La relation avec le Fils
Cette suite de messages est tirée d’une méditation du frère Henri Rossier, serviteur du Seigneur, parue dans le Messager Evangélique de 1888, et intitulée :
« Simon
Pierre »
Accès aux différents chapitres:
Chapitre 1 - «Je suis un homme pécheur »
Chapitre 2 - Pierre marchant sur les eaux
Chapitre 3 - La connaissance personnelle de Christ
Chapitre 5 - Le contempler dans la gloire
Chapitre 6 - La maison du Père
Chapitre
7 - La relation avec le Fils
Chapitre 8 - Sacrificature et communion
Chapitre 9 - Pierre entre en tentation
Et
lorsqu’ils furent venus à Capernaüm, les receveurs des didrachmes vinrent à
Pierre, et dirent: Votre maître ne paye-t-il pas les
didrachmes ? Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le
prévint, disant : Que t’en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui
reçoivent-ils des tributs ou des impôts, de leurs fils ou des étrangers ?
Pierre lui dit : Des étrangers. Jésus lui dit : Les fils en sont donc exempts.
Mais, afin que nous ne les scandalisions pas, va-t’en
à la mer, jette un hameçon, et prends le premier poisson qui montera ; et quand
tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère ; prends-le, et
donne-le-leur pour moi et pour toi. (Matthieu 17 v.24-27)
NB : Payer les didrachmes était le paiement de l’impôt prélevé pour le temple, probablement celui prescrit par Moïse en Exode 30 v.11-16, ou celui établi par Néhémie pour le service de la maison de Dieu (Néhémie 10 v.32-33).
Sur la montagne, Pierre avait vu des hommes associés avec Christ dans la gloire du royaume ; puis introduit dans la nuée, il était entré en communion avec le Père au sujet de son Fils. Ici, dans la scène des didrachmes, le Seigneur associe son disciple avec lui, non pas dans une gloire future, ni dans une jouissance céleste actuelle, mais ici-bas, sur la terre, comme un fils de Dieu marchant dans la conscience de sa dignité de fils. Quand le Seigneur montre à ses disciples les compagnons de sa gloire, un moment arrive où ils disparaissent, faisant place à Jésus seul, pour que la gloire de Christ, «plus excellente que celle de Moïse», soit reconnue dans toute sa prééminence; mais lorsque le Seigneur associe Pierre avec lui comme fils, il le place et le garde dans la même relation que lui vis-à-vis du Père. Ces trois paroles : « Les fils en sont donc exempts » « afin que nous ne les scandalisions pas », et: « Donne-le-leur pour moi et pour toi», sont l'expression bénie de cette relation.
Combien nous connaissons
et apprécions peu cette
dernière ! Etre fils de Dieu,
posséder une relation qui n'est pas inférieure à celle de Jésus homme, avec Lui, chose
incroyable, impossible, si elle ne nous était
affirmée de Dieu.
Hâtons-nous d'ajouter que Christ est Fils de Dieu sous deux aspects:
1.
Comme « le Fils
unique qui est dans le sein du Père
», il a une relation que nous
n'avons pas et que nous
n'aurons jamais !
2.
Mais comme homme il est appelé Fils de Dieu (Psaumes 2 v.7 et Luc 1 v.35), et nous place
dans cette relation, qui n'offre qu'une
seule différence entre lui et nous, c'est
que lui s'y trouve selon sa
valeur et sa dignité personnelle (aussi Dieu, quand Jésus parait dans ce monde, le
salue-t-il de ces mots: « Tu es mon Fils, je
t'ai aujourd'hui engendré »),
tandis que nous, nous sommes fils uniquement en vertu de son
oeuvre.
Mais il est merveilleux de penser que notre relation est absolument la même : « Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 v.17). « Vous avez reçu l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba, Père » (Romains 8 v.15) ; « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ! » (Romains 8 v.17). S’exprimant à son Père il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles » (Marc 14 v.36)
Mais hélas ! comme en toute occasion la
misère des pensées naturelles est
mise à nu chez le pauvre disciple ! Quand il disait : « Seigneur, Dieu t'en préserve,
cela ne t'arrivera point », ses pensées étaient humaines, c'est-à-dire sataniques ! Comme si Jésus avait pu penser à s'épargner lui-même ! Sur la montagne, Pierre
« ne savait ce qu'il disait » (Luc 9 v.33). C'était
l'inintelligence, voulant
faire d'une scène future une
scène actuelle.
On pourrait comparer ces paroles de
Simon : « Il est bon que nous soyons ici », à celles des chrétiens
de nos jours qui attendent pour l'économie présente un règne
de Christ sur la terre
par l'évangile. C’est confondre l’Evangile
de la grâce (dont les bénédictions sont célestes) avec l’Evangile
du Royaume (dont les bénédictions sont terrestres). [Voir le message n°2 : « L’importance
de faire la différence entre l’Evangile de la grâce & l’Evangile du royaume. »]
En outre, son inintelligence introduisait
quelque chose à côté de Christ,
une autorité à côté de la
sienne. Comme on
vient de le souligner : Pierre agit de la même manière que tant de chrétiens qui font un
mélange de loi et de grâce :
la grâce, ce qui nous
sauve, la loi, notre
règle de conduite. Les pensées terrestres de Pierre étaient
en scandale à Christ, aussi
tança-t-il fortement son disciple ; mais, sur la montagne, Dieu répond en grâce à son ignorance (quelle condescendance
!), en
plaçant Christ devant lui comme le seul qu'il dût écouter.
Dans la scène des didrachmes, on trouve chez le disciple le désir de revendiquer pour son Maître le caractère d'un Juif zélé. C'est comme le besoin, si fréquent de nos jours, d'accommoder Christ à la religion d'un monde qui l'a rejeté, pour le faire accepter, reconnaître et honorer. Pierre voudrait que Jésus ne fût pas traité en étranger dans le système officiel et n'eût pas l'air de s'en séparer.
Le Seigneur montre à son disciple que lui marche en vue de Dieu, et non pas en vue d'un système. Si Christ était désormais étranger au système juif, c'est que ce dernier était étranger à Dieu, tandis que, vis-à-vis de Dieu, Jésus est Fils. De plus, le Seigneur du temple ne doit pas payer l'impôt pour le temple ; lui, le Créateur, qui a tout pouvoir sur la création, ne peut être assimilé à la créature ; lui, auquel un poisson même, du fond de la mer, apporte le tribut, ne doit pas payer le tribut.
Qu'elles sont misérables, les meilleures pensées de l'homme, livré à lui-même pour apprécier Christ ! Aussi le Seigneur ne peut-il jamais, dans ses communications, reconnaître l'intelligence de Pierre, sauf dans le cas où ce dernier avait reçu directement une révélation du Père que la chair et le sang ne pouvaient lui enseigner. Mais, nous l'avons dit, la grâce répond à la folie du disciple. Le souverain accepte cette position d'humiliation non mérité, pour ne pas les scandaliser. Il ne cherche pas à combattre un système que Dieu avait abandonné, mais n'avait pas encore jugé. Celui qui était déjà réellement rejeté ne veut pas scandaliser des hommes qui le rejettent. Quoique étant Fils, il accepte la position de dépendance qui lui est faite. De plus, il ne veut pas, en refusant de payer les didrachmes, humilier et démentir son pauvre disciple devant le monde. Quelle condescendance !
Mais il fait
plus ; dans sa réponse, il révèle à
Pierre son association avec Christ, comme Fils du Dieu souverain. Sur la montagne, les disciples
avaient reçu la révélation du Père au sujet du Fils ; ici, Jésus
révèle à son disciple une merveilleuse
relation de famille. Ils sont tous deux fils de Dieu ; mais Pierre l'est seulement en
vertu du fait que Christ s'est abaissé
pour nous sauver. De telles bénédictions sont actuelles !
Sur la montagne, il y avait trois
pauvres pécheurs plongés dans la frayeur, le sommeil et l'ignorance, appelés à entrer dans la maison du Père pour avoir
communion avec lui au sujet de son Fils ; ici, à Capernaüm, nous voyons un faible disciple
dont le zèle humain pour
honorer Christ, a
pour effet, de le rabaisser, appelé tel qu'il est à marcher avec lui, dans
l'humilité toujours, mais aussi dans la
conscience de la dignité
d'un fils de Dieu !
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