Venir après lui

Cette suite de messages est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée :

« Simon Pierre »

Accès aux différents chapitres:

Avant-propos

Chapitre 1 - «Je suis un homme pécheur »

Chapitre 2 - Pierre marchant sur les eaux

Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ

Chapitre 4 - Venir après lui

Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire

Chapitre 6 - La maison du Père

Chapitre 7 - La relation avec le Fils

Chapitre 8 - Sacrificature et communion

Chapitre 9 - Pierre entre en tentation

Chapitre 10 - Le sépulcre

Chapitre 11 - Le service

Chapitre 12 - L'âme restaurée

Chapitre 13 - Suis-moi


 

Chapitre 4 - Venir après lui

 

Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive : car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera. Car que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ; ou que donnera un homme en échange de son âme ? Car le fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite. En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le fils de l’homme venant dans son royaume.

(Matthieu 16 v.24-28)

 

Nous voyons, ici, les disciples appelés à venir après Christ.

Pour venir après lui, il faut deux choses, celles que nous avons vues au chapitre précédent : la connaissance personnelle de Christ et la connaissance de la croix. Pierre avait reçu la première et reculait devant la seconde ; mais la croix seule enlève tout empêchement à venir après Christ. C'est là notre point de départ, notre premier pas dans le chemin chrétien, car le croyant ne peut faire un seul pas, s'il n'est parti du pied de la croix.

Cela contredit toutes les pensées habituelles, tout l'enseignement journalier, de l'homme religieux. Cet enseignement revient à ceci : Faites un premier pas vers Christ, abandonnez vos vices, consacrez-vous à Dieu, et sa grâce vous aidera. Jamais Dieu n'a tenu un semblable langage. Le début même de l'histoire de Pierre en est une preuve.

La Parole nous enseigne que Dieu a fait le premier pas vers l'homme, que ce premier pas a conduit le Seigneur à la croix, que par elle seule l'homme commence à Lui être agréable. Tel est donc notre point de départ pour venir après lui.

Voyons à quelles conditions nous pouvons marcher dans ce chemin. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même ».

La plupart des chrétiens traduisent ces mots ainsi : Il faut renoncer à certains péchés, à certaines convoitises ! La Parole nous dit qu'il faut se renoncer soi-même. Mais le peut-on? Pas autrement que dans la puissance du nouvel homme, car le vieil homme ne peut se dépouiller lui-même. Il faut être un nouvel homme pour pouvoir se considérer comme ayant dépouillé le vieil homme et dire : « Je suis crucifié avec Christ et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Galates 2 v.20) . Pour l'homme nouveau, la chair n'a plus de droits, ni de place ; il se tient pour mort. La conséquence en est que le chrétien, et lui seul, peut, par la seule puissance du Saint Esprit, renoncer à tout. Que sont au nouvel homme les habitudes et les convoitises charnelles ? Remarquons-le ; il ne s'agit pas de faire un effort sur soi-même pour se débarrasser de ses liens. C'est la connaissance d'un jugement passé sur nous à la croix, et de la nouvelle position de l'homme en Christ, qui nous affranchit, c’est-à-dire nous libère de l’esclavage de nous-mêmes, et du péché qui y habite. Vient ensuite la lutte entre les deux natures, c’est-à-dire la lutte entre le vieil homme et le nouveau. Se renoncer soi-même, c'est faire ce que Christ a fait. Seulement, lui possédait la capacité de le faire d'une autre manière que nous ! Car en lui, il n'y avait pas de vieil homme à juger. Il marchait dans la puissance absolue de l'homme nouveau, on en trouve une image dans l’instruction donnée dans l’Ancien Testament en rapport avec la génisse sans tare qui n'avait jamais porté le joug (Nombres 19). Contrairement aux descendants d’Adam, ayant le péché en eux, Christ, comme homme, avait une volonté parfaite ! Il a soumis entièrement sa volonté, à celle de Dieu, son Père : « Que ce ne soit pas ma volonté » dit-il, « mais la tienne qui soit faite » (Luc 22 v.42). Christ avait des droits, il y a renoncé ; il avait tout pouvoir, il a été crucifié en faiblesse. Entré sur la scène avec le renoncement de soi-même, il en est sorti avec le même renoncement absolu, consommé dans le don de sa propre vie.

« Et qu'il prenne sa croix ». C'est la conséquence du renoncement de soi-même. Celui qui se serait complètement renoncé, ne trouverait aucune attraction dans ce que le monde lui offre, mais uniquement un sujet de douleurs. Christ a répondu aux tentations, non par l'indifférence, mais par la souffrance : « il a souffert lui-même, étant tenté » (Hébreux 2 v.18).

Des milliers de chrétiens croient prendre leur croix, quand ils sont éprouvés, ou que la main de Dieu s'appesantit sur eux en discipline. Il n'y a rien de la croix dans cela. Remarquez le mot : « Prendre sa croix ». Ce n'est pas recevoir des afflictions de la main de Dieu, mais prendre volontairement, je dirais « volontiers », le fardeau des souffrances que le monde nous présente. Ce fardeau est d'autant plus réel et d'autant plus lourd que, pour suivre Christ, nous marchons davantage dans la puissance du nouvel homme qui, n'ayant aucune attache ici-bas, ne trouve dans le monde que l'inimitié contre son Sauveur et contre ce qui est né de lui.

« Et me suive ». Le suivre est la conséquence des deux conditions précédentes. Le suivre, c'est l'imiter ; l'imiter, c'est former sur lui ses actes et ses pensées.

Il faut ces trois choses pour venir après lui :

1.   Renoncer à soi-même

2.   Prendre sa croix

3.   Le suivre

Où est la puissance pour les réaliser ?

Lorsque Pierre dit « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort» (Luc 22 v.23), il se faisait illusion à cet égard ! Il pensait que cette puissance était dans ses bonnes intentions, dans ses décisions, dans son amour pour le Sauveur.

Combien de chrétiens pensent de même ! Ils diraient volontiers : « Je te suivrai en prison et jusque dans la mort ».

Mais cette puissance n'est pas de l'homme, elle est essentiellement liée à deux choses :

1.    Au don du Saint Esprit, puissance d'en haut pour notre marche

2.    A la perte de toute confiance en la chair.

Cette défiance de lui-même, Simon Pierre l'acquit avec Satan, par une chute ! Paul l’a acquise avec Dieu, par la connaissance d'un Christ glorieux.

Lorsque Pierre est entièrement brisé, le Seigneur lui dit définitivement : « Suis-moi » (Jean 21 v.19). Et le disciple, à la suite de Jésus, se met en marche à travers la mort jusqu'à ce qu'il atteigne Christ dans la gloire.

Chers lecteurs chrétiens, jeune ou vieux, suivons-le jusqu'au bout ! Comme nous allons le voir dans le récit de la transfiguration sur la haute montagne, au chapitre 17 de notre évangile de Matthieu, nous en aurons déjà maintenant la récompense bénie, nous apprendrons, dès ici-bas, à le connaître dans la gloire.

 

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Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire