitive de l’homme, dans toutes les positions où il avait été
placé. Le gentil sans loi et le Juif sous la loi sont convaincus comme
pécheurs, «afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit
coupable devant Dieu» (Rom. 3:19). À cause de cela, l’homme est entièrement
exclu de la possibilité de faire quoi que ce soit pour se restaurer, ou se
sauver lui-même. Il est déjà sous la condamnation, perdu ; par conséquent,
les oeuvres ou actions de quelque genre que ce soit sont entièrement sans
profit. Et s’il doit maintenant être sauvé, ce ne peut être que sur le principe
de la foi ; «car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne
vient pas de vous, c’est le don de Dieu» (Éph. 2:8). Il n’a jamais, par ses plus
grands efforts, obtenu aucune justice devant Dieu ; c’est pourquoi il ne
peut éviter la justice de Dieu, telle qu’elle est révélée dans l’évangile, par
la foi pour la foi (Rom. 1:17).
Il est très
important de bien comprendre ce sujet ; car c’est à cela précisément que
les Juifs se sont heurtés dès le commencement. Ainsi, nous lisons au chapitre
10, que «ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre
justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. Car Christ est la fin
de la loi pour justice à tout croyant» (Rom. 10:3, 4). Jusqu’à ce que les âmes
aient compris qu’elles ne peuvent pas «établir leur propre justice», que leurs
justices sont «comme un vêtement souillé» devant Dieu (És. 64:6), elles
n’accepteront jamais cette vérité, qu’elles ne peuvent être justifiées
autrement que sur le principe de la foi et que le moyen pour être sauvées,
c’est la grâce de Dieu envers nous dans le Seigneur Jésus. Mais une fois cela
compris, le résultat est immense ; car nos yeux sont immédiatement détachés
de nous-mêmes et dirigés vers Celui qui est le seul Sauveur. Nous abandonnons
nos propres ressources, pour nous soumettre à la justice de Dieu qui est sur le
principe de la foi.
Nous pouvons
maintenant rechercher quel est l’objet proposé à la foi en vue de la
justification. Ceci est clairement défini en Romains 4. L’apôtre, comme nous
l’avons vu, rapporte qu’Abraham crut Dieu et que cela lui fut imputé pour
justice ; et, de plus, il met devant nos yeux les circonstances et le
caractère de sa foi, faisant surtout remarquer qu’elle était antérieure à la
circoncision et que la loi n’a rien eu à faire avec la promesse qu’il a reçue
(v. 9-16). Ensuite il ajoute : «Or ce n’est pas pour lui seul qu’il a été écrit
que cela lui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous
qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur,
lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre
justification» (v. 23-25). L’objet proposé à la foi d’Abraham était Dieu
lui-même, dans la promesse qu’il serait «héritier du monde» (v. 13), et contre
espérance il «crut avec espérance, pour devenir père de plusieurs nations,
selon ce qui a été dit : Ainsi sera ta semence. Et n’étant pas faible dans
la foi, il n’eut pas égard à son propre corps déjà amorti, âgé qu’il était
d’environ cent ans, ni à l’état de mort du sein de Sara ; et il ne forma
point de doute sur la promesse de Dieu par incrédulité, mais il fut fortifié
dans la foi, donnant gloire à Dieu, et étant pleinement persuadé que ce qu’il a
promis, il est puissant aussi pour l’accomplir. C’est pourquoi aussi cela lui a
été compté à justice» (v. 18-22).
L’objet de sa foi
était ainsi un Dieu de promesse ; mais l’objet proposé à notre foi est un
Dieu d’accomplissement. Car la justice nous sera imputée, si nous «croyons en
celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur» (v. 24).
C’est pourquoi Dieu est présenté au pécheur, dans l’évangile, comme Celui qui
est intervenu en grâce, procurant la rédemption en Christ et proclamant que
Christ a été livré pour nos offenses et ressuscité pour notre
justification : c’est-à-dire un Dieu Sauveur, un Dieu qui n’exige
maintenant du pécheur que la foi en Lui-même ; ne réclamant rien de
l’homme, parce qu’il a envoyé son Fils unique pour prendre toutes nos
responsabilités sur Lui, pour satisfaire, par sa mort, à toutes les exigences
qu’un Dieu saint avait contre nous, et régler pour toujours la question du
péché. Ainsi glorifié, Dieu peut maintenant, sur le fondement d’une oeuvre de
rédemption accomplie, recevoir avec justice et justifier tous ceux qui croient.
Dieu a pourvu de cette manière, en grâce, par les ressources d’amour de son
propre coeur, à tous les besoins du pécheur, par le précieux sang de Christ,
pour le purifier de sa culpabilité, et par une justice divine dans laquelle il
peut subsister en Sa propre présence ; il a fourni, de fait, tout ce qui
manquait au pécheur, pour l’amener, de son éloignement dans la condamnation et
dans la mort, jusqu’à Dieu lui-même. Dans l’évangile de la grâce, il est donc
présenté comme Celui qui donne et non comme Celui qui exige, puis comme objet
de foi quant à son témoignage au sujet de ce qu’il a fait pour nous dans son
Fils et par Lui.
Au troisième
chapitre, le sang de Christ est présenté comme l’objet de la foi. «Étant
justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le christ
Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang» (Rom.
3:24, 25). La portée de ce passage est différente : le monde entier est
reconnu coupable devant Dieu (v. 19). La question, ici, est : comment
satisfaire aux exigences de Dieu comme Juge ? la réponse se trouve dans le
sang de Christ, donné par la grâce de Dieu, en sorte que le plus coupable peut
venir et être justifié par la foi dans le sang de Christ (v. 24-26). Mais, dans
le passage que nous avons examiné, Dieu se manifeste, ainsi que nous l’avons
dit plus haut (Rom. 4:18-22), comme un Dieu Sauveur, satisfait de l’oeuvre de
Christ, dont la mort a fait l’expiation du péché ; il se présente ainsi,
Lui-même, comme le Dieu de grâce dans la rédemption et comme l’objet de la foi
du pécheur. Combien cela est simple et béni ! Qu’est-ce que Dieu demande
des pécheurs ? Seulement qu’ils le croient, et qu’ils reçoivent son
témoignage touchant ce qui a été accompli en leur faveur par la mort de son
Fils. En même temps il leur présente, pour confirmer son témoignage, le fait de
la résurrection du Seigneur Jésus d’entre les morts. C’est comme si Dieu nous
disait : «Si vous avez besoin d’une preuve que Christ a été livré pour vos
offenses, et qu’il les a expiées par sa mort, et que tous mes droits contre
vous ont été complètement satisfaits, contemplez sa résurrection. Je l’ai
ressuscité d’entre les morts et fait asseoir à ma droite dans la gloire, pour
constater devant tous qu’il a achevé l’oeuvre de l’expiation et que je l’ai
acceptée».
Quiconque croit en
Lui est justifié, c’est-à-dire que nous sommes par la foi estimés justes devant
Dieu, justes en Christ ; car Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu «l’a
fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Cor.
5:21). Ceci dépasse de beaucoup la purification de la culpabilité, ou le pardon
des péchés, parce que nous avons dans la justification une justice positive qui
nous rend propres pour la présence de Dieu. Le sang de Christ, comme nous
l’avons vu, en est la cause méritoire, d’une valeur si infinie en notre faveur,
que, glorifié ainsi dans l’expiation de nos péchés, Dieu peut avec justice, à
cause de la justice de son Fils, nous recevoir, nous pardonner, nous justifier
et nous amener dans la place où est Christ lui-même. Comme l’exprime ailleurs
l’apôtre : «Or vous êtes de lui dans le christ Jésus, qui nous a été fait
sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption» (1
Cor. 1:30).
Nous sommes si
complètement identifiés avec Christ devant Dieu, que sa place est notre place,
son acceptation notre acceptation, car nous sommes en Lui, c’est pourquoi
l’apôtre Jean peut écrire : «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi,
dans ce monde» (1 Jean 4:17). Ceci suffira pour montrer le caractère complet de
notre justification, et pour aider des âmes angoissées à comprendre que c’est
Dieu Lui-même qui justifie le croyant. Car s’il nous justifie, s’il est si
complètement satisfait de ce qui a été fait pour nous, qu’il nous absout de
toute oeuvre et nous fait asseoir en Christ devant Lui-même, qui peut nous
condamner ? (Rom. 8:33, 34). Qui peut nous accuser, ou qui peut diminuer
d’un point ou d’un trait la perfection de notre acceptation ? Dieu a
parlé ; il a déclaré que nous sommes «justifiés par la foi», et sa parole
demeure éternellement.
«Ayant donc été
justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
seigneur Jésus Christ». Ces paroles : «Nous avons la paix», ne signifient
pas nécessairement que nous en jouissons ; car certainement, un grand
nombre de ceux qui sont justifiés devant Dieu ne connaissent que très peu cette
paix. Le fait est que la paix nous est donnée ; qu’elle est faite entre
nos âmes et Dieu, que toute question entre Lui et nous est si parfaitement
réglée, qu’il n’a plus rien contre nous et, par conséquent, la paix est notre
privilège.
Mais si c’est une
chose faite et qui nous est acquise, qu’est-ce qui empêche tant d’âmes de jouir
de la possession de cette paix ? C’est uniquement l’incrédulité ;
elles regardent au-dedans d’elles, à leur propre état, au lieu de regarder
au-dehors à ce que Dieu a fait pour elles. Nous ne pouvons nous réjouir de
cette paix que lorsque nous savons qu’elle nous appartient. Et nous ne pouvons
savoir cela qu’en croyant la parole de Dieu. Mais si nous croyons, nous sommes
justifiés, nous avons la paix, quels que puissent être nos sentiments ou notre
expérience. Et de même aussi nous conserverons la jouissance de la paix par une
confiance simple dans la parole de Dieu. Il est de la première importance de
savoir qu’elle est à nous ; si les âmes sont ballottées de côté et d’autre
par les doutes et les craintes, c’est qu’elles hésitent à croire à la plénitude
de la grâce de Dieu. Elles sont par ce fait faibles et sans appui et deviennent
la proie facile du tentateur ; tandis que si elles se reposaient avec
confiance sur la parole certaine de Dieu qu’elles ont la paix, qui a été faite par
l’oeuvre de Christ et faite pour elles, elles pourraient chanter au milieu de
l’orage et présenter un front assuré devant toute difficulté. Elles ne seraient
pas troublées par les perfides suggestions de Satan, sachant que la paix repose
sur la croix de Christ, qu’elle est à la fois certaine et ferme, inaliénable et
immuable ; un fondement sur lequel elles peuvent bâtir et demeurer en
sûreté pour toujours. Car la paix de celui qui est justifié est le résultat
d’une rédemption accomplie, fondée sur la croix, et dont la preuve est dans la
résurrection de Christ.
Quelques-uns seront
encouragés dans leur confiance, si nous leur rappelons que Dieu est juste, en même temps qu’il est Celui qui justifie ceux qui sont de la foi de
Jésus (Rom. 3:26), c’est-à-dire qu’il est juste à l’égard des droits
auxquels a satisfait l’oeuvre de Christ, ou plutôt Christ dans son oeuvre.
C’est donc ce que Christ a acquis pour nous ; et c’est pour cela qu’il est
notre paix (Éph. 2:14).
Il ne faut jamais
oublier que cette paix n’existe pas en dehors de Christ, mais en Lui et par son
moyen ; et en conséquence que c’est une paix juste, une paix que Dieu nous
confère et nous accorde avec justice par le Seigneur Jésus Christ.
Ayant démontré
quelle est la provision de Dieu pour le besoin des âmes, nous pouvons
maintenant examiner le sujet, au point de vue de l’homme. Dès le moment qu’un
homme est convaincu de péché, la question s’élève dans son coeur sous une forme
ou sous une autre : «Que faut-il que je fasse ?» Il en
fut ainsi au jour de la Pentecôte, quand les Juifs furent saisis dans leur
coeur par la puissance du Saint Esprit, ensuite de la prédication de Pierre.
«Hommes frères», dirent-ils, «que ferons-nous ?» Le geôlier demanda à Paul
et à Silas : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé ?» (Actes
16:30). Deux fois le Seigneur lui-même fut interrogé. «Que ferai-je afin que
j’hérite de la vie éternelle ?» (Marc 10:17 et Luc 10:25). La question que
Paul ou plutôt Saul adresse au Seigneur : «Que dois-je faire,
Seigneur ?» (Actes 22:10) est différente, et il n’est pas nécessaire de
l’examiner ici. Le propre de ces questions est que le «Je» occupe la place
principale, ou plutôt peut-être l’idée de faire quelque chose. «Que faut-il que
je fasse ?» C’est là un signe indubitable que les questionneurs n’ont pas
encore appris ce que Dieu est, ni leur vraie place devant Lui. C’est à ce point
de vue qu’il importe surtout d’examiner la question, parce qu’elle marque pour
beaucoup d’âmes une époque caractéristique de leur carrière. Il y a très peu de
personnes, en vérité, qui n’aient pas posé la même question à quelque époque de
leur travail d’âme. Nous nous proposons donc d’examiner quelques-uns des
exemples que nous avons cités, pour nous rendre compte de la réponse que nous
fournit la parole de Dieu.
Prenons
premièrement le cas du jeune homme de Marc 10:17 ; Matthieu 19:16 ;
Luc 18:18. Nous lisons que lorsque Jésus «sortait sur la route, un homme
accourut, et, se jetant à genoux devant lui, il lui demanda : Bon Maître,
que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? Et Jésus lui
dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon, sinon un seul,
Dieu. Tu sais les commandements : Ne commets point adultère ; ne tue
point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne
fais tort à personne ; honore ton père et ta mère. Et répondant, il lui
dit : Maître, j’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse». Matthieu
rapporte que le jeune homme ajouta : «Que me manque-t-il encore ?»
«Et Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : Une chose te
manque : va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres, et tu auras un
trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix. Et lui, affligé de cette parole, s’en alla
tout triste, car il avait de grands biens» (Marc 10:17-22). Cet exemple est d’autant plus frappant et
instructif, que ce jeune homme était si irréprochable et d’une conduite si
exceptionnelle. Il était à la fois sincère et intègre, un de ceux qui pouvaient
dire comme Paul, que pour ce qui était de la justice par la loi, il était sans
reproche (Phil. 3:6), car à l’énumération que le Seigneur lui fait des
commandements, il répond : «J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse»,
et il ajoute : «Que me manque-t-il encore ?» (voyez Matt. 19:20). Ce
jeune homme n’est-il pas le portrait de beaucoup de personnes de nos jours,
jeunes gens et autres, dont toute la vie morale, dans son apparence extérieure
du moins, ne laisse rien à désirer ? Doux, aimables et affectueux,
attentifs à leurs devoirs de fils ou de filles, droits et honorables dans
toutes les circonstances de la vie, et diligents aussi dans l’observance de
tout ce qui est appelé devoirs religieux, ils gagnent l’estime de tout leur
entourage, amis et connaissances. Que leur manque-t-il encore ? La réponse
du Seigneur au jeune homme est aussi la réponse à notre question. Que renferme-t-elle
donc ? D’abord que l’homme ne peut
rien apporter à Dieu, et par
conséquent qu’il ne peut rien faire pour
hériter de la vie éternelle. Comme Paul, il doit apprendre que sa justice est
comme un linge souillé, pour estimer que les choses qui lui étaient un gain
comme homme naturel lui sont une perte à l’égard de Christ, et que rien de ce
qu’il est, ou de ce qu’il a fait, ne lui donne de mérite devant Dieu ; ce
qu’il a de meilleur même doit être mis de côté comme indigne et souillé.
En outre, le Seigneur
entend qu’il faut que l’homme abandonne volontairement tout ce qu’il a —
soi-même, sa propre justice et tout le reste — à cause de l’excellence de la
connaissance de Jésus Christ. C’est pourquoi le Seigneur dit au jeune homme de
vendre tout ce qu’il a et de le donner aux pauvres, et «viens, suis-moi, ayant
chargé la croix».
Telle est la
première réponse à la question : Que faut-il que je fasse pour hériter de
la vie éternelle ? Il faut prendre la place de gens dénués, sans ressource
— soi-même, le monde et toutes choses étant sans valeur — aux pieds de Jésus.
Et n’oublions pas le solennel avertissement de tout ce récit, c’est que la
supériorité du caractère et les avantages de la position, etc., doivent être
classés parmi les plus grands obstacles pour venir à Christ, parce qu’ils
déguisent et voilent souvent la réelle condition de l’âme devant Dieu.
L’exemple du
docteur de la loi (Luc 10). Celui-ci est à plusieurs points de vue complètement
différent de celui que nous venons de considérer ; car le docteur de la
loi vient pour éprouver Christ, et occupe ainsi une place morale au-dessous du
précédent. C’est pourquoi le Seigneur donne ici une leçon beaucoup plus
profonde sur la véritable condition de l’homme. «Et voici, un docteur de la loi
se leva pour l’éprouver, et dit : Maître, que faut-il que j’aie fait pour
hériter de la vie éternelle ? Et il lui dit : Qu’est-il écrit dans la
loi ? Comment lis-tu ? Et répondant, il dit : «Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de
toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même». Et il lui dit : Tu
as bien répondu ; fais cela, et tu vivras. Mais lui, voulant se justifier
lui-même, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? etc.» Alors suit la
parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37). Ici le Seigneur prend, sur son
propre terrain, le docteur de la loi qui vient pour l’éprouver, c’est-à-dire
sur le terrain de la loi, et ainsi il accepte son témoignage des exigences de
la loi, ajoutant les paroles prononcées après sa promulgation : «Fais
cela, et tu vivras», lesquelles choses si l’homme les accomplit, il vivra par
elles (Lév. 18:5). Mais il emploie la loi, selon son but divin, comme le type
des exigences de Dieu à l’égard de l’homme dans la chair, et comme telle
apportant la connaissance du péché (Rom. 3:20). Car ses paroles : «Tu as
bien répondu ; fais cela, et tu vivras» (v. 28), amènent le docteur de la
loi à la conviction de péché. Aussi lisons-nous : «Lui, voulant se
justifier lui-même, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?» Le
Seigneur l’avait sondé avec cette parole qui «est vivante et opérante, et plus
pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division
de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne
les pensées et les intentions du coeur» (Héb. 4:12). Mais au lieu de
s’humilier, il cherche à en esquiver l’application, en insinuant même
l’impossibilité d’accomplir le commandement divin. Il cherche à se justifier,
comme s’il était possible à un homme d’être justifié devant Dieu, en alléguant
que puisqu’il ne peut définir le commandement divin, on ne peut s’attendre à ce
qu’il l’accomplisse. Mais le Seigneur a fait entrer dans son âme la
connaissance du péché, et maintenant, pour lui enseigner aussi qui est son prochain, il propose
la parabole de l’homme tombé entre les mains des voleurs, et comment il a été
secouru par un Samaritain.
Quelles sont les
leçons qu’on peut tirer de cette réponse à la question : «Que faut-il que
j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ?» Ce n’est pas seulement que
l’homme ne peut rien faire, mais qu’il
est convaincu comme pécheur devant Dieu ; en sorte que nous avons dans cette parabole le tableau de la
condition de l’homme. Elle est ainsi décrite : «Un homme descendit de
Jérusalem à Jéricho, et tomba entre les mains des voleurs, qui aussi, l’ayant
dépouillé et l’ayant couvert de blessures, s’en allèrent, le laissant à demi
mort» (v. 30). Le lieu même où le voyageur est assailli est significatif. Il descendait
de Jérusalem, la cité de Dieu, à Jéricho, la ville maudite (Josué 6:26),
peinture frappante du voyage du pécheur vers la perdition. Il tombe entre les
mains des voleurs qui le dépouillent, le blessent et s’en vont, le laissant à
demi mort ; et ainsi, le voilà gisant sans aide et sans espoir, et sur le
point de mourir. Qui ne verra dans ce tableau la condition de l’homme
pécheur ? Et quelle folie ne serait-ce pas à celui qui se trouve dans un
tel état de demander : Que faut-il que j’aie
fait pour hériter de la vie éternelle ? La question est plutôt :
Qu’y a-t-il à faire pour le
sauver ? Et c’est ce que le Seigneur veut enseigner au docteur de la loi —
la folie d’un pécheur qui demande ce qu’il peut faire, tandis que, s’il est
sauvé, ce doit être par la grâce et par l’intervention d’un autre. Cette
dernière vérité est dépeinte dans le Samaritain. Mais auparavant un
sacrificateur et un lévite passent par là et abandonnent le malheureux homme à
son sort, montrant l’impuissance de la loi à sauver l’âme. Alors le Samaritain
se présente, «et, le voyant, il fut ému de compassion, et s’approcha et banda
ses plaies, y versant de l’huile et du vin ; et l’ayant mis sur sa propre
bête, il le mena dans l’hôtellerie et eut soin de lui. Et le lendemain, s’en allant,
il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, et lui dit : Prends soin
de lui ; et ce que tu dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le
rendrai» (v. 33-35). Qui est donc le Samaritain ? Certainement, nul autre
que Christ — Christ, dans la compassion de son amour, cherchant et sauvant ceux
qui étaient perdus. Car il est ému de pitié par la misère de l’homme pauvre et
abandonné, il bande ses plaies, il le conduit dans un lieu sûr, le soigne,
l’entretient, et pourvoit à tous ses besoins jusqu’à son retour. De toute cette
scène nous apprenons donc : 1° que l’homme est pécheur ; 2° en tant
que pécheur, qu’il est à la fois perdu et sans aide ; 3° par conséquent
qu’il ne peut rien faire ; et 4° que, s’il doit être sauvé, ce sera
seulement par Christ, et par ce que Christ a fait.
Ceci nous amène à
examiner l’exemple du geôlier (Actes I6). Nous prenons celui-ci plutôt que
celui des Juifs au jour de la Pentecôte, parce que la question qu’il pose est
plus positive. Paul et Silas avaient été mis en prison à Philippes, à
l’instigation d’une foule irritée ; et sur le minuit, lisons-nous, les
apôtres priaient et chantaient les louanges de Dieu, lorsque «tout d’un coup il
se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison
furent ébranlés ; et incontinent toutes les portes s’ouvrirent, et les
liens de tous furent détachés» (Actes 16:25, 26). Le gardien de la prison fut
terrifié et, dans l’agitation du moment, croyant que les prisonniers s’étaient
enfuis, il se serait tué sans l’intervention de Paul. «Et ayant demandé de la
lumière, le geôlier s’élança dans la prison, et tout tremblant il se jeta aux
pieds de Paul et de Silas. Et les ayant menés dehors, il dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour
être sauvé ? Et ils
dirent : Crois au seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison» (v.
27-31).
Pourquoi Paul et
Silas répondent-ils autrement au geôlier, que le Seigneur ne l’avait fait dans
les deux cas précédents ? La réponse, dans chaque exemple, est appropriée
à la condition morale du questionneur. Paul et Silas peuvent porter immédiatement les yeux du geôlier sur Christ, parce
qu’il est venu dans la condition morale représentée par l’homme mourant de la
parabole précédente. En
sorte que, si quelques-uns de mes lecteurs ont la même question à poser, ils ne
peuvent en recevoir la réponse avant d’avoir pris la même position. Nous avons
déjà insisté sur cette vérité dans le deuxième chapitre, mais nous devons
encore l’accentuer ici. Car jusqu’à ce que la leçon ait été acceptée, le chemin
du salut ne peut être connu. Cher lecteur, avez-vous appris, non seulement que
vous ne pouvez rien apporter à Dieu, que même les choses qui pourraient vous
être avantageuses auprès des hommes sont sans valeur devant Lui, mais encore
que vous êtes pécheur et, comme tel, perdu et ruiné ; que, partant, vous
ne pouvez rien faire pour votre salut et que, si vous devez être sauvé, ce sera
par l’oeuvre de grâce d’un autre ? S’il en est ainsi, nous pouvons dès
maintenant développer devant vous la vérité bénie contenue dans ces
paroles : «Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé» (v. 31).
Donc, pour être
sauvé, pour avoir la vie éternelle, il vous faut croire au Seigneur Jésus
Christ. Ce n’est pas une question de faire, mais de croire. Maintenant,
ce n’est pas ce que le pécheur peut faire, mais ce que Christ a fait, car il a
pris sur lui ce que j’avais mérité, tandis que je reçois le fruit de ce qu’il a fait. Dorénavant ce sera : «Crois au Seigneur Jésus, et tu
seras sauvé». Il n’y a pas d’autre chemin ; c’est pourquoi le salut est
toujours attaché à la foi. Prenons quelques exemples : «Ta foi t’a sauvée,
va-t’en en paix» (Luc 7:50). «Lève-toi, et t’en va ; ta foi t’a guéri»
(Luc 17:19). «Qui croit au Fils a la vie éternelle» (Jean 3:36). «Celui qui
entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne
vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean
5:24). «En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi, a la
vie éternelle» (Jean 6:47). «Tous les prophètes lui rendent témoignage, que,
par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés» (Actes
10:43). «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix
avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ» (Rom. 5:1, etc.).
Eh bien ! cher
lecteur, croyez-vous au Seigneur Jésus Christ ? Nous avons montré la
position que le pécheur doit occuper premièrement ; qu’il doit recevoir le
témoignage que Dieu porte à son sujet — coupable, abandonné et perdu. Si vous
acceptez la parole de Dieu touchant votre état et votre condition, nous pouvons
vous indiquer l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, car Celui qui nous
déclare ce que nous sommes à ses yeux, par notre nature et notre conduite, est
aussi Celui qui a pourvu à notre rédemption en Christ : «Dieu a tant aimé
le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne
périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (Jean 3:16). Détournez vos regards
de vous-même pour les porter sur Christ, acceptez le témoignage de Dieu
concernant Christ, et dans cette contemplation vous passerez de la mort à la
vie. «La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur, c’est-à-dire
la parole de la foi, laquelle nous prêchons, savoir que, si tu confesses de ta
bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton coeur que Dieu l’a
ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car du coeur on croit à justice,
et de la bouche on fait confession à salut» (Rom. 10:8-10).
Dès que l’âme est
réveillée, convaincue de péché et dirigée vers Christ, les difficultés
apparaissent souvent de tous côtés, comme des obstacles insurmontables à la
bénédiction désormais si ardemment désirée. Amplifiées par l’incrédulité
inhérente à nos coeurs, et renouvelées continuellement par l’activité de Satan,
elles paraissent insolubles. Aussi serons-nous peut-être utile à quelques-uns,
en exposant et développant les formes qu’elles revêtent le plus fréquemment. En
même temps, nous rappellerons que le seul capable de résoudre efficacement les
difficultés est le Seigneur lui-même ; et qu’elles ne cesseront
d’oppresser l’esprit que si on les expose simplement devant le trône de la
grâce.
Combien souvent de
telles paroles sont prononcées par le pécheur convaincu, quand il entend parler
de la plénitude de la grâce de Dieu dans le Christ Jésus. «Oui, dit-il, Christ
est capable de sauver et Dieu, je n’en doute pas, désire faire grâce. Mais je
suis trop coupable. J’ai péché contre
la lumière et la connaissance ; d’autres peuvent venir pour être
sauvés ; mais pour moi il n’y a pas d’espoir !» Deux ou trois
remarques montreront le fond de cette objection. Premièrement, c’est un doute
sur l’efficace du précieux sang de Christ ; car s’il n’est pas capable de
vous purifier, c’est qu’il ne peut pas purifier de tout péché. En outre,
cela indique qu’on se défie de la sincérité de Dieu, quand il invite les
pécheurs par la prédication de son évangile, qui dit : Quiconque croit en
Christ ne périra pas, mais il a la vie éternelle (Jean 3:16). «Que celui qui
veut prenne gratuitement de l’eau de la vie» (Apoc. 22:17). Or si vous dites
que vous n’êtes pas du nombre de ces «quiconque», qu’est-ce, sinon mettre en
doute la vérité de Dieu ? Le Seigneur lui-même dit encore : «Je ne
suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs» (Matt. 9:13). Ce n’est pas
quelques pécheurs, mais tous les pécheurs. Ainsi, être un pécheur, c’est
être qualifié pour venir à Christ ; et plus vous êtes convaincu de votre
état de péché, plus aussi il vous faut être convaincu qu’il n’y a rien dans
votre cas qui puisse vous exclure de la miséricorde de Dieu.
La racine d’une
telle objection n’est-elle peut-être pas votre propre justice ? car, en
réalité, c’est dire que vous n’êtes pas assez digne. Comme quelqu’un l’a dit : «Lorsque Dieu parle, si je
refuse de le croire, à cause de ma propre appréciation, je le fais menteur»
(voyez 1 Jean 5:10). Quand Dieu proclame son amour, si je refuse d’y croire,
parce que je ne me trouve pas assez digne, je démontre seulement l’orgueil
enraciné dans mon coeur ; car l’amour de Dieu se manifeste spontanément,
sans rien demander en retour. Il n’est pas éveillé par mes mérites, mais par ma
misère. Il n’est pas question non plus de ce que je mérite, mais de ce que
Christ mérite. Christ a pris la place du pécheur sur la croix, afin que le
pécheur puisse partager sa place dans la gloire. Christ a reçu ce que méritait
le pécheur, afin que le pécheur puisse recevoir ce que Christ mérite. En sorte
que le moi est tout à fait mis de
côté.
D’ailleurs,
ajoutons que le Seigneur a répondu par anticipation à votre objection pendant
qu’il était sur la terre, en recevant plusieurs des plus abjects et des plus
dégradés. La femme de mauvaise vie (Luc 7:37-39) et le brigand sur la croix
(Luc 23:40-43), sont des monuments éternels de sa bonne volonté à recevoir les
plus coupables. Combattez maintenant de telles pensées par les exemples simples
et les déclarations claires de la parole de Dieu, et n’acceptez jamais, même
pour un moment, aucune suggestion qui tende à voiler la bienveillance du Sauveur
pour recevoir, ou son pouvoir pour sauver «tous» et «quiconque» vient se
repentir à ses pieds.
Cela est bien vrai,
et c’est un reproche que même les croyants ont à se faire, et qu’ils se feront
jusqu’à la fin de leur vie sur la terre. Ce sera donc aussi le cas de toute âme
angoissée, et si ce sentiment est moins profond, c’est la preuve de la dureté
produite dans le ceeur par le péché. Mais cela démontre en même temps un plus
grand et plus urgent besoin de Christ, car cette absence de sentiment de péché
prouve la séparation de Dieu et la nécessité de la réconciliation par le sang
de Christ. Cela ne veut pas dire qu’un sentiment profond soit une meilleure
condition pour venir à Christ, comme si nous devions nous purifier nous-mêmes
premièrement d’une certaine partie de notre méchanceté. Non, l’évangile ne
réclame des hommes aucune part de sentiment ; il ne demande pas de
préparation du coeur, mais il proclame un salut actuel pour tous ceux qui
croient.
«Mais ne dois-je
pas premièrement me repentir ?» Laissez-moi vous demander :
Qu’entend-on pas repentance ? C’est simplement prendre la place d’une
personne jugée, la place d’un pécheur devant Dieu, acceptant l’appréciation de
Dieu sur mes péchés. Toute la confusion à cet égard provient de la fausse idée
que la repentance signifie : «Etre affligé à cause du péché, et prendre la
résolution de l’abandonner» ; et c’est pourquoi beaucoup de personnes
s’arrêtent d’abord à chercher ou à produire en elles-mêmes cet état d’âme. Mais
la seule question que vous ayez à résoudre est : Etes-vous un pécheur, et
acceptez-vous le jugement de Dieu sur vous comme pécheur ? Si vous le
faites, il n’y a rien du côté de Dieu qui s’interpose entre vous et le Sauveur
des pécheurs. Voici le grand message de l’évangile : «Crois au Seigneur
Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison» (Actes 16:31).
Et pourquoi ?
Si Dieu répète dans sa Parole plusieurs fois : «Quiconque croit» sera sauvé (Jean 3:15, 16:36 ; Actes 10:43,
etc.), n’est-il pas évident que vous êtes de ce nombre, aussi évident que si
votre nom y était écrit ? Un évangéliste le disait récemment : «Si
vous voyiez cet avis au-dessus d’une porte : Quiconque veut, peut entrer,
vous comprendriez immédiatement que vous avez le droit d’entrer ;
et si quelqu’un vous contestait ce droit, prétendant que l’avis n’est pas assez
clair, vous diriez qu’il est hors de sens».
Quand donc nous
lisons dans l’Écriture : «Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau
de la vie» (Apoc. 22:17), n’est-ce pas une incrédulité obstinée, que d’exprimer
un doute au sujet de l’invitation qui nous est adressée ? Le récit
suivant, qui est récent, nous fournit un exemple de ce genre :
Un homme, réveillé
par la conscience de ses péchés, était angoissé par cette difficulté. Malgré
tous les passages de l’Écriture qui lui étaient présentés, il restait toujours
inquiet. Rentré chez lui, il passa une grande partie de la nuit seul avec Dieu.
Enfin, il prit un morceau de papier, et écrivit : «Dis-leur : Je suis
vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si je prends plaisir en la mort du méchant»
(Ézéch. 33:11) ; à quoi il ajouta : «Je suis un de ces méchants» ;
et au-dessous : «Le Seigneur, l’Éternel, ne prend point plaisir en ma
mort». Il eut dès lors devant les yeux la preuve qu’il se trouvait dans les
limites de la miséricorde divine.
Tout pécheur peut
arriver à la même conclusion. Que celui qui est troublé par le doute à ce
sujet, prenne, par exemple Jean 3:16, et écrive ce passage en se l’appliquant à
lui-même, et il reconnaîtra de la manière la plus claire, qu’il est du nombre
de ceux auxquels Dieu adresse ce mot «quiconque». Il n’y a en vérité d’autre
limite à la grâce de Dieu dans l’évangile, que l’incrédulité de notre méchant
coeur.
De tous les doutes,
celui-ci est le plus inutile, mais Satan l’entretient bien activement. Les
choses cachées appartiennent à Dieu, et aucune investigation ni raisonnement ne
peut les sonder. Rappelons-nous que le pécheur n’a absolument rien à faire dans
le conseil de Dieu. L’élection s’applique aux saints, et aux saints seuls. La
réponse à faire à la difficulté, si on la ressent sincèrement, c’est
ceci : suis-je pécheur ? Si vous pouvez y répondre nettement, alors
l’invitation évangélique, comme nous l’avons précédemment démontré, s’adresse à
vous, car l’état de pécheur est le seul qui nous permette de venir à
Christ.
Examinons un peu
cette objection. Qu’est-ce donc que vous ne pouvez croire ? Ne pouvez-vous
croire que vous êtes pécheur ? Dieu vous en rend témoignage dans sa
Parole ; et s’il faut que cette vérité vous soit confirmée, l’expérience
d’un seul jour devrait vous suffire. Non, vous ne doutez pas que vous ne soyez
un pécheur. Ne pouvez-vous donc croire le témoignage de Dieu à l’égard de son
Fils ? Quel est ce témoignage ? C’est qu’il «a été livré pour nos
fautes et a été ressuscité pour notre justification» (Rom. 4:25) ; qu’il a
souffert «une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous
amenât à Dieu» (1 Pierre 3:18) ; que Celui qui n’a pas connu le péché,
Dieu «l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en
lui» (2 Cor. 5:21). Le croyez-vous ? Vous répondrez : «Certainement
je crois cela !» Eh bien ! voyez, ce qui en résulte : vous
croyez d’un côté que vous êtes un pécheur ; et de l’autre, que Christ est
mort pour les pécheurs ; pourquoi dire maintenant que «vous ne pouvez pas
croire» ? Laissez-moi vous poser encore une question : Croyez-vous
que Dieu soit satisfait de l’oeuvre que Christ a achevée par sa mort ?
Pour répondre à cette question, souvenez-vous de deux choses : d’abord, la
résurrection de Christ et son exaltation à la droite de Dieu prouvent que Dieu
est satisfait, qu’il a entièrement accepté la propitiation faite sur la croix.
En second lieu, le fait que c’est Dieu lui-même qui fait publier l’évangile de
grâce, démontre que sa justice est apaisée. C’est fondé sur la croix que ce
message vous est adressé : «Soyez réconciliés avec Dieu !» (2 Cor.
5:20). Croyez-vous maintenant que
Dieu soit satisfait ? Vous ne pouvez pas en douter. Que reste-t-il
donc ? C’est vous-même qui n’êtes
pas satisfait. C’est bien
là que gît la difficulté.
Si quelqu’un «ne
peut pas croire», c’est donc bien plutôt qu’il ne veut pas croire, qu’il refuse de s’humilier comme pécheur devant le
jugement de Dieu ; car dès que nous avons vraiment pris notre place de
pécheurs, l’offre du salut devient pour nous une joyeuse nouvelle. Supposons,
par exemple, qu’une famille tombe dans le besoin, qu’elle soit près de mourir
de faim, et que quelqu’un lui apporte des vivres, en les lui offrant
gratuitement — que penseriez-vous d’une réponse comme celle-ci : «Nous ne
pouvons pas croire que ce soit pour nous» ? Il en est de même lorsqu’un
pécheur, sous la condamnation, fait aux invitations de l’évangile, cette
réponse : Je ne puis pas croire, cela n’est pas pour moi. Or,
souvenez-vous que c’est Dieu qui parle. N’est-il pas digne de foi ? Si un
ami vous faisait part d’une nouvelle et que vous lui répondiez : «Je ne
puis vous croire», ne serait-ce pas une injure ? Continuerez-vous donc à
mettre en doute la vérité et la sincérité de Dieu ?
C’est là le langage
de plusieurs. Ils pensent, ils affirment même, qu’ils croient en Christ, mais
ils ne jouissent pas de la paix !
Comment peut-on
obtenir l’assurance du salut ? Beaucoup de personnes s’attendent à
ressentir une joie soudaine, ou comptent sur quelque sentiment particulier pour
jouir de cette assurance. Une jeune personne vint un jour me visiter,
disant : «Je sais maintenant que je suis sauvée, car je suis si heureuse»,
à quoi je répondis : «Et si vous n’êtes pas heureuse demain,
direz-vous : Je sais maintenant que je ne suis pas sauvée, parce que je
suis si misérable» ? Elle comprit tout de suite qu’elle bâtissait sur un
mauvais fondement. Comment donc avoir la certitude du salut ? C’est :
par la foi — la foi dans cette parole
de Dieu, lorsqu’il dit : «Quiconque croit» en Christ ne périra pas, mais
il a la vie éternelle (Jean 3:16).
J’ai le droit, si je crois, et que ma confiance repose sur sa parole, de
dire que je suis sauvé ; et je reçois la paix, comme conséquence de ma foi
dans le témoignage de Dieu.
Tel est l’ordre
divin. Premièrement, la foi au Seigneur Jésus Christ ; en second lieu, la
connaissance, ou, comme on peut aussi l’appeler, l’assurance du salut,
conséquence de ma foi dans la parole de Dieu ; et enfin, la paix, comme
résultat de l’assurance de mon salut. Prenons un exemple. Supposons que je
doive 1000 francs, et que je n’aie rien pour payer ; je me trouve dans
l’embarras et l’anxiété. Mais qu’un ami me dise : «Ne t’inquiète pas de
cette dette, je l’ai réglée», si je crois sa parole, je suis immédiatement
délivré de mon angoisse, sinon, je ne suis pas délivré du tout. Il en est de
même de l’assurance du salut. Si je crois en Jésus, j’apprends que toutes les
exigences de Dieu à mon égard ont été satisfaites, et de cette manière, en me
confiant à sa parole, j’ai la paix, mais non autrement. Il est de la plus
grande importance de saisir cette vérité ; car plusieurs, supposant que l’assurance du salut dépend du sentiment
intérieur, restent bien longtemps dans un état d’inquiétude et de malaise. Mais
lorsque nous avons reconnu que notre confiance est fondée sur l’immuable vérité
de Dieu, nous ne doutons pas un instant du salut, en dépit des variations de
nos expériences intérieures. Nous perdons trop souvent de vue le fait (comme
nous l’avons déjà relevé plus haut) que le fondement de notre paix est
entièrement en dehors de nous-mêmes, et qu’elle repose sur l’oeuvre que Christ
a achevée pour nous.
Voici la déclaration de Dieu : «Ayant donc été justifiés sur le
principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
Seigneur Jésus Christ» (Rom. 5:1). Il faut remarquer que nous n’avons parlé que
du fondement de l’assurance. Quand on a la paix, on a, on doit avoir, des
expériences heureuses ; car Dieu envoie, pour habiter dans les coeurs des
rachetés, son Esprit qui rend témoignage avec leur esprit qu’ils sont les
enfants de Dieu. Mais les expériences heureuses suivent la connaissance du
salut et ne peuvent la précéder.
Comme bien des âmes
angoissées sont retenues dans la crainte d’avoir commis ce péché, et se croient
ainsi exclues de la miséricorde de l’évangile, nous désirons en préciser le
caractère. Voici les termes dans lesquels le Seigneur parle de ce péché :
«Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème
contre l’Esprit ne sera pas pardonné aux hommes. Et quiconque aura parlé contre
le fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque aura parlé
contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans celui
qui est à venir» (Matt. 12:31, 32 ; voir aussi Marc 3:28-30).
Ce péché est donc
le «blasphème», ou «parler contre» l’Esprit Saint. Le Seigneur venait de faire
un miracle. Nous lisons : «Alors il lui fut amené un démoniaque aveugle et
muet, et il le guérit ; de sorte que l’homme aveugle et muet parlait et
voyait» (Matt. 12:22). Les foules, qui voyaient le miracle furent profondément
émues de cette preuve du pouvoir et de la miséricorde de Dieu, manifestée en
Jésus, ce qui leur fit dire : «Celui-ci serait-il le fils de David ?»
Mais les ennemis de Christ — les pharisiens — en prennent occasion pour montrer
leur inimitié, et ne pouvant nier le miracle accompli devant leurs yeux — le
reconnaissant même — ils en attribuent le pouvoir au démon. Ils disaient :
«Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébul, chef des démons». C’est
l’explication que donne le Seigneur lui-même du blasphème contre le Saint
Esprit, dans le passage de l’évangile de Marc : «C’était parce qu’ils
disaient : Il a un esprit immonde». Le péché dont nous parlons est donc
celui d’attribuer volontairement à Satan
le pouvoir exercé par le Saint Esprit. C’est là blasphémer contre le Saint
Esprit, parce qu’on donne à ses opérations le caractère de celles d’un démon. Pour éviter toute possibilité
d’erreur, développons un peu le raisonnement.
a)
Le
pouvoir que Jésus exerçait, par lequel il faisait des miracles, et poursuivait
son oeuvre, était celui du Saint Esprit (Luc 4:1-18 ; És. 61:1, 2 ;
Jean 3:34 ; 14:10, etc.).
b)
Ce fut
donc par le pouvoir du Saint Esprit qu’il chassa le démon de l’homme aveugle et
muet.
c)
Les
pharisiens reconnaissaient le miracle ; ils l’avaient vu, ils ne pouvaient
le nier.
d)
Ils
avaient donc devant eux une preuve frappante de la mission du Sauveur ;
car ce miracle constatait son titre de Messie.
e)
Au lieu
de se rendre à l’évidence pour recevoir le Seigneur Jésus, ils la rejettent et
en prennent occasion pour discréditer le Seigneur en l’accusant d’être le
représentant du diable.
f)
C’est
donc cet outrage de propos délibéré que le Seigneur appelle le blasphème contre
l’Esprit Saint. La présence du Saint Esprit dans l’assemblée au milieu de la
chrétienté aggrave le caractère du péché en général, et on peut dire, dans un
sens, que tout péché commis par un chrétien est un péché contre le Saint
Esprit, mais ce n’est certainement pas le sens de celui dont nous nous occupons
et que le Seigneur a caractérisé par ces termes : «le blasphème contre le
Saint Esprit». C’était le péché dans lequel sont tombés ces Juifs qui
l’observaient, péché qui ne leur fut pas pardonné. Combien, dans ce cas encore,
la parole de Dieu reçue et crue simplement sans contestation ni raisonnement,
est efficace pour calmer les terreurs par lesquelles le diable cherche à
maintenir les âmes dans un état de trouble et d’inquiétude, étranger à cette
paix qui glorifie Dieu et l’oeuvre du Seigneur Jésus Christ.
Le premier jugement
d’un homme qui est tombé dans le péché irrémissible, c’est de n’en avoir pas
conscience, de n’en être pas travaillé, et si une âme est angoissée au sujet de
ses péchés, c’est bien la preuve, au contraire, que Dieu la cherche pour lui
pardonner et non pour lui imputer le péché duquel le Seigneur Jésus a dit
lui-même : «Quiconque proférera des paroles injurieuses contre l’Esprit
Saint, n’aura jamais de pardon».
Encore aujourd’hui,
devant les témoignages que Dieu nous donne au sujet de son saint Fils Jésus, si
quelqu’un se présente avec le propos délibéré de les repousser tous, même les
plus concluants, comme les pharisiens témoins des miracles de Christ, cet homme
est bien exposé, si le diable lui en fournit l’occasion, à renouveler le même
crime que ses devanciers. Le Seigneur en sera le juge. Qu’il daigne, par ces
lignes et les avertissements de sa sainte Parole, garder nos lecteurs de ces
abîmes de perdition.
On confond souvent
ce péché-ci avec celui que nous venons de considérer. Et cependant le passage
de l’Écriture nous montre que c’est quelque chose de tout à fait différent.
Voici le passage : «Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui ne
soit pas à la mort, il demandera pour lui ; et il lui donnera la vie,
savoir à ceux qui ne pèchent pas à la mort. Il y a un péché à la mort : pour ce péché-là, je ne dis pas qu’il demande» (1 Jean
5:16). D’abord, il s’agit du péché d’un croyant. «Si quelqu’un voit son frère»,
etc. ; c’est pourquoi c’est de la mort du corps, et non de la mort
éternelle, dont il est question ici.
Au chapitre 5 des
Actes, nous avons dans Ananias et Sapphira un exemple frappant de ce péché et
du jugement redoutable qui l’a suivi. La position et le témoignage de
l’assemblée étaient tels en ce moment, que Dieu a dû intervenir immédiatement
pour punir les coupables. Le salut éternel d’Ananias et de sa femme ne fut pas
entamé, s’ils ont été véritablement des croyants, enfants de Dieu par la foi en
Jésus Christ, mais le résultat du châtiment, dont ils ont été les objets, est
mentionné au v. 11 : «Et une grande crainte s’empara de toute l’assemblée
et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses», et au v. 13 : «Nul
n’osait se joindre à eux», tandis que nous lisons au v. 14 : «Des croyants
d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d’hommes
que de femmes».
Les coupables de ce
«péché à la mort» sont retranchés, et il y a un résultat de sanctification pour
ceux qui en sont les témoins dans l’assemblée, et de crainte salutaire pour
ceux du dehors. Dans la première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul fait
allusion à des cas que Dieu a jugés d’un même jugement et qui sont aussi «des
péchés à la mort».
Au sujet de la
cène, il dit : «Car celui qui mange et qui boit (indignement), mange et
boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps (du Seigneur).
C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment» (1 Cor. 11:29, 30). C’est-à-dire
que, par l’intervention de Dieu dans la discipline, un assez grand nombre
étaient morts.
Nous concluons de
ce qui précède, que personne ne peut déterminer d’avance ce qui constitue le
«péché à la mort», parce que c’est le Seigneur seul qui en juge. En effet, le
même acte peut constituer un péché plus grave dans des circonstances
différentes. Sans aucun doute, il y a eu bien des Ananias et des Sapphira
depuis les apôtres, qui n’ont pas été frappés de la même manière ; mais
cet exemple suffit à démontrer que le péché est celui d’un croyant et qu’il a entraîné la mort du corps, et non la mort de l’âme. Or il est certain que c’est ce dernier point qui préoccupe les
âmes travaillées.
La condition supposée en Hébreux 6:4-6, est souvent une
vraie difficulté. Mais en examinant soigneusement le passage, on reconnaît
qu’il n’est pas applicable à ceux qui sont travaillés par le désir d’avoir la
paix avec Dieu. Il est dit : «Car il est impossible que ceux qui ont été
une fois éclairés, et qui ont goûté du don céleste, et qui sont devenus
participants de l’Esprit Saint, et qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les
miracles du siècle à venir, et qui sont tombés, soient renouvelés encore à la
repentance, crucifiant pour eux-mêmes le Fils de Dieu et l’exposant à
l’opprobre». Constatons d’abord que ce passage ne peut s’entendre d’une personne qui a été réellement convertie, car rien dans l’Écriture n’est
enseigné d’une manière plus catégorique que l’impossibilité qu’un enfant de
Dieu périsse (voir Jean 10:27-29 ; Rom. 8:28-39 ; 1 Cor. 1:8,
9 ; Éph. 1:13, 14 ; Philippiens 1:6, 7, etc.). Mais souvenons-nous
que l’épître a été adressée aux chrétiens hébreux ; et la condition
supposée par ce passage est celle de personnes qui avaient renoncé au judaïsme,
par la conviction de la vérité du christianisme, et qui, jusqu’à un certain
point, avaient été éclairées par la puissance du Saint Esprit, sans être converties
ou nées de nouveau véritablement. Elles avaient été introduites dans les
bénédictions sans avoir réellement la vie ; et c’est à leur sujet que
l’Écriture nous dit que, si elles retombent, il est impossible de les
renouveler par la repentance, etc. Pourquoi ? Parce que c’est retourner
d’une manière délibérée au système qu’elles savent n’être plus selon la volonté
de Dieu ; c’est s’identifier de nouveau avec la nation qui a crucifié le
Fils de Dieu, et ainsi adhérer en connaissance de cause à l’acte de la nation,
comme crucifiant pour elles-mêmes le
Fils de Dieu, et l’exposant à l’opprobre (v. 6).
La condition supposée ici est donc celle des
apostats volontaires. L’Esprit de Dieu l’a sans doute signalée comme un avertissement solennel,
applicable à bien des personnes qui se trouvent associées en quelque manière à
des croyants. Par exemple, celles qui font profession d’être chrétiennes sans
en avoir la réalité, qui ont reçu plus ou moins de lumière jusqu’à reconnaître
le caractère divin de la rédemption sans être jamais nées de nouveau. Il se
peut même qu’elles soient zélées pour Christ d’une manière extérieure et
formaliste. C’est à de telles âmes que s’adresse l’avertissement, car si elles
abandonnent ce qu’elles savent être la vérité, en reniant Celui qu’elles ont
reconnu comme le Christ de Dieu, elles tombent dans un état d’endurcissement
sans espoir. Cet état est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense, et il est
très dangereux, par le fait que, lorsque l’ennemi voit une âme se tenir ainsi
sur la limite extérieure de la connaissance de Christ, il suscite habilement
des tentations et des occasions de chute pour pousser les âmes dans une
apostasie formelle et irrémédiable.
Mais lorsqu’une
âme, qui a appris quelque chose du Seigneur Jésus Christ, souhaite d’en
connaître davantage et de faire des progrès, qu’elle prenne bon courage, le
Seigneur la considère avec compassion et répondra à ses besoins ; les
derniers passages que nous venons de considérer auront pour effet, non de
l’éloigner du Seigneur Jésus, mais bien de la rejeter davantage sur Lui comme
la divine ressource pour le salut. Car l’Esprit de Dieu ajoute au chap. 10 de
l’épître aux Héb., v. 39 : «Mais pour
nous, nous ne sommes pas de
ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme». La Parole fait ici la
distinction entre ceux qui se retirent et ceux qui croient. Celui qui croit «ne
se retire pas», et si quelqu’un se retire, c’est «qu’il n’a pas cru», encore
qu’il en ait eu l’apparence pendant un certain temps.
Nous avons examiné
plusieurs des difficultés qui se présentent le plus fréquemment sur le chemin
de la foi. Il en est beaucoup d’autres, suscitées par les circonstances
particulières de chaque âme, mais le Seigneur donnera par sa Parole le moyen
d’y faire face dans un esprit de prière, car «la lumière se lève dans les
ténèbres pour les hommes droits» (Ps. 112:4), et «l’entrée de tes paroles
illumine» (Ps. 119:130).
Un grand nombre
d’âmes, après avoir été réveillées ou même vivifiées, et mises à l’abri sous la
protection du précieux sang de Christ, en restent souvent là sans entrer dans
la pleine connaissance du salut.
Elles ont parfois
une «bonne espérance» d’être sauvées, après quoi le péché reprend le dessus
dans le coeur avec un tel empire, que le sentiment de leur profonde corruption
les replonge sans cesse dans l’incertitude et dans l’angoisse.
Ces personnes
restent ainsi en dehors de cette plénitude de bénédiction qui est la part de
tout croyant en Christ, et cela, par le fait de leur ignorance des deux natures
et des ressources qui sont en Christ, de la part de Dieu, soit pour le péché
dans la chair, soit pour les actes du péché. C’est souvent par le défaut
d’enseignement, ou bien c’est la conséquence d’un mauvais enseignement sur la
parfaite délivrance que nous trouvons en Christ, quant à notre culpabilité et
quant à notre nature corrompue, car le croyant peut dire : «Il n’y a donc
maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ Jésus ;
car la loi de l’Esprit de vie dans le christ Jésus, m’a affranchi de la loi du
péché et de la mort» (Rom. 8:1, 2).
Cette vérité est
développée d’une manière particulière dans l’épître aux Romains, depuis le
chap. 5 jusqu’à la fin du chap. 8. Voici quelques mots d’un auteur sur cette
partie de l’Écriture :
«Jusqu’ici la grande vérité de la rémission
des péchés du croyant a été pleinement exposée, et elle se termine avec les
privilèges bénis qui appartiennent à l’homme justifié, mais toujours en rapport
avec l’efficace expiatoire du sang de Jésus, ce qui a été manifesté dans sa
résurrection. Quoique ce soit précieux, ce n’est pas tout ce qu’il faut au
croyant. Il peut devenir très
misérable par la découverte du mal qui est au-dedans de lui-même, et s’il n’apprend pas bientôt la
vérité qui s’applique à cette difficulté, il est exposé à tomber dans
l’indifférence à l’égard du péché, ou bien dans un esprit de servitude. Combien
de chrétiens n’ont jamais connu l’étendue de leur délivrance, et s’en vont
gémissant de jour en jour en faisant des efforts contre leur corruption
naturelle, qu’ils reconnaissent aussitôt inutiles.
Et, d’autre
part, plusieurs se complaisent dans un repos trompeur, en
mettant en balance leur foi au pardon des péchés par le sang de Christ comme
contrepoids à leur plaie intérieure qu’ils supposent incurable ; et cela
sans plus de guérison que ceux dont nous venons de parler, qui, pour
s’améliorer, luttent sincèrement, mais vainement. Ni les uns, ni les autres,
n’ont compris l’application à eux-mêmes de la sentence, déjà exécutée contre le
vieil homme à la croix, ni leur nouvelle position devant Dieu en Christ
ressuscité d’entre les morts. Le but de l’Esprit est de révéler cette vérité,
dans les passages mentionnés aux chap. 5 à 8 de l’épître aux Romains».
Les expressions
soulignées dans l’extrait précédent sont confirmées d’une manière frappante
dans le chap. 7, où nous trouvons un homme vivifié, né de nouveau, mais qui, ne
sachant pas qu’il est délivré de la loi, gémit sous le fardeau de son péché, en
sorte qu’il s’écrie : «Je suis charnel, vendu au péché» (v. 14) ; et
encore : «Je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme
intérieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre
la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché qui existe
dans mes membres. Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de
mort ?» (v. 22-24). C’est là précisément le cas d’un grand nombre d’âmes
angoissées.
Cette situation, si
éloignée de ce qu’elles souhaitaient et espéraient, les replonge dans le doute
à l’égard de leur salut.
Comment donc Dieu a-t-il pourvu à ce besoin
de l’âme ? La réponse à cette
question est de nouveau la mort du Seigneur Jésus Christ. Car non seulement,
comme nous l’avons vu, il a porté nos péchés en son corps sur le bois, mais il
a été fait péché pour nous (2 Cor. 5:21), comme il est dit : «Dieu, ayant
envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair» (Rom. 8:3).
Le chap. 6 de
l’épître aux Romains est la confirmation de cette vérité. Ayant démontré, dans
le chap. 5, que «là où le péché abondait, la grâce a surabondé, afin que, comme
le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour
la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur» (v. 20, 21), l’apôtre
ajoute : «Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché afin
que la grâce abonde ? — Qu’ainsi n’advienne ! Nous qui sommes morts
au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? — Ignorez-vous que
nous tous qui avons été baptisés pour le christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la
mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du
Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Car si nous avons
été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc
aussi dans la ressemblance de sa résurrection ; sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit
annulé, pour que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort est justifié du péché» (Rom. 6:1-7).
Si nous reportons
notre attention sur les expressions que nous avons soulignées, le sujet
s’éclaircira pour nous.
a)
Nous apprenons, en effet, que nous participons à la
mort de Christ ; «nous avons été baptisés pour sa mort» ; «notre vieil homme a été crucifié avec
lui» (v. 3-6). C’est sur le principe de la substitution, dont le récit suivant
nous offre une illustration familière, mais frappante :
C’était au temps de Napoléon Ier ; un
jeune homme fut appelé au service militaire, mais ses moyens le lui permettant,
il acheta un remplaçant. Celui-ci partit, et fut tué dans une bataille. Peu de
temps après, un décret ordonna une nouvelle conscription. Cette fois encore le
sort tomba sur le même jeune homme, mais il prétendit qu’il était mort. Lorsqu’on lui demanda l’explication de sa déclaration, il
répondit que son remplaçant ayant été tué, il devait être considéré comme mort.
En effet, ce cas singulier fut porté devant les tribunaux, dûment examiné, et
il fut établi qu’au point de vue de la loi, le jeune homme devait être tenu
pour mort par le fait de la mort de son remplaçant ; il fut donc libéré de
la conscription.
Il en est de même pour nous, lorsque nous
croyons au Seigneur Jésus Christ. Nous sommes dès lors unis à Lui, et nous
pouvons affirmer que nous sommes morts dans la personne de notre substitut, et
qu’en Lui, tout jugement et toute condamnation dus à nos péchés ont été
exécutés et supportés.
b)
Nous
sommes, par conséquent, «morts au péché» (v. 2) ; et comme tels, nous
sommes justifiés du péché (v. 7). C’est-à-dire que notre nature adamique — la
racine du péché — notre vieil homme, a été jugé par Dieu dans la mort de
Christ, de sorte que le châtiment a déjà été subi, et notre sentence si
complètement exécutée sur Christ que, devant Dieu, nous sommes regardés judiciairement
comme morts, et, comme tels, nous sommes justifiés du péché, absous de toute
accusation à cet égard, et délivrés complètement dans la mort de Christ.
Les passages
suivants montrent les conséquences pratiques de cette vérité : «Or si nous
sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant
que Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la
mort ne domine plus sur lui. Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois
pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes
pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le christ Jésus. Que le péché donc ne règne point dans
votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci»,
etc. (v. 8-12). Cela nous rappelle (implicitement du moins) que nous
participons non seulement à la mort de Christ, mais aussi à sa résurrection.
«Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec
lui» (v. 8) ; et cette vérité est confirmée par le fait que «en ce qu’il
est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il
vit, il vit à Dieu» (v. 10).
Viennent
ensuite les exhortations suivantes :
Les termes mêmes de
l’exhortation en indiquent le sens, car si nous étions matériellement morts,
l’apôtre ne nous dirait pas de nous tenir pour morts. Ce qu’il faut donc faire,
c’est d’accepter ce pour quoi Dieu nous
tient. Nous ayant jugés à
la croix de Christ quant à notre nature adamique, il nous considère comme ayant
subi notre jugement, et par conséquent, comme morts à ses yeux. Telle est son
appréciation de tout croyant, quant au vieil homme ; et telle doit être
aussi l’appréciation du croyant lui-même. Ce que Dieu déclare, nous devons le
croire, en dépit de toutes les expériences contraires ; et puisqu’il nous
tient pour crucifiés avec Christ, nous devons nous tenir aussi pour tels :
«Je suis crucifié avec Christ», dit l’apôtre Paul aux Galates (chap. 2:20), et
aux Colossiens (chap. 2:20) : «Si vous êtes morts avec Christ». Cette
vérité est le motif par excellence pour résister à la tentation, et nous
devrions nous y tenir ferme en présence de toute sollicitation au péché, nous
rappelant que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que «le corps
du péché soit annulé, pour que nous ne
servions plus le péché» (Rom.
6:6).
Ainsi, c’est notre
position devant Dieu qui détermine notre responsabilité ; si je cède au
péché, je renie de fait ma mort avec Christ, car le péché est la preuve de la
vie et de l’activité de la chair. Mais si, par la foi, j’accepte la manière
dont Dieu m’apprécie, je ne puis laisser régner le péché dans mon corps mortel,
ni obéir à ses convoitises. La mort de Christ est pour moi, de cette manière,
le moyen de la délivrance. Je me tiens pour mort au péché, et ma paix reste
assurée, parce que je sais que cette chair qui est encore en moi, et qui peut,
si je ne la garde pas dans la mort, tomber à chaque instant dans les
convoitises — que cette chair a déjà été jugée, et condamnée sur la croix.
Mais, d’un autre
côté, nous devons nous tenir aussi pour vivants à Dieu dans le Seigneur Jésus
Christ. C’est un fait qui ressort de notre résurrection avec Christ (bien que
cette vérité ne soit pas rappelée, d’une manière spéciale, dans le passage qui
nous occupe), car ce n’est que par notre identification avec Christ ressuscité
que nous pouvons «vivre à Dieu». Dans l’épître aux Colossiens, nous trouvons
cette doctrine pleinement développée, et l’apôtre établit son exhortation sur
ce fait : «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les
choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ;
pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la
terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en
Dieu» (Col. 3:1-3). Non seulement nous avons été crucifiés avec Christ, mais en
Christ nous avons passé par la mort ; car Dieu «nous a ressuscités
ensemble» avec Christ (Éph. 2:6).
Remarquons bien
deux choses. C’est en Christ que nous
vivons à Dieu ; et notre position doit être une question de foi, car nous
devons nous tenir pour vivants. Nous vivons déjà en Christ réellement, mais ce
n’est pas le sujet traité dans ce passage. Il nous faut accepter l’appréciation
de Dieu sur ce point, malgré tout ce qui s’y oppose intérieurement et
extérieurement. Puisque Dieu me tient pour mort au péché, et vivant à Lui dans
le christ Jésus, il faut que j’en fasse autant ; car mon appréciation est
le fondement de ma foi et de ma confiance, aussi bien que la mesure de ma
responsabilité.
Devant Dieu, nous
sommes donc amenés par la mort et la résurrection de Christ, de notre ancien
état et de notre ancienne sphère, à une position où la chair n’a pas
accès ; la délivrance est si complète que non seulement il est dit :
«Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le christ
Jésus», mais encore : «Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit,
si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous» (Rom. 8:1-9). Telle est notre
position parfaite devant Dieu, en Christ ressuscité d’entre les morts.
Nous sommes
maintenant à même de comprendre l’exhortation qui termine le passage que nous
avons cité : «Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel
pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci» (Rom. 6:12, etc.). Notre
position devant Dieu en Jésus Christ est comparée ici à notre condition
pratique. Il nous tient, comme nous l’avons vu, pour morts au péché ; mais
cette exhortation suppose la présence du péché dans le croyant. Or c’est dans
l’intelligence de ce contraste et de ses conséquences, qu’on trouve la réponse
aux difficultés si fréquentes du commencement de la vie chrétienne, lesquelles
retiennent souvent les croyants dans l’esclavage pendant des années, et même
durant leur vie entière. Il convient donc d’y porter d’autant plus d’attention.
Résumons sur ce sujet l’enseignement que nous venons de trouver dans la parole
de Dieu.
Quoiqu’il soit
complètement délivré devant Dieu, la chair reste toujours la même en lui ;
de sorte qu’il doit toujours dire : «En ma chair, il n’habite point de
bien». Il ne peut donc jamais s’attendre à une amélioration dans le caractère
de la chair. Ce qu’elle était avant notre conversion, elle le sera toujours
jusqu’à notre départ pour être avec Christ, soit à sa venue, soit par la mort
(Rom. 7:18 ; 8:1-13 ; Gal. 3:16-26).
La présence du
péché en nous ne change rien à notre position parfaite, ou à notre acceptation
complète devant Dieu en Jésus Christ ; car Dieu nous tient pour morts au
péché. Telle est son appréciation judiciaire à notre égard et, par conséquent,
il considère le péché comme déjà jugé en nous dans la mort de Christ. Ainsi le
péché a été condamné dans la chair (Rom. 8:3). L’existence du péché au-dedans
de moi, à la condition que je n’y cède
pas, mais que je le condamne, ne
peut donc pas troubler ma jouissance de l’amour de Dieu ; car je
tiens la chair en moi pour jugée, selon la propre estimation de Dieu. Ainsi,
non seulement ma position est immuable, mais ma paix et ma communion demeurent
aussi à toujours.
Ma responsabilité
est en rapport avec l’appréciation de Dieu. S’il me tient pour mort au péché,
je dois en faire autant ; et je ne
dois donc pas permettre que le péché règne dans mon corps mortel, pour obéir à
ses convoitises. Car si je
permets au péché de régner, je contredis Dieu, qui me considère comme mort au
péché. Je dois donc me tenir dans la mort, et mortifier mes membres qui sont
sur la terre (Col. 3:5), parce que je suis mort avec Christ. Nous avons
maintenant trouvé le secret. Je ne puis me débarrasser de l’adversaire. Mais
Dieu l’a jugé, et je n’ai qu’à agir selon ce jugement ; à le maintenir
dans cette place de mort où Il l’a déjà mis. C’est pourquoi il ne nous est pas
dit de chasser le péché, de le déraciner ou de nous en débarrasser, comme des
moralistes, et même des théologiens nous exhortent à le faire, dans leur
ignorance de l’Écriture. Mais nous ne devons pas laisser régner le péché, nous
devons, plutôt, le maintenir à la place qui lui a été assignée, sous la
condamnation de la mort.
Vous vous écrierez
peut-être : «Ah ! mais c’est justement ma difficulté ! Comment
moi, qui suis si chétif et si faible, puis-je faire cela ?» C’est toujours
là le langage de l’incrédulité. Voyez David en présence de Goliath. Trouvait-il
impossible de lutter contre un adversaire si puissant ? Pas du tout. Il
était persuadé que la victoire resterait à l’Éternel ; que Goliath, étant
l’ennemi du Seigneur, serait livré ce jour-là entre ses mains (1 Sam.
17:45-47). Il mesurait son adversaire selon la force du Seigneur, et à cette
mesure Goliath était petit et impuissant. Il devrait en être ainsi de nous.
Bien que le péché qui est en nous soit fort et actif, Celui qui nous dit de
nous y tenir pour morts, nous donne la puissance pour obéir à son exhortation.
Il nous a donné l’Esprit qui habite en nous, et si, par l’Esprit, nous faisons
mourir les actions du corps, nous vivrons (Rom. 8:13) ; si nous marchons
par l’Esprit, nous n’accomplirons point la convoitise de la chair (Gal. 5:16).
L’Esprit de Dieu est donc notre force dans la lutte, et ce pouvoir qui nous est
donné, afin que le péché ne règne pas dans notre corps mortel, est tout à fait
suffisant.
Le Seigneur en soit
béni ! Nous pouvons donc, comme Israël, nous tenir de l’autre côté de
notre mer Rouge, et chanter : «Jah est ma force et mon cantique, et il a
été mon salut» (Ex. 15:2).
«Vous êtes tous
fils de Dieu par la foi dans le christ Jésus» (Gal. 3:26). «Et, parce que vous
êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant :
Abba, Père» (4:6). Tel est l’ordre divin. Nous sommes nés de l’Esprit par la
foi dans le christ Jésus, et ainsi déclarés fils. Dès lors Dieu envoie
l’Esprit, comme Esprit d’adoption, pour habiter dans nos coeurs. On remarquera
que la venue de l’Esprit pour habiter dans nos coeurs, ne coïncide pas avec
notre adoption comme fils, mais qu’elle en est la conséquence.
Les voies de Dieu
envers le peuple d’Israël nous fournissent encore un exemple de cet ordre
divin. Pendant la nuit pascale, lors même qu’il était en Égypte, Israël se
trouvait complètement à l’abri par le sang ; mais «le salut» n’est mentionné
qu’après la traversée de la mer Rouge, non plus que «l’habitation sainte de
Dieu» ; et, en effet, nous savons que Dieu n’a pas habité au milieu de son
peuple avant de l’avoir retiré de l’Égypte et introduit dans le désert à
travers la mer Rouge. Il en est de même maintenant. Il se peut qu’une âme soit
vivifiée, née de nouveau, qu’elle soit mise à l’abri par le sang de Christ,
mais il faut que l’Esprit de Dieu habite en elle pour qu’elle puisse
crier : «Abba, Père» (Gal. 4:6). C’est pourquoi, dans l’épître aux
Romains, la doctrine de l’habitation de l’Esprit Saint dans le croyant n’est le
sujet de l’enseignement que depuis le chap. 8 (*).
Tant que le croyant ne connaît pas la délivrance du péché et de la loi, il
n’est pas capable de profiter de ce précieux enseignement, mais dès que cette
question : «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de
mort ?» est résolue, nous lisons : «Vous n’êtes pas dans la chair,
mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous» (Rom.
8:9).
(*) Le passage du chap. 5, vers. 4 y touche
seulement au sujet de l’amour de Dieu versé dons nos coeurs.
La vérité est donc
que l’Esprit habite en toute âme sauvée ; et, sans doute qu’au
commencement, lorsque l’évangile était annoncé — et annoncé dans toute sa
plénitude, sa simplicité, et sa puissance — ceux qui le reçurent par la grâce de
Dieu, furent immédiatement amenés des ténèbres à la lumière, et reçurent en
même temps le sceau de leur rédemption, savoir le don de l’Esprit Saint. Mais
actuellement, au milieu de la confusion qui règne partout, l’évangile est
tellement corrompu par les pensées humaines, que la plénitude de la grâce de
Dieu en Jésus Christ est rarement proclamée, et beaucoup de personnes, une fois
vivifiées, tâtonnent longtemps encore dans l’obscurité, et soupirent dans un
esprit de servitude, n’ayant pas encore reçu cet Esprit d’adoption, par lequel
seul les croyants peuvent s’écrier : «Abba, Père». «L’Esprit lui-même rend
témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom.
8:16) ; mais si nous n’avons pas goûté cette précieuse vérité, de manière
à pouvoir crier dans une confiance filiale : «Abba, Père», c’est que
l’Esprit Saint n’habite pas en nous.
Nous allons
maintenant développer l’enseignement de l’Écriture à ce sujet.
Comme nous l’avons
déjà vu, à la suite de notre adoption comme fils, l’Esprit de Dieu fait sa
demeure en nous. C’est cette vérité qui distingue les chrétiens des saints de
l’ancienne dispensation. Les croyants juifs étaient vivifiés, nés de nouveau,
mais ils ne connaissaient pas cette habitation de l’Esprit de Dieu dans les
saints ; car «l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas
encore été glorifié» (Jean 7:39). Il opérait par sa puissance, car c’était Lui
qui vivifiait les saints juifs, aussi bien que les chrétiens. Il les fortifiait
aussi pour la marche et pour le service ; mais sa venue du ciel, pour
habiter personnellement dans les croyants et dans l’Église, a été la
conséquence de la mort, de la résurrection, et de l’exaltation de Christ. Cette
différence est très visible, sous un certain aspect, dans une des prières du
psalmiste : «Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m’ôte pas l’esprit de ta sainteté» (Ps. 51:11) ; tandis que l’apôtre Paul dit :
«N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption» (Éph. 4:30). Quoique l’Esprit
opérât par ses influences dans le coeur du psalmiste, il était possible qu’il
perdît ce précieux pouvoir ; mais actuellement les croyants, bien qu’ils
puissent l’attrister, sont scellés par l’Esprit Saint pour le jour de la rédemption.
De même que la présence du Saint Esprit sur la terre dans la maison de Dieu
caractérise la chrétienté, ainsi aussi son habitation dans le coeur des enfants
de Dieu actuels les distingue des croyants des précédentes dispensations. C’est
le Saint Esprit qui nous unit à Christ, qui nous fait membres de son corps, de
sa chair et de ses os (1 Cor. 12:13 ; Éph. 5:30) ; et cette union,
cette position comme membres de son corps, n’était pas possible avant que
Christ eût été glorifié, et qu’il eût pris sa place comme Chef dans les cieux.
L’Esprit se
présente sous différents points de vue, que nous désirons examiner brièvement.
La présence du
Saint Esprit sur la terre est le témoignage de la rédemption accomplie. Avant
son départ, le Seigneur avait promis d’envoyer «un autre Consolateur» (Jean
14:16, 17, 25, 26 ; 15:26, 27 ; 16:7-14) ; et il dit nettement à
ses disciples qu’il enverrait sur eux la promesse de son Père et qu’ils
devaient demeurer dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus
de la puissance d’en haut (Luc 24:49). La venue du Saint Esprit au jour de la
Pentecôte fut donc le signe irrécusable de l’achèvement de l’oeuvre de la
rédemption, la preuve que Dieu l’avait acceptée, et qu’il était satisfait de
l’oeuvre accomplie par Christ. «C’est l’Esprit qui rend témoignage, car
l’Esprit est la vérité» (1 Jean 5:6).
Et si nous
recherchons ce qui est dit de l’Esprit comme Celui qui demeure dans les enfants
de Dieu, nous l’avons déjà vu, il est Celui qui «rend témoignage avec notre
esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8:15, 16 ; Gal. 4:6, 7).
Sous cet aspect, il est pour chaque âme individuellement le témoin de la
rédemption accomplie, en sorte que tout enfant de Dieu devrait savoir par ce
témoignage certain, qu’il est sauvé. Mais on peut demander : «Comment ce
témoignage de notre adoption nous est-il rendu ?» Le fait même de sa
présence en nous en rend témoignage ; et par cette présence, il éveille en
nous des affections qui conviennent à notre relation avec Dieu. Il engendre en
nous le désir de jouir de l’amour du Père, et nous met en état de crier, dans
la sainte intimité de notre position filiale : «Abba, Père». Il confirme à
nos âmes la parole à laquelle nous nous sommes confiés, pour la révélation de
notre place et des bénédictions qui nous appartiennent comme enfants de Dieu,
et ainsi il rend clairement témoignage avec notre esprit. Assurément, ce n’est
pas un témoignage pour l’ouïe ; c’est notre esprit seul qui peut le
discerner et le comprendre ; mais il n’en est pas moins positif. Au
contraire, il tire son efficace de ce qu’il est le secret vivant entre nous et
Dieu.
On ne doit pas
oublier, cependant, que la force et la clarté de son témoignage dépendent de
certaines conditions. «Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.» De même
que le fait d’être conduits par l’Esprit de Dieu est la preuve que nous sommes
fils de Dieu, de même aussi, quand nous marchons dans une obéissance et une
dépendance simples, notre esprit peut mieux discerner le témoignage divin de
notre adoption. Tandis que si nous marchons d’une manière qui l’attriste, c’est
en vain que nous attendrons la voix de son témoignage, car nous l’aurons réduit
au silence. Dieu ne permet pas à ses enfants de marcher dans la négligence, ou
de faire reposer la certitude de leur salut sur le fait qu’ils sont fils ;
mais il nous rappelle que si nous sommes à Lui, nous serons conduits par
l’Esprit, lequel rendra témoignage avec notre esprit, et nous apprendra à crier :
«Abba, Père».
Cette vérité nous
est présentée dans plusieurs passages. «Or celui qui nous lie fermement avec
vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés» (2 Cor. 1:21, 22). «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse»
(Éph. 1:13) ; et dans la même épître nous sommes exhortés à ne pas
attrister «le Saint Esprit de Dieu», par lequel nous avons «été scellés pour le jour de la rédemption»
(4:30). Le Saint Esprit qui a été donné pour habiter dans les croyants est
Lui-même le sceau ; en d’autres termes, Dieu les désigne et les adopte
ainsi comme siens, déclarant qu’ils Lui appartiennent à cause de l’Esprit qui
habite en eux. C’est en figure comme l’apposition d’un cachet ou sceau. Or un
sceau n’indique pas seulement la propriété, mais il sert également de
protection. Aussi est-il dit que les croyants sont scellés pour le jour de la
rédemption. Ils sont protégés par le sceau jusqu’à ce que le Seigneur revienne
les chercher Lui-même. Ce ne sont que les croyants qui sont scellés ; et
ils ne sont scellés qu’après leur acquisition au Seigneur, après leur
délivrance de l’esclavage (comme nous l’avons déjà vu), par la mort et la
résurrection de Christ ; — et jusqu’à ce qu’ils soient non seulement
délivrés, mais définitivement sauvés.
Dans deux des
passages que nous avons cités, l’Esprit est appelé les arrhes. «Qui
aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos coeurs»
(2 Cor. 1:22). «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit
de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la
possession acquise, à la louange de sa gloire» (Éph. 1:13, 14). Dans ce dernier
passage, le Saint Esprit, que Dieu communique maintenant, est considéré comme
«les arrhes de notre héritage» ; c’est-à-dire il est les prémices de ce
dont nous hériterons dans le Seigneur Jésus Christ, par son oeuvre accomplie.
Quand quelqu’un
achète une propriété, il paie une partie du prix d’achat comme garantie de la
fermeté de l’acquisition ; et c’est aussi ce que Dieu, dans sa grâce, nous
accorde — l’Esprit pour habiter en nous comme les arrhes de notre héritage, et
pour nous assurer ainsi que nous posséderons tout ce qu’il nous a promis. Il
daigne s’engager, si nous osons parler ainsi, à accomplir sa propre
parole ; car les arrhes sont en même temps une promesse et une garantie.
Mais le Saint Esprit est encore davantage, parce que, comme nous l’avons vu, il
est aussi le sceau, qui nous conserve pour l’héritage et nous certifie que Dieu
nous y fera parvenir à la louange de sa gloire.
Ce serait dépasser
le but de ces pages, que d’exposer en détail toutes les opérations de l’Esprit
qui habite en nous. Nous devons nous borner à indiquer qu’en Lui seul est notre
puissance pour la louange (Jean 4:23,
24 ; Phil. 3:3) ; pour la prière (Rom. 8:26, 27 ; Éph.
6:18 ; Jude 20) ; pour la marche (Rom. 8:13 ; Gal.
5:16-26) ; pour le service (1 Cor. 2:4 ; 1 Thess. 1:5, etc.) ;
pour l’intelligence de la vérité (1 Cor. 2:9-16 ; Jean 16:13 ; 1 Jean
2:20-27) ; pour le progrès dans la connaissance (Éph. 3:16-19), etc. De
même que c’est l’Esprit qui caractérise notre existence devant Dieu — car nous
ne sommes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu
habite en nous (Rom. 8:9) — de même aussi c’est Lui qui seul est la source de
la force dans toute l’activité de notre vie spirituelle, soit envers Dieu, soit
envers les hommes. Vérité précieuse ! car ce n’est qu’en connaissant
notre propre faiblesse et notre impuissance, que nous pouvons apprendre la
leçon de la dépendance de Dieu ; et si nous sommes dans la dépendance,
l’Esprit de Dieu est en liberté pour agir au-dedans de nous selon sa volonté.
Il est très
important pour les âmes travaillées et pour les jeunes croyants, de ne pas
confondre l’oeuvre de l’Esprit en nous
avec l’oeuvre de Christ pour nous.
Comme quelqu’un l’a dit : «Nous sommes constamment disposés à considérer
quelque chose en nous-mêmes comme nécessaire au fondement de la paix. Nous sommes
portés à regarder à l’oeuvre de l’Esprit en nous, plutôt qu’à l’oeuvre
de Christ pour nous, comme fondement
de notre paix. C’est une erreur. Ce n’est pas le Saint Esprit qui a fait la
paix ; c’est Christ. Et la bonne nouvelle que Dieu fait annoncer maintenant
par le Saint Esprit est «la paix par Jésus Christ» (comp. Actes 10:36 ;
Éph. 2:14, 17 ; Col. 1:20). Le Saint Esprit révèle Christ. Il nous le fait
connaître, nous fait jouir de Lui, nous nourrit de Lui. Il rend témoignage de
Christ, prend les choses de Christ, et nous les communique. Il est la puissance
pour la communion ; il est le sceau, le témoin, les arrhes et l’onction.
En un mot, ses opérations sont essentielles. Sans Lui, nous ne pouvons ni voir,
ni connaître, ni ressentir, ni manifester quoi que ce soit de Christ. Cette
vérité est claire, et elle est comprise et admise par tout chrétien sincère et
bien enseigné».
Toutefois le
fondement de la paix est Christ lui-même, Christ dans son oeuvre accomplie sur
la croix. Car quiconque croit «en Celui qui a ressuscité d’entre les morts
Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité
pour notre justification», est justifié ; et étant «justifiés sur le
principe de la foi, nous avons la paix
avec Dieu par notre seigneur Jésus Christ» (Rom. 4:24, 25 ; 5:1). Il faut toujours nous rappeler que
le fondement de la paix se trouve en dehors de nous-mêmes ; mais, comme
nous l’avons indiqué, le Saint Esprit qui habite en nous est la conséquence de
notre adoption comme fils de Dieu.
Nous ne pouvons
attacher trop d’importance à cette vérité, que l’Esprit de Dieu habite en nous,
lorsque nous croyons ; ni être trop attentifs à ne pas l’attrister par les
actions impies de la chair (voir Éph. 4:29-32). Aussi l’apôtre pose-t-il
solennellement cette question : «Ne savez-vous pas que votre corps est le
temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous
n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc
Dieu dans votre corps» (1 Cor. 6:19, 20) ; il nous exhorte de même :
«Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair».
«Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit» (Gal. 5:16, 25).
Nulle exposition du
salut qui se rattache à la foi en Christ ne serait complète, sans les
explications nécessaires sur la position de bénédiction parfaite dans laquelle
nous sommes ainsi introduits. Il est incontestable que nombre d’âmes vivifiées
sont retenues dans les liens du doute et de la perplexité, parce qu’elles
ignorent les conséquences de ce que Christ a accompli à leur égard ; tout
comme elles ne comprennent pas suffisamment leur responsabilité, avant d’avoir
saisi ce qu’est leur vraie position en Christ.
Nous avons appris
que le pardon des péchés est la portion immédiate de tous ceux qui croient en
Christ. Cette bénédiction si grande et si touchante n’est cependant pas tout ce
que la grâce de Dieu nous apporte. Il est écrit : «Ayant donc été
justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
seigneur Jésus Christ» (Rom. 5:1). Le verset qui suit parle de deux autres
bénédictions : l’accès «par la foi, à cette faveur dans laquelle nous
sommes», c’est-à-dire à la pleine faveur de Dieu en Christ ; et «nous nous
glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu» ; c’est-à-dire la
manifestation finale des bénédictions dont nous jouissons actuellement. Ces
dons de la grâce de Dieu par Christ sont notre part ici-bas, comme à des hommes
justifiés, de même que la réconciliation parfaite et éternelle, exposée dans
d’autres passages (Col. 1:21, 22). Mais la parole de Dieu nous conduit encore
plus loin, comme nous l’avons même déjà entrevu dans notre chapitre sur la délivrance. Elle nous montre quelle est notre position en Christ.
Quelle est donc notre position, notre place,
devant Dieu ? C’est en Christ et là
où il est actuellement. Expliquons-nous. Nous avons vu (chap. 8) que Dieu
considère tout croyant comme étant mort avec Christ ; en sorte que
l’apôtre pouvait écrire aux Colossiens : «Vous êtes morts, et votre vie
est cachée avec le Christ en Dieu» (Col. 3:3) ; et le verset 1 dit aussi
que nous avons été «ressuscités avec le Christ». Dans l’épître aux Éphésiens,
nous trouvons en outre que : «Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause
de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans
nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la
grâce), et nous a ressuscités ensemble, et
nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus» (Éph. 2:4-6). Ces expressions se
rapportent à une oeuvre déjà accomplie, et elles nous apprennent que, même pendant
notre séjour dans le corps et sur la terre, nous sommes vus devant Dieu, assis
ensemble dans les lieux célestes, dans le christ Jésus. L’oeuvre de Christ à
notre égard est si efficace et si merveilleuse, et a glorifié Dieu de telle
manière, que maintenant il peut, même avec justice, nous accorder une position
en Christ dans les lieux célestes. Car Christ a non seulement porté nos péchés,
terminant par sa mort l’histoire du vieil homme pour tous ceux qui croient,
puisqu’ils ont été crucifiés avec Lui ; mais il a aussi glorifié Dieu dans
cette oeuvre (Jean 13:31, 32 ; 17:4, 5), et par cela il a obtenu pour nous
une position d’acceptation actuelle et certaine, selon la nature et la faveur
de Dieu qu’il a glorifié. C’est là notre place devant Dieu ; ce n’est pas
seulement que notre vieil homme et ses péchés sont exclus de la présence de
Dieu, mais que nous sommes en Christ
devant Dieu. La situation
du croyant est donc celle de quelqu’un qui a été crucifié avec Christ,
ressuscité avec Lui, et qui est assis maintenant en Lui dans les lieux
célestes. Dieu l’a fait sortir de son ancien état ; car il n’est pas dans
la chair, si du moins l’Esprit de Dieu habite en lui (Rom. 8:9) ; sa
nouvelle position est en Christ, et nécessairement là où est Christ. La mesure
de notre acceptation est celle de Christ ; car «comme il est, lui, nous
sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:17).
Les jeunes croyants
éprouvent souvent de la difficulté à saisir cette vérité ; mais il faut
bien remarquer qu’il ne s’agit nullement d’acquérir ou d’expérimenter telle ou
telle chose. Cette position est acquise à tout croyant ; et la difficulté
disparaîtra lorsque au lieu de nous considérer nous-mêmes, nous considérerons
Christ ! Si nous nous arrêtons en face de nos faiblesses, de nos défauts,
de nos imperfections, de nos péchés, il nous est difficile de comprendre
comment des êtres si dénués dans la pratique peuvent occuper une place aussi
parfaite et immuable devant Dieu. Mais quand nous regardons à Christ, à son
sang précieux, à ce qu’il a été pour Dieu sur la croix, et à l’oeuvre qu’il y a
accomplie, n’est-il pas véritablement digne de la place qu’il occupe ? Or
c’est de cette dignité que dépend notre acceptation. Tout ce que nous étions,
quant à la vieille nature, a disparu de devant Dieu ; Christ seul reste,
et nous en Lui. Notre place, notre position devant Dieu est dorénavant la
réponse à la dignité et aux mérites de son propre Fils. Il peut donc à juste
titre nous garantir du jugement par le sang, nous faire sortir d’Égypte, nous
conduire à travers la mer Rouge au-delà du Jourdain, et nous faire asseoir dans
les lieux célestes en Christ.
Notre position est
inaltérable et immuable, parce qu’elle est établie en Christ. Connaissant la
perfection de notre rédemption, par notre union avec Celui qui a été ressuscité
d’entre les morts, nous avons une confiance et une paix permanentes. Nous
pouvons changer, varier de sentiment et de connaissance, mais Christ ne change
jamais ; il est «le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement» (Héb.
13:8). C’est pourquoi, notre position étant en Lui, nous demeurons pour
toujours dans la clarté de la présence de Dieu ; car devant Dieu est notre
véritable demeure, bien que nous ne nous en rendions pas toujours compte.
Irons-nous donc chercher une autre demeure ? Plus nous comprendrons la
beauté et le prix de notre position en Christ, plus nous serons à l’aise et
heureux dans la présence et la gloire de Dieu.
Mais un privilège
si merveilleux comporte une responsabilité ; et c’est de quoi nous
désirons nous occuper maintenant.
Comme nous l’avons
vu, nous sommes en Christ devant Dieu ; et, ce qui est non moins
merveilleux, Christ est en nous ici-bas (Jean 15:4 ; Gal. 2:20 ; Éph.
3:17 ; Col. 1:27, etc.) ; ce sont ces vérités qui déterminent notre
responsabilité, et qui en sont la mesure ; car, si Dieu nous a donné une
place en Christ là où il est, c’est afin que nous puissions Lui rendre
témoignage là où nous sommes. Citons des exemples de cette vérité dans
l’Écriture : «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean 2:6). Considérant ce passage sous
sa forme la plus précise, nous pouvons demander : Comment le
Seigneur Jésus a-t-il marché ? — Toujours comme Celui qui était venu d’en
haut. Il a pu dire à Nicodème : «Le Fils de l’homme qui est dans le ciel»,
et tout son séjour sur la terre en était l’expression ; car la vie qu’il
parcourait était une vie céleste — la vie de Celui qui était venu du Père pour
le révéler, et pour manifester la perfection du ciel sur la terre. Il pouvait
ainsi dire : «Celui qui m’a vu, a vu le Père» (Jean 14:9) ; car au
point de vue moral, il était la représentation parfaite du Père. C’est de cette
manière que nous devrions marcher — comme ceux qui n’appartiennent pas à la
terre, mais au ciel, et qui manifestent sur la terre le caractère du ciel, car
nous sommes morts avec Christ. Nous sommes non seulement morts avec Lui au
péché, mais nous sommes morts aussi avec Lui à ce monde dans lequel nous
sommes, et nous avons été ressuscités ensemble avec Lui. Notre bourgeoisie est
dans les cieux (Phil. 3:20), et il faut que notre marche soit en conformité
avec elle. L’apôtre Paul résume cette vérité dans ce remarquable passage :
«Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi
de Jésus soit manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes
toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus
soit manifestée dans notre chair mortelle» (2 Cor. 4:10, 11).
C’est donc la mort
d’un côté, et la vie de l’autre ; la mort quant à tout ce que étions dans
la chair, la vie quant à tout ce que nous sommes en Christ, ou plutôt quant à
Christ Lui-même, comme étant notre vie manifestée même dans notre chair
mortelle. C’est pourquoi nous sommes obligés de mortifier nos membres qui sont
sur la terre (Col. 3:5) ; et il est évident que cette obligation découle
du fait que notre place est en Christ ressuscité d’entre les morts. L’apôtre
nous démontre qu’il en avait saisi toute l’étendue, lorsqu’il dit : «Pour
moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21) ; et dans la mesure où nous pourrons
en vérité tenir un tel langage, dans la même mesure nous aurons compris quelle
est notre haute position en Christ.
Notre
responsabilité est présentée encore à un autre point de vue dans le passage
suivant : «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et
marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré
lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne
odeur» (Éph. 5:1, 2). L’apôtre Jean nous exhorte de la même manière : «Par
ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous ;
et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3:16). Enfin
nous avons un exemple dans l’évangile de Jean, chap. 13, fourni par le Seigneur
lui-même. Le Seigneur Jésus, ayant lavé les pieds de ses disciples, et s’étant
remis à table, leur dit : «Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous
m’appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis ; si donc
moi, le seigneur et le maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous
laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que,
comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez» (Jean 13:12-15). L’amour
de Christ envers nous, manifesté quand il s’est livré à la mort pour nous, nous
est donc proposé comme exemple. S’il a laissé sa vie pour nous, nous devrions
aussi laisser nos vies pour les frères. Un tel sacrifice est l’expression la
plus parfaite de l’amour, et notre responsabilité est d’agir ainsi.
Remarquez dans le
premier passage que nous avons cité, avec quel soin l’Esprit de Dieu définit le
caractère de l’amour que nous sommes appelés à manifester et comment il ne lui
permet pas de dégénérer en bonté et en amabilité humaines. C’est comme «Christ
nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». Bien que nous soyons appelés à
aimer nos frères jusqu’à la fin, c’est Dieu, et non eux, qui doit être l’objet
placé devant nos âmes. Notre amour doit s’exercer comme devant Lui, et nous ne
pouvons le faire que dans le chemin de l’obéissance. «Par ceci nous savons que
nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous
gardons ses commandements» (1 Jean 5:2). C’est pourquoi le sacrifice offert par
notre Seigneur, est caractérisé comme l’obéissance jusqu’à la mort (Phil.
2:8) ; et il en parle ainsi lui-même : «J’ai le pouvoir de la
laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père» (Jean 10:18).
Nous devons donc toujours avoir Christ devant nos âmes — Christ comme le mobile
de toutes nos actions, en marchant sur les traces de son amour, et en nous
aimant les uns les autres, comme Lui-même nous a aimés (Jean 15:12).
L’apôtre Pierre
nous présente une autre face de notre responsabilité, en nous exposant la
marche de Christ : elle a trait aux ennemis et à ceux qui nous
persécutent : «Si, en faisant le bien, vous souffrez, et que vous
l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu, car c’est à cela que vous
avez été appelés ; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un
modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché, et
dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on
l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas,
mais se remettait à celui qui juge justement ; qui lui-même a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à
la justice ; par la meurtrissure duquel vous avez été guéris» (1 Pierre
2:20-24).
C’est donc Christ, à tous les points de vue, qui est toujours le sujet de notre
responsabilité dans la pratique de la vie. «Je suis crucifié avec Christ ;
et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis
maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui
m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20).
À l’appui de ce que
nous avons exposé, citons encore les deux passages si explicites d’Éphésiens
4:20-32 et de Colossiens 3. Là aussi la Parole fonde l’exhortation sur notre
position en Christ. Nous transcrirons le dernier, pour en indiquer le caractère
général. La première partie du chapitre (Col. 3) considère la mort et la résurrection
avec Christ, comme nous en avons déjà parlé. Ensuite viennent des instructions
pratiques ; c’est ainsi que l’apôtre pose le fondement de toute notre
conduite : «Ne mentez point l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme
avec ses actions et ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en
connaissance, selon l’image de Celui qui l’a créé, où il n’y a pas Grec et
Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme
libre ; mais où Christ est tout et en tous. Revêtez-vous donc, comme des
élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté»,
etc. (Col. 3:9-12). Sans reprendre en détail l’enseignement de ce passage, nous
ferons remarquer que l’exhortation adressée aux croyants Colossiens, est basée
sur le fait qu’ils avaient «dépouillé le vieil homme», et qu’ils avaient
«revêtu le nouvel homme». Mais quand ont-ils dépouillé le vieil homme ?
C’est dans la mort de Christ que notre vieil homme (notre Adam) a été crucifié
(Rom. 6:6). Et quand ont-ils revêtu le nouvel homme ? Dans la résurrection
(Col. 2:11-13 ; 3:1-5). C’est de ce fait que dépend toute notre
responsabilité. Car si, par la grâce, j’ai dépouillé le vieil homme, je suis
responsable de ne plus vivre selon le vieil homme, mais de mortifier mes
membres qui sont sur la terre ; et si j’ai revêtu le nouvel homme, c’est
afin de marcher dignement ; car Dieu nous a fait sortir, par la mort et la
résurrection de Christ, du vieil état et de la misérable situation dans
lesquels Adam était tout et en tous, et nous a introduits dans celle où Christ
est tout et en tous. Si donc Christ dans la gloire est la mesure de ma
vocation, il est aussi la mesure de ma responsabilité ; et ces deux choses
étant mises en regard l’une de l’autre dans la parole de Dieu, nous devons aussi
en faire de même dans nos propres âmes. «Si quelqu’un est en Christ, c’est une
nouvelle création» (2 Cor. 5:17) ; c’est-à-dire qu’il est introduit dans
cette nouvelle création de laquelle Christ est le commencement et le
Chef ; et ainsi tout croyant est responsable de marcher d’une manière
digne de la position dans laquelle il a été introduit.
Dès que le croyant
a été amené des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu, un objet
d’espérance est placé devant ses yeux par les Écritures. C’est la venue ou le
retour du Seigneur Jésus Christ. Ce fait se retrouve dans presque tous les
livres du Nouveau Testament ; aussi est-il d’autant plus surprenant que
l’espérance du retour du Seigneur ait été perdue de vue par l’Église professante
en général.
Mais examinons les
Écritures sur ce sujet.
Nous remarquons
d’abord que le Seigneur a constamment appelé l’attention de ses disciples sur
cette vérité. Dans l’évangile de Matthieu, elle se retrouve fréquemment, et «la
parabole des vierges» en est un exemple frappant (Matt. 25). Dans l’évangile de
Marc, nous trouvons cette exhortation : «Veillez donc ; car vous ne
savez pas quand le maître de la maison viendra, le soir, ou à minuit, ou au chant
du coq, ou au matin ; de peur qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve
dormant» (13:35-37). Dans l’évangile de Luc, nous lisons : «Que vos reins
soient ceints et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à
des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu’il revienne des
noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt»
(12:35, 36). Enfin, dans l’évangile de Jean, nous avons ces paroles bénies et
d’une portée si intime : «Que votre coeur ne soit pas troublé ; vous
croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a
plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je
vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une
place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où
moi je suis, vous, vous soyez aussi» (14:1-3).
Nous avons cité ces
passages comme exemples seulement de la manière dont le Seigneur annonçait son
retour à ses disciples ; nous passerons maintenant aux autres livres du
Nouveau Testament, car c’est après la résurrection et l’ascension de Christ,
que le Saint Esprit propose cette vérité comme l’espérance particulière du
croyant. En effet, aussitôt que le Seigneur fut élevé au ciel du milieu de ses
disciples, un message est adressé à ceux-ci : «Hommes galiléens, pourquoi
vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même
manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel» (Actes 1:10, 11). Dans les épîtres aux églises ou aux saints,
nous trouvons la même chose. La première dans l’ordre chronologique est la 1°
épître aux Thessaloniciens ; et, en parlant de leur conversion, l’apôtre
dit : «Car eux-mêmes racontent de nous quelle entrée nous avons eue auprès
de vous, et comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le
Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils, qu’il a ressuscité
d’entre les morts, Jésus» (1 Thess. 1:9, 10 ; voir aussi 2:19, 20 ;
3:13 ; 4:13-18, etc.). La 2° épître aux Thessaloniciens s’occupe du même
sujet, et relève quelques erreurs, dans lesquelles les saints étaient en danger
de tomber, à cause d’un mauvais enseignement (2 Thess. 2:1-6). Dans l’épître aux
Colossiens, c’est la même doctrine : «Quand le Christ qui est notre vie,
sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec Lui en gloire»
(3:4), ce qui nous prouve que les saints auront été ravis pour rencontrer le
Seigneur avant son apparition. De même, dans l’épître aux Philippiens, nous
lisons : «Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons
le Seigneur Jésus Christ» (3:20). Et dans l’épître à Tite : «Attendant la
bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et
Sauveur Jésus Christ» (2:13).
Enfin le dernier
livre de la Bible présente à la foi cet objet, au commencement et à la fin. De
toutes les églises, c’est celle de Philadelphie qui paraît s’accorder le mieux
avec l’Esprit du Seigneur ; aussi c’est à elle qu’il dit : «Je viens
bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta
couronne» (Apoc. 3:11). Et le Seigneur termine ses communications aux siens, en
même temps que tout le canon de la vérité inspirée, par ces paroles :
«Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt»
(Apoc. 22:20) — preuve suffisante de la manière dont il veut que nos coeurs
s’occupent de sa venue.
Non seulement il
est vrai que nous devons nous tenir toujours dans l’attitude de ceux qui
attendent le Seigneur Jésus, mais encore l’enseignement de l’Écriture ne laisse
pas de place pour faire intervenir quoi que ce soit entre le temps présent et
cette venue, et il n’y a pas d’événements qui doivent préoccuper nos coeurs
pour les détourner de leur espérance. À quel moment que ce soit, même pendant
qu’on lit ces lignes, le Seigneur peut descendre du ciel «avec un cri de
commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu», pour
ressusciter ses saints qui se sont endormis, et pour transmuer les vivants, en
sorte qu’ils puissent être ravis «dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en
l’air» (1 Thess. 4:15-18). Aussi l’apôtre, dans l’attente immédiate de cet
événement, nous dit : Nous, les
vivants qui demeurons, nous
serons ravis, etc. (v. 17) ; et encore : «Nous ne nous endormirons
pas tous, mais nous serons tous
changés» (1 Cor. 15:51). C’est l’esclave méchant qui dit dans son coeur :
«Mon maître tarde à venir» (Matt. 24:48) ; et Pierre nous
dit de même, qu’aux derniers jours il y aura des moqueurs, «marchant dans la
moquerie selon leurs propres convoitises et disant : Où est la promesse de
sa venue ?» (2 Pierre 3:3, 4).
Ainsi tout croyant
devrait être caractérisé par l’attente vivante de la venue du Seigneur. Car,
comme nous l’avons vu constamment dans ces pages, nous sommes un peuple
céleste, et par conséquent notre espérance est aussi céleste ; et nous
attendons le Seigneur Jésus, parce qu’il nous a dit Lui-même de le faire.
D’ailleurs il lui a plu de nous révéler que l’achèvement de notre rédemption
aura lieu à cette époque-là. C’est alors que nous Lui serons rendus semblables
(1 Jean 3:2) ; corporellement aussi bien que moralement (Phil. 3:21). Car
si nous sommes morts quant au corps avant son retour, il nous ressuscitera
d’entre les morts, en nous communiquant des corps de résurrection semblables au
sien ; ou si nous sommes encore sur la terre, «nous serons tous
changés : en un instant, en un clin d’oeil, à la dernière trompette, car
la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous
(c’est-à-dire les vivants), nous serons changés» (1 Cor. 15:51, 52). Alors, non
seulement nous serons associés avec Lui dans la gloire, mais encore «nous serons
toujours avec le Seigneur» (1 Thess. 4:17).
Cette espérance
devrait produire en nous un effet des plus salutaires. L’Écriture nous offre
plusieurs exemples de la puissance qu’elle exerce sur nos âmes ; au
premier chef se trouve l’attente continuelle de la venue de Christ, qui est la
pierre de touche de notre condition spirituelle. Tel est le caractère
particulier de la parabole des vierges (Matt. 25:1-13) : toutes les
vierges disent être fidèles, mais cinq sont appelées prudentes, et cinq
appelées folles. Toutes avaient des lampes, et avaient l’intention de sortir à
la rencontre de l’époux. Extérieurement, il n’y avait pas de différence entre
elles ; et, d’après le récit de la parabole, ce qui les distinguait
essentiellement ne fut reconnu que lorsque se fit entendre le cri : «Voici
l’époux !» C’est à ce moment, à cette approche, et pour aller à sa
rencontre, qu’elles se réveillent de leur sommeil, et que toutes préparent
leurs lampes ; mais alors les vierges folles s’aperçoivent que l’huile
leur manque. Jusqu’ici, elles avaient pensé que tout allait bien. Elles se
disaient fidèles, et toute leur apparence, extérieurement du moins, était celle
des enfants de Dieu ; mais maintenant, devant l’arrivée soudaine du
Seigneur, elles sont prises au dépourvu : elles ne sont pas nées de
nouveau ; elles ne possèdent pas un Esprit qui rende témoignage avec leur
esprit qu’elles soient des enfants de Dieu ! Leur profession était fausse
et elles ne peuvent s’avancer avec cela, à la rencontre de l’époux. Aussi
cherchent-elles à se procurer de l’huile ; mais c’est en vain ; il
est trop tard ! Celles qui étaient prêtes sont allées avec l’époux aux
noces ; «et la porte fut fermée» (v. 10). Cependant, elles se présentent
encore devant la porte, et se tenant dehors, elles s’écrient : «Seigneur,
Seigneur, ouvre-nous ! Mais lui, répondant, dit : En vérité, je vous
dis : je ne vous connais pas» (v. 11, 12). Or voici la leçon solennelle
que le Seigneur lui-même en tire : «Veillez donc ; car vous ne savez
ni le jour ni l’heure» (v. 13). La situation des vierges folles dans la
parabole sera celle de chacun d’entre nous, qui n’aura pris que la lampe de la
profession sans se pourvoir de l’huile nécessaire ; qui ne sera chrétien
que de nom, qui ne sera pas né de nouveau, et qui n’aura pas reçu l’Esprit
d’adoption.
L’attente de Christ
révèle, outre le véritable état des vierges folles, celui des vierges
prudentes. Celles-ci s’étaient endormies de même que les folles, et c’est le
cri : «Voici l’époux», qui les éveille, et les porte à préparer leurs
lampes pour sortir à sa rencontre. C’est seulement lorsqu’elles sont ainsi
prêtes qu’elles entrent avec lui aux noces (v. 10). De fait, si les croyants
attendent constamment leur Seigneur, il leur est impossible de s’endormir. En
esprit ils sont déjà dans sa présence, et leur état et leurs associations y
sont constamment jugés.
Cette parabole nous
montre que quatre choses sont nécessaires pour être prêt à rencontrer le
Seigneur : la première et la plus essentielle, c’est l’huile ; en
second lieu, la lampe préparée ; troisièmement, la séparation — elles
devaient sortir pour rencontrer l’époux ; et enfin, la vigilance,
car c’est en cédant au sommeil, qu’elles ont manqué. En sorte que c’est
l’attente continuelle et journalière du Seigneur, qui dispose les croyants à
être prêts pour sa sainte présence.
Cette espérance
devrait aussi nous encourager à être fidèles dans le service. Telle est la
portée de la parabole qui suit (Matt. 25:14 et suiv.), d’un homme qui, «s’en
allant hors du pays, appela ses propres esclaves et leur remit ses biens... à
l’un, il donna cinq talents ; à un autre, deux ; à un autre,
un» ; de même que celle des dix mines (Luc 19:12-27). À propos du méchant
esclave, dont nous avons déjà parlé, il est dit : «Le maître de cet
esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait
pas, et il le coupera en deux et lui donnera sa part avec les hypocrites»,
(Matt. 24:50, 51). Ainsi la venue de Christ fournit deux mobiles à la
fidélité : elle fournit à la fois un encouragement aux fidèles, et un
avertissement au serviteur insouciant. Le premier dira dans une joyeuse anticipation :
«Mon Seigneur vient bientôt ; — il faut donc que je sois diligent jusqu’à
son retour» ; tandis que l’autre, s’il réfléchit, doit dire : «Que
fera mon Seigneur à sa venue, s’il me trouve insouciant et infidèle ?»
Plus nous vivrons sous l’influence de l’attente de Christ, plus nous serons
portés à servir comme sous son regard, car nous savons qu’il fera compte avec
nous à son retour.
L’attente de la
venue de Christ a aussi pour effet de nous séparer du mal, dans notre coeur et
dans notre vie. L’apôtre Jean nous dit : «Bien-aimés, nous sommes
maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été
manifesté ; nous savons que quand Il sera manifesté, nous lui serons
semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en
lui se purifie, comme lui est pur» (1 Jean 3:2, 3). Rien ne nous détache si
complètement de tout ce qui ne convient pas à la présence du Seigneur, comme
l’attente continuelle de sa venue. Sachant qu’il peut venir à chaque instant,
et vivant dans cette attente, nous chercherons à éloigner de nous tout ce qui
ne peut recevoir le sceau de son approbation, soit dans notre coeur, soit dans
nos habitudes, soit dans notre vie et notre marche. Cela nous portera à juger
tout ce qui est en nous, aussi bien que tout ce qui nous entoure, à la lumière
de sa présence, comme étant déjà avec lui en esprit ; et ainsi, l’ayant
constamment devant nos âmes, nous nous purifierons comme lui est pur.
Les vérités que
nous venons d’examiner ne sont qu’une partie des effets produits par l’attente
vivante de la venue de Christ. Si l’on médite davantage l’Écriture sur ce
sujet, on trouvera que la venue de Christ est toujours associée avec le coeur
et la vie du croyant. Nous en avons cependant dit assez pour montrer quel est
le caractère pratique de cette doctrine. On fait donc du tort au jeune croyant
en lui cachant cette vérité bénie. Car, si la croix de Christ est le fondement
du salut, la venue de Christ en est l’accomplissement, et, comme nous l’avons
vu, c’est au jour de cette apparition que nous serons aussi, dans nos corps,
rendus semblables au Seigneur. S’il ignore cette vérité, le chrétien est privé
d’une espérance qui, par la puissance du Saint Esprit, non seulement le
fortifie contre le découragement, le soutient dans la détresse et dans le
combat, le console dans la perte de ceux qui lui sont chers, excite son zèle,
et évoque son affection, mais qui opère encore puissamment pour sa
sanctification pratique. C’est pourquoi Satan multiplie ses efforts, dans le
but de l’obscurcir aux yeux des croyants ; il est toutefois étrange qu’un
si grand nombre d’entre eux tombent dans son piège ; cela d’autant plus,
que le Seigneur a assimilé pour toujours son retour avec le mémorial solennel
et touchant de sa propre mort : «Car toutes les fois que vous mangez ce
pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne» (1 Cor. 11:26).
Il règne une telle
confusion dans les esprits, soit parmi les croyants, soit parmi les
inconvertis, sur le sujet du jugement, que nous nous proposons de l’examiner
ici à la lumière de l’Écriture.
L’idée générale est
celle d’un jour de jugement final, auquel tous les hommes, tant ceux qui seront
sauvés que ceux qui seront perdus, se tiendraient devant Dieu pour recevoir la
rétribution selon ce qu’ils auront fait. C’est pourquoi l’on soutient que nous
ne pouvons savoir, avant ce jour-là, si nous sommes sauvés ou non.
Le Seigneur a
déclaré expressément lui-même que les croyants n’auront jamais à comparaître
pour leurs péchés devant le trône du jugement. Voici le passage : «En
vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit
celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais
il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). N’est-ce pas la pleine assurance
que les croyants ne viendront pas en jugement ? En effet, ce résultat est
attaché à la possession de la vie éternelle ; car si la question de notre
état de péché devant Dieu n’eût pas été réglée, comment pourrions-nous entrer
en possession de la vie éternelle ? Or nous apprenons que nous l’avons dès
à présent : «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a
envoyé, a (non pas aura) la vie éternelle» (voir aussi Jean
3:36 ; 6:47 ; 1 Jean 5:13, etc.).
Le type de cette
précieuse vérité se trouve, comme nous l’avons vu, dans la distinction que Dieu
a faite à l’égard d’Israël en Égypte, au soir de la Pâque, quand il a frappé
tout premier-né. Israël avait été complètement préservé du pouvoir de l’ange
destructeur par le sang de l’agneau. De la même manière, tout croyant est
abrité, par le sang de Christ, du jugement de Dieu sur le péché ; car
Christ a subi le jugement à sa place sur la croix, de sorte qu’il peut
dire : Lui-même a porté mes péchés en son corps sur le bois (1 Pierre
2:24).
Vous dites
peut-être : Oui, mais ce sont les péchés que j’ai commis dans le passé. —
Nous vous répondons : Non, mais vos péchés, tous vos péchés, si vous
êtes un croyant. Vous n’en aviez pas commis un seul avant la mort du
Sauveur ; et néanmoins il en a pris tout le fardeau, et a subi le jugement
qui leur était dû, afin que notre culpabilité entière pût être ôtée pour
toujours. Quelle précieuse vérité !
Ainsi, non
seulement nous sommes morts avec Christ, mais nous avons aussi été ressuscités
ensemble avec Lui (Éph. 2 ; Col. 3) ; nous avons donc passé par le
jugement dans la mort de Christ, de sorte que nous nous trouvons maintenant de
l’autre côté du jugement, c’est-à-dire du côté de la résurrection, et nous
pouvons, avec une parfaite confiance, nous écrier : «Qui intentera
accusation contre des élus de Dieu ? — C’est Dieu qui justifie ; qui
est celui qui condamne ?» (Rom. 8:33, 34).
Mais s’il est vrai
que les croyants ne seront plus amenés en jugement à cause du péché, il faut
cependant qu’ils soient tous manifestés devant le tribunal de Christ. «Nous
avons, dis-je, de la confiance, et nous aimons mieux être absents du corps et
être présents avec le Seigneur. C’est pourquoi aussi, que nous soyons présents
ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être
agréables ; car il faut que nous
soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce
qu’il aura fait, soit bien, soit mal» (2 Cor. 5:8-10). Nulle affirmation
ne pourrait être plus précise au sujet de la manifestation de tous (nous
tous, tous les croyants) devant le tribunal de Christ. Nous posons donc les
deux questions suivantes : Quand aura lieu cette manifestation des
croyants ? et : Dans quel but ces derniers seront-ils là devant le
tribunal ?
Nous avons vu, dans le
chapitre précédent, que l’espérance du croyant est la venue de Christ. À sa
venue, les morts en Christ seront ressuscités, les vivants seront changés, et
les uns et les autres seront ravis ensemble dans les nuées à la rencontre du
Seigneur en l’air (1 Thess. 4:16-18). Cette espérance ne concerne que les
croyants seuls, et c’est la «résurrection de vie», dont notre Seigneur parle
dans l’évangile de Jean. On en comprendra mieux la signification si nous citons
le passage en entier. «L’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les
sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué
le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection
de jugement» (Jean 5:28, 29). Au verset 24, il promet la vie éternelle à tous
ceux qui entendent sa parole, et qui croient en Celui qui l’a envoyé ; et
il déclare qu’ils ne viendront pas en jugement, mais qu’ils sont passés de la
mort à la vie. Ensuite il dit : «En vérité, en vérité, je vous dis que
l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils
de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront». Cela est basé sur le fait
que : «comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi
d’avoir la vie en lui-même ; et il lui a donné autorité de juger aussi,
parce qu’il est fils de l’homme» (v. 26, 27). Après quoi, nous trouvons le
passage déjà cité : «Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient,
etc.» (v. 28).
Les deux sujets
traités par ces passages sont la vie et le jugement, en rapport avec Christ
comme source de la vie et exécuteur du jugement. Comme Fils de Dieu, il
communique la vie ; comme Fils de l’homme, il est revêtu de l’autorité
pour exécuter le jugement. Par conséquent, il offre la vie pendant l’heure qui
«est maintenant», et il exécutera le jugement pendant l’heure qui «vient».
L’heure qui «est maintenant», a duré depuis le moment où ces paroles ont été
prononcées, et elle finira avec la dispensation présente. Ainsi donc, au verset
25, il s’agit de ceux qui sont morts spirituellement ; c’est pourquoi il
est dit : «Ceux qui l’auront entendue vivront» ;
car ce sont seulement ceux qui entendent la voix du Fils de Dieu dans
l’évangile, qui passent de la mort à la vie. Mais il nous est dit ensuite que
l’heure vient, en laquelle tous ceux qui
sont dans les sépulcres... sortiront ; et «l’heure» dont il est
question désigne, de même que celle du verset 25, une époque ou une dispensation, sans limitation de durée. Or nous
apprenons par d’autres portions de l’Écriture (1 Cor. 15:23 ; 1 Thess.
4:15-18 ; Apoc. 20:4-6, etc.), que la résurrection de vie aura lieu au
retour du Seigneur, tandis que la résurrection de jugement n’aura lieu qu’à la
fin du millénium, à l’ouverture de l’état éternel. Nous comprenons ainsi que la
résurrection de vie de ceux qui ont entendu la parole du Fils de Dieu, qui ont
cru Celui qui l’a envoyé, et qui ont reçu la vie éternelle, est quelque chose
d’entièrement différent de la résurrection de jugement ; différent quant à
l’époque et quant au but et au résultat.
Ceci renferme en
outre un autre enseignement très sérieux, que nous ne ferons que mentionner
c’est celui que tous les hommes doivent rendre hommage au Fils de Dieu, et
s’ils ne le font pas maintenant en s’humiliant devant Lui et en se jugeant
eux-mêmes, pour recevoir de Lui la vie éternelle, ils y seront contraints au
jour où il exécutera le jugement, comme Fils de l’homme, sur tous, selon leurs
oeuvres. Actuellement il agit en grâce, mais alors il agira en juste jugement.
Ayant vu que les
croyants ne participent pas à la résurrection de jugement, il nous reste à
rechercher quand ils seront manifestés devant le tribunal de Christ ? La
réponse évidente à cette question se trouve dans plusieurs passages :
c’est à son retour, et consécutivement à la première résurrection (1 Cor. 1:7,
8 ; 1 Thess. 1:9, 10 ; 3:12, 13 ; 2 Thess. 1:10 ; 1 Tim.
6:13-16 ; Tite 2:11-14, etc.). Voici du reste l’enseignement que nous
fournissent les paraboles de Matthieu 25:14, etc. ; Luc 19:11, etc. Dans
le premier de ces passages, nous lisons : «Et longtemps après, le maître
de ces esclaves vient et règle compte avec eux» (Matt. 25:19) ; dans le
dernier, il leur dit en partant : «Trafiquez jusqu’à ce que je vienne»
(Luc 19:13). Et dans toutes les exhortations que Jésus adresse aux disciples à
l’égard de leur responsabilité de serviteurs, le but vers lequel il dirige
leurs regards est sa venue.
Nous pouvons
maintenant répondre à notre seconde question. «Dans quel but les croyants
seront-ils manifestés devant le tribunal de Christ ?» Nous avons vu que ce
n’est pas pour être jugés à cause du péché ; car la possession de la vie
éternelle les en exempte, et le jugement dû à leurs péchés et à leur état de
péché a été déjà subi par leur Substitut dans sa mort. Mais les croyants seront
manifestés, «afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le
corps» ; et ainsi, c’est pour le croyant l’épreuve de son service dans ces
oeuvres accomplies dans le corps. On ne peut trop insister sur cette vérité, et
la serrer dans les coeurs et les consciences ; car la pensée que nous
devons être manifestés devant le tribunal de Christ nous excitera au zèle et à
la fidélité. Rappelons-nous cependant, qu’avant d’être ainsi jugés, nous aurons
déjà été ressuscités, et rendus semblables à notre Seigneur (Phil. 3:20,
21 ; 1 Jean 3:2), corporellement aussi bien que spirituellement ; en
sorte que nous aurons pleine communion avec lui dans son jugement sur nos
oeuvres.
Là le Seigneur
pèsera dans sa juste balance toutes les oeuvres que les siens auront faites pour Lui, dans l’intégrité et la sincérité de leurs coeurs et dans la
vérité, et leur en donnera la récompense multipliée selon la grandeur de ses
richesses et de sa bonté, d’après ce qu’il a dit : «Voici, je viens
bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon que sera son
oeuvre» (Apoc. 22:12).
Mais aussi, selon
cette toute-science par laquelle il discerne les pensées et les intentions du
coeur, «toutes choses sont nues et découvertes» devant Lui (Héb. 4:12, 13), il
éliminera sévèrement tout ce qui, dans ces mêmes oeuvres, est un fruit de
l’activité de la chair, si indirect ou si caché qu’il puisse être, et de cela
nous ferons la perte. Dieu veuille que la solennité de cette épreuve, qui sera
faite devant notre Sauveur lui-même, de toute notre vie pour Lui, nous
rende sérieux et attentifs pour marcher dès à présent comme en sa sainte
présence et «pour Lui plaire à tous égards». «Or le Dieu de paix lui-même vous
sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps
tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre seigneur
Jésus Christ» (1 Thess. 5:23).
La terre a été la
scène de maints jugements des vivants, et elle le sera encore. «Quand le Fils
de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il
s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées
devant lui», etc. (Matt. 25:31, etc.). On confond fréquemment cette scène avec
celle qui a lieu devant le grand trône blanc (Apoc. 20) ; mais c’est
quelque chose d’entièrement différent. Comme la Parole le déclare, c’est le
jugement des nations vivantes, à la venue du Fils de l’homme dans sa
gloire ; et c’est donc un jugement qui précédera sa domination «depuis le
fleuve jusqu’aux bouts de la terre». Le récit du jugement dernier se trouve
dans l’Apocalypse : «Et je vis les morts, les grands et les petits, se
tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts ; et un autre
livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés d’après les
choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs oeuvres. Et la mer
rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et le hadès rendirent
les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs oeuvres.
Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu : c’est ici la
seconde mort, l’étang de feu. Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le
livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu» (20:12-15).
C’est la
«résurrection de jugement», dont le Seigneur parle dans l’évangile de
Jean ; elle comprendra tous les inconvertis, et eux seuls. Il est vrai que
le livre de vie s’y trouve, mais ce n’est pas pour indiquer que les saints y
seront jugés.
Le livre de vie est
ouvert pour démontrer que les noms de ceux qui doivent être jugés n’y sont pas ;
et ainsi ils sont condamnés sur un terrain négatif aussi bien que positif.
Leurs noms ne sont pas écrits dans le livre de vie, et leurs oeuvres prouvent
qu’ils méritent le juste jugement. Ils tombent sans espoir sous la sentence
éternelle de l’étang de feu — ce qui est la seconde mort — sentence à laquelle
il est impossible d’échapper, et contre laquelle il n’y a pas d’appel.
Est-ce que
quelques-uns de mes lecteurs ne sont pas encore sauvés ? Laissez-moi vous
engager à considérer cette scène solennelle. Celui qui s’assied sur le grand
trône blanc, comme Juge, est le même qui, assis maintenant dans la gloire à la
droite de Dieu, vous est présenté comme Sauveur. Le décret que Dieu a prononcé
à son égard est : «Qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres
célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus
Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:10, 11). Personne
donc ne peut y échapper ; mais la question qui vous concerne, et qui vous
concernera éternellement, c’est si vous ploierez le genou devant lui,
maintenant que c’est le temps agréable, et le jour du salut, ou si vous serez
forcés de vous humilier devant lui, lorsqu’il se présentera comme votre Juge
sur le trône. Humiliez-vous devant lui maintenant, vous jugeant vous-mêmes, et
prenant la place de pécheurs ; en regardant vers lui comme vers le
Sauveur, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ; alors vous ne
viendrez pas en jugement ; mais dans sa contemplation, vous passerez de la
mort à la vie. Si vous le refusez comme Sauveur, dédaignant la grâce de Dieu
qui promet la vie éternelle à tous ceux qui croient en Lui, vous aurez à vous
humilier sous la verge de son jugement, et en même temps à confesser qu’il est
Seigneur à la gloire de Dieu le Père. Alternative terrible !
Oh ! que le
Seigneur emploie cette pensée même, pour vous amener à ses pieds comme pécheur
perdu, afin que, le recevant comme votre Sauveur, vous soyez du nombre des
bienheureux qui attendent son retour, et qui n’auront jamais à comparaître
devant le grand trône blanc.
Si le Seigneur Jésus vient à l'instant pour les siens, pour ceux qui
aujourd'hui refusent l'évangile de la grâce, il
sera trop tard pour se convertir plus tard, à cause de l'énergie
d'erreur que Dieu leur enverra (2 Thessaloniciens 2 v 11). S'ils vivent
encore à la venue du Seigneur en gloire (2ème venue), ils seront parmi les
maudits, pour en final comparaître devant le grand trône blanc (Apocalypse
20 v 11) et être jeté dans l'étang de feu( Apocalypse 20 v 15).
Lire le message relatif aux venues du Seigneur Jésus.
« Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos
cœurs ..."
Hébreux
3 v 15.