La foi et le sentiment

Extrait du Messager Evangélique de 1868

Avant-propos

Dans la Parole, particulièrement dans les épitres, le mot "nous/vous" a un sens très précis. Il n'inclut pas automatiquement tous les lecteurs. Le "nous/vous" se réfère exclusivement à ceux qui possèdent la vie divine, ceux qui sont nés de nouveau, à savoir ceux qui sont passés par une vraie conversion. Personne n'est rejeté, car il suffit de répondre à l'appel de Dieu, pour passer par une vraie conversion, il n'y a rien de "mystique" en cela. C'est tout simple, encore faut-il faire le pas avec Dieu.

Il y a dans la chrétienté une grande confusion, on ne fait pas cette distinction, car on appelle conversion, une option de vie, se trouver bien dans tel et tel environnement, coloré du nom de Jésus ou de Dieu. Il y a dans la chrétienté, des " vierges prudentes " et des " vierges folles ".

Nous nous excusons d'insister sur ce point, mais il est capital et vital, il en va de l'avenir éternel du lecteur!

 

Message

La différence qui existe entre la Foi et le Sentiment est souvent peu comprise; de là vient que bien des âmes sincères demeurent, pendant un temps plus ou moins long, loin de l'état de paix, dans lequel la foi simple à la Parole place l'âme devant Dieu.

On ne distingue, généralement, pas assez nettement ces deux choses, et l'effet de cette confusion ne tarde pas à se manifester, par l'absence d'assurance, qui se remarque chez tous ceux qui n'ont pas compris ce qu'est la foi.

C'est donc dans l'espoir de me rendre utile aux âmes qui pourraient être dans ce cas, et avec l'aide de Dieu, que je suis encouragé à présenter quelques remarques sur ce sujet qui, par le fait qu'il se rattache à l'expérience de bien des âmes, ne manque pas d'importance, ni même d'opportunité.

Disons d'abord ce qu'est le sentiment. Le sentiment est une impression produite dans l'âme par des causes très diverses et, parfois même, opposées les unes aux autres. Par exemple, tel événement dans la vie produira intérieurement de la tristesse; et tel autre de la joie, et cela indépendamment et tout à fait en dehors de tout besoin religieux. La vue de la souffrance d'autrui, par exemple, produira dans l'âme un sentiment de pitié et de sympathie. Pareillement, la nouvelle de l'heureuse arrivée d'un ami donnera de la joie, de la satisfaction. En tout cela, évidemment, la foi n'est pas la cause de ces sentiments; ils sont indépendants d'elle, et se réveillent naturellement sans elle. En outre, ils sont en rapport avec la nature de la cause qui les produit: tantôt ce sera de la joie, tantôt de la tristesse, — de l'indignation on de l'attendrissement. Aussi arrivera-t-il de dire d'une personne insensible à tout, sauf à ce qui se rapporte à elle-même: elle n'a pas de sentiments!

Maintenant, qu'est-ce que la foi? La foi est une persuasion intime de l'âme, concernant les choses révélées de Dieu: on croit la Parole qui les révèle parce qu'elle a le cachet de l'autorité même de Dieu.

Quelle en est la conséquence pour celui qui a la foi?

Si on parle d'une âme encore inconvertie, mais placée devant la Parole qui révèle quel sera le jugement réservé à ceux qui n'auront pas cru; et en supposant qu'elle ajoute foi à cette déclaration de l'Ecriture, bien persuadée que la chose arrivera, selon que Dieu l'a dite, cette âme se trouvera sur-le-champ troublée et dans l'angoisse au sujet de ce qu'elle deviendra, quand la colère de Dieu éclatera.

Ces sentiments de trouble et de frayeur, bien légitimes, en vérité, seront l'effet produit par la foi, ou cette persuasion intérieure, que ce que Dieu a dit aura très certainement son accomplissement. Remarquons ici, que le sentiment ou l'impression produite par la vérité en cette âme, n'aura pas précédé la foi, mais qu'il en aura été l'effet. Or cette âme restera-t-elle sous le poids écrasant du trouble et de l'anxiété qu'elle ressent? Hélas! cela peut arriver quelquefois, comme dans le cas de Félix (Actes des Apôtres 24: 25) qui fut «tout effrayé» de ce que Paul venait de dire du «jugement à venir», mais qui, comme la suite semble le montrer, en demeura là. Ainsi, il arrive, peut-être assez souvent, que des âmes ont assez de foi, pour être malheureuses et troublées, mais pas assez pour jouir de la paix et du bonheur. Ce lamentable état peut conduire au suicide, comme Judas, ou à l'aliénation que l'on attribue à la religion, mais qui ne provient que d'un manque de foi à la bonne nouvelle de Dieu. Néanmoins, en général, on peut bien espérer de ceux qui sont convaincus de péché, car c'est Dieu qui a commencé l'oeuvre en eux, et Il est puissant et fidèle pour l'achever. On peut et l'on doit espérer que la foi qui a produit une telle conviction quant au jugement, produira la même conviction à l'égard du moyen ordonné de Dieu pour éviter le jugement. Le travail propre à amener le coeur à l'acceptation du moyen ordonné de Dieu sera peut-être plus ou moins long (car, dans sa folie, l'homme imagine toujours vouloir y mettre du sien); mais, tôt ou tard, ce travail l'amènera à chercher en Christ un refuge, dans lequel il sera en parfaite sûreté.

Le sentiment est donc une impression tout à fait générale, pouvant être produite par n'importe quelle cause, mais il se liera toujours, sans la précéder, à la cause qui le produira intérieurement.

A ce sujet, un exemple frappant, entre beaucoup d'autres, de sentiment et de foi, nous est fourni dans l'évangile de Luc, au chapitre 23. Je veux parler de la crucifixion de notre Seigneur Jésus Christ.

A cette occasion, on vit plusieurs femmes qui le suivaient, et qui «se frappaient la poitrine et pleuraient». Rien, extérieurement, de plus touchant que cette démonstration de douleur et de sympathie qu'elles manifestaient à l'égard du Seigneur; mais était-ce la foi en Lui qui produisait de tels sentiments; ou bien était-ce simplement l'effet causé par la vue de ce qui se passait sous leurs yeux? — Sans vouloir ici rabaisser en rien la valeur, à leur place, de sentiments naturels de ce genre, je crois, néanmoins, que les propres paroles du Seigneur sont une réponse décisive: «Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi; mais pleurez sur vous-même et sur vos enfants». — S'il se fût agi, en cette circonstance, de sentiments provenant de la foi, elles auraient, dans la conviction de leur état de péché, pleuré sur elles-mêmes et non sur le Seigneur; et cela, dans la conviction que leurs propres péchés étaient cause (abstraction faite de la cruauté des hommes) de tout ce qui arrivait au Seigneur. Or, dans cette supposition, le Seigneur Jésus aurait-il répondu à de tels sentiments par une menace de jugement (versets 29, 30)? Il n'est certes pas permis d'avoir une telle pensée, car de nombreux exemples du contraire nous sont fournis dans les Evangiles. C'était un attendrissement tout naturel en pareil cas, mais qu'il ne faut pas confondre avec la foi, ni avec les sentiments qu'elle fait naître. En nos jours, du reste, il n'est pas rare de rencontrer des personnes qui répandent des larmes, tout en lisant le récit de la passion de notre Seigneur (*), condamnant comme des hommes cruels ceux qui mirent les mains sur Jésus, en disant: Si nous avions été là, nous n'aurions pas ainsi agi! Un tel langage est une pure appréciation de soi-même; il ne prouve nullement que l'on soit meilleur que ceux que l'on blâme. Ces personnes, en général, avec tous leurs bons sentiments naturels, demeurent invariablement dans leur propre justice et leur incrédulité.

(*)    Un des coryphées de l'incrédulité, du matérialisme et de l'athéisme dans le 18e siècle, Diderot déclarait lui-même qu'il n'avait jamais pu lire ce récit dans les évangiles sans fondre en larmes.

Passons, maintenant plus avant dans le récit que nous donne le même chapitre, parce que nous y trouvons un remarquable exemple de foi. «Et deux autres [qui étaient] des malfaiteurs furent menés avec Lui, pour être mis à mort». Quelle fut leur conduite vis-à-vis de Jésus, et comment se montra l'état de leurs coeurs? Dès l'abord, tous deux firent la même chose: ils outrageaient le Seigneur (Matthieu 27: 44). Toutefois, la suite fit voir que, en l'un d'eux, l'oeuvre puissante de la grâce était commencée, comme le prouvèrent les sentiments tout différents qu'il manifesta à l'égard de la personne de Jésus. «Ne crains-tu point Dieu», dît-il à son complice, «car tu es dans la même condamnation? Et pour nous, nous y sommes justement, car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises: mais celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire». Voilà, certes, un changement de dispositions fort subit et même inespéré, et cependant très réel. C'est ce que peut seule produire, dans un coeur en révolte contre Dieu, la grâce puissante de Dieu. Mais la grâce n'opère pas sans la foi; c'est ce que confirme la suite de notre récit.

Conséquemment, sur quoi la foi de ce malfaiteur put-elle reposer la plante de son pied? — Quelle fut son assurance? La réponse est simple: ce fut sur le témoignage de Dieu. Quel témoignage? Celui qui était affiché au-dessus de la tête de Jésus: «Celui-ci est le roi des Juifs». — Voilà ce que lut et ce que crut ce malfaiteur. Ce fut par ce témoignage que son coeur apprit ce qu'était Jésus et qu'il mit sa confiance en Lui. Quant à Pilate, il fut providentiellement conduit à afficher cette vérité, afin que tous pussent la lire; vérité méconnue des Juifs, mais qui devait être en salut à un misérable à deux doigts de la mort. Il crut donc à ce divin témoignage et, se tournant vers Jésus, il lui dit: «Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton royaume». Il mettait en Lui, en dépit des apparences, toute sa confiance, car il croyait que ce qui était écrit de Lui était de Dieu et non de l'homme. Il put donc, en son extrémité, s'attendre à Christ et mettre son espérance en Lui. Par la foi (car que n'enseigne-t-elle pars en un moment!) il comprit ce qu'était Christ; la nation des Juifs, il est vrai, le rejetait; toutefois, les conseils de Dieu à son égard ne pouvaient être et ne serait jamais anéantis; Cette conviction profonde de son âme était le point de départ et l'espérance de sa foi. Il ne comprend rien à l'Eglise ni à la question d'une vocation céleste; mais ce qu'il lui était donné de comprendre, c'est ce qui avait rapport aux conseils de Dieu envers Christ, et à l'avenir de la nation incrédule. Jésus était pour lui, selon le propre témoignage de Dieu: le Roi des Juifs! — et comme tel, Il était le Rocher et l'espérance de sa foi.

Avant d'aller plus loin, remarquons la bonté et la beauté qui se voient dans la réponse que Jésus fit à ce malfaiteur; c'est comme s'Il lui eût dit: Je ne veux pas attendre jusqu'à l'établissement de mon royaume, d'être et de faire quelque chose pour toi et pour ton bonheur: «En vérité je te dis, qu'aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». — La mort expiatoire du Sauveur donnait effectivement lieu au déploiement d'une grâce surabondante, là où le péché avait abondé; de sorte que le pauvre coupable pouvait participer, avec Christ, au bonheur et au repos du Paradis. La grâce et le coeur de Jésus dépassaient ainsi la demande de celui qui ne le connaissait encore que comme Roi rejeté. Le temps viendra, sans doute, où le royaume du Seigneur Jésus sera établi avec puissance et avec gloire; mais en attendant ce jour, une grâce toute puissante agit dès lors dans le monde, pour la réalisation de cette parole de Jésus: «Et moi, si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous [les hommes] à moi-même».

Voilà, cher lecteur, ce que produit la foi, et où elle amène quiconque croit à la parole de Dieu, indépendamment de toute impression intérieure, dans notre âme. C'est ainsi que la Parole, bénie de Dieu, devient la source et le point de départ des sentiments de paix, de joie et d'espérance qu'elle produit dans le coeur du croyant. Après avoir cru ce qui était écrit, le brigand fut convaincu et quand il eut cru à la parole de Jésus, il fut en repos dans son âme, en sorte qu'il put déloger de ce corps en pleine paix. Mais toute âme qui ne se soumet pas humblement et joyeusement à ce que Dieu nous dit, et qui tient beaucoup plus compte de ses impressions particulières, que de ce qui est écrit, sera toujours dans le combat; par conséquent point de paix, point d'assurance de salut, mais la crainte, — toujours la crainte!

Quoi, en vérité, de plus clair, de plus simple, que des témoignages tels que ceux-ci: «Celui qui croit au Fils a la vie éternelle». — «Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé» — «Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche et que tu croies en ton coeur, que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé» — «Quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé». — Pourquoi donc s'obstiner contre la vérité et l'autorité de la parole de Dieu, en y opposant sans cesse des: Je ne sens pas ceci, ou je n'éprouve pas cela, — je ne suis pas assez fidèle, — je n'aime pas assez, — je suis trop grand pécheur! etc. Je vous en prie, cher lecteur; si vous êtes dans ce triste cas, considérez bien que vos sentiments, si élevés qu'ils puissent vous paraître, ne peuvent avoir et n'auront jamais l'autorité, ni la valeur, d'un seul témoignage de l'Ecriture. Si donc, par la bénédiction d'en-haut, ces lignes vous convainquent de votre erreur, jetez-vous sans défiance dans les bras de Celui qui a tout enduré pour que vous puissiez être sauvé. C'est l'unique chemin à prendre pour avoir la paix — la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ; vous n'y parviendrez jamais par votre imagination ou vos impressions, quelles qu'elles soient.

Appuyez-vous, cher lecteur, sur le seul témoignage de l'Ecriture; c'est là ce que Dieu demande; c'est là, ce qu'il vous faut. Alors, vous pourrez dire avec le Psalmiste: «Tes témoignages sont mes plaisirs et les gens de mon conseil» (Psaumes 119: 24).

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Avertissement

Si le Seigneur Jésus vient à l'instant pour les siens, pour ceux qui aujourd'hui refusent l'évangile de la grâce, il sera trop tard pour se convertir plus tard, à cause de l'énergie d'erreur que Dieu leur enverra (2 Thessaloniciens 2 v 11). S'ils vivent encore à la venue du Seigneur en gloire (2ème venue), ils seront parmi les maudits, pour en final comparaître devant le grand trône blanc (Apocalypse 20 v 11) et être jeté dans l'étang de feu( Apocalypse 20 v 15).

Lire le message relatif aux venues du Seigneur Jésus.

 « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ... »

Hébreux 3 v 15.