La chair contre l’Esprit et l’Esprit contre la chair

 

CONTENU :

Introduction

Lecture de Genèse chapitre 16

Rappel

Abram dans une phase d’incrédulité

Agar n’était pas l’instrument de Dieu pour accomplir sa promesse

Principe pratique très important pour le croyant

Enseignement doctrinal important

Conclusion

Introduction

Beaucoup de croyants rencontrent des difficultés pour comprendre l’enseignement que Dieu veut nous communiquer dans l’épitre aux Romains, en particulier la situation angoissante de l’âme dans le chapitre 7 et la réponse donnée de Dieu dans le chapitre 8. L’incompréhension de cet enseignement conduit l’âme dans une situation qui l’éloigne de Dieu : soit par le laxisme, comme n’étant pas sous la loi, chemin qui fait retourner l’âme vers le monde, soit par le légalisme qui place alors l’âme sous un joug insupportable. Dans un cas comme dans l’autre, c’est la chair qui agit et pas l’Esprit. C’est le vieil homme qui est en action, et non pas le nouvel homme. C’est dans cette situation que se trouvaient les Galates, qui avaient écouté de faux docteurs, et pour les éclairer, l’apôtre leur dit : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair.  Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez. » (Galates 5 v.16-17).

L’Ancien Testament, nous procure le récit de situations nous permettant, par des exemples ou des « images » concrètes, de mieux comprendre ce que Dieu nous enseigne dans le Nouveau Testament de manière parfois un peu plus abstraite.

Le récit de Genèse 16, où Abraham (alors Abram), Sara (alors Saraï) et Agar, la servante égyptienne sont en scène, nous permet de mieux comprendre l’enseignement que le Seigneur veut nous faire comprendre en particulier dans les chapitres 7 & 8 de l’épitre aux Romains.

Le message s’inspire, dans sa plus grande partie, des commentaires du frère C.H. Mackintosh sur le chapitre 16 de la Genèse

Lecture de Genèse chapitre 16

1 Et Saraï, femme d’Abram, ne lui donnait pas d’enfant ; et elle avait une servante égyptienne, et son nom était Agar. 2 Et Saraï dit à Abram : Tu vois que* l’Éternel m’a empêchée d’avoir des enfants ; va, je te prie, vers ma servante ; peut-être me bâtirai-je [une maison] par elle. Et Abram écouta la voix de Saraï. 3 Et Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, après qu’Abram eut demeuré dix ans au pays de Canaan, et la donna à Abram, son mari, pour femme.

— v. 2 : en hébreu : Voici, je te prie.

4 Et il vint vers Agar, et elle conçut ; et elle vit qu’elle avait conçu, et sa maîtresse fut méprisée à ses yeux. 5 Et Saraï dit à Abram : Le tort qui m’est fait est sur toi : moi, je t’ai donné ma servante dans ton sein ; et elle voit qu’elle a conçu, et je suis méprisée à ses yeux. L’Éternel jugera entre moi et toi ! 6 Et Abram dit à Saraï : Voici, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il sera bon à tes yeux. Et Saraï la maltraita, et elle s’enfuit de devant elle.

7 Mais l’Ange de l’Éternel la trouva près d’une fontaine d’eau dans le désert, près de la fontaine qui est sur le chemin de Shur. 8 Et il dit : Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu, et où vas-tu ? Et elle dit : Je m’enfuis de devant Saraï, ma maîtresse. 9 Et l’Ange de l’Éternel lui dit : Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. 10 Et l’Ange de l’Éternel lui dit : Je multiplierai beaucoup ta semence, et elle ne pourra se nombrer à cause de sa multitude. 11 Et l’Ange de l’Éternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Ismaël*, car l’Éternel a entendu ton affliction. 12 Et lui, sera un âne sauvage* ; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera à la vue de tous ses frères. 13 Et elle appela le nom de l’Éternel qui lui avait parlé : Tu es le *Dieu qui te révèles* ; car elle dit : N’ai-je pas aussi vu ici, après qu’il s’est révélé ? 14 C’est pourquoi on a appelé le puits : Beër-Lakhaï-roï* ; voici, il est entre Kadès et Béred.

— v. 11 : El a entendu. — v. 12 : litt. : un âne sauvage d’homme. — v. 13 : quelques-uns : qui voit ; d’autres : qui me voit ; le reste du verset à l’avenant. — v. 14 : puits du Vivant qui se révèle.

15 Et Agar enfanta un fils à Abram ; et Abram appela le nom de son fils, qu’Agar enfanta, Ismaël. 16 Et Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsque Agar enfanta Ismaël à Abram.

Rappel

Dans les chapitres précédents, nous apprenons qu’Abram a été appelé à sortir de son pays, où régnait l’idolâtrie, et sa parenté pour aller dans le pays que l’Eternel allait lui montrer. Par la même occasion, il lui avait annoncé qu’il deviendrait une grande nation.

Abram fit exactement ce que Dieu lui avait dit de faire, et par la foi, il s’en alla.

Nous le voyons alors dans le pays de Canaan, que les habitants possédaient encore. Il y dresse sa tente, témoignant en cela qu’il était étranger dans le pays, et il bâtit un autel à l’Eternel et invoqua son Nom, témoignant ainsi qu’il était en communion avec Dieu. Pour rappel, la communion avec Dieu n’est possible qu’à la condition d’obéir sur la seule base de la foi, de croire la Parole de Dieu, parce que c’est Lui qui le dit et non pas sur base de ma propre analyse.

Il nous est ensuite rapporté une inflexion dans la vie d’Abram. Lors d’une famine, se basant sur sa propre perception, et ne s’attendant pas à Dieu, son « bon sens » le conduit en Egypte (figure du monde pour nous chrétiens), où il n’a plus une tente et encore moins un autel. Abram, ici, comme cela nous arrive aussi, n’agit plus par la foi, mais par la vue, et se prive de la communion avec Dieu. Le monde l’enrichit beaucoup matériellement, mais lui occasionne une grande perte dans sa relation avec Dieu. Le Seigneur doit alors se servir du prince de ce monde, pour discipliner Abram, en le chassant d’Egypte, afin qu’il refasse le chemin inverse.

On le retrouve ensuite dans le pays que Dieu lui destinait, et la communion avec Dieu, se rétablit par grâce.

Jusque-là, Lot le suivait. Mais une décision importante s’impose, et Lot préfère la fertilité d’un pays arrosé par un fleuve, par voie terrestre, à celle d’un pays, qui dépend des pluies qui descendent du ciel. Abram s’attend à Dieu, et se sépare de Lot qui prend son triste chemin.

Dieu lui refait alors la promesse ferme de donner ce pays de Canaan à sa semence. Abram poursuit sa route pour aller à l’endroit où Dieu le voulait pour y habiter et y bâtir un autel.

Sa communion avec Dieu, sur base de l’obéissance de sa foi, remporte de nombreuses victoires, au point de refuser les biens que lui offrait le roi de Sodome.

Dans le chapitre 15, en réponse au fait qu’il a refusé les bien que lui offrait le Prince de ce monde (le roi de Sodome, figure de Satan), le Seigneur le fortifie dans sa foi, en disant qu’Il était Lui, L’Eternel, son bouclier (sa protection) et sa très grande récompense, récompense consistant en bénédictions célestes qui enrichissent vraiment ! Le livre des Proverbes nous dit : « La bénédiction de l’Éternel est ce qui enrichit, … » (Proverbes 10 v.22). Nous lisons aussi dans l’épitre aux Ephésiens : « Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; … » (Ephésiens 1 v.3)

Mais devant cette affirmation de Dieu, Abram n’ayant pas d’héritier, lui demande ce qu’il lui donnera !

Dieu lui fait la promesse que son héritier sera son fils (Isaac), qui naîtra de ses entrailles, et lui réitère sa promesse d’une descendance nombreuse, comme les étoiles des cieux.

Nous arrivons ainsi au chapitre 16, que nous devons considérer à un double point de vue : un principe pratique d’une haute importance et un éclaircissement doctrinal, qui nous aide à comprendre par des images concrètes, l’enseignement plus abstrait de l’ancien testament.

Notons un fait important, qui sera souligné plus loin, c’est que la présence d’Agar était la conséquence de cette inflexion dans la vie d’Abram, qui l’avait conduit à séjourner en Egypte.

Abram dans une phase d’incrédulité

Dans les 3 premiers versets, nous voyons l’incrédulité s’emparer de l’esprit d’Abram et, encore une fois, le détourner pour un temps du sentier de l’heureuse et simple confiance en Dieu.

« Et Saraï dit à Abram : Tu vois que l’Éternel m’a empêchée d’avoir des enfants » (v. 2)

Ces paroles sont l’expression de l’impatience ordinaire de l’incrédulité !  Abram aurait dû les traiter en conséquence et attendre patiemment du Seigneur l’accomplissement de la promesse, qui lui a été faite encore au chapitre précédent.

Nous noterons que l’Esprit conduit à la patience qui s’attend au Seigneur, la chair conduit à l’impatience ! C’est aussi la raison pour laquelle nous avons besoin de l’office de notre grand Souverain Sacrificateur (voir le message : « La Parole de Dieu et la Sacrificature de Christ, deux ressources du chrétien »).

C’est là une image de notre pauvre cœur naturel, qui préfère tout autre chose à une position d’attente : il aura recours à des expédients, à un plan ; il usera d’une ressource quelconque plutôt que de rester dans une position qui lui pèse.

Ce sont deux choses fort différentes que croire une promesse ou bien en attendre patiemment l’accomplissement. La conduite d’un enfant nous en fournit de nombreux exemples : quand nous promettons quelque chose à l’un de nos enfants, il n’a aucune idée de douter de notre parole ; néanmoins nous pouvons le voir grandement agité, et impatient de savoir quand et comment nous accomplirons notre promesse. Or, la conduite d’un enfant est un miroir dans lequel l’homme le plus sage peut contempler sa propre image.

Abram montre de la foi au chapitre 15 ; et cependant il manque de patience au chapitre 16: et ainsi nous comprenons mieux le sens et la beauté de ce que nous lisons au chapitre 6 de l’épître aux Hébreux : « Afin que vous ne deveniez pas paresseux, mais imitateurs de ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis ».

Dieu fait une promesse et la foi croit cette promesse ; — l’espérance anticipe la promesse et la patience en attend tranquillement l’accomplissement.

Il y a dans le commerce ce qu’on appelle « la valeur actuelle » d’une lettre de change ou d’un billet à ordre : il en est de même dans le monde de la foi ; il y a aussi une valeur présente des promesses de Dieu, et la mesure qui règle cette valeur est la connaissance expérimentale de Dieu dans le cœur : car c’est de notre appréciation de Dieu que dépendra l’évaluation que nous ferons de ses promesses ; de plus, l’âme soumise et patiente trouve une riche et pleine récompense en s’attendant ainsi à Dieu pour l’accomplissement de tout ce qu’il a promis.

Quant à Saraï, ce qu’elle dit à Abram revenait réellement à ceci : « L’Éternel m’a manqué ; peut-être que ma servante égyptienne me sera une ressource ». Tout, excepté Dieu, convient au cœur incrédule ; et on est souvent étrangement surpris de voir à quelles futilités le croyant peut s’attacher, quand une fois il a perdu le sentiment de la présence de Dieu, et qu’il oublie que sa fidélité ne fait jamais défaut et que lui-même suffit à tout. L’âme perd ainsi cette disposition paisible et cet équilibre, si nécessaires pour le témoignage fidèle de celui qui marche par la foi ; comme le monde, elle a recours à toute espèce d’expédients, pour atteindre son but ; et elle appelle cela : « faire un usage louable des moyens ».

Mais c’est une chose amère, et dont les conséquences sont toujours funestes, que de se soustraire à une dépendance absolue de Dieu. Si Saraï avait dit : « La nature m’a fait défaut, mais Dieu est ma ressource », tout eût été bien différent ; elle fût restée sur un terrain vrai, car, de fait, la nature lui avait fait défaut. Mais c’était la nature sous une forme ; et Saraï, qui n’avait pas encore appris à détourner ses regards de la nature sous toutes ses formes, voulut en essayer une autre. Au jugement de Dieu, comme à celui de la foi, la nature ne valait pas mieux en Agar qu’en Sara : la nature, qu’elle soit vieille ou jeune, est la même aux yeux de Dieu et, partant, aux yeux de la foi. Mais cette vérité n’a de puissance sur nous qu’autant que, expérimentalement, Dieu est devenu le centre de notre existence. Du moment que nous détournons nos regards de ce Dieu glorieux, nous sommes capables de nous livrer aux inventions les plus viles de l’incrédulité ; et ce n’est qu’autant que nous nous appuyons sérieusement sur le Dieu vivant, seul vrai et seul sage, que nous pouvons renoncer à tout ce qui est de la créature. Non que nous méprisions les instruments dont Dieu se sert : ce serait de l’indifférence et non de la foi. La foi fait cas de l’instrument, non à cause de lui-même, mais à cause de celui qui l’emploie ; tandis que l’incrédulité ne regarde que l’instrument et fait dépendre le succès de la puissance apparente de cet instrument, au lieu d’en juger d’après la vertu toute-puissante de celui qui, en grâce, se sert de lui. Saül, regardant David, et puis le Philistin, dit au premier : « Tu ne saurais aller contre ce Philistin, pour combattre contre lui ; car tu n’es qu’un jeune garçon ». Mais pour David, la question n’est pas de savoir s’il pourra vaincre le Philistin, mais si l’Éternel en a le pouvoir.

Le sentier de la foi est un sentier très simple et très étroit. La foi ne déifie, ni ne méprise les moyens ; elle les apprécie pour autant que c’est Dieu réellement qui les emploie, et non pas au delà. Or, il y a une différence très grande entre l’emploi que Dieu fait de la créature pour me servir, et l’emploi que l’homme en fait pour exclure Dieu ; on n’y prend pas assez garde. Dieu se servit des corbeaux pour nourrir Élie, mais Élie ne se servit pas d’eux pour exclure Dieu. Quand le cœur est réellement occupé de Dieu, il ne se préoccupe pas des moyens ; il compte sur Dieu, dans la douce assurance que, quels que soient les moyens dont Dieu usera, il bénira, il aidera, il pourvoira.

Agar n’était pas l’instrument de Dieu pour accomplir sa promesse

Or, dans le cas qui nous occupe, il est évident qu’Agar n’était pas un instrument employé de Dieu pour accomplir la promesse qu’il avait faite à Abram. Dieu avait promis un fils à Abram, mais il n’avait pas dit que ce fils serait celui d’Agar, et le récit biblique nous apprend qu’Abram et Saraï, l’un et l’autre, augmentèrent leur peine, en ayant recours à Agar ; car, Agar, « voyant qu’elle avait conçu, méprisa sa maîtresse », et ce fut là le commencement de tous les chagrins qui furent le résultat de leur empressement à recourir à des moyens humains.

La dignité de Saraï fut foulée aux pieds par une esclave égyptienne ; car Agar voyant l’état de faiblesse dans lequel était sa maîtresse, la méprisa.

On ne conserve réellement sa dignité et son autorité qu’autant que l’on demeure dans une position de dépendance. Nul n’est aussi indépendant de tout ce qui l’entoure, que celui qui marche vraiment par la foi et qui ne s’attend qu’à Dieu ; mais dès que l’enfant de Dieu se rend débiteur de la nature ou du monde, il perd la dignité de sa position et ne tarde pas à le sentir.

On ne comprend pas assez la perte qui résulte du plus petit écart dans le chemin de la foi. Tous ceux qui suivent ce chemin rencontreront, sans aucun doute, des épreuves et du travail, mais aussi ils peuvent être assurés qu’ils seront plus que dédommagés par la joie et le bonheur qui deviendront leur partage ; tandis que ceux qui s’écartent de ce chemin, rencontreront des épreuves bien plus grandes, sans compensation aucune.

 « Et Saraï dit à Abram : Le tort qui m’est fait est sur toi ». Quand nous avons manqué, nous sommes souvent portés à jeter le blâme sur un autre : Saraï ne faisait que recueillir le fruit de sa proposition, cependant elle dit à Abram : « Le tort qui m’est fait est sur toi » ; puis, avec la permission d’Abram, elle cherche à se débarrasser de l’épreuve que son impatience lui a attirée. « Et Abram dit à Saraï : Voici, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il sera bon à tes yeux. Et Saraï la maltraita, et elle s’enfuit de devant elle » (v. 5-6). Mais on ne réussit pas ainsi ; on ne se débarrasse pas de la « servante » par de mauvais traitements. Quand nous faisons des fautes et que nous sommes appelés à en subir les conséquences, nous ne pouvons pas nous soustraire à ces conséquences en usant d’orgueil et de violence. Nous essayons souvent de ce moyen, mais nous ne faisons qu’aggraver le mal. Quand nous avons manqué, nous devrions nous humilier, confesser notre faute et attendre de Dieu la délivrance. Mais nous ne voyons rien de semblable dans la conduite de Saraï ; tout au contraire : elle n’a pas la conscience d’avoir mal fait ; et loin d’attendre de Dieu la délivrance, elle cherche à se délivrer elle-même, à sa manière. Mais tous les efforts que nous faisons pour redresser nos erreurs, avant de les avoir pleinement confessées, ne tendent qu’à rendre notre sentier plus difficile.

C’est pourquoi Dieu a voulu qu’Agar revînt à sa maîtresse, et mît au monde un fils, qui ne fut pas le fils de la promesse, mais une épreuve pour Abram et pour sa maison, comme nous le verrons par la suite.

Principe pratique très important pour le croyant

De ce récit, nous pouvons tirer une leçon pratique, qui est d’une très grande importance dans la vie du croyant.

D’abord, nous apprenons que, quand, par l’incrédulité de nos cœurs, nous sommes tombés dans quelque faute, ce n’est ni en un moment, ni par nos propres artifices, que nous pouvons remédier à ces fautes. Il faut que les choses suivent leur cours : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle » (Gal. 6:7-8).

C’est là un principe invariable que nous rencontrons partout dans l’Écriture, et dans notre propre histoire. Dieu pardonne le péché et restaure l’âme ; mais il faut que nous recueillions ce que nous avons semé.

Abram et Saraï eurent à supporter pendant des années la présence de la servante et de son fils, et ils ne purent se débarrasser d’eux que conformément à la volonté de Dieu.

Il y a une bénédiction particulière à s’abandonner à Dieu.

Si Abram et Saraï eussent fait ainsi dans le cas qui nous occupe, ils n’auraient jamais été tourmentés par la présence de la servante et de son fils ; mais puisqu’ils avaient eu recours à la nature, il fallait qu’ils en subissent les conséquences.

Souvent, hélas ! nous sommes « comme un taureau indompté », tandis que notre bonheur serait de soumettre et faire taire notre âme comme un enfant sevré auprès de sa mère (Ps. 131:2). Le taureau indompté nous représente celui qui se débat follement sous le joug des circonstances, rendant son joug d’autant plus douloureux par les efforts qu’il fait pour s’en débarrasser ; un enfant sevré est l’image de celui qui courbe humblement la tête sous chaque dispensation et qui rend son lot d’autant plus agréable, par l’entière soumission de son esprit.

Enseignement doctrinal important

Ensuite, au point de vue de la doctrine, nous sommes autorisés à considérer Agar et son fils comme des figures de l’alliance des œuvres et de tous ceux qui, par elle, sont nés pour la servitude. « Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante, et l’autre de la femme libre. Mais celui qui naquit de la servante naquit selon la chair, et celui qui naquit de la femme libre naquit par la promesse. Ces choses doivent être prises dans un sens allégorique : car ce sont deux alliances, l’une du mont Sina, enfantant pour la servitude, et c’est Agar » (Gal. 4:22-25). Dans cet important passage, la chair est mise en contraste avec la promesse, et nous apprenons ainsi quelle est la pensée de Dieu non seulement quant à la signification du mot chair, mais encore quant à l’effort que fait Abram pour obtenir la semence promise, par le moyen d’Agar, au lieu de se confier en la promesse de Dieu.

Les deux alliances sont figurées par Agar et Sara, et sont diamétralement opposées l’une à l’autre. « L’une enfantant pour la servitude », en ce qu’elle soulevait la question de la capacité de l’homme « à faire » et « à ne pas faire », et faisant dépendre la vie entièrement de cette capacité : « Celui qui aura fait ces choses, vivra par elles ». C’est l’alliance d’Agar.

Mais l’alliance de Sara révèle Dieu comme le Dieu de la promesse, promesse entièrement indépendante de l’homme et fondée sur le bon vouloir et le pouvoir de Dieu pour l’accomplir. Dieu n’attache aucun « si » à ses promesses. Il les fait sans conditions, et est décidé à les accomplir ; et la foi compte sur lui, dans une parfaite liberté de cœur. Aucun effort de la nature n’est nécessaire à l’accomplissement des promesses de Dieu : et c’est précisément à cet égard qu’Abram et Saraï faillirent. Ils tentèrent d’atteindre un certain but qui leur avait été absolument assuré par une promesse de Dieu. Ainsi fait l’incrédulité. Par son activité inquiète, elle soulève des nuages qui enveloppent l’âme et empêchent que les rayons de la gloire de Dieu ne l’atteignent. « Et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité » (Matt. 13:58).

Un des caractères distinctifs de la foi, c’est qu’elle laisse toujours à Dieu le champ libre pour la manifestation de lui-même ; et assurément, quand Dieu se manifeste, la place qui convient à l’homme est celle d’un heureux adorateur.

L’erreur, dans laquelle les Galates s’étaient laissés entraîner, consistait à ajouter quelque chose qui était de « la nature », à ce que Christ avait déjà accompli sur la croix. L’Évangile que Paul leur avait annoncé, et que les Galates avaient reçu, était la simple présentation de la grâce de Dieu, absolue, sans réserve et sans condition. « Jésus Christ avait été dépeint crucifié au milieu d’eux » (Gal. 3:1). Ce n’était pas simplement une promesse de Dieu, mais une promesse divinement et glorieusement accomplie. Un Christ crucifié réglait tout quant aux droits de Dieu et aux besoins de l’homme ; mais les faux docteurs renversaient ou cherchaient à renverser tout l’évangile de Christ, en disant : « Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes 15:1) ; et ainsi, selon la déclaration de l’apôtre lui-même, ils annulaient réellement la grâce de Dieu ; et Christ était mort pour rien (Gal. 2:21). Il faut que Christ soit un Sauveur complet, sinon il n’est pas un Sauveur du tout. Dès que quelqu’un dit : « À moins que vous ne soyez ceci ou cela, vous ne pourrez être sauvés », il renverse de fond en comble l’évangile de Christ, attendu que cet évangile me révèle Dieu descendant jusqu’à moi, tel que je suis, pécheur coupable, misérable et perdu par ma propre faute ; et de plus m’apportant une entière rémission de tous mes péchés, et une pleine délivrance de mon état de perdition, en vertu de l’œuvre accomplie par lui-même sur la croix. C’est pourquoi si quelqu’un dit : « Il faut que vous soyez ceci ou cela, pour être sauvé », il dépouille la croix de toute sa gloire et nous enlève toute notre paix ; car, si le salut dépend de ce que nous soyons, ou de ce que nous fassions quelque chose, nous serons inévitablement perdus. Mais, Dieu en soit béni, il n’en est pas ainsi. Le grand principe fondamental de l’Évangile, c’est que Dieu est Tout et l’homme Rien : ce n’est pas un mélange de Dieu et de l’homme ; tout est de Dieu. La paix que donne l’Évangile ne repose pas en partie sur l’œuvre de Christ, et en partie sur l’œuvre de l’homme ; mais entièrement et uniquement sur l’œuvre de Christ, parce que cette œuvre est parfaite, parfaite pour toujours, et qu’elle rend parfaits comme elle-même tous ceux qui mettent leur confiance en elle.

Sous la loi, Dieu se tenait, en quelque sorte, tranquille pour voir ce que l’homme pourrait faire : tandis que, dans l’Évangile, nous voyons Dieu agissant et l’homme appelé à se tenir tranquille pour voir la délivrance de Dieu (2 Chr. 20:17). Cela étant, l’apôtre n’hésite pas à dire aux Galates : Vous avez rompu vos liens avec Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi (en nomô) ; vous êtes déchus de la grâce (Gal. 5:4). Si l’homme a quelque chose à faire dans l’œuvre du salut, Dieu est exclu ; et si Dieu est exclu, le salut est impossible, attendu qu’il est impossible que l’homme accomplisse un salut par ce qui démontre qu’il est un être perdu ; si donc le salut est une question de grâce, il faut que tout soit grâce. Il ne peut pas être moitié loi et moitié grâce ; les deux alliances sont parfaitement distinctes. C’est Sara ou Agar : si c’est Agar, Dieu reste en dehors ; si c’est Sara, l’homme reste en dehors, et il en est ainsi depuis le commencement jusqu’à la fin. La loi s’adresse à l’homme ; elle le met à l’épreuve, elle manifeste quelle est réellement sa valeur, elle démontre qu’il est déchu, elle le place et le tient sous la malédiction aussi longtemps qu’il a affaire avec elle, c’est-à-dire aussi longtemps qu’il est vivant. « La loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit » (Rom. 7:1), mais quand

 il est mort, son autorité cesse nécessairement pour ce qui est de lui (voyez Rom. 7:1-6 ; Gal. 2:19 ; Col. 2:20 ; 3:3), bien qu’elle conserve cette autorité dans toute sa force pour maudire tout homme vivant. L’Évangile, au contraire, affirmant que l’homme est perdu, déchu, mort, révèle Dieu tel qu’il est, comme le Sauveur de ceux qui sont perdus ; comme celui qui pardonne aux coupables, qui vivifie ceux qui sont morts ; il ne nous présente pas Dieu comme exigeant quoi que ce soit de l’homme (car que pourrait-on attendre d’un homme qui est mort en faillite ?), mais comme manifestant sa libre grâce en rédemption.

La différence entre les deux alliances, de la loi et de la grâce, est donc immense, et fait comprendre la force extraordinaire du langage de l’apôtre dans l’épître aux Galates : « Je m’étonne » ; — « Qui vous a ensorcelés ? » — « Je crains pour vous ». — « Je suis en perplexité à votre sujet ». — « Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même ! » — Tel est le langage du Saint Esprit qui connaît la valeur d’un Christ complet, d’un salut complet, et qui sait aussi combien la connaissance de l’un et de l’autre est nécessaire à un pécheur perdu. Nous ne retrouvons ce même langage dans aucune autre épître, pas même dans celle aux Corinthiens, bien qu’il y eût parmi ceux-ci des désordres de la nature la plus grossière à réprimer. Toute faute et toute erreur de l’homme peuvent être corrigées par l’introduction de la grâce de Dieu ; mais les Galates, comme Abram dans ce chapitre, se détournaient de Dieu et revenaient à la chair. Quel remède imaginer pour un pareil cas ? Comment corriger une erreur qui consiste à abandonner ce qui seul peut remédier à tout ? Déchoir de la grâce, c’est retourner sous la loi, de laquelle on ne peut recueillir que « la malédiction ».

Conclusion

Que devons-nous retenir des enseignements contenus dans les portions de la Parole de Dieu que nous venons de considérer.

Nous avons d’abord vu la foi en opposition avec l’incrédulité.

Pour rappel, « la foi est de ce que l’on entend par la Parole de Dieu » (Romains 10 v.17)

C’est par la foi en la Parole de Dieu, que Dieu offre le salut à l’homme pécheur et perdu, en vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus à la Croix. Voir à ce sujet le message intitulé : « Qu’est qu’une vraie conversion ?  Qu’est-ce qu’un vrai croyant ? »

Lors de la conversion, une grande transformation est introduite. Le croyant, par la foi, n’est plus vu de Dieu comme l’homme naturel (le vieil homme) dont la nature ne peut que pécher, mais comme nouvel homme, généré lors de la nouvelle naissance, par Dieu lui-même, en vertu de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus.

Le vieil homme est l’être moral, constitué de la chair de péché, qui n’a pas d’autre possibilité de répondre aux impulsions du péché (la racine) qui habite en lui, en produisant des fruits que la Parole de Dieu appelle « les péchés ». Pour le croyant, le Seigneur Jésus a dû, d’une part, porter ces péchés sur lui, afin d’y répondre devant Dieu, pour que celui-ci les juge définitivement et sans appel, et d’autre part il s’est identifié à ce que je suis, en tant qu’homme naturel, afin que celui-ci trouve moralement, par la mort de Christ, sa fin, c’est-à-dire sa mort morale. Pour qu’il en soit ainsi le Seigneur Jésus a dû passer par les trois heures terribles de la croix, pendant lesquelles il a été abandonné de Dieu, exclu de la communion avec Dieu, à cause de mes péchés, et à cause de ce que je suis de par ma nature (ce qui est le vieil homme).

La notion de vieil homme ne s’applique qu’au croyant, car il est aussi, par sa nouvelle naissance un nouvel homme. L’homme inconverti, est simplement un homme naturel, on ne peut pas l’appeler « vieil homme », car il n’est en rien un « nouvel homme » !

Lors de ma conversion, l’homme moral naturel que j’étais aux yeux de Dieu, devient le « vieil homme », que le Seigneur Jésus a placé dans la mort. C’est Dieu qui le dit dans sa Parole, et je le crois par la foi en la Parole de Dieu. Je ne le vois pas, je ne le sens pas, je le crois ! Sur base de la même œuvre de la croix, en résurrection de vie, je suis ressuscité avec Christ, en tant que « nouvel homme », homme moral appartenant à une création différente de la première (Genèse 1), la nouvelle création, où tout est de Christ et tout est de Dieu. Il s’agit d’un « homme nouveau », homme moral, dans lequel le péché est absent. Le « nouvel homme » n’a plus affaire avec la terre (la première création), son caractère est céleste.

Mais, je suis encore sur cette terre. Le Seigneur m’y laisse jusqu’à ce qu’il vienne, selon les versets 16 à 18 du chapitre 4 de la 1ère épitre aux Thessaloniciens. J’y suis afin de refléter sur la terre ce que l’œuvre du Seigneur Jésus a produit pour moi et en moi. En d’autres termes, de refléter sur la terre, que je suis moralement devenu un homme nouveau, un homme céleste.

Par la mort de Christ, le vieil homme est mort, mais le péché qui habite en moi, n’est pas mort. Mais il ne peut agir que sur l’homme naturel, qui est le vieil homme. Ce vieil homme est mort pour la foi ! C’est par la foi, qui produit les œuvres selon Dieu, que ce vieil homme est bien mort, et non pas en essayant d’en faire l’expérience. Si je tente de l’expérimenter, je cesse de marcher par la foi, et ce « vieil homme » reprenant vie, ne peut me conduire qu’à pécher ! C’est une leçon très importante.

La chair, est la « substance morale » du vieil homme. Elle est indomptable ! Soumise à la loi divine, elle ne peut qu’enfreindre cette loi !

 Ainsi, comme nous l’enseigne Colossiens 2 v.20 et suivants « Si vous êtes morts avec Christ … » et Colossiens 3 v.1 et suivants « Si vous êtes ressuscités avec Christ … pensez aux choses qui sont en haut … car vous êtes morts et votre vie est cachée dans le Christ en Dieu … Mortifiez donc vos membres qui sont sur le terre, … » (Mortifier ne veut pas dire faire mourir, ce qui est impossible, mais cela veut dire : tenir dans la mort ce que l’œuvre de la croix de Christ y a placé, c’est l’effet de la foi qui produit cette œuvre-là, c’est la puissance divine qui produit cela et non pas par moi-même).

C’est dans ce cadre que, en grâce, le Seigneur Jésus remplit dans le ciel, son office de Grand Souverain Sacrificateur pour nous ! (Voir à ce sujet le message intitulé : « Deux ressources pour le chrétien : La parole de Dieu et la sacrificature de Christ »)

Pour bien comprendre Romains 7, il faut comprendre qu'il s'agit d'une âme qui découvre que le péché (la racine est en lui). Il ne s'agit pas du péché sur lui !

Voir à ce sujet le message « Le péché en moi et le péché sur moi, nuance très importante ! » et aussi « Les tentations auxquelles les croyants sont tous inéluctablement exposés »

Cette âme de Romains 7 s'occupe d’elle-même, (elle ne s’occupe hélas nullement du Seigneur). Elle ne peut y voir, comme nous-même, que le péché (la racine naturelle) qui habite en elle (comme en nous tous).

Cette âme se base sur ce qu'elle voit en elle, la foi est absente !

Mais, alors, au chapitre 8, la foi se manifeste ! Pour la foi en l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix, il n'y a plus de condamnation pour celui qui est dans le Christ Jésus, donc pour ceux qui possèdent la vie divine et éternelle sur base de l'œuvre de Christ.

C'est une question de foi !

L'âme affranchie, considère par la foi (et rien que par la foi, et non pas en tentant d'en faire l'expérience, car le faire c'est revenir à l'état de Romains 7), qu'elle est morte avec Christ et aussi ressuscitée avec Lui ! (Col. 2 & 3)

Tout est en Christ et non en nous.

Puisse le Seigneur nous affermir dans sa grâce excellente !