Le dernier message de l’apôtre Paul

Ce message s’inspire de la publication « Réflexions sur la 2e épître à Timothée », parue dans le Messager Evangélique de 1863.

 

CONTENU

La fin de vie sur cette terre de l’apôtre Paul 1

Enseignements que Paul donne à Timothée dans sa 2ème lettre. 3

L’Eglise devenue « une grande maison ». 3

Instruction donnée à l’homme de Dieu. 4

première catégorie d’habitants de la maison. 4

Deuxième catégorie d’habitants de la maison, desquels il faut se purifier. 4

Ce dont l’homme de Dieu doit se retirer et ce qu’il doit fuir. 5

Ce que l’homme de Dieu doit poursuivre. 6

Une des causes principales de cette iniquité : l’écart de la vérité. 8

Conclusion. 9

 

La fin de vie sur cette terre de l’apôtre Paul

L’apôtre est près de passer par la mort, il le sait et il l'annonce ainsi à son cher Timothée : « Pour moi, j'ai déjà reçu l'aspersion du sacrifice, et le temps de mon départ est arrivé ; j'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi » (2 Timothée 4 v.6-7). Ces paroles solennelles ne nous apprennent pas seulement que Paul savait que le moment de son départ était arrivé, mais il y a aussi comme un regard rapide jeté sur la course que Paul venait de fournir, course que l'apôtre caractérise par ce mot remarquable : « J'ai combattu le bon combat ». Tel a bien été en effet l'un des traits saillants de la carrière de Paul : il a combattu.

Si Paul a été soldat, il a été aussi architecte, « un sage architecte » qui a posé le fondement et édifié sur ce fondement de l'or, de l'argent, des pierres précieuses (1 Corinthiens 3). S'il a été laboureur et a, comme tel, déraciné des ronces et des épines, il a aussi été semeur.

Paul, arrivé lui-même au terme de la lutte, écrivait à un jeune soldat de Jésus Christ pour l'exciter à se comporter vaillamment : « Toi donc … », lui disait-il, « … endure les souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Nul homme qui va à la guerre ne s'embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu'il plaise à celui qui l'a enrôlé pour la guerre ; de même si quelqu'un combat dans la lice, il n'est pas couronné, s'il n'a pas combattu selon les lois ; il faut aussi que le laboureur travaille premièrement pour qu'il jouisse des fruits » (2 Timothée 2 v.3-6).

Paul est près de son départ ; sa course est terminée ; il a combattu et il combat encore. Mais où est-il ? dans quelles circonstances se trouve-t-il ? Il est à Rome, prisonnier, lié de chaînes comme un malfaiteur et Luc seul est avec lui ; car « Démas l'a abandonné, ayant aimé le présent siècle » ; tous ceux qui sont en Asie se sont aussi détournés de lui, entre lesquels étaient Phygelle et Hermogène!

S’adressant à Timothée, il résume le message qu’il prêchait et qui explique aussi la raison pour laquelle il se trouve lié de chaîne dans un cachot : « N’aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais prends part aux souffrances de l’évangile, selon la puissance de Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le christ Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile ; pour lequel moi j’ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations. C’est pourquoi aussi je souffre ces choses ; mais je n’ai pas de honte, car je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu’à ce jour-là. » (2 Timothée 1 v.8-12)

L'abandon de la saine doctrine de la croix était un moyen d'éviter la persécution ; le maintien de cette doctrine amenait inévitablement la persécution et la souffrance : « Tous ceux qui veulent avoir une belle apparence dans la chair, ceux-là vous contraignent à être circoncis, seulement afin qu’ils ne soient pas persécutés à cause de la croix de Christ. » (Galates 6 v.12) Il ajoute : « Et tous ceux qui veulent vivre pieusement selon le Christ Jésus seront persécutés ». Pour rendre un fidèle témoignage à l'évangile, il ne suffit pas de prêcher la saine doctrine ; un tel témoignage est impossible sans cela, je n'ai pas besoin de le dire, mais il ne s'arrête pas là ; il faut que la conduite, que la vie rende témoignage à la vérité, aussi bien que les paroles : il faut vivre pieusement selon le Christ Jésus. Les deux choses sont essentielles

Prêchez l'évangile au monde ; annoncez-lui dans toute sa pureté et toute sa force la saine doctrine, votre témoignage sera de fort peu de valeur, produira fort peu d'effet, si votre conduite est semblable à celle du monde, car il vous regardera comme l'un des siens et vous laissera tranquille malgré vos idées, malgré votre doctrine. Il vous laissera tranquille aussi et vous regardera comme l'un des siens, malgré votre grande austérité de mœurs, malgré vos pénitences et votre apparent renoncement au monde, s'il découvre que cette vie pieuse n'est le fruit que de la volonté de la chair et du vieil homme, au lieu d'être le fruit de la grâce et de son enseignement. Vôtre témoignage est sans portée et sans valeur, malgré votre conduite exemplaire devant les hommes, parce que le principe qui vous dirige est mauvais : il s'appelle : orgueil, propre justice.

Tout témoignage vrai du Seigneur, consiste à maintenir la saine doctrine, quelles que soient les difficultés rencontrées, tout en manifestant une fidélité pratique, une marche et une conduite en harmonie avec la vérité contenue dans l’évangile. Ces caractères se trouvaient chez l’apôtre ! Qu’il nous soit donné de l’imiter !

Enseignements que Paul donne à Timothée dans sa 2ème lettre

L’Eglise devenue « une grande maison »

Dans sa première épître à Timothée, Paul parle de l'Eglise comme étant la maison de Dieu, « colonne et soutien de la vérité », et il donne là toutes les directions nécessaires pour qu'on sache comment il faut se conduire dans une telle maison.

Dans cette seconde épître, cette maison se présente à l'apôtre sous un tout autre aspect ; au lieu de la montrer ici comme colonne et appui de la vérité, il parle, au contraire, dans une comparaison, d'une « grande maison », dans laquelle il y a des vases à honneur et des vases à déshonneur, d'une maison dans laquelle le mal entrait du dehors et jaillissait du dedans, à tel point que l'homme de Dieu avait surtout maintenant à veiller pour se garder du mal qui l'environnait de toutes parts. Les mauvais jours commençaient ; la foi de quelques-uns était renversée ; les faux ouvriers étaient multipliés ; la grande maison s'emplissait de toutes sortes de vases impurs.

Nuance à retenir :

L’Eglise ou l’Assemblée, Corps de Christ, est constituée de l’ensemble des chrétiens authentiques, c’est-à-dire passés par une vraie conversion

L’église ou l’assemblée, Maison de Dieu sur la terre, est constituée de tous les personnes portant le nom de chrétien, tous les baptisés, qu’ils soient nés de nouveau ou pas. (voir les 7 assemblées d’Apocalypse 2 & 3)

Si au début du livre des Actes des apôtres, le Corps de Christ et la Maison de Dieu étaient constituée exactement des mêmes personnes, il n’en a plus été de même à la fin de la vie de l’apôtre Paul, et aussi de l’apôtre Jean, comme ce dernier le relate dans les lettres aux 7 assemblées d’Asie (Apocalypse 2 & 3)

 

Le but manifeste que se propose le Saint Esprit dans la description de cet état de choses, c'est de donner à l'homme de Dieu les instructions nécessaires, non pour qu'il sache comment il faut se conduire dans l'Eglise, colonne et appui de la vérité, mais bien pour qu'il sache ce qu'il a à faire au milieu du mal et du désordre qui envahissait « la grande maison ».

Nous, chrétiens authentiques, sommes dans la grande maison, et de ce fait, cette 2ème épitre de Paul à Timothée est pour nous d’une extrême grande importance ! Elle constitue une véritable prophétie pour le temps présent, et à laquelle nous devons rester attentifs ! Elle est une lampe qui éclaire dans un lieu obscur, et quiconque ne la comprend pas, ne peut que se trouver dans des difficultés sans cesse renaissantes.

Remarquez les caractères du destinataire de cette lettre ! Les enseignements, qu’elle contient, sont destinés à un homme en qui habite « une foi sincère », à un « homme de Dieu », pour qui la question du salut était une affaire réglée. Aussi Paul n'expose-t-il pas ici la foi, il ne prêche pas l'évangile ; il n'enseigne pas quelqu'un qui cherche le salut, mais quelqu'un qui l'a ; il n'instruit pas un homme du monde, mais un « homme de Dieu » !

NB. Que pensez-vous de ces prédicateurs qui annonce les rudiments du salut, à un public qu’il appelle ses frères et sœurs, donc supposés posséder la vie divine ?

Instruction donnée à l’homme de Dieu

Ainsi, l'homme de Dieu ne trouve pas plus ici l'exposé de ses privilèges, comme homme de Dieu, mais il y trouve les instructions nécessaires pour sa conduite, qu’il a à mener, dans la « grande maison ».

Il n’y a aucun doute, cette grande maison est constituée par la chrétienté tout entière.

première catégorie d’habitants de la maison

Les cinq premiers versets du chapitre 3 décrivent l'état moral de ceux qui habitent la maison : « Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents [sans frein], cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance. Or détourne-toi de telles gens. »

C'est le mal dans toute sa laideur, qu’il cache, se recouvrant d'un manteau religieux, de la profession chrétienne. C'est une vie loin de Dieu avec une apparence de piété. C'est le tableau exact de ce que nous avons sous les yeux, de la chrétienté.

L'instruction donnée à l'homme de Dieu relativement à ceux qui sont tels, est très brève, mais parfaitement claire : « Détourne-toi de telles gens ». Ce qui veut dire en d’autres termes : ô homme de Dieu, sous aucun prétexte, ne sois pas leur associé, car les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. L'obéissance simple et enfantine à cet ordre de Dieu, est d'une portée incalculable. Mais, malheur à qui raisonne en présence d'un ordre si net, si précis ! Il ne s'agit pas de juger, de condamner, de haïr «de telles gens » ; il s'agit seulement de les éviter. Dieu ne dit pas : Hais, juge, condamne ; il dit : détourne-toi ! Il s'agit, dans ce passage, de la masse des professants, dont le cœur est vraiment éloigné de Dieu, mais qui ont une apparence de piété.

Deuxième catégorie d’habitants de la maison, desquels il faut se purifier

« … , dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur.-  Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre. » (2 Timothée 2 v.20-21)

Ce sont ceux dont parle 2 Timothée 2 v.20, et qui sont décrits comme des « vases à déshonneur » et desquels l’homme de Dieu doit se purifier.

Qui sont ces vases à déshonneur ?

Ce ne sont certainement pas les « vases de terre », car les prédicateurs de l’Evangile avaient reçu ce don dans des « vases de terre », que sont nos corps mortels. L’écrivain de la lettre, Paul lui-même, a été un tel « vase de terre » bien utile au Maître !

Ces vases à déshonneur sont tous ces faux docteurs qui, au lieu de prêcher « la Parole », font des discours vains et profanes, détournant le sens des écritures. Un exemple de fausses doctrines est de créer la confusion entre ce qui est de la première création, et de la nouvelle ; ce qui est de l’esprit de l’homme et ce qui est de l’Esprit de Dieu ! On en arrive à prétendre que l’Evangile améliore l’homme naturel, pour le rendre conforme à Dieu !

Ce sont ces docteurs que les gens de la maison s’amassent pour entendre des discours qui plaisent à leur oreilles (« dites-nous des choses agréables » [Ezéchiel 33 v.31]), et pour satisfaire ce qu’ils convoitent ! Car le vieil homme, l’homme naturel, l’homme charnel, aime une religion qui plaît à la chair ! C’est la religion de Caïn !

Ce dont l’homme de Dieu doit se retirer et ce qu’il doit fuir

« … le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. Or, dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur. » (2 Timothée 2 v.19-20)

Voilà une condition nécessaire à respecter pour l’homme de Dieu, suivie de :

« … Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur … » (2 Timothée 2 v.22)

L’homme de Dieu est appelé à prendre une position bien déterminée, bien tranchée, vis-à-vis de ces deux catégories d'habitants de la grande maison, en s’en retirant !

De plus, l’apôtre lui dit «   fuisles convoitises de la jeunesse », ce n’est pas seulement des personnes, des professants, des vases à déshonneur, qu'il faut fuir, mais ce sont aussi des convoitises ! Ces convoitises sont ce que stimulent les discours qui plaisent aux oreilles, ce qui plait à l’homme naturel, au vieil homme.

La loi de l’ancienne alliance interdisait la convoitise ! Ce que le cœur naturel ne peut s’empêcher de faire ! Il faut la puissance du Saint Esprit, agissant dans l’homme nouveau, pour tenir dans la mort ce vieil homme qui ne demande qu’à répondre aux sollicitations du péché qui habite en l’homme aussi longtemps qu’il vit.

 Ainsi, dans la grande maison, on y trouve ce qu’il y a dans le monde : « La convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l'orgueil de la vie » (1 Jean 2 v.16).

La jeunesse convoite tout ce qui a de l'apparence, tout ce qui peut satisfaire la chair, et donner un aliment à son orgueil. Dans la grande maison, les faux enseignements qui y sont propagés, stimulent ces choses propres à exciter ces convoitises, ces choses qui plaisent à l’homme naturel, ce qui flatte son orgueil !

Sous quelles formes les trouve-t-on ? Elles se trouvent décrites dans les premières pages de la Bible : « … Caïn connut sa femme, et elle conçut, et enfanta Hénoc ; et il bâtit une ville, et appela le nom de la ville d’après le nom de son fils Hénoc. [orgueil] … Hénoc … Irad … Mehujaël … Methushaël … Lémec prit deux femmes : le nom de l’une était Ada, et le nom de la seconde, Tsilla. Et Ada enfanta Jabal : lui, fut père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail [agriculture et commerce]. Et le nom de son frère fut Jubal : lui, fut père de tous ceux qui manient la harpe et la flûte [les arts]. Et Tsilla, elle aussi, enfanta Tubal-Caïn, qui fut forgeur de tous les outils d’airain et de fer [l’industrie et commerce] » (Genèse 4 v.17-22)

Tout comme parmi les descendants de Caïn, on voit que, dans la grande maison, les arts et l'industrie fleurissent, que le commerce apporte ce que les nations ont de plus magnifique et de meilleur, que la science répand ses charmes et brille d'un vif éclat… et par-dessus tout cela s'étend le grand et magnifique manteau de la profession religieuse, car la religion aussi déploie de grandes pompes dans la grande maison : tout est propre à séduire, à exciter les convoitises.

Mais, ô homme de Dieu… fuis, fuis ces choses, car elles rongent aussi comme la gangrène. Ne pense pas, ô enfant de Dieu, qu'il suffise d'être extérieurement séparé des deux catégories d'habitants de la grande maison dont il est parlé ici, car malgré cette séparation, tu peux être enfoncé dans la misère et la mondanité, si tu ne fuis pas aussi les convoitises de la jeunesse. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui.

Ce que l’homme de Dieu doit poursuivre

Nous venons de voir  la position que l'homme de Dieu doit garder dans la grande maison : ce qui la caractérise, c'est la séparation du mal. Mais il y a des conditions qui sont nécessaires, telles que la séparation du mal, mais elles ne sont pas suffisantes. Mais si, dans cette maison, il y a des gens qu'il faut éviter et des choses qu'il faut fuir, il y a aussi des choses que l'homme de Dieu doit poursuivre et des gens dont il doit rechercher la compagnie.

« … Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Timothée 2 v.22)

Se détourner du mal, s'en séparer, est une bonne chose, mais mon âme n'est pas nourrie, restaurée, fortifiée par le seul fait que je m'éloigne du mal. Il faut, en outre, que je m'abreuve à la source de la vie, et que je cherche la justice, la foi, l'amour et la paix dans la communion avec Dieu, par le moyen de la prière et la lecture de la Parole,.

Autant l'homme de Dieu met de soin à fuir les convoitises de la jeunesse, autant il doit en mettre à poursuivre ces choses et à les poursuivre avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur.

Grâces à Dieu, son enfant n'est pas condamné à un isolement complet ; il y a dans la grande maison des gens qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur. Ceux-ci, il faut les rechercher au lieu de les fuir ; l'homme de Dieu doit se trouver avec eux, pour chercher avec eux, non les choses qui se trouvent dans la grande maison, mais celles qui sont « en haut », là où Christ est assis à la droite de Dieu. Et remarquez qu'il n'est pas dit simplement : « Avec ceux qui invoquent le Seigneur », car tous ou presque tous ceux de la grande maison prétendent l'invoquer, tous ou presque tous professent le christianisme et ont l'apparence de la piété. La Parole dit : « Avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur ».

Ici plusieurs se récrient : « Prenez garde, disent-ils, vous ne pouvez pas juger des intentions du cœur, vous pouvez vous tromper, accueillir des gens sans droiture et en repousser de bien sincères ! Comment juger de la sincérité, de la pureté d'un cœur ? Quelle terrible responsabilité ! N'est-ce pas l'affaire de Dieu seul ? Donc il faut recevoir tous les professants, sans distinction ». — Mais Dieu dit le contraire ici : il nous commande d'éviter certains professants, et il nous commande aussi de marcher avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur.

On conviendra qu'il n'est, hélas ! que trop facile de reconnaître les professants que l'enfant de Dieu doit éviter, il n'y a qu'à regarder les fruits qui accompagnent leur profession !

Si ces fruits sont ceux désignés dans les premiers versets du chapitre 3, à savoir « … égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, etc. … » alors je dois dire : quiconque invoque le nom du Seigneur et porte en même temps de pareils fruits, n'invoque pas ce nom béni d'un cœur pur.

« … le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur.» (2 Timothée 2 v.19)

Et en effet, qu'est-il écrit sur le solide fondement de Dieu ? Que lit-on sur le sceau de Dieu ? On y lit : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».

C’est dès lors mon devoir se me retirer de quiconque pratique l’iniquité, c’est-à-dire vit dans la souillure ou le mal quelconque qu’il soit de nature morale ou doctrinale. Ce mal doctrinal n’est rien d’autre que ce qu’enseignent les faux docteurs dont nous avons parlé plus haut !

En aucune manière je ne puis faire de Christ « un ministre de péché ». Il n'y a pas de vérité dans l'Evangile plus claire que celle-ci, savoir : que quiconque connaît réellement Christ et l'invoque d'un cœur pur se retire aussi de l'iniquité. C'est à cela qu'on peut reconnaître la sincérité de la profession chrétienne.

Sans aucun doute, dans la foule des professants qui ne connaissent pas Dieu, il s'en trouve quelques-uns, qui cherchent le Seigneur d'un cœur pur. Mais Dieu les connaît ! … car « il connaît ceux qui sont siens ». Dieu les connaît, et les hommes de Dieu les cherchent pour les réunir à eux et pour poursuivre avec eux, à part, la justice, la foi, l'amour et la paix.

O Seigneur ! qu'il est doux, qu'il est bon pour des frères,

De t'offrir en commun leurs vœux et leurs prières

Et de travailler réunis ;

De s'aider au combat, de partager leurs joies

Et de marcher ensemble en ces pénibles voies

Où tu diriges et bénis !

Une des causes principales de cette iniquité : l’écart de la vérité

Il y a, dans cette épître, une autre instruction très importante à recevoir. Elle nous signale l'une des causes principales qui a amené le triste état dans lequel nous voyons « la grande maison », la chrétienté.

Cette épître, en effet, nous parle de ceux qui s'écartent de la vérité d'autres qui résistent à la véritéqui ne supportent pas le sain enseignement,qui s'amassent des docteurs selon leurs propres convoitises, — qui détournent leurs oreilles de la vérité et se tournent vers les fables (Ch.2 v.18; Ch.3 v.18; Ch.4 v.3-5).

Remarquez d'abord qu'il y a ici des docteurs, des prédicateurs, qui s'écartent de la vérité, qui, au lieu de prêcher la saine doctrine, l'évangile, dans sa pureté, débitent à leurs auditeurs « les discours éloquents de la sagesse humaine », discours qui, au lieu de réformer ceux qui les écoutent, ne font que les ronger comme la gangrène. Et remarquez que ce sont de tels docteurs que les hommes aiment et recherchent. On veut bien des discours, et même des discours religieux, mais la véritévoilà ce de quoi on se détourne. On parle religion et beaucoup dans la grande maison, mais on en parle selon les propres pensées de l'homme, selon les vaines imaginations de son cœur et non selon la vérité de Dieu, selon la Parole de Dieu. On enseigne la culture de l’homme naturel, prétendant que l’Evangile a le pouvoir de l’améliorer ! Or du moment qu'on néglige, qu'on abandonne ce seul réservoir de la vérité, on a beau puiser dans les citernes de la sagesse et de la science humaine, on ne peut retirer de là ni une goutte d'eau vive, ni une goutte de lait, ni un grain de sel. La vérité est le seul sel qui puisse empêcher une âme d'homme de se corrompre. « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité ».

C’est la raison pour laquelle Paul insiste avec tant de force auprès de Timothée, afin que celui-ci conserve le modèle des saines paroles qu'il avait entendues de lui. Etudie-toi, lui dit-il, à te rendre approuvé de Dieu, ouvrier qui n'a pas à avoir honte, exposant justement la parole de la vérité… Demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que dès ton enfance tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre … Je t'adjure devant Dieu… prêche la Parole » (Ch.1 v.13; Ch.2 v.15; Ch.3 v.14-17; Ch.4 v.1).

Conclusion

La nécessité pour l'homme de Dieu de rester fermement attaché à la Parole de vérité, aux Ecritures, nous est démontrée dans cette épître avec une grande puissance.

D'un côté, elle montre ce que la négligence et l'abandon de cette Parole produit ; de l'autre, elle affirme que l'Ecriture, et elle seule, est propre pour enseigner, convaincre, corriger, instruire.

L'attachement à la Parole, voilà ce qui nous gardera de tomber nous-mêmes dans cette profession vaine, dans cet épouvantable formalisme qui règne dans la « grande maison », et dont le cœur naturel s'arrange si bien. Et, si cette parole habite en nous richement, nous serons ainsi gardés nous-mêmes du mal, mais encore elle deviendra dans nos mains un instrument pour la bénédiction des autres, pour les convaincre, les corriger, les instruire, car elle est puissante, vivante et pénétrante.

Hommes de Dieu ! revêtez-vous de cette arme ; saisissez l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu !