«Où es-tu ?» - « Qu’est-ce que tu as fait ? »

Le texte est extrait de commentaires de C.H. Mackintosh & de S. Prod’hom

 

CONTENU

Lecture dans Genèse 3

Préambule

Introduction

« Où es-tu ? » Dieu cherche l’homme et l’appelle

« Qu’est-ce que tu as fait ? » Dieu questionne la femme et Satan

Dieu s’adresse à la femme ensuite à Adam

Adam donne le nom d’Eve à sa femme – foi d’Adam

Dieu revêt l’homme de la justice de Christ

Dieu chasse l’homme d’Eden, l’éloigne de l’arbre de vie terrestre

Conclusion

 

Lecture dans Genèse 3

8 Et ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au frais du jour. Et l’homme et sa femme se cachèrent de devant l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. 9 Et l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? 10 Et il dit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. 11 Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? 12 Et l’homme dit : La femme que tu [m’]as donnée [pour être] avec moi, — elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. 13 Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Qu’est-ce que tu as fait ? Et la femme dit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. 14 Et l’Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; 15 et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon. 16 À la femme il dit : Je rendrai très-grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants, et ton désir sera [tourné] vers ton mari, et lui dominera sur toi. 17 Et à Adam il dit : Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’ai commandé, disant : Tu n’en mangeras pas, — maudit est le sol à cause de toi ; tu en mangeras [en travaillant] péniblement tous les jours de ta vie. 18 Et il te fera germer des épines et des ronces, et tu mangeras l’herbe des champs. 19 À la sueur de ton visage tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, car c’est de lui que tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras à la poussière.

20 Et l’homme appela sa femme du nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants.

21 Et l’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des vêtements de peau, et les revêtit.

22 Et l’Éternel Dieu dit : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ; et maintenant, — afin qu’il n’avance pas sa main et ne prenne aussi de l’arbre de vie et n’en mange et ne vive à toujours… ! 23 Et l’Éternel Dieu le mit hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol, d’où il avait été pris : 24 il chassa l’homme, et plaça à l’orient du jardin d’Éden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie.

Préambule

Ce message fait suite au message qui traite le paragraphe précédent dans lequel Satan, usant de ruse a introduit dans le cœur le doute quant à Dieu en posant la question « Quoi, Dieu a dit ? ». La femme préférant croire le père du mensonge, le Diable, doutant de l’amour de Dieu, se laissa séduire, et fit, avec son mari, ce que Dieu avait formellement défendu !

Ils étaient dès lors conscients de ce qu’était le mal et le bien ! Découvrant leur nudité, aussi bien morale que corporelle, ils se font des ceintures de feuilles de figuier, essayant de couvrir leur nudité morale par la religion de l’homme, celle de la terre, devenue maudite à cause du péché, introduit par ce premier acte de désobéissance.

Dieu entre maintenant en scène.

Introduction

Au chapitre 3, nous trouvons, hélas ! ce qui a toujours eu lieu chez l’homme quand Dieu lui confie une responsabilité quelconque, — la désobéissance et la chute. La subtilité de l’ennemi caché de nos âmes est à l’œuvre immédiatement. Son premier effet est la défiance qu’il inspire à l’homme à l’égard de Dieu ; ensuite viennent les convoitises et la désobéissance, l’injure complète faite à la vérité et à l’amour divin ; l’attrait des affections naturelles sur l’homme, la conscience de la nudité et de l’impuissance, les efforts pour se cacher à soi-même cette nudité 

Ainsi pour Adam et pour Ève, la découverte de leur nudité fut suivie d’un effort de leur part, pour couvrir cette nudité.

C’est ainsi que, étranger à Dieu, à cause du péché, l’homme tente de remédier à sa condition par des moyens de sa propre invention. C’est la religion de l’homme.

Dès qu’Adam entendit la voix de l’Éternel Dieu dans le jardin, « il craignit », parce que, ainsi qu’il le confesse lui-même, « il était nu » ; oui, nu, malgré la couverture dont il s’était revêtu. Cette couverture ne satisfait pas même sa propre conscience, cela est évident ; car, si sa conscience avait été divinement satisfaite, il n’aurait pas craint.

Mais si même la conscience de l’homme ne trouve pas de repos dans les efforts de la religion de l’homme, combien moins la sainteté de Dieu en trouverait-elle là ?

La ceinture qu’il avait mise ne pouvait cacher Adam aux yeux de Dieu, et il ne pouvait pas non plus se montrer nu en sa présence : c’est pourquoi il s’enfuit pour se cacher.

Tôt ou tard il faudra rencontrer Dieu, et si l’homme ne possède autre chose que le triste sentiment de ce qu’il est, il ne peut qu’être effrayé, il sera nécessairement malheureux. En vérité, plus rien que l’enfer ne manque pour compléter le tourment de celui qui, sachant qu’il doit se rencontrer avec Dieu, ne connaît que sa propre incapacité de paraître devant lui.

Aussi, ce même homme n’aurait pas de raison de craindre, si il avait connu l’amour parfait de Dieu, car « il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait chasse la crainte, car la crainte porte avec elle du tourment ; et celui qui craint n’est pas consommé dans l’amour » (1 Jean 4:18).

Aussi longtemps qu’il y a du péché sur la conscience, il y a aussi conscience de l’éloignement de Dieu.

Mais il n’y a pas seulement la conscience de ce que je suis ; il y a aussi, Dieu en soit béni, la révélation de ce que Dieu est.

C’est la chute de l’homme qui a réellement donné lieu à cette bienheureuse révélation.

Dieu ne s’était pas révélé lui-même pleinement dans la création ; il avait montré par elle « sa puissance éternelle et sa divinité » (*) (Rom. 1:20) ; mais il n’avait pas révélé, dans leur profondeur, tous les secrets de sa nature et de son caractère. Satan se trompa donc bien en venant s’ingérer dans la création de Dieu ; il se fit ainsi l’instrument de sa propre ruine et de son éternelle confusion : « Le trouble qu’il avait préparé retombera sur sa tête, et sa violence descendra sur son crâne » (Ps. 7:16). Le mensonge de Satan ne fit que fournir l’occasion pour la pleine manifestation de la vérité quant à Dieu.

La création n’aurait jamais pu manifester ce que Dieu est.

Il y avait en Dieu infiniment plus que de la sagesse et de la puissance ; il y avait en lui l’amour, la miséricorde, la sainteté, la justice, la bonté, la tendresse, la longanimité. , ailleurs que dans un monde de pécheurs, toutes ces perfections auraient-elles pu être manifestées ?

« Où es-tu ? » Dieu cherche l’homme et l’appelle

8 Et ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au frais du jour. Et l’homme et sa femme se cachèrent de devant l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. 9 Et l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? 10 Et il dit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. 11 Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? 12 Et l’homme dit : La femme que tu [m’]as donnée [pour être] avec moi, — elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.

Adam et Ève, entendant la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au frais du jour, se cachèrent au milieu des arbres du jardin. Ayant acquis une conscience, elle leur faisait comprendre que le péché était incompatible avec la présence de Dieu avec lequel, dans l’innocence, ils pouvaient avoir librement des rapports. Maintenant, ils Le fuient.

L’Éternel appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? ». Question solennelle, qui établit le fait que Dieu prend connaissance de ce que fait l’homme, et qu’il faut avoir affaire avec Lui une fois ou l’autre, en grâce ou en jugement. Cette question se pose à chacun aujourd’hui, en vue de son salut. Un jour, cette même voix fera sortir de leurs sépulcres ceux qui n’auront pas répondu à la voix de la grâce, pour paraître, avec tous leurs péchés devant le grand trône blanc alors qu’il n’y aura plus d’arbres pour se cacher, les cieux et la terre ayant disparus.

D’abord, Dieu était descendu pour créer ; ensuite, après que le serpent se fut permis de s’immiscer dans la création, Dieu descendit pour sauver.

C’est ce que nous révèlent les premières paroles de l’Éternel Dieu, après la chute de l’homme : « Et l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? » (vers. 9).

 Cette question prouvait deux choses, savoir que l’homme était perdu et que Dieu était venu pour le chercher ; elle prouvait le péché de l’homme et la grâce de Dieu.

Adam n’était plus dans la position où Dieu l’avait placé. Il était séparé de Dieu par le péché. À Caïn, Il dira : « Qu’as-tu fait ? ». Ces deux questions sont en rapport avec les deux côtés de la condition de l’homme pécheur : sa position et sa culpabilité. L’homme est perdu parce qu’il est un enfant d’Adam pécheur ; il est coupable à cause de ce qu’il a fait. Un petit enfant naît perdu ; en grandissant, il péchera et deviendra coupable.

Adam répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché ». Les feuilles de figuier étaient inutiles. Adam ne dit pas : J’étais nu, et j’ai caché ma nudité ; mais : Je suis nu. Nous l’avons déjà dit : La religion de la chair, la propre justice, ne sert de rien, lorsqu’il faut paraître devant Dieu. L’homme admet bien qu’il a fait quelques péchés, mais il a sa mesure pour en apprécier la gravité ; il ne se préoccupe pas de ce que Dieu en pense.

Quelle fidélité, quelle grâce merveilleuse dans cette parole qui, par elle-même, dévoile la réalité de la condition de l’homme, et révèle le vrai caractère de Dieu et sa disposition à l’égard de l’homme déchu. L’homme était perdu ; mais Dieu est descendu pour le chercher, pour le faire sortir du lieu où il s’était caché au milieu des arbres du jardin, afin de lui faire trouver, dans l’heureuse confiance de la foi, un lieu de refuge en lui-même. C’était la grâce.

Pour créer l’homme de la poussière de la terre, il suffisait de la puissance ; pour chercher l’homme dans son état de perdition, il fallait la grâce.

Mais qui pourrait exprimer tout ce que renferme l’idée que Dieu cherche, que Dieu cherche un pécheur ! Qu’est-ce que le Dieu bienheureux a pu voir dans l’homme déchu pour l’engager à le chercher ? Il a vu en lui ce que le berger vit dans la brebis perdue, ce que la femme vit dans la drachme, et ce que le père de l’enfant prodigue vit dans son fils : le pécheur a du prix aux yeux de Dieu.

Comment donc l’homme pécheur répond-il à la fidélité et à la grâce du Dieu béni, qui l’appelait et lui disait : « Où es-tu ? » Hélas ! la réponse d’Adam ne fait que révéler la profondeur du mal dans lequel il était tombé. « Et il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? Et l’homme dit : La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle, m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (vers. 10-12).

Pour lui faire accepter le salut, Dieu commence par lui montrer ce qu’est le péché à Ses propres yeux. « L’Éternel Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? ». Dieu s’adresse à l’homme parce que c’est lui qui est responsable. Mais, au lieu de reconnaître sa faute, il cherche à se justifier en la rejetant sur sa femme et, indirectement, sur Dieu, disant : « La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé ». C’était dire : Si Tu ne m’avais pas donné cette femme, cela ne serait pas arrivé. Tel est le cœur naturel. Lorsque le mal vient en évidence, au lieu de l’avouer franchement, il cherche à en rejeter la faute sur autrui, même sur Dieu. Le péché a complètement perverti les pensées de l’homme ; tout en lui est faussé, malgré la conscience. Dans l’innocence, Adam reconnaissait en Dieu la bonté qui l’avait placé au sein de cette belle création, ayant complété son bonheur par le don d’une épouse. Maintenant, ce Dieu lui apparaît comme la cause de son malheur dans ce qu’Il lui avait donné de meilleur. Dieu est un objet de terreur pour l’homme ; et pourtant, rien n’a changé, en Lui, à son égard. Tel est l’homme aujourd’hui. Christ a dû venir pour établir la vérité à tous égards : ce qu’est Dieu, l’homme, le monde, le bien, le mal.

La conscience du bien et du mal que l’homme a acquis par sa désobéissance, développe en lui la frayeur de Dieu qui le porte à se cacher de Lui, mais il est confronté à l’impossibilité d’y réussir ! Il manifeste de plus la disposition naturelle à se justifier, aux dépens des autres et même de Dieu, de ce dont on est soi-même coupable !

Adam rejette, de fait, sa honteuse chute sur les circonstances dans lesquelles Dieu l’avait placé ; c’est-à-dire indirectement sur Dieu lui-même. Il en a toujours été ainsi de l’homme déchu ; il accuse tout le monde et toutes choses, excepté lui-même. L’âme vraiment humble, au contraire, demande : « N’est-ce pas moi qui ai péché ? » (1 Chr.21:17). Si Adam se fût connu lui-même, son langage eût été bien différent de ce qu’il fut ; mais Adam ne connaissait ni lui-même, ni Dieu ; c’est pourquoi, au lieu de s’accuser lui-même tout seul, il jette la faute sur Dieu.

Telle était l’affreuse condition de l’homme. Il avait tout perdu : sa domination, sa dignité, son bonheur, son innocence, sa pureté, sa paix et, ce qui était pire encore, il accusait Dieu d’être la cause de sa misère. Il était là, un pécheur perdu et coupable, et, néanmoins, se justifiant lui-même et accusant Dieu.

L’homme, non seulement accuse Dieu de sa chute, mais il lui reproche aussi de le laisser dans cet état. Il y a des gens qui disent qu’ils ne peuvent pas croire, à moins que Dieu ne leur donne le pouvoir de croire ; et encore, qu’à moins d’être les objets des décrets éternels de Dieu, ils ne peuvent pas être sauvés. Or il est certain que nul ne peut croire l’Évangile, si ce n’est par la puissance du Saint Esprit ; et il est également vrai que ceux qui croient ainsi l’Évangile sont les bienheureux objets des conseils éternels de Dieu. Mais tout cela met-il de côté la responsabilité sous laquelle l’homme se trouve de croire le témoignage clair et simple que l’Écriture place devant lui ? Non, assurément au contraire, tout révèle la méchanceté du cœur de l’homme qui le porte à rejeter le témoignage de Dieu, qui est clairement révélé ; et à prétexter, comme motif de ce rejet, le décret de Dieu, qui est un profond secret, connu de Dieu seul. Mais cette excuse ne profitera à personne ; car il est écrit, 2 Thes. 1:8-9, que ceux « qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ, subiront le châtiment d’une destruction éternelle ». Les hommes sont responsables de croire l’Évangile, et seront punis pour ne l’avoir pas cru. Ils ne sont pas responsables de connaître ce qui, dans les conseils de Dieu, n’a pas été révélé, et nul ne peut être tenu pour coupable d’être dans l’ignorance à cet égard. L’apôtre pouvait dire aux Thessaloniciens : « Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection ». Comment le savait-il ? Était-ce parce qu’il avait pu lire les pages du secret de Dieu et de ses desseins éternels ? — Nullement ; mais « parce que notre Évangile n’est pas venu à vous en parole seulement, mais aussi en puissance » (1 Thes. 1:4-5). Voilà ce qui fait connaître les élus ; l’Évangile venant en puissance est la preuve manifeste de l’élection de Dieu. Ceux qui se font des conseils de Dieu un prétexte pour rejeter le témoignage de Dieu, ne cherchent au fond qu’une misérable excuse pour continuer à vivre dans le péché. De fait, ils ne se soucient pas de Dieu ; et ils montreraient plus de droiture en l’avouant franchement, qu’en avançant ce prétexte.

Voir le message intitulé : « Personne n’est prédestiné à la condamnation éternelle ! Mais pour refus de la grâce de Dieu ! »

« Qu’est-ce que tu as fait ? » Dieu questionne la femme et Satan

13 Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Qu’est-ce que tu as fait ? Et la femme dit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. 14 Et l’Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; 15 et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon.

La question est pour la femme, pas pour Satan qui se manifeste au travers du serpent.

Dieu annonce, non la bénédiction ou le rétablissement de l’homme, non des promesses qui lui soient faites, mais le jugement porté sur le serpent et dans ce jugement la promesse faite au second Adam, homme vainqueur, qui en grâce doit naître du sein de la faiblesse et de la chute. C’est, en effet, la Semence de la femme qui doit écraser la tête du serpent.

Dieu s’adresse à la femme, en disant : « Qu’est-ce que tu as fait ? ». Elle répondit : « Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé ». Au serpent, Dieu ne pose pas de question ; Il lui dit : « Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence ». De tous les animaux, le serpent est le seul, dans le millenium, qui ne jouira pas de la restauration de la création. En És. 65, après la description de la terre millénaire, sous laquelle les animaux carnassiers retourneront à leur état primitif : « Le lion mangera de la paille comme le bœuf », il est dit : « et la poussière sera la nourriture du serpent » (v. 25). Le serpent est un animal dont la vue même produit l’effroi. Mais Dieu ne s’arrête pas au jugement de l’animal dont le diable s’est servi ; Il lui annonce que la semence de la femme lui brisera la tête, et que lui, lui brisera le talon. C’est la grâce qui apparaît, dans toute sa beauté, dès que le péché est introduit et que l’homme s’est placé sous le pouvoir de Satan. « Car on est esclave de celui par qui on est vaincu » (2 Pierre 2:19). Cette semence de la femme est le Fils de Dieu, devenu homme, ici-bas pour délivrer l’homme du pouvoir de Satan, en subissant à sa place le jugement de Dieu. En Héb. 2:14-15, il est dit : « Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé, afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ». Mais cette victoire ne pouvait être remportée sans que cette semence de la femme, l’Agneau de Dieu, endurât les souffrances indicibles de la croix. Par la désobéissance, Satan avait perdu l’homme ; et, par Son obéissance, le Fils de l’homme l’a sauvé. Satan voulait la mort de l’homme ; le Fils de l’homme l’a subie. En vertu de cette œuvre, Satan n’a aucun pouvoir sur le croyant. C’est à Satan, non à Adam, que Dieu annonce la venue de Celui qui lui ôterait son pouvoir. À Adam, il n’est fait aucune promesse ; la grâce lui sera offerte en vertu de l’œuvre qui a rendu possible le salut de l’homme qui avait péché. Toutes les promesses reposent sur le dernier Adam.

On voit, dans l’histoire de l’homme jusqu’à Christ, tous les efforts que Satan accomplit pour empêcher l’apparition de la semence de la femme. Il a poussé l’homme au mal afin que Dieu le détruisît par le déluge ; mais Dieu a déjoué ses plans en sauvant Noé. Plus tard, comme le libérateur devait venir de la famille de David, il chercha maintes fois à l’éteindre, entre autres par la méchante Athalie, qui voulut faire périr toute la race royale. Nous voyons, jusqu’à la destruction des petits enfants de Bethléem et la croix, tous ses vains efforts pour empêcher l’exécution de la sentence prononcée sur lui en Éden.

C’est aussi en vue de la naissance du Christ et de l’établissement de Son règne que Dieu eut soin de donner les dates, tout au long de l’Ancien Testament, afin que l’on sût quand viendrait le Libérateur ; car la venue du Fils de Dieu et Sa glorieuse personne constituent le point culminant, le grand sujet de toute la révélation divine. Il n’est pas donné de dates dans le Nouveau Testament, puisqu’il commence par la naissance du Seigneur. Le temps que l’Église passe sur la terre ne fait pas partie des temps prophétiques. Après son enlèvement, ces temps-là recommenceront à compter ; il n’en reste que la dernière semaine de Daniel 9 à accomplir, mentionnée dans Apoc. 12:6, 14 ; 13:5Dan.7:24 ; 9:27 ; 12:11.

Nous voyons ainsi que, c’est précisément quand l’homme se montre complètement démuni que Dieu commença à se révéler lui-même, et à déployer les desseins de son amour rédempteur ; et en cela gît le vrai fondement de la paix, et du bonheur de l’homme. Quand l’homme en a fini avec lui-même, Dieu peut montrer ce qu’il est, et pas avant. Il faut que l’homme disparaisse entièrement de dessus la scène avec toutes ses vaines prétentions, ses vanteries et ses raisonnements blasphématoires, avant que Dieu puisse ou veuille se révéler. Ainsi pour Adam, c’est pendant qu’il est caché derrière les arbres du jardin, que Dieu développe le plan merveilleux de la rédemption, par l’instrumentalité de la semence meurtrie de la femme, et nous apprenons ici ce qui seul peut amener l’homme en paix et avec assurance devant Dieu. Nous avons déjà vu l’incapacité de la conscience à cet égard. La conscience chassa Adam derrière les arbres du jardin ; la révélation de Dieu l’amène en la présence de Dieu. La conscience de ce qu’il était le remplit de terreur ; la révélation de ce que Dieu est le tranquillise.

Il y a là quelque chose de très consolant pour un cœur accablé sous le poids du péché. La réalité de ce que Dieu est, fait face à la réalité de ce que je suis, et c’est en cela qu’est le salut. Il faut que Dieu et l’homme se rencontrent, soit en grâce, soit en jugement, et le point de rencontre est là où Dieu et l’homme sont révélés tels qu’ils sont. Heureux ceux qui y arrivent par la grâce ; malheur à ceux qui devront se rencontrer avec Dieu en jugement !

Dieu s’occupe de nous et agit envers nous, selon ce que nous sommes ; et ses voies envers nous découlent de ce qu’il est lui-même. À la croix, Dieu descend en grâce dans les profondeurs non seulement de notre condition négative, mais de notre condition positive, comme pécheurs ; et il nous donne ainsi une parfaite paix. Si Dieu est venu me trouver, dans la position réelle où je suis, et que lui-même ait préparé un remède qui soit à la hauteur du mal dans lequel je suis plongé, tout est pour jamais réglé. Mais tous ceux qui ne voient pas ainsi, par la foi, Dieu en la croix, se rencontreront bientôt avec lui en jugement pour être traités par lui selon ce qu’il est, et selon ce qu’ils sont. Dès qu’une âme est amenée à connaître son état réel, elle n’a pas de repos qu’elle n’ait trouvé Dieu à la croix ; et alors elle se repose en Dieu lui-même. Dieu est le repos et l’asile de l’âme fidèle ; que son nom soit béni !

Les œuvres et la justice de l’homme sont ainsi mises à leur place une fois pour toutes. Ceux qui se reposent sur leurs œuvres et leur justice, on peut le dire avec vérité, ne peuvent pas encore être parvenus à la vraie connaissance d’eux-mêmes ; cela est absolument impossible. Une conscience, réveillée par la puissance divine, ne peut trouver de repos ailleurs que dans le parfait sacrifice du Fils de Dieu. Tous les efforts que fait l’homme pour établir sa propre justice proviennent de l’ignorance dans laquelle il est de la justice de Dieu.

Adam pouvait apprendre, dans la révélation de Dieu concernant « la semence de la femme », l’inefficacité de sa ceinture de feuilles. La grandeur de l’œuvre dont il s’agissait faisait voir l’impuissance de l’homme à l’accomplir. — Il fallait que le péché fût ôté : l’homme pouvait-il accomplir cette œuvre ? Non certainement ! C’est par lui que le péché était entré. — Il fallait briser la tête du serpent : l’homme en était-il capable ? Non, certainement ! Il était devenu l’esclave de Satan. — Il fallait satisfaire aux exigences de Dieu : l’homme le pouvait-il ? Non, c’était impossible ! Il les avait déjà foulées aux pieds.Il fallait détruire la mort : l’homme en avait-il le pouvoir ? Non, il en était incapable, car lui-même, par le péché, il l’avait introduite et lui avait donné son terrible aiguillon. Ainsi de quelque côté que nous nous tournions, nous voyons l’impuissance complète du pécheur, et, par conséquent, la présomptueuse folie de tous ceux qui croient pouvoir aider Dieu dans l’œuvre prodigieuse de la rédemption, comme font tous ceux qui pensent être sauvés autrement que « par la grâce, par la foi ».

Cependant, bien qu’Adam aurait dû voir, et, par la grâce, aurait dû sentir en effet son impuissance à accomplir tout ce qui devait être fait, Dieu néanmoins lui a révélé qu’il allait lui-même accomplir l’œuvre jusque dans les moindres détails, par la semence de la femme. En un mot, Dieu prend en main l’œuvre tout entière il en fait une question entre le serpent et lui-même car, quoique l’homme et la femme auraient dû, individuellement et de diverses manières, moissonner les fruits amers de leur péché, cependant c’est au serpent que Dieu dit : « Parce que tu as fait cela ».

Le serpent a été la cause de la chute et de la misère de l’homme, et la semence de la femme devait être la source de la rédemption.

Dieu s’adresse à la femme ensuite à Adam

16 À la femme il dit : Je rendrai très-grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants, et ton désir sera [tourné] vers ton mari, et lui dominera sur toi.

17 Et à Adam il dit : Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’ai commandé, disant : Tu n’en mangeras pas, — maudit est le sol à cause de toi ; tu en mangeras [en travaillant] péniblement tous les jours de ta vie. 18 Et il te fera germer des épines et des ronces, et tu mangeras l’herbe des champs. 19 À la sueur de ton visage tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, car c’est de lui que tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras à la poussière.

À la femme, Dieu annonce les conséquences de sa désobéissance durant sa vie. Adam, parce qu’il a écouté la voix de sa femme plutôt que la voix de Dieu, qui s’était adressé à lui formellement, devra travailler péniblement un sol maudit, qui lui fera germer des épines et des ronces. Il mangera l’herbe des champs, comme les bœufs, c’est-à-dire les légumes, non plus seulement des fruits, comme dans l’innocence. Il mangera son pain à la sueur de son front, jusqu’à ce qu’il retourne à la poussière d’où il a été pris. Tant pour l’homme que pour la femme, les conséquences du péché sous lesquelles ils étaient désormais, se bornent à la vie présente ; tout homme les endure, même les chrétiens. Mais cela ne concerne pas les conséquences éternelles du péché. Celles-là, Christ les portera, en détruisant le pouvoir de Satan, pour ceux qui croient ; et ceux qui ne croient pas les porteront eux-mêmes éternellement ; mais ce n’est pas ce dont il s’agit, ici. Ce qui concerne l’éternité est traité dans le Nouveau Testament, quoiqu’il y en ait des allusions dans l’Ancien.

Nous voyons le résultat présent de la chute, quant au gouvernement de Dieu, ainsi que la sentence, quant au temporel, prononcée sur Adam et sur la femme, jusqu’à ce que la mort s’empare d’eux, car la mort était cette puissance sous laquelle ils étaient tombés.

Adam donne le nom d’Eve à sa femme – foi d’Adam

20 Et l’homme appela sa femme du nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants.

Après avoir entendu que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, Adam appela sa femme Ève, mot qui vient du verbe hébreu vivre ; parce que, dit-il, elle est la mère de tous les vivants. Il comprit que la délivrance viendrait de là et que, malgré la mort qui serait leur partage, la vie proviendrait de la semence de la femme. Ce passage fait comprendre qu’Adam avait la foi. Il crut Dieu, qui introduirait la vie au sein de la mort qu’il venait d’attirer sur l’homme.

Au point de vue de la nature, Ève pouvait être appelée la « mère de tous les mourants », mais par la révélation de Dieu, la foi voyait en elle la mère de tous les vivants. « Elle appela le nom du fils Ben-oni (fils de ma peine) ; et son père l’appela Benjamin (fils de ma droite) » (Gen.35:18).

Ce fut par l’énergie de la foi qu’Adam supporta les terribles résultats de son péché ; et c’est dans sa miséricorde infinie que Dieu lui accorda d’entendre ce qu’il dit au serpent, avant qu’il lui parlât à lui-même. S’il en avait été autrement, Adam serait tombé dans le désespoir. Il n’y a, en effet, pour nous que désespoir, si nous sommes appelés à nous considérer nous-mêmes, tels que nous sommes, sans pouvoir en même temps contempler Dieu, tel qu’il s’est révélé à la croix, pour notre salut.

Aucun enfant d’Adam ne peut supporter la vue de la réalité de ce qu’il est et de ce qu’il a fait, sans tomber dans le désespoir, à moins qu’il ne puisse trouver son refuge à la croix.

C’est aussi pourquoi, celui qui a trouvé refuge à la croix, ayant cette espérance, n’aura jamais à approcher du lieu tous ceux qui rejettent Christ doivent finalement être détenus. Car, , les hommes auront les yeux ouverts à la réalité de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont fait, sans être capables de chercher du soulagement et un asile en Dieu. Alors « ce que Dieu est » impliquera pour eux une perdition sans espoir, aussi certainement que ce qui implique maintenant le salut éternel, pour tous ceux qui croient. Car, la sainteté de Dieu sera alors éternellement contre eux ; comme elle fait maintenant la joie de tous ceux qui croient. Plus nous réalisons la sainteté de Dieu maintenant, mieux nous connaissons que nous sommes en sûreté ; mais pour les réprouvés, cette sainteté même, et c’est là une pensée solennelle, sera la ratification de leur condamnation éternelle !

Dieu revêt l’homme de la justice de Christ

21 Et l’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des vêtements de peau, et les revêtit.

Il y avait cependant un signe de miséricorde des plus profonds : Dieu les revêt d’un vêtement pour couvrir leur nudité, vêtement qui avait son origine dans la mort qui avait fait son entrée dans le monde, mais maintenant dans la mort d’autrui comme substitut, mort qui cachait par conséquent les effets du péché qui l’avait introduite. L’homme n’était plus nu, ni à ses propres yeux ni aux yeux de ceux qui le regardaient : Dieu lui-même l’avait vêtu.

La grande doctrine de la justice de Dieu est ici mise en lumière dans une figure. La robe dont Dieu avait revêtu Adam était une couverture effective, parce que Dieu l’avait préparée ; tout comme la ceinture de feuilles de figuier était une couverture inefficace et inutile, parce qu’elle était l’œuvre de l’homme. De plus, le vêtement dont Dieu couvrit la nudité de l’homme avait pour origine la mort ; le sang avait coulé : il n’en était pas de même de la ceinture d’Adam. De même maintenant, la justice de Dieu est manifestée à la croix ; tandis que la justice de l’homme se montre dans les œuvres de ses mains, ces œuvres souillées par le péché. Revêtu de la robe de peau, Adam ne pouvait pas dire comme autrefois, sous les arbres du jardin : « J’étais nu ». Il n’avait plus aucun besoin de se cacher.

Le pécheur peut être parfaitement tranquille, quand, par la foi, il sait que Dieu l’a revêtu ; mais jusqu’alors, être tranquille ne pouvait être que le résultat de la présomption ou de l’ignorance. Savoir que la robe que je porte, et dans laquelle j’apparais devant Dieu, m’a été préparée par lui, doit mettre mon cœur parfaitement à l’aise, comme en dehors de là il ne peut y avoir de repos permanent.

Si l’homme était incapable de cacher son état aux yeux de Dieu, ni de rien changer aux conséquences du péché qu’il allait subir toute sa vie, il appartenait ainsi à Dieu de faire le nécessaire pour qu’il pût subsister devant Lui. Ce vêtement de peau dont Dieu a revêtu Adam et Eve est figure de la justice divine, de Christ Lui-même, dont le pécheur est revêtu lorsqu’il croit en l’efficacité de la mort du Sauveur. Si Adam et Ève ne moururent pas sitôt après avoir péché, une victime a dû mourir à leur place, afin de fournir à Dieu le vêtement dont Il les revêtit, puisqu’ils ne pouvaient en aucune manière se le procurer eux-mêmes. Nous voyons donc ici l’évangile apparaître, dans toute sa beauté, au moment où l’homme perdait la vie et s’effondrait, par le péché, tout son bonheur en rapport avec la création première et sa relation d’innocence avec Dieu. Le péché de l’homme a toujours fait ressortir la grâce de Dieu. C’est à la croix, la culpabilité de l’homme a atteint son point culminant, que Dieu a manifesté la plénitude de Son amour pour lui. Aussi comprend-on que le sort de ceux qui refusent la grâce sera terrible, dans l’éternité, et quelle reconnaissance éternelle Lui doivent ceux qui sont sauvés.

Dieu chasse l’homme d’Eden, l’éloigne de l’arbre de vie terrestre

22 Et l’Éternel Dieu dit : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ; et maintenant, — afin qu’il n’avance pas sa main et ne prenne aussi de l’arbre de vie et n’en mange et ne vive à toujours… ! 23 Et l’Éternel Dieu le mit hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol, d’où il avait été pris : 24 il chassa l’homme, et plaça à l’orient du jardin d’Éden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie.

Adam ayant reconnu par la foi que la vie subsiste encore, Ève étant la mère de tous les vivants. Il est, maintenant, justement chassé du jardin, il est privé désormais de toute participation à l’arbre de vie, afin qu’il ne puisse pas perpétuer ici-bas une vie de misères et de douleurs. Le chemin de l’arbre de vie est dorénavant inaccessible à l’homme selon la nature, comme créature de Dieu. Il n’y a pour l’homme aucun retour possible au paradis et à l’innocence. Adam, dans un état de péché et d’éloignement de Dieu, est devenu le père d’une race qui participe de sa condition.

L’homme déchu ne doit pas manger du fruit de l’arbre de vie, de peur que sa misère ne devienne éternelle dans ce monde. Manger du fruit de l’arbre de vie, et vivre éternellement dans notre présente condition, serait le malheur consommé et sans mélange. On ne peut goûter de l’arbre de vie que dans la résurrection. Vivre toujours dans une frêle tente, dans un corps de péché et de mort serait intolérable. C’est pourquoi l’Éternel Dieu « chassa l’homme d’Éden » ; il le chassa dans un monde qui partout présentait à sa vue les tristes résultats de sa chute.

C’était encore une chose qui restait à faire, et qui résultait du changement que le péché avait amené et de la bonté de Dieu envers l’homme pécheur.

L’arbre de vie demeurait encore dans le jardin ; et, si l’homme en avait mangé, il aurait vécu à toujours, mais portant les conséquences du péché, ce qui eût été effectivement affreux. Pour empêcher qu’il ne prît de cet arbre, l’Éternel Dieu le chassa hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol d’où il avait été pris ; « et plaça à l’orient du jardin d’Éden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie ». Là encore apparaît la bonté de Dieu, qui laisse entrevoir l’accomplissement de Ses pensées éternelles de grâce. Si l’accès à l’arbre de vie, dans le paradis terrestre, était rigoureusement défendu par l’épée des chérubins, afin de ne pas perpétuer une race de pécheurs qui auraient gémi indéfiniment sous les conséquences du péché, c’est parce que Dieu voulait ouvrir le chemin du paradis céleste en donnant la vie éternelle, nécessaire pour jouir du bonheur dans la présence de Dieu, dans un monde nouveau. Pour cela, il fallut que le Seigneur rencontrât l’épée du jugement de Dieu, lorsqu’Il se présenta chargé de nos péchés, pour ouvrir le chemin du ciel aux coupables, au travers de la mort. Nous lisons en Zacharie (13:7) : « Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé ; et je tournerai ma main sur les petits ». Le Seigneur avait conduit Ses brebis jusqu’aux portes de la mort, qu’il fallait traverser pour entrer au paradis céleste, dont l’entrée était gardée par l’épée de la justice inflexible du Dieu juste et saint. Mais Il ne pouvait les conduire plus loin sans porter à leur place le jugement qu’elles avaient mérité. Dans ce moment suprême, le troupeau fut dispersé, comme Jésus le dit aux Siens : « Vous me laisserez seul ». Mais, sitôt l’œuvre accomplie, la tête du serpent écrasée, le Seigneur apparaît aux Siens, de l’autre côté de la mort, souffle en eux l’esprit de vie de résurrection, et devient le centre de leur rassemblement, pour le temps et l’éternité.

« Les chérubins » et « la lame de l’épée » interdisaient à l’homme de cueillir du fruit de l’arbre de vie, tandis que la révélation de Dieu dirigeait ses regards vers la mort et la résurrection de la semence de la femme, comme vers la source de la vie, d’une vie qui est en dehors de la puissance de la mort. De cette manière, Adam était plus heureux et dans une plus grande sécurité hors du paradis, qu’il ne l’avait été dans le paradis même ; attendu que s’il était resté dans Éden, sa vie aurait dépendu de lui-même, tandis que, hors du jardin, sa vie dépendait d’un autre, savoir du Christ promis ; et quand Adam levait les yeux en haut et rencontrait « les chérubins et la lame de l’épée », il pouvait bénir la main qui les avait placés là, pour garder le chemin de l’arbre de vie ; parce que cette même main lui avait ouvert un chemin meilleur et plus sûr et plus heureux que vers cet arbre.

Si les chérubins et la lame de l’épée ont fermé le chemin du paradis, le Seigneur Jésus a ouvert « un chemin nouveau et vivant » qui conduit au Père dans le saint des saints. « Je suis le chemin, et la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (comp. Jean 14:6 ; Héb. 10:20).

C’est dans la connaissance de ces choses que le chrétien s’avance maintenant au travers d’un monde maudit, où les traces du péché sont visibles partout ; il a trouvé, par la foi, le chemin qui le conduit au sein du Père ; et tandis qu’il peut se reposer là en secret, il est réjoui par la bienheureuse certitude que Celui qui l’a amené là est allé lui préparer une place dans « les demeures » de la maison du Père et qu’il reviendra pour le prendre et l’introduire avec lui dans la gloire du royaume du Père. Le croyant trouve ainsi, dès à présent, dans l’intimité du Père, dans la maison et le royaume du Père, et sa part, et sa demeure future, et sa glorieuse récompense.

Conclusion

Remarquons combien la chute de l’homme et sa séparation d’avec Dieu sont complètes. Dieu l’avait abondamment béni ; Satan lui suggère l’idée que Dieu lui refuse les bénédictions les plus excellentes, et cela par un esprit supposé de jalousie, de peur que l’homme ne soit semblable à Lui. L’homme se confie à Satan, comme étant rempli de bonté pour lui, plutôt qu’à Dieu, qu’il juge selon le mensonge de l’adversaire. Il croit Satan comme véridique au lieu de Dieu, quand Satan lui dit qu’il ne mourra point, tandis que Dieu lui avait dit qu’il mourrait ; et, pour satisfaire ses convoitises, il rejette le Dieu qui l’avait béni. Ne se confiant pas en Dieu, il suit sa propre volonté comme moyen plus sûr de trouver le bonheur : c’est ce que l’homme fait encore aujourd’hui.

Nous lisons, en Philippiens 2, avec quelle plénitude, à tous ces mêmes égards, le Seigneur Jésus a glorifié Dieu et s’est conduit d’une manière, en tout, opposée à Adam. Nous pouvons remarquer encore qu’Adam agit ainsi pour s’exalter lui-même, pour être comme Dieu par usurpation ; précisément le contraire du Christ, qui, étant dans la gloire divine, ne regardait point comme une usurpation d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même pour se rendre semblable à l’homme, et est devenu obéissant, au lieu de désobéissant, jusqu’à la mort.

Remarquons enfin combien les efforts que l’on fait pour cacher à soi-même son propre péché, apparaissent vains, dès que la présence de Dieu est là. Adam, qui avait couvert sa nudité, parle de lui-même, en la présence de Dieu, tout comme s’il n’avait rien fait pour la couvrir. Il en est de même de tous nos efforts pour justifier ce qui doit cacher notre péché ou prouver notre justice.

De plus, l’homme s’enfuit de devant Dieu, avant même que Dieu, dans sa justice, le chasse de sa présence et le prive de sa bénédiction. Il faut une œuvre et une justice de Dieu pour couvrir la connaissance du bien et du mal dans la désobéissance. Comme représentant de la race, Adam n’a pas de promesses ; il n’y en a pas pour le premier Adam ; elles sont toutes dans le second Adam, la semence de la femme.

Nous voyons aussi que la grâce pouvait agir ; la grâce d’un Dieu qui est au-dessus du péché de l’homme, et c’est ainsi qu’Abel s’approche de Lui par la foi.

Après la chute, s’opère la séparation entre la race de Dieu et celle de l’ennemi, entre celle du monde et celle de la foi.

Abel vient comme coupable et incapable de s’approcher de Dieu, et en mettant la mort d’autrui entre lui et Dieu. Il reconnaît le jugement du péché, il a foi dans l’expiation.

Caïn, travaillant honnêtement là où Dieu l’avait mis pour travailler, extérieurement adorateur du vrai Dieu, n’a pas la conscience du péché : il apporte les fruits mêmes qui sont signes de la malédiction : aveuglement complet du cœur et endurcissement de la conscience d’une race coupable chassée loin de Dieu. Il suppose que tout va assez bien ; pourquoi Dieu ne le recevrait-il pas ? Il n’y a chez lui aucun sentiment du péché et de la chute.

En Caïn, nous voyons alors le péché non seulement contre Dieu, qu’Adam avait pleinement commis, mais contre son prochain, tel qu’on l’a vu à l’égard de Jésus. Caïn est un type frappant de l’histoire des Juifs.

Dans la conduite d’Adam et dans celle de Caïn, nous voyons le péché sous toutes ses formes, comme un tableau mis devant nous : le péché, dans son caractère propre et originel, contre Dieu, puis plus particulièrement contre Christ, en figure dans la conduite de Caïn, avec ses conséquences actuelles manifestées en ce qui regarde la terre.

Dans le cas, soit d’Adam, soit de Caïn, c’est le gouvernement de Dieu sur la terre qui est mis en évidence quant aux effets du péché. Il y a bien là la séparation d’avec Dieu d’un être capable de rapports avec lui et primitivement formé pour ces rapports, mais elle est comme laissée à l’appréciation morale de l’âme.

Adam est expulsé d’un paradis paisible et sans travail, pour labourer la terre et en manger le pain à la sueur de son front. Caïn, dans cette position même, est maudit de la part de la terre, où il est fugitif et vagabond. Mais il veut y être aussi heureux que possible ; annuler, s’il le peut, le jugement de Dieu, et s’établir à son aise comme chez lui sur la terre.

Remarquons aussi les deux solennelles questions de Dieu : « es-tu ?» c’est l’état de l’homme loin de Dieu et privé de tout rapport avec Lui ; et «Qu’as-tu fait ?» c’est le péché commis dans cet état, dont la consommation et le complet témoignage se rencontrent dans le rejet et la mort du Seigneur.

Dans l’histoire de Lémec, nous trouvons, du côté de l’homme, la propre volonté en convoitise : il avait deux femmes, et la vengeance pour sa défense propre ; mais je crois voir, dans le jugement de Dieu, une allusion à cette pensée, que, comme Caïn était le Juif conservé, quoique puni, sa postérité à la fin, avant que l’héritier fût suscité et que les hommes invoquent Jéhovah sur la terre, serait sept fois plus l’objet des soins et de la sollicitude de Dieu. Lémec reconnaît qu’il a tué un homme, mais qu’il sera vengé si l’homme le touche à son tour.

Dans les premiers chapitres de la Genèse, nous trouvons d’abord l’homme dans le cadre des bénédictions de la création, situation dans laquelle il s’est trouvé (Ch.2). Ensuite, nous trouvons la chute de l’homme par laquelle ses relations avec Dieu, sur ce terrain, sont perdues (Ch.3). Et nous trouvons sa méchanceté, en rapport avec la grâce, dans le mauvais état résultant de sa chute (Ch.4). Nous voyons ce que le monde devient, quand le pécheur refusant la grâce, s’arrange à son aise, se procure des plaisirs sans Dieu, qui toutefois le supporte. Cependant, un résidu conservé, l’héritier selon les conseils de Dieu suscité, et les hommes invoquant le nom de Dieu dans ses relations avec eux, c’est-à-dire le nom de l’Éternel.

Chassé de la présence de Dieu, Caïn cherche dans l’importance de sa famille, dans les arts et les jouissances de la vie présente, un soulagement temporel, et s’efforce de rendre le monde, où Dieu l’a renvoyé vagabond, un séjour aussi agréable que possible loin de Dieu.

Le péché a ici le caractère d’oubli de tout ce qui s’est passé dans l’histoire de l’homme, de haine contre la grâce et celui qui en est l’objet et le vase, d’orgueil et d’indifférence, et enfin de désespoir, cherchant un soulagement dans la mondanité.

Aussi trouvons-nous l’homme de grâce (Abel, type de Jésus Christ et des siens) rejeté ici-bas et laissé sans héritage ; l’homme, son ennemi, jugé et abandonné à lui-même, et un troisième homme (Seth), objet des conseils de Dieu, qui devient de Sa part héritier du monde.

Toutefois, il faut se souvenir que ce ne sont que des figures.

Dans la réalité, l’homme rejeté, qui est héritier de tout, est le même que celui qui a été mis à mort : c’est le Saigneur Jésus !