Le Saint Esprit, comme sceau et gage

De la méditation « Le don du Saint Esprit »

de Brockhaus R. -  ME 1908 page 17  -  ME 1909 page 16

 

Contenu de l’ensemble de la méditation :

0.  Préface

1.  La personne du Saint Esprit

2.  Le baptême du Saint Esprit et de feu 

3.  L'autre Consolateur

4.  La venue de l'autre Consolateur

5.  Des différents modes de communication du Saint Esprit

6.  Le Saint Esprit, comme sceau et gage

7.  Le temple du Saint Esprit

8.  Un seul corps et un seul Esprit

9.  Le Saint Esprit dans le livre de l'Apocalypse

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Le Saint Esprit, comme sceau et gage

«Travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le Fils de l'homme vous donnera, car c'est lui que le Père, Dieu, a scellé» (Jean 6: 27). Ainsi parla un jour le Seigneur aux Juifs à Capernaüm, qui le cherchaient, parce qu'ils avaient «mangé des pains». Le Fils de Dieu, le Messie de son peuple, était entré au milieu d'Israël pour bénir ses vivres et rassasier de pain ses pauvres (Psaumes 132: 15). Le passage de l'Ecriture était accompli, qui dit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres; il m'a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l'an agréable du Seigneur» (Luc 4: 18-21). Celui que Dieu avait envoyé parlait les paroles de Dieu; «car Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure» (Jean 3: 34). Il allait en tout lieu après que Dieu «l'eût oint de Saint Esprit et de force, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient asservis à la puissance du diable» (Actes des Apôtres 10: 38).

Tous ces passages (comparez aussi Actes des Apôtres 4: 27) parlent de l'onction et du sceau de notre Seigneur et Sauveur par l'Esprit Saint. Engendré par le Saint Esprit (Matthieu 1: 18), il fut, à l'occasion de son baptême par Jean, oint du même Esprit et scellé par Dieu le Père. En ce que le Saint Esprit descendit sur lui et demeura sur lui, il fut manifesté comme Celui qui baptise du Saint Esprit. Toute la plénitude de la déité habitait en lui corporellement mais comme homme, comme ce Jésus de Nazareth que Dieu avait envoyé dans ce monde pour faire sa volonté et pour accomplir son oeuvre, il fut oint et scellé du Saint Esprit; et remarquons-le bien, lui seul, personne d'autre que lui. Aussi longtemps que l'oeuvre de rédemption n'était pas accomplie, il resta seul. L'onction et le sceau étaient chez lui un témoignage rendu à sa perfection personnelle, tandis que chez nous ils sont le résultat et la confirmation de la rédemption. C'est pour cela qu'aussi longtemps qu'il vivait ici-bas, lui seul pouvait les posséder; mais dès qu'il fut élevé dans les lieux célestes et que nous fûmes mis en état par l'oeuvre de la rédemption de recevoir le don merveilleux de l'Esprit, il put nous le communiquer. Comme Fils de l'homme, élevé en haut, il reçut le Saint Esprit, pour ainsi dire d'une nouvelle manière, pour nous l'envoyer ici-bas, ainsi que nous l'avons déjà lu et relu en Actes 2: 33: «Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez». Le christianisme commença par l'envoi du Saint Esprit. Ceci nous montre la relation merveilleuse entre notre position actuelle et Lui, l'homme glorifié à la droite de la Majesté dans les cieux. Que l'homme (et un homme qui est en même temps Fils de Dieu) ait pris là en justice une nouvelle place, comme conséquence de l'accomplissement de l'oeuvre de rédemption sur cette terre, où le péché, la mort, la puissance de Satan et le jugement de Dieu, se sont rencontrés — c'est, disons-nous, le point de départ du christianisme. L'homme glorifié reçut après son élévation, du Père, comme tel, le Saint Esprit, non pas pour lui-même comme précédemment, lorsqu'il allait et venait ici-bas dans la perfection, mais pour le communiquer aux croyants, et pour les mettre ainsi en rapport avec lui et avec les choses célestes en haut.

Maintenant, il peut aussi être question d'une onction et du sceau des croyants. Mais avant de considérer l'un après l'autre les passages de l'Ecriture qui parlent de cette onction, etc., je voudrais encore une fois rappeler que les opérations du Saint Esprit dans un homme, la communication de la nature divine, la nouvelle naissance, etc., ne doivent jamais être confondues avec le sceau de ces opérations. Dieu met son sceau sur ceux qui croient au Fils de l'homme crucifié et glorifié à sa droite. Le monde ne peut pas recevoir le Saint Esprit, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas. Ce sont les croyants qui sont scellés, les hommes qui appartiennent déjà à Dieu, sur la base de l'oeuvre parfaite de Christ, et par la foi en Celui qui est ressuscité et glorifié. Sous l'ancienne alliance, il ne pouvait donc être question ni du sceau, ni même d'une onction du Saint Esprit, dans le sens du Nouveau Testament. Il aurait été impossible de dire d'un saint de l'Ancien Testament, fût-ce un Abraham, un Moïse, un David, un Esaïe, ce que Jean écrit aux petits enfants dans sa première épître (2: 20): «Et vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses» (Comparez aussi verset 27). L'Esprit Saint n'était pas encore, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. Ce n'est qu'après que Christ fut retourné au Père, qu'il pût être donné aux croyants comme onction, sceau et gage — comme sceau de notre foi à l'oeuvre parfaite de Christ, comme gage de la gloire qui est encore devant nous, de toute la plénitude de l'héritage que nous ne possédons pas encore, et en possession et jouissance duquel les croyants endormis ne sont pas encore introduits, quelque indescriptiblement grande que puisse être leur félicité.

Christ est notre précurseur; il est monté en haut comme chef de notre salut. Nous possédons la rédemption par son sang, le pardon de nos transgressions, la justice divine, la vie éternelle, etc. Nous connaissons aussi notre part par l'onction qui nous enseigne toutes choses; mais la possession qui nous est acquise par Christ, n'est pas encore délivrée; nous attendons encore par l'Esprit, par la foi, l'espérance de la justice, c'est-à-dire la gloire (Galates 5: 5). Le Saint Esprit nous est donné comme gage de cette espérance.

 «Un chrétien est donc», comme le dit un autre écrivain, «un homme dans le corps duquel le Saint Esprit habite comme dans un temple, en l'introduisant consciemment dans la place que l'oeuvre parfaite de la rédemption lui a donnée. Mais comme Dieu l'a préparé pour la gloire, afin d'être là avec Christ, et semblable à lui, cette gloire, aussi longtemps qu'il va et vient ici-bas, et bien qu'il ait la connaissance claire et positive de sa place en Christ, est encore «une espérance qui lui est réservée dans les cieux» (Colossiens 1: 5). Les Juifs doivent être nés de nouveau, pour pouvoir entrer dans les bénédictions du règne millénaire (Jean 3; Ezéchiel 36). Mais ceux qui croient en Christ sans l'avoir vu, qui sont unis à lui pendant qu'il est invisible, possèdent, scellés par le Saint Esprit, leur part avec lui là où il est maintenant. «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d'un; c'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères». Ce ne sont pas de simples promesses qui sont données au chrétien, ou une paix de mille ans, quelque bénies que ces choses puissent être à leur place, mais Dieu a préparé le chrétien pour un poids éternel de gloire dont la révélation n'a encore été vue par aucun oeil, qui n'est montée au coeur d'aucun homme, que Dieu a préparée pour ceux qui l'aiment. Le Saint Esprit est descendu ici-bas entre l'accomplissement de l'oeuvre de Christ et la participation à cette gloire, pour sceller le croyant comme racheté et justifié, et pour être en lui le gage de l'héritage qu'il ne possède pas encore.

Venons-en maintenant aux divers passages des épîtres des apôtres (surtout de Paul) qui, comme autant de brillants rayons du soleil divin de la grâce, répandent leur lumière sur le sujet qui nous occupe. L'espace de ces feuilles nous oblige malheureusement d'être aussi bref que possible.

Nous commençons par l'épître aux Romains. Celle-ci traite, on le sait, la question de la justification du pécheur devant Dieu, et c'est seulement quand cette question a été clairement développée et amenée à cette conclusion triomphante: «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur… et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu», que nous lisons: «Et l'espérance ne rend point confus, parce que l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné» (Romains 5: 1-5). Précieuses et sérieuses paroles. Toute la question de notre culpabilité a dû être réglée d'une manière divine, avant que le Saint Esprit pût être introduit; mais maintenant il nous est donné, et Dieu lui-même habite en nous comme le Dieu d'amour. «Personne ne vit jamais Dieu; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous. Par ceci nous savons que nous demeurons en lui et lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit» (1 Jean 4: 12, 13). Dans la puissance de cet Esprit, nous jouissons de l'amour de Dieu et de Dieu lui-Même, tel qu'il s'est révélé à nous dans son Fils unique. Le coeur connaît l'amour tel qu'il s'est révélé en Jésus, le Saint Esprit le montre, le fait connaître, et est en même temps en nous la force pour manifester la nature divine qui est amour.

Au chapitre 8, nous faisons un grand pas de plus. Il commence par ce que j'appellerai un magnifique cri de victoire: «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus!» Ceci est infiniment plus que ce que nous avons entendu jusqu'ici. Non seulement toute la dette du croyant est éteinte et le péché expié, mais il est «dans le Christ Jésus» sur un terrain tout nouveau devant Dieu. Affranchi de l'esclavage du péché et de la malédiction de la loi, mort avec Christ, qui a porté ses péchés et qui a été fait péché pour lui, il est maintenant transporté dans une position toute nouvelle devant Dieu, et devenu participant d'une vie qui l'affranchit de la loi du péché et de la mort. Le péché n'est désormais plus une loi en lui, bien qu'il habite et opère encore en lui. Le croyant n'est plus «dans la chair», dans la position précédente qu'il avait «en Adam», comme descendant du premier homme; il est «dans l'Esprit», c'est-à-dire qu'il se trouve dans une relation toute nouvelle avec Dieu, comme un homme «en Christ», qui par l'efficace du Saint Esprit vit d'une vie en rapport avec sa source divine, et ne peut jamais en être séparé. L'apôtre ajoute: «Si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous», car c'est ainsi seulement que l'affranchissement de la loi du péché et de la mort est possible. Le même Esprit était jadis en Christ; dans la puissance de cet Esprit il allait et venait; comme nous l'avons vu plus haut, il faisait du bien; il se livra enfin lui-même, et maintenant il est dit «Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de lui».

Dieu veut avoir la réalité. Il prend plaisir à «la vérité dans l'homme intérieur». Une profession sans vie et sans force lui est en abomination. Quand même il ne s'agit d'abord dans notre chapitre que d'établir l'état du chrétien, que de placer l'individu devant Dieu (il n'est pas question ici de «l'Assemblée» ou du «corps»; les fruits de la justice ne sont pas énumérés non plus), l'action de la présence du Saint Esprit nous est néanmoins montrée telle qu'elle se manifeste dans la vie du croyant ici-bas. Dieu a été vu une fois en Christ, le Fils; maintenant les enfants de Dieu sont appelés à annoncer les vertus de Celui qui les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, à révéler sa nature, à être parfaits comme leur Père céleste est parfait. Sans cette conformité pratique avec Dieu, nous ne pouvons pas avoir de communion avec lui, nous réjouir en lui, marcher d'une manière qui lui soit agréable. Nous sommes l'oeuvre de Dieu, mais «créés pour les bonnes oeuvres». L'Esprit est la source et la force de la vie nouvelle; mais c'est seulement quand nous le laissons opérer en nous sans entrave, quand nous ne le contristons pas — et hélas! combien c'est souvent le cas, même habituellement dans la vie de bien des, chrétiens — et alors seulement, que cette vie, se révélera extérieurement aussi de la manière voulue de Dieu. Ce n'est qu'en ceux qui «ne marchent pas selon la chair, mais selon l'Esprit», que la justice de la loi s'accomplit; et la grâce produit bien plus que la loi ne demande. Aimer ses ennemis va bien au delà de la loi.

De l'état du chrétien caractérisé par l'Esprit, l'apôtre passe à la relation dans laquelle nous nous trouvons devant Dieu par suite de la présence de l'Esprit en nous. «Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là, sont fils de Dieu». Cher lecteur, à quel point ton entourage peut-il reconnaître en toi que tu es un fils de Dieu? La chair est en toi et veut à toute heure faire valoir ses droits. Te tiens-tu pour mort au péché, ou, comme l'apôtre l'exprime ici, «fais-tu par l'Esprit mourir les actes du corps?» (verset 13). Tes pensées, tes actions, tes affections, tes habitudes, sont-elles sous l'influence sanctifiante et sous la direction de l'Esprit? Présentes-tu, dans Sa puissance, tes membres à Dieu comme instruments de justice? Le Saint Esprit travaille incessamment à produire en toi les pensées, les sentiments convenables, car il n'est pas un esprit d'esclavage pour être de nouveau dans la crainte, comme jadis sous la loi, mais un Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba, Père! Là où il peut déployer son activité, il produit le sentiment profond et saint, la jouissance cordiale et confiante de la relation de l'enfant avec le Père, et il transforme en même temps l'être tout entier, pensées, paroles et actes, selon les pensées de Dieu, en rapport avec la position dans laquelle le croyant est amené. Celui-ci est conduit par l'Esprit de Dieu. L'Esprit, la personne divine, rend témoignage avec son esprit (la vie nouvelle qui est en lui par l'Esprit), qu'il est un enfant de Dieu, et au lieu de «vivre selon la chair», il est «imitateur de Dieu», comme un enfant bien-aimé, et il «marche dans l'amour» (Ephésiens 5: 2). Oh! qu'il puisse toujours plus en être ainsi chez l'écrivain et le lecteur de ces lignes! Oui, Seigneur, délivre-nous de toute «voie de chagrin», et conduis-nous dans la voie éternelle!» (Psaumes 139: 23, 24).

Maintenant, laissant de côté les passages relatifs à ce sujet dans la première épître aux Corinthiens, pour les traiter à part, nous en venons à deux passages de la seconde épître, importants pour notre méditation actuelle. D'abord: «Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c'est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l'Esprit dans nos coeurs», puis: «Or celui qui nous a formés à cela même, c'est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit» (1: 21, 22; 5: 5).

Le premier passage nous présente, si je puis parler ainsi, ce que Dieu fait envers une âme, la suite de ses actes. Dieu lie le croyant à Christ, et à un Christ en qui toutes les promesses de Dieu sont oui et amen (1: 20). Ce lien suppose que le croyant a été rendu vivant, qu'il a reçu la vie de Christ. Mais il n'est pas seulement rendu vivant et ainsi fermement lié avec Christ qui garantit l'accomplissement de toutes les promesses divines, mais il est aussi oint; le Saint Esprit est la puissance par laquelle il connaît et comprend tout selon Dieu. Même les petits enfants en Christ n'ont pas besoin que quelqu'un les enseigne; car l'onction qu'ils ont reçue, les «enseigne à l'égard de toutes choses» (1 Jean 2: 27). Cela veut dire: dès que le croyant est affermi en Christ, le Saint Esprit ouvre son intelligence spirituelle, les yeux de son coeur, et le rend capable de reconnaître et de recevoir les choses de Dieu. Même les plus petits enfants en Christ possèdent cette onction, cette faculté divine d'être enseignés par le Saint Esprit. C'est un point très important, dont on tient souvent trop peu compte.

Enfin, Dieu a aussi scellé le croyant sur le pied de l'oeuvre de la rédemption parfaite et lui a donné dans son coeur l'Esprit comme arrhes de l'héritage à venir. Nous retrouvons cette dernière pensée dans le chapitre 5. Le Dieu qui nous a préparés pour sa gloire, où un édifice de Dieu, une maison éternelle sera notre part, nous a donné «les arrhes de l'Esprit». Dans le chapitre 1 de l'épître aux Ephésiens, nous rencontrons les deux mêmes pensées dans le passage bien connu: «Auquel aussi (à Christ) ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise à la louange de sa gloire» (versets 13, 14). Très remarquable est ici l'expression «auquel aussi ayant cru», et cela en rapport avec les paroles précédentes: «Ayant entendu la parole de la vérité, l'évangile de votre salut». Nous avons déjà dit que seul ce qui est bon, saint, peut être scellé de Dieu; la pensée que le Saint Esprit pourrait sceller la vieille nature, la chair, est tout simplement abominable, et pourtant en entend et on lit aujourd'hui beaucoup de choses qui ne sont pas bien éloignées de cette pensée. Le sceau du Saint Esprit suit la foi en «la parole de la vérité», «l'évangile du salut», ainsi que cela nous a été annoncé par les apôtres et prophètes du Nouveau Testament. Dans l'Ancien Testament, nous n'entendons jamais parler d'être scellés par l'Esprit Saint, ni de l'Esprit comme arrhes. La cause en est simplement celle-ci: les saints de l'Ancien Testament, quelque dévoués, fidèles et résolus qu'aient pu être beaucoup d'entre eux, ne connaissaient pas encore l'Evangile du salut comme terrain ferme de bénédiction pour l'âme, dans sa relation avec Dieu. La communion avec Dieu en paix dans une heureuse liberté, était pour eux une chose tout à fait inconnue. De précieuses promesses leur étaient données, mais nous possédons l'accomplissement de ces promesses en Christ; nous savons que la réconciliation est une chose faite, et nous connaissons l'oeuvre de Christ et ses conséquences bénies.

Notre passage nous montre ensuite clairement de quoi le Saint Esprit est les arrhes, non pas du salut acquis pour nous, ou de l'amour de Dieu, ou de la fermeté de nos relations avec Dieu, mais il est les «arrhes de notre héritage». Le salut, je le possède, l'amour de Dieu est ma part, les relations avec Dieu sont inattaquables, mais l'héritage, je ne le possède pas encore. Je suis fils, et par là aussi héritier, et «héritier par Dieu» (Galates 4: 7); mais je ne suis pas encore entré en jouissance de la possession que Dieu m'a destinée et que Christ m'a acquise. Or, aussi longtemps que cet état intermédiaire subsiste, je possède des arrhes divines, le Saint Esprit, et comme jadis, dans le voyage à travers le désert, Eliézer pouvait diriger les pensées de Rebecca vers Canaan, et lui raconter la gloire et la joie qui l'attendaient, de même aujourd'hui le Saint Esprit, pendant que nous sommes encore dans ce monde, nous donne un avant-goût des choses glorieuses qui nous attendent. Et avant peu la possession sera aussi rachetée, et nous nous en; réjouirons avec Jésus, notre rédempteur, d'éternité en éternité.

Nous pourrions clore ici ce chapitre, mais j'aimerais encore diriger brièvement l'attention du lecteur sur quelques passages des épîtres aux Galates et à Tite. Nous lisons, en Galates 3: 2: «Je voudrais seulement apprendre ceci de vous: avez-vous reçu l'Esprit sur le principe des oeuvres de loi, ou de l'ouïe de la foi?» et plus loin: «Celui donc qui vous fournit l'Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le fait-il sur le principe des oeuvres de loi, ou de l'ouïe de la foi?» (verset 5).

Les oeuvres de loi avaient-elles ou ont-elles quelque chose à faire avec la réception de ce don merveilleux? Hélas! l'homme est toujours si enclin à donner de l'importance à lui-même et à ses actes! Qui donc peut rendre propres pour une telle bénédiction de pauvres vases, par nature si impurs et si corrompus? Dieu seul, et comment le fait-il? Par «l'ouïe de la foi», c'est-à-dire en ce que l'homme entend la bonne nouvelle de Christ le crucifié, et la reçoit en croyant. Christ avait été dépeint aux Galates, comme s'il eût été crucifié au milieu d'eux. Il peut bien, comme nous l'avons vu, s'écouler un temps plus ou moins long entre l'ouïe et la foi, d'une part, et la réception du Saint Esprit, d'autre part, mais cette réception même est fondée exclusivement sur l'oeuvre de Dieu dans l'âme. Aussi Pierre, à l'occasion de la discussion à Jérusalem sur cette grave question, si les chrétiens d'entre les nations devaient être circoncis, dit: «Et Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné l'Esprit Saint comme à nous-mêmes; et il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi» (Actes des Apôtres 15: 8, 9). Ce don était le témoignage divin de l'oeuvre opérée dans les coeurs des croyants d'entre les nations; Dieu lui-même y mettait son sceau.

Il en est de même dans le passage déjà souvent cité du chapitre 4 de notre épître. Les croyants galates avaient reçu l'Esprit d'adoption, parce qu'ils étaient fils par la nouvelle naissance. Cette relation nouvelle, bénie, était leur part, «par la foi dans le Christ Jésus» (3: 26). Le Saint Esprit leur avait été donné pour qu'ils pussent jouir consciemment de leur relation d'enfants avec le Père. Ils étaient déjà auparavant enfants de Dieu, mais ils n'étaient pas encore introduits dans la jouissance de cette relation. Mais maintenant l'Esprit de son Fils habitait dans leurs coeurs et criait: Abba, Père! Sous la loi, le croyant, bien qu'enfant et héritier, ne possédait jamais l'assurance et les sentiments d'un enfant. Il se trouvait, quant à toute son expérience, dans la position d'un esclave. Il était comme un enfant mineur, qui, bien qu'héritier de tout, est néanmoins sous des tuteurs et des curateurs jusqu'au temps fixé par le père. Il n'était pas libre, et bien que la loi lui fît sentir combien il était méchant et désobéissant, il n'avait pas la force de marcher en nouveauté de vie. «Car la lettre tue, mais l'Esprit vivifie… Mais là où est l'Esprit du Seigneur, il y a la liberté» (2 Corinthiens 3: 6, 17).

Le passage si intéressant de l'épître à Tite, que nous avons indiqué plus haut, est ainsi conçu: «Mais, quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous sauva, non sur le principe des oeuvres accomplies en justice et que nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l'Esprit Saint, qu'il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers selon l'espérance de la vie éternelle» (3: 4-7). Ici, nous avons de nouveau devant nous, comme en 2 Corinthiens 1: 21, tout le chemin du salut par lequel Dieu conduit le croyant. C'est Dieu qui sauve, et cela en ce qu'il fait d'abord passer l'homme par le lavage de la nouvelle naissance, et lui fait éprouver le renouvellement de l'Esprit Saint. L'homme est rendu vivant, purifié et pleinement renouvelé. La nouvelle naissance a été de tout temps la part de tous les croyants. Et même, avant que l'Esprit Saint fut venu, elle ne pouvait être opérée que par sa force et son action. Mais nous avons ici plus que la nouvelle naissance. Dieu a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, le Saint Esprit par lequel nous sommes renouvelés. Cela caractérise toute la plénitude et la puissance de la bénédiction chrétienne. Cette effusion du Saint Esprit n'a été possible qu'après que l'homme, dans son ancien état, a été pleinement jugé devant Dieu en Christ sur la croix, et que l'homme glorifié est entré dans la présence de Dieu.

Remarquons donc de nouveau que la plénitude du Saint Esprit est répandue sur tous les vrais croyants, et cela sur le pied d'un acte libre et inconditionnel de la grâce de Dieu par notre Sauveur Jésus Christ, qui s'est donné lui-même pour nous. Cette «riche effusion» est la part précieuse de tous; elle n'est pas moins vraie pour l'un que pour l'autre. Et précisément parce qu'il en est ainsi, nous devons examiner sérieusement jusqu'à quel point nous faisons usage de cette plénitude, nous laissant pratiquement remplir, pénétrer, conduire et employer par elle. Que Dieu nous donne à tous un oeil clair dirigé vers ce but, une conscience vigilante, délicate, et une ferme décision de coeur! Comment l'Esprit pourrait-il agir sans entrave en puissance et en plénitude dans un homme, quand les yeux s'égarent à droite et à gauche, que la conscience est souillée, et que le coeur ne bat pas sans partage pour Christ? Que nul ne se fasse illusion. L'Esprit et la chair sont deux puissances entièrement opposées. Pour que le fruit précieux de l'Esprit puisse se produire, il faut que la chair soit tenue dans la mort. C'est pourquoi: «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair» (Galates 5: 16).

Cher lecteur croyant, la plus petite concession que tu fais à la chair, contriste le Saint Esprit, empêche son activité, et t'enlève dans la même mesure ta force spirituelle.

 

NB

Si quelque chose n’était pas clair pour le lecteur de ce message, qu’il n’hésite pas à poser des questions à ce sujet à l’adresse bible@beauport.eu

Claude Beauport