Psaume 23 — Le Psaume du Sanctuaire

ME 1950 p. 281 de Paul Fuzier

Psaume 23 — Le Psaume du Sanctuaire. 1

Introduction. 2

Quatorze bénédictions. 2

L’Éternel est mon Berger. 3

Je ne manquerai de rien. 4

Il me fait reposer dans de verts pâturages. 5

Il me mène à des eaux paisibles. 6

Il restaure mon âme. 6

Il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom.. 6

Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal 7

Car tu es avec moi 8

Ta houlette et ton bâton, ce sont eux qui me consolent 8

Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis. 9

Tu as oint ma tête d’huile. 9

Ma coupe est comble. 10

Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie. 10

Mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour de longs jours. 10

 

Introduction

Chacun d’entre nous connaît le Psaume 23 et pourrait sans doute le réciter sans aucune hésitation, du premier au dernier verset. Mais la Parole est un Livre infini et nous avons à peine effleuré la surface des pages que nous croyons le mieux connaître. Le Psaume 23, si connu, si souvent médité, est une des portions les plus riches des Écritures. Demandons-nous cependant si nous connaissons le Psaume seulement ou la Personne qu’il nous présente. À quoi servirait-il de connaître le texte de ces six versets si nous ne connaissions, par le cœur, Celui dont ils nous parlent ? Car c’est Jésus qui est placé devant nous tout au long. Sa Personne remplit les Psaumes 22, 23 et 24 — Psaumes qui forment un tout, comme on l’a souvent remarqué. Tous trois nous occupent de Christ, chacun nous le présentant sous un caractère particulier : dans le Psaume 22, c’est le Sauveur ; dans le Psaume 23, le Berger et dans le Psaume 24, le Roi de gloire. Le Psaume 22, c’est hier ; le Psaume 23, aujourd’hui : le Psaume 24, demain.

Il faut d’abord connaître Jésus comme son Sauveur, pouvoir dire : c’est pour moi, pauvre pécheur, qu’Il a été abandonné de Dieu et qu’Il a enduré les souffrances dont me parle le Ps. 22. Ceux qui sont ainsi au bénéfice de son œuvre expiatoire sont appelés à le connaître ensuite, tout au long de leur sentier, comme le Berger, leur Berger. Entrer dans la connaissance de ce qu’Il est sous ce caractère, n’est-ce pas l’un des motifs pour lesquels nous sommes laissés ici-bas ? Dans le ciel nous comprendrons en perfection, connaissant à fond comme aussi nous avons été connus, mais le temps sera passé durant lequel nous pouvons, faisant l’expérience de ce qu’est le monde et de ce que nous sommes, goûter les soins de Celui qui demeure jusqu’au bout le puissant Berger des brebis. Bienheureux ceux qui peuvent répondre à la question du premier verset du Psaume 22 et apprécier toutes les joies du Psaume 23.

Pour la marche chrétienne, le Psaume 23 renferme de précieux encouragements ; c’est l’expression d’une âme qui vit près du Seigneur, qui jouit de sa bonté, de ses soins, mais qui, par-dessus tout, discerne le Donateur au travers de ses dons et apprend ainsi ce qu’Il est pour ses brebis.

Quatorze bénédictions

Ce Psaume est une énumération de quatorze bénédictions qui constituent deux plénitudes de bénédictions, car nous pouvons sans doute les grouper en deux séries de sept. Dans la première partie — les trois premiers versets et le début du quatrième — David nous parle de son Berger, de ce qu’Il est et de ce qu’Il fait pour lui ; dans la seconde, c’est à son Berger qu’il parle à peu près constamment : « Tu es avec moi... ta houlette et ton bâton... Tu dresses devant moi une table... Tu as oint ma tête d’huile... ».

Nous pourrions sans doute intituler le Psaume 23 : le Psaume du sanctuaire. Il a été souvent appelé le Psaume du voyage — et certes, nous y avons tous les soins du Berger à l’égard de ses brebis traversant le désert — mais il va beaucoup plus loin : la jouissance des bénédictions qui y sont présentées implique l’habitation dans le sanctuaire. Le croyant n’est-il pas exhorté à traverser ce monde en goûtant déjà par la foi les beautés et les joies du sanctuaire ? C’est dans la mesure dans laquelle nous réaliserons que nous sommes ressuscités avec Christ, cherchant « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu », que nous pourrons savourer la part précieuse qui était celle de David quand il a composé ce Psaume — et sans doute pourrions-nous le faire beaucoup mieux que lui, car nous possédons le Saint Esprit qui occupe nos âmes de Christ et se plaît à nous faire jouir des choses célestes. Tous les soins dont nous sommes les objets devraient nous conduire à discerner et à connaître mieux Celui qui nous les a dispensés. C’est Lui qui remplit le sanctuaire !

Nous pouvons rendre témoignage à la fidélité du Berger qui nous a gardés jusqu’à ce jour, accompagnés, encouragés, qui a pourvu à tout. Cela nous a-t-il conduits à mieux le connaître ?

L’Éternel est mon Berger

Où est-Il, « mon Berger » ? Dans le sanctuaire ! Mon Berger... celui qui s’occupe de moi, au travers de tous les dangers auxquels je suis exposé dans ce monde. Ce n’est pas un berger sujet à faiblesses ou imperfections, Il est parfait en toutes choses. C’est Celui qui a payé ses brebis au prix infini de ses souffrances et de sa mort sur la croix — qui, maintenant, a la puissance de les garder et veut s’occuper d’elles d’une manière digne de Lui. « Elles ne périront jamais », car si l’une d’elles s’égarait, ce serait une perte pour elle, mais surtout pour Lui. L’œuvre qu’Il a accomplie pour les avoir est une œuvre parfaite ; maintenant Dieu l’a fait asseoir à sa droite et l’a couronné de gloire et d’honneur. C’est là que je le contemple ! Il me porte sur ses épaules et sur son cœur, bon Berger, divin Avocat, fidèle Souverain Sacrificateur. Il connaît mes circonstances et mes besoins ; sa puissance est infinie et son amour insondable. Il aime ses brebis du même amour que celui dont Il les aimait quand Il donnait sa vie pour elles sur la croix du Calvaire.

À son peuple Israël, conduit par de mauvais bergers, le Seigneur se présente comme « le berger des brebis » (Jean 10). Les chefs religieux du peuple s’étaient arrogé une autorité dont ils étaient jaloux (cf. Jean 9:34). Nul ne les avait accrédités pour cela, si ce n’est eux-mêmes. Comment remplissaient-ils leur service ? — « Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, prophétise contre les pasteurs d’Israël... Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissent eux-mêmes ! Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau ? Vous mangez la graisse, et vous vous habillez de la laine ; vous égorgez ce qui est engraissé ; vous ne paissez pas le troupeau. Vous n’avez pas fortifié les brebis faibles, et vous n’avez pas guéri celle qui était malade, et vous n’avez pas bandé celle qui était blessée, et vous n’avez pas ramené celle qui était égarée, et vous n’avez pas cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur. Et elles ont été dispersées, parce qu’il n’y avait pas de pasteur... et il n’y a eu personne qui les ait recherchées, personne qui se soit enquis d’elles » (Ézéchiel 34:1-6 ; cf. Matt. 9:36). Le Seigneur Jésus, Lui, est le berger dont parle Ézéchiel 34:11-16, accrédité par Dieu lui-même : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le ». Il présente les caractères du vrai berger promis à Israël, Il « entre par la porte ». Puis, « il appelle ses propres brebis par leur nom ». Il nous connaît chacun par notre nom... quelle paix cela donne à nos cœurs ! — Troisième caractère du « berger des brebis » : il « les mène dehors », loin de la bergerie juive où les chefs religieux les tenaient, dominant sur elles, ne leur donnant aucune nourriture. Ensuite, « il va devant elles ». Il les conduit Lui-même, les précédant dans le chemin, pour écarter tout danger et afin qu’elles ne s’égarent pas. Ce qui le caractérise par-dessus tout, c’est qu’Il « met sa vie pour les brebis » (Jean 10:2-4, 11 et 15). Il nous a aimés jusqu’à la mort ! Une brebis acquise à un si grand prix pourrait-elle être abandonnée ensuite ? Son amour demeure « jusqu’à la fin » (Jean 13:1). Aussi, Il peut dire de ses brebis : « elles ne périront jamais » ; le Père qui les lui a données est « plus grand que tous » et nul ne les ravira de la main du Père comme aussi personne ne les ravira de la main du Berger. C’est une unité parfaite de puissance et d’amour : entre les mains et aux soins du Père et du Fils ! (Jean 10:28-30).

Il y a sans doute des bergers qualifiés par le Seigneur pour s’occuper de ses brebis, des serviteurs qui ont à paître « le troupeau de Dieu » (1 Pierre 5:2). Mais ils ne sont que des instruments entre les mains du « souverain pasteur », du « grand pasteur des brebis » (1 Pierre 5:4 ; Héb. 13:20). Eux peuvent avoir des manquements dans leur service, Lui n’en a jamais.

Mon Berger ! — Il est sans doute le Berger de tout le troupeau, mais aussi le mien en particulier, comme s’Il n’avait à s’occuper que de moi seul. Chaque brebis peut dire : Il me connaît et connaît mes luttes, mes exercices, mes difficultés... je le possède pour moi, Il est « mon Berger ». Et « c’est l’Éternel » qui est « mon Berger », Celui dont parle Ésaïe 40 : « Comme un berger, il paîtra son troupeau ; par son bras il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein ; il conduira doucement celles qui allaitent » (v. 11). Quelle tendresse ! Et les versets qui suivent (v. 12 à 31) nous disent sa puissance infinie. C’est « l’Éternel », Celui qui ne change pas dans son amour et dans sa puissance, qui est « mon Berger ».

« Mon Berger » est dans le sanctuaire. Il faut habiter le sanctuaire pour jouir de Lui et apprendre à le connaître ! « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment de lui dans son temple » (Ps. 27:4).

Je ne manquerai de rien

Nous comprenons que le psalmiste ajoute : « Je ne manquerai de rien ». Dans ce monde, nos besoins sont nombreux et variés, souvent particulièrement pressants, mais chacun de ceux qui ont l’Éternel pour Berger peut dire avec confiance : je ne manquerai de rien. C’est la certitude qu’Il pourvoira à tous nos besoins, matériels et spirituels. Alors que la brebis ignore par quel chemin elle aura à passer, Lui le sait (cf. Luc 22:31, 32). Qu’aurons-nous à rencontrer dans les jours qui vont suivre si nous avons encore à demeurer ici-bas ? Épreuves, souffrances, maladies, deuils ? Il saura nous donner, au travers de tout, tout ce qui nous sera nécessaire, de telle sorte que, par la foi, nous pouvons dire avec assurance : « Je ne manquerai de rien ».

Alors qu’Il était sur la terre, le Seigneur avait envoyé ses disciples « sans bourse, sans sac et sans sandales » et, à leur retour, leur demande : « Avez-vous manqué de quelque chose ? » — Il avait pourvu à tout dans les moindres détails ! Les disciples en rendent témoignage : « Et ils dirent : De rien » (Luc 22:35). Il est le Même ! Comme Samuel autrefois, aujourd’hui encore nous pouvons dresser un nouvel Eben-Ézer et, dire : « L’Éternel nous a secourus jusqu’ici » (1 Sam. 7:12), avec la certitude qu’il en sera de même jusqu’au terme du voyage. « Jusqu’à votre vieillesse je suis le Même, et jusqu’aux cheveux blancs, je vous porterai » (Ésaïe 46:4).

Mais il y a plus que la réponse à nos besoins matériels et spirituels. Pour pouvoir dire en vérité : « Je ne manquerai de rien », il est nécessaire que l’âme jouisse du sanctuaire. Là, elle contemple Christ, elle trouve tout en Lui et ne désire plus rien puisqu’elle le possède et jouit de Lui. Le sanctuaire, a-t-on dit, c’est le lieu où il n’y a plus de besoins, car toutes les aspirations, tous les désirs sont satisfaits par Celui que l’âme considère à l’exclusion de tout autre objet. Dans ce monde, rien ne peut remplir le cœur et le satisfaire, il manque toujours quelque chose après quoi le cœur soupire. Seul celui qui vit dans le sanctuaire, rassasié de Christ, peut dire : « Je ne manquerai de rien » (cf. Ps. 36:7 à 9 ; 65:4).

Il me fait reposer dans de verts pâturages

Le bon Berger donne à ses brebis la nourriture qui leur est nécessaire, aussi bien la nourriture dont le corps a besoin que celle qui est indispensable à la vie de l’âme. Nous sommes souvent en souci pour nos besoins matériels, oubliant que Dieu a fait des promesses et qu’Il est fidèle et puissant pour les accomplir. Le Seigneur pourrait bien nous dire, comme autrefois à ses disciples : « Ne soyez pas en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez... Ne soyez donc pas en souci, disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ?... car votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses » (Matt. 6:24-34). Et Il les exhortait à demander : « Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut » (Matt. 6:11). Nous pouvons présenter cette requête quotidiennement aussi bien pour la nourriture matérielle que pour la nourriture spirituelle.

Mais il y a plus encore. Il n’est, pas seulement parlé des « verts pâturages », il est dit : « Il me fait reposer dans de verts pâturages ». Les « verts pâturages », quand il est question de repos, c’est le sanctuaire. Dans les pâturages, le bétail ne se repose que lorsqu’il a fini de manger, quand il est rassasié. À ce moment-là, il rumine paisiblement.

« Il me fait reposer dans de verts pâturages », c’est l’âme jouissant de la paix du sanctuaire, abondamment rassasiée de « la graisse de sa maison », nourrie de la Parole et se reposant ensuite dans la jouissance de Celui que la Parole lui a présenté. C’est Christ qui nourrit l’âme ; Christ, pain de vie descendu du ciel ; Christ, manne, agneau rôti et vieux blé du pays. Nos âmes occupées de Lui dans la lecture et la méditation du saint Livre sont conduites près de Lui, dans le sanctuaire ; là, elles peuvent repasser tout ce qu’elles ont reçu de Lui dans les pages inspirées. Elles reposent paisiblement, rassasiées de Christ, jouissant des délices du saint lieu. Être occupé du Seigneur dans le sanctuaire est plus précieux encore que de jouir de ses soins ici-bas, quelque merveilleux qu’ils soient !

Il me mène à des eaux paisibles

C’est encore le sanctuaire ! Dans ce monde, il n’y a rien pour le cœur renouvelé — c’est la famine, l’agitation et parfois la tempête. Dans cette « terre aride et altérée, sans eau », il n’y a que « citernes crevassées ». Mais le bon Berger qui nourrit nos âmes veut aussi les rafraîchir.

Il fait bien davantage encore quand Il nous mène « à des eaux paisibles ». Les « eaux paisibles », c’est le lieu où il n’y a ni vents ni tempête, plus d’orage à calmer, plus de vagues à reprendre. Encore au milieu d’un monde agité et troublé, nous pouvons goûter la paix inaltérable du sanctuaire. Quand nos âmes sont gardées dans cette paix, nous ne voyons ni la mer en furie, ni les flots agités, nous sommes occupés de Celui qui remplit le sanctuaire.

Le repos des verts pâturages et les eaux paisibles n’appartiennent pas à la scène de ce monde (car, en fait, bien que ce soit sous-entendu, il n’est cependant question dans ce verset 2 du Psaume ni de nous nourrir ni de nous désaltérer), mais à celle dans laquelle nous entrons par la foi et où Christ est tout. Ce verset nous dit la plénitude de joie et de satisfaction qui remplit un cœur occupé de Lui. L’objet du cœur est Celui qui nous fait reposer... qui nous mène... La brebis est occupée de Lui plutôt que des « verts pâturages » ou des « eaux paisibles », du Donateur plutôt que des dons.

Il restaure mon âme

Le Seigneur nous restaure quand nous sommes tombés. Il ne semble pas cependant que ce soit la pensée que nous avons ici, car comment pourrions-nous alors appliquer ce Psaume à Christ, le seul qui, comme homme ici-bas, l’ait réalisé en perfection ? — Cette expression ne parait pas se rapporter à un manquement après lequel nous pourrions faire l’expérience faite par Pierre après sa chute. Il restaure notre âme non pas à la suite d’une chute, mais afin que nous ne tombions jamais. Comment l’âme est-elle ainsi « restaurée » ? — Nourris d’un Christ céleste, d’un Christ ressuscité et glorifié dans le sanctuaire, nous éprouvons la réalité des paroles du psalmiste : « Il restaure mon âme » et si nous puisons sans cesse à cette source, nous ne broncherons jamais ! (cf. Phil. 1:9-11 ; 2 Pierre 1:3-11).

 Il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom

Il trace lui-même le chemin dans lequel ses brebis ont à marcher, non pas un « chemin large » où l’homme naturel se trouverait à l’aise, mais un « sentier », un « chemin étroit », difficile peut-être... qu’importe, quand c’est le Berger qui conduit ! Des « sentiers de justice », c’est-à-dire des sentiers dans lesquels le mal n’a aucun accès. Le bon Berger pourrait-il nous conduire dans un autre chemin que celui-là ? Pour qu’au milieu du monde dans lequel nous avons à vivre, où tout est corruption et violence, nous puissions marcher dans les « sentiers de justice » où nous conduit le bon Berger, il faut que nos âmes soient maintenues dans la jouissance du sanctuaire. C’est dans la mesure dans laquelle nous chercherons « les choses qui sont en haut » que nous serons rendus capables de rejeter celles « qui sont sur la terre » (Col. 3:1 à 3). Les yeux fixés sur Christ dans le lieu où Il est maintenant, nous pourrons le suivre fidèlement dans le sentier qu’Il a tracé ici-bas et où Il veut conduire ses brebis. « À cause de son nom », c’est à cause de Lui que nous marcherons dans ces sentiers où le mal n’entre pas, par amour pour Lui et parce que nous Lui appartenons. Son nom est écrit sur nos fronts ; jetterions-nous de l’opprobre sur le beau nom de Jésus en nous associant au mal ? Enfants de Dieu, disciples de Christ, notre marche ici-bas doit répondre à de tels caractères. Nous ne sommes pas du monde comme le Seigneur n’en était pas (Jean 17:14 et 16). Ayant à cheminer au milieu du monde, nous sommes exhortés à y vivre en ressuscités. L’épître aux Colossiens nous l’enseigne, le chapitre 3 en particulier. Quel chemin que celui où le bon Berger conduit ses brebis ! Rien pour la chair... Mais Dieu n’y découvre que lumière et sainteté ; et il se termine dans le pays glorieux où nous verrons le Seigneur comme Il est, étant rassasiés de son image !

 Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal

Pour le croyant, la mort a perdu sa puissance, ce n’est plus que « l’ombre de la mort ». Par sa mort, le Seigneur Jésus a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable (Héb. 2:14). Qu’aurait à craindre le racheté si, avant que le Seigneur vienne enlever son Église, il est appelé à entrer dans le repos pour être « absent du corps, présent avec le Seigneur » — et, par conséquent, à traverser cette sombre vallée avant de goûter la joie de sa présence ? La mort est un ennemi vaincu, le croyant est ressuscité avec Christ ; si la tombe se ferme sur lui, il en sortira tout glorieux.

« Je ne craindrai aucun mal » : la brebis sait que le Berger ne l’abandonnera pas pour traverser « la vallée de l’ombre de la mort », Il se tiendra auprès d’elle. C’est le grand Vainqueur de la mort qui est là pour la soutenir et la conduire...

Mais « la vallée de l’ombre de la mort », c’est aussi ce qui caractérise ce monde. Le monde nous est présenté dans le Psaume 23 comme un désert — le lieu où il n’y a rien pour le racheté, mais où il expérimente les soins de Celui qui ne le laissera manquer de rien — puis, comme « la vallée de l’ombre de la mort ». Sur cette scène de péché, la mort, salaire du péché, projette son ombre partout. Réalisons-nous vraiment ce caractère de la scène au milieu de laquelle nous avons à vivre ? Pas toujours. Le Seigneur nous le fait parfois discerner plus clairement. Dans de tels moments, nous sommes remplis de crainte, si nous ne demeurons pas dans le sanctuaire. C’est seulement quand l’âme jouit de Christ, vainqueur de la mort — de Christ, notre vie — de la paix du saint lieu, que le croyant peut, sans crainte, traverser ce monde, réalisant qu’il est « la vallée de l’ombre de la mort ».

L’apôtre avait rencontré, dans son service, la puissance de l’adversaire et de l’arme qu’il brandissait contre lui ; c’était « la vallée de l’ombre de la mort ». Mais Paul pouvait dire qu’il n’avait éprouvé aucune crainte. Il avait « en lui-même la sentence de mort » : la mort trouvait un homme déjà mort. La mort opérait en lui ; il était toujours livré à la mort pour l’amour de Jésus, aussi la vie de Jésus était-elle manifestée dans sa chair mortelle. Il jouissait de Christ dans le sanctuaire ; « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur », il était « transformé en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit » (2 Cor. 1:8 à 10 : 4:7 à 12 ; 3:18).

Il semble que l’âme a tellement joui du Berger, au travers de ses soins, qu’elle ne peut plus se contenir. Elle nous a parlé de ce qu’Il est, de ce qu’Il fait pour elle, de ce qu’elle a trouvé en Lui ; les liens de la communion avec Lui se sont tellement resserrés, cette communion est devenue si intime que, maintenant, c’est à Lui qu’elle parle ! Précieuse et douce intimité du Berger et de sa brebis !

Car tu es avec moi

Voilà le centre du Psaume, le secret des expériences faites par la brebis tout au long de son sentier ! Le Seigneur est toujours avec nous, fidèle à sa promesse : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle » (Matt. 28:20). Lui ne peut pas manquer, mais qu’en est-il de nous ? Savons-nous toujours jouir de sa présence ? Si peu, hélas ! Il faut vivre dans le sanctuaire pour en jouir vraiment. Quand Asaph est enfin « entré dans les sanctuaires de Dieu », il a pu dire : « Mais je suis toujours avec toi ; tu m’as tenu par la main droite... Qui ai-je dans les cieux ? Et je n’ai eu de plaisir sur la terre qu’en toi » (Ps. 73:17 et 23 à 25). Dire et réaliser en vérité : « Tu es avec moi » c’est déjà le ciel sur la terre, car le ciel ce sera jouir de sa présence à jamais !

Ta houlette et ton bâton, ce sont eux qui me consolent

Houlette et bâton sont les instruments caractéristiques du Berger. Ce n’est pas une houlette, c’est la sienne ; un bâton, c’est le sien — houlette et bâton de mon Berger ». Sa houlette et son bâton, c’est l’ensemble des soins variés de la discipline. Quelle consolation de savoir qu’elle nous est dispensée, dans toutes ses manifestations quelles qu’elles soient, par un Berger fidèle. Voilà pourquoi la brebis peut dire : « Ce sont eux qui me consolent ». Nous sommes les objets de la discipline parce que nous sommes ses fils, objets de l’amour du Père et de l’amour du Seigneur (Héb. 12:6 à 8 ; Apoc. 3:19). N’y a-t-il pas dans cette pensée une vraie consolation ? Oui, « bienheureux l’homme que tu châties » (Ps. 94:12). La discipline est exercée à notre égard en vue de notre bien. Nous le comprenons lorsque, comme Asaph, nous entrons dans le sanctuaire (Ps. 73:17). Le Seigneur, homme parfait, n’a jamais quitté le sanctuaire : « Celui qui est descendu du ciel » a toujours été, bien que dans ce monde, « le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jean 3:13). Si nous appliquons à Christ les paroles du Ps. 23, il convient de souligner qu’à son égard, la discipline ne pouvait jamais être une discipline corrective. Par l’esprit prophétique, Il a pu dire, comme homme sur la terre : « Garde-moi, ô Dieu ! » (Ps. 16:1) et les instruments du Berger ne servaient qu’à maintenir dans le droit chemin cette brebis modèle. Ne quittant jamais le sanctuaire, Il avait, comme homme, la pleine connaissance et la pleine jouissance des pensées de Dieu et Il trouvait là de riches consolations, tandis qu’Il traversait un monde de péché.

Les versets qui terminent ce Psaume 73 nous disent les consolations trouvées par Asaph « dans les sanctuaires de Dieu ». C’est dans le sanctuaire que nous sommes instruits des voies de Dieu, que nous comprenons ce qu’est la discipline et le but que le Seigneur se propose en nous la dispensant. Riche consolation pour « ceux qui sont exercés par elle » (Héb. 12:10, 11).

Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis

Il ne s’agit pas ici de la Table du Seigneur, mais de la table dressée chaque jour et à laquelle nous nous nourrissons de Christ, jouissant de sa communion — car la table, dans les Écritures, est le lieu où la communion est réalisée. Comment jouir de cette communion si l’âme n’est gardée dans le sanctuaire ?

La brebis nous dit que la table est dressée « en la présence de ses ennemis ». C’est un troisième caractère du monde qui nous est présenté dans ce Psaume : désert, vallée de l’ombre de la mort, lieu où se trouvent nos ennemis. Que d’ennemis, en effet, dans ce monde, qui viennent s’interposer entre le Seigneur et nous, de façon à nous empêcher de jouir de Lui. Mais, dans sa grâce, le Berger de nos âmes se plaît, au travers de l’opposition de tant d’adversaires, à nous faire goûter la joie de sa communion ; de son côté, là encore, rien ne manque. Il dresse la table devant nous (tout est préparé par Lui et mis à notre disposition) en la présence même de nos ennemis. Et de notre côté ? N’y a-t-il jamais rien qui nous empêche de nous asseoir à cette table ? Hélas !... Si nous pensons aux « choses qui sont sur la terre » au lieu de chercher « les choses qui sont en haut » nous ne sommes pas en état de jouir de la communion avec le Seigneur. Il faut vivre de Christ dans le sanctuaire, pour pouvoir, au milieu d’un monde où agissent tant d’ennemis, nous asseoir à la table que le Berger a dressée devant nous.

Tu as oint ma tête d’huile

« L’huile pour l’onction sainte » était, sous l’économie mosaïque, une figure du Saint Esprit. Exode 30, versets 22 à 25, nous donne sa composition, et différents passages nous montrent que « le tabernacle et tout ce qui est dedans », « l’autel de l’holocauste et tous ses ustensiles », « la cuve et son soubassement » devaient être oints avec l’huile de l’onction. Le tabernacle nous parle, dans toutes ses figures, de Christ, de ses souffrances et de ses perfections, de son obéissance parfaite et de ses gloires. De même, Aaron (type de Christ) devait être oint, comme aussi « Aaron et ses fils » (type de l’Église unie à Christ), l’onction d’Aaron et de ses fils étant précédée de l’onction du sang, tandis que celle d’Aaron seul était faite sans qu’il fût besoin de sang (Exode 30:22-33 ; 40:9-15 ; Lév. 8:10-12, 30, entre autres passages).

De « Jésus qui était de Nazareth », il est dit que « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint » (Actes 10:38), onction pour laquelle aucun sacrifice sanglant n’était nécessaire, car Il était Celui duquel le Père pouvait dire : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Il a fallu sa mort expiatoire, sa résurrection et sa glorification pour que le Saint Esprit pût être envoyé ici-bas comme Personne divine. Baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, nous sommes individuellement, après avoir cru, scellés et oints de l’Esprit Saint qui est aussi les arrhes de notre héritage (voir entre autres : 2 Cor. 1:21-22). Nous avons « l’onction de la part du Saint » (1 Jean 2:20). C’est ainsi que nous sommes liés à un Christ céleste. Le Saint Esprit nous occupe de Jésus dans le sanctuaire, nous fait jouir de la communion avec Lui.

Ma coupe est comble

En général, dans les Écritures, la « coupe » est l’image d’une part présente, tandis que l’héritage est une part à venir (exemple Ps. 16:5 : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de ma coupe »). La brebis vient de nous dire tout ce qu’elle possède déjà sur la terre ; c’est plus qu’il n’est possible de connaître et de sonder, plus que ce dont nous pouvons jouir. La bénédiction dépasse la mesure de ce que nous pouvons savourer ; c’est l’infini, puisque c’est Jésus lui-même !

Pour que nous puissions avoir une telle « coupe », Lui a dû boire la coupe amère, sur la croix — la coupe prise de la main de son Père dans le jardin de Gethsémané. Quelle part fut la sienne (Ps. 22) pour que la nôtre pût être celle que la brebis décrit dans le Psaume 23 !

Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie

Cette part dont j’ai joui aujourd’hui, pourrais-je la goûter demain ? Jusqu’au bout du voyage ! La bonté, la gratuité de l’Éternel, les soins du Berger, rien de cela ne cessera. La jouissance de cette part sera continuelle si je demeure constamment dans le sanctuaire ! Et au bout du chemin, qu’y a-t-il ?

Mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour de longs jours

Ici, la brebis ne considère plus les sables du désert, la vallée de l’ombre de la mort, le lieu où se trouvent « ses ennemis », elle tourne ses regards en avant et elle contemple la maison ! Notre cœur ne tressaille-t-il pas ? Pour Israël, c’est la maison de l’Éternel et les splendeurs du règne millénaire ; pour nous, la maison du Père et la félicité céleste, « toujours avec le Seigneur » ! Notre habitation sera dans la maison du Père pour l’éternité, mais déjà maintenant, elle est là-haut dans le sanctuaire ! Aujourd’hui nous y habitons par la foi, demain ce sera la pleine et parfaite réalité.

Puisse la méditation de ce Psaume nous encourager beaucoup et nous conduire à jouir davantage des soins du bon Berger, du Berger lui-même, dans le sanctuaire. Puisse-t-elle aussi nous rappeler que si les brebis peuvent goûter une aussi précieuse part, elles ont une double responsabilité : écouter la voix du bon Berger et le suivre (Jean 10:3, 4 et 27).