«Quoi, Dieu a dit ?» - Stricte obéissance à la Parole de Dieu

Extrait des commentaires de C.H. Mackintosh & de S. Prod’hom

Lecture dans Genèse 3

1 Or le serpent était plus rusé qu’aucun animal des champs que l’Éternel Dieu avait fait ; et il dit à la femme : Quoi, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? 2 Et la femme dit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; 3 mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. 4 Et le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point certainement ; 5 car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. 6 Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et elle prit de son fruit et en mangea ; et elle en donna aussi à son mari [pour qu’il en mangeât] avec elle, et il en mangea. 7 Et les yeux de tous deux furent ouverts, et ils connurent qu’ils étaient nus ; et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures.

Préambule

« Quoi Dieu a dit ? » c’est une question que pose régulièrement le Diable au cœur naturel de l’homme, mettant en doute la Parole de Dieu, afin de croire au mensonge, que l’on appelle aussi des demi-vérités !

Les personnes inconverties posent systématiquement cette question, et cela afin de justifier leur rejet de la Parole de Dieu.

Le cœur naturel du vrai croyant, agit de la même manière, car il possède toujours cette vielle nature qui abrite le péché qui est en nous (pas sur nous) !

Mais le vrai croyant, à savoir celui qui est passé par une vraie conversion, par sa nouvelle naissance possède une nouvelle nature. Cette nouvelle nature vit de foi en Dieu et en sa Parole. Elle n’a pas d’oreille pour écouter celui qui pose cette question. Elle la rejette, sans raisonner.

Voir l’article qui explicite les deux natures du croyant.

Introduction

En quelques versets, l’état d’innocence est décrit, au chapitre 2. Dès le chapitre 3, toute la Bible nous présente l’histoire de l’homme pécheur, mais aussi l’intervention de Dieu en grâce pour accomplir Ses desseins éternels.

Il fallait la finesse du serpent pour s’introduire sur cette scène de bonheur où Dieu avait placé l’homme et tout ruiner. Pour cela, Satan s’est servi du serpent, le plus fin de tous les animaux ; comme, plus tard, il a souvent pris le caractère du lion, la violence. Le serpent est plus redoutable que le lion, car il peut opérer sans être aperçu. C’est la forme sous laquelle il agit actuellement dans la chrétienté, sans être discerné.

Le serpent s’adressa à la femme, sachant que, par elle, il arriverait plus facilement à l’homme, que Dieu avait établi chef, et dont il avait reçu les ordres positifs. Il se rendait compte que l’amour pour sa femme lui ôterait la force de lui déplaire, en lui refusant ce qu’elle lui offrirait.

Cette portion du livre de la Genèse nous présente la ruine complète de l’état de choses qui nous a occupés jusqu’ici. Elle abonde en principes de la plus haute importance, et a été avec raison méditée et utilisée de tout temps par ceux qui ont eu à cœur d’annoncer la vérité, quant à ce qui concerne la ruine de l’homme, et le moyen établi de Dieu pour l’en tirer.

Satan entre en scène

Le serpent entre sur la scène avec une question insolente, qui a pour but de jeter le doute sur la révélation divine ; elle est le modèle effrayant et avant-coureur de toutes les questions impies soulevées par les trop fidèles serviteurs du serpent, dans le monde, questions qui ne peuvent être combattues que par l’autorité suprême et divine des Saintes Écritures.

On remarque d’emblée que Satan ne cite pas exactement ce que Dieu avait dit. Il présente la défense de manger en premier lieu : « Quoi, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » ; tandis que Dieu avait dit : « Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais, etc. ». C’était déjà une manière indirecte de montrer Dieu sous le caractère de quelqu’un qui commençait par les priver d’une bonne chose. Telle est l’astucieuse question du diable.

Si la parole de Dieu avait « habité richement » dans le cœur d’Ève (Col. 3:16), sa réponse aurait été simple, directe et décisive. Il n’y a qu’une manière de répondre aux questions et aux suggestions du diable ; c’est de les traiter comme venant de lui, et de les repousser par la parole de Dieu. Le cœur, qui y prête l’oreille un instant seulement, s’expose à perdre la seule force par laquelle on puisse les combattre. Le diable ne se présente pas ouvertement à Ève, en disant : « Je suis Satan, l’ennemi de Dieu, et je viens pour le calomnier et pour vous perdre ». Ce langage n’aurait pas été selon le caractère du serpent : et pourtant il a bien accompli toute cette œuvre en soulevant des doutes dans l’esprit de la créature.

C’est de l’incrédulité positive que d’admettre qu’on pose la question : « Quoi, Dieu a dit ? » quand on sait que Dieu a parlé et le fait seul qu’on admet la question prouve que l’on est incapable de la combattre.

À son tour, la femme aurait dû lui répondre en lui citant textuellement les paroles de Dieu, après lui avoir dit qu’ils mangeaient du fruit des arbres du jardin, mais elle dit : « Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez » ; alors que Dieu avait dit : « Tu mourras certainement ». « De peur » voulait dire et laissait croire que ce n’était pas très sûr.

Ainsi, la tournure même de la réponse d’Ève fait savoir qu’elle avait admis dans son cœur l’astucieuse question du serpent ; elle ne s’en tient pas étroitement à la parole de Dieu, et ajoute à cette Parole. Or, qu’on y ajoute ou qu’on en retranche, on montre par là que cette Parole n’habite pas dans le cœur et ne gouverne pas la conscience. Si quelqu’un trouve son bonheur dans l’obéissance ; s’il en fait son breuvage et sa nourriture ; s’il vit de « toute parole qui sort de la bouche de Dieu », il apprendra à connaître cette Parole et y sera attentif ; il n’est pas possible qu’il y soit indifférent. Le Seigneur Jésus, dans sa lutte avec Satan, applique la Parole avec justesse, et une parfaite exactitude, parce qu’il s’en nourrissait et l’estimait par-dessus tout. Il ne pouvait pas la citer faussementou errer dans l’application qu’il en faisait, pas plus qu’il ne pouvait y être indifférent. Ève agit différemment : elle laisse mettre en doute les paroles de Dieu, et elle y ajoute. Le commandement était simple : « Tu n’en mangeras pas » ; pourquoi y ajouter « et tu ne le toucheras pas » ? Dieu n’avait pas parlé de « toucher », et ainsi, que ce fût par ignorance ou par indifférence, ou en représentant Dieu sous un jour arbitraire, ou par toutes ces raisons à la fois, il est clair qu’Ève était en dehors du vrai terrain de la simple confiance en la sainte parole de Dieu et de la soumission à cette Parole. « Par la parole de tes lèvres, je me suis gardé des voies de l’homme violent » (Ps.17:4).

Rien n’est plus important que la manière dont la Parole est citée partout, d’un bout à l’autre des Écritures ; rien n’égale non plus l’importance qui est attachée à la stricte obéissance à cette Parole ; et cette obéissance, nous la devons à la parole de Dieu, simplement parce qu’elle est la parole de Dieu. Soulever un doute, quand Dieu a parlé, est un blasphème. Nous sommes des créatures, Dieu est le créateur ; il peut donc à bon droit réclamer de nous l’obéissance. Que l’incrédule qualifie cette obéissance « d’obéissance aveugle », le chrétien l’appelle « obéissance intelligente », parce qu’elle est fondée sur la connaissance qu’il a que c’est à la parole de Dieu qu’il obéit. Si quelqu’un n’avait pas la parole de Dieu, on pourrait dire de lui avec raison, qu’il est dans les ténèbres, il ne peut en effet qu’être dans les ténèbres, puisqu’il ne peut pas y avoir un seul rayon de lumière, soit en nous, soit en dehors de nous, qui n’émane de cette Parole pure et éternelle. Tout ce qu’il nous faut, c’est de savoir que Dieu a parlé ; alors l’obéissance devient la sphère la plus élevée de l’activité intelligente.

Quand l’âme est parvenue jusqu’à Dieu, elle a atteint la source la plus élevée de l’autorité. Aucun homme ni aucune assemblée d’hommes, n’a le droit de réclamer obéissance à sa parole, parce que cette parole est la sienne. C’est pourquoi les exigences de l’église de Rome sont impies et présomptueuses. En exigeant l’obéissance, elle usurpe la prérogative de Dieu ; et tous ceux qui se soumettent à elle privent Dieu de son droit. L’église de Rome prétend se placer entre Dieu et la conscience ; mais qui peut le faire impunément ? Quand Dieu parle, l’homme est tenu d’obéir : heureux est-il, s’il le fait ; malheur à lui, s’il ne le fait pas ! L’incrédulité peut mettre en doute que Dieu ait parlé, et la superstition peut placer une autorité humaine entre ma conscience et ce que Dieu a dit ; l’une comme l’autre nous privent ainsi réellement de la Parole, et par conséquent du bonheur infini qui accompagne l’obéissance à cette Parole. Chaque acte d’obéissance renferme une bénédiction ; mais du moment que l’âme hésite, l’ennemi a l’avantage sur elle, et il s’en servira pour l’éloigner de plus en plus de Dieu.

Eve a donné le champ libre à Satan

Avec cette déclaration affaiblie d’Eve, Satan s’enhardit, et prend alors la parole affirmative de Dieu pour dire le contraire : « Vous ne mourrez point certainement » ; ce qu’il n’aurait pas osé faire, si la femme lui avait cité textuellement les paroles de l’Éternel. Nous voyons par cela l’importance de recevoir et de citer textuellement la Parole de Dieu et de la laisser agir en soi avec toute son autorité. Elle est écrite avec les expressions positives par lesquelles Dieu donne Sa pensée, c’est-à-dire la vérité, n’en déplaise à ceux qui ne la reçoivent pas comme telle, prétextant que Dieu s’est servi d’hommes faillibles, comme si eux-mêmes, qui veulent la corriger, n’étaient pas aussi des hommes faillibles. Sans s’en douter peut-être, ils ne font que répéter la question insidieuse et diabolique : « Quoi, Dieu a dit ? », pour dépouiller l’Écriture de l’autorité divine qu’elle doit exercer sur le cœur et la conscience.

Dans toute l’histoire de l’Église, jamais Satan n’a usé de son caractère de serpent autant que maintenant, en conduisant des hommes qui exercent une influence religieuse à modifier ce que Dieu a dit, en affaiblissant les droits de Sa justice, en présentant l’exercice de Son amour en dehors de l’œuvre expiatoire du Seigneur, une grâce qui ne règne pas par la justice, faisant de Dieu un être si bon qu’Il ne pourrait supporter de voir l’homme dans le malheur éternel, et abaissant au niveau de l’homme la mesure du bien et du mal ; tout cela, de la part de l’ennemi, avec le dessein caché de perdre l’homme.

Le meurtrier se présente premièrement comme menteur, disant : « Vous ne mourrez point certainement ; car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». Ce qui veut dire, en d’autres termes, que Dieu se réservait pour Lui-même des avantages merveilleux, dont Il les privait, et dont ils pourraient jouir s’ils l’écoutaient, lui Satan. Cette insinuation de Satan, étant reçue, introduisit dans le cœur de l’homme la défiance à l’égard de Dieu, qui demeure invétérée chez tous les hommes, jusqu’au moment où Dieu y fait pénétrer quelques rayons de Sa grâce.

Après tant de manifestations de la bonté de Dieu dans l’Ancien Testament qui auraient dû convaincre l’homme du mensonge de Satan, Dieu vint Lui-même, dans la personne de Son Fils, manifester Son amour infini, non envers un homme innocent, mais envers l’homme coupable. Dans l’évangile selon Jean, nous trouvons environ soixante fois le mot aimer et amour. Si Satan a dit : « Vous ne mourrez point certainement », Jésus se présente Lui-même pour mourir à la place du coupable.

On ne saurait trop insister sur le fait que Satan ajoute à sa question : « Quoi, Dieu a dit ? » cette affirmation : « Vous ne mourrez point certainement ». Non seulement, il met en doute le fait que Dieu a parlé ; mais de plus il contredit ouvertement ce que Dieu a dit. Gardons à la mémoire que ce fait solennel, à lui seul, est suffisant pour prouver, de manière évidente, combien il est dangereux de donner entrée dans son cœur à un seul doute sur la révélation elle-même et sa plénitude ou son intégrité Notons également que le rationalisme raffiné tient de près à l’incrédulité ouverte ; et l’incrédulité, qui ose juger la parole de Dieu, n’est pas éloignée de l’athéisme qui nie l’existence de Dieu.

Si Ève n’était pas déjà tombée dans le relâchement et l’indifférence à l’égard de la parole de Dieu, jamais elle n’aurait prêté l’oreille au démenti donné à Dieu par Satan. Elle aussi a eu ses « phases de foi », comme on s’exprime aujourd’hui, ou pour mieux dire ses phases d’incrédulité. Elle a supporté d’entendre démentir Dieu par une créature, parce que la parole de Dieu avait perdu sa vraie autorité sur son cœur, sur sa conscience et sur son intelligence ; et son exemple fournit un enseignement des plus solennels à tous ceux qui sont en danger d’être enlacés dans l’impiété du rationalisme.

Il n’y a aucune sécurité véritable pour une âme en dehors d’une foi profonde en la pleine inspiration et en la suprême autorité de « toute l’Écriture ». Celui qui possède cette foi aura une réponse victorieuse pour toute objection soulevée contre cette Parole, qu’elle vienne de la superstition religieuse ou du rationalisme. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Le mal qui, de nos jours, corrompt jusqu’aux sources de la pensée et du sentiment religieux dans les plus belles parties de l’Europe, est le même qui atteignit le cœur d’Ève en Éden et la perdit. Ève a prêté l’oreille à la question : « Quoi, Dieu a dit ? » et ce premier pas a entraîné sa ruine : pas à pas et degré par degré, elle en est venue à se courber devant le serpent et à le reconnaître pour son Dieu et pour la source de la vérité.

Oui, lecteur, le serpent prit la place de Dieu ; et son mensonge, la place de la vérité de Dieu. Or, comme il en a été de l’homme déchu, ainsi en est-il de sa postérité. La parole de Dieu n’a pas d’entrée dans le cœur de l’homme non régénéré ; mais ce cœur est dans un tel état, qu’il est ouvert au mensonge de Satan ; c’est pourquoi le Seigneur dit à Nicodème : « Il vous faut être nés de nouveau ».

Mais il est important de remarquer le moyen employé par Satan pour ébranler la confiance d’Ève en la vérité de Dieu, et la placer sous la puissance de la « raison » impie. Satan y est parvu en ébranlant la confiance d’Ève en l’amour de Dieu et en ce que Dieu a dit ; et par la suite, en insinuant à Ève que le témoignage de Dieu n’est pas fondé sur l’amour. « Car », dit-il, « Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ». C’est comme si le diable avait dit : « Il y a un avantage positif à manger de ce fruit dont Dieu veut vous priver ; pourquoi donc croiriez-vous le témoignage de Dieu ? Vous ne pouvez pas placer votre confiance en quelqu’un qui, évidemment, ne vous aime pas ; car s’il vous aimait, vous empêcherait-il de jouir d’un privilège réel et positif ? » Si Ève s’était reposée simplement sur la bonté infinie de Dieu, elle aurait été en sécurité et aurait résisté à l’influence de tout ce raisonnement ; elle aurait répondu au serpent : « J’ai toute confiance en la bonté de Dieu, et je tiens pour impossible qu’il ne me prive d’aucun bien réel. Si ce fruit était bon pour moi, il me le donnerait assurément, et le fait que Dieu me le défend prouve que, si j’en mangeais, au lieu de m’en trouver mieux, je n’en serais que beaucoup moins bien. Je suis convaincue de l’amour et de la vérité de Dieu, et je te tiens pour un méchant, venu ici pour détourner mon cœur de la source de toute bonté et de toute vérité : Arrière de moi, Satan ! » Cette réponse eût été juste mais Ève ne l’a pas faite : sa confiance en l’amour et en la vérité a cédé, et tout a été ainsi perdu. Le cœur de l’homme déchu n’a plus de place pour l’amour ni pour la vérité de Dieu ; il est étranger à l’un comme à l’autre, jusqu’à ce qu’il soit renouvelé par le Saint Esprit.

En contraste avec le mensonge, la Vérité est venue par Jésus Christ

Si le mensonge a pour père Satan, l’amour de Dieu et sa vérité, se sont révélés par la mission du Seigneur Jésus, qui vint du sein du Père dans le but de révéler ce que Dieu est véritablement. « La grâce et la vérité », les deux choses que l’homme a perdues par la chute, « vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17), Jésus a été le témoin fidèle de ce que Dieu est (Apoc. 1:5). La vérité révèle Dieu tel qu’il est ; mais cette vérité en Jésus est unie à la révélation de la grâce parfaite. En sorte que la révélation de ce que Dieu est, au lieu d’être pour la perte du pécheur, devient le fondement de son éternel salut. « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3). Nous ne pouvons pas connaître Dieu et ne pas avoir la vie. La perte de la connaissance de Dieu fut la mort ; mais la connaissance de Dieu est la vie. Ceci place la vie entièrement en dehors de nous, et la fait dépendre de ce que Dieu est. Quel que pourrait être le degré de connaissance de soi-même auquel on serait arrivé, il n’est pas dit : « C’est ici la vie éternelle qu’ils se connaissent eux-mêmes », bien que, sans doute, la connaissance de Dieu et la connaissance de soi-même soient, sous beaucoup de rapports, liées l’une à l’autre. La vie éternelle est liée à la connaissance de Dieu et non à la connaissance de soi-même : Connaître Dieu tel qu’il est, c’est la vie ; et tous « ceux qui ne connaissent pas Dieusubiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur » (2 Thes. 1:9).

Il est de la plus haute importance de reconnaître que ce qui constitue véritablement la condition de l’homme et sa position, c’est sa connaissance ou son ignorance de Dieu. C’est là ce qui est la marque de la condition de l’homme, et ce qui détermine sa destinée future. Si l’homme est mauvais dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses actions, cela vient de ce qu’il est sans la connaissance de Dieu ; si, d’un autre côté, il est pur en pensées, saint dans sa conversation, plein de grâce dans ses œuvres, tout cela n’est que le résultat pratique de la connaissance qu’il a de Dieu.

Il n’en est pas autrement pour ce qui concerne l’avenir de l’homme. Connaître Dieu est le fondement solide d’un bonheur infini, et d’une gloire éternelle ; ne pas le connaître, la perdition éternelle. Tout donc est renfermé dans la connaissance de Dieu : elle vivifie l’âme, purifie le cœur, tranquillise la conscience, élève les affections et sanctifie entièrement le caractère et la conduite.

Est-il donc étonnant que le grand dessein de Satan ait été de dépouiller la créature de la vraie connaissance du seul vrai Dieu ? Il donna une fausse idée de Dieu en suggérant à Ève que Dieu n’était pas bon : cela a été la source secrète de tout le mal. Dès lors, peu importe quelle forme le péché ait prise ; par quel canal il ait coulé, sous quel chef il se soit rangé ou quelle apparence il ait revêtue, tout découle toujours de cette seule et même source : l’ignorance de Dieu. Le moraliste le plus raffiné et le plus cultivé, l’homme le plus dévot, le philanthrope le plus bienveillant, s’ils ne connaissent pas Dieu, sont aussi loin de la vie et de la vraie sainteté que le publicain ou la femme de mauvaise vie (Luc 18:9-14 & Jean 8:2-11). Le fils prodigue était tout aussi pécheur et tout aussi éloigné du père au moment où il franchissait le seuil de la maison paternelle, que lorsqu’il paissait les pourceaux dans le pays lointain (Luc 15:13-15). Il en fut de même dans le cas d’Ève. Du moment qu’elle se fut soustraite à la main de Dieu ; qu’elle fut sortie de la position de dépendance absolue de sa Parole et de la soumission à cette Parole, elle s’abandonna à la domination de la convoitise, gouvernée par Satan, pour sa ruine complète.

L’incrédulité donne libre cours à la convoitise

La connaissance du bien et du mal ne servait de rien à l’homme innocent, puisqu’il pouvait vivre dans le bien, alors qu’il n’y avait aucun mal à connaître dans cette belle création. Cette connaissance n’était donc en aucun cas désirable ; mais les paroles du tentateur ont été écoutées. « Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et elle prit de son fruit et en mangea ; et elle en donna aussi à son mari pour qu’il en mangeât avec elle, et il en mangea ». La femme vit. Nous voyons qu’il faut éviter de porter les regards, aussi bien que la main, sur une chose défendue. C’est par les yeux que la convoitise se satisfait premièrement ; et « la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort » (Jacq.1:15). Ève ne voulut pas être seule dans la désobéissance. Combien de fois n’a-t-elle pas été imitée par ceux qui disent : Il n’y a pas que moi qui fasse ainsi. Elle voulut que son mari en mangeât avec elle. Satan sut s’y prendre pour arriver à Adam, en se servant de sa femme ; il n’aurait pas eu le même succès en s’en prenant directement à Adam. Cependant, il est le grand coupable parce qu’il était responsable d’obéir à Dieu. Il devait reprendre sa femme, avec l’autorité qu’il avait de la part de Dieu.

Nous sommes en présence de trois choses, dont parle l’apôtre Jean : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie » (1 Jean 2:16), trois choses qui, comme le dit l’apôtre lui-même, renferment « tout ce qui est dans le monde ». Dès que Dieu eut été exclu, ces choses ont nécessairement dominé. Si nous ne persévérons pas dans l’assurance bienheureuse de l’amour de Dieu et de sa vérité, de sa grâce et de sa fidélité, nous nous livrerons à l’un des principes mentionnés plus haut, ou à tous à la fois, peut-être ; en d’autres termes, nous nous livrerons au gouvernement de Satan.

Le cœur de l’homme est détourné de Dieu, dont il est séparé par le péché, pour être alimenté par ces trois convoitises, qui jamais ne le satisfont. Lorsque le Seigneur, le dernier Adam, descendit sur cette scène, au milieu des ravages du péché, Satan se présenta comme en Éden avec ces trois genres de convoitises, pour chercher à Le détourner du chemin de l’obéissance dans lequel Il était entré en disant : « Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Jésus répondit chaque fois en citant la Parole : « Il est écrit », et « Il est encore écrit » (Matt. 4 et Luc 4). Il a réduit au silence le tentateur, en nous montrant comment nous pouvions résister à un tel ennemi, afin de pouvoir marcher dans le bien avec la connaissance du mal.

Contrairement à Adam, Jésus, comme homme, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2:6), alors qu’en tant que Dieu, ce qu’il était réellement, il n’avait pas besoin de le faire. Le premier Adam, qui n’était qu’un homme, voulut s’élever à être comme Dieu, en abandonnant l’obéissance qui doit caractériser l’homme ; et il tomba, entraînant toute sa race dans la désobéissance. Le Seigneur étant Dieu, le Fils, devint homme pour obéir à Dieu. Satan l’incita à agir comme Dieu, usant de Son pouvoir pour transformer des pierres en pain, ordre qu’Il n’avait pas reçu de Son Père. Il lui répondit par des passages qui s’appliquaient à l’homme, et non à Dieu. Dans cette position, au lieu de s’élever, Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort de la croix. Il descendit dans la mort, notre désobéissance nous avait conduits, afin de nous en délivrer. C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé, et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Le premier Adam voulut être ce qu’il n’était pas. Son ambition, son orgueil, le perdirent ; c’est dès lors ce qui a caractérisé toute sa race. S’élever, vouloir autre chose que ce que Dieu lui donne, sont les principes en activité, jusqu’au moment où l’homme, arrivé à l’apogée des progrès du mal, se présentera comme Dieu, dans Son temple, à Jérusalem (2 Thes.2:4).

Ce sont ces principes, introduits par la chute, qui ont été en activité, aujourd’hui plus que jamais. L’homme n’est jamais satisfait ; il cherche constamment à s’élever, à améliorer sa situation, à s’accorder de nouvelles facilités à tous égards. Et, quand il les a obtenues, il n’est pas satisfait ; il lui en faut d’autres. En sorte que le progrès, tant vanté de nos jours, résulte de la convoitise, qui n’est jamais satisfaite. Il y a cent ans, nos ancêtres vivaient sans les avantages modernes ; ils étaient plus satisfaits, plus heureux, moins agités qu’on ne l’est actuellement. Une seule chose peut satisfaire le cœur : C’est la connaissance de Dieu, révélé en Son Fils bien-aimé ; mais, pour cela, il faut être né de nouveau. Alors on peut être content de ce qu’on a présentement.

 

À proprement parler, le libre arbitre n’existe pas chez l’homme. L’homme qui se gouverne lui-même est, de fait, gouverné par Satan ; sinon, c’est Dieu qui le gouverne. Or, les trois grands agents, par lesquels Satan opère, sont : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ». Ce sont les trois choses que Satan présenta au Seigneur Jésus dans la tentation.

1 Le diable commence par tenter le second Adam, le Seigneur Jésus, en l’engageant à se soustraire à la position de dépendance absolue de Dieu : « Dis que ces pierres deviennent des pains ! » Il ne demande pas à Jésus de faire comme le premier homme, en s’élevant lui-même au-dessus de ce qu’il était ; mais il lui demande de donner des preuves de ce qu’il était.

2 Ensuite il offre à Jésus tous les royaumes du monde et leur gloire ;

3 et, enfin, il le transporte sur le faîte du temple, et là, il lui suggère de se donner soudainement et miraculeusement en spectacle à l’admiration du peuple rassemblé au pied du temple (comparer Matt. 4:1-11 ; et Luc 4:1-13).

Le but évident de chacune de ces tentations était d’induire le Seigneur à dévier de la position d’entière dépendance de Dieu et de la parfaite soumission à sa volonté ; mais tout a été inutile. « Il est écrit », telle a été la réponse invariable de l’homme seul dépendant, seul dépouillé de lui-même, seul parfait. D’autres ont pu entreprendre de se gouverner eux-mêmes : quant à lui, Dieu seul le gouverna. Quel exemple pour les fidèles dans toutes les circonstances dans lesquelles ils peuvent être placés ! Jésus s’en est tenu à l’Écriture et a été vainqueur ; sans autre épée que celle de l’Esprit, il a soutenu la lutte et a remporté une glorieuse victoire. Quel contraste entre lui et le premier Adam ! À celui-ci, tout parlait pour Dieu ; au second Adam, tout parlait contre Dieu. L’un possédait le jardin avec toutes ses délices : l’autre était au milieu du désert et de toutes ses privations ; le premier a mis sa confiance en Satan ; le second s’est confié en Dieu ; le premier a été complètement vaincu ; le second complètement victorieux. Béni soit le Dieu de toute grâce, qui a placé notre sort entre les mains de Celui qui est si puissant pour vaincre, si puissant pour sauver !

Les yeux de l’homme s’ouvrent, il découvre qu’il est nu

Ce que Satan avait dit arriva : Leurs yeux furent ouverts, non sur des choses désirables, apanage de Dieu seul, comme Satan le faisait croire, mais sur leur nudité, sur leur état de péché, vu aussitôt dans sa laideur ; vue qu’ils ne purent supporter, et qu’ils cherchèrent aussitôt à cacher à leurs propres yeux au moyen de feuilles de figuier. Voilà l’homme tombé. Sans l’intervention du médiateur entre Dieu et les hommes, le Seigneur Jésus Christ, il est irrémédiablement perdu ! (1 Tim.2:5-6).

Examinant avec plus de détails jusqu’à quel point Adam et Ève entrèrent dans la jouissance du privilège que Satan leur avait promis Cet examen servira à mettre en lumière un point très important par rapport à la chute de l’homme. L’Éternel Dieu avait tout ordonné pour que, dans la chute et par la chute, l’homme acquît quelque chose qu’il n’avait pas possédé antérieurement, savoir : une conscience ; la connaissance du bien et du mal. Il est évident qu’avant la chute, l’homme ne pouvait pas être doué de cette connaissance. Il ne pouvait avoir aucune idée du mal aussi longtemps que le mal n’était pas là pour être connu par lui ; il était dans un état d’innocence, c’est-à-dire d’ignorance du mal. Dans la chute et par la chute, l’homme acquit une conscience ; et nous voyons que le premier effet de cette conscience est de le troubler et de l’effrayer. Satan avait complètement trompé la femme ; il avait dit : « Vos yeux seront ouverts et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal », mais il avait omis une partie importante de la vérité, savoir qu’ils connaîtraient le bien sans avoir la force de l’accomplir, et qu’ils connaîtraient le mal sans pouvoir l’éviter. La tentative de s’élever sur l’échelle de l’existence morale entraînait la perte de la vraie élévation : l’homme devint un être dégradé, faible, tourmenté par la crainte, poursuivi par sa conscience, un esclave de Satan. « Leurs yeux furent ouverts », il est vrai ; mais ce fut pour voir leur propre nudité, leur triste condition. Ils étaient « malheureux et misérables, et pauvres, et aveugles, et nus », triste fruit de l’arbre de la connaissance ! Adam et Ève n’acquirent aucune connaissance nouvelle de la bonté de Dieu, aucun rayon nouveau de la lumière divine, jaillissant de la source pure et éternelle de cette lumière. Hélas ! non. Le tout premier résultat de leur désobéissance et de leur recherche de la connaissance fut la découverte qu’ils étaient nus.

Il est bon de comprendre ceci ; il est bon également de savoir quelle est l’action de la conscience sur l’âme et d’apprendre qu’elle ne peut faire de nous que des êtres craintifs, en ce qu’elle nous donne le sentiment de ce que nous sommes. Beaucoup de gens se trompent à cet égard et croient que la conscience conduit à Dieu. Voyons-nous qu’elle l’ait fait dans le cas d’Adam et d’Ève ? Assurément non ; et elle ne le fera pour aucun pécheur. Et comment le pourrait-elle ? Comment le sentiment de ce que je suis pourrait-il jamais me conduire à Dieu, si ce sentiment n’est accompagné de la foi en ce que Dieu est ? Le sentiment de ce que je suis produira la honte, les remords, l’angoisse ; il pourra déterminer aussi certains efforts de ma part, pour remédier à la condition qu’il me dévoile ; mais ces efforts même, bien loin de m’amener à Dieu, agissent plutôt comme un rideau qui le dérobera à ma vue.

Ainsi pour Adam et pour Ève, la découverte de leur nudité fut suivie d’un effort de leur part, pour couvrir cette nudité. « Ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures ».

C’est ici la première mention d’une tentative faite par l’homme pour remédier à sa condition par des moyens de sa propre invention ; et, si nous considérons attentivement ce fait, nous en retirerons une profonde instruction quant au caractère réel de la religion de l’homme dans tous les âges.

En premier lieu, nous voyons que, non seulement pour ce qui concerne Adam, mais dans tous les cas possibles, le premier effort de l’homme, pour remédier à sa condition, provient du sentiment de sa nudité. Il est nu, sans contredit ; et toutes ses œuvres sont le résultat de ce qu’il est tel : tous ses efforts ne le tireront jamais de là. Il faut que je sache que je suis revêtu avant de pouvoir faire quoi que ce soit d’acceptable devant Dieu ; et en ceci gît la différence entre le vrai christianisme et la religion de l’homme : le christianisme est fondé sur le fait que l’homme est revêtu, tandis que la religion de l’homme repose sur le fait que l’homme est nu. Le christianisme a pour point de départ ce qui constitue le but de la religion de l’homme. Tout ce que le vrai chrétien fait, il le fait parce qu’il est revêtu, parfaitement revêtu ; et tout ce que fait l’homme naturel religieux il le fait afin d’être revêtu. La différence est immense.

Il n’y pas de remède dans la religion de l’homme

Plus nous examinerons la nature de la religion de l’homme, dans toutes ses phases, mieux aussi nous verrons l’incapacité complète de cette religion pour remédier à l’état de l’homme, ou même pour satisfaire au sentiment qu’il a lui-même de son état. La religion de l’homme peut suffire pour un temps ; elle peut suffire aussi longtemps que la mort, le jugement et la colère de Dieu sont envisagés à distance, si tant est qu’on y pense ; mais quand on en vient à regarder en face ces terribles réalités, on éprouve alors qu’en toute vérité la religion de l’homme est « un lit trop court » pour s’y étendre, « une couverture trop étroite » pour s’en envelopper.

Dès qu’Adam entendit la voix de l’Éternel Dieu dans le jardin, « il craignit », parce que, ainsi qu’il le confesse lui-même, « il était nu » ; oui, nu, malgré la couverture dont il s’était revêtu. Cette couverture ne satisfait pas même sa propre conscience, cela est évident ; car, si sa conscience eût été divinement satisfaite, il n’eût pas craint.

« Si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu » (1 Jean 3:21).

Mais si même la conscience de l’homme ne trouve pas de repos dans les efforts de la religion de l’homme, combien moins la sainteté de Dieu en trouverait-elle là ? La ceinture qu’il avait mise ne pouvait cacher Adam aux yeux de Dieu, et il ne pouvait pas non plus se montrer nu en sa présence : c’est pourquoi il s’enfuit pour se cacher. La conscience fait ainsi en tout temps ; elle porte l’homme à se cacher de devant l’Éternel Dieu, et tout ce que sa religion peut donner à l’homme n’est qu’un couvert pour le dérober aux regards de Dieu. C’est un pauvre refuge, car tôt ou tard il faudra que l’homme se rencontre avec Dieu, et s’il ne possède autre chose que le triste sentiment de ce qu’il est, il ne peut qu’être effrayé, il sera nécessairement malheureux. En vérité, plus rien que l’enfer ne manque pour compléter le tourment de celui qui, sachant qu’il doit se rencontrer avec Dieu, ne connaît que sa propre incapacité de paraître devant lui.

Adam n’aurait pas craint s’il eût connu l’amour parfait de Dieu, car « il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait chasse la crainte, car la crainte porte avec elle du tourment ; et celui qui craint n’est pas consommé dans l’amour » (1 Jean 4:18). Adam ne savait pas cela, parce qu’il avait cru le mensonge de Satan. S’il pensait que Dieu n’était rien moins qu’amour ; aussi eût-il fait tout autre chose plutôt que de se hasarder à paraître en sa présence. Cela était d’ailleurs impossible ; le péché était là, et Dieu et le péché ne peuvent se trouver ensemble. C’est pourquoi aussi longtemps qu’il y a du péché sur la conscience, il y a aussi conscience de l’éloignement de Dieu. « Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1:13). Le péché, quelque part qu’il se trouve, ne peut que rencontrer la colère de Dieu.

Conclusion

La connaissance promise par Satan fit de l’homme un être conscient du bien et du mal, mais sans capacité pour éviter le mal. Il acquit, par ce fait, la conscience, faculté de discerner le bien du mal, mais qui n’en est pas la mesure. Pour l’avoir, il faut qu’elle soit éclairée par la Parole de Dieu. Elle n’est pas, comme on l’entend dire souvent, quelque chose de divin dans l’homme, qu’il faut cultiver, pour l’élever à Dieu. Cette faculté, au lieu de l’élever à Dieu, lui en donne la frayeur, car elle lui dit qu’il L’a offensé. Il Le fuit, même lorsqu’Il l’appelle pour lui faire grâce. Il préfère se justifier lui-même en accusant Dieu. Cette constatation du mal le pousse à le cacher, à lui-même et aux autres ; ce qu’Adam et sa femme firent, en se faisant des ceintures de feuilles de figuier, figure de la religion de la chair, de la propre justice, par laquelle l’homme cherche à faire taire la voix de sa conscience, tandis qu’il est loin de Dieu. On a dit que la religion de la chair était suffisante tant qu’on n’en avait pas besoin. Lorsqu’il faut paraître devant Dieu, elle ne sert de rien.

Puisque la conscience n’est pas la mesure du bien et du mal, nous comprenons l’importance, pour le chrétien, d’être éclairé, en toutes choses, par la Parole de Dieu. Il faut progresser dans la connaissance de ce qui convient à Dieu. Il ne faut pas se fier à sa conscience, qui peut se cautériser, si l’on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on peut être libre de faire telle ou telle chose en bonne conscience ; mais, en progressant dans la connaissance de Dieu, la lumière nous éclaire de plus en plus, et nous voyons que ce qui ne nous gênait pas jusque-là n’était pas selon Dieu. Il faut travailler à maintenir une bonne conscience, s’y exercer comme l’apôtre Paul le faisait, « devant Dieu et devant les hommes », en vivant dans la présence de Dieu et dans Sa communion. Alors on ne dira pas : Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela ? Poser la question, c’est la résoudre affirmativement. Pourquoi ne pas montrer le bien qu’il y a ? Si on ne le fait pas, c’est qu’il n’y en a pas.

La conscience est le point vulnérable chez le pécheur ; c’est par là que Dieu peut l’atteindre, au moyen de Sa Parole. Une fois qu’elle l’a convaincu de péché, qu’il a compris que la religion de la chair, les feuilles de figuier, ne peuvent pas cacher ses péchés, aux yeux de Dieu, il accepte la justice dont Dieu veut le revêtir, Christ Lui-même. Il peut alors se tenir devant Dieu avec une bonne conscience, puisqu’elle est déchargée de tous ses péchés. C’est ce que nous verrons plus loin.

Mais il n’y a pas seulement la conscience de ce que je suis ; il y a aussi, Dieu en soit béni, la révélation de ce que Dieu est ; et c’est la chute de l’homme qui a réellement donné lieu à cette bienheureuse révélation. Dieu ne s’était pas révélé lui-même pleinement dans la création ; il avait montré par elle « sa puissance éternelle et sa divinité » (Rom. 1:20) ; mais il n’avait pas révélé, dans leur profondeur, tous les secrets de sa nature et de son caractère. Satan se trompa donc bien en venant s’ingérer dans la création de Dieu ; il se fit ainsi l’instrument de sa propre ruine et de son éternelle confusion : « Le trouble qu’il avait préparé retombera sur sa tête, et sa violence descendra sur son crâne » (Ps. 7:16). Le mensonge de Satan ne fit que fournir l’occasion pour la pleine manifestation de la vérité quant à Dieu. La création n’aurait jamais pu manifester ce que Dieu est. Il y avait en Dieu infiniment plus que de la sagesse et de la puissance ; il y avait en lui l’amour, la miséricorde, la sainteté, la justice, la bonté, la tendresse, la longanimité. , ailleurs que dans un monde de pécheurs, toutes ces perfections auraient-elles pu être manifestées ?