La connaissance personnelle de Christ

Cette suite de messages est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée :

« Simon Pierre »

Accès aux différents chapitres:

Avant-propos

Chapitre 1 - «Je suis un homme pécheur »

Chapitre 2 - Pierre marchant sur les eaux

Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ

Chapitre 4 - Venir après lui

Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire

Chapitre 6 - La maison du Père

Chapitre 7 - La relation avec le Fils

Chapitre 8 - Sacrificature et communion

Chapitre 9 - Pierre entre en tentation

Chapitre 10 - Le sépulcre

Chapitre 11 - Le service

Chapitre 12 - L'âme restaurée

Chapitre 13 - Suis-moi


 

Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ

 

Or, lorsque Jésus fut venu aux quartiers de Césarée de Philippe, il interrogea ses disciples, disant: Qui disent les hommes que je suis, moi, le fils de l’homme ? Et ils dirent : Les uns disent : Jean le baptiseur ; les autres : Élie ; et d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes. Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et Simon Pierre, répondant, dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Alors il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il fût le Christ.

Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il fût ressuscité le troisième jour. Et Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre, disant : Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point ! Mais lui, se retournant, dit à Pierre : Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes. (Matthieu 16 v.13-23)

 

Pierre avait appris à connaître le Seigneur comme Celui qui répondait à ses besoins : Sauveur en rapport avec ses péchés, Sauveur en rapport avec sa faiblesse. Maintenant, le disciple va être introduit dans une connaissance plus profonde et plus merveilleuse. Il apprendra ce que le Seigneur est en lui-même.

Il en est toujours ainsi : le croyant marche pas à pas dans la connaissance de Christ. Toutefois, ce n'est pas la fidélité de Pierre qui lui fait acquérir cette nouvelle bénédiction ; elle lui est accordée par la fidélité de Dieu, qui l'avait séparé des hommes pour lui faire une telle révélation. C'était le Père, et non la chair et le sang, qui lui avait révélé ces choses (verset 17).

Introduit par le Père au centre de la bénédiction, Pierre est mis en présence du Dieu vivant. Dans le Fils de l'homme, il reconnaît le Christ, objet de toutes les promesses, et auquel se rattachent tous les conseils de Dieu ; mais ce Christ est le Fils du Dieu vivant. Il n'est pas seulement cet homme né dans le monde que Dieu avait déclaré son Fils, en disant « Tu es mon Fils ; je t'ai aujourd'hui engendré » mais il est Fils du Dieu vivant ; il possède une puissance de vie qui appartient à Dieu seul, et dont toute la plénitude se trouve en Christ.

Les hommes, dont Pierre avait été séparé pour recevoir cette glorieuse révélation, ignoraient entièrement la grandeur de Jésus. Il n'était pour eux que le fils de Joseph, tout au plus l'un des prophètes. Ils se trouvaient devant cette majesté sans la connaître, car il faut une révélation du Père pour cela. Désormais, Pierre connaît le Sauveur dans sa gloire personnelle, source et centre de toute bénédiction ; aussi Simon, fils de Jonas, est-il déclaré bienheureux par Jésus lui-même. Le ciel lui est ouvert, il possède un bonheur que rien ne peut égaler (*).

(*) Je ferai remarquer qu'il ne s'agit pas de la manière dont Pierre a saisi les choses qui lui ont été révélées, mais de la portée des révélations qui lui furent faites. En réalité, Pierre et ses compagnons ne comprirent ces choses et n'en jouirent qu'après le don du Saint Esprit.

Mais le Père ne peut révéler à Simon la gloire personnelle de son Fils, sans que le Fils révèle à son disciple les relations de cette gloire avec la bénédiction individuelle et collective des rachetés. C’est pour cela que le Seigneur Jésus lui déclare ce qui découle de son caractère de Fils du Dieu vivant : « Et moi aussi, je te dis… » :

1.      Tu es Pierre ; comme le Père t'a révélé mon nom, moi je te fais connaître le tien. Tu as individuellement et officiellement une place dans l'édifice qui sera établi sur cette révélation : « tu es le Fils Dieu vivant », fondement inébranlable !

2.      Le fondement de cet édifice étant connu désormais (il devait être posé plus tard dans la déclaration du Fils de Dieu en puissance, fruit de la résurrection d'entre les morts), le Seigneur déclare qu'il bâtira sur ce fondement, cette Assemblée [ou Eglise), dont le disciple est une pierre vivante : « Je bâtirai mon assemblée ». Elle devait être l'Assemblée de Christ, et lui appartenir, objet de son intérêt et de son affection. Pour nous, chrétiens, depuis le jour de la pentecôte (Actes 2), la chose est faite ; l'Assemblée est maintenant bâtie sur ce fondement, elle lui appartient.

3.      En vertu de cette déclaration, une nouvelle dispensation (*) allait s'ouvrir ici-bas. Israël devait être remplacé par le royaume des cieux, dont Pierre aurait les clefs ; il serait appelé à introduire les Juifs et les gentils [les non juifs des nations] dans une scène nouvelle de bénédictions sur la terre. Il y aurait dans ce monde, en vertu de la révélation du Fils du Dieu vivant, un terrain sur lequel on professerait lui appartenir. Pierre allait être, comme nous le verrons dans les Actes, l'instrument pour introduire dans cette profession bénie. Il aurait, pour ainsi dire, l'administration extérieure et intérieure du royaume, les clefs et le pouvoir de lier et de délier. La connaissance personnelle de Christ ouvre tous les cercles de bénédictions aux yeux de Simon Pierre; il est placé, au centre de la bénédiction, qui est Christ, pour contempler le domaine immense qui en dépend.

(*) « dispensation », ou « économie » est un terme que beaucoup de chrétiens ne comprennent pas. Il s’agit du cadre, ou du régime, dans lequel Dieu exerce ses relations avec les hommes. Par exemple, après que le peuple d’Israël ait dit « tout ce que l’Eternel nous dira, nous le feront », Dieu leur donne la loi, c’est ainsi qu’à commencé la dispensation, ou l’économie, ou le régime de la loi. Suite à la mort et à la résurrection du Seigneur Jésus, une autre ère commence, celle de la grâce. On parle alors de la dispensation, ou de l’économie, ou du régime de la grâce.

Et vous, chers lecteurs, partagez-vous, en quelque mesure l'intérêt et les sentiments de Christ pour son assemblée ? Il y a, grâce à Dieu, des coeurs chrétiens qui battent pour elle et qui, en dépit de sa ruine, sont capables de comprendre sa beauté, parce qu'ils la regardent avec les yeux du Sauveur et l'estiment au prix dont il l'a acquise, disant d'elle, comme autrefois l'Esprit le disait d'Israël : « Dieu n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni n'a vu d'injustice en Israël ».

NB. Pour bien comprendre cela, il est question de l’Assemblée, Corps de Christ, ce qu’elle est en vertu des résultats de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix ! Il ne s’agit pas de l’assemblée dans sa responsabilité sur la terre, la maison de Dieu sur la terre, dans laquelle il y a des vases à honneur et à déshonneur, comme le décrit Apocalypse 2 & 3 ! De la même manière lorsque Dieu ne voit aucune iniquité en Jacob (Israël), c’est dans son caractère de peuple élu, vu anticipativement dans le cadre de la nouvelle alliance, et non pas celle de la loi.

Ce fondement, un Christ ressuscité et exalté dans le ciel, donne à l'Eglise un caractère céleste. Sans doute, elle est bâtie sur la terre, mais son fondement est dans le ciel, au delà des portes du hadès. C'est là qu'elle se trouve déjà. La puissance de la mort, brisée par Christ ressuscité qui tient les clefs de la mort et du hadès, ne peut et ne pourra jamais rien contre elle.

Par le verset 20 : « Alors il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il fût le Christ. », il déclare que toutes les relations d'Israël avec un Messie terrestre sont devenues dès lors impossibles. Plus tard, après l’enlèvement de l’Eglise, Corps de Christ (1 Thessaloniciens 4 v.13-18) ces relations seront reprises ; mais dès ce moment, le Seigneur révélait aux disciples un changement total dans leurs espérances et leur position qui, de terrestres, allaient devenir célestes.

Glorieuses vérités que celles contenues dans la révélation faite à Pierre. Précieux privilèges !

NB. Il est important que si les bénédictions promises à Israël, peuple terrestre de Dieu, sont terrestres, par contre, la bénédiction des authentiques chrétiens, peuple céleste de Dieu, sont célestes ! Beaucoup de croyants oublient ce point fondamental de la révélation de Dieu dans sa Parole. Pendant toute la durée du régime de la grâce, il n’est pas question de bénédictions terrestres pour les croyants, bien que Dieu prenne aussi soin de nos besoins matériels !

Mais voici une nouvelle révélation inattendue : ces privilèges sont la conséquence de la mort de Christ ; ils nous sont acquis par elle, et, pour les avoir, il nous faut accepter la croix : « Dès lors, Jésus commença à montrer à ses disciples qu'il fallaitqu'il souffrit beaucoup … et qu'il fût mis à mort, et qu'il fût ressuscité le troisième jour » (verset 21).

Pierre ne peut admettre que Christ ait à subir un tel opprobre ; ne pouvait-il accomplir ses glorieux desseins sans mourir ? Le disciple prend son maître à part, et se met à le reprendre, disant : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera point ! » Il y avait, dans cette parole, de l'affection naturelle pour Christ, mais on y découvre que Pierre n'avait pas compris et apprécié la révélation qu'il avait reçue et qui ne peut nous appartenir qu'à ce prix. De plus, ces mots dénotent qu'il ne voulait d'un pareil avilissement, ni pour le Christ qui lui promettait de tels avantages, ni pour lui-même qui, avec les douze, faisait cortège au Messie.

NB. C’est là un message important pour le croyant aujourd’hui ! C’est d’être mis en garde, de mettre en jeu notre sentimentalité naturelle, même si elle est louable dans son cadre ! Le croyant oublie très facilement que ce qu’il est naturellement, étant descendant d’Adam, est inévitablement corrompu par le péché qui habite en lui ! Moralement, la croix a mis fin à cet état, et la résurrection du Seigneur Jésus introduit le chrétien né de nouveau dans un « monde » nouveau, ou une « sphère » nouvelle, dans la nouvelle création, où tout est de Christ, tout est de Dieu, et rien de l’homme et de ses sentiments naturels ! Le vrai chrétien, possède une nature nouvelle à laquelle est attaché un cœur nouveau, dans lequel le Saint Esprit génère et développe de vraies affections pour le Seigneur Jésus !

Mais si nous pouvons, en quelque mesure, distinguer les motifs naturels de Pierre pour reprendre Jésus ; un fait, dont lui-même ne pouvait se douter, c'est que Satan se servait de lui pour mettre une occasion de chute sous les pas de Christ. Les pires et les plus dangereux instruments de Satan sont des croyants possédant la vérité et en jouissant, peut-être, mais craignant l'opprobre et l'inimitié du monde.

Reculer devant la croix, c'est renier le christianisme, et c'est la tendance de tous nos coeurs naturels. Nos rapports avec le monde ne le constatent que trop. Il nous tolère quand nous avons osé lui parler d'événements futurs, ou de telles vérités qui ne touchent pas aux sources mêmes du christianisme, mais si nous parlons de la croix et du sang de Christ, il nous méprise. Nous n'aimons pas cela, car nous voudrions éviter l'opprobre, et nous méritons ainsi la sévère réprimande du Seigneur.

Quelle humiliation pour Pierre, tombant de la hauteur des révélations à la conviction de jouer le rôle de l'Ennemi vis-à-vis de Christ ! Lui, confesseur du Fils du Dieu vivant, lui, future pierre vivante de l'Eglise, lui, revêtu de l'autorité du royaume, s'entendre dire par le Maître qu'il aimait : « Arrière de moi, Satan ! »

Mais aussi, quelle folie de venir au Fils du Dieu vivant, pour le reprendre et lui suggérer ce qu'il avait à faire ! Ah! que Pierre se connaissait peu et connaissait peu Celui que le Père venait de lui révéler.

Tout ce récit nous dévoile ce qu'est la chair dans le croyant, vue sous son meilleur jour, avec ses meilleures intentions. Elle recule devant l'opprobre, offense Christ, et Satan peut s'identifier avec elle. Après avoir été introduit en présence du Dieu vivant, Pierre apprend que ses pensées naturelles ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes. Ce mot dit tout : les choses des hommes sont celles sur lesquelles Satan a la haute main. Les hommes et Satan sont en parfait accord !

NB. Ceci met en évidence l’erreur fatale de la fausse doctrine répandue dans la chrétienté et faisant de plus en plus de ravage et qui présente la conversion comme une amélioration de la nature humaine ! Alors que la saine doctrine, comme clairement exprimée dans cette méditation, déclare que la croix met un point final à la nature pécheresse, porteuse du péché, et que la résurrection du Seigneur Jésus, crée un terrain nouveau, une création nouvelle, où ce qui est né de nouveau, porte les caractères du Seigneur Jésus, et rien d’Adam !

 

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Chapitre 4 - Venir après lui