La Foi
Contenu
Lecture de Hébreux 11 & 12 v.1 à
3
Introduction des caractères de la foi
La création se comprend par la foi
Comment l’homme peut-il s’approcher
de Dieu ?
Comment l’homme peut-il plaire à Dieu
?
Comment échapper au jugement d’un
monde d’iniquités ?
La foi obéit, sans raisonner, voyant
le monde invisible
La foi n’est pas arrêtée par une
impossibilité
La foi ne reçoit les choses promises,
mais les voit !
La foi a une confiance absolue dans
le Dieu de la résurrection
La foi tient la mort pour rien
La foi possède une énergie active et
soumise pour aller de l’avant
L’énergie de la foi, spécialement en
temps de ruine
Les épîtres de la ruine, 2 Timothée
et 2 Pierre
Quel est le mobile de son refus et de
son choix ?
La foi de Moïse se soumet en faisant
la Pâque
Par la foi le peuple traverse la Mer
Rouge
La foi dans la prise de possession du
pays
Par la foi, les murs de Jéricho
tombent
La réalisation finale de la promesse
n’est pas pour la terre
Expériences faites sur la terre par
des croyants, mais pas la perfection
Certains ont montré leur foi par de
grandes actions
D’autres ont montré leur foi en
traversant de grandes épreuves
Voici pourquoi la foi ne reçoit pas
sur la terre les toutes les choses promises
Introduction du témoin par excellence
de la foi.
La 1ère question à se poser est de savoir ce
qu’est la foi.
Sur ce sujet on entend toutes sortes de fantaisies,
complètement étrangères à la Parole de Dieu !
Il n’y a rien de « mystique » dans la foi !
La foi consiste à simplement croire ce que Dieu dit ! Pour nous qui vivons
au 21ème siècle, les choses sont très simples, nous possédons la
Bible, dans son entier, l’Ancien et le Nouveau Testament, et toutes les
communications de Dieu nous concernant s’y trouvent ! Elle est complète,
il n’y a rien à ajouter, mais il n’y a rien à retrancher !
Toute autre communication, prétendue être détenue par
quiconque est un mensonge pure et simple : une communication venant du
Diable !
Nous lisons
dans l’épitre aux Romains la définition de la foi : « ... la foi est de ce qu’on entend,
et ce qu’on entend par la parole de Dieu. » (Ch.10 v.17)
Dans les temps troublés que nous vivons, depuis tous ces
attentats islamiques, on entend toute sorte d’amalgame, tels que nous sommes
tous unis, nous avons le même « Dieu », etc. ... Mais
ce « Dieu », n’est pas celui des Écritures ! Le vrai
croyant, ne donne pas foi, à ce qui n’est pas la Parole de Dieu, comprise par
le moyen du Saint Esprit !
L’épitre aux Hébreux en donne de nombreux exemples et les
commente de manière très intéressant pour notre bien, dans le but de resserrer
notre communion avec le Seigneur Jésus.
Cette épitre fait constamment le contraste entre le monde
visible de la première création, et le monde invisible de la nouvelle,
perceptible par la seule foi. L’auteur inspiré souligne de manière particulière
le contraste entre le judaïsme et le christianisme. Le domaine de
bénédiction du judaïsme était terrestre, mais dont l’accès dépendait de
l’accomplissement de la loi, ce qu’aucun homme n’a jamais pu réaliser, à
l’exception de l’homme Christ Jésus, qui l’a rendue grande et honorable. (Esaïe 42 v.21). Le rejet du Seigneur Jésus
par son peuple terrestre, confirmé par la mort du Messie à la croix, met un
point final au judaïsme ! Par contre, le domaine de bénédiction du
christianisme est céleste ! Il a pour seule base la mort, la résurrection
du Seigneur Jésus, et son ascension au ciel, assis à la droite de Dieu, dans la
gloire. Ces bénédictions ne sont pas temporelles comme celles relatives à la
terre, mais sont permanentes et éternelles ! Le croyant y a accès par la
foi !
Le chapitre 11 de l’épitre aux hébreux fait suite aux
versets 37 à 39 du chapitre 10 :
37 Car encore très-peu de temps, « et celui qui
vient viendra, et il ne tardera pas. 38 Or le juste vivra de foi ; et :
Si [quelqu’un] se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui ». 39 Mais
pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais
de ceux qui croient pour la conservation de l’âme.
Le texte reprend en grande partie les commentaires sur
l’épitre aux Hébreux d’un auteur inconnu. Vous trouverez ces commentaires sur
le site de bibliquest.
Chapitre 11 - 1 Or la foi est
l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit
pas. 2 Car c’est par elle que les anciens ont reçu témoignage. 3
Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de
Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent. 4
Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce
sacrifice il a reçu le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses
dons ; et par lui, étant mort, il parle encore. 5 Par la foi, Énoch fut
enlevé pour qu’il ne vît pas la mort ; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu
l’avait enlevé ; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d’avoir plu
à Dieu. 6 Or, sans la foi il est impossible de lui plaire ; car il faut
que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le
rémunérateur de ceux qui le recherchent. 7 Par la foi, Noé, étant averti
divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit et bâtit une
arche pour la conservation de sa maison ; et par cette arche il condamna le
monde et devint héritier de la justice qui est selon la foi.
8 Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour
s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héritage ; et il s’en alla, ne
sachant où il allait. 9 Par la foi, il demeura dans la terre de la
promesse comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes avec Isaac et
Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; 10 car il attendait la cité
qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur. 11
Par la foi, Sara elle-même aussi reçut la force de fonder une postérité, et
cela, étant hors d’âge, puisqu’elle estima fidèle celui qui avait promis ; 12
c’est pourquoi aussi d’un seul, et d’un homme déjà amorti, sont nés des gens
qui sont comme les étoiles du ciel en nombre et comme le sable qui est sur le
rivage de la mer, lequel ne peut se compter.
13 Tous ceux-ci sont morts dans la foi, n’ayant
pas reçu les choses promises, mais les ayant vues de loin et saluées, ayant
confessé qu’ils étaient étrangers et forains sur la terre. 14 Car ceux
qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils recherchent une patrie ;
15 et en effet, s’ils se fussent souvenus de celle d’où ils étaient
sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner ; 16 mais maintenant
ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste ; c’est pourquoi Dieu
n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé
une cité.
17 Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert
Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, 18
à l’égard duquel il avait été dit : « En Isaac te sera appelée une semence », —
19 ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts,
d’où aussi, en figure, il le reçut. 20 Par la foi, Isaac bénit Jacob et
Ésaü à l’égard des choses à venir. 21 Par la foi, Jacob mourant bénit
chacun des fils de Joseph, et adora, appuyé sur le bout de son bâton. 22
Par la foi, Joseph, en terminant sa vie, fit mention de la sortie des fils
d’Israël et donna un ordre touchant ses os.
23 Par la foi, Moïse, étant né, fut caché trois
mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était beau, et ils ne
craignirent pas l’ordonnance du roi. 24 Par la foi, Moïse, étant devenu
grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, 25 choisissant
plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un
temps des délices du péché, 26 estimant l’opprobre du Christ un plus
grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la
rémunération. 27 Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la
colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. 28
Par la foi, il a fait la pâque et l’aspersion du sang, afin que le destructeur
des premiers-nés ne les touchât pas. 29 Par la foi, ils traversèrent la
mer Rouge comme une terre sèche, ce que les Égyptiens ayant essayé, ils furent
engloutis. 30 Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en
eut fait le tour sept jours durant. 31 Par la foi, Rahab, la prostituée,
ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix.
32 Et que dirai-je davantage ? Car le temps me
manquera si je discours de Gédéon, de Barac et de Samson et de Jephté, de David
et de Samuel et des prophètes, 33 qui par la foi subjuguèrent des
royaumes, accomplirent la justice, obtinrent les choses promises, fermèrent la
gueule des lions, 34 éteignirent la force du feu, échappèrent au
tranchant de l’épée, de faibles qu’ils étaient furent rendus vigoureux,
devinrent forts dans la bataille, firent ployer les armées des étrangers. 35
Les femmes reçurent leurs morts par la résurrection ; et d’autres furent torturés,
n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection ; 36
et d’autres furent éprouvés par des moqueries et par des coups, et encore par
des liens et par la prison ; ils furent lapidés, sciés, tentés ; 37 ils
moururent égorgés par l’épée ; ils errèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis,
de peaux de chèvres, dans le besoin, affligés, maltraités, 38 (desquels
le monde n’était pas digne,) errant dans les déserts et les montagnes, et les
cavernes et les trous de la terre.
39 Et tous ceux-ci, ayant reçu témoignage par la
foi, n’ont pas reçu ce qui avait été promis, 40 Dieu ayant eu en vue
quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la
perfection sans nous.
Chapitre 12 - 1 C’est pourquoi, nous
aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout
fardeau et le péché qui [nous] enveloppe si aisément, courons avec patience la
course qui est devant nous, 2 fixant les yeux sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a
enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de
Dieu. 3 Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la
part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant
découragés dans vos âmes.
1 Or la foi est
l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit
pas. 2 Car c’est par elle que les anciens ont reçu témoignage.
Nous n’avons point ici une définition de la foi de laquelle
le juste doit vivre, mais bien plutôt un de ses caractères : la
déclaration de sa puissance et de son action. Elle
est active et énergique dans l’âme.
Elle rend présent l’avenir
et visible l’invisible : c’est ce qui fait la force du
croyant. Elle réalise les choses que l’on espère,
comme si on les tenait déjà ; ces choses existent pour
le cœur : il
a l’assurance de leur réalité.
En même temps, elle est une
démonstration intérieure des choses que l’on ne voit pas, une conviction
intime de leur existence. La foi est une vue de ce qui est caché ; elle nous donne sur l’invisible la même certitude que nous avons pour les choses qui
sont sous nos yeux. Ce dont la réalité ne paraît point
encore, la foi nous en donne la substance.
Quand l’épître aux Hébreux mentionne l’espérance,
elle entend par là, « atteindre Christ dans le ciel ».
Cette pensée est un peu
différente de celle que d’autres épîtres nous présentent. L’espérance, dans les épîtres aux Thessaloniciens, c’est attendre le Seigneur venant du
ciel pour enlever les siens (1 Thes.) ou revenant du ciel
avec eux (2 Thes.). Dans l’épître aux Colossiens, l’espérance est un Christ manifesté
avec les siens en gloire : « L’espérance nous est réservée dans les
cieux », « Christ en vous, l’espérance de la
gloire » (Col. 1:5, 27). Dans
l’épître aux Hébreux,
l’espérance est un Christ caché dans le sanctuaire, au
dedans du voile, assis dans la gloire à la droite de Dieu,
un Christ vers lequel nous nous rendons et qui est là notre
précurseur (Héb. 6:18-20). « Les choses qu’on espère » sont toutes les choses célestes qui se
rapportent à ce Christ glorieux, et non pas les choses terrestres qui
constituaient l’espérance d’Israël.
De plus, « la foi est la conviction des choses qu’on ne voit pas ». Ces choses invisibles sont, pour ainsi dire, démontrées
mathématiquement à l’âme par la foi. Celle-ci donne une telle
conviction intérieure de ces choses, que l’œil de la foi les
considère comme de puissantes réalités, quand celui de la chair ne
peut, ni les distinguer, ni même les soupçonner.
La déclaration que « le juste vivra de foi »
du chapitre 10, est appuyée dans ce chapitre 11 par des exemples qui, partant
des premiers hommes, traversent toute la période de l’Ancien Testament
pour aboutir à Christ, le Chef et le consommateur
de la foi. C’est donc par la foi que les
anciens ont reçu témoignage — témoignage qu’ils étaient agréables à
Dieu. Les
croyants Hébreux avaient une peine extrême à se détacher des
choses visibles et qui se rapportaient à une religion selon la
chair, et
à aller en avant comme étrangers et voyageurs sur la terre,
ayant les regards de la foi arrêtés sur les choses
célestes, qui étaient invisibles pour le moment,
et fixés sur la Personne de Christ dans la gloire,
le grand objet de la foi et de l’espérance. C’est
pourquoi l’auteur de l’épître leur montre, dans notre chapitre, que cette vie
de foi à laquelle ils avaient été appelés et la marche qui la
manifeste, n’étaient pas du tout une chose nouvelle, mais qu’elles
avaient été la vie et la marche de tous
les justes depuis le commencement.
« C’est par elle que les anciens ont reçu témoignage ». Dès le commencement du monde, ceux qui ont cru ont
reçu témoignage de la part de Dieu. Cela leur a suffi, et cela nous suffit aussi.
Le monde ne voit qu’incertitude
dans une espérance qui reste à l’état d’espérance. S’il ne tient pas dans sa
main ce qu’il désire, il estime que son espérance est un leurre, tandis que le chrétien y trouve
son trésor. Ce
que le monde ne voit pas, n’existe pas pour lui, et il ne peut comprendre le
croyant qui, selon lui, se nourrit de chimères. Mais ce dernier voit ces choses et se contente de la preuve
intérieure absolue qu’il en a reçue par la foi. Pour le monde, l’édifice du chrétien
est bâti en l’air, sans aucune substruction ; pour le chrétien, cet édifice a pour fondement
inébranlable la
foi dans la parole de Dieu.
Par la foi, les anciens ont reçu témoignage. Cela n’a pas été par leurs œuvres ou
par leur vie, mais
par leur foi qu’ils ont reçu témoignage. Ils étaient des hommes et des femmes ayant
les mêmes passions que nous ; leur vie a souvent été troublée par plus
d’un manquement, et leurs œuvres ont été, dans certaines occasions,
condamnables. Mais, en
dépit de tous leurs manquements, ils étaient caractérisés par la foi
en Dieu ; et, après que leur histoire a été relatée, il nous
est rappelé de nouveau, à la fin du chapitre, que c’est par la
foi qu’ils ont reçu témoignage.
Si l’on compare la fin du 3ème chapitre de
l’épître aux Romains
et le commencement du 4ème avec la fin du 10ème
chapitre de notre épître et le commencement du 11ème, l’on
trouve que l’apôtre, après avoir dit aux Romains : « Nous concluons que l’homme est
justifié par la foi
», montre, par les exemples d’Abraham et de David, que la justification
par la foi n’était pas une chose nouvelle. De même ici, le chapitre 10
se terminant par la déclaration que la vie du chrétien est une vie de foi, le
chapitre 11 fait voir que telle a toujours été la vie des justes.
L’assurance des choses qu’on espère et la conviction des choses
qu’on ne voit point,
servent de base à ce chapitre ; nous les retrouvons dans
tous les exemples qui nous y sont donnés. En elles, nous avons le ressort
et l’explication de toute l’activité des témoins de Dieu dans ce
monde.
3 Par la foi, nous
comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, de sorte que ce
qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent.
La création de l’univers est le premier fait auquel est
rattachée l’action de la foi, de cette foi qui est la
démonstration intérieure des choses que l’on ne voit point. La
création est la première manifestation du Dieu infini et tout-puissant
dans le fini. Comment la connaître ? L’homme
savant,
comme l’homme ignorant, ne comprendront jamais que ce qui se voit n’a
pas été fait de choses qui paraissent, c’est-à-dire que l’univers
a eu une cause invisible. Ils remontent, dans leurs
raisonnements, d’effets à causes, et n’arrivent point à la grande
cause première, et ainsi ils concluent que le monde a toujours existé. Mais le croyant se fonde
sur la révélation positive de Dieu : « Au commencement Dieu créa les cieux et
la terre » , et il comprend
et reconnaît que «les mondes» , l’univers entier, « ont été formés par la parole de Dieu ».
La foi saisit cette action toute-puissante
de la Parole créatrice ; tout
dès lors lui est simple et facile, car elle introduit Dieu. Nous
avons en cela comme la base de ce qui suit ; car c’est une grande chose
pour la foi de recevoir ce miracle qui dépasse tous les autres, cet
acte de la toute-puissance, qui tire toutes choses du néant. Ce
premier exemple n’est pas seulement la foi en un Dieu créateur, mais la foi dans la toute-puissance de sa Parole.
Le premier principe d’où l’activité de la foi découle
toujours, c’est
la Parole. La
foi s’attache
à la parole de Dieu.
Sans la foi, nous ne connaîtrions rien des origines de la création ;
la foi est donc indispensable, alors même qu’il ne s’agirait que
de comprendre les œuvres de Dieu qui remplissent l’univers visible.
Quand les hommes, avec toute leur science, essayent
de sonder le mystère de la création, ils s’égarent, et leur
esprit, toujours incapable de s’élever au-dessus de son
niveau et d’entrer dans une sphère qui n’est pas la sienne, se
livre à des spéculations sans fondement, pour éviter le
miracle primordial, c’est-à-dire le fait que de rien Dieu a créé les choses qui se
voient. Le
croyant sait qu’il
a suffi pour cela d’une parole de Dieu ;
c’est à elle que la foi remonte pour
expliquer les choses visibles. Or, vis-à-vis de l’inintelligence des hommes les
plus qualifiés pour expliquer le mystère de la création, la foi seule est intelligente : « Par la foi, nous comprenons… » chose impossible à l’homme naturel.
Pourquoi donc ? C’est
que la foi
se nourrit d’impossibilités. Les hommes ne s’occupent que de choses possibles ;
elles sont de leur domaine. Dieu seul accomplit des choses impossibles et la foi les saisit et les accepte
comme autant de réalités. « Les choses »,
est-il dit, « qui
sont impossibles aux hommes, sont possibles à Dieu » (Luc 18:27), mais elles sont, en même temps, possibles
à la foi, car un autre passage ajoute : « Toutes choses sont possibles à celui qui croit » (Marc 9:23).
Remarquons, en passant, que, dans
l’Écriture, Dieu qui peut tout, a considéré deux
choses comme impossibles :
1-
la première, d’épargner à Jésus la
coupe de sa colère contre le péché. Le Seigneur ne disait-il pas avec de
grands cris et avec larmes en Gethsémané : « Abba, Père, toutes choses te sont
possibles ; fais passer cette coupe loin de moi » (Marc 14:36) ; et encore : « Mon Père, s’il est possible,
que cette coupe passe loin de moi… » et encore : « Mon Père, s’il n’est pas possible
que ceci passe loin de moi, sans que je le boive, que ta volonté soit
faite » (Matt. 26:39, 42). Mais il était impossible au Père
de ne pas livrer son Fils bien-aimé à la mort pour nous ;
c’est là le mystère insondable de
son amour envers des pécheurs. Sa
volonté était notre salut ; sa volonté sacrifiait son Fils
pour que son amour en le
donnant pût être manifesté et devenir notre part.
2-
Mais ensuite, il était impossible que
Dieu ne ressuscitât pas Celui qui l’avait pleinement
glorifié, comme
cela nous est dit en Act.2:24 : « Lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la
mort, puisqu’il n’était pas possible qu’il fût
retenu par elle ».
Il était impossible à la justice de Dieu de
ne pas ressusciter d’entre les morts son Fils qui l’avait
pleinement glorifié, sur la croix, comme il était impossible à
son amour de ne pas le donner. Pour Dieu, les seules impossibilités étaient donc que Jésus
ne mourût pas et ne fût pas ressuscité, choses auxquelles notre
salut et notre place dans la gloire sont
attachés.
Ainsi, par la foi, nous comprenons
que les mondes ont été formés par la parole de Dieu. L’homme naturel, le cœur rempli d’inimitié contre
Dieu, cherche, par la raison, à expliquer
sans Dieu la formation de l’univers.
L’homme n’est occupé
que des choses qui paraissent, et Dieu établit clairement que ce qui se voit ne
tire pas son origine de choses qui paraissent. Par la raison, les hommes se perdent dans une mer
de spéculations contradictoires ; par la foi, le croyant comprend comment les mondes ont été
formés. Nous savons que
l’origine de la matière n’est pas dans la matière, car les choses qui se
voient n’ont pas été faites de choses qui paraissent. La foi sait que tous les mondes ont
été appelés à l’existence
« par la parole de
Dieu ».
Pour le croyant, la pensée est simple et claire ;
son esprit est assuré du fait et intelligent par la foi :
Dieu par sa parole a tout
appelé à exister : l’univers n’est pas une
cause première productrice ; il existe par la volonté de
Dieu ; et ses mouvements sont réglés par une loi qui lui a été
imposée. Celui qui
a de l’autorité parle,
et sa parole a une efficace divine. Il dit, et la chose est. On sent que cela est digne de Dieu, car une fois
que l’on introduit Dieu, tout est simple ; mais si Dieu est exclu, l’homme
est perdu dans les efforts de sa propre imagination qui ne peut
créer, ni arriver à la connaissance d’un Créateur, parce qu’elle ne peut dépasser la
capacité d’une créature. C’est pourquoi, avant d’en venir aux détails de la forme
actuelle de la création, la Parole dit simplement : «
Au commencement Dieu
créa les cieux et la terre » (Gen.1:1). Tout ce qui a pu arriver entre cela et le chaos ne fait pas partie de
la révélation ; cela est distinct de l’action spéciale du déluge, laquelle
nous est donnée à connaître. Le commencement de la Genèse
ne donne pas l’histoire des détails de la création même, ni l’histoire de
l’univers ; il nous apprend le fait, qu’au commencement Dieu
créa, et ensuite raconte ce qui regarde l’homme sur la terre.
À l’époque apostolique, il est évident que la foi commune
aux chrétiens reconnaissait que « les mondes ont été formés par la parole de Dieu ». Est-ce la foi de tous les chrétiens
aujourd’hui ? Nous
venons de voir que
la foi est « la conviction des choses qu’on ne voit pas ». Or nous découvrons que seule la
foi peut nous donner une vraie intelligence des choses
que nous voyons effectivement. Il y a 20 siècles, le monde
philosophique était plein de théories étranges sur l’origine de la création. Des
théories tout aussi étranges remplissent les esprits des intellectuels de nos
jours. Toutes ces théories anciennes et modernes considèrent comme
allant de soi que les choses que nous voyons ont été faites à partir
de choses qui existent ; et le processus par lequel ils pensent
qu’elles ont été faites, a reçu le nom d’évolution.
Les intellectuels sont des
gens très intelligents,
et ils se sont pourvus d’équipements vraiment merveilleux pour faire leurs
recherches, spécialement de nos jours. Mais il leur manque une seule chose,
la seule qui compte ! Il leur manque la foi qui permet à n’importe qui de comprendre.
Par la foi nous comprenons l’origine de la
création. Sans
la foi nous
ne la comprenons pas du tout.
Par la foi donc, nous croyons que les mondes ont été
créés par la parole de Dieu.
Si d’un côté la création est un
témoignage indiscutable donné par Dieu de sa toute puissance, d’un autre côté,
la relation de l’homme avec lui, n’est plus dans ce cadre, comme il l’était
dans le jardin d’Éden, car entre-temps le péché est entré dans le monde (Genèse
3) ! La communion avec le Créateur comme en Éden, n’est plus possible.
Toutes tes tentatives de l’homme pour recréer ce cadre, est une tentative
cherchant à voiler le péché ! C’est ce que fait le monde religieux,
associé au monde « écologique » (bien que nous ayons à respecter la
nature et l’environnement, cela va sans le dire).
4 Par la foi, Abel
offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et par ce sacrifice il a
reçu le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons ; et par
lui, étant mort, il parle encore.
Depuis la chute, il faut un sacrifice pour entrer en
rapport avec Dieu. Avant
la chute, Adam
innocent dans le jardin d’Éden, n’aurait eu besoin de foi, si l’on peut parler
ainsi, que pour connaître les origines de la création au milieu de laquelle
Dieu l’avait établi comme chef ; mais, après la chute, il ne pouvait savoir que
par la foi comment les relations rompues entre un
pécheur et Dieu pouvaient être rétablies.
Dieu lui enseigne cette
vérité, en le
revêtant, avec Ève, des peaux de bêtes tuées. Mais la foi d’Abel est la première
qui s’approche activement de Dieu en offrant le sacrifice.
L’histoire de Caïn nous prouve le néant, aux yeux
de Dieu, de tout le travail de l’homme pécheur sur une terre maudite en
vue d’obtenir ce résultat. Abel, par
contre, reçoit dans son âme le témoignage d’être juste, seulement ce
n’est pas à Abel, mais « à ses dons », que Dieu rend témoignage, c’est-à-dire au
sacrifice qui préfigure celui de Christ, seul
capable de justifier un pécheur et de le présenter
sans péché devant Dieu. On ne peut se mettre en règle avec Dieu par aucun autre
moyen. Le seul
témoignage que Dieu
puisse rendre à l’homme, c’est qu’il est perdu ; mais, quand le sacrifice
intervient, Dieu rend témoignage à sa valeur, et Abel reçoit
le témoignage d’être juste, d’être amené devant Dieu
par le sacrifice, sans qu’aucun péché puisse lui être
imputé. Sa
justice a
ainsi toute la valeur
et toute la perfection de son offrande.
Le péché étant entré, comment alors l’homme pouvait-il s’approcher de
Dieu ?
Abel comprend, par ce qui était arrivé dans le jardin d’où ses
parents avaient été chassés, peut-être aussi par ces vêtements de peau
dont Dieu les avait couverts, qu’il était nécessaire qu’un sacrifice
fût placé entre lui et Dieu, que la mort, jugement
du péché, intervînt pour que lui trouvât
grâce devant Dieu.
Par la foi donc dans la vérité de la déclaration divine relative
au jugement du péché,
il s’approche de Dieu avec
le sacrifice que
Dieu agrée et, avec le sacrifice, celui qui
l’offre. Par cette foi, il reçoit le témoignage
d’être juste, d’une justice selon Dieu. Dieu
rend témoignage que ses
dons lui sont agréables, et lui est accepté avec son sacrifice.
Il en est ainsi pour nous. Le
sacrifice d’Abel était la figure du sacrifice de Christ, l’Agneau
sans défaut et sans tache. Ce sacrifice,
le don qu’a fait Jésus de lui-même — il s’est offert à
Dieu sans tache — a été agréé de Dieu, et par la foi en Jésus, je m’approche de Dieu, agréé
comme lui-même. Abel, quoique mort, parle encore. Sa
foi parle, son sacrifice parle, sa mort même parle. L’exemple de sa foi,
consigné dans les premières pages des saintes lettres, a parlé et parlera
jusqu’à la fin.
La foi saisissant le salut offert en vertu de la croix s’approche
de Dieu.
C’est qu’ainsi qu’en Abel nous est présentée l’unique
manière dont un pécheur peut s’approcher de Dieu. Abel savait qu’il était pécheur et que
Dieu est un Dieu saint qui ne peut pas passer par-dessus les
péchés.
Comment alors être en règle avec Dieu ? Par la foi, il saisit la seule manière de
l’être qui soit offerte à un pécheur sous la sentence de mort. Il vint à Dieu sur le terrain de la mort d’une
victime à laquelle aucun péché ne s’attachait.
Le sacrifice qu’il offrit à Dieu parlait de Jésus, l’Agneau de Dieu, et ainsi
Abel reçut le témoignage d’être juste, Dieu rendant témoignage à ses
dons. Dieu n’a pas rendu témoignage
à sa vie, ni même à sa foi, mais au sacrifice
que sa foi a apporté. Cela reste le chemin de la bénédiction pour un pécheur, et le seul chemin.
Celui qui croit en Jésus, qui fait valoir Son grand
sacrifice, reçoit le témoignage qu’il est juste. La parole qui lui est adressée est : « Quiconque croit est justifié par
lui ».
C’est ainsi qu’Abel, étant mort,
parle encore. Il parle encore du chemin de la foi par lequel un
pécheur peut obtenir la bénédiction.
Le péché étant entré, et la justice devant être trouvée quelque part
pour l’homme déchu, afin qu’il puisse se tenir devant Dieu. Dieu a donné un Agneau pour le
sacrifice. Bien qu’ici le sujet présenté n’est pas le don de
la part de Dieu, mais bien l’âme s’approchant de Dieu par la foi en
la valeur de ce don aux yeux de Dieu.
Par la foi donc, Abel offrit à Dieu un plus excellent
sacrifice que Caïn, un sacrifice qui (fondé sur la révélation
déjà faite par Dieu) était offert dans l’intelligence qu’avait
la conscience enseignée de Dieu de l’état où se
trouvait celui qui l’offrait. La mort et
le jugement étaient entrés par le péché ; l’homme
ne pourrait les supporter, quoiqu’il doive les subir ; il
faut qu’il aille à Dieu en le confessant, mais qu’il aille avec un substitut donné
par la grâce ; qu’il s’approche de Dieu avec du sang,
témoin en même temps du jugement et de la parfaite
grâce de Dieu. Abel, en le
faisant, était dans la vérité, et cette vérité était la
justice et la grâce.
Il s’approche de Dieu, et place le sacrifice entre lui et Dieu. Il reçoit le témoignage qu’il est juste, juste selon le juste jugement de Dieu ; car le sacrifice était en rapport avec la
justice qui avait condamné l’homme et avait reconnu
aussi la valeur parfaite de ce qui avait été fait dans le
sacrifice.
Le
témoignage est rendu à son offrande, mais Abel est juste devant
Dieu. Rien de plus clair ni de plus précieux sur ce point !
Ce n’est pas seulement
le sacrifice qui est accepté ; c’est Abel qui s’approche
avec le sacrifice. Il reçoit de
Dieu le témoignage qu’il est juste ; douce et précieuse consolation !
Mais le témoignage est rendu à ses dons, de sorte
qu’il a toute certitude d’être accepté selon la valeur du sacrifice qui est
offert.
En allant à Dieu par le sacrifice de Jésus, non seulement
je suis juste (je reçois le témoignage d’être juste) ; mais le
témoignage est rendu à mon offrande ; et par conséquent ma
justice a la valeur et la perfection
de l’offrande, c’est-à-dire de Christ s’offrant à Dieu.
Le
fait que nous recevons de la part de Dieu le témoignage
que nous sommes justes, et qu’en même temps, le
témoignage est rendu au don que nous offrons (non à l’état dans lequel nous sommes) est
d’un prix infini pour nous. Je suis maintenant devant Dieu dans la perfection de
l’œuvre de Christ. Je marche ainsi avec Dieu.
Par la foi, la mort ayant été le moyen de mon acceptation
devant Dieu, tout
ce qui tient au vieil homme est aboli pour la foi ; la puissance et les
droits de la mort sont entièrement détruits ;
Christ les a subis.
La foi d’Abel le conduisit à « un plus excellent sacrifice » et à la connaissance qu’il était juste devant Dieu,
— connaissance qu’il reçut par la foi dans le témoignage de Dieu.
Il offrit son sacrifice, non par hasard ni par quelque
heureuse inspiration, mais par la foi.
On
demandera peut-être : « La foi en quoi ? »
Sans aucun doute en ce que Dieu avait déjà montré quant
à la valeur de la mort d’un sacrifice par les vêtements de peau
dont il est question en Genèse 3:21.
Dieu rendit témoignage à la valeur de son don en
acceptant son sacrifice ; et Abel sut qu’en acceptant son sacrifice, Dieu
le déclarait juste.
Bien des chrétiens professants aujourd’hui disent que la
connaissance du pardon des péchés est impossible durant notre vie ; or voici ici un homme vivant
quelques quatre mille ans avant Christ, qui possédait justement cette
connaissance. Et nous
qui vivons plus de deux mille ans après que la grande œuvre d’expiation ait eu
lieu, nous ne pourrions pas avoir cette connaissance ?
5 Par la foi, Énoch fut
enlevé pour qu’il ne vît pas la mort ; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu
l’avait enlevé ; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d’avoir plu
à Dieu. 6 Or, sans la foi il est impossible de lui plaire ; car il faut
que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le
rémunérateur de ceux qui le recherchent.
Abel mourut ; mais dans le cas d’Énoch,
le suivant sur la liste, il fut enlevé, en sorte qu’il ne vit jamais
la mort. De plus il eut le témoignage, non pas
simplement d’être juste quant à Dieu, mais de plaire à Dieu.
À cet égard, il nous est rappelé
que, sans la foi, nous ne pouvons pas du tout plaire à Dieu
(11:6). La foi est la
racine d’où jaillissent tous ces fruits qui sont Ses délices ;
1 Timothée 6:10 exprime l’inverse, à savoir que l’argent est la racine de
toutes sortes de maux.
Énoch, par la foi, marcha avec Dieu trois cents ans, comme un homme
céleste sur la terre, traversant un monde d’iniquité dont il annonce le
jugement (Gen. 5:22 ; Jude 14, 15). Cette vie céleste, fruit de la foi qui
réalise l’existence et la présence de Dieu, aboutit, dans sa puissance
et par la grâce de Dieu, à une fin qui n’est pas la mort. Énoch
est enlevé de ce monde sans voir la mort ; il lui est épargné de subir la
sentence prononcée sur l’homme pécheur. Il a vécu de la vie de Dieu, il a marché avec Dieu,
il s’en va vers Dieu dans la puissance de la
vie de Dieu qui est au-dessus de la mort. L’Écriture
attribue son enlèvement
à sa foi, lorsqu’elle dit : « Par la foi, Énoch fut enlevé pour qu’il ne
vît pas la mort ». L’Esprit
Saint identifie ainsi la marche avec Dieu par la foi, avec l’issue d’une telle
marche. Cette issue est le résultat de la foi qui a produit cette
marche de communion intime avec Dieu. « Il a reçu le témoignage d’avoir plu à
Dieu », il avait conscience d’être approuvé de Dieu,
dans la jouissance de sa communion avec lui. Les
hommes iniques, au
milieu desquels il se trouvait, le désapprouvaient sans doute ; plaisant
à Dieu, il leur déplaisait, mais qu’importe ?
Plaire à Dieu n’est-il pas le bien suprême ? Dépendre de Dieu, se confier entièrement du cœur à lui, voilà ce
qui l’honore, et c’est
ainsi qu’on lui est agréable ; car « sans la foi, il est impossible de lui
plaire ». Ainsi,
par la foi, on vit et on marche en communion
avec Dieu, on lui plaît, et de plus on trouve en lui
sa récompense. Pour s’approcher de Dieu, il est
nécessaire de croire qu’Il est ; non d’être froidement convaincu de son existence, mais d’avoir saisi par le
cœur le Dieu vivant et vrai, le Dieu d’amour qui
s’intéresse à nous et qui donne à qui le cherche la rémunération,
la récompense — un bonheur résultant de son approbation.
La foi d’Énoch était caractérisée par le fait qu’il attendait le Seigneur,
comme nous le montre l’épître de Jude. Le couronnement de sa foi fut son
enlèvement
« pour qu’il
ne vît pas la mort ». Il devint ainsi le type et les prémices des croyants qui
attendent aujourd’hui la venue du Seigneur et seront transmués
pour être enlevés à sa rencontre sans mourir.
Cette espérance était aussi celle des
Thessaloniciens dès le début de leur conversion. Elle était à
la base de toute leur vie chrétienne. Ce qui nous est dit en second lieu
d’Énoch, c’est qu’il plut à Dieu. Il n’est pas dit, comme dans le texte hébreu
du chap. 5 de la Genèse [v.22], qu’il marcha avec Dieu. Le sujet de
la marche sera développé tout au long, du v. 8 au v. 31 de notre chapitre.
Il s’agit ici d’établir que l’attente
de la venue du Seigneur est un fait d’une importance capitale, d’où
découle la marche de la foi. Abel,
s’approchant de Dieu avec le sacrifice, avait reçu le témoignage d’être
juste ; Énoch, attendant le Seigneur, « reçoit le témoignage d’avoir plu à
Dieu », et Dieu
lui-même rendit témoignage de son bon plaisir en
l’enlevant auprès de Lui sans qu’il eût goûté la mort.
En Énoch nous est présenté un autre grand trait de la foi : elle
délivre de la mort. Nous
lisons au sujet d’Énoch que, par la foi, il fut enlevé
pour qu’il ne vit pas la mort. En dépit de la vue et de la raison, et contrairement
à toute expérience, il attendait
d’être enlevé sans voir la mort. Seule la foi pouvait attendre un
événement qui ne s’était jamais produit auparavant dans l’histoire des hommes.
Ainsi aujourd’hui, le croyant attend, non pas
la mort, mais l’enlèvement. Nous attendons un événement qui n’a pas de précédent dans
l’histoire de la chrétienté. Nous attendons le son de la trompette et la voix
du Seigneur pour nous appeler à sa rencontre en l’air. L’homme naturel attend avec effroi la mort qui mettra
un terme à son histoire sur la terre ; seul le croyant peut attendre d’être enlevé sans avoir à
passer par la mort.
Nous apprenons ainsi que, si Dieu le trouve bon, on se rend
dans le ciel sans même passer par la mort (comp. 2 Cor.5:1-4) ; c’est ce que Dieu fit pour Énoch,
pour Élie, comme témoignage. Non
seulement les péchés ont
été abolis, et la justice de Dieu établie par le moyen
de l’œuvre de Christ, mais les droits
et la puissance de celui qui a le pouvoir de la mort
ont été entièrement détruits. La mort peut venir ; la subir, c’est notre état selon la nature,
mais nous avons une
vie qui est en dehors de son ressort : la mort n’est qu’un gain, si elle
arrive ; et bien que ce soit la puissance de
Dieu Lui-même qui seule puisse ressusciter ou transmuer, cette puissance a été manifestée en
Jésus, et a déjà
agi en nous, en nous vivifiant (comp. Éph.1: 19) ; et elle agit en nous dans la
puissance de la délivrance du péché, de
la loi et de la chair. La mort est vaincue comme pouvoir de l’Ennemi ;
elle est devenue un « gain » pour la foi, au
lieu d’être un jugement sur la nature. La vie, la puissance de Dieu dans
cette vie, opère en sainteté et en obéissance ici-bas, et se manifeste dans la
résurrection ou dans la transmutation du corps. C’est un témoignage de puissance à l’égard du Christ, en Romains 1: 4.
Dans le récit de la Genèse, il ne nous est rien dit de la foi d’Énoch mais nous
lisons à deux reprises qu’il « marcha avec Dieu ».
C’est manifestement à ce fait que l’auteur se réfère, lorsqu’il dit qu’avant
son enlèvement, Énoch « a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu ». C’est sur la base de ce témoignage qu’il conclut qu’Énoch
avait eu la foi, car sans la foi il est impossible de plaire à Dieu.
Il faut que celui qui
s’approche de Dieu croie, non seulement que Dieu est, mais qu’il est le
rémunérateur de ceux qui le recherchent.
Au v. 6, le Saint Esprit joint ensemble, sous un
même chef, l’activité de la foi de ces deux hommes de Dieu. « Or, sans la foi, il
est impossible de lui plaire » ; tel fut Énoch ; « car il faut que celui qui s’approche
de Dieu... »
tel fut Abel. Il y a deux moyens de plaire à Dieu, d’abord en s’approchant de Lui
comme Abel, puis en attendant le Seigneur comme Énoch.
Mais il faut avant tout que « celui qui s’approche de Dieu croie
que Dieu est ». Croire
cela n’est pas seulement croire à l’existence de Dieu (les démons même y
croient et tremblent), mais
à son essence et à son caractère. « Je suis Celui qui suis », dit l’Éternel à Moïse.
« Je suis » dit constamment Jésus dans
l’évangile de Jean ; « Tu es le même » dit l’Éternel à Christ offert comme victime.
Dieu est Dieu : son essence
doit être lumière et amour ; son caractère
d’être juste et saint. Celui qui s’approche de Lui par la foi reconnaît tout cela ; c’est ce qui donne à Abel
une pleine liberté pour s’approcher de Lui avec
un sacrifice, une pleine confiance à Énoch pour vivre
dans une sainte séparation du monde d’alors, en attendant
Sa venue. Aussi est-il
ajouté : « Et
qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent ». Abel et Énoch étaient pour ces
Hébreux des témoins de la rémunération de la foi. L’apôtre leur avait dit, au chapitre
10:35 : « Ne
rejetez pas loin votre confiance qui a une grande récompense ». S’il n’y avait pour eux
ici-bas qu’une espérance de biens invisibles, ils pouvaient voir dans
ces témoins du passé, (comme aussi en Moïse, au v. 26), que Dieu comme tel,
récompense ceux que la foi a mis en
rapport avec Lui.
Il n’est certes pas inutile d’insister sur le fait qu’Énoch
a reçu le témoignage d’avoir plu à Dieu, avant qu’il fût enlevé.
Ceci est bien important et bien
précieux : en marchant avec Dieu, on a le témoignage de lui
plaire, la douceur de sa communion, le témoignage de son
Esprit. On jouit
de ses communications
avec nous, dans la conscience de sa présence, dans la
conscience qu’on marche selon sa Parole ; nous
savons que notre marche est approuvée de Lui ; en un mot, on vit d’une vie qui,
passée avec Lui et devant Lui par la foi, s’écoule
à la lumière de sa face, et dans les jouissances des
communications de sa grâce et d’un témoignage assuré, venant de
Lui, que nous Lui sommes agréables. Un enfant qui se promène avec un
tendre père, en s’entretenant avec lui (sa conscience ne lui reprochant rien),
ne jouit-il pas de la conscience de la faveur de son père ?
Comme figure, Énoch représente ici la position des
saints qui composent l’Assemblée ; il est enlevé dans le ciel en vertu
d’une victoire complète sur la mort ; par l’exercice de la grâce
souveraine, il est en dehors du gouvernement et des délivrances ordinaires de
Dieu ; il rend témoignage par l’Esprit au jugement du monde, mais
il ne passe pas par ce jugement (Jude 14, 15).
Une marche comme celle d’Énoch regarde vers Dieu ; elle réalise
l’existence de Dieu — la grande affaire de la vie qui, dans le monde, se
passe comme si l’homme faisait tout — et le fait qu’il s’intéresse à la
marche des hommes, qu’il en prend connaissance pour récompenser
ceux qui le recherchent.
7 Par la foi, Noé, étant
averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit et bâtit
une arche pour la conservation de sa maison ; et par cette arche il condamna le
monde et devint héritier de la justice qui est selon la foi.
Dans le cas de Noé, nous voyons la foi qui
sauva du jugement et condamna le monde. Quand il fut averti du jugement
prochain, il prit Dieu au mot. Instruit de construire l’arche, il
produisit l’obéissance de la foi. Par là il fut séparé du monde. Il reçut la justice et atteignit Dieu par le sacrifice
sur la terre renouvelée, tandis que le monde était retranché
en jugement.
Au milieu du monde qui se croit en sécurité, et qui
poursuit ses affaires et ses plaisirs (Luc 17:26-27) , Noé, « averti divinement des choses qui ne se
voyaient pas encore
», et qui concernaient le jugement et la destruction
des hommes pécheurs (Gen. 6:13, etc), croit la parole de Dieu ; sa foi saisit
ce qui ne se voyait point encore : les jugements de Dieu,
et elle lui inspire une sainte crainte. En
même temps, il croit que, par le moyen que Dieu lui offre, il échappera à la destruction,
et il construit l’arche, en dépit des sarcasmes que cela pouvait lui
attirer. Sa foi attend aussi, sans
se lasser, durant les cent vingt années de la patience de Dieu. En
agissant ainsi, d’une
part il se sauva lui et sa maison, et d’une autre, il
condamna le monde. Prédicateur de justice (2 Pierre 2:5), de la justice de Dieu contre
le monde, pour lui il devint héritier de la justice qui
est selon la foi. Comme Abraham, il crut Dieu et cela lui fut compté
à justice (Rom.4:3) , et la justice de Dieu le fit devenir héritier d’un monde
nouveau, après
avoir traversé, par
grâce, le jugement qui avait mis fin à l’ancien.
Noé reçut de Dieu l’avertissement du
jugement à venir qui allait être exécuté sur le monde par le déluge.
Il craignit, dans la conviction de ce
jugement, car il connaissait « combien le Seigneur doit être craint » (2 Cor. 5:11). En bâtissant une arche, il saisit le moyen ordonné de Dieu
pour échapper au jugement. Il fut « prédicateur
de justice »
(2 Pierre 2:5), c’est-à-dire que par
cette arche il prêcha la justice de Dieu
en condamnation pour le monde, de manière à le rendre
inexcusable. Enfin, « il devint héritier de la justice
qui est selon la foi », ce qui signifie qu’il acquit l’héritage appartenant à ceux
qui sont justes selon la foi. Noé,
comme tous les hommes de foi, croyait à la rémunération, mais avant
tout, il connaissait l’avenir par une révélation
divine, et c’est un des grands traits primordiaux de la
foi. Ici, Noé ne reçoit pas témoignage,
quoique, dans la Genèse, il le reçoive de la même manière qu’Énoch (Gen.5:22,24 ; 6:9) ; mais notre passage nous le présente
comme rendant témoignage. Énoch, type de l’Église,
est enlevé avant le jugement ; Noé,
type d’Israël, traverse le jugement, mais dans un
navire assez solide pour être hors de son atteinte, aussi est-il
parfaitement à l’abri, tandis que le monde d’alors périt.
Noé fut averti par Dieu de l’approche du jugement
alors qu’extérieurement il n’y avait pas la moindre menace ;
car lorsque Dieu donna l’avertissement, le jugement à venir ne se
voyait pas encore. Pour ce qui en était des choses visibles, tout continuait
comme d’habitude. Le
Seigneur nous dit que les hommes de ce temps mangeaient et buvaient, se
mariaient et étaient donnés en mariage. Mais l’homme de foi crut
l’avertissement de Dieu, et, poussé par la crainte, se servit de la
ressource que Dieu donnait et échappa ainsi au jugement
qui tomba sur le monde. En
s’engageant par la foi dans ce chemin, il condamna le monde qui refusait de croire
le témoignage que Dieu rendait à un jugement imminent, et il devint héritier avec
cette longue lignée de croyants à qui leur foi en la parole de Dieu est
comptée à justice.
Dans le récit de l’expérience de Noé, nous nous trouvons dans les
scènes du gouvernement de Dieu sur ce monde. Il n’avertit pas les autres des
jugements à venir, comme
celui qui est en dehors, bien qu’il soit prédicateur de justice : il est averti lui-même
et pour lui-même ; il est dans les
circonstances auxquelles l’avertissement s’adresse. Il personnifie le rôle de
l’esprit de prophétie. Noé craint et il bâtit une arche pour la conservation de sa maison ;
ainsi il a condamné le monde. Noé,
héritier de la justice qui est selon la foi, est
gardé pour un monde à venir.
Il y a un principe général qui accepte
le témoignage de Dieu à l’égard du jugement qui
va tomber sur les hommes, et du moyen donné de Dieu pour y
échapper. C’est
un principe qui gouverne tous les croyants.
Mais, il y a quelque chose de plus précis. Abel a le témoignage d’être
juste ; Énoch marche avec Dieu, plaît à Dieu, et il est exempt du commun
sort de l’humanité, annonçant comme d’en haut ce sort qui attend
les hommes, et la venue de Celui qui doit exécuter le jugement.
Énoch va en avant jusqu’à l’accomplissement des conseils de Dieu ; mais ni Abel ni Énoch, considérés ainsi, ne condamnent
le monde comme un monde au milieu duquel ils cheminent, atteints
eux-mêmes par les avertissements adressés à ceux qui y demeurent.
Cette dernière position est
celle de Noé ; le prophète, quoique délivré, est au
milieu du peuple jugé ; l’Assemblée est en dehors.
L’arche de Noé condamnait le monde ; le témoignage de Dieu suffisait pour
la foi, et Noé hérite d’un monde détruit : il possède l’héritage de tous
les croyants, la justice par la foi, sur lequel le nouveau monde est aussi
fondé.
C’est la position du résidu des Juifs aux derniers jours ;
ils traversent les jugements de devant lesquels nous
sommes retirés, comme n’appartenant pas au monde : avertis
eux-mêmes des voies du gouvernement terrestre de Dieu, ils seront témoins pour
le monde des jugements qui vont arriver ; ils seront les héritiers de
la justice qui est par la foi, et en seront les témoins dans un
nouveau monde, où la justice sera accomplie en jugement par Celui qui
est venu, et dont le trône soutiendra le monde, là où Noé même a manqué.
L’expression de « héritier de la justice qui est selon la foi », signifie que cette foi qui
avait gouverné quelques-uns était résumée dans la personne de Noé, et le
monde incrédule tout entier condamné ; témoin de cette foi avant le
jugement, Noé traverse celui-ci, et quand le monde est renouvelé, il est témoin
pour tous de la bénédiction de Dieu qui repose sur la foi, quoique
extérieurement tout soit changé. Ainsi, Énoch présente en figure les saints du temps
actuel : Noé, le résidu juif.
En résumé, on trouve donc, dans ces sept premiers versets,
comme objets ou résultats de la foi, premièrement la
création ; puis, après le péché de l’homme, la
rédemption en figure. Ensuite, comme fruit de cette
rédemption, une marche céleste qui aboutit au ciel, et
enfin, un témoignage éclatant rendu contre un monde
qui allait subir un jugement, à travers lequel, gardé
par Dieu, le juste arrive à l’héritage d’un monde
nouveau.
On voit aussi dans ces mêmes versets : la foi à
la parole de Dieu ; la foi au sacrifice expiatoire ;
la foi qui fait marcher avec le Dieu qui est le rémunérateur
de ceux qui le recherchent ; et la foi qui fait rendre
témoignage à la justice de Dieu contre un monde
coupable.
On peut dire encore que l’on a en Abel
l’exemple du croyant racheté par le sacrifice de Christ ; en
Énoch, le type des croyants qui, rachetés ainsi, et
vivant de la vie de Dieu, traversent le monde et sont enlevés
dans la gloire avant que le jugement arrive ; puis, en Noé,
le type du résidu juif aux derniers jours, lequel
traversera les jugements, en étant gardé de Dieu, et arrivera
ainsi au millénium.
8 Par la foi, Abraham,
étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour
héri-tage ; et il s’en alla, ne sachant où il allait. 9 Par la foi, il
demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant
sous des tentes avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; 10
car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est
l’architecte et le créateur.
Par la foi, saisissant, lui aussi, les choses invisibles et
à venir, Abraham obéit à l’appel de Dieu, sans que Dieu lui eût donné aucun
renseignement quant à la situation et à la nature du pays où il l’envoyait pour
le posséder : « Il
s’en alla, ne
sachant où il allait
». Remarquons que la
foi produit toujours l’obéissance, une obéissance implicite, sans
raisonnement. Arrivé
dans le pays qu’il devait recevoir en héritage, Dieu lui déclare qu’il le
donnera à sa postérité (Gen.12:7) ; lui-même n’y a pas même où
poser son pied (Actes 7:5), tellement qu’il doit y acheter un
terrain pour y enterrer Sara (Gen.23). Le pays devient ainsi « la terre de la
promesse », et Abraham, saisissant
cette promesse, demeure là comme sur une terre étrangère,
habitant sous des tentes, étranger et voyageur, ainsi
qu’Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse que Dieu leur renouvelle (Gen.26:3-4 ; 28:13-14).
Abraham « attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte
et le créateur ».
N’ayant rien reçu sur
la terre, sauf la
promesse faite pour sa postérité, la foi d’Abraham, comptant
absolument sur Dieu, s’élève vers des choses plus excellentes, des
choses à venir spirituelles, célestes et permanentes. Ce
ne sont plus les tentes fragiles du voyageur, mais une cité qui a les
fondements posés par Dieu lui-même et qu’il a préparée pour ces
hommes de foi. Il en est l’architecte — il en a dressé le
plan suivant ses conseils ; il en est le créateur —
lui-même l’a établie pour durer d’une manière inébranlable. Quelle
récompense de la foi ! quelle sécurité ! combien ce que Dieu prépare pour les
siens dépasse ce qu’ils auraient imaginé ! La
foi marche
ici-bas appuyée sur sa grâce puissante, et elle attend avec confiance ce
qu’il a établi dans le ciel pour ses bien-aimés.
Ces versets, tout comme les suivants jusqu’au verset 23
nous parlent de patience. Elle est au fond, ce qu’indique le terme primitif dont ce
mot est tiré (παθειυ, pati) : souffrir,
endurer et persévérer en vue d’atteindre un but placé devant
nous. Or, la foi seule est capable
de souffrir, afin d’atteindre un but invisible et
des promesses divines pour la réalisation desquelles elle n’a d’autre garant que Lui.
Les hommes cherchent souvent à atteindre un but qu’ils se sont posé ; ils
endurent pour y parvenir bien des privations et des traverses, cherchent à
profiter des occasions, à faire tourner les événements en leur faveur, à
s’assurer le concours d’hommes dévoués ou intéressés eux-mêmes à leur réussite.
Le chrétien, lui, n’a aucun appui semblable. La
parole du Dieu, auteur des promesses, lui suffit ;
mais, bien plus, il
sait qu’il ne verra pas ici-bas, la réalisation de
ces dernières.
La chose est d’autant plus frappante, dans le cas d’Abraham,
qu’il avait reçu de Dieu toutes les promesses en vue
d’un héritage terrestre. Ses yeux pouvaient s’y arrêter en détail, quand il traversait comme étranger
le pays de Canaan, ou bien il le contemplait dans son ensemble et comme à vol
d’oiseau du haut de la montagne, mais il ne l’a jamais possédé durant sa longue carrière
de foi.
L’obéissance à l’appel de Dieu est le premier pas de la marche
de la foi. Cette
marche n’est,
en aucune façon, laissée à la libre décision de l’homme.
Abraham est appelé hors d’une nation, vouée
à l’idolâtrie introduite par Satan dans le monde depuis le
déluge. Il est appelé à quitter toutes ses relations
d’homme naturel, pour se rendre au pays que l’Éternel devait lui
montrer, que Dieu ne lui nomme pas et se réserve de lui
faire voir plus tard. Le premier pas de la foi qui entend l’appel de Dieu n’est pas la connaissance,
mais, comme nous venons de le dire, l’obéissance.
Abraham
aurait pu dire à Dieu : « Je suis prêt à partir, disposé même à m’en
aller sans savoir le nom du pays que je dois habiter, mais indique-moi du moins
ma direction. Par quelle porte de la ville devrai-je sortir ? Celle du
nord ou du midi, de l’orient ou de l’occident ? » La foi d’Abraham n’aurait pas été la foi,
si elle avait fait un tel raisonnement.
« Sors »
dit Dieu ; le reste viendra ensuite. Dieu ayant parlé, Abraham obéit
et sort. En
apparence, tout
est incertain pour lui : « Il s’en alla, ne sachant où il allait » mais sa foi s’embarque sur
une parole divine qui le conduira. Dieu, comme l’a dit un frère, lui donne assez de
lumière pour obéir, mais pas assez pour
calculer les conséquences.
Entré dans son héritage, il y demeure comme étranger et voyageur.
S’il en eût été autrement, sa marche de foi eût
été terminée quand il mit le pied sur le sol de Canaan.
Lorsqu’on entre en possession
d’un héritage, il
n’est plus question de foi, car elle est changée en vue, puisque
le but est atteint. En Canaan, Abraham
persévère à marcher par la foi. Il considère l’héritage que
Dieu veut lui donner comme une « terre
étrangère » dans laquelle il ne possède rien,
non, pas même où poser son pied, parce que, cet héritage, il ne l’a pas encore reçu des
mains de Dieu ;
et ce n’est qu’alors, qu’il pourra le considérer comme lui
appartenant. Cette
circonstance l’amène à « confesser qu’il est étranger et forain ». Il le proclame en
« demeurant sous
des tentes avec
Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse ».
Une marche de foi nous sépare toujours du
monde. Abraham commence par le
quitter au moment où il part d’Ur des Chaldéens, sa ville natale ;
ensuite, obligé de marcher au milieu des Cananéens, toute son attitude montre clairement qu’il appartient à un autre monde.
Celui qu’il traverse peut tout
au plus lui offrir la possession d’un sépulcre. Cette marche exerce en outre son influence
sur d’autres. Les
membres de la famille d’Abraham, Isaac et Jacob, suivent
les traces de leur père et, quoique héritiers de la même promesse,
font la même profession que lui.
« Car il attendait la cité qui a les fondements, de
laquelle Dieu est l’architecte et le créateur ». La conséquence immédiate de la foi
d’Abraham est que,
ne pouvant rien chercher sur la terre, ses regards
se portent sur les choses invisibles : sa foi devient
« la
conviction des choses qu’on ne voit pas ». Il « attend la cité » : sa foi est
« l’assurance
des choses qu’il espère ». Il apprend à contempler l’accomplissement
final des pensées de Dieu, seul capable de satisfaire l’attente
de sa foi.
L’épître aux Hébreux, nous parle souvent de « la cité ». Elle est appelée « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (12:22) ; « la cité permanente à venir » (13:14) ; « la cité que Dieu a préparée pour les
croyants » (11:16), et ici, « la cité qui a les fondements ». Cette cité est le lieu
futur de la gloire, dans lequel tous les croyants de l’Ancien
et du Nouveau Testament habiteront
ensemble. Elle
est bien la Jérusalem céleste dans l’épître aux Hébreux, mais non pas dans son
caractère d’Épouse, de femme de l’Agneau, comme dans
l’Apocalypse. En
ce sens, l’Église seule est la cité, mais elle est ici le
lieu d’habitation glorieux de tous les saints. Tous, eux et nous, sans distinction de
relation, nous arriverons à la perfection ; tous nous
posséderons une gloire dans laquelle nous serons parfaitement semblables
à Christ, bien qu’il y ait « quelque chose de meilleur pour
nous » comme nous le verrons à la fin de ce
chapitre. Être les
amis de l’Époux, les
compagnons du grand Roi, être même la reine à la droite du Roi, parée d’or
d’Ophir, est une chose ; être l’Épouse et posséder l’Étoile du matin, en est une
autre. Mais les saints de toutes les
économies ont place dans le palais du Roi pour
y habiter.
Abraham attendait cette cité et ne voulait pas d’une cité
bâtie par l’homme. Il n’avait aucune idée de retourner à Ur des Chaldéens.
Il levait les yeux vers « la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est
l’architecte et le créateur », vers une gloire préparée,
ordonnée, établie par Dieu lui-même, fondée par lui,
et sur quels fondements ! — créée par lui, création nouvelle
n’ayant aucun rapport avec l’ancienne qu’il avait sous les yeux.
Ainsi, quoique les promesses faites
à Abraham, se rapportassent à la Canaan terrestre, sa foi, qui sans cela n’aurait pas été la
foi, espérait des choses célestes et invisibles.
Tout cela exige de la patience. Traverser un monde hostile, où rien ne répond aux
aspirations de nos cœurs, où l’on ne trouve que peine et
souffrance, sans se laisser décourager, bien au contraire, étant soutenu par une foi
qui fait voir le Christ invisible et les
choses célestes, et veut à tout prix atteindre le but, — c’est la patience, mais
c’est aussi le bonheur et la joie !
Nous considérons ainsi la foi qui embrasse le
propos de Dieu pour le monde à venir, rendant le croyant capable
de marcher comme étranger et forain
dans ce monde. A
partir d’ici, jusqu’au verset 22, cinq croyants de l’Ancien Testament sont
mentionnés par leur nom : Abraham, Sara, Isaac, Jacob
et Joseph, chacun présentant un caractère particulier de la foi,
mais attendant tous le monde glorieux à venir.
Abraham est le grand témoin de cette foi qui
s’empare du propos de Dieu, ce qui l’amène à regarder à un
autre monde et à marcher dans ce monde-ci comme
étranger. Il
fut appelé à quitter le pays où il avait vécu, en vue d’un autre pays qu’il
recevrait plus tard. Si
Dieu appelle un homme à sortir de ce monde, c’est parce qu’il a un monde meilleur dans
lequel il veut l’introduire. On se souviendra qu’Étienne commence son discours devant le
sanhédrin en disant : « Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham » (Act.7). C’est une déclaration merveilleuse,
mais celle que nous trouvons à la fin du discours est plus merveilleuse
encore ; ayant les yeux attachés sur le ciel et voyant Jésus
debout à la droite de Dieu, Etienne peut dire : « Voici, je vois les
cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la
droite de Dieu ». Sa
prédication commence par la vision du Dieu de gloire
apparaissant à un homme sur la terre ; elle se termine par
la contemplation d’un Homme apparaissant dans la
gloire de Dieu dans le ciel.
Dès que le Seigneur Jésus a pris sa place dans la gloire, nous pouvons voir clairement
ce qu’Abraham ne voyait qu’obscurément — le plein résultat
de l’appel de Dieu. Comme
Abraham, nous
avons été appelés selon le dessein de Dieu (2 Tim.1:9) ; mais cela signifie que nous
avons été appelés hors de ce monde, pour avoir une part avec
Christ dans la demeure de gloire où il se trouve, pour être
effectivement avec lui et comme lui — conformes à l’image du Fils de
Dieu (Phil.3:21 ; Rom.8:29 ; 2 Thess.2:14).
De plus, en Abraham nous avons non seulement une
illustration frappante de l’appel souverain de Dieu, mais aussi
un exemple remarquable de la réponse de la foi. Nous lisons premièrement : « il s’en alla, ne sachant où il allait ». Quitter son pays sans savoir où l’on va, semble à l’homme naturel
de la folie pure, et contraire à toute raison
et à toute prudence. Mais c’est précisément ce qui donne à la foi l’occasion de se
manifester. Il
suffisait pour
la foi d’Abraham que Dieu l’ait appelé : Dieu savait où il le conduisait. Parfois nous désirons voir quel
sera le résultat d’un pas fait dans l’obéissance à la parole de Dieu, aussi
hésitons-nous à faire le pas. La prudence humaine voudrait peser soigneusement les conséquences
de l’obéissance ; la foi, donnée
de Dieu, les abandonne à Dieu.
Ensuite, Abraham non seulement s’en alla par la foi, mais
ayant quitté son ancienne patrie, il marcha par la foi
avant d’en recevoir une nouvelle. Ainsi, avec Isaac
et Jacob, il revêtit le caractère d’étranger et de forain. Pour lui, le pays dans lequel il
demeurait était une terre étrangère, et lui-même un
pèlerin demeurant sous des tentes. N’est-ce pas là la vraie position
du chrétien aujourd’hui ? Nous avons été appelés hors du monde qui nous
entoure ; nous
ne sommes pas encore dans la nouvelle patrie vers laquelle nous
nous rendons. En
attendant, nous sommes des étrangers sur une terre étrangère et des
pèlerins se dirigeant vers une autre patrie.
Ainsi, Abraham attendait la cité qui a les
fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le
créateur. Nous
apprenons ici ce qui le soutenait dans son pèlerinage à travers une
terre étrangère : il attendait la bénédiction future que
Dieu a en réserve pour son peuple. Il était entouré par les cités des hommes
qui, alors comme aujourd’hui, n’avaient pas de fondements justes.
C’est pour cette raison que
les cités des hommes sont vouées à la destruction. Abraham attendait la cité de Dieu qui, fondée sur la justice,
ne sera jamais ébranlée. Comme nous le lisons plus loin, il s’agit de « la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ». Abraham suit ainsi le sentier de la foi à la lumière du monde à
venir.
Comme il est souligné plus haut, pour l’homme naturel,
cela peut paraître le comble de la folie de lâcher ce monde
visible pour un monde que l’on n’a jamais vu. Mais la cité de Dieu — la
Jérusalem céleste — est visible au regard de la foi ;
et lorsque cette cité magnifique se présentera à la vue, dans toute sa
gloire et sa félicité — la cité où il n’y a ni douleurs, ni larmes, ni mort, ni
nuit — alors sera manifesté combien Abraham avait raison
et combien il était sage ; et combien sont sages tous ceux qui suivent ses traces,
en laissant de côté ce monde et en marchant comme étrangers
et forains vers la cité de Dieu.
La patience de la foi alors que la foi ne possède pas
encore, elle se confie en Dieu et attend,
certaine de l’accomplissement. La
conséquence en est que la foi qui prend la place d’un étranger
sur la terre, la maintient parce qu’elle désire
quelque chose de meilleur, et à travers la faiblesse, trouve la
force nécessaire pour que les promesses s’accomplissent.
L’effet en est qu’on entre dans la joie d’une espérance
céleste ; étranger dans le pays de la promesse, et ne jouissant pas de l’effet
des promesses ici-bas, on attend des choses plus excellentes
encore, des choses que Dieu prépare en haut pour
ceux qu’il aime. Il a préparé une cité pour de tels hommes. À l’unisson avec Dieu dans ses propres
pensées, leurs désirs
par la grâce répondant aux choses dans lesquelles il trouve son
plaisir, ils sont l’objet de son intérêt particulier : il
n’a point honte d’être appelé leur Dieu.
Non seulement Abraham a suivi Dieu jusqu’au pays qu’il lui
a montré, mais y étant étranger, et ne possédant pas le pays de la
promesse, il est élevé dans la sphère de ses pensées par la puissante
grâce de Dieu ; et jouissant de la communion de Dieu et des
communications de sa grâce, il se repose sur Lui pour le
temps présent, accepte sa position d’étranger sur la terre,
et attend, comme la part de sa foi, la cité céleste
dont Dieu est l’architecte et le créateur. Marchant assez près de Dieu pour savoir ce dont on
jouissait auprès de Lui, sachant qu’il n’avait pas reçu l’effet de
la promesse, Abraham
saisit les choses meilleures ; il les attend, quoiqu’il ne les voie
que de loin, et reste étranger sur la terre sans penser au pays d’où
il était sorti. Telle
est la vie normale de la foi pour tous.
La foi d’Abraham se montre dans une entière confiance en
Dieu ; appelé à quitter les siens en rompant les liens de la
nature, Abraham
obéit ; il ne
sait pas où il va ; il lui suffit que Dieu lui
montre le lieu. Dieu, l’ayant amené là, ne
lui donne rien. Cependant
Abraham y demeure content, dans une entière confiance en Dieu. Il gagnait à cette confiance : il attendait une
cité qui a des fondements. Il confesse hautement qu’il est
étranger et forain sur la terre (Gen.23:4) ; il se rapproche ainsi
de Dieu spirituellement. Quoiqu’il ne possède rien, ses affections sont engagées ; il
désire un meilleur pays, et il s’attache à Dieu plus
immédiatement et plus entièrement ; il n’a aucun désir
de retourner dans son pays ; il recherche une patrie. Tel est le chrétien.
11 Par la foi, Sara
elle-même aussi reçut la force de fonder une postérité, et cela, étant hors
d’âge, puisqu’elle estima fidèle celui qui avait promis ; 12 c’est
pourquoi aussi d’un seul, et d’un homme déjà amorti, sont nés des gens qui sont
comme les étoiles du ciel en nombre et comme le sable qui est sur le rivage de
la mer, lequel ne peut se compter.
L’exemple de Sara est bien frappant, car nous savons, par Gen.18:10-15, que d’abord elle montra de
l’incrédulité à l’égard de la promesse. Mais ensuite la foi triompha de ses doutes,
elle reconnut que la promesse venait réellement de Dieu, et cette
foi fut en elle, stérile et hors d’âge d’enfanter, la source de la puissance
pour fonder une postérité : « Elle estima fidèle celui qui avait promis ». Ainsi, la foi en Celui qui est
fidèle sera aussi en nous le secret de la puissance
pour surmonter ce qui semble et qui est
en effet insurmontable pour l’homme, car rien
n’est impossible à Dieu (Luc 1:37).
La conséquence en est relativement à elle et à Abraham, que d’une femme stérile et hors d’âge,
et d’un homme amorti par l’âge, est née une postérité égale en nombre aux
étoiles du ciel et aux grains de sable sur le rivage de la mer. La
promesse de Dieu que nous trouvons en Gen. 13:16 et 15:5, et confirmée, après la preuve
suprême de la foi d’Abraham dans le sacrifice d’Isaac (Gen. 22:17), cette promesse s’est
accomplie : Dieu est fidèle (voyez aussi Rom. 4:18-22).
L’obéissance à l’appel de Dieu, la séparation du monde pour
saisir l’espérance qui est devant nous, sont suivies d’un autre caractère
de la foi. Par
la foi, elle
reçut la force de fonder une postérité, parce qu’elle compta sur la
puissance de Dieu. Elle estima fidèle Celui qui avait promis. La foi de Sara (l’Esprit passe sous silence son rire
et ses manquements) s’attache à une impossibilité. Elle et son mari étant hors d’âge, ne
pouvaient avoir d’enfants,
mais Dieu avait promis un héritier à Abraham, et la
foi de Sara compta sur la fidélité immanquable
de Dieu à sa promesse. Aussi reçurent-ils la rémunération : « D’un seul, et d’un homme déjà amorti, sont nés
des gens qui sont comme les étoiles du ciel en nombre, et comme
le sable qui est sur le rivage de la mer, lequel ne peut se
compter ».
Par la simple foi, sans aucun travail, ni
effort de sa part, Sara acquit une multitude céleste
d’un côté, terrestre de l’autre.
Il est vrai que Sara chercha à acquérir cette postérité,
quand elle donna Agar à Abraham, mais alors ce n’était pas la foi,
c’était la chair, et celle-ci ne peut trouver aucune place dans notre récit.
En effet, combien est beau et consolant,
ce fait de l’activité de la foi présenté tout à fait à part
de l’immixtion de la chair. Dieu nous parle de ce qui vient de Lui et passe sous silence ce qui vient de la chair.
Ici donc, Sara n’invente aucun moyen pour
s’emparer de la promesse. Elle accepte son incapacité
et compte sur la fidélité et la puissance
de son Dieu. Toujours le travail de l’homme, et, hélas ! avouons-le, si souvent le travail du
chrétien n’aboutit à rien, ou bien n’a pour résultat que
de nous créer, comme à Abraham et à Sara, d’inextricables
difficultés ! En
tout cas, lorsque ce n’est pas la foi qui travaille, l’œuvre
est stérile, tandis que les résultats de l’activité
de la foi, sont selon la puissance de Dieu — une
multitude !
En Sara, nous apprenons en outre que la foi,
non seulement regarde à Dieu en présence de difficultés pressantes, mais
se confie en Dieu malgré les impossibilités naturelles.
Elle ne regarda pas aux
moyens ordinaires d’obtenir un fils, ni ne raisonna en se demandant : Comment
cela est-il possible ? Sa confiance était en Dieu : il accomplirait fidèlement
sa parole, comme il lui plairait. Dieu honora sa foi en lui donnant un
enfant, « et cela, étant hors d’âge
». Ainsi Dieu fait naître
une postérité innombrable, selon son propos ; mais il le fait selon
ses propres voies, se servant de quelqu’un qui était « déjà amorti ». Il en est souvent ainsi dans les voies de Dieu ; il accomplit ses plans par des vases
de faiblesse, dans
des circonstances qui paraissent désespérées. Il fait sortir la force de la
faiblesse, le manger de celui qui mange, la vie de la mort,
et « des gens qui sont
comme les étoiles du ciel en nombre » « d’un
homme déjà amorti ».
« Afin que celui qui
se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ».
La foi s’affirme en présence de la mort. Elle nous fait, non seulement vivre en étrangers dans le monde,
mais elle brille de tout son éclat quand nous avons à faire à la mort
qui devrait
l’ébranler au premier chef.
Abraham était
amorti, le sein de Sara dans un état de mort (Rom. 4:19). Dieu avait fait une promesse à ces époux, mais leur état opposait un
obstacle absolu à sa réalisation. Dans ces circonstances la foi, s’attachant toujours à des
impossibilités, s’affirme. Aux yeux de sa foi, la promesse ne pouvait pas
trouver un obstacle dans la mort.
C’est ainsi qu’en Sara, nous apprenons en outre que la
foi, non seulement regarde à Dieu en présence de difficultés
pressantes, mais se confie en Dieu malgré les
impossibilités naturelles. Elle ne regarda pas aux moyens ordinaires d’obtenir un fils, ni ne raisonna en se demandant :
Comment cela est-il possible ? Sa confiance était en Dieu : il accomplirait fidèlement
sa parole, comme il lui plairait. Dieu honora sa foi en lui donnant un
enfant, « et cela, étant hors d’âge
». Ainsi Dieu fait naître
une postérité innombrable, selon son propos ; mais il le fait selon
ses propres voies, se servant de quelqu’un qui était « déjà amorti ». Il en est souvent ainsi dans les voies de Dieu ; il accomplit ses plans par des vases
de faiblesse, dans
des circonstances qui paraissent désespérées. Il fait sortir la force de la
faiblesse, le manger de celui qui mange, la vie de la mort,
et « des gens qui sont
comme les étoiles du ciel en nombre » « d’un
homme déjà amorti ».
« Afin que celui qui
se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ».
13 Tous ceux-ci sont
morts dans la foi, n’ayant pas reçu les choses promises, mais les ayant vues de
loin et saluées, ayant confessé qu’ils étaient étrangers et forains sur la
terre. 14 Car ceux qui disent de telles choses montrent clairement
qu’ils recherchent une patrie ; 15 et en effet, s’ils se fussent
souvenus de celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y
retourner ; 16 mais maintenant ils en désirent une meilleure,
c’est-à-dire une céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, savoir
d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité.
Par le caractère général de la foi d’Abraham, de Sara, d’Isaac et de
Jacob, ceux-ci étaient constitués étrangers et forains
sur la terre de la promesse. Ils confessaient être tels, comme nous
le voyons en Gen. 23:4 ; 47:9. David le reconnaissait aussi (1 Chron. 29:15), et nous savons que tel est aussi
notre caractère comme chrétiens (1 Pierre 2:11). Ces patriarches sont morts en croyant aux choses promises,
sans en avoir vu l’accomplissement ; mais comme des navigateurs qui tendent vers le
rivage désiré, qu’ils aperçoivent de loin, et vers lequel leur
cœur les porte, ils les ont saluées. « Abraham a tressailli de joie de ce
qu’il verrait mon jour », dit le
Seigneur (Jean 8:56). Détachés ainsi des choses de la terre, professant être
étrangers et voyageurs ici-bas, ces hommes
de Dieu parlaient et agissaient de manière à montrer
clairement qu’ils étaient citoyens d’une autre
patrie que le pays où ils plantaient leurs tentes, ou que
celui d’où ils étaient venus. Ils recherchaient — c’est ce que leur vie
montrait — une patrie meilleure en dehors de ce
monde, une céleste. Et n’est-ce pas là aussi ce qui doit
nous caractériser, nous
qui avons une vue plus claire de notre vocation qui
est du ciel (Héb. 3:1 ; Phil. 3:20) ? Et comme ils marchaient dans la
foi en Dieu, ayant en vue ce que Dieu leur avait préparé, au-delà de la
mort, en dehors de cette terre, Dieu les honora du plus grand des
honneurs : il n’a pas honte d’eux, puisqu’ils se sont
attachés à lui ; il s’appelle lui-même leur Dieu :
« Je suis le
Dieu d’Abraham, ton
père », dit-il à
Isaac ; et à Jacob : «Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham, ton père, et le Dieu d’Isaac». Il le rappelle à Moise : « Tu diras ainsi aux fils d’Israël : l’Éternel, le
Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac,
et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous » (Gen. 26:24 ; 28:13 ; Ex. 3:6, 15). Et comme il est leur Dieu, il leur a
préparé une cité où il sera avec eux, leur Dieu, toujours le même. Quelle
récompense attachée à leur foi ! C’est de ce fait que Jésus tirait cette conclusion si
remarquable relative à la résurrection. Ces patriarches morts quant
à la vie dans ce monde, étaient vivants pour Dieu,
leur Dieu, en attendant la résurrection bienheureuse, moment
où s’accompliront pleinement pour eux les promesses (Luc 20:37-38). Souvenons-nous que ce Dieu, le
Dieu de Jésus Christ, est aussi notre Dieu, et rappelons-nous
ce qui est dit pour celui qui vaincra par la foi (Jean 20:17 ; Apoc.3:12).
Nous voyons ainsi la foi aux prises avec la mort, comme
ce qui met fin à toute espérance d’ici-bas.
« Tous ceux-ci sont morts dans la foi, n’ayant pas reçu les choses promises, mais les
ayant vues de loin et saluées, ayant confessé qu’ils
étaient étrangers et forains sur la terre » (v. 13). Ils avaient reçu la promesse, mais arrivaient au bout de leur
carrière, à la mort, sans avoir reçu la récompense de
leur foi, les choses promises qu’ils espéraient.
Étaient-ils découragés en présence de ce qui, pour
le monde, est l’effondrement de toute espérance ?
Humainement parlant, cela leur aurait été d’autant plus permis que les
promesses leur avaient été faites en rapport avec la terre, et qu’ils
étaient appelés à quitter le théâtre même des promesses de Dieu. Mais non ! il suffisait à ces croyants de
les avoir « vues de loin et saluées ».
Leur foi était l’assurance des choses
qu’on espère et la conviction des choses qu’on ne
voit point. Ils
les avaient saluées comme des choses familières avec lesquelles leur
foi était en contact depuis longtemps. Ils comprenaient fort bien qu’ils ne pouvaient les atteindre maintenant,
car, les posséder aurait mis fin à leur
foi et à la confession qu’ils étaient étrangers et
forains sur la terre. Or, ils
ne voulaient en aucune manière laisser tomber ou renier
cette confession.
« Car ceux qui disent de telles choses, montrent clairement qu’ils
recherchent une patrie »
(v. 14). Leur confession était une profession ouverte,
publique et pratique. Ils ne se bornaient pas à parler ; leurs tentes prouvaient la réalité
de leurs paroles. Combien, hélas ! notre confession est
souvent différente de celle-là ; nous prêchons des choses
auxquelles notre vie pratique ne correspond pas. Nous ne « montrons
pas clairement que nous recherchons une patrie ».
Ces témoins anciens étaient
plus fidèles que nous. Leur
héritage de la part de Dieu était terrestre, et cependant ils vivaient de
manière à montrer que la terre n’était pas leur but, que
leur patrie était autre part. La mort, fin de toute espérance temporelle,
ne faisait que fixer d’autant plus les yeux de leur
foi sur la cité de Dieu. Ils avaient quitté leur première patrie, « en étaient sortis », laissant derrière eux tous les
avantages de leur bourgeoisie d’autrefois ; ils ne s’en
souvenaient plus. Dieu leur en avait promis une autre, et loin de retourner vers l’ancienne en voyant
qu’ils n’atteignaient
pas le but désiré, ils marchaient en avant, à travers la mort, pour l’atteindre.
Il en était de même pour ces Hébreux. Maintenant,
dit l’apôtre, ceux qui parlent ainsi, c’est-à-dire comme ces
témoins d’autrefois, en vrais fils de leurs pères, désirent une
patrie céleste (v. 16). L’intelligence des pères n’allait pas jusque-là ; elle comptait sur la
promesse de l’héritage de Canaan et savait qu’elle l’atteindrait à
travers la mort. La
patrie des Hébreux avait un caractère exclusivement céleste,
quoiqu’ils sussent fort bien qu’ils seraient associés au Seigneur dans le
gouvernement de la terre. Leur part
était une meilleure patrie que celle promise aux pères.
C’est pourquoi, ajoute l’apôtre, « Dieu n’a pas honte d’eux » pas plus que de nous, si nous sommes fidèles.
Il s’appelle le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de
Jacob ; il leur a préparé, et à nous aussi,
une cité qui est la gloire (v. 16). « Tu les introduiras et tu les planteras sur la
montagne de ton héritage, le lieu que tu
as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le
sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Ex.15:17).
Quelle pensée solennelle, que Dieu pourrait
avoir honte de nous ! Dira-t-il qu’il trouve son
plaisir à être en relation avec un chrétien mondain, qui recherche les plaisirs, les vanités, les
misérables convoitises, l’importance, l’orgueil et les richesses du
monde ?
Il nous est encore dit que ces croyants, non seulement
ont vécu par la foi, mais aussi « sont morts dans la foi », n’ayant pas reçu les choses promises.
Lorsqu’ils sont morts, Dieu
nous donne un résumé magnifique de leur vie. Nous savons que dans leur
histoire il y a eu beaucoup de manquements, car ils étaient des hommes ayant
les mêmes passions que nous, et ces manquements ont été rapportés pour nous
servir d’avertissement. Ici ils sont passés sous silence, et Dieu relate
tout ce qui, dans leur vie, a été le fruit de sa
propre grâce. Ces versets sont l’épitaphe de Dieu sur les patriarches.
1 Premièrement, il nous est dit qu’ils regardaient au-delà des choses visibles. Ils
voyaient les promesses « de loin ». Leur esprit était pénétré de la
certitude de la gloire future et leur cœur s’attachait à cette
espérance.
2 Deuxièmement, cette
gloire que saisissait leur cœur produisait un effet pratique dans leur vie : ils ont proclamé qu’ils étaient étrangers
et forains sur la terre.
3 Troisièmement, se
reconnaissant étrangers et forains, ils rendaient
un témoignage sans équivoque : « Car ceux qui disent de telles choses montrent
clairement qu’ils recherchent une
patrie ».
4 Quatrièmement, ils
ont triomphé de la tentation de retourner dans le monde qu’ils avaient
quitté. Ceux qui répondent à l’appel de Dieu et se séparent de
ce présent siècle feront l’expérience que le diable cherchera à
les ramener dans le monde en leur donnant des occasions d’y
retourner. La convoitise de la chair, les attraits du monde, les exigences
des relations naturelles, les obligations professionnelles nous offriront, de
différentes manières et à différents moments, des occasions de retourner en
arrière.
Abraham déclara clairement qu’il était étranger et pèlerin. Lot manifesta clairement qu’il se contentait de suivre un
homme, car il
est rapporté à trois reprises qu’il allait avec Abraham. Aussi, lorsque l’occasion se présenta,
Lot la saisit et retourna dans les villes de la plaine,
tandis qu’Abraham
poursuivait son chemin vers la cité de Dieu. Hélas ! combien de personnes,
depuis les jours de Lot, ne s’étant pas emparées des promesses, ont
trouvé une occasion de se détourner d’un sentier que l’homme
naturel ne peut suivre et où la chair rencontre sans cesse des
épreuves.
Si nous voulons échapper aux tentations de retourner en arrière,
ayons soin de montrer clairement
que nous sommes du côté du Seigneur. Si nous voulons le montrer clairement,
acceptons d’une manière bien nette
le sentier de la séparation du monde, comme étrangers
et forains. Si nous voulons véritablement être étrangers et
forains, fixons
nos regards sur la
plénitude de bénédictions qui nous est révélée dans le
monde céleste : soyons persuadés de la réalité de
la gloire à venir et serrons-la dans nos affections.
5 Cinquièmement, ayant refusé les occasions de
retourner dans leur ancienne patrie, ils
étaient libres pour poursuivre leur chemin en ayant leurs désirs fixés sur
« une meilleure » patrie, c’est-à-dire « une céleste ».
6 Sixièmement, l’Écriture déclare, à propos d’hommes dont la vie a porté ces caractères :
« Dieu n’a point honte... d’être appelé leur Dieu ». Dans les
détails de leur vie, il y a eu de nombreux manquements, et bien des choses dont
sans doute ils ont eu honte, mais les grands
principes directeurs de leur vie, les
principes qui les faisaient agir et qui caractérisaient leur marche
étaient tels que
Dieu n’avait pas honte
de les reconnaître et d’être appelé leur Dieu.
7 Septièmement, pour de
tels hommes et de telles femmes, Dieu
a préparé une cité ; et dans cette cité, tout ce qui
était de Dieu dans leur vie aura sa glorieuse récompense.
Si ces choses nous caractérisent aujourd’hui, ne
pouvons-nous pas dire, malgré nos nombreux manquements, notre faiblesse et le
mépris dans lequel le monde nous tient souvent, que Dieu n’aura pas honte
d’être appelé notre Dieu ?
La première chose à faire à l’égard d’une promesse, c’est
de la saisir, puis d’exercer la foi à son sujet, et enfin de la
recevoir par le cœur. « Ayant vu de loin et salué les choses
promises », ils
les serrèrent dans leur cœur. Dans quelle mesure mon cœur les a-t-il serrées
pour lui-même ? Chacun connaît sa
propre « maigreur »
(Ésaïe 24:16). Mais, certainement, plus
nous les serrerons précieusement, plus nous consentirons avec bonheur à
être étrangers et pèlerins dans ce monde.
C’est là un admirable tableau
d’un cœur établi dans la foi. Est-ce parce qu’ils avaient quitté la Mésopotamie qu’ils se
considéraient comme des étrangers ? Non, mais parce qu’ils
n’étaient pas arrivés au ciel. Ils auraient su trouver le chemin pour y retourner ;
Abraham put l’indiquer à son serviteur. Mais cela n’aurait rien changé à
leur caractère d’étrangers.
Supposez que survienne un changement dans vos
circonstances ; cesserez-vous pour autant d’être des étrangers ?
Non, si vous faites partie du peuple de Dieu. Revenir en Mésopotamie ne changerait rien à votre
condition. Rien ne pouvait mettre fin à leur
caractère d’étrangers, si ce n’est l’entrée en possession de l’héritage.
Ils poursuivaient leur route
vers le ciel, et Dieu n’a pas eu honte d’être
appelé leur Dieu.
Au chapitre 2 nous lisons que Christ n’a pas honte
de nous appeler frères, et maintenant nous lisons que Dieu n’a
pas honte d’appeler siens ces étrangers. Pour quelle raison Christ n’a-t-il pas
honte de les appeler frères ? Parce qu’ils lui sont associés dans le
même dessein éternel de Dieu. Christ et ses élus sont englobés dans une même famille. Comment
pourrait-il avoir honte d’un tel peuple ? Et si vous avez rompu avec le monde, Dieu n’a pas honte de vous,
car lui-même a rompu avec lui et il ne peut avoir honte de vous, parce que vous partagez sa
pensée. Aussi
quand ils se disaient étrangers, Dieu s’appelait-il leur Dieu.
Quels sévères reproches y
a-t-il en tout ceci pour nos cœurs toujours si lents à en finir avec toute
alliance et toute amitié avec le monde !
17 Par la foi, Abraham,
étant éprouvé, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses offrit
son fils unique, 18 à l’égard duquel il avait été dit : « En Isaac te
sera appelée une semence », — 19 ayant estimé que Dieu pouvait le
ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, en figure, il le reçut. 20
Par la foi, Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir. 21 Par
la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora, appuyé sur le
bout de son bâton. 22 Par la foi, Joseph, en terminant sa vie, fit
mention de la sortie des fils d’Israël et donna un ordre touchant ses os.
Abraham nous occupe depuis le verset 8 jusqu’au verset 19, hormis
le verset 11 qui parle de Sara, car, si elle n’avait pas été une femme de foi,
Isaac, la semence promise, ne serait jamais né.
La foi d’Abraham était si exceptionnelle que l’apôtre Paul
parle de lui comme « le père de tous ceux qui croient » (Romains 4:11). Il n’est donc pas surprenant que dans ce chapitre il soit
plus parlé de lui que de toutes les autres personnes. Ce qui est dit semble se regrouper sous
trois titres :
1. Premièrement,
la foi le conduisit à répondre à l’appel de Dieu au
commencement. Il quitta une cité civilisée et cultivée sans savoir où il
allait. Quand il le sut, il s’avéra que c’était un pays de culture moins
avancée que celui qu’il avait quitté. Pourtant cela ne lui importait pas. Canaan
était l’héritage que Dieu avait choisi pour lui, et il se mit en route à
l’appel de Dieu. DIEU était devant son âme. Voilà la foi !
2. Deuxièmement,
quand il fut dans le pays de la promesse, il n’eut rien en possession
effective. Il y séjourna comme un étranger et un pèlerin,
content de demeurer sous des tentes. Finalement il mourut dans la
foi des promesses sans jamais les avoir reçues. Son chemin a été
en effet tout à fait remarquable, et qu’est-ce qui le justifiait ? La
foi, — la foi qui donne le discernement spirituel. Il
ne désirait pas seulement un pays meilleur et céleste,
mais il « attendait » une cité céleste bien plus durable
que Ur des Chaldéens. Le verset 13 nous dit qu’il vit les promesses, bien qu’elles fussent fort
éloignées dans le temps.
3. Troisièmement,
sa foi semble avoir atteint un sommet, et une plénitude d’expression quand
il « offrit son fils
unique ». Isaac était déjà
un enfant de résurrection par sa naissance naturelle ; il le
devint doublement après cet évènement. Mais la foi était la foi d’Abraham,
qui tint le raisonnement selon lequel, si Dieu pouvait faire naître dans ce
monde un enfant vivant de parents physiquement déjà amortis, Il pouvait aussi ressusciter cet enfant et Il le ferait effectivement. Quand
Abraham crut Dieu et qu’Il le lui compta à justice, selon Genèse 15:6, il crut en Dieu comme en Celui qui pouvait ressusciter les morts,
selon ce que montre la fin de Romains 4. Le sacrifice d’Isaac
manifesta cette foi de la manière la plus claire. C’est spécifiquement l’œuvre
dans laquelle sa foi fut à l’œuvre, selon ce que déclare la
dernière partie de Jacques 2.
Nous avons dans ces versets la confiance absolue
en la puissance et la fidélité de Dieu
pour accomplir ses promesses. Le cas d’Abraham offrant son fils
unique, fait
ressortir cette confiance de la manière la plus remarquable. Après
25 années d’attente patiente, durant lesquelles il vécut en étranger en Canaan, Dieu lui donna
ce fils si longtemps attendu, quand tout espoir d’une
postérité semblait évanoui. Isaac était la joie de son vieux
père ; Dieu, parlant d’Isaac, dit à Abraham : « Celui que tu aimes », et l’on comprend que toutes les fibres de son cœur
fussent attachées à ce fils bien-aimé. Mais par-dessus tout, c’était sur lui que
reposait positivement la promesse : « En Isaac te sera appelée une semence » (Gen.21:12). Quelle épreuve donc, non seulement pour son cœur, mais
par-dessus tout pour sa foi, lorsqu’il reçoit l’ordre de
sacrifier son fils, son unique ! Il
avait passé par une série d’épreuves de sa foi, mais celle-ci était au-dessus
de toutes. Sa confiance va-t-elle lui
manquer ? Comment
conciliera-t-il la promesse divine avec l’ordre
divin de livrer son fils à la mort ? Sa foi s’élève au-dessus de tout ; il ne s’inquiète pas de
la manière dont Dieu résoudra la contradiction entre sa
promesse et son ordre ; par la foi, il a l’assurance que
Dieu saurait tout concilier, qu’il le pouvait et le
ferait, dût-il
pour cela ressusciter Isaac d’entre les morts ; et en figure cela eut lieu en
effet. Ce fut comme une image de la résurrection d’entre
les morts, car du
moment qu’Abraham avait levé le couteau pour immoler son fils, il n’y avait que la voix toute-puissante de Dieu
qui pût arrêter son bras et rendre Isaac à la vie. La foi d’Abraham est bien la foi au Dieu qui ressuscite les morts.
Il avait dit : « Moi
et l’enfant nous
irons jusque-là, et nous adorerons ; et nous
reviendrons vers vous » (Gen.22:5). Il avait donc la certitude que, d’une manière ou d’une
autre, Dieu agirait. Nous avons déjà vu qu’à l’occasion
de la naissance d’Isaac, la foi d’Abraham avait été la foi au
Dieu « qui fait
vivre les morts,
et appelle les choses qui ne sont point comme si elles
étaient » (Rom. 4:17).
Si la vie de la foi est éprouvée par les occasions de
revenir en arrière qui sont présentées par le diable, elle sera aussi mise à l’essai par des épreuves envoyées de
Dieu, afin de montrer sa valeur. Nous apprenons ainsi qu’Abraham fut « éprouvé ». Il lui fut demandé d’offrir Isaac,
son fils unique — celui-là même par lequel les promesses devaient s’accomplir.
Sa foi fut à la hauteur de l’épreuve
et le rendit capable d’offrir son fils, estimant que Dieu
pouvait le ressusciter même d’entre les morts.
Abraham nous apparaît ainsi sous un autre jour. Toutes ses espérances se rattachaient
à Isaac. Renoncer
à Isaac semblait
faire faillite non seulement quant au monde, mais même
quant à Dieu. Il
aurait pu dire :
« Vais-je tout perdre, promesses de Dieu, et héritage en
Mésopotamie ? » La
foi n’aurait pu
être mise à plus rude épreuve. Avez-vous jamais craint la faillite quant à ce que vous avez confié à
Dieu ? S’est-il éloigné pour ne jamais revenir ?
Eh bien, Abraham recouvra
Isaac en figure, scellé comme un nouveau témoin de la résurrection.
Avons-nous jamais perdu quoi que
ce soit pour nous être confiés à Dieu les yeux fermés ? Si jamais
quelqu’un s’est confié aveuglément à Dieu, ce fut Abraham.
La foi d’Isaac bénissant Jacob et Ésaü était une
démonstration que pour lui les choses à venir promises de Dieu
étaient certaines, car il ne possédait rien en Canaan. C’est
toujours le caractère de la foi qui saisit les choses invisibles,
sans autre fondement que la parole de Dieu.
« Par la foi,
Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à
venir » tellement
elles avaient de réalité pour lui. Il en fut de même pour Jacob
mourant, et d’une manière plus éclatante encore. Jacob parla de l’avenir, comme s’il était le passé. « Je te donne, dit-il
à Joseph, une portion que j’ai prise de la main de
l’Amoréen avec mon épée et mon arc » (Gen.48:22).
Puis, loin d’être découragé au moment
de mourir, il ne se borne pas à bénir chacun des fils de Joseph, mais
il adore. L’avenir a une telle réalité pour lui, qu’en face de la mort
il adore le Dieu qui lui donne la possession définitive
des choses qu’il espère toujours. Il adore, conservant jusqu’au bout, comme tous ceux qui sont morts
dans la foi (v. 13), son caractère d’étranger et de pèlerin, et n’abandonne son bâton que lorsque n’étant plus
d’usage, il tombe de ses mains glacées. Il en fut de même de Joseph mourant. « Il fit mention de la sortie des fils
d’Israël et donna
un ordre touchant ses os »
(v. 22). Il saluait sans l’avoir vue, la délivrance de
son peuple et comptait tellement sur l’héritage, qu’il y
fit transporter ses restes, afin de le posséder plus tard, car
il croyait à sa résurrection personnelle. C’est ainsi que la bénédiction
répandue sur d’autres et l’adoration représentées par
Jacob, et l’espérance représentée par Joseph, sont
ici le fruit de l’activité de la foi.
Isaac montre sa foi en bénissant Ésaü et Jacob à l’égard des choses à venir.
C’est là le seul et bien petit
moment de sa vie que l’Esprit considère. Si nous parcourons sa vie, c’est là que nous trouverons l’œuvre
éminente de la foi. Il est placé devant nous comme exemple de quelqu’un qui
marchait dans la lumière de l’avenir, car nous lisons qu’il « bénit Jacob et Esaü à l’égard des choses
à venir ». Le patriarche bénissant ses fils est présenté en Genèse 27 ; et quand nous lisons ce triste chapitre marqué par
la faiblesse de chacun des membres de la famille, nous n’y découvrons guère
de signes d’une foi quelconque. Là, Isaac
semble être gouverné par ses appétits et chercher à agir selon la nature.
Ici, Dieu, qui voit ce qu’il y a
derrière chaque manquement extérieur, nous fait savoir que c’est par
la foi qu’Isaac bénit ses fils à l’égard des choses à venir.
Jacob eut une vie remplie de difficultés — châtiments de ses fautes — vie
où l’énergie de sa propre volonté a agi plus que
celle de sa foi. Hélas ! nous ne lui ressemblons
que trop à cet égard. Mais, arrivé à la fin de sa longue
carrière, instruit et restauré par la
grâce divine, sa foi se montre avec un caractère d’une
remarquable beauté. Il bénit, avec l’intelligence donnée
par l’Esprit de Dieu, chacun des fils de Joseph, de ce
fils bien-aimé que Dieu lui avait rendu, assignant au plus
jeune la prééminence dans les temps à venir ; étranger, voyageur,
s’appuyant sur le bâton avec lequel il s’en était allé solitaire,
il adore Dieu qui l’a gardé selon sa promesse
(voyez Gen. 28:10-22 ; 32:10) ; il montre son attachement au pays de
la promesse et sa confiance en Dieu quant à
l’accomplissement de ce qui avait été promis, en demandant d’y être
enterré : il veut que ses os reposent avec ceux de ses pères, et enfin, dans sa magnifique prophétie
relative à Joseph, sa foi, comme celle d’Abraham, perce
jusqu’à Christ, rejeté par ses frères, ainsi que Joseph, type
du Seigneur, mais béni par-dessus tout des bénédictions les plus
excellentes (lisez Gen.47:31 ; 48 ; 49:25, 26). Quelle fin glorieuse, après une vie si agitée, et, on peut
le dire, souvent si charnelle ! Jacob avait été brisé,
dépouillé, et ainsi était devenu un vase propre
à être dépositaire des secrets de Dieu, que maintenant sa foi
pouvait pleinement et simplement saisir, sans y mettre de conditions (voyez Gen.28:20).
Il est mentionné ensuite parmi les anciens qui ont reçu
témoignage par la foi ; mais manifestement, dans son cas, Dieu attend
qu’il soit mourant avant de rapporter l’acte de foi qui lui a donné une place
parmi les anciens. Sa course a
été ternie par bien des taches. Il a trompé son père, il a supplanté son frère, il a été exilé de
chez lui, il a erré dans une terre étrangère, il a servi un maître qu’il a dupé
et par qui il a été trompé, il a été chagriné par ses enfants ; et il
termine enfin sa carrière pleine de vicissitudes comme un étranger en Égypte.
Il était néanmoins un vrai
saint de Dieu et sa
vie orageuse a eu une fin brillante. S’élevant au-dessus des sentiments
naturels, il
agit par la foi en bénissant les fils de Joseph. Les règles terrestres auraient donné la première place à
l’aîné, mais Jacob, sachant par la foi que Dieu avait mis le plus
jeune au premier rang, croisa ses mains, et malgré la protestation de Joseph,
il donna au cadet la bénédiction du premier-né.
Le cas de Jacob est plus remarquable que celui
d’Ésaü, comme Noé
avait été plus remarquable qu’Énoch. Sa vie fut pleine d’événements ; mais
la seule chose qui soit signalée ici, c’est que « par la foi, il bénit chacun des fils de
Joseph ».
Ceci est d’une beauté exquise et nous montre combien il peut y avoir de choses sans valeur dans une carrière chrétienne.
Je ne crois pas que la vie de Jacob nous présente un
serviteur de Dieu ; elle est le tableau d’un saint qui s’égara
et qui toute sa vie fut occupé à revenir. L’acte de foi qui nous est rapporté de lui se situe
tout à la fin,
quand il « bénit
chacun des fils de Joseph ». Là,
il entra en contact avec les choses invisibles, celles qui
faisaient obstacle au cours de la nature. Sa vie fut celle d’un homme
revenant à lui-même ; et tout
à la fin de ce long chemin de retour, il accomplit ce beau
service de foi envers Dieu, malgré les penchants de son
propre cœur et les protestations de son fils Joseph.
Joseph, au faîte des honneurs, à un
moment où les familles d’Israël étaient dans une tranquillité
parfaite et dans la prospérité en Égypte, saisit, par la foi, ce que
Dieu avait autrefois dit à Abraham (Gen.15:13-14) , touchant la sortie des fils
d’Israël hors d’Égypte ; il compte sur la promesse que Dieu avait faite à
Abraham, à Isaac et à Jacob, de donner Canaan en
héritage à leur postérité ; sa confiance est entière :
« Dieu vous
visitera certainement »,
dit-il (Gen. 50:24, 25), et il donne des ordres pour que ses os à lui
aussi aillent reposer dans le pays promis, participant
ainsi à la délivrance de son peuple.
Et Dieu prit soin que ces ordres donnés « par la foi » fussent exécutés (Ex.13:19 ; Josué 24:32).
Joseph est placé devant nous comme un exemple de la
foi regardant vers l’avenir. Nous lisons que, mourant, il fit mention de la sortie
des fils d’Israël. Jamais
aucun homme n’avait exercé un pouvoir ou occupé une place de gloire terrestre
comme Joseph en Egypte ; pourtant, lorsqu’il termine sa vie, toute la gloire de ce
monde disparaît de sa vision. Au lieu de regarder en arrière aux gloires passées de
l’Égypte, Joseph
contemple les gloires à venir d’Israël. À ce moment, il paraissait bien peu probable qu’Israël
quitte jamais l’Égypte. Ils s’étaient installés dans le pays de Goshen et,
comme nous le lisons, « ils
y acquirent des possessions, et fructifièrent, et multiplièrent extrêmement ». Toutefois, la foi discernait que cent
cinquante ans plus tard, ils seraient délivrés d’Égypte pour
entrer dans le pays qui leur avait été promis, et la
foi donna des ordres en vue de leur sortie.
Mais quelle aimable vie que celle de Joseph !
Une vie de foi dès le
commencement. Sa
vie fut de bout en bout une vie de sainteté. Mais c’est tout à la fin que sa foi
brilla d’un éclat magnifique. Il
avait sa main sur les trésors et son pied sur le trône de l’Égypte ; néanmoins, au milieu de tout cela, il parla du
départ de ses frères. C’était voir les choses invisibles, et c’est aussi la seule chose que
l’Esprit ait signalée comme un acte de foi. Pourquoi parla-t-il de cette manière ? C’est comme
s’il avait dit à ses frères : « Ah, je ne marche pas par la vue ;
je sais ce qui va arriver, et, je vous l’annonce, vous
sortirez de ce pays, et quand vous partirez, prenez-moi avec vous ».
Le cours général de sa vie fut irréprochable, néanmoins c’est
dans les paroles qu’il prononça au moment de s’en aller que nous trouvons la
plus belle expression de sa foi. Et c’est là ce dont vous et moi avons besoin. Vous suffit-il d’être justes ?
Vous devez l’être ; mais cela constituera-t-il une vie de foi ?
Vous devez vous appliquer à vivre dans la puissance des
choses qu’on espère, des choses que l’on ne voit pas, de
l’attente du retour du Seigneur. Si vous ne vous y appliquez pas avec énergie, vous pouvez bien vous comporter
de façon irrépréhensible, mais vous ne vivrez pas cette vie de la foi par
laquelle « les
anciens ont reçu témoignage ». Ainsi
jusque là nous voyons la foi comme un principe opérant.
Ce n’est pas la foi du pécheur,
laquelle est une foi sans œuvres. Du moment que la foi sans œuvres a fait de moi un saint, il me faut saisir la foi qui fait des œuvres et vivre
dans sa puissance.
Dans tous ces exemples, nous voyons la foi
produisant l’obéissance, la séparation, la
puissance, le renoncement à ce qui est de la chair,
et la confiance absolue en Dieu s’élevant au-dessus et perçant
au-delà même de la mort.
Ce chapitre nous présente deux grandes périodes dans la
vie de foi d’Abraham.
Dans la première, il fut appelé (v.
8) ; dans la seconde, il fut éprouvé (v. 17), et sa foi répondit à l’épreuve comme elle avait répondu à l’appel.
Nous trouvons dans le sacrifice d’Isaac
un autre caractère de la foi aux prises avec la mort.
Isaac était le fils
de la promesse. Toutes
les promesses de Dieu se concentraient sur sa tête ; elles n’avaient plus
d’objet, elles étaient, en apparence, détruites
sans retour, anéanties, si Isaac venait à mourir.
Par la foi, Abraham offrit son fils unique,
consentit à sacrifier l’objet des promesses, ayant estimé que Dieu pouvait ressusciter
même d’entre les morts, celui sur lequel elles reposaient. Cette
pensée de la résurrection était la conséquence naturelle de
la foi d’Abraham. Dès le commencement, il avait éprouvé dans sa propre
personne et dans celle de Sara, que Dieu peut donner
la vie à un mort. Il
suivit, avec une foi
grandissante, le même chemin quand Dieu lui ordonna de sacrifier son
fils ; il abandonna celui en qui la promesse devait
s’accomplir, pour le recevoir en résurrection. Toutes les fibres de son cœur, de ses affections naturelles,
pouvaient être brisées ; les promesses de Dieu avaient mille fois plus de valeur
pour lui que les
biens les plus précieux selon la nature. Aussi le reçut-il « en figure », comme ressuscité d’entre les morts (v.
19). Ces Hébreux (et nous-mêmes) recevaient,
en réalité, Christ de la même manière. En effet, toutes les promesses de Dieu
sont oui et amen, se vérifient et s’accomplissent
pour nous, en un Christ ressuscité. Mais il fallait que ces
chrétiens abandonnassent tout espoir de bénédictions
terrestres (et combien cela est important pour nous aussi), afin d’entrer dans la jouissance des
bénédictions spirituelles qui nous sont données dans les lieux célestes en un Christ ressuscité.
Remarquez, en passant, ce mot si souvent répété :
« il reçut ». Le
chrétien reçoit
témoignage comme Abel, Énoch et les anciens ; il reçoit
la force comme Sara ; il reçoit, comme Abraham,
la promesse en un Christ ressuscité. Les seules choses qu’il ne
reçoive pas,
ce sont les choses promises pour la terre (v. 13, 39), mais
celles-là, les anciens témoins les recevront aussi, quand, comme
Daniel, ils se reposeront et se tiendront « dans leur
lot » à la fin des jours.
Aux v. 20 à 22, nous trouvons un dernier caractère de la
foi aux prises avec la mort. La foi tient la mort pour rien, parce qu’elle s’attache
non aux choses présentes, mais aux choses à venir, et nous
la retrouvons ici comme l’assurance des choses qu’on espère et la conviction
de celles qu’on ne voit point. Cette grande vérité initiale forme, comme nous
l’avons vu au commencement, la base de tout le chapitre.
Dans l’offrande d’Isaac, on trouve cette confiance absolue en Dieu
qui, sur la demande de Dieu, renonce aux promesses de
Dieu Lui-même comme on les possède selon la chair ; la foi est certaine que Dieu les rendra par l’exercice
de sa puissance, en vainquant la mort et tout
obstacle.
C’est ainsi que le Christ a renoncé à ses droits
messianiques et est allé jusqu’à la mort, s’en remettant à la
volonté de Dieu, se confiant en Lui, et a tout reçu en
résurrection : c’est ainsi que les chrétiens hébreux devaient
faire à l’égard du Messie et des promesses faites à Israël. Mais, pour la foi simple, le Jourdain
s’est écoulé ; et d’ailleurs nous ne pourrions le traverser si
le Seigneur ne l’avait traversé auparavant.
Remarquez ici que l’on gagne toujours, en se confiant
en Dieu et en renonçant à tout pour Lui, et que l’on
apprend à connaître quelque chose de plus des voies de sa puissance ;
car en renonçant selon sa volonté à une chose qu’il a déjà
donnée, on doit s’attendre à la puissance de Dieu, pour qu’elle
accorde une autre chose. Abraham renonce à la promesse selon la chair ; il a en vue la cité qui a des fondements,
et sait désirer une patrie céleste ; il renonce à Isaac, en qui
étaient les promesses ; il
apprend à connaître la résurrection, car Dieu est
infailliblement fidèle. Les
promesses étaient en Isaac : Dieu
devait donc le rendre à Abraham, en résurrection, puisque Abraham
l’offrait en sacrifice.
En Isaac, la foi distingue la part
du peuple de Dieu selon l’élection, et celle de
l’homme ayant droit d’aînesse selon la nature.
C’est la connaissance
des voies de Dieu en bénédiction et en jugement.
Par la foi, Jacob, étranger, faible,
n’ayant plus que le bâton avec lequel il avait traversé le Jourdain, adore
Dieu et annonce la double portion de l’héritier d’Israël, de
celui qui a été mis à part de ses frères, type du Seigneur héritier
de toutes choses. Sur
cela repose le principe de l’adoration.
Par la foi, Joseph, étranger, qui
représente ici Israël loin de son pays, compte sur l’accomplissement
des promesses terrestres Remarquez
que dans ces cas, nous trouvons les droits de Christ en résurrection,
le jugement de la nature, et la bénédiction de la foi,
selon la grâce, l’héritage de toutes choses, célestes
et terrestres, par Christ, et le retour futur
d’Israël dans son pays.
Tous ces exemples sont l’expression de la foi en la fidélité
de Dieu, en l’accomplissement de ses pensées dans l’avenir.
Dans ce qui suit, nous trouvons la
foi qui surmonte toutes les difficultés se présentant sur le
chemin de l’homme de Dieu, chemin que Dieu lui trace dans son
pèlerinage vers la jouissance des promesses.
23 Par la foi, Moïse,
étant né, fut caché trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que
l’enfant était beau, et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi. 24
Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refu-sa d’être appelé fils de la fille
du Pharaon, 25 choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le
peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, 26
estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de
l’Égypte ; car il regardait à la rémunération. 27 Par la foi, il quitta
l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant
celui qui est invisible. 28 Par la foi, il a fait la pâque et
l’aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât
pas. 29 Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche,
ce que les Égyptiens ayant essayé, ils furent engloutis. 30 Par la foi,
les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant.
31 Par la foi, Rahab, la prostituée, ne périt pas avec ceux qui n’ont
pas cru, ayant reçu les espions en paix.
Nous trouvons ici, que la foi fait son chemin en
dépit de toutes les difficultés qui s’opposent à son progrès (v.
23-27). Dans les versets 28 à 31, la foi se déploie dans une confiance
qui se repose sur Dieu à l’égard de l’emploi des moyens que
Dieu nous présente, moyens dont la nature ne saurait se servir.
Enfin, il y a l’énergie, en général, dont la foi est la
source, les souffrances qui caractérisent la marche de
la foi.
Ce caractère général, dont l’application à l’état des
Hébreux est évidente, est celui de tous les exemples cités, savoir que ceux qui
ont vécu par la foi n’ont pas reçu l’effet de la promesse ; l’application
de ces exemples à l’état des chrétiens hébreux est évidente. En outre, ces héros renommés de la
foi, quel que fût l’honneur dont ils jouissaient auprès des Juifs, n’avaient pas les privilèges dont jouissaient les chrétiens.
Dieu, dans ses conseils, ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous.
Depuis le verset 23, nous voyons la foi victorieuse
du monde. Dans la
section précédente, Abraham était le grand exemple de celui dont la
foi s’est emparée du monde à venir, de la patrie céleste et de la
cité qui a les fondements. Dans
cette dernière partie, Moïse est l’exemple dominant d’un croyant qui,
par la foi, est victorieux de ce monde.
Nous voyons ici l’énergie active de la foi pour
aller en avant, en dépit de toutes les difficultés qui peuvent se
présenter dans le chemin. Saisissant son objet, elle agit malgré
toute l’opposition du monde ; elle ne tient nul compte
de la puissance des adversaires ; elle foule aux pieds
les grandeurs de cette terre. La foi comprend ce qu’elle a à faire selon Dieu,
et lui abandonne les conséquences.
La patience ou persévérance de la foi, dont le point
de départ est l’obéissance, comme l’histoire d’Abraham nous l’enseigne, n’est
pas tout ce qui doit caractériser le fidèle.
Une autre chose, d’une importance particulière,
c’est l’énergie
de la foi. Il
faut commencer par l’obéissance, mais il faut continuer par
l’énergie et, notons-le
bien, elle est requise d’une manière toute spéciale dans
les jours de ruine et d’abaissement moral où nous vivons.
Il faut beaucoup de
résolution pour
traverser aujourd’hui ce monde, sans se laisser envelopper
par ses principes corrupteurs, et en maintenant
de tous côtés une stricte séparation du mal, afin d’être les
vrais témoins de Dieu.
Les épîtres, auxquelles je donnerais le nom d’épîtres de la
ruine, illustrent cette vérité. L’énergie est d’autant plus nécessaire que le mal est plus
grand. Ainsi,
dans la deuxième épître à Timothée, quand ce fidèle disciple était en danger
de perdre courage et d’avoir honte d’un témoignage, aussi
affaibli qu’il l’était alors, l’apôtre insiste sur le fait que
« Dieu ne nous a pas
donné un esprit de crainte, mais de puissance (elle vient en première ligne) et d’amour et de conseil ». Aussi exhorte-t-il son jeune
compagnon d’œuvre à « prendre part aux souffrances de l’évangile selon la puissance
de Dieu » ;
il ajoute que, quant à lui il n’a pas de honte, mais qu’il compte sur la puissance
de Dieu pour garder son dépôt jusqu’au jour de Christ. Et
il ajoute plus loin (2:1) : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi
dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ».
De
même, dans la deuxième épître de Pierre, quand les moqueurs de la fin marchent selon leurs
propres convoitises, l’apôtre recommande aux chrétiens de « joindre à leur foi,
la vertu » [v.5], première
chose après la foi, le courage moral qui nous fait traverser les difficultés, dans
une sainte séparation du mal, en nous dépouillant de plus en plus,
afin d’atteindre le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ,
et d’y avoir une riche entrée. Or, nous pouvons l’affirmer, cela manque beaucoup de nos
jours. Il y a dans notre christianisme un laisser-aller,
une mollesse, une lâcheté qui n’aiment pas à se séparer
des choses qui nous plaisent et nous attirent,
d’une vie facile ou agréable. Tout cela est le contraire de la puissance et de
la vertu.
La foi de ses parents les
conduisit non seulement à ne pas tenir compte de l’ordonnance du roi, mais à
surmonter leur crainte. Or souvent la crainte d’un mal imminent est plus difficile
à vaincre que le mal lui-même. Chose qui pourrait sembler assez surprenante, ce qui provoqua
l’activité de leur foi, c’est la beauté de leur enfant. Ils agirent par la foi « parce qu’ils virent que l’enfant était
beau ». C’était la foi opérante par l’amour.
Ils cachent leur enfant, que Dieu, répondant à leur foi,
a su garder par des moyens extraordinaires quand il n’y avait pas
moyen de le conserver autrement. La foi ne raisonne pas, elle agit à son point de vue et laisse le
résultat à Dieu.
La foi des parents de Moïse montre leur attachement aux
promesses de Dieu ; elle les élève au-dessus
de la crainte. Durant leur séjour en Égypte, malgré leur dur
asservissement, les Israélites avaient tourné leurs yeux vers les idoles
de ce pays, oubliant l’Éternel, le Dieu de leurs pères (Ézéch.20:5-8). L’idolâtrie fut toujours leur péché dominant. Gémissant
sous la cruelle oppression qui les accablait, ils n’avaient pas même la
consolation que la foi aux promesses divines leur aurait
donnée, par l’espoir de la délivrance. Mais comme dans tous les temps
Dieu eut toujours un résidu fidèle, il y avait des fils d’Israël qui avaient gardé soigneusement
la foi au Dieu qui avait donné les promesses et qui avaient l’assurance
des choses qu’ils espéraient. Tels étaient les parents de Moïse. « Par la foi », ils cachèrent leur enfant durant trois mois, malgré
la cruelle ordonnance du roi. Ils reçurent leur enfant comme un don
tout spécial de Dieu. Sa beauté remarquable — « divinement beau », dit Étienne (Actes 7:20) — leur présente un cachet divin ; leur
foi leur fait voir en lui le futur libérateur de leur
peuple, et ils
sentent leur responsabilité de le conserver, coûte que coûte, en
comptant sur la puissance de leur Dieu. Ils
ont confiance en lui et ne craignent point la colère du roi. Leur
foi, comme
nous le savons, fut rémunérée ; Dieu conserva
l’enfant par des moyens qui n’appartiennent qu’à lui ; Moïse,
sauvé des eaux par la fille du Pharaon, fut élevé par elle dans la
maison du roi. Cette beauté éveilla la foi
d’Amram et de Jokebed,
et ils obéirent. N’y avait-il pas aussi de la beauté sur le visage du martyr
Étienne ? Ses meurtriers n’auraient-ils pas dû la voir et obéir ? Quel contraste moral avec les parents
de Moïse qui, reconnaissant le doigt de Dieu, discernèrent son dessein et
cachèrent l’enfant !
Cette énergie caractérise les parents de Moïse, dès la naissance de cet homme de
Dieu. Mais il est
important de noter, qu’elle ne se montre point par des
actions d’éclat ou le développement de dons miraculeux. Elle est, au contraire, dans
ses manifestations, aussi insignifiante, aussi humble
que possible aux yeux du monde. « Par la foi, Moise, étant né, fut caché
trois mois par ses parents, parce qu’ils virent que l’enfant était
beau ; et ils ne craignirent pas l’ordonnance du roi ».
Qu’est-ce donc qui leur donnait cette hardiesse en présence de l’édit du plus
puissant monarque de la terre ? Leurs
cœurs avaient trouvé
un objet dans ce
petit enfant que Dieu leur avait donné. Il portait une marque divine qui le faisait apprécier de ses
parents. Actes 7:20, rapporte qu’il était divinement beau. Ce fait ne nous
parle-t-il pas de Christ ?
La connaissance personnelle du Seigneur, l’appréciation
de sa beauté et de sa perfection, le sentiment
de la valeur de Celui que Dieu nous a donné, et qui est
« l’image du Dieu invisible », se trouvent à l’origine de l’énergie
de la foi, et produisent cette énergie chez le croyant.
La connaissance de Christ
poussait l’apôtre Paul à « tendre avec effort » vers les choses qui
étaient devant lui. Ici, la
foi des parents de Moïse les pousse — il en est de même pour nous — à
ne pas craindre les dispositions par lesquelles le monde cherchait à
les lier et à leur enlever le don de Dieu (Christ).
Nous trouverons un peu plus loin
que ce fut le secret de l’énergie de Moïse lui-même, lorsqu’il
devint conducteur du peuple.
Moïse, après quarante années de séjour dans la maison du Pharaon où il fut
instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, comprit, par
la foi, que pour s’identifier avec le peuple de Dieu, il lui fallait quitter cette position élevée où la providence de Dieu l’avait placé. La foi créait
dans son cœur des affections en harmonie
avec celles de Dieu, pour ce peuple affligé dont il faisait partie. Mais
pour lui venir en aide,
il fallait qu’il choisît entre le titre de prince, « fils de la fille de Pharaon », et les mauvais traitements qu’endurait Israël ; entre la jouissance du péché et l’opprobre de Christ ; entre les
trésors de l’Égypte
et la rémunération que Dieu accorde à la foi
Nous avons en Moïse la foi est victorieuse de ce
monde et tout ce qu’il peut offrir d’attrait et de gloire.
Les parents triomphèrent de
la crainte du monde ; leur
fils triompha de ses faveurs. Cela rend la foi de Moïse d’autant plus remarquable, car on peut vaincre la crainte
du monde et néanmoins
succomber à sa faveur.
C’est ainsi que la première grande manifestation de sa foi
fut quand il refusa de continuer à vivre dans les splendides
circonstances où la providence de Dieu l’avait placé. En face de l’alternative de souffrir avec le peuple de Dieu ou
de jouir des plaisirs
temporaires du péché,
il choisit
délibérément la première option. Il choisit de partager le sort du peuple de Dieu, bien
qu’il sût que, ceux-ci n’étant alors qu’un peuple d’esclaves opprimés,
il n’y avait que de l’opprobre à en attendre. Or il estima cet opprobre
comme un trésor, et même un trésor plus grand
que ceux de l’Égypte, et les récentes découvertes nous disent quelque chose
de la grandeur de ces trésors. L’opprobre que Moïse endura avait le caractère d’opprobre de
Christ, dans la mesure où il était une image, certes faible, de l’abaissement
infiniment plus grand de Christ quand Il descendit du ciel et s’identifia
avec un peuple pauvre et repentant sur la terre, ce que nous voyons
par exemple en Matthieu 3:13-17.
Nous avons vu que dans le cas d’Abraham la foi agissait
comme un télescope, faisant voir des choses qu’il n’aurait jamais vues
autrement. Nous découvrons maintenant dans le cas de Moïse qu’elle agit comme
un appareil à rayons X, faisant paraître des choses sous-jacentes et lui
permettant de voir à travers la gloire clinquante de l’Égypte.
Il put ainsi arriver à la
vraie racine des choses, et il trouva que la « rémunération » était la seule chose
digne d’être considérée. C’est évidemment ce qui le gouverna tout au long de sa carrière
remarquable.
En voyant la récompense divine, il était en
mesure d’avoir une estimation correcte des trésors de
l’Égypte, et il les situa bien au-dessous de l’opprobre de Christ.
Si la gloire de l’Égypte ne
peut être comparée à l’opprobre de Christ, que sera-t-elle par rapport à la gloire de Christ ?
L’œil pénétrant de la foi menait à l’estimation de la foi, et celle-ci à son tour menait
au choix de la foi et au refus de la foi.
Pour apprécier la beauté de la foi de cet homme, il est bon
de rappeler ce que l’Écriture rapporte de lui : ses dons exceptionnels,
aussi bien que la position élevée qu’il occupait dans le monde. Etienne, dans
son discours devant le sanhédrin, nous en donne un résumé bref mais remarquable
(Act.7:20-22). Il nous est dit là qu’il était « divinement
beau » ; qu’il était « instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; et... puissant dans ses
paroles et dans ses actions ». Voilà donc un homme richement doué, dont l’esprit
était meublé de toute la science du premier pays du monde à cette époque,
un homme qui savait exprimer sa sagesse en paroles de poids et donner
suite à ses paroles par des actes puissants. Moïse était donc, sur tous les plans, apte
à assumer de façon remarquable la position la plus
élevée dans ce monde. En outre, cette
haute position était à sa portée, car il était par adoption fils
de la fille du Pharaon, et ainsi dans la ligne directe des héritiers
du trône.
Dans des circonstances qui favorisaient si bien sa promotion dans ce
monde, comment Moïse agit-il ?
Mais voyons auparavant Moise à la cour du roi. « Par la foi, Moïse, étant devenu grand,
refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon » (v. 24).
Il refusa l’honneur d’être appelé fils de la fille du
Pharaon ; il y renonça, car en Ex.2:10, nous lisons : « Il fut son fils »
« Étant
devenu grand » —
c’est-à-dire lorsque le moment fut propice pour qu’il tire avantage
de ses grandes capacités et de sa position —
il tourna le dos à toute la gloire de ce monde et « refusa d’être appelé fils de la fille
du Pharaon »
Il ne faut pas oublier que, s’il y a une énergie
dans les hommes de foi, elle
peut aussi être employée selon la chair. Au temps où Moise était encore à la
cour du roi, il nous est dit qu’il « fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et qu’il était puissant
dans ses paroles et dans ses actions » (Act.7:22). Il pouvait faire de cette puissance un autre usage que
celui pour lequel Dieu la lui avait donnée, et il le prouva en
tuant l’Égyptien. Engagé
dans la lutte avec l’oppresseur du peuple de Dieu, il le combattit avec
ses propres armes. Sans doute, ses raisons pour agir ainsi étaient plausibles,
car « il croyait que ses frères comprendraient que
Dieu leur donnerait la délivrance par sa main », mais son acte fut inutile, et il fut
obligé de faire l’apprentissage du désert de Madian, pour apprendre qu’il
n’y avait aucune force en lui. Il en fut de même de Pierre, dont l’énergie aboutit à
renier son Sauveur, dans la cour du souverain sacrificateur.
Cet épisode de la vie de Moïse n’est pas mentionné ici,
comme au chap. 7 des Actes, pour la raison indiquée au début de cette étude. Il
ne s’agit, dans notre chapitre, que de l’énergie de sa foi.
Les circonstances dans
lesquelles il se trouvait étaient particulièrement difficiles. La Providence de Dieu l’avait placé dans une position
exceptionnelle. Considéré
comme le fils de la fille du Pharaon, il pouvait prétendre à tous
les honneurs, même au trône, quand déjà son éducation faisait
de lui un homme remarquable, un grand homme. De cette manière, il aurait pu devenir
le bienfaiteur de son peuple, employer ses dons et sa puissance pour alléger
ses souffrances, en exerçant en sa faveur, auprès du monde, l’influence qu’il
possédait. Erreur
naturelle à
beaucoup de chrétiens, mais qui n’en est pas moins fatale, car nous ne sommes pas appelés à réformer le monde, ni
à le christianiser, mais à
refuser ce qu’il nous offre. La Providence de Dieu avait fait entrer Moïse
dans ces circonstances exceptionnelles, afin que la foi l’en fît sortir.
Il refusa
d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Un refus ! petite chose aux yeux
des hommes, mais
grande aux yeux de Dieu ! Abraham, revenant de la défaite des rois, avait agi
de même. Il y
avait plus d’énergie à dire au roi de Sodome : « J’ai levé la main vers l’Éternel... si je prends quoi que ce
soit de toi »,
qu’à vaincre quatre armées avec trois
cent dix-huit hommes !
Mais cette énergie de Moïse ne se borne pas au rôle
négatif d’un refus ; elle est positive ;
elle choisit : « Choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps
des délices du péché » (v. 25). Ce
choix s’adressait-il à un objet important qui pût contrebalancer tout ce que le monde pouvait
offrir ? Nullement : Moïse ne pouvait faire un
choix plus humiliant pour lui. Le peuple d’Israël était dans un abaissement
complet, dans le plus abject esclavage. C’est là que cet homme considéré va
prendre sa place. Pourquoi ?
Parce que c’est le peuple de
Dieu. Cela
suffisait au cœur de Moïse, et sa foi ne pouvait choisir autre chose.
Il choisit
plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de
jouir pour un temps des délices du péché. Remarquons
ici que la foi
discerne que ce
peuple d’esclaves, qui a oublié son Dieu, n’en est pas moins son
peuple ; et
que, pour Moïse, la jouissance de tout ce que lui apportait
d’honneurs et de biens sa position à la cour du Pharaon, c’étaient
« les délices du
péché ». C’est « le péché » que d’être en dehors
de la place où Dieu nous veut comme siens, car nous ne sommes pas alors
en communion avec lui.
Son choix est aussi frappant que son refus. Il y avait alors un grand peuple qui
constituait la classe la plus basse en Égypte. Étrangers indésirables, ils étaient traités avec la plus
extrême rigueur comme esclaves. Leur vie était rendue amère par une dure
servitude : ils se fatiguaient à faire des briques et travaillaient
dans les champs sous le soleil brûlant (Ex.1:13, 14). Mais malgré leur bas état et leur dur service, ces
esclaves constituaient le peuple de Dieu. C’est à ce peuple que Moïse
choisit d’unir son sort,
préférant être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, plutôt que de jouir
pour un temps des délices du péché.
Mais quel pouvait bien être le mobile de ce refus
et de ce choix remarquables ? Il nous est dit,
en un mot, que c’était la foi. Par la foi, il refusa le monde ; par la
foi, il choisit l’affliction avec le peuple de Dieu. En outre il agit, comme
la foi le fait toujours, contrairement à ce que suggéraient les
circonstances providentielles dans lesquelles il se trouvait, en
dépit de la voix des sentiments naturels, et d’une manière qui
paraissait outrager le bon sens.
Contre la voie que suivit Moïse, on aurait pu invoquer
les circonstances providentielles remarquables par
lesquelles Dieu l’avait placé dans la position la plus élevée devant le roi. Des
sentiments naturels normaux auraient pu être mis en avant :
la gratitude envers sa bienfaitrice suggérait qu’il demeure à la cour. La
raison et le bon sens pouvaient aussi être invoqués :
il aurait été naturel de dire que ses grandes capacités et sa
position élevée, avec l’influence qui en découlerait, pouvaient
être employées à défendre les intérêts de ses pauvres frères.
Mais la foi regarde à Dieu, dans l’assurance que si la providence, les sentiments naturels normaux et le bon sens peuvent avoir leur
place, ils ne
peuvent être un
vrai guide ou une vraie règle de conduite dans le sentier
de la foi. Et
ainsi, bien que la
providence de Dieu ait amené Moïse à la cour du roi, la foi l’en fit sortir.
Par la foi, il refusa son lien providentiel
avec le peuple le plus grand du monde,
pour choisir un chemin d’identification avec le peuple le plus
méprisé du pays.
Si la foi agit ainsi, il doit y avoir quelque puissance
cachée — quelque motif secret — qui la rend capable
de s’engager dans un chemin aussi contraire à la nature.
Cela nous amène à l’« estimation » de Moïse. Après avoir considéré son « refus », son « choix », nous avons son « estimation » ; c’est elle qui nous révèle le
secret de son refus et de son choix.
Cette estimation montre que la foi n’a rien d’un pas
dans le noir. Bien loin de là, car la foi a ses motifs
secrets aussi bien que ses énergies extérieures. La foi a une estimation réfléchie des valeurs ;
elle voit loin et elle a un objet. La foi de Moïse avait une juste
estimation des
choses visibles et des invisibles. Il regardait ces
choses en face et il les pesait. D’une part il y avait sa position
élevée dans le monde et, liés à celle-ci, les délices du péché et les
trésors de l’Égypte. D’autre
part, avec le peuple de Dieu, il y avait, à ce moment-là, les
souffrances et l’opprobre. Ayant pesé les deux choses, il refusa délibérément
le monde et choisit de souffrir avec le
peuple de Dieu.
Pourquoi agit-il ainsi ? Parce que sa foi voyait loin ; nous lisons : « il regardait à la rémunération » et encore : « il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible ». Il regardait au-delà
des trésors et des plaisirs de l’Égypte d’une part, et au-delà
des souffrances et de l’opprobre du peuple de Dieu d’autre part. Par
la foi, il regarda et vit « le Roi dans sa beauté » et « le pays lointain ». À la lumière de la gloire de ce pays et attiré par la beauté du Roi,
il triompha de toute la gloire du monde. À la lumière du monde à venir, il fit une juste estimation
du monde actuel. Il vit que, lié
à l’opprobre de Christ, il y avait un plus grand trésor que toutes les
richesses de l’Égypte.
Il vit que sur toute la gloire de ce monde planait l’ombre
de la mort et du jugement. Il vit que ses plaisirs ne sont que pour un temps,
et que toutes les richesses de l’Égypte finissent dans une tombe. Joseph
avait fait la même expérience avant lui ; car lui aussi avait occupé une
place élevée en Égypte. Second après le roi, il avait exercé un
pouvoir qu’aucun mortel avant ou après lui n’a jamais exercé dans ce monde.
Toutefois tout s’était terminé dans un cercueil ; les
derniers mots de la Genèse sont en effet : « Joseph
mourut... et on le mit dans un
cercueil en Égypte ». Voilà pour les
plaisirs de l’Égypte et les richesses de l’Égypte. Les joies de la terre s’estompent, ses
gloires passent. Toute la gloire de ce monde trouve sa fin dans un
cercueil. Le puissant empire du Pharaon se rapetisse jusqu’à n’être qu’une
étroite tombe.
Mais pour le peuple de Dieu, quelle différence !
Leur part dans ce monde est celle de la
souffrance et de l’opprobre. Mais souffrir
l’opprobre avec Christ, c’est régner avec Christ en gloire, car n’est-il pas
écrit : « si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » ?
Pour l’homme du monde, le refus, le choix et l’estimation
de Moïse semblent le comble de la folie. Mais voyons ce qui arrive dans le cas de Moïse. Faisons un saut de mille cinq cents ans depuis le
jour de son refus et de son choix, et nous commencerons à voir la
rémunération. Considérons cette magnifique
scène des premiers versets de Matthieu 17 : nous voyons que le pays
lointain s’est approché et que le Roi est manifesté dans sa beauté.
Nous sommes transportés de la
terre à l’écart sur une haute montagne et, pour un moment, nous voyons
Christ dans sa gloire, lorsque l’apparence de son visage fut
changée. Le visage que l’on avait pu voir défait plus que celui d’aucun homme resplendit
maintenant comme le soleil. Les vêtements d’humiliation sont mis de côté et
des vêtements blancs comme la lumière sont portés. Ce fut une apparition merveilleuse, mais d’autres merveilles doivent
la suivre : « Moïse
et Elie », lisons-nous,
« leur apparurent, parlant avec lui ». Quinze siècles auparavant, Moïse
avait disparu de la vue du monde et de son roi, pour partager
l’opprobre de Christ avec son peuple pauvre et méprisé. Maintenant il réapparaît, mais cette
fois pour partager la gloire du Roi des rois, en compagnie des
prophètes et des apôtres. Il fut un temps où « il
tint ferme, comme
voyant celui qui est invisible » ; maintenant il est « avec lui » dans la gloire. À la lumière de cette rémunération,
qui dira que Moïse a laissé échapper la bonne occasion qui s’offrait à lui, en
refusant le monde et en choisissant de s’identifier aux souffrances du peuple
de Dieu ?
Il est bon pour nous de profiter de ce brillant exemple de
foi. Quel bonheur si, ayant pesé
les trésors de Christ et les richesses de ce monde,
nous avons estimé les premiers plus grands que les dernières ! Il est bon aussi de regarder
au-delà du renoncement à soi et du refus des séductions
du monde, pour voir la rémunération dans la gloire
à venir ; et par-dessus tout, il est bon de tenir ferme
face à toute l’opposition, aux insultes et à
l’opprobre, comme voyant celui qui est invisible.
Face à l’opposition et aux
insultes de ses ennemis, Étienne tint ferme, sans une parole de colère ou de
ressentiment, comme voyant celui qui est invisible, car nous lisons : « Lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les
yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (Act.7:55). Ne
nous contentons pas de savoir que Jésus nous voit, mais cherchons à marcher dans l’énergie
de la foi qui le
voit. C’est une
grande chose de réaliser qu’il nous voit ; c’est plus encore de
marcher comme le voyant par la foi, tout en attendant le moment où nous
le verrons véritablement face à face.
C’est là encore un trait caractérisant l’énergie de cet
homme de foi. Il
avait refusé, il avait choisi, maintenant il estime : « Estimant l’opprobre du Christ un
plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car
il regardait à la rémunération » (v. 26). Il
pèse, d’un côté, toutes les
richesses qui lui sont offertes ; de l’autre, l’opprobre. Le plateau des richesses monte, comme s’il n’y
avait qu’une plume dans la balance ; celui de l’opprobre descend de tout
son poids. Ah !
c’est que si l’Égypte était du côté des richesses, le Christ était du côté de
l’opprobre. La
foi de Moïse, comme
celle de ses parents, avait trouvé un objet incomparable, une
personne, Christ lui-même, et le posséder était tout pour elle.
Mais on dira : Pourquoi cette mention du
Christ ? Moïse ne l’a pas connu. Sans doute, mais un croyant, Moïse
en particulier, est un type de Christ dans ce monde. Moïse était identifié avec lui ; l’opprobre qu’il avait à porter était l’opprobre
de Christ. Il
le connaissait du
reste prophétiquement, comme on le voit dans le cours de cette
histoire ; et s’il ne le connaissait pas personnellement, il savait
en pratique ce que c’était que de le représenter devant
le monde. Il
ne craignait point
l’opprobre, Son
opprobre, car « il regardait à la rémunération ». Il
savait que Dieu avait encore en réserve pour
lui, des trésors à venir où il pourrait puiser à pleines
mains. Dieu ne
veut pas rester notre débiteur, lorsque nous avons abandonné quelque chose pour lui.
Il est le rémunérateur d’un Abel, d’un Énoch
(v. 6), et d’un Moïse, de tous ceux qui renoncent aux avantages
d’ici-bas, pour
s’associer au Christ rejeté et au peuple de Dieu affligé.
Ayant estimé, il
avait fait l’évaluation de chaque chose ; il les avait pesées, comme Paul,
en Phil.3:7-11. il estima l’opprobre de Christ comme un
trésor plus grand que les richesses de l’Égypte. L’opprobre dans lequel se trouvait le peuple de Dieu
en Égypte était déjà l’opprobre de Christ, car Jéhovah s’est toujours identifié
avec les siens, ainsi
que tant de passages le démontrent, et la foi de Moïse le saisissait. Il en est de même aujourd’hui : le chrétien, en
prenant sa place avec le peuple de Dieu, la prend avec un Christ
méprisé, et estime
ainsi que la croix vaut mieux
que de gagner l’univers entier (Luc 9:23-25). C’est ce qu’avait fait Paul, comme nous l’apprend le
passage de Philippiens que nous avons cité. Combien cela devait parler aux Hébreux, et combien aussi
cela devrait nous parler ! L’opprobre
de Christ, cet
opprobre que le monde jette et jettera toujours
sur ceux qui veulent être fidèles au Seigneur, est un trésor,
car c’est le sceau que nous lui appartenons. Et que sont les richesses du monde en comparaison de
ce privilège ? Moïse avait en vue la rémunération. Ce n’était pas la Canaan
terrestre ; il ne l’a pas possédée : il n’a eu que les peines et les
douleurs du désert. C’était comme pour les patriarches quelque chose de meilleur, au-delà de ce monde. Sa foi saisissait l’invisible, le céleste,
en dehors de cette terre. Son
attente a-t-elle été trompée ? Non ; nous le voyons apparaissant déjà
en gloire avec Jésus lors de la transfiguration (Luc 9:30-31). Et que sera-ce quand le royaume, dont on n’a ici qu’un
échantillon, sera établi ! Oui, Dieu est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. Il y a tout à gagner à s’engager avec
lui dans son chemin.
Ce n’est pas que la
rémunération soit un motif, ni que nous fassions, en marchant bien,
comme une spéculation, car le mobile d’une marche sainte, ce sont les saintes affections, un cœur gagné par Christ et pour Christ, mais cette rémunération assurée est un encouragement pour
la foi. Il
est dit du Seigneur lui-même : « Lequel, à cause de la joie qui était
devant lui, a enduré la croix » (Héb.12:2). Et l’apôtre, au milieu de ses souffrances pour Christ,
s’écrie : « Désormais
m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera » (2 Tim.4:8).
Quarante ans plus tard, après avoir appris à l’école de
Dieu au pays de Madian, l’Éternel l’envoya en Égypte pour être le libérateur de
son peuple. Là, il eut affaire avec le Pharaon et sa puissance. Il s’agissait de quitter l’Égypte avec le peuple, et nous savons quelle volonté
endurcie le Pharaon opposa aux sommations de Moïse, jusqu’à ce
que le roi irrité, refusant encore une fois, lui dît : « Va-t’en d’auprès de moi ; garde-toi de revoir ma
face ! car, au jour où tu verras ma face, tu
mourras » (Ex.10:28). Mais
Moïse, par la
foi, demeure ferme et ne s’épouvante point. Il
voit, des
yeux de l’âme, Celui qui est invisible à la chair, et qui est
avec lui et l’entoure de sa puissance. C’est
ce qui fait triompher le fidèle dans les moments les plus critiques. Un
Paul, devant le cruel tribunal romain, peut dire : « Tous m’ont abandonné... mais le Seigneur s’est
tenu près de moi et m’a fortifié » (2 Tim.4:16-17). Il voyait Celui qui est invisible. C’est
là l’immense privilège de la foi, non seulement pour un
Paul et un Moïse, mais pour chacun de nous ; c’est ce qui nous rendra plus que vainqueurs en tout. Moïse,
à la tête de son peuple, sans se soucier de la colère du roi, quitte
donc l’Égypte, fortifié par sa foi.
Nous trouvons un quatrième caractère de l’énergie de la
foi chez cet homme de Dieu : « Par la foi, il quitta l’Égypte,
ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme,
comme voyant celui qui est invisible ». Il pourrait sembler qu’un récit traitant
de l’énergie de la foi ne devrait pas omettre les miracles que le grand
législateur fit au pays d’Égypte. Il n’en est rien. Les caractères de la foi ne peuvent être soumis à l’estimation
naturelle des hommes ;
Dieu seul est capable d’en juger.
C’est par la foi que
Moïse quitte l’Égypte.
Ce qui aurait été taxé de fuite précipitée, favorisée par des circonstances
exceptionnelles, est attribué ici à l’énergie de la foi. Moïse quitta l’Égypte ; le chrétien quitte le monde ;
sa puissance, ses délices, ses arts
et ses richesses, sa science et sa religion,
n’ont pas plus de valeur qu’un fétu de paille pour
un croyant énergique. Mais si le courage moral de la foi abandonne tout quand Dieu
l’appelle, il est
aussi sans crainte. Comme ses parents qui n’avaient pas craint l’ordonnance du roi, Moïse
ne craint pas la colère du roi. Pourquoi ? Non point par confiance
en sa supériorité, ou en ses ressources ; mais
« il tint
ferme, comme
voyant celui qui est invisible » (v. 27). Les parents avaient vu en Moïse une
divine beauté. Ici, c’est lui-même qui voit ce que la foi
seule, cette conviction
des choses qu’on ne voit point, pouvait discerner. Il voit ce Christ invisible, dont il avait choisi l’opprobre.
Cela l’encourage à tenir ferme, à rester
inébranlable. Christ est sans doute le ressort de toute sa marche de
foi, mais il y a chez lui gradation
dans la connaissance de cet objet précieux. À mesure que nous en faisons usage, nos yeux spirituels, comme
nos yeux corporels, acquièrent de l’acuité, et s’accoutument
à discerner les objets devant lesquels autrefois nous
passions sans y prendre garde. Il en fut de même de Moïse. Il connaissait Christ ; maintenant il le voit, et cette vue le remplit
de courage pour tenir ferme, comme les forces du soldat sont décuplées pour
résister à l’assaut furieux de l’ennemi, quand il peut combattre sous
les yeux de son chef.
La réalisation de la présence du Seigneur Jésus est le secret de notre
force. Tout le
passage que nous venons de lire confirme cette vérité d’une manière éclatante.
« Par la foi,
il (Moïse) a fait la Pâque et l’aspersion
du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les
touchât pas »
L’énergie de la foi s’emploie à réaliser des choses que le
monde considère comme sans importance, auxquelles il n’attache aucune valeur et
qu’il méprise, car il n’a d’intérêt que pour les choses visibles.
Ici, nous abordons un nouveau sujet. Il ne s’agit plus
seulement d’énergie, mais de soumission.
La foi se soumet aux moyens ordonnés
de Dieu pour accomplir de grandes choses. Ces moyens seront toujours un sujet de mépris
pour le monde, qui les jugera ridicules ou inefficaces, parce qu’il ne peut comprendre que Dieu veuille manifester sa
puissance par
la faiblesse
des instruments qu’il emploie. La foi accepte, au contraire, les moyens
de Dieu, non parce que l’homme les comprend, mais parce que
c’est Dieu qui en
fait usage.
Le
temps du verbe des mots « il a fait », indique, comme d’autres l’ont remarqué,
un acte dont la portée est définitive et permanente, car il s’agit, en type, de
« Christ, notre Pâque » (1 Cor. 5:7),
et de « l’aspersion du sang de Jésus
Christ » (1 Pierre 1:2).
Dans la nuit mémorable où le
jugement de l’Éternel allait atteindre tous les premiers-nés d’Égypte, depuis
l’homme jusqu’aux bêtes, les Israélites n’auraient pas été épargnés plus que
les autres, si Dieu n’avait pourvu à la sécurité
de son peuple, par le sang de l’agneau pascal, aspergé
sur les poteaux et les linteaux des portes. Moise accomplit cet acte par la foi ; les Israélites aussi ne
pouvaient se l’approprier que par la foi, car ce n’était pas eux qui voyaient le sang, mais
bien l’ange exterminateur, dans le but de les
épargner. À la
Pâque, le
jugement s’écartait, et le Juge s’éloignait du pécheur qui,
préservé par le sang, était mis à même de ne pas
rencontrer Dieu. Cet
immense résultat était obtenu par quelques gouttes de sang d’un agneau
immolé. La foi
saisissait ce moyen,
insignifiant en apparence, qui mettait le pécheur à
l’abri.
La foi reconnaît que nous sommes pécheurs et que Dieu est
un Dieu saint qui ne peut pas passer par-dessus le péché. Les fils d’Israël, comme pécheurs, étaient aussi
bien sous le jugement que les Égyptiens. Comment
alors pourraient-ils échapper à la destruction de leurs premiers-nés ?
Dieu donne un moyen
de protection de
devant son propre jugement — le sang de l’agneau. Dieu dit : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous ». La foi se repose, non
pas sur notre estimation du sang de l’agneau, mais sur
l’estimation parfaite que Dieu en fait. Ainsi, par la foi,
Moïse « a
fait la
pâque et l’aspersion du sang, afin que le
destructeur des premiers-nés ne les touchât pas »
Il s’agit ici des choses qui concernent le salut.
Le pécheur a, devant lui, trois
ennemis puissants auxquels il lui est impossible d’échapper : le
jugement de Dieu, la mort, et le pouvoir de Satan ;
mais ce qui est
impossible aux hommes est possible à Dieu, et les croyants échappent à ces ennemis par la soumission de foi
à Sa Parole.
La foi de Moïse se montre aussi d’une manière remarquable,
lorsqu’il fait la pâque et l’aspersion du sang. Il
acceptait ainsi le
fait de la culpabilité du peuple qui était aussi exposé au
jugement que les Égyptiens. Il reconnaît que, pour être épargné, il
faut le sang d’une victime, et surtout il croit,
sur la parole de l’Éternel, que ce moyen — le
sang sur les maisons des Israélites — détournera l’épée du
destructeur. Ce moyen, aux yeux de la chair, pouvait
paraître bien inutile. Quelle apparence que le sang d’un agneau serait
efficace contre le jugement de Dieu ? Mais la foi ne raisonne pas, elle ne considère pas la valeur du
moyen d’après les lumières humaines ; l’Éternel avait choisi le moyen ;
il avait dit : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » ; cela suffisait pleinement à la foi. N’en
est-il pas de même maintenant pour nous ? Le sang de Jésus, notre
Pâque sacrifiée pour nous, n’est-il pas efficace pour ôter
nos péchés, détourner le jugement et la mort,
mettre fin à nos doutes et à
nos craintes ? Assurément. Il en sera ainsi pour nous « par
la foi ». « Si tu crois », dit le Seigneur.
« Par la foi, ils traversèrent la mer Rouge
comme une terre sèche, ce que les Égyptiens ayant essayé, ils
furent engloutis »
Ce n’était pas tout pour le peuple d’échapper à Dieu, il
lui fallait être délivré de l’Égypte et du Pharaon,
types du monde et de son prince. Or il était nécessaire, pour cela, de traverser
la mer Rouge qui s’étendait, infranchissable, devant
ce pauvre peuple. S’il
y entrait, il
était englouti par la mort. Pharaon le poursuit jusqu’à cette limite et l’y accule,
l’épée dans les reins, mais Dieu fournit à son peuple un
moyen d’échapper à la mort. La verge de Moïse, cette verge du jugement qui avait frappé
de plaies les Égyptiens, s’étend sur la mer, pour délivrer le
peuple de Dieu.
La mort est vaincue, anéantie. C’est ainsi qu’un
autre, Christ, a pris notre place dans la mort,
sous le jugement de Dieu ; mais cette mort elle-même nous ouvre un chemin pour y
passer à pied sec et parvenir à l’autre rive. Le croyant traverse la mort sans qu’il lui en coûte rien ;
elle ne peut nous atteindre, puisque Christ est mort à notre place. Nous en sortons, par la résurrection de Christ,
avec une vie qui l’a traversée. Christ est donc mort et ressuscité
pour nous.
Un moyen, insignifiant en apparence, la verge de
Moïse, opère cette délivrance. C’est ainsi que le jugement de Dieu à la croix
paraît faible pour délivrer, car il n’atteint qu’un seul homme.
La foi se soumet, sans le comprendre d’abord, mais,
arrivée à l’autre rive, elle célèbre, pleine de joie,
la grandeur de la délivrance et la puissance
du Libérateur.
Les Égyptiens, cherchant à traverser la mer avec leurs forces et leurs
ressources, sont engloutis. Jamais le monde ne pourra
traverser la mort à pied sec, il y trouvera sa perte éternelle.
Il faut, pour qu’elle ne nous atteigne pas,
la franchir dans la mort d’un autre. Ainsi, la puissance de la mort a été arrachée
des mains de notre ennemi. Par sa mort même,
notre Sauveur l’a vaincue, et nous possédons en lui
une vie de résurrection que jamais la mort ne peut atteindre.
Mais, peut-être nos corps
mortels pourraient-ils tomber sous son pouvoir ? Non, pour eux la mort est vaincue,
et ce fait sera démontré à la venue du Seigneur. Pas un atome de la poussière de ces
corps corruptibles, dispersés
aux quatre vents, ne restera dans la mort. Le Christ vainqueur et ressuscité en
tient la clef, comme
il tient la clef du hadès. Il ouvrira la porte, et nos âmes rejoignant nos corps glorifiés, nous
serons introduits tous entiers dans la gloire.
Le
passage de la mer Rouge est non seulement notre délivrance du prince
de ce monde et ce qui nous sépare du présent siècle mauvais ; il
est encore un salut définitif. Christ est mort pour nos péchés, afin qu’il nous amenât à
Dieu. Dieu
dit à Moïse : « Vous
avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes
d’aigle et vous ai amenés à moi » (Exode 19:4). Comment
imaginer un salut plus complet ? Quoiqu’il fût encore dans le désert, Israël était amené à Dieu.
La rédemption du
peuple était absolue, la puissance de Satan qui le retenait en Égypte,
anéantie pour toujours. Tandis que la Pâque répondait aux
péchés d’Israël, la mer Rouge
représentait le salut dans toute sa grandeur et
son étendue. Plus de péché, plus de jugement, plus de puissance de l’ennemi,
plus d’esclavage, plus de mort ! Toutes ces choses ont trouvé leur fin à la croix de Christ,
et nous avons maintenant une relation positive avec Dieu, inaugurée
par la résurrection : « Il nous a donné le droit d’être
enfants de Dieu ».
C’est une nouvelle difficulté qui se présentait aux Israélites
délivrés du jugement. Les
flots de la mer Rouge,
contre laquelle ils sont acculés par l’armée du Pharaon, s’opposent à ce
qu’ils quittent l’Égypte, la terre d’esclavage. C’est la mort, si Dieu n’intervient. Mais
par la foi en la parole de l’Éternel (Ex.14:15-16) , le chemin de la mort
est mis à sec pour les Israélites déjà rachetés par le sang. Les Égyptiens, n’ayant ni parole de Dieu, ni foi,
ayant voulu tenter avec une audace tout humaine de les suivre, sont
engloutis. Ils n’avaient pas eu, comme les Israélites,
un salut assuré par la mort d’une victime. Ce
qu’il faut remarquer surtout ici, c’est l’énergie de la foi qui
fait entrer sans hésiter dans la mort même pour y trouver la
délivrance. Nous, par la foi, nous avons part à
la mort et à la résurrection en Christ.
Par la foi en la valeur du sang aux yeux de Dieu, les
enfants d’Israël furent épargnés en Égypte ; puis par la foi,
« ils traversèrent
la mer Rouge comme une terre sèche ». En
Égypte, ils
rencontrèrent Dieu comme Juge ; à la mer Rouge, il intervint comme Sauveur.
Il fut dit au peuple : « Tenez-vous là, et voyez la délivrance de
l’Éternel ».
Et là Dieu retint les eaux de la
mer Rouge, de sorte que le peuple la traversa comme une terre sèche. Protégés
du jugement par le sang en Égypte, ils furent délivrés de tous leurs
ennemis à la mer Rouge.
Par la mort de Christ,
les exigences d’un Dieu saint sont satisfaites ; et par la mort et
la résurrection de Christ, le croyant a traversé la mort et le jugement. En
type, la pâque présente Christ s’offrant lui-même sans tache à Dieu ;
la mer Rouge présente Christ livré pour nos fautes et ressuscité
pour notre justification.
Les Égyptiens qui essayèrent de traverser la mer Rouge
furent engloutis. Pour
l’homme naturel,
affronter la mort sans la foi est la destruction certaine.
Hélas ! combien nombreux
aujourd’hui, parmi ceux qui font profession de christianisme, sont ceux qui
essayent d’obtenir le salut par leurs propres efforts et d’affronter la mort
sans la foi au sang de Christ. Ils ne trouveront que la destruction.
Remarque sur le Jourdain par rapport à la mer
Rouge
Le Jourdain n’ajoute rien à la rédemption. Seulement, comme
la mer Rouge nous fait sortir d’Égypte, le Jourdain nous fait entrer en
Canaan, dans les lieux célestes, place à laquelle les
conseils de Dieu nous avaient destinés. Nous
y entrons maintenant, nous y appartenons de fait, étant unis avec Christ qui
y est entré, morts avec lui et ressuscités avec lui.
Le Jourdain est la mort de Christ « au péché »,
et notre mort avec lui pour entrer dans les lieux célestes.
C’est l’affranchissement, qui n’a pas lieu sans
l’expérience acquise par la traversée du désert, aussi notre chapitre ne
touche ni l’un ni l’autre de ces sujets. La mer Rouge franchie, il nous introduit en Canaan, sans
intermédiaire, car l’Esprit de Dieu ne parle pas ici d’expériences, mais
de l’activité de la foi.
« Par la foi,
les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept
jours durant »
Il s’agissait de se mettre en possession du pays, et Jéricho
avec ses fortes murailles et ses portes solidement fermées, se
dressait devant le peuple comme un obstacle insurmontable. Comment
le renverser ? Par la foi ; la foi en la parole de Dieu, quelque étrange
que fût le moyen qu’elle proposât. La délivrance, ou plutôt la victoire, dépendait
de lui seul, il fallait compter sur lui, sur
sa puissance uniquement, sur aucun moyen humain, et les
murailles tombent par l’effet de cette puissance invisible à
laquelle Josué et les Israélites après lui, se sont
confiés.
Israël eut recours à une méthode inédite pour assiéger une
ville ; mais ce ne
fut pas simplement le fait de marcher pendant sept jours autour de la ville qui
en fit tomber les murs ; ce fut la foi obéissant à la parole de Dieu.
Voici donc le peuple amené directement de la mer Rouge
au-delà du Jourdain. Là, il trouve devant lui, les murs de Jéricho.
C’est qu’il s’agit du troisième grand pouvoir
énuméré plus haut, de l’obstacle par lequel Satan cherche à ravir au peuple la
possession de son héritage.
Les murailles de Jéricho peuvent prendre beaucoup de noms
dans la vie des chrétiens.
C’est l’affection des proches ; c’est leur opposition ouverte
pour nous effrayer quand, par l’affection d’êtres chers, l’ennemi ne réussit
pas à nous détourner de notre but. Ce sont les attraits du monde, ses
liens et ses avantages ; c’est la persécution et l’effroi qu’elle
inspire — mais quel obstacle peut résister à la foi ? Nous la voyons ici, se soumettant, comme
toujours, aux moyens ordonnés de Dieu. Faire le tour des murailles pendant
sept jours, et sonner
de la trompette, paraît
une folie aux habitants de la ville, mais non pas à la foi, qui remporte
ainsi la victoire.
Ainsi, chose impossible en apparence, quelques
gouttes de sang ont écarté le jugement de Dieu, mais ce sang
était celui de l’agneau pascal — Christ est là ! La verge de Moïse anéantit toute la
puissance du monde et en délivre le peuple, mais la mer Rouge est
divisée et la mort vaincue — Christ est là ! Le son des trompettes détruit l’obstacle et fait tomber
les murs de Jéricho, mais l’arche a fait le tour de la ville
— Christ est là !
Le secret de ces moyens si insignifiants en apparence
et de leur efficace, c’est Christ, la sagesse de Dieu et la puissance
de Dieu. Heureuse
la foi qui les
accepte, car elle se soumet à Dieu, et reconnaît
Jésus comme unique ressource.
« Par la foi, Rahab, la prostituée, ne
périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions
en paix »
Rahab, la prostituée de Jéricho, trouve une place parmi les témoins de la
foi ; et, en effet, sa foi brille du plus vif éclat. Elle
ressemble à celle de Moise ; Rahab s’est identifiée avec ce peuple dans
lequel elle a
reconnu le
« peuple de Dieu », à l’ouïe des merveilles que
l’Éternel avait opérées en sa faveur (Jos.2:8-12). À la nouvelle de l’approche des
Israélites, sans qu’ils aient encore remporté une seule victoire dans le
pays, alors que les Cananéens, et Jéricho en particulier, sont dans toute
leur force, elle se déclare pour Israël, parce qu’elle sait,
par la foi, que Dieu est avec eux : « Je sais que l’Éternel vous a donné le
pays » (Jos. 2:9) ; elle agit selon sa foi,
et reçoit les espions en paix. Elle reçut la récompense de sa foi,
échappa au jugement qui fit périr ses compatriotes incrédules, trouva
une place au milieu du peuple de Dieu (Jos. 6:25) , et, ayant épousé Salmon, de la
tribu de Juda, elle prit rang, par Booz et David, parmi les ancêtres
du Seigneur (Ruth 4:20-22 ; Matt. 1:5). Remarquons que sa foi est mise en
opposition avec l’incrédulité de ses compatriotes, qui, tout autant qu’elle, avaient
entendu ce que l’Éternel avait fait pour Israël. Ils auraient pu croire aussi et être sauvés.
Rahab était le premier exemple, et quel
exemple ! de l’admission des gentils à la jouissance des
promesses. Les
gentils représentés
par une prostituée, et cette femme entrant par Booz dans
la lignée du Christ ! Un tel fait ne peut s’expliquer que par la libre grâce de Dieu.
Dans ce cas encore, la foi se soumet aux
moyens ordonnés de Dieu pour échapper à la destruction.
Un cordon d’écarlate, l’insignifiant témoin
de la mort d’un être infime, sauve cette femme et toute sa
famille. Sa foi
s’attache à ce
faible fil qui se trouve assez fort pour transporter
Rahab au milieu du peuple des promesses, et ce qui constitue la force de
ce moyen de salut, c’est que Christ est là !
Rahab,
était une Gentile, d’une race maudite, qui plus est prostituée. S’il n’y avait pas eu ce verset, nous
n’aurions jamais discerné que la foi était le motif de ses actions et de ses
paroles. En lisant Josué 2, nous aurions pu supposer qu’elle
était une femme de faible moralité et sans principe, soucieuse d’échapper au
sort qui l’attendait. Mais
en fait, ses yeux avaient été ouverts pour voir Dieu.
Les Cananéens ne voyaient
qu’Israël. « La
terreur de votre
nom est tombée sur nous », dit-elle, « et tous les habitants du pays se fondent devant vous » (Josué 2:9). Cependant son attitude était
celle-ci : « Je sais que l’Éternel vous a
donné le pays ».
Voilà la foi, et ses actions exprimaient le
fait qu’elle osait se mettre du côté du Dieu d’Israël.
Cette foi courageuse n’eut pas
de la souffrance pour effet, puisque Dieu intervint sur le champ en puissance.
Le moyen que Dieu a employé pour la
conservation de Moïse avait placé celui-ci dans la position, à peu
de chose près, la plus élevée dans le royaume. Là, il avait acquis tout ce que ce
siècle pouvait donner à un homme remarquable par son énergie et par son
caractère ; mais la
foi fait son œuvre, en inspirant des affections divines qui ne cherchent pas une direction pour la conduite dans les
circonstances où l’on se trouve placé, lors même que ces circonstances doivent leur
origine à des interventions extraordinaires de la providence.
La foi a
ses objets propres, donnés
par Dieu Lui-même, et gouverne le cœur en vue de ces
objets. Elle nous donne une place
et des relations qui dominent la vie tout entière,
et ne laisse aucune place à d’autres motifs et à d’autres
sphères d’affection qui se partageraient le cœur ; car les motifs et les affections qui gouvernent la
foi sont donnés de Dieu, et cela, pour former et gouverner le cœur.
C’est un principe très important, car on allègue souvent la
providence de Dieu comme raison pour ne pas marcher par la
foi. Jamais
l’intervention de la providence n’a été plus remarquable que celle qui plaça Moïse à la
cour du Pharaon. Cette
intervention a produit son résultat ; elle ne l’aurait pas fait, si Moïse n’avait pas quitté la position dans laquelle
la providence l’avait placé. Mais la foi, c’est-à-dire les affections divines
créées dans le cœur de Moïse, et non la providence de Dieu, comme règle
et comme mobile,
produisit le résultat pour lequel la providence avait gardé et
préparé Moïse. La providence
de Dieu gouverne
les circonstances, Dieu en soit béni ; la foi gouverne la conduite
et le cœur.
La récompense que Dieu a promise entre ici en ligne de compte comme
objet, dans la sphère de la foi. Elle n’est pas le mobile, mais
elle soutient et encourage le cœur qui agit par la
foi, en vue de l’objet que Dieu présente à ses affections.
Elle soustrait ainsi le cœur à l’influence du temps
présent et des choses qui nous entourent, qu’elles soient agréables
ou qu’elles inspirent la crainte ; elle élève le cœur et le caractère de celui qui agit par la foi,
et l’affermit dans une marche de dévouement, qui le
conduit au but auquel il aspire.
Avoir un motif en dehors de ce qui est présent devant nous est le
secret de la fermeté et de la vraie grandeur.
Nous pouvons avoir un objet à
l’égard duquel nous agissons ; mais il nous faut un motif en dehors de lui, un
motif divin, pour nous rendre capables d’agir selon
Dieu à l’égard de cet objet lui-même
La foi réalise aussi l’intervention de Dieu sans
le voir ; elle délivre ainsi de toute crainte de
la puissance de l’homme, ennemi de son peuple.
Mais la pensée que Dieu intervient place le cœur
dans une difficulté plus grande encore que ne ferait la crainte
de l’homme. Pour
que les siens soient délivrés, il faut que Dieu opère cette délivrance,
et cela en jugement. Mais eux, aussi bien que leurs ennemis, sont des
pécheurs ; or la conscience du péché
et du jugement que nous méritons détruit nécessairement
la confiance en Celui qui juge. Ne craignons-nous pas de le voir venir pour manifester sa
puissance en jugement ? Car, au fond, c’est ce qui doit arriver
pour la délivrance du peuple de Dieu. Notre cœur se demande : Dieu, ce Dieu
qui vient en jugement, est-il pour nous ? Mais Dieu a préparé le moyen
de rendre certaine notre sécurité en présence du jugement
(v. 28), moyen en apparence chétif et inutile, mais qui, de fait, est le seul
qui, en glorifiant Dieu à l’égard du mal dont nous sommes coupables,
peut nous mettre entièrement à l’abri du jugement.
La foi reconnaît le témoignage de Dieu, en se confiant à l’efficace
du sang mis sur la porte, et peut, en en toute sécurité,
laisser venir Dieu en jugement, car, voyant le sang,
il passe par-dessus son peuple croyant. Par la foi, Moïse a fait la Pâque.
Remarquez ici que le
peuple, en plaçant le sang sur la porte, reconnaît
qu’il est, autant que l’Égyptien, l’objet du juste
jugement de Dieu. Dieu
lui a donné ce
qui le garantit, mais c’est parce qu’il est coupable
et qu’il mérite le jugement. Personne ne peut se tenir devant Lui.
Moïse nous offre ainsi un beau tableau de la
puissance de la foi. Elle remporta une triple victoire —
trois brillantes victoires, les victoires mêmes auxquelles nous sommes appelés.
1 D’abord sa foi remporta la victoire
sur le monde. Enfant
trouvé, retiré du Nil, et adopté comme fils de la fille du Pharaon, cette
adoption le faisait passer d’une condition misérable aux magnificences
royales. Qu’en
fit-il ? « Il refusa d’être appelé fils de la
fille du Pharaon ». Quelle victoire sur le monde !
Nous aimons par nature ce qui
nous met en honneur dans ce monde. Moïse n’en voulut pas ; et je suis assuré qu’aujourd’hui
encore la foi se trouve engagée dans le même combat, et appelée
à remporter la même victoire.
2 Ensuite nous voyons Moïse remportant la
victoire au milieu des épreuves et des alarmes de la vie. « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne
craignant pas la colère du roi ».
Quelle terrible chose pour
la nature que la vie de la foi ! Vous
avez gagné une victoire aujourd’hui, il vous faut encore tenir ferme demain.
« Afin que… vous puissiez résister
et, après avoir tout surmonté, tenir ferme » (Éph.6:13). C’est
après que Moïse eut tourné le dos aux douceurs de la vie, que
les difficultés et les souffrances s’abattirent
sur lui.
3 Une troisième fois, Moïse répond
aux droits de Dieu. Il est magnifique de voir une âme étreinte par une
foi semblable. « Par la foi, il a fait la pâque ». L’ange destructeur passait
par le pays, mais le sang était sur le linteau. Dès le commencement, la grâce a pourvu
le pécheur d’une réponse aux droits de Dieu et la simple affaire de la foi est de se
prévaloir de cette réponse. Dieu a procuré le sang et la foi en use. Christ est la provision de Dieu pour le
pécheur, la grande ordonnance de Dieu pour le salut,
et la foi chemine
avec lui de la croix jusqu’à la gloire.
Or la puissance de Dieu est manifestée, et manifestée en jugement.
La nature, les ennemis du peuple de Dieu,
prétendent traverser ce jugement « à sec », comme ceux qui étaient à l’abri de
la juste vengeance de Dieu ; le jugement les engloutit, là même
où le peuple a trouvé sa délivrance ; principe
d’une portée merveilleuse. Là où est le jugement de Dieu, là même est la délivrance.
C’est ce qui nous est
réellement arrivé en Christ. La croix est la mort et le jugement, les deux terribles
conséquences du péché, le sort de l’homme pécheur. Pour nous, la mort et le
jugement sont la délivrance de Dieu : par la croix et à la croix, nous
sommes délivrés et (en Christ) nous passons outre
et sommes en dehors de leur atteinte. Christ est mort
et ressuscité, et nous entrons par la foi,
en vertu de ce qui aurait été notre ruine éternelle, là où
la mort et le jugement sont laissés en arrière et où nos ennemis ne
nous atteindront plus. Nous passons au travers sans en être atteints. La mort et le jugement nous garantissent de l’ennemi ;
ils sont notre sûreté ; mais
nous entrons dans une nouvelle sphère : nous jouissons
de l’effet, non seulement de la mort de Christ, mais de sa
résurrection.
Ceux qui, selon
la force de la nature, veulent passer par cette mer, et parlent
de la mort et du jugement, et de Christ ; qui prennent la
position chrétienne, pensant passer par la mort et par le jugement, sans que la puissance de Dieu en
rédemption s’y trouve, se trouvent
engloutis.
En rapport avec les Juifs, cet événement aura un
antitype terrestre ; car, en effet, le jour du jugement de Dieu sur
la terre sera la délivrance d’Israël, qui aura été amené à
la repentance.
Cette délivrance à la mer Rouge va plus loin que la
protection par le sang en Égypte. Par la Pâque, où Dieu, dans l’expression de sa sainteté, exécutait
le jugement contre le mal, il fallait qu’on fût mis à l’abri de ce
jugement, qu’on fût protégé du juste jugement de Dieu lui-même. Dieu,
venant pour l’exécuter, était tenu dehors par le sang ; le
peuple était en sûreté devant le juge. Ce jugement avait le
caractère du jugement éternel ; et Dieu avait le caractère de juge.
À la mer Rouge il n’y avait pas seulement délivrance du jugement suspendu
sur le peuple ; Dieu était pour le peuple, actif en
amour et en puissance pour lui (*) ; la délivrance était une délivrance actuelle ;
le peuple sortait d’un état dans lequel il se trouvait asservi, pour
entrer dans un autre ; la puissance de Dieu Lui-même faisant traverser au peuple
sans qu’il en fût atteint,
ce qui autrement aurait été sa destruction. Ainsi,
pour nous, la mer Rouge représente la mort
et la résurrection de Christ auxquelles nous
avons part, la rédemption que Christ y a accomplie
(**), nous introduisant dans un tout
nouvel état, entièrement en dehors de la nature. Nous ne sommes plus dans la chair.
(*) Tenez-vous là, dit Moïse, et voyez la délivrance de l’Éternel.
(**) Le passage du Jourdain représente la mise en
liberté du croyant et son entrée intelligente dans les lieux célestes
par la foi ; c’est la conscience
qu’on est mort et ressuscité avec Christ. La mer Rouge nous parle
de la puissance de la rédemption
accomplie par Christ.
En principe, la délivrance terrestre du peuple juif (du
résidu juif) sera la même. Fondée sur la puissance de Christ
ressuscité et sur la propitiation accomplie dans sa mort, cette
délivrance sera accomplie par Dieu, qui interviendra pour
ceux qui se tourneront vers Lui par la foi. En même temps ses
adversaires, qui sont aussi ceux de son peuple, seront détruits par le jugement
même qui garantira ceux qu’ils auront opprimés.
Mais, si les difficultés n’étaient pas toutes surmontées
parce que la rédemption était accomplie, la délivrance effectuée, le Dieu de
délivrance était avec le peuple : les difficultés disparaissent devant
Lui ; ce qui en est une pour l’homme, n’en est pas une pour Lui. La foi se confie en Dieu ; elle emploie des moyens qui ne
font qu’exprimer cette confiance. Les murs de Jéricho tombent devant le
son des trompettes, lorsqu’Israël en a fait le tour pendant sept jours, en
sonnant sept fois de ces trompettes.
Rahab, en présence de toute la puissance encore intacte des
ennemis de Dieu et de son peuple, s’identifie avec ce dernier avant qu’il ait
remporté une seule victoire, parce qu’elle a la conscience que Dieu est avec
lui. Étrangère à ce
peuple, quant à la chair, elle échappe par la foi au jugement que Dieu
exécute sur sa nation.
32 Et que dirai-je
davantage ? Car le temps me manquera si je discours de Gédéon, de Barac et de
Samson et de Jephté, de David et de Samuel et des prophètes, 33 qui par
la foi subjuguèrent des royaumes, accomplirent la justice, obtinrent les choses
promises, fermèrent la gueule des lions, 34 éteignirent la force du feu,
échappèrent au tranchant de l’épée, de faibles qu’ils étaient furent rendus
vigoureux, devinrent forts dans la bataille, firent ployer les armées des
étrangers. 35 Les femmes reçurent leurs morts par la résurrection ; et
d’autres furent torturés, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir une
meilleure résurrection ; 36 et d’autres furent éprouvés par des
moqueries et par des coups, et encore par des liens et par la prison ; ils
furent lapidés, sciés, tentés ; 37 ils moururent égorgés par l’épée ;
ils errèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis, de peaux de chèvres, dans le
besoin, affligés, maltraités, 38 (desquels le monde n’était pas digne,)
errant dans les déserts et les montagnes, et les cavernes et les trous de la
terre.
39 Et tous ceux-ci, ayant
reçu témoignage par la foi, n’ont pas reçu ce qui avait été promis, 40 Dieu
ayant eu en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent
pas à la perfection sans nous.
Ici l’apôtre cesse de suivre les détails. Israël, établi
dans le pays de la promesse, fournissait moins d’occasions de développer,
par des exemples, les principes sur lesquels la foi agissait, quoique
les individus aient dû encore agir par la foi. L’Esprit rappelle en général ceux de
ces exemples où la foi se reproduisit sous divers caractères
d’énergie et de patience et soutint les
âmes dans toutes sortes de souffrances : leur gloire est auprès
de Dieu ; le monde n’est pas digne d’eux ; ils
n’avaient pas reçu l’effet des promesses ; ils ont dû
vivre de foi, comme les Hébreux auxquels l’apôtre s’adresse.
Toutefois ces derniers avaient
des privilèges que les anciens fidèles ne possédaient
nullement. Ni
ceux-là, ni les
chrétiens n’ont été amenés à la perfection, c’est-à-dire
à la gloire céleste à laquelle Dieu nous a appelés et à laquelle ils
doivent avoir part. Abraham
et d’autres ont attendu cette gloire, ils ne l’ont jamais possédée ; Dieu n’a
pas voulu la leur donner sans nous ; mais il ne nous a pas appelés
par les seules révélations qu’il leur a faites ; il avait
réservé quelque chose de meilleur pour les temps du Messie
rejeté. Les
choses célestes sont
devenues des choses du temps présent, des choses
pleinement révélées et déjà possédées en esprit
par l’union des saints avec Christ, et par l’entrée
actuelle dans le lieu très saint en vertu de son
sang.
Il ne s’agit pas maintenant d’une promesse, ni
d’une vue distincte d’un endroit aperçu du dehors et dont
l’entrée n’est pas encore accordée, ni de relations avec Dieu qui
ne soient pas fondées sur l’entrée au-dedans du voile, sur l’entrée dans
sa propre présence. Maintenant
nous entrons avec pleine liberté ; nous appartenons au
ciel ; c’est là qu’est notre bourgeoisie ; nous
y sommes chez nous. La gloire céleste est notre part présente, Christ y étant entré comme notre
précurseur ; nous avons dans le ciel un Christ,
homme glorifié. Abraham ne l’avait point ; il marchait sur la terre
dans un esprit céleste, attendant une cité, sentant
que rien autre ne pouvait satisfaire les désirs que Dieu avait réveillés
dans son cœur ; mais il ne pouvait être en rapport
avec le ciel par le moyen d’un Christ, assis de
fait là-haut en gloire. Or,
c’est là notre position actuelle.
Nous pouvons même dire : nous sommes unis à Lui
là. La position
du chrétien est tout autre que celle d’Abraham. Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous.
L’Esprit ne développe pas ici toute l’étendue de ce « quelque chose de meilleur » parce que l’Assemblée n’est pas son sujet.
Il présente, en général, aux Hébreux, pour les
encourager, la vérité que les croyants du temps présent
ont des privilèges spéciaux, auxquels ils ont part par la
foi, des privilèges qui n’appartiennent pas même à la
foi des anciens fidèles.
Nous serons parfaits, c’est-à-dire, glorifiés ensemble en
résurrection ; mais
il y a une part spéciale qui appartient aux saints actuels,
et qui n’appartenait pas aux patriarches. Le fait que Christ homme
est dans le ciel après avoir accompli la rédemption,
et que le Saint Esprit par lequel nous sommes unis à Lui est sur
la terre, rend cette supériorité accordée aux
chrétiens, facile à comprendre ; aussi, même le
plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que le plus
grand de ceux qui ont précédé ce royaume.
L’apôtre cesse ici d’entrer dans des détails circonstanciés
touchant les héros de la foi de l’Ancien Testament. Ce n’est plus maintenant
qu’une revue sommaire, où il rappelle d’abord ceux qui ont montré leur
foi par de grandes actions (v. 32-35) ; puis ceux qu’elle a
soutenus dans de grandes épreuves (v. 35-38). C’est l’énergie et la
patience de la foi.
Si l’auteur n’entre plus dans les détails, c’est non
seulement que le temps lui manquerait, mais que le peuple, une fois
introduit dans le pays promis, a moins fourni d’exemples dans
lesquels se montraient les principes d’après lesquels la foi agissait. Dieu
toutefois reconnaissait la foi des individus là où elle se trouvait, même chez
ceux qui ne sont pas nommés. Gédéon est en tête des juges, libérateurs du peuple, ayant foi en
la parole de l’Éternel ; David est en tête des rois, et Samuel,
en tête des prophètes. On saisit sans peine cet ordre moral.
Le combat de la foi (en temps de ruine – Juges - lutte contre
l’oppression) a entièrement lieu en Canaan. Aux six premiers personnages,
l’apôtre, en septième lieu, ajoute en bloc les prophètes, comme
appartenant tous à l’armée des soldats de la foi. Il complète par eux le nombre 7, si remarquable dans
ce chapitre et même dans toute cette épître. Chacun d’eux a lutté pour la délivrance du peuple
de Dieu. Il ne
s’agit point ici du combat d’Israël pour s’emparer de son héritage, tel qu’il nous est montré dans le
livre de Josué, mais
de la lutte contre un pouvoir oppresseur, en des jours de
ruine, où ceux qui confessaient l’Éternel traversaient l’épreuve
et la tribulation. De là vient la mention des Juges et celle de David,
cité avant Samuel, parce qu’il est question du temps où il souffrait
de la part de Saül comme roi rejeté, et non de la période de son règne. Ils ne sont pas toutefois les seuls combattants,
car le temps aurait manqué à l’apôtre pour les mentionner tous en détail.
Dans les versets 33 à 38, l’apôtre évoque des actes de foi
remarquables, pour présenter les qualités frappantes de la foi.
1
Premièrement, il fait allusion à des incidents
qui mettent l’accent sur la puissance de la foi, qui
subjugue des royaumes et vainc des armées, qui est forte dans la faiblesse et
vaillante dans le combat, qui triomphe de la puissance de la nature — telle
qu’elle est présentée par le lion — et éteint la violence des éléments — tel le
feu -, et qui même remporte la victoire sur la mort.
2
Deuxièmement, il fait passer devant nous la patience
de la foi qui, sous la torture, refusa d’accepter la délivrance et,
dans l’épreuve, endura les moqueries et les coups, les liens et la prison.
3
Troisièmement, il parle plus particulièrement
des souffrances de la foi. « Ils furent lapidés, sciés,
tentés ; ils moururent égorgés par l’épée ».
4
Enfin nous voyons l’opprobre de la
foi. Le monde chassa les hommes de foi de son sein, les traitant
comme de vils proscrits. Ils errèrent çà et là sur la terre. Par la manière
dont le monde traita les saints de Dieu, il se montra indigne d’eux. En
condamnant les hommes de foi, il se condamnait lui-même.
En général, cependant, Dieu n’intervient pas sur le champ,
et alors il s’ensuit de la souffrance. Ainsi, après la mention de Rahab,
il y a une liste de noms au verset 32, et ensuite d’autres récits des
triomphes de la foi, spécialement des souffrances de la foi.
Des multitudes de saints dont le
monde n’était pas digne, ont traversé toutes les formes imaginables de
persécutions et de souffrances. Ils l’enduraient, n’acceptant pas la délivrance qu’ils
auraient pu avoir par abjuration ou par des compromis.
La foi souffrait, mais elle les fait passer au
travers de ces souffrances.
Il est aisé de trouver dans l’histoire d’Israël ce à quoi fait
allusion l’écrivain sacré. On voit les conquêtes de David en 2 Sam.8 et 1 Chron.18 ; Salomon exerça la justice (1 Rois 3:28) ; David encore obtint les
choses promises, et d’autres, parmi ses successeurs fidèles, comme Ézéchias et
Josias, les réalisèrent ; Daniel, par la foi qui produisait en lui la
fidélité, ferma la gueule des lions (Dan.6:22,23) ; par la même foi énergique
pour donner la fermeté, les trois jeunes Hébreux éteignirent la force du feu (Daniel 3:27) ; David, Élie et Élisée
échappèrent au tranchant de l’épée (David, durant la longue persécution de
Saül ; pour Élie et Élisée, voyez 2 Rois 1 et 6). Ézéchias fut guéri de sa maladie,
et la vaillance dans la guerre se montra dans David et ses compagnons (2 Sam.23:8-23).
Il y en eut qui, comme les Juges et David, subjuguèrent
des royaumes, réduisant à néant par la puissance de la foi, ceux qui
avaient asservi le peuple de Dieu. Il y en eut qui, comme David et les
prophètes, accomplirent la justice, reconnaissant ce
qui était de Dieu en Israël, et s’y associant ouvertement
(voir Matt. 3:15), qui, comme David, obtinrent les
choses promises, qui, comme Daniel, fermèrent la gueule des lions, qui
éteignirent la force du feu, comme Shadrac et ses compagnons, qui, comme David,
Élie, Élisée, Jérémie et tant d’autres, échappèrent au tranchant de l’épée,
qui, comme le faible Gédéon, et Barac, et Jérémie encore, de faibles qu’ils
étaient furent rendus vigoureux, qui, comme Jonathan ou Samson, devinrent
forts dans la bataille sans aucune des ressources humaines.
Associées au témoignage des prophètes, une veuve de
Sarepta, une Sunamite, ont reçu leurs morts par la résurrection. La liste des
martyrs qui ont combattu « contre le péché » s’étend jusqu’à la
période des Macchabées à laquelle Daniel le prophète avait déjà fait allusion (Dan.11:33-35). De tous ceux-là, « le monde n’était pas digne ». Ils étaient « le sel de la terre », le vrai résidu d’Israël au milieu d’un
monde ennemi et d’un peuple apostat. Leur présence les préservait encore, mais eux disparus, que
reste-t-il au monde, si ce n’est le jugement ?
Aussi,
des femmes ont recouvré « leurs morts par la résurrection » ; nous en trouvons deux
exemples dans l’histoire d’Élie et celle d’Élisée. La foi de ces hommes de Dieu en la puissance de l’Éternel,
obtint cet effet, mais il y en avait aussi dans celles en faveur de qui Dieu
agit. Le cri que jette la veuve de Sarepta, l’insistance de la Sunamite auprès
d’Élisée, le font bien voir.
Remarquons en passant que les femmes présentées et nommées dans notre chapitre
comme exemples de foi, sont mentionnées, non comme montrant cette foi dans
un service public, mais chez elles : Sara est dans sa tente et Rahab
dans sa maison. Nulle mention n’est faite de Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, ni
de Debora, autre prophétesse, à l’ombre de laquelle a marché Barac qui, lui,
est nommé comme exemple.
Cette mention des versets 35 à 38 se rapporte sans doute à
cette époque de persécutions terribles auxquelles les Juifs fidèles furent
exposés et qui sont rapportées dans les livres des Macchabées. Ces livres, on le
sait, ne font pas partie des Écritures, mais rapportent des faits
historiquement vrais. «D’autres furent torturés, n’acceptant pas la délivrance, afin d’obtenir
une meilleure résurrection», fait probablement allusion à sept frères mis à mort avec leur
mère après d’horribles souffrances, et refusant de renier leur foi,
parce qu’ils attendaient une résurrection plus excellente qu’une délivrance
temporelle, ainsi que le dit l’un d’eux, s’adressant au roi, leur
meurtrier : «Toi, tu
nous ôtes la vie présente ; mais le Roi de l’univers nous ressuscitera en
la résurrection pour la vie éternelle».
Combien est beau le témoignage du v. 38 ! Il nous
montre l’appréciation que Dieu fait de ses témoins au milieu
d’un monde qui s’est éloigné de lui. Ils ont « reçu témoignage par la foi », est-il dit ; et encore : « Dieu n’a point honte d’eux, savoir
d’être appelé leur Dieu
» ; mais ici, ces hommes
rebutés, rejetés, méprisés, chassés, la balayure de la terre aux yeux d’un
monde orgueilleux, incrédule et enivré de lui-même, ont une telle
valeur aux yeux de Dieu, qu’il déclare que ce monde n’est
pas digne d’eux. Ils
sont trop de Dieu, pour
que le monde soit digne d’eux.
Néanmoins, malgré leurs actes de puissance, leur patience,
leurs souffrances et leur opprobre, ils ne reçurent pas de leur vivant la
bénédiction promise. Dans le
passé, ils ont vécu par la
foi ; aujourd’hui ils reçoivent témoignage ; dans l’avenir, ils jouiront de la
rémunération, quand ils entreront dans les bénédictions promises.
Grande sera la bénédiction de
ces saints de l’Ancien Testament. Pourtant Dieu a préparé « quelque
chose de meilleur
» pour le chrétien.
Quand Dieu aura achevé son
propos en
appelant l’Église, les saints de l’Ancien Testament avec l’Église
entreront dans la plénitude de la bénédiction. Ils attendent, et nous avec eux, le
matin de la résurrection afin de parvenir à « la perfection ».
Ces versets 39 & 40 étaient bien concluants pour les
croyants hébreux. « Tous ces témoins », est-il dit, « ont reçu témoignage par la foi », qui les rendit agréables à Dieu
et les rendit capables d’accomplir de grandes actions et de
supporter de grandes épreuves ; mais « ils n’ont pas reçu ce qui avait été promis ». Ils ont tous dû quitter ce monde sans avoir
vu la promesse réalisée ; ils ont ainsi marché par
la foi seule, vécu de cette foi. Les
Hébreux devaient donc être encouragés par leur exemple, et cela d’autant plus qu’ils avaient
des privilèges plus excellents, que les anciens ne possédaient point. Mais
ni les uns, ni les autres n’étaient arrivés à la perfection, à être « consommés », c’est-à-dire à posséder
la gloire céleste, leur part commune. L’auteur
de l’épître, comme ailleurs, se place ici au nombre des croyants hébreux,
participants de l’appel céleste, il attend avec eux le quelque
chose de meilleur que Dieu a en vue « pour nous ». Ce quelque chose de meilleur que nous possédons, sont les choses célestes
apportées par Christ, l’accès en la présence de Dieu ouvert par
son sacrifice, la bourgeoisie céleste, notre union
avec Christ en haut, lui étant là comme notre précurseur. Mais quant à la consommation en
gloire, ils l’attendent aussi et ils y arriveront avec
nous, bien qu’il y ait toujours une part spéciale pour l’Église.
Tous les justes de l’Ancien Testament font donc partie des morts en
Christ qui ressusciteront au cri de commandement, à la voix de
l’archange, au son de la trompette de Dieu ; puis les saints vivants
seront changés (1 Cor.15:51-52), et tous ensemble, depuis
le premier croyant de l’Ancien Testament jusqu’au dernier de l’Église, monteront
au ciel, seront alors parvenus à la perfection, et reviendront
ensuite avec Christ : «Il viendra avec tous ses saints».
Il est donc préférable, en parlant de ce qui aura lieu à ce
moment, d’employer l’expression « l’enlèvement des saints »,
plutôt que « l’enlèvement de l’Église », ce qui semblerait exclure les
saints de l’Ancien Testament.
Il faut aussi se garder de parler de deux secondes
venues de Christ.
Il n’y en a qu’une, mais qui comprend deux actes :
le premier est celui où les saints vont à la rencontre de Christ ; le
second, celui où ils reviennent avec lui.
Ces versets. 39 & 40 résument tout ce qui vient de nous
être dit, en introduisant les chrétiens sur la scène ; ils
relient donc le témoignage du Nouveau Testament à celui de l’Ancien.
« Tous ceux-ci », les témoins depuis Abel jusqu’aux derniers martyrs de
l’économie présente, « ayant reçu témoignage par la foi, n’ont pas reçu ce qui avait été promis » (v. 39). Le commencement du chapitre nous
explique ce que cela veut dire. « Par la foi, Abel avait reçu le témoignage d’être juste ». « Par la foi, Énoch avait reçu le témoignage
d’avoir plu à Dieu ».
Or, tous les hommes de foi de l’Ancien Testament ont reçu ces deux
témoignages : « Par
la foi, les
anciens ont reçu témoignage » (v. 2). Il
s’agissait maintenant de savoir si les chrétiens eux-mêmes étaient satisfaits
d’avoir reçu ce témoignage de la part de Dieu, ou s’ils ne pouvaient
s’en contenter.
Cela suffisait parfaitement à ces hommes de foi du
passé. Ils
savaient qu’en marchant fidèlement après avoir été justifiés par
Lui, ils lui étaient agréables. Dieu ne proclamait pas cela
publiquement — la chose aura lieu quand Christ sera manifesté — mais
ces croyants se contentaient d’en avoir reçu le témoignage dans
leurs cœurs. « Plaire à Dieu »
n’est pas synonyme d’être « rendus
agréables dans le Bien-aimé » (Éph.1:6), car tous les chrétiens sont en Christ dans cette position bénie
devant Dieu. Il ne
s’agit pas ici de position, mais de pratique, et l’apôtre va nous en tracer le chemin
pour nous-mêmes.
La foi seule peut donner cette pleine et entière satisfaction du cœur.
Les anciens témoins n’avaient
pas reçu ce qui leur avait été promis, c’est-à-dire leur
héritage, quoiqu’ils obtinssent en chemin bien des choses promises en
détail (v. 33), mais la communion de leur
âme avec Dieu leur suffisait. Ils n’avaient rien dans ce monde, pas même une place où poser leur
pied, mais ils possédaient ce qui avait plus de valeur que
l’héritage si espéré, si apprécié : la certitude, après avoir été amenés à Dieu par
grâce, d’être dans sa faveur, parce qu’ils marchaient
avec lui. Combien cela est important pour nous ! Il faut qu’en traversant ce monde, nous ayons conscience que nous
plaisons à Dieu, parce que nous y vivons en étrangers, ayant
tous nos intérêts dans le ciel.
Pourquoi ces témoins n’ont-ils pas « reçu ce qui avait été promis » ? Le verset 40 nous l’explique :
« Dieu ayant eu
en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à
la perfection sans nous ».
La perfection, c’est être semblables à Christ dans la gloire.
Nous ne pouvons
l’atteindre que
lorsque l’épreuve du désert sera terminée, mais nous
l’atteindrons tous ensemble ; ils n’y arriveront pas sans
nous. 1 Thess.4:15-17, nous décrit comment nous y serons
introduits avec eux. Apoc.4:4, nous présente notre réunion avec
eux, sous la forme des anciens dans le ciel, personnages symboliques qui
renferment avec l’Église tous les saints glorifiés de
l’Ancien Testament. Tous chantent d’une même voix le cantique nouveau. Ils ne se dédoublent, pour ainsi
dire, et ne disparaissent comme anciens que lorsque les noces de l’Agneau sont
venues (Apoc.19:7). Ils habiteront avec nous la nouvelle Jérusalem, considérée comme la demeure commune
de tous les rachetés ; ils seront conviés au banquet des noces de
l’Agneau ; ils s’assiéront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans
le royaume des cieux. Nous
avons une part commune avec eux ; mais ils ne seront pas « l’assemblée des premiers-nés écrits
dans les cieux »,
ni l’Épouse, ni la nouvelle Jérusalem, en tant que
« femme de
l’Agneau ».
C’est pourquoi il est
écrit : « Dieu
ayant eu en vue quelque
chose de meilleur pour nous ». Nous
avons et aurons éternellement le privilège d’une
relation spéciale avec Christ comme son Épouse, os de ses
os et chair de sa chair, mais ne pensons pas que ces saints des temps passés le
ressentent comme une perte dans la gloire. Jean-Baptiste qui se tenait sur la limite de deux
économies, faisant encore partie de l’ancienne et annonçant la nouvelle, pouvait
dire : « Celui
qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui assiste
et l’entend, est tout réjoui à cause de la
voix de l’époux ; cette joie donc qui est la
mienne, est accomplie » (Jean 3:29). Ce qui occupera éternellement tous les rachetés, ce sera non
pas leurs privilèges,
mais Christ et sa joie dans les relations
qu’il a établies. Il aura non seulement son épouse, mais ses amis
et ses compagnons, comme il est dit : « Tu l’as oint d’une huile de joie
au-dessus de ses compagnons ».
Ce verset 39 nous ramène ainsi au point de départ au verset
2. Ils reçurent un bon
témoignage quand leur temps fut terminé. Ils sortirent de l’école de Dieu comme
un ouvrage achevé. Une indication de la récompense qui les attend pour
le jour de la grande « distribution des prix »
est fournie par l’affirmation (10:38) que, bien qu’ils aient soufferts de la
part du monde, le monde n’était pas digne d’eux. Ils lui étaient infiniment supérieurs.
Et pourtant aucun d’eux ne reçut les choses promises. En
temps voulu, selon le sage plan de Dieu, un autre groupe
devait être rassemblé et constitué, dont il est parlé dans le « nous » du dernier verset (10:40).
Notez le contraste entre
le « ils » et le « nous » — entre les croyants de l’Ancien
Testament et ceux du Nouveau Testament. Les croyants de jadis avaient beaucoup, mais « quelque chose de meilleur » est réservé aux chrétiens, et nous
atteindrons tous ensemble la perfection finale en gloire. La perfection en gloire des croyants
de l’Ancien Testament attend que l’église soit complète et que le
Seigneur vienne.
Ce verset établit très clairement que le peuple de Dieu
se répartit en plusieurs familles. Les saints de l’Ancien
Testament en forment une, les chrétiens une autre. Les
saints du « siècle à venir », quand l’église aura été enlevée, en formeront une
troisième. Nous trouvons divers
groupes, ou familles, distingués dans des passages comme Apocalypse 4:9-11 ; 7:3-8 ; 7:9-17 ; 14:1-5 ; 19:7,9. Beaucoup de ce qui les distingue dépend
de la révélation de Dieu à la lumière de laquelle ils ont vécu,
et du propos de Dieu à leur égard selon lequel est l’appel dont ils ont
été appelés. Ici
cependant, le contraste est entre ce que Dieu s’est proposé pour les
saints qui vécurent avant la venue de Christ,
et pour ceux qui ont le grand privilège de vivre après.
Dans le christianisme, ce « quelque chose de meilleur » a été mis au grand jour.
En effet le mot « meilleur » est caractéristique de
cette épître puisque, comme nous l’avons vu, le grand but de cette
épître est de montrer que le vrai christianisme transcende
complètement le judaïsme. Nous avons déjà eu devant nous un meilleur apôtre, un
meilleur sacrificateur, une meilleure espérance, une
meilleure alliance, de meilleures promesses, un meilleur
sacrifice, des biens meilleurs, une meilleure
patrie et une meilleure résurrection. Parcourez les chapitres et notez ces
choses pour vous-mêmes.
Il faut nous arrêter un peu sur ces versets 39 & 40.
Ils sont très importants, très précieux et riches de sens. Les anciens ont reçu témoignage de
l’approbation de Dieu, mais ils n’ont pas reçu les choses promises.
Cela me rappelle le prophète
Malachie : « et
un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux
qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom.
Et ils seront à moi, mon trésor particulier, dit
l’Éternel des armées, au jour que je ferai ». Ils ne sont pas encore
constitués son trésor particulier, mais il a consigné leurs noms dans
son livre, et il les manifestera bientôt publiquement comme son
trésor à Lui. Il
en est de même pour ces anciens. Pourquoi n’ont-ils pas encore reçu les choses
promises ? Parce
qu’il fallait que nous entrions d’abord dans les gloires de la dispensation
actuelle, celle de
l’Évangile, sinon tout ce qu’ils avaient
dans leur misérable dispensation n’aurait jamais été d’aucun profit
pour eux. Le mot
« meilleur » se rencontre constamment dans
cette épître. « Une
meilleure espérance »,
« une meilleure
alliance »,
« quelque
chose de meilleur pour nous », « de meilleures choses qu’Abel » (chap. 7:19 ; 8:6 ; 10:34 ; 11:35 ; 12:24). Le terme « parfait » y
est aussi d’un emploi constant, parce que tout est rendu parfait maintenant.
Tout ce en quoi Dieu trouve
son repos maintenant est parfait, comme nous l’avons déjà dit, et Dieu n’attend de satisfaction que de
ce que Christ lui donne. Ses exigences ont été satisfaites, sa gloire revendiquée, son
caractère révélé, et tout cela en Christ.
Maintenant, en quoi consiste ce « quelque chose de meilleur » dont parle le dernier verset ? Si Christ tel qu’il est pour nous
n’avait pas été introduit, et nous avec lui, pour ainsi dire, rien n’eût été
fait. Dieu ayant introduit
Christ dans la dispensation
présente, tous les saints d’autrefois, qui en dépendaient, peuvent
être rendus parfaits. Car sous un de ses
aspects, cette épître nous apparaît comme un traité de la perfection
ce que nous allons considérer brièvement. Ainsi nous lisons au chapitre 2 qu’il convenait à la gloire de
Dieu de nous donner un Sauveur parfait ; c’est ce
que demandait non pas simplement mes besoins, mais la
gloire de Dieu. Il
convenait pour Dieu, prenant
conseil de sa propre gloire, qu’il donnât au pécheur un
« auteur » pour commencer le salut,
et un « chef » pour l’achever. La différence entre un auteur et un chef
est précisément celle qu’il y a entre Moïse et Josué.
Moïse fut l’auteur du salut quand il retira d’Égypte les pauvres
captifs ; Josué fut le chef du salut quand il les conduisit, à
travers le Jourdain, jusque dans la terre promise. Christ est celui qui nous conduit à la
fois à travers la mer Rouge et à travers le Jourdain, celui qui, comme Moïse,
commence l’œuvre, et qui, comme Josué, la parachève.
Nous lisons ensuite au chapitre 5 : « ayant été consommé, il est devenu l’auteur du
salut éternel ».
Il ne s’agit pas de perfection morale — nous savons tous qu’il était moralement
sans tache — mais de perfection comme « auteur du salut ». Il n’eût jamais été parfait dans ce sens, s’il n’était allé à la mort ;
mais comme il convenait à Dieu
de nous donner un Sauveur parfait de même il convenait
à Christ de devenir lui-même un Sauveur parfait. Puis au chapitre 6 nous lisons : « Avançons vers l’état d’hommes faits » ; c’est-à-dire, « apprenons
notre leçon sur ce sujet ! »
Quelques-uns comprennent cette parole comme s’ils
devaient poursuivre jusqu’à ce qu’ils ne trouvent plus de péché en eux.
Ce n’est pas ce
dont il s’agit ici. C’est comme
si l’écrivain disait : « Je vais vous lire un traité sur
la perfection, et je vous invite à apprendre cette leçon
avec moi ».
Puis, il continue ce sujet au chapitre 7. Vous ne pouvez,
dit-il, trouver cette perfection dans la loi : « La loi n’a rien amené à la perfection » ; il vous faut regarder ailleurs.
Par la loi, il ne faut pas entendre ici les
dix commandements, mais les ordonnances lévitiques. Au milieu de ces misérables éléments vous
devez chercher la perfection ailleurs. En conséquence, le chapitre 9 vous montre qu’elle est en
Christ, et vous déclare que du moment que la foi a touché le
sang, la conscience est purifiée ; et le chapitre 10 déclare que du moment que Christ
vous touche, vous êtes rendus parfaits à perpétuité.
Il ne s’agit pas d’un
état moral sans tache dans la chair — il n’y a rien de pareil ici.
Aussitôt que Christ touche à l’apostolat, il le rend parfait. Aussitôt
qu’il touche à la sacrificature, à l’autel, au trône, il
les rend parfaits. Et s’il rend ces choses parfaites, il
vous rendra aussi,
vous, pauvre pécheur, parfait quant à votre
conscience. Cette
épître est donc bien, considérée sous ce jour remarquable, un traité sur
la perfection. Dieu
vous a donné un Sauveur parfait — Christ est devenu lui-même un Sauveur parfait.
Avançons vers la
perfection. Si
je la cherche dans la loi,
je suis dans un monde d’ombres. Lorsque je viens à Christ je me trouve au sein de
la perfection, « et moi, pauvre ver, je
me tiens là » comme dit un poète.
Ces saints ne pouvaient donc obtenir l’héritage avant
que nous ne soyons entrés, chargés de toutes les gloires de la présente
dispensation. Mais maintenant ils peuvent
partager l’héritage avec nous, quand le temps sera accompli. Quelles gloires s’attachent à nous, parce que Christ nous a
touchés. N’est-ce
pas une gloire que
d’avoir une conscience purifiée, que d’entrer dans les lieux
saints avec une pleine liberté, que de pouvoir dire à Satan :
« Qui es-tu pour mettre le doigt sur le trésor de Dieu ? »
Nous rampons et nous nous traînons, alors
que nous devrions pénétrer au sein de ces gloires pour l’encouragement
de nos cœurs.
Chapitre 12 - 1 C’est pourquoi, nous
aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout
fardeau et le péché qui [nous] enveloppe si aisément, courons avec patience la
course qui est devant nous, 2 fixant les yeux sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a
enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de
Dieu. 3 Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la
part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant
découragés dans vos âmes.
Il est de la plus grande importance que le
chrétien conserve une juste estimation du monde qu’il traverse, tout
en gardant toujours devant les yeux la joie du monde vers
lequel il se dirige.
Mais si nous sommes trop absorbés par le mal
croissant d’un monde qui mûrit pour le jugement, par le grave état d’une
chrétienté sur le point d’être vomie de la bouche de Christ, et par la
confusion qui règne parmi les enfants de Dieu dispersés, nous aurons de la peine à échapper au découragement
le plus complet.
Ce chapitre 12 reconnaît que le chrétien peut être abattu à
cause des épreuves du chemin, mais il nous présente l’enseignement dont nous avons besoin pour être
délivrés de ce piège. L’apôtre
voyait évidemment que ceux à qui il écrivait risquaient de succomber
sous le poids des épreuves et de reculer dans le combat avec l’Ennemi.
Il parle du « fardeau » qui nous accable, du péché
qui nous enveloppe, et des difficultés qui peuvent
surgir dans le cercle chrétien.
En présence de ces épreuves, il craint que les croyants
soient empêchés de courir la course qui est devant eux, qu’ils soient las et
découragés dans la lutte avec l’Ennemi, qu’ils perdent courage sous la
discipline du Seigneur, que leurs mains deviennent lasses dans le service du
Seigneur, que leurs genoux défaillent, et que leurs mains fatiguées et leurs
genoux affaiblis conduisent à des faux pas les entraînant dans un chemin
tortueux.
Pour nous préserver d’être vaincus par le mal, l’apôtre place devant nous quelques
grandes vérités. Si elles sont retenues dans leur puissance, elles
nous soutiendront et nous encourageront, malgré
toutes les épreuves et toute l’opposition, pour courir la
course qui nous mène de la terre au ciel.
Nos pieds foulent le sentier qui conduit de ce monde,
auquel nous avons tourné le dos, jusqu’au monde à venir, vers
lequel nos yeux sont dirigés. Ce sentier est considéré comme « la course ». Plusieurs
semblent penser que s’il
n’y a qu’une seule manière d’être sauvé, il y a plusieurs manières de
marcher dans ce monde ; et que chaque chrétien a la liberté de
choisir celle qu’il préfère. L’Écriture montre que Dieu a sa manière de retirer les hommes
de ce monde et sa manière de les conduire au travers de ce monde.
À nous de discerner le
sentier que Dieu a tracé pour les siens et ensuite de courir « la course qui est devant nous ».
Il
est évident, lorsque nous lisons l’épître aux Hébreux, que le chemin de Dieu
pour les siens est entièrement en dehors du camp juif. Il est également évident que la chrétienté est retournée à un ordre de choses
qui font d’elle un camp ; aussi l’injonction à sortir hors du camp, au dernier
chapitre, a-t-elle toujours son application. Mais, maintenant comme alors, sortir hors
du camp religieux entraîne l’opprobre et peut-être
la souffrance. Or, par nature, nous
reculons devant l’opprobre et la souffrance.
Maintenant l’apôtre relie nos deux chapitres par un « c’est pourquoi », expression sous forme de
conclusion, : « C’est
pourquoi, nous
aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant
tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément,
courons avec patience la course qui est devant nous » (v. 1).
Ce mot « c’est pourquoi »,
souvent employé par l’auteur de l’épître, indique que ce qui suit est une
conséquence de ce qu’il vient de dire. Il va donc exposer les exhortations pratiques découlant
de son enseignement et s’appliquant d’une manière spéciale à l’état d’âme
des croyants hébreux et aux dangers qu’ils couraient. Il s’applique à ranimer leur zèle et à
les encourager.
La multitude des justes mentionnés dans le chapitre
précédent, et comparée à une nuée, était composée de témoins qui attestaient
tous cette grande vérité que « le juste vivra de foi ». Les Hébreux devaient marcher sur les traces de ces hommes.
Mais l’auteur couronne le
tableau qu’ils présentent, en plaçant devant les yeux de ceux auxquels il écrit
et devant les nôtres, Celui qui marche à la tête de tous ces témoins, le
témoin par excellence, devant lequel pâlit le témoignage de tous les
autres, quelque grand et apprécié qu’il eût été aux yeux de Dieu. Ce
témoin est Jésus : Il est le Chef et le consommateur
de la foi qui a caractérisé tous les justes.
Ainsi,
ces croyants de l’Ancien Testament sont les témoins des
résultats d’une vie de foi qui saisit les promesses
non encore accomplies. Ils sont les témoins de la course que nous avons
à accomplir maintenant, la leur étant terminée, quoiqu’ils n’aient pas
encore reçu ce qui était promis. Ils sont « une grande nuée »,
et c’est encourageant pour nos âmes.
À chaque moment de l’histoire du monde, les témoins de Christ
ne sont qu’un petit troupeau, mais pris
dans leur ensemble depuis Abel, le premier témoin, ils forment une
grande nuée, qui remplira l’infini du ciel, car il n’y aura pas de
places vides dans le paradis de Dieu.
L’épître passe maintenant aux exhortations pratiques
qui découlent de son enseignement, en rapport avec les dangers particuliers aux
chrétiens hébreux ; enseignement propre, dans son entier, à leur inspirer
du courage. Entourés
d’une nuée de témoins tels que ceux du chapitre 11, qui tous déclaraient
l’avantage d’une vie de foi en des promesses non encore accomplies, ils
devaient se sentir portés à marcher sur leurs traces, courant avec
patience la course qui se trouvait devant eux, détournant par-dessus
tout les yeux de toutes les difficultés, pour les fixer sur Jésus qui a parcouru toute la carrière
de la foi, soutenu par la joie qui était devant Lui,
et qui, étant arrivé au but, s’est assis en gloire à la
droite de Dieu.
Il ne s’agit pas d’être insensible aux difficultés ; mais c’est, quand on les éprouve, en
détourner les yeux et les porter sur Christ. C’est là le secret de la foi. « Ne vous inquiétez de rien » aurait été une exhortation inutile
s’il n’y avait rien eu de propre à inquiéter.
Tous ces héros de la foi de l’Ancien Testament sont autant
de témoins, pour nous, de la vertu et de l’énergie
de la foi. Ils
nous poussent à courir
la course de la foi aujourd’hui, comme eux l’ont fait
autrefois
C’est de la course qu’il est question ici ; plus loin, il s’agit du combat
(v. 4). La course ne veut pas dire la carrière que chaque homme a à
parcourir ici-bas ; de même que l’achèvement de la course n’est pas la
fin de cette carrière. Tous ne courent pas la course, comme aussi
on peut ne point l’achever. Paul, en Actes 20:24, exprime son désir d’achever sa
course, et en 2 Tim. 4:7, il dit : « J’ai achevé la course ». Il emploie souvent, comme figure de la vie chrétienne,
ces courses et ces luttes qui avaient lieu chez les Grecs dans leurs jeux
publics, et où les coureurs et les combattants rivalisaient d’ardeur pour
remporter le prix (voyez 1 Cor.9:24-25 ; Phil.3:14).
Deux choses sont requises de celui qui veut courir avec avantage dans la
course proposée : c’est que rien ne pèse sur lui pour l’accabler ;
c’est ensuite que rien ne s’attache à lui pour l’arrêter. On ne peut courir avec un fardeau ; on ne le saurait non plus
si des objets étrangers vous enlacent. Les fardeaux sont les difficultés et les soucis
de toutes sortes que
présente le chemin de la vie ; ce qui embarrasse l’esprit
ou tient au cœur dans les choses terrestres.
Il s’agit de les mettre bas, de les rejeter.
Mais il est une autre chose
qu’il faut absolument écarter : c’est le péché.
Il nous enveloppe aisément, car la chair est en nous
et les objets que le monde présente agissent sur elle, et les
convoitises du cœur sont éveillées et excitées.
Si l’on n’y prend garde, on est facilement enlacé dans les
liens du péché et ainsi arrêté dans sa course. Il faut donc le rejeter purement et
simplement, de
même que les fardeaux.
Maintenant, il s’agit pour nous de fournir la carrière de la foi. Étant
donnés nos devoirs et nos privilèges tout
particuliers, quelle sera cette course ? D’abord, « rejetons tout fardeau et le péché qui nous
enveloppe si aisément ».
Moïse, un de ces témoins anciens, n’avait-il pas agi de même ? Les
richesses d’Égypte, il les avait secouées comme un fardeau, et ne
s’était pas laissé envelopper par « les délices du péché ». Remarquons que, dans cette épître, il
n’est pas question du péché dans le cœur, mais d’infirmités, et la sacrificature s’y
applique. Au
contraire, l’office d’avocat s’exerçant au sujet du péché,
n’est pas mentionné dans cette épître, mais trouve sa place dans
la première épître de Jean.
Pour rejeter le péché qui vient du dehors comme un filet pour
nous saisir et nous retenir captifs, il faut de l’énergie.
Mais pour la marche,
il faut une seconde chose (et remarquez comment l’apôtre résume ici tout le
contenu du chap.11) : la patience :
« Courons avec patience la course qui est
devant nous ». Tous les
patriarches avaient réalisé ce caractère, comme nous l’avons vu au commencement
de cette étude.
Ainsi,
deux obstacles nous empêchent souvent de nous engager de cœur
dans le chemin que Dieu a tracé. D’abord les fardeaux et ensuite le
péché. Les fardeaux ne sont pas des choses moralement mauvaises. Tout ce qui nous empêche d’accepter le sentier de
Dieu, ou de courir avec patience une fois que nous y sommes engagés,
constitue un fardeau. Peut-être que la manière la plus rapide pour chacun de
découvrir ce qui est un obstacle à son progrès spirituel, c’est de se mettre à
courir. Un coureur se dépouillera de tout vêtement inutile. Ce qui, dans la vie
ordinaire, ne serait pas un fardeau, en deviendra un dans la course. Nous sommes en outre exhortés à rejeter « tout fardeau », car nous sommes assez disposés à rejeter certains
fardeaux, mais à en retenir d’autres.
L’autre
grand obstacle, c’est le
péché, dont le principe est l’iniquité, la propre volonté. Rien ne retient autant de prendre le chemin d’opprobre
hors du camp que la propre volonté non jugée. Dans le sentier
de Dieu, il ne doit pas y avoir de place pour la volonté de
l’homme.
La présence de ces obstacles demande de l’énergie et de
la patience pour les surmonter. Aussi l’apôtre dit : « Courons avec patience ». Courir suppose de l’énergie
spirituelle, mais nous avons besoin d’y joindre de la patience.
Il est facile de
partir avec fougue ;
il est difficile de poursuivre avec patience, jour
après jour, en présence des difficultés et des occasions
de découragement. L’Esprit
de Dieu nous indique dans ce chapitre les différents moyens dont Dieu se sert pour que
nous puissions vaincre ces obstacles et déployer
l’énergie nécessaire pour courir avec patience la course qui
est devant nous.
Maintenant vient un privilège que ni
les patriarches, ni Moïse, n’ont possédé, et qui est notre
part à nous chrétiens. Sans doute, eux avaient salué par la foi la cité qui a les fondements,
ou bien, avaient porté l’opprobre de Christ et vu Celui qui est invisible, mais ils ne connaissaient Jésus
qu’en type et prophétiquement. Nous chrétiens, nous le connaissons en réalité.
« Fixant les
yeux sur Jésus, le
Chef et le Consommateur de la foi ». Le sens de « fixer
les yeux » est : « détourner
ses regards d’autres objets et les fixer exclusivement sur
un seul ». Il ne s’agit donc pas pour nous de prendre les témoins pour
modèles, car aucun ne serait un modèle parfait, aucun
n’est le chef, et de plus, aucun d’entre eux n’est
encore arrivé à la consommation de la foi. Le secret de notre témoignage est donc d’avoir Jésus comme
seul objet devant nos yeux.
Ainsi, c’est pour courir avec patience et persévérance,
et sans nous lasser, la course qui est devant nous, que
d’un côté nous est présenté, comme derrière nous, pour nous stimuler,
l’exemple de tous les témoins qui nous ont précédés, et que, d’un autre
côté, pour nous encourager et nous attirer,
nous avons comme but et comme phare conducteur,
la place glorieuse où est arrivé le Chef et le
consommateur de la foi.
Mais comment cela aura-t-il lieu ? En fixant les yeux sur Jésus,
car le cœur ayant alors un objet divin devant lui, se trouve
dégagé et délivré de tout ce qui le chargeait,
le détournait et l’arrêtait dans sa
course. En effet, en
Christ se trouve non seulement ce qui répond aux affections
de la vie et de la nature nouvelle que nous possédons, mais aussi la puissance pour écarter ce qui n’y
répond pas et qui est de la chair.
Ayant ainsi rejeté tout fardeau et le péché, on est allégé
pour courir ; on peut courir et il faut courir toujours,
avec persévérance. On a besoin de patience pour fournir cette course
où les difficultés abondent, où les obstacles sont nombreux,
mais on a en vue le
but glorieux qui,
à mesure que l’on avance, apparaît plus proche et devient
plus précieux à l’âme fidèle.
Il y a ainsi deux choses à rejeter : tout
fardeau et le péché qui nous enlace les
pieds (car il est question ici de celui qui court dans la lice). La chair, le cœur humain, s’occupe
des soucis et des difficultés ; et plus
on y pense, plus on en est chargé. Le cœur se trouve amorcé par les objets des convoitises,
il ne s’en débarrasse pas ; la lutte s’engage contre
un cœur qui aime la chose contre laquelle on lutte ; on
ne se dégage pas de cette chose en pensée.
En regardant à Jésus, le nouvel homme est actif ; il
y a un objet nouveau qui nous décharge et nous
détache de tout autre objet par une nouvelle affection,
qui a sa place dans une nouvelle nature ; et, en Jésus Lui-même, vers
lequel on regarde, il y a une force positive qui nous délivre.
C’est en rejetant tout, d’une manière absolue, qu’il
est facile de se débarrasser de tout fardeau, en regardant à ce qui remplit
le cœur d’autres objets et l’occupe ailleurs, à un autre objet
opérant sur une nouvelle nature, objet qui possède une
puissance positive, absorbant le cœur et excluant tous les
objets qui n’agissent que sur la vieille nature. Il est facile de jeter loin ce
qui pèse comme un fardeau. On juge de toutes choses suivant leur rapport avec le but qu’on
veut atteindre. Si
je cours dans la lice et que mes pensées sont toutes fixées sur le prix,
je jette volontiers loin de moi un sac plein d’or ;
ce sac est un fardeau. Mais il faut regarder à Jésus. En Lui, et en Lui seulement, on
jette, et sans arrière-pensée, loin de soi
toute entrave ; on ne combat pas le péché par la chair.
En 1 Corinthiens 9, la figure d’une course est appliquée
au service chrétien ; ici il s’agit de la vie chrétienne.
C’est une image très pertinente puisque la course requiert de l’énergie,
de la concentration et de l’endurance. Voilà pourquoi nous avons ici l’exhortation
à courir avec patience, et la « patience » a ici le sens d’endurance.
La vie chrétienne normale ne
ressemble pas à un sprint court de 100 mètres, mais plutôt à une course sur
une longue distance, pour laquelle l’endurance est le facteur décisif.
Sur
ce sujet de l’endurance, des symptômes inquiétants se manifestaient
chez ces croyants Hébreux, comme la dernière partie du ch. 10 l’a montré. Le verset 10:36 commence
ainsi : « Car vous avez besoin de
patience ». Il est alors fait mention de la foi comme du principe
énergisant de la vie chrétienne, puis cela est suivi par le long
développement sur la foi au ch. 11. Ainsi, ce ch. 11 est une sorte de
parenthèse, et au verset 12:1, nous revenons à ce que l’on peut appeler la
ligne principale de l’exhortation.
Nous ne pouvons courir la course avec patience que si nous
mettons de côté tout fardeau et le péché qui nous enveloppe.
Le péché est un obstacle très efficace. Il est comme une entrave dans laquelle on se prend les
pieds, et qui fait
tomber. Mais les
fardeaux sont mentionnés en premier lieu, comme s’ils étaient, après tout, le
plus grand obstacle. Beaucoup
de choses ne peuvent en aucune façon être cataloguées comme des péchés, mais
se révèlent être des fardeaux pour un chrétien sérieux ;
pareillement il y a beaucoup de choses tout à fait justes, et permises
à des gens ordinaires, mais qu’un athlète doit laisser. Il se dépouille de tout
ce qui peut gêner ses progrès pour atteindre
le but. Or tout
chrétien devrait se considérer comme un athlète spirituel,
comme 2 Timothée 2:5 le montre également.
Maintenant, entre autres caractères, nous le voyons là comme
Celui qui a accompli une vie de foi sur la terre, « le Chef et le consommateur de la foi ». Le
conseil de Dieu s’emploie à ce que Jésus soit couronné. C’est le délice du
conseil de Dieu que de le couronner, — l’Esprit de Dieu trouve son
délice à le montrer couronné, — et c’est le délice de la foi que
de le voir couronné. Dieu, l’Esprit
et notre foi à nous pauvres pécheurs croyants, se
rencontrent autour de lui, soit pour le couronner soit pour se
réjouir en le voyant couronné.
Nous le voyons maintenant reconnu dans le ciel comme celui
qui a accompli la vie de la foi. Il l’a parcourue en toute perfection, de la crèche à la croix, et il
est accueilli ainsi dans les plus hauts cieux. Une telle vie ne pouvait que le
mettre en conflit avec l’homme. « Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des
pécheurs contre lui-même », déclaration
magnifique, toute
pleine de la pensée qu’il était « séparé des pécheurs ». Vous
n’oseriez pas appliquer ce langage à vous-mêmes. C’est un style trop élevé pour qu’il convienne à tout autre
qu’au Fils de Dieu. A-t-il été dit quelque chose de pareil d’Abraham
ou de Moïse ? D’aucun d’eux, le Saint Esprit n’aurait parlé
ainsi. Lors donc
que vous placez
le Seigneur au milieu des peines et des souffrances
de la vie, dans la compagnie des martyrs, vous le voyez,
comme en tout le reste, prendre la prééminence. Il est si naturel pour l’Esprit de
glorifier Christ ! S’il
l’envisage dans ses offices, ainsi qu’il le fait dans la première partie de cette épître, il est
facile de le voir avec, sur son front, des diadèmes sans nombre. Ou, s’il
le contemple ici, il lui est facile de mettre sur sa tête cette couronne
d’une beauté particulière : « Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des
pécheurs contre lui-même ». Fussiez vous appelés au bûcher, votre cœur vous condamnerait de vous appliquer une telle
description.
Le Seigneur Jésus en a donné l’exemple parfait ; il en est le Chef ;
il en a parcouru toute
la carrière dans toute sa perfection. Ainsi il en est le consommateur. Les justes avant lui avaient été
éprouvés, les uns d’une manière, les autres d’une autre ; chacun, selon la
position où il s’était trouvé, avait parcouru une partie du chemin de la foi,
et avait là rendu témoignage ; Jésus a parcouru d’un bout à l’autre la carrière, éprouvé
dans tout ce en quoi la nature humaine peut l’être. Et en tout et par tout, que ce
fût par les hommes, par Satan, ou même
par l’abandon de Dieu, il a persévéré constamment dans
l’obéissance, la patience, la confiance,
montrant en même temps
aussi l’énergie
dans l’amour que produit la foi, quand il
a renoncé à toute gloire et a subi la croix. En lui, la foi a été consommée,
rendue parfaite.
Non seulement son exemple parfait établit entre lui et les
témoins du chap. 11, une différence profonde ; il en est une
autre. Ceux-ci
sont morts et ne sont pas encore parvenus à la perfection, tandis que lui, le
Chef et le consommateur de la foi, a été ressuscité
et est assis à la droite du trône de Dieu. Il est donc arrivé personnellement à
la perfection ;
il est couronné de gloire et d’honneur ; il a atteint
le but, après avoir glorifié parfaitement Dieu dans son chemin sur
la terre. Nous
sommes donc exhortés à fixer nos regards sur lui, là où il est arrivé —
tout en nous souvenant du chemin dans lequel il a marché. Sa séance actuelle à la droite de Dieu, non seulement comme ayant fait par
lui-même la purification des péchés, mais comme consommateur de la foi, nous montre l’issue glorieuse
d’un tel chemin. Elle
nous dit : « Voilà où aboutit le chemin de la foi : courez
donc dans ce chemin ». Cette issue est placée devant nous pour nous encourager.
Ce mot « Chef de la foi » signifie : celui qui commence et marche à la
tête. En effet, il est en avant de tous les autres, dans la vie de
la foi ; du premier au dernier pas il en a donné le modèle
parfait. Il est le guide ; il y a d’autres conducteurs dont je puis imiter la foi, quand
j’ai vu l’issue de leur conduite (13:7) ; mais lui seul peut me conduire sûrement,
sans défaillance, sans m’exposer à broncher, aujourd’hui, demain, jusqu’au
bout de la course. Et
pourquoi ? C’est qu’il est aussi le « Consommateur de la foi ». Il est le seul guide qui ait atteint le sommet,
le seul qui soit arrivé au bout
et au but de la course, le seul qui soit entré dans la gloire,
et c’est là que
nous devons le suivre.
Le v. 2 nous dit que notre modèle parfait, Jésus,
avait, dans son chemin d’épreuves, une joie placée devant lui. Il était entré en grâce dans un
sentier tel, qu’il avait besoin comme homme, d’encouragement
par la vue du but qui lui était proposé à la fin de ses
souffrances et de ses humiliations. Il voyait que son chemin le conduisait jusqu’à la mort et au
tombeau (Ps.16:10) ; mais il savait aussi que,
par la résurrection, Dieu lui ferait connaître le chemin de
la vie, et qu’il arriverait ainsi devant sa face, où il y a
des rassasiements de joie et des plaisirs pour toujours.
(v. 11). Sans doute que le Seigneur avait aussi devant lui la joie
de nous avoir, comme prix de ses souffrances et de sa victoire sur la mort et
Satan ; mais ici, il s’agit de son chemin
personnel comme Chef et consommateur de la foi
et comme notre parfait modèle dans ce chemin.
C’est donc en vue de cette joie dans la gloire de Dieu qu’il a « enduré la croix » et « méprisé la honte » qui s’attachait à ce supplice.
Ce n’est pas qu’il ne sentît
profondément l’offense faite à sa sainte personne. Il a « enduré », supporté « la contradiction » des pécheurs contre lui-même.
Tout contredisait, dans ce monde, l’amour, la dignité et la
sainteté manifestés dans sa personne. Sa grâce ne rencontrait
qu’inimitié, son autorité que révolte, et sa sainteté
que péché. La haine des hommes le poursuivit jusque sur la croix.
Sur sa tête auguste fut placée la couronne d’épines, lui qui, Roi
des rois et Seigneur des seigneurs, devait porter la
couronne de gloire ; il fut lié et conduit au supplice comme un vil
malfaiteur, lui devant qui les anges se prosternaient ; il fut jugé
et mis à mort, lui, le souverain juge des
vivants et des morts. On rejeta ses paroles de grâce, on attribua
ses œuvres à Satan ; à chaque pas de sa vie, il ne rencontra que
contradiction et opposition de la part de
l’homme pécheur.
Et tout finit par la honte de la croix.
Mais il avait devant lui
la joie dans la gloire, la joie suprême où il entrerait après avoir accompli
parfaitement la volonté de Dieu ; il a donc tout
enduré, tout méprisé en fait d’ignominie, et le
but est atteint. Il est assis à la droite du trône de Dieu ;
il est couronné de gloire et d’honneur : fixons donc nos regards sur lui, afin que nous ne nous lassions
pas dans notre course et que nous ne nous découragions pas
dans nos âmes à persévérer dans le combat. Notre divin Chef a marché devant
nous ; il a combattu et vaincu ; combattons aussi, et « si nous souffrons avec lui, nous serons glorifiés avec lui ».
« Lequel, à
cause de la joie qui était devant lui, a enduré la
croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la
droite du trône de Dieu » (v. 2). Il
ne s’agit point ici de l’œuvre du salut opérée à la croix, ni de la joie d’avoir ses
rachetés avec lui, comme on le dit souvent. La pensée est plus simple. Christ, le Chef de
tous les témoins, le grand témoin, a montré bien plus que la
patience d’un Abraham, il a enduré la croix ; bien
plus que l’énergie d’un Moïse, il a méprisé la honte, oui, méprisé, lui,
le Fils de Dieu, et pourquoi ?
« À
cause de la joie qui était devant lui ».
Il regardait à la
rémunération. Il
fournissait la course, sachant que Dieu lui ferait connaître le chemin de la vie à
travers la mort, que sa face était un rassasiement de joie,
et qu’il y avait des plaisirs à sa droite pour toujours (Ps. 16).
Jamais nous ne pourrons endurer ce qu’a enduré notre Chef, ni mépriser ce qu’il a méprisé, mais ayant
un tel modèle qui s’est emparé de nos cœurs et marchant sur ses traces,
nous apprenons à estimer comme il l’a fait les
obstacles par lesquels Satan cherche à nous arrêter.
« Car considérez
celui qui a enduré une telle contradiction de la part des
pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant
découragés dans vos âmes » (v. 3). N’oublions pas ce mot « Considérez ». Il s’agit pour nous de
le voir sous toutes ses faces, de peser toutes ses perfections,
de juger de toute sa valeur. Comment perdrions-nous courage, quand nous voyons le
Fils de Dieu endurer l’ignominie de la croix, la
contradiction la plus complète des pécheurs contre le Seigneur et le Christ, le Créateur
et le Prince de la vie, en le clouant sur un gibet ? Et nous, qui avons cet
immense privilège de le connaître personnellement et la
faculté de le considérer, marcherions-nous moins fidèlement que les témoins anciens
qui ne l’ont pas connu ?
Il est de toute importance que nous comprenions notre
responsabilité de rendre un témoignage plus saint, plus
patient, plus énergique qu’eux tous, nous qui voyons
Jésus et qui l’avons connu.
« Afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes ». Il arrive souvent, vers
la fin de la course, que les difficultés redoublent et que
les obstacles se multiplient. Alors nous sommes sujets à nous lasser et à nous décourager.
Mais n’en a-t-il pas été de même pour
notre Chef, quand Satan dressait devant ses yeux, pour l’effrayer,
l’obstacle de la croix et pensait le décourager de son
entreprise ? Considérons-le donc, et nous gagnerons de nouvelles forces pour
arriver nous aussi au bout du voyage.
Nous voyons le Seigneur, non comme celui qui donne la
foi, mais comme celui qui en a fourni la carrière tout entière ;
d’autres avaient parcouru
une partie du chemin, avaient surmonté quelques difficultés : l’obéissance et la persévérance
du Seigneur ont été soumises à toutes les épreuves dont la nature humaine est
susceptible ; les hommes, l’Adversaire, l’abandon de
Dieu, tout était contre Lui ; ses disciples s’enfuient
lorsqu’il est en danger ; son intime ami le trahit ; il attend que
quelqu’un ait compassion, mais il ne trouve personne. Les pères dont les noms sont rappelés au
chapitre précédent, se sont confiés en Dieu et ont été délivrés :
pour Lui, il est un ver et non point un
homme ; son gosier est desséché à force de crier — son amour pour nous,
son obéissance à son Père, surmontent tout ; il
remporte la victoire en se soumettant, il s’assied dans une
gloire aussi élevée que son abaissement et son obéissance ont été grands, seule
juste récompense du fait qu’il a parfaitement glorifié Dieu, là où le péché l’avait
déshonoré. La
joie et les
récompenses qui nous sont proposées ne sont jamais les motifs de
la marche de la foi ; on sait bien qu’elles ne l’ont pas été
pour Christ, mais elles ne le sont pas davantage pour nous :
elles sont l’encouragement de ceux qui y marchent.
Jésus donc, ayant atteint la gloire qui lui était due, devient notre exemple
dans les souffrances qu’il a traversées pour y arriver ; c’est
pourquoi nous ne devons ni perdre courage ni nous
lasser. Nous
n’avons pas encore, comme Lui, perdu la vie pour glorifier
Dieu et pour le servir. Il est remarquable de voir de quelle manière l’apôtre
engage les Hébreux croyants à se débarrasser de toute entrave, soit
péché soit difficulté, comme s’ils n’avaient rien à
faire qu’à les rejeter comme un poids inutile. Et de fait, quand on regarde à Jésus, rien n’est plus facile ;
quand on ne regarde pas à Lui, rien de plus impossible !
On a parlé quelque fois du chapitre 11 comme de
« la galerie de portraits de la foi », et du début verset
12:2 comme le grand tableau-Maître qui achève cette
galerie. En
parcourant cette galerie, on peut bien admirer les différents portraits, mais le tableau-Maître les
rejette tous à l’arrière-plan. Aucun autre que JÉSUS n’est le Chef (c’est-à-dire l’auteur,
l’initiateur, l’origine, le conducteur)
et le Consommateur de la foi (Celui qui l’a achevée).
Les autres ont manifesté certains
traits de la foi ; on en a vu des éclairs à différents points de leur
carrière. En Lui on a pu voir tout le spectre de
la foi, la foi dans sa plénitude, en tout temps, du
début à la fin.
Celui qui était l’exemple parfait de la foi est placé devant
nous comme notre but, et comme l’Objet qui commande notre foi.
En ceci nous avons un
avantage immense sur tous les personnages illustres du ch. 11, car ils
vivaient en un temps où aucun Objet de ce genre n’était connu. Nous avons remarqué que la foi est l’œil ou le
télescope de l’âme, et que c’est la foi qui voit. Eh bien, ici la foi regarde à Jésus. S’Il
remplit la vision de nos âmes, nous trouverons en Lui l’énergie
motivante dont nous avons besoin pour courir la course.
En outre Il est notre exemple. Il a été confronté à toutes les
sortes d’obstacles quand Il marchait ici-bas sur le chemin de la foi. Il
n’a pas eu seulement à faire face à la contradiction des pécheurs, mais aussi
à la croix, avec toute la honte qu’elle entraînait.
La honte de la croix était une petite chose pour Lui :
Il l’a méprisée.
Mais qui peut dire ce qui était impliqué dans la croix
elle-même ?
Certains d’entre nous chantent :
La profondeur
de toutes Tes souffrances
Aucun cœur ne
pourra jamais la concevoir,
La coupe
débordante de la colère
Toi Tu l’as
reçue pour nous ;
Et oh !
abandonné de Dieu
Sur le bois
maudit :
Avec des
cœurs reconnaissants, Seigneur Jésus,
Nous nous
souvenons de Toi.
Mais, bien que nous ne puissions pas concevoir tout ce
que la croix représentait pour Lui, nous savons ceci : Il l’a endurée.
1 Premièrement, nous avons, pour nous encourager, une nuée
de témoins dans le chemin de la foi. Si nous avons des ennemis devant nous, des épreuves à
rencontrer et des difficultés à vaincre, souvenons-nous que d’autres ont
marché avant nous dans ce chemin ; d’autres ont marché à la lumière
des gloires à venir ; d’autres ont eu à rencontrer des épreuves plus
grandes encore — les moqueries, les liens, la prison, la persécution, la mort —
et par la foi, ils ont vaincu. Nous sommes ainsi entourés d’une nuée
de témoins qui s’élève au-dessus de toutes les sortes d’épreuves
d’ici-bas, et nous pouvons courir avec patience la course qui
conduit là-haut.
2 Deuxièmement, bien au-dessus et au-delà
de tous les témoins terrestres, il y a Jésus dans la gloire ;
et pour nous encourager dans le chemin de la foi, l’apôtre dirige nos
yeux vers Jésus, « le
chef et le consommateur de la foi ». Il
n’imagine pas qu’une
fois engagés sur le chemin hors du camp, nous serons capables de nous
y maintenir par notre propre force. Au contraire, son exhortation implique clairement qu’ayant vaincu
les obstacles et commencé à courir, nous ne
pourrons continuer qu’en fixant les yeux sur Jésus.
Celui qui nous attire vers
lui hors du camp
est le seul qui puisse nous soutenir lorsque
nous sommes sortis vers lui. D’autres
ont foulé le sentier de la foi,
mais ils n’ont pas atteint le but final ; ils n’ont pas
encore atteint « la perfection » (11:40). « Fixant les yeux sur Jésus », nous voyons celui qui a parcouru
toutes les étapes du chemin et qui est parvenu au but.
Les saints de l’Ancien
Testament sont de brillants
exemples, mais ils ne
sont ni des « chefs » ni des « consommateurs » ; Jésus est l’un et l’autre.
Dans son chemin de souffrance et de honte,
il a été soutenu par la joie qui était devant lui.
En parcourant le chemin, il
pouvait dire : « Ta face est
un rassasiement de joie,
il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (Ps.16:11).
Les témoins de Hébreux 11 nous encouragent par leur exemple, mais aucun
d’eux ne saurait être un objet de foi, ni dispenser la
grâce pour donner du secours au moment opportun.
Jésus n’est pas seulement
l’exemple parfait de quelqu’un qui a marché dans le sentier de
la foi et qui est parvenu au but, mais il est aussi celui qui, du
lieu de la puissance — à la droite de Dieu, — peut dispenser
le soutien de la grâce à ceux qui sont dans le chemin.
La nuée de témoins a disparu de la
scène : pour Dieu ils vivent, mais pour ce qui concerne ce monde, ils sont
morts. Jésus vit à jamais.
Nous avons de magnifiques
exemples derrière nous ; nous avons une Personne vivante devant nous.
C’est sur ce même JÉSUS que nous sommes appelés à fixer
les yeux. Il a
les yeux sur nous, mais
avons-nous les nôtres fixés sur lui ?
3 Troisièmement, nous sommes encouragés
en contemplant le chemin parfait de Jésus. Nous ne sommes pas seulement
exhortés à regarder à Jésus là où il est, mais aussi à considérer Jésus là où
il a été. « Considérez bien » serait une meilleure traduction. Considérant son chemin, nous verrons que du début à la
fin, il a enduré la « contradiction de la part des pécheurs contre lui-même ». Comme l’indique aussi la suite (verset 4), nous aussi, si
nous nous engageons dans le chemin de la foi, hors du camp, pour
courir la course qui est devant nous, nous éprouverons certainement
que nous avons à rencontrer la méchanceté des hommes tout autour de
nous, la contradiction de la part des pécheurs contre Christ, et même
le refus du peuple de Dieu de porter son opprobre. L’opposition continuelle est accablante
pour nous, et lorsque
nous sommes accablés, nous avons tendance à défaillir
et à abandonner. Considérons-Le donc, de peur que nous ne défaillions. Nous ne pouvons rien rencontrer, que ce soit de la part de
pécheurs qui s’opposent ou de croyants qui s’égarent, qu’il n’ait
déjà rencontré dans une pleine mesure. Il pouvait dire : « Tout le jour mes ennemis m’outragent ; ceux qui sont furieux
contre moi jurent par moi
» (Ps. 102:8). Nous n’avons pas encore résisté jusqu’au sang en combattant
contre le péché. Le Seigneur, lui,
a donné son sang plutôt que de céder à la contradiction
des pécheurs et de manquer dans l’obéissance à la volonté
de Dieu. Les
pécheurs qui étaient autour de la croix disaient : « Sauve-toi toi-même. Si tu es Fils de Dieu,
descends de la croix ». S’il en
était descendu, il
n’aurait pas fait la volonté du Père, et n’aurait pas achevé l’œuvre qui
lui avait été donnée à faire.
4 Quatrièmement, nous trouvons aussi aux versets 5 à 11, que pour
garder nos pieds dans le chemin, nous avons les voies d’amour du Père
en discipline. Si, en
combattant contre le péché, nous étions appelés à souffrir une mort de martyr,
nous serions délivrés pour toujours de la chair. Mais
si nous ne sommes pas appelés à souffrir jusqu’au sang, le Père emploie un
autre moyen pour nous délivrer de la puissance de la
chair et nous faire participer à sa sainteté.
Il peut envoyer des épreuves
pour nous châtier et,
si nécessaire, pour nous corriger.
Devant ces voies du Père envers nous, il y a deux dangers
contre lesquels nous sommes mis en garde. D’une part, nous sommes en danger de mépriser l’épreuve ; d’autre
part nous pouvons perdre courage sous le poids de l’épreuve.
Nous ne devons pas, dans un esprit d’orgueil,
prendre l’épreuve d’une manière stoïque, comme étant le lot
commun de l’humanité ; et nous ne devons pas non plus, sous
l’épreuve, succomber dans le désespoir.
Note :
Le texte intègre les notes reprises dans la Bible pdf
commentée, que vous trouverez en cliquant sur : Bible, version JND,
avec commentaires, en format pdf
Vous pouvez décharger l’épitre aux Hébreux en cliquant avec
la souris de droite sur :
Épitre aux
Hébreux avec commentaires en format pdf
Le texte reprend en grande partie les commentaires sur
l’épitre aux Hébreux que vous trouverez sur le site de bibliquest.
Il s’agit des commentaires de H.
Rossier, H. Smith, F.B. Hole, J.G. Belett, J.N. Darby et aussi un auteur
inconnu.