Le puits de Sichar
Ce message s’inspire
de les publications « Le puits de Sichar » , parues
dans le Messager
Evangélique de 1863.
CONTENU :
Nicodème ou la Samaritaine,
deux extrêmes au même niveau !
En quoi consiste cette
nécessaire nouvelle naissance ?
« Il vous faut être nés de nouveau » - « Donne-moi, à boire »
La loi tue, le don de Dieu
donne la vie !
D’où as-tu donc cette
eau vive ?
Appel à la conscience :
va, appelle ton mari, et viens ici !
Un saint dévoué au service
du maître
Chapitre
4 de l’Evangile selon Jean, versets 1 à 30 :
1 Quand donc le Seigneur
connut que les pharisiens avaient entendu dire : Jésus fait et baptise plus de
disciples que Jean 2
(toutefois Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples), 3 il quitta la Judée, et s’en alla
encore en Galilée. 4
Et il fallait qu’il traversât la Samarie. 5 Il vient donc à une ville de la
Samarie, nommée Sichar, près de la terre que Jacob donna à Joseph son fils. 6 Et il y avait là
une fontaine de Jacob. Jésus donc, étant lassé du chemin, se tenait là assis
sur la fontaine ; c’était environ la sixième heure. 7 Une femme de la Samarie vient pour
puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire 8 (car ses disciples s’en étaient allés
à la ville pour acheter des vivres). 9 La femme
samaritaine lui dit donc : Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire à
moi qui suis une femme samaritaine ? (Car les Juifs n’ont point de relations
avec les Samaritains). 10
Jésus répondit et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui
qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné
de l’eau vive. 11
La femme lui dit : Seigneur (1*), tu n’as rien pour
puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc cette eau vive ? 12 Es-tu plus grand
que notre père Jacob qui nous a donné le puits ; et lui-même en a bu, et ses
fils, et son bétail ? 13
Jésus répondit et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif
; 14 mais celui
qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais ; mais
l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie
éternelle. 15 La
femme lui dit : Seigneur (1*), donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif et que je
ne vienne pas ici pour puiser. 16 Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. 17 La femme
répondit et dit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as bien dit : Je n’ai
pas de mari ; 18
car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en
cela tu as dit vrai. 19
La femme lui dit : Seigneur (1*), je vois que tu es un prophète. 20 Nos pères ont adoré sur cette
montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. 21 Jésus lui dit :
Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette
montagne, ni à Jérusalem. 22 Vous, vous adorez, vous ne savez quoi (2*) ;
nous, nous savons ce que nous adorons (3*) ; car le salut vient des Juifs. 23 Mais l’heure vient, et elle est
maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ;
car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. 24 Dieu est esprit, et il faut que ceux
qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. 25 La femme lui dit : Je sais que le
Messie qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là sera venu, il nous fera
connaître toutes choses. 26 Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. 27 Et là-dessus ses disciples vinrent ;
et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ; toutefois nul ne dit :
Que lui demandes-tu ? ou, de quoi (4*) parles-tu avec elle ?
(1*) plutôt : Monsieur. —
(2*) ou : vous adorez ce que vous ne connaissez pas. —
(3*) : litt. : nous adorons nous savons quoi. — (4*) ou
: pourquoi.
28 La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et
dit aux hommes : 29
Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il
point le Christ ? 30
Ils sortirent de la ville, et ils venaient vers lui.
Chapitre 3 de l’Evangile selon Jean,
versets 1 à 21 :
1 Mais il y avait un homme d’entre les pharisiens, dont le
nom était Nicodème, qui était un chef des Juifs. 2 Celui-ci vint à lui de nuit, et lui
dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur (1*)
venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu
n’est avec lui. 3
Jésus répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un
n’est né de nouveau (2*), il ne peut voir le royaume de Dieu. 4 Nicodème lui dit : Comment un homme
peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le
sein de sa mère et naître ? 5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un
n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui est né de
la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit. 7 Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit
: Il vous faut être nés de nouveau. 8 Le vent (3*) souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne
sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né
de l’Esprit. 9 Nicodème
répondit et lui dit : Comment ces choses peuvent-elles se faire ? 10 Jésus répondit
et lui dit : Tu es le docteur (1*) d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? 11 En vérité, en vérité, je te dis :
Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous
avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. 12 Si je vous ai parlé des choses
terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle
des choses célestes ? 13
Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils
de l’homme qui est dans le ciel. 14 Et comme Moïse éleva le serpent (4*)
dans le désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, 15 afin que quiconque croit en lui ne
périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il
a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais
qu’il ait la vie éternelle. 17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât
le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n’est pas
jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom
du Fils unique de Dieu. 19 Or c’est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde,
et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres
étaient mauvaises ; 20
car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la
lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; 21 mais celui qui pratique la vérité
vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont
faites en Dieu.
(1*) ailleurs : maître (maître qui enseigne). — (2*) non seulement de nouveau, mais entièrement à nouveau, comme d’une nouvelle source et origine de vie ; comparer Luc 1:3 : « depuis le commencement ». — (3*) le même mot est aussi traduit par Esprit dans les versets 5 à 8. — (4*) voir Nombres 21:6-9.
On a
souvent fait observer que, dans l'Evangile de Jean, notre Seigneur est
présenté sous l'aspect le plus élevé, savoir, comme le Fils de Dieu — celui qui est du ciel, — la Parole
éternelle — le Créateur de toutes choses, — le Révélateur du Père. En
Matthieu, il est présenté comme le Messie juif, — fils de David,
fils d'Abraham, — héritier légitime du trône de David et du pays d'Israël. En
Marc, nous le voyons comme le serviteur, dans les diverses sphères
du ministère, poursuivant avec un saint zèle dont rien ne peut le détourner, sa
carrière de service. En Luc, il nous est décrit comme Fils de l'homme,
avec sa généalogie remontant sans interruption jusqu'à Adam.
Mais dès
le début du sublime évangile de Jean, le Sauveur nous est révélé
comme celui qui était dès le commencement — avant tous les siècles —
par lequel toutes choses ont été faites ; c'est la Parole qui, de toute éternité, était dans le sein du Père, qui a été faite chair et qui a habité
parmi nous. Et
cependant, il n'y a pas un des Evangiles, où cet Etre glorieux soit aussi
fréquemment présenté seul avec le
pécheur. Assurément
il y a là une intention divine. Nous le voyons seul
avec Nicodème, seul
avec la Samaritaine, seul
avec la pécheresse convaincue d'adultère, seul
avec divers autres ; en sorte que nous pouvons bien dire qu'un
caractère spécial de l'évangile de Jean, c'est d'y voir le
Fils de Dieu seul avec le pécheur.
Comptant sur le secours de
Dieu pour nous enseigner, arrêtons-nous un peu sur l'une de ces scènes
touchantes qui nous montrent Jésus
dans la compagnie d'une pauvre pécheresse, auprès du puits solitaire de
Sichar.
La femme
de Samarie présente un contraste
frappant avec Nicodème au chapitre 3.
Nicodème
avait une position, une réputation et un caractère honorables ; la Samaritaine
n'avait rien de tout cela. Lui
était au haut de l’échelle sociale et religieuse ; elle, tout
au bas. Il serait difficile de
rencontrer dans le monde quelqu'un de plus élevé qu'un homme d'entre les Pharisiens, un
des chefs des Juifs, un docteur en Israël ; et
de l'autre côté, il serait difficile de rencontrer quelqu'un de plus rabaissé qu'une Samaritaine adultère. Néanmoins, quant à la question vitale, fondamentale, éternelle, de subsister devant Dieu, d'être qualifié
pour se tenir en sa sainte présence, d'avoir un titre pour entrer au ciel, tous
deux étaient sur le même niveau.
Peut-être, cette assertion vous paraît bien
dure et bien étrange, et vous faites la réflexion « Quoi ! prétendre que le savant, religieux et, sans doute, aimable
Nicodème ne valait pas mieux, aux yeux du Seigneur, que la misérable femme de
Sichar ? ». Précisément, dès qu'il s'agit de paraître devant Dieu. « … il n’y a pas de
différence, car tous
ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Romains 3 v.22-23). C’est
aussi la raison pour laquelle, la première parole de Christ à Nicodème est « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu'un n'est né de
nouveau, il ne peut voir le
royaume de Dieu » (Jean 3 v.3).
Cette courte sentence ôtait complètement tout fondement de sécurité de
dessous les pieds de ce docteur en Israël. Rien de moins qu'une nouvelle nature n'était exigée de cet homme d'entre les pharisiens, et rien de plus n'était nécessaire à la femme adultère de
Sichar.
Il est clair que le crime ne pourrait entrer dans le ciel ; mais le pharisaïsme ne le
peut pas davantage. Un criminel et un pharisien
peuvent, béni soit Dieu, entrer dans le ciel, parce que l'un comme l'autre, tous les deux peuvent avoir la vie éternelle en
croyant au fils de Dieu.
Il est de
toute importance de bien saisir cette grande
et fondamentale vérité du christianisme. Voilà donc pas de fait des plus clairs ou des plus frappants
que ce que relate l'histoire de Nicodème et celle de la femme de Sichar. Si notre Seigneur avait exhorté la femme à devenir
bonne, et Nicodème à devenir meilleur, nous aurions là, en effet, quelque argument en faveur de
cette fausse doctrine largement répandue, d'après laquelle certains individus
de l'humanité déchue sont meilleurs et plus près de Dieu que d'autres, et que
de plus, selon cette fausse doctrine, il est tout à fait possible d'améliorer
la nature humaine au point de la rendre propre, à la fin, à paraître devant
Dieu. Mais nous voyons le
Seigneur renverser complètement cette espèce de piédestal, sur lequel se tenait
debout ce chef juif, docteur de la loi ! La fausse prétention d’observer des règles, la loi
enseignée au peuple par Moïse, ne peut en rien être cautionnée par Dieu !
Le Seigneur proclame l’absolue
nécessité d'une nouvelle naissance, nous sommes dès lors bien forcément amenés à
devoir conclure que la nature humaine est incurable et incorrigible.
Dans le
cas de la pauvre femme de Samarie, il
n'y avait pas besoin de renverser de piédestal, car elle n’avait aucune
prétention à respecter une loi quelconque. Son caractère moral et sa condition religieuse étaient
depuis longtemps au plus bas degré de la perversion. Il n'en était pas de même de Nicodème : il sentait évidemment qu'il avait quelque
importance, quelque chose sur quoi il pouvait s'appuyer, dont il pouvait se
glorifier. C'était
un homme d'une position élevée, et par conséquent il avait besoin
d'apprendre que tout cela n'avait
aucune valeur aux yeux de Dieu ; or il était impossible de lui donner cet
enseignement d'une manière plus pénétrante et plus positive que par cette
courte déclaration du Christ : « Il vous faut être
nés
de nouveau » (v.7).
Faites tout ce que vous
voudrez avec la nature humaine ; instruisez-la, cultivez-la,
ornez-la autant qu'il vous plaira ; élevez-la jusqu'au pinacle du
temple de la science et de la philosophie; appelez à votre aide toutes les ressources de la religion et d'un système donnant des règles ou des lois à
suivre ; faites des vœux , prenez des résolutions de réforme morale, ajoutez
cérémonie à cérémonie; enfermez-vous dans un cercle de devoirs religieux
; livrez-vous à des veilles, à des jeûnes, des prières,
des aumônes, et à
toute la série des «œuvres
mortes» (Hébreux 6 v.1 & 9 v.14); et après tout cela, la femme
adultère de Sichar est
aussi près que vous du royaume, vu que, vous
aussi bien qu'elle, « il vous faut être nés de nouveau ».
Ni vous, ni elle, n'avez un iota ou un trait de
lettre à présenter à Dieu,
soit comme titre au royaume de Dieu, soit comme capacité d'en jouir.
Ici, du commencement à la fin, tout est et doit être uniquement grâce.
N.B. : Il serait sans doute utile de lire le message n°1 intitulé : « Qu’est qu’une vraie conversion ? Qu’est-ce qu’un vrai croyant ? »
Mais
qu'est-ce que cette nouvelle naissance ? Est-ce la nature humaine améliorée
? Nullement. Qu'est-ce
donc ? C'est la vie éternelle possédée par la simple foi
au Fils de Dieu.
« Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut
que le Fils de l'homme
soit élevé, afin que quiconque croit
en
lui ne périsse point,
mais qu'il ait la vie éternelle. Car Dieu
a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit
en lui ne périsse point mais qu'il ait la
vie éternelle » (Jean 3 v.14-15)
Telle est la nouvelle naissance et tel
est le moyen de l'obtenir. Dieu a aimé — Dieu a donné — nous croyons et nous avons. Rien de
plus simple.
Ce n'est pas la nature améliorée — ce
n’est pas l'humanité déchue relevée, élevée et rendue
meilleure ; mais c'est une vie entièrement nouvelle possédée, savoir la vie éternelle
par la foi en Christ, possédée par la pauvre femme de Sichar, tout aussi pleinement,
et par le même moyen, que par le chef des Juifs.
Il n'y a pas de différence, vu que
« tous ont péché » (Romains 3 v.23). Et « il n'y a pas de
différence … car le même
Seigneur de tous est riche envers tous ceux qui l'invoquent » (Romains 10 v.12).
Quand on
considère cette question au point de vue humain, il n'y a pas de différence, parce que tous ont
péché, et
quand on l'envisage au point de vue divin, il n'y a pas de différence, parce que Dieu est
riche envers tous. Le docteur en Israël et la femme de Samarie
sont placés sur un seul
et même niveau, et la riche grâce de Dieu se répand au moyen du sang
de Christ, sur l'un comme sur l'autre, pour accorder à chacun d'eux
la vie éternelle en don gratuit de Dieu.
Or, cette
vie éternelle est quelque
chose de tout nouveau. Adam, dans l'état d'innocence, n'avait pas la vie éternelle. Il avait une âme immortelle ; mais l'immortalité de l'âme est tout autre chose que la vie
éternelle. Le plus
faible agneau du troupeau racheté de Christ, l’âme fraîchement convertie, le petit enfant dans
la foi, est dans une bien
meilleure position qu'Adam, aux jours de son innocence. Il a reçu une vie impérissable et éternelle en
Christ. Adam ne connaissait
rien de pareil au milieu des fruits excellents et des belles fleurs d'Eden. Ce n'est
que lorsque tout fut perdu autour de lui — lorsqu'il fut lui-même une
ruine au milieu des ruines — qu'un premier et faible rayon de lumière tomba
sur son âme, avec la première
promesse faite, non pas à lui,
mais au second Adam, le Seigneur qui est du ciel : « La
semence de la femme brisera la tête du serpent ». Par la foi à cette
promesse, Adam échappa à lui-même
et à la ruine qui l'environnait, en
cherchant un refuge en Christ, le Chef de la
nouvelle race, de la
nouvelle création, et il appela sa femme
Eve, ou « la mère de tous
les vivants ». Point de vraie vie en
dehors de la semence de la femme, qui est Jésus Christ.
Remarquons,
ensuite, que lorsque les Israélites furent placés sous la loi, ce ne
fut nullement dans le but qu'ils pourraient obtenir la vie éternelle, alors
même qu'ils l'observassent fidèlement. Le langage de la loi était celui-ci : « L'homme
qui aura fait ces choses vivra par elles ». Elle
ne parle jamais de vie éternelle. Un Israélite aurait la vie aussi longtemps qu'il garderait les
commandements. C'était une vie
temporaire et conditionnelle ; et, par
conséquent, la femme de Sichar n'aurait rien pu obtenir en allant à Sinaï. Ayant transgressé en un point la loi, elle était coupable à l'égard de tous : en conséquence, elle était sous la malédiction. Elle
n'avait aucun titre à la vie soit temporaire, soit éternelle.
Nicodème pouvait s'imaginer
qu'il y avait quelque droit ; mais le cas de la femme était aussi désespéré
que possible. En tout
état de choses, Moïse ne pouvait
lui offrir une main secourable.
Mais que signifiait donc ce serpent brûlant ? A qui
était-il destiné ? A de pauvres créatures mordues, précisément
parce qu’elles étaient mordues. Leur droit était leur
blessure. Leur droit à quoi ? A regarder le serpent. Et que s'ensuivait-il ? Celui qui regardait vivait. Oui, « regarder et vivre ». Précieuse
vérité. Vérité pour Nicodème — vérité pour la Samaritaine — vérité pour tout fils et toute fille d'Adam mordus par le serpent ancien. Il n'y a ni limite, ni restriction, ni
barrière élevée autour de la
grâce ineffable de Dieu.
Le Fils de l'homme a été élevé, afin que quiconque le contemple, avec une
foi simple, possède ce
qu'Adam, dans l'innocence, ne
posséda jamais, et ce que la loi de Moïse ne put jamais
proposer, savoir « la vie éternelle ».
Remarquez
que cela ne veut pas dire une âme
immortelle, car c'est là ce qu'Adam avait, avant, tout comme après sa
chute, c'est ce que tous les hommes ont, croyants et incrédules. Mais, « Celui
qui croit au Fils de Dieu, a
la vie éternelle ». C'est ce que dit le Seigneur Jésus Christ, ce qu'il affirme avec un
double « Amen » (*) : « En
vérité, en
vérité, je vous dis, que celui
qui entend ma parole, et croit
à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne
viendra pas en jugement ; mais il
est passé de la mort à la
vie » (Jean 5 v.24).
(*) « amen » = « ainsi soit-il » ® 2x « En vérité »
Il n'y a
pas de milieu : c'est ou « la mort » ou « la vie », quoi
que puissent dire les hommes de la
puissance, de la capacité, de la dignité de la nature humaine, de l'éducation
du genre humain, des progrès de l'homme, de son développement et choses
semblables. Le
passage important qui vient d’être cité, décide absolument la question :
c'est ou la vie en
Christ, ou la mort
hors de Christ. Tous les progrès de l'homme, tant qu'il n'a pas gagné Christ, sont
et doivent être des progrès dans la mort.
Peu importe qui est cet homme ou ce qu'il est,
pharisien, scribe ou publicain, savant ou ignorant, pieux ou profane, honnête
ou immoral, sauvage ou civilisé, s'il
n'est pas en Christ, il est dans la mort ; mais
s'il est en Christ « il a la vie éternelle »
; et alors tous ses progrès consisteront à croître dans la grâce, à
croître dans la
connaissance, à croître dans la conformité
morale et pratique à l'image de Christ, le second Homme, le
Seigneur ressuscité, le Chef de la nouvelle création.
Arrivé à
ce point, il est utile de s’arrêter et méditer sur ce sujet très
solennel ! Il implique beaucoup plus que plusieurs ne l'imaginent. Cette nouvelle vie en Christ met un terme à toutes les prétentions de l'homme,
les coupant à leur racine. Elle chasse au loin, comme autant de haillons inutiles, toute religion d'homme, toutes ses dévotions et sa justice légales, c’est-à-dire
découlant du simple respect de règles. Elle lui fait voir que, tant qu'il ne possède pas Christ,
il ne possède absolument rien, mais qu'en ayant
Christ, il a tout. Oui, il en est ainsi : Rien en lui, tout
en Christ. Il peut
avoir un soi-disant bon cœur, comme le chef des Juifs, ou bien avoir un très
mauvais caractère, comme la femme de Sichar ; cela revient au même. L'un et
l'autre sont morts — spirituellement
morts. Il n'y avait pas plus de vie spirituelle en Nicodème, quand il vint à
Jésus de nuit, qu'il n'y en avait dans la Samaritaine, quand Jésus vint à elle de jour.
Sans aucun doute, il y
avait entre eux une grande différence morale et sociale ; cela va sans dire.
Aucun homme qui a quelque sentiment n'a besoin qu'on lui dise que la
moralité est meilleure que le vice, qu'il vaut mieux être sobre qu'ivrogne,
mieux être un honnête homme qu'un voleur.
Tout
cela est clair. Mais il est également clair que l'honnêteté, la sobriété
et la moralité ne sont pas la vie
éternelle ; elles ne sont pas davantage le chemin qui y conduit. Ces dispositions, dans leur vraie et sincère
manifestation, seront toujours le fruit — le
fruit nécessaire de la nouvelle vie ; mais elles ne
sont ni la nouvelle vie elle-même, ni le moyen de son acquisition. « Celui
qui a le Fils a la vie. Celui
qui n'a pas le Fils de Dieu n'a
pas la vie » (1 Jean 5 v.12). Voilà qui est concluant. Il n'y a pas de milieu entre « a » et « n'a pas ». Il
n'y a pas place pour le progrès
entre ces deux extrêmes. Tout homme, le rédacteur de ce message, comme
le lecteur, est, dans ce moment, dans l'une ou dans l'autre de ces deux
divisions. Pensée sérieuse ! L’authentique chrétien en sent profondément la
grave importance dans ces jours signalés par les orgueilleuses prétentions de
l'homme, où l'on emploie, même le christianisme, comme un mécanisme pour
procurer l'avancement d'une humanité tombée et corrompue — comme une partie
d'un système d'éducation pour l'amélioration de la race; où l'on en vient,
selon l'enseignement de quelques-uns de nos modernes docteurs, à regarder le
Paganisme, le Judaïsme et le Christianisme comme autant d'influences propres à
agir sur l'homme et à l'élever sur
l'échelle morale. Triste
déception, erreur pernicieuse pour les âmes. Puisse le Saint Esprit ouvrir les yeux de plusieurs
pour le voir et pour les rendre capables de l'éviter!
Puisse l'Evangile du Christ se répandre avec une puissance nouvelle, et arrêter
la recrudescence du rationalisme et de l'infidélité dans ces jours sombres et
mauvais.
(C’est-à-dire : la vérité et la grâce)
Le
chrétien trouve un charme tout particulier dans les récits des évangiles, en ce
que c'est le Seigneur Jésus lui-même qui y est présenté à l'esprit et au
cœur. Ils ne nous donnent pas des vérités abstraites ou d'arides doctrines
; ils nous montrent, avant tout, une Personne, et cette Personne
n'est rien moins que Dieu manifesté en
chair. Nous le voyons conversant avec des pécheurs de tout rang et de
tout caractère — riches et pauvres — religieux et irréligieux, scribes et
pharisiens, publicains et femmes de mauvaise vie. Nous le contemplons dans
la compagnie des plus vils pécheurs, comme ici, au puits de Sichar, et les traitant avec une parfaite grâce.
Nous découvrons en lui une sainteté qu'aucun péché ne peut atteindre, et en
même temps une grâce qui peut s'abaisser jusqu'aux plus profonds abîmes des
besoins du pécheur. En un
mot, Dieu est descendu sur la terre, et nous pouvons le contempler en la face
de Jésus Christ.
N'est-ce pas là un fait
bien merveilleux ? Dieu s'est révélé lui-même. Il peut être connu — oui,
connu avec toute la certitude que sa propre révélation de lui-même est capable
de procurer. « Les
ténèbres s'en vont et la vraie lumière luit déjà » (1 Jean 2 v.8). Il n'y a plus lieu désormais à faire entendre cette plainte
lamentable de Job : « Oh! si
je savais comment le trouver » (Job 23 v.3)! L'Evangile
nous conduit au puits de Sichar et nous y fait voir le Créateur de l'univers dans la personne d'un étranger
couvert de poussière, las et altéré, qui voudrait être,
pour un peu d'eau, l'obligé d'une Samaritaine adultère. Quel fait! quel insondable mystère! Celui qui est Dieu sur toutes choses, béni
éternellement, parlant avec des lèvres d'homme, demande à boire à une femme adultère !
Où, nous
pouvons bien le demander, où,
dans toute l'étendue de la création, pourrions-nous trouver quelque chose qui ressemble à ceci ? En
contemplant la création, nous pouvons y discerner l'admirable manifestation de
la sagesse, de la puissance et de la bonté ; mais
nous n'y voyons pas et ne pouvons y voir Dieu, en ressemblance
de chair de péché, sous la forme d'un homme fatigué, souffrant
de la chaleur et de la soif, assis sur la margelle d'un puits et demandant une goutte d'eau
à une pauvre pécheresse. Si nous passons de cette scène à celle qui ouvre
les pages du Pentateuque, et que nous y contemplions Dieu, comme Créateur,
sortant du domicile éternel de sa demeure, et appelant des millions de mondes à
l'existence par la parole de sa bouche, nous ne voyons ici ni fatigue, ni soif
; nous y pouvons suivre les traces du Créateur, alors que, dans cette
majestueuse carrière, il passe d'une sphère à l'autre de son œuvre glorieuse;
mais les gloires qui resplendissent à nos regards, auprès du puits solitaire de
Jacob, sont plus radieuses que tout ce qui est présenté à notre vue dans le
premier chapitre du livre de la Genèse. « Que la lumière soit », voilà
certes une glorieuse parole ; mais celle-ci : « Donne-moi à boire », la
surpasse en gloire. Dans
la première, nous discernons une majesté qui nous confond, un éclat qui nous
éblouit ; mais
dans la dernière nous voyons une
grâce qui gagne notre confiance, une tendresse qui fond le
cœur.
Où encore, nous le demandons, durant toute l'économie mosaïque, où pouvons-nous
apercevoir quelque chose d'analogue à ce qui se passe au puits de Sichar ? Le
Législateur aurait-il pu demander un verre d'eau à une femme adultère ? Impossible. Si la Samaritaine eût été placée devant la montagne
toute en feu, son sort eût été d'être maudite et lapidée
sans miséricorde. Une telle personne n'avait rien de mieux à attendre « du
ministère de la mort et de la condamnation ».
Et
cependant, chose étrange, il y a encore des gens qui nous disent : « Si
vous ôtez la loi de l'évangile, vous n'y laissez plus rien qui soit digne du
nom d'évangile! » Que
penser d'une telle affirmation ? Comment apparaît-elle, lorsque on l'envisage à
la lumière qui rayonne au puits de Sichar ? Quelle singulière assertion ! Qui aurait jamais cru que, de nos jours où la Bible est si librement
et si largement distribuée, une semblable assertion ait pu sortir des lèvres ou
de la plume d'un soi-disant docteur chrétien ? Otez « le ministère de mort et de condamnation » du « ministère
de la vie et de la justice » (2 Corinthiens 3), et vous ne laisserez rien qui soit digne du nom
d'évangile ! Séparez
ce qui maudit et doit maudire le pécheur, de ce qui lui procure le pardon, le salut et
la bénédiction, et il ne restera
rien qui soit digne du nom d'évangile ! Séparez ce qui « produit
la colère » (Romains 4 v.15) de ce qui manifeste la plénitude de l'amour divin
dans la Personne et dans l'œuvre de notre Seigneur Jésus Christ, et il ne
restera rien qui soit digne du nom d'évangile! Tout âme simple, soumise à la Parole, comprendra
l’incohérence d’une telle affirmation ! Mais ne perdons pas notre temps à nous arrêter davantage sur la grossière
ignorance et l'absurdité d'une pareille assertion. Nous ferons mieux de revenir
auprès du puits de Sichar et de prêter l'oreille au remarquable entretien que
nous y entendrons entre Dieu manifesté en chair et une femme Samaritaine au
plus bas degré de la dégradation.
Notre
Seigneur, « ayant
connu que les Pharisiens avaient entendu dire : Jésus fait et baptise plus de
disciples que Jean (toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même, mais ses
disciples), il quitta la Judée, et s'en alla encore en Galilée. Et il fallait
qu'il traversât la Samarie. Il vient donc en une ville de la Samarie, nommée
Sichar, près de la terre que Jacob donna à Joseph, son fils. Et il y avait là
un puits de Jacob ; Jésus donc étant lassé du chemin, se tenait là assis sur le
puits; c'était environ la sixième heure. Une femme de
la Samarie vient pour puiser de l'eau. Jésus lui dit:
Donne-moi à boire » (Jean 4 v.1-8).
Ici donc
nous avons sous les yeux une
merveilleuse scène que ni la Création, ni la Loi, ni
la Providence n'auraient jamais
pu nous offrir. Le Seigneur de gloire est descendu dans ce monde pour éprouver, comme
homme, la faiblesse, la fatigue et la soif — pour savoir ce que c'est que d'avoir besoin d'une coupe d'eau de fontaine. « Jésus étant lassé du chemin, se tenait assis sur le
puits ». Ce monde
était pour le Christ une terre aride et altérée. Le seul
rafraîchissement qu'il y
trouvait consistait pour lui dans le ministère
de sa grâce envers de pauvres et misérables pécheurs, tels
que la femme qui était là devant lui à la fontaine.
Remarquons
bien le contraste que
présentent les paroles qu'il adresse à la femme de Sichar, avec
celles qu'il avait adressées au docteur en Israël. — A elle il ne dit pas : « Il vous
faut être nés de nouveau »,
quoique, sans aucun doute, cela fût vrai pour elle aussi bien que pour
Nicodème. D'où vient cela ?
Nous en
avons déjà entrevu la raison. Le
docteur juif était, pour ainsi dire, au plus haut degré de l'échelle de la justice légale, de la
moralité et de la religion
traditionnelle. La pauvre Samaritaine était au
degré le plus bas de la
culpabilité et de la
souillure morale. Aussi,
comme le Seigneur était descendu pour rencontrer l'homme dans sa
condition la plus misérable — comme il était venu pour donner
la vie aux
morts — pour agir sur l'homme tel
qu'il était — il faut qu'il amène Nicodème à
s'abaisser jusqu'à ce point en lui disant qu'il doit naître de nouveau — il faut qu'il enlève de dessous ses pieds tout
l'échafaudage sur lequel il se tient — il faut qu'il lui montre
que, malgré tout ce qu'il possédait en fait de religion et de position selon la
chair, il doit tout
abandonner et entrer dans le royaume comme un enfant nouveau-né, qu'il n'a rien, absolument
rien, qui puisse être placé à son crédit dans la nouvelle position dont le Seigneur lui parle. Si la nouvelle naissance est essentielle, alors le chef d'entre les Juifs n'est en
rien meilleur que la
pécheresse Samaritaine. Quant
à ce qui concernait celle-ci, il était bien évident qu'il lui manquait quelque chose ; elle ne pouvait pas apporter ses péchés dans le royaume, et
c'est pourquoi le Seigneur commence, sur-le-champ, avec elle, par déployer sa grâce. Nicodème pouvait se figurer qu'il
avait et qu'il était quelque
chose devant Dieu. Il était clair et
visible que la
Samaritaine n'avait rien. C'est pourquoi le Seigneur dit au premier : « Il vous faut être nés de nouveau » ; et
à la seconde : « Donne-moi, à boire ». Dans l'un de ces mots, nous discernons « la
vérité » ; dans l'autre, « la grâce
», qui l'une
et l'autre sont venues
par Jésus Christ : « la
vérité » pour renverser toutes les prétentions d'un Pharisien ; « la grâce », pour
répondre aux profonds besoins d'une
Samaritaine adultère.
Mais il
est aussi intéressant d'observer que, s'il y a des points de contraste entre
Nicodème et la Samaritaine, il y a de même entre eux des points d'analogie. L'un et l'autre répondent au Christ par un «
comment ? ».
Dès que la vérité arrive à
l'oreille du docteur en Israël, il dit : « Comment se peuvent faire ces choses ? ». Quand
la grâce
est montrée à la femme de Sichar, elle dit: « Comment, toi, qui es Juif, me
demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme Samaritaine? ». Hélas ! nous
sommes tous remplis de « comment ». La vérité de Dieu, dans toute sa majestueuse
autorité, est placée devant nous, nous l'accueillons avec
un comment. La grâce de Dieu, dans toute sa charitable
douceur, est déployée à nos regards, nous y répondons avec
un comment. Ce peut
être un comment théologique,
ou un comment rationaliste,
peu importe, c'est toujours le
pauvre cœur qui veut
raisonner, au lieu de croire
la vérité et de recevoir
la grâce de Dieu. La volonté est
active et en
conséquence, quoique la conscience
puisse être mal à l'aise et le
cœur mécontent de lui-même et de ce qui l'entoure, néanmoins le « comment » de
l'incrédulité sort sous une forme ou sous une autre. Nicodème dit : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? ». La Samaritaine dit : « Comment peux-tu
me demander à boire ? ».
Il en est toujours ainsi. Quand la parole de Dieu nous déclare la
totale indignité de notre nature, le cœur, au lieu de se rendre avec humiliation à la sainte
Ecriture, exhale ses profanes
raisonnements. Quand la même Parole expose la grâce illimitée de Dieu, et le salut gratuit qui est
dans le Christ Jésus, le cœur, au lieu
de recevoir la grâce et de se réjouir dans le salut, commence à raisonner en
demandant comment cela peut être. Le cœur humain est fermé
à Dieu — fermé à la vérité de sa parole, et à l'amour
qu'il nous montre. Si le diable parle, le cœur lui donne aisément créance. Si l'homme parle, le cœur accueillera volontiers ses
paroles. Mensonges du diable, non-sens de l'homme rencontreront un facile
accès dans le pauvre cœur humain ; mais dès
l'instant que c'est Dieu qui parle,
que ce soit dans le langage plein d'autorité de la vérité, ou dans
les accents pleins d'attrait de la grâce, tout le retour que Dieu trouve dans le
cœur humain, c'est un « Comment » incrédule, sceptique,
rationaliste, infidèle. Tout est bon pour le cœur
naturel, excepté la
vérité et la grâce de Dieu.
Toutefois,
dans le cas de la femme de Sichar, notre Seigneur ne se laissa pas repousser
par son comment. Il
avait répondu au comment de l'homme d'entre les Pharisiens, et il voulait
aussi répondre au comment de la Samaritaine. Il avait répliqué à Nicodème en lui montrant
le serpent d'airain, et en lui parlant de l'amour de Dieu signalé par l'envoi de son Fils ; et il réplique à la Samaritaine en lui parlant, à
elle aussi, du « don de Dieu ». « Jésus
répondit et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu,
et qui est celui qui te
dit : Donne-moi à boire, tu lui eusses demandé, et il
l'eût donné de l'eau vive ».
Or, ce
petit mot « don »
ouvre devant l'âme un vaste horizon de précieuses vérités. Le Seigneur ne
dit pas : « Si tu
connaissais la loi, tu
aurais demandé ». En effet, si elle l'avait connue, elle aurait dû
se voir perdue et condamnée sous la
loi, bien loin d'être encouragée à demander quelque chose. Personne n'a jamais obtenu « de l'eau vive » par la loi. « Fais cela et tu vivras
», tel était le langage de la loi. La loi ne donnait rien à personne,
sauf à l'homme qui l'avait toujours observée et qui pourrait
la garder jusqu'à la fin et parfaitement. Et où
était cet homme ? Assurément la femme de Sichar n'avait pas gardé la loi. Cela n'était que trop évident. Elle
avait failli au moins en un point, et elle était coupable à l'égard de tous : « …
quiconque gardera toute la loi et faillira en un seul point, est coupable sur
tous. » (Jacques 2 v.10 ).
Peut-être
quelqu’un se pose la question suivante :
« Mais pourquoi mettre continuellement
en opposition la loi et la grâce ? Ne font-elles pas l'une et l'autre partie
d'un grand système, au moyen duquel Dieu veut instruire l'homme et le rendre
propre à habiter le ciel ? ».
C’est le
Saint-Esprit lui-même qui les met en opposition de manière récurrente ! Il
est dès lors utile de se laisser instruire par plusieurs passages de la
Parole : Actes 15, Galates 3 & 4 et 2 Corinthiens 3 !
Qui
pourrait lire ces admirables passages de l'Ecriture inspirée et continuer à
soutenir que la loi est une partie nécessaire et intégrante de
l'Evangile ? Et s’obstiner à affirmer que si vous ôtez la loi, vous ne
laissez rien qui soit digne de s'appeler l'Evangile ?
L’apôtre
Paul nous dit dans son épitre aux Galates : « … avant que la foi vînt, nous étions gardés sous la
loi, …. de sorte que la loi a été
notre conducteur jusqu’à
Christ, afin
que nous fussions justifiés sur le principe de la foi ; mais, la foi
étant venue, nous ne sommes
plus sous un conducteur, car vous
êtes tous fils de Dieu par la foi dans le christ Jésus. » (Galates 3 v.23-26) Ainsi la
loi a été un conducteur ou un pédagogue pour
les Juifs depuis le moment où elle fut donnée jusqu'à ce que Christ
vint, mettant ainsi un terme à cette
fonction pédagogique ou conductrice de la loi ! L’apôtre Paul nous dit aussi dans sa première lettre
à Timothée : « …
nous savons que la loi est bonne,
si quelqu’un en use légitimement, sachant ceci, que la loi
n’est pas pour le juste, mais pour
les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, … » (1 Timothée 1 v.8-9) Ainsi,
la loi, malgré toutes ses qualités, n’est absolument pas donnée pour le juste, donc pour celui que le sang de Christ a
justifié ! Paul
écrit aussi dans sa lettre aux Romains « le péché, ayant trouvé une occasion par le
commandement [la
loi], me
séduisit, et par lui [la
loi] me tua. » (Romains 7 v.11) Paul affirme ainsi que, à cause du péché qui
habite en lui, comme en tous les vrais croyants, la loi l’a tué ! En effet, la loi dit « tu ne convoiteras pas » (Exode 20 v.17), et le cœur naturel du vrai croyant ne peut
s’empêcher de convoiter, la conséquence en est que la loi, qui est juste, ne
peut que prononcer la sentence de
mort ! Par le
3ème chapitre de la lettre aux Galates, nous apprenons aussi que c’est entre le
temps où la promesse a été faite à Abraham et son accomplissement dans la
personne de Christ, que la loi a été donnée aux Juifs, comme un conducteur ! Christ
étant venu, ayant été mort
et ressuscité, base de
l’Evangile, il est
tout à fait absurde de prétendre que la loi serait une partie intégrante, et
même nécessaire de l’Evangile ! C’est tout aussi absurde que si l'on disait que la malédiction est une
partie nécessaire de la bénédiction, la colère une partie nécessaire de la
faveur, la mort une partie nécessaire de la vie, la condamnation une partie
nécessaire de la justice. Veuille le
Seigneur délivrer les âmes de la funeste influence des enseignements de ceux
qui, voulant être docteurs de la loi, n'entendent ni ce qu'ils disent, ni ce
sur quoi ils insistent ! (1 Timothée 1 v.7)
Quel
bonheur pour la fille égarée de Jacob que le Seigneur avait en réserve pour
elle autre chose que les foudres de la Loi ! C’est d’un « DON » qu’il lui parle ! Ce qu’exige la loi de
manière rigoureuse et inflexible, ne forme en aucune manière une partie
intégrante ou nécessaire d’un don, car ce ne serait plus un don, mais un
dû !
« … le don
de grâce de Dieu, c’est la
vie éternelle », non par
la loi, mais
« par Jésus Christ notre Seigneur » (Romains 6 v.23). La loi n'a jamais même
proposé quelque chose de tel que la vie éternelle dans les cieux. Elle parlait
d'une « vie prolongée sur la terre ». Mais l'Evangile nous
offre une
vie éternelle dès ici-bas,
et ensuite une gloire
éternelle dans le ciel.
La Loi et l’Evangile de la grâce sont donc deux systèmes totalement différents, et non pas deux parties
du même système
« Si tu
connaissais, le don de Dieu … », c'est-à-dire Christ
Lui-même, « tu lui
eusses demandé, et il t'eût donné de l'eau vive » (Jean 4
v.10), c'est-à-dire
le Saint Esprit. Ainsi
donc, si sous
la loi, il n'y avait que réquisitions,
défenses et malédictions ; sous l'Evangile, tout est don, grâce
et bénédiction.
Et d'où venait cette différence ?
Le Législateur, la Parole,
par son serviteur Moïse, était descendu du sommet de la montagne enflammée du mont Sinaï. Mais,
cette même Parole, devenue chair, a mis de côté ses
foudres et s’étant revêtue de notre humanité. Cette Parole, ainsi descendue du ciel, ainsi
revêtue, en la personne du Seigneur Jésus, vient s'assoir sur la margelle du
puits de Sichar, fatigué et altéré, et quoiqu'il eût pu mettre la main sur tous
les trésors de l'univers, il demande un peu d'eau à une misérable pécheresse. Jetant un regard sur cette scène touchante
oseriez-vous encore affirmer que « si vous séparez la loi de l'évangile, il n'y
reste rien qui soit digne du nom d'évangile ?» Est-ce que les tonnerres du mont
Sinaï forment une partie intégrante des gloires morales qui brillent à nos yeux
au puits de Jacob ? Qu'il est à plaindre celui qui peut avoir et nourrir de
telles pensées!
Il est frappant de voir avec quelle
insistance la femme Samaritaine présente
ses questions au Seigneur. Elle n'a pas plus tôt reçu une réponse, qu'elle
met en avant une question nouvelle. A son premier « comment » le Seigneur avait répondu en lui parlant du «
don de Dieu », et cette réponse même devient pour elle le motif d'une autre
question. « La femme
lui dit : Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond, d'où as-tu donc cette eau vive ? » (Jean 4 v.11).
Pauvre
femme ! combien peu elle
connaissait encore celui auquel elle parlait ! — Le puits pouvait être profond en effet, mais il y avait quelque chose de plus
profond encore, savoir les profonds besoins de son
âme ; et quelque
chose de plus profond encore que ces besoins, savoir la grâce qui
avait fait descendre le Christ des cieux pour répondre à ces besoins. Mais elle
connaissait si peu ce qu'il était, qu'elle pouvait lui dire : « Es-tu
plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné le puits ; et lui-même en a bu, et ses fils, et son
bétail ? ». Elle ne savait pas qu'elle s'adressait au Dieu de Jacob — à Celui qui avait formé
Jacob et qui lui avait donné tout ce qu'il avait pu posséder. Elle ignorait tout cela. Ses yeux
étaient encore fermés, et c'est là la clef de
ses singulières questions.
Il en est toujours de même.
Partout où vous voyez des gens soulevant des questions, vous pouvez être
parfaitement sûr que leurs yeux ne sont
pas encore ouverts. Le rationaliste, le sceptique, l'incrédule sont des aveugles — et c'est cela même
qui les fait poser des questions,
soulever des difficultés, se former des doutes. Ils
peuvent être fort instruits, néanmoins on est stupéfait d'entendre parfois
quelles absurdes questions ils peuvent avancer. Un enfant, en connaissance spirituelle, aurait bien sujet de sourire aux
difficultés présentées par d'érudits incrédules aux cheveux gris.
Cependant, dans le cas de
la Samaritaine, les questions n'étaient pas tant l'effet d'une audacieuse
incrédulité, que de l'aveuglement et de l'ignorance naturels ; aussi le Seigneur l'écoute avec patience. En certaines
occasions il savait comment faire taire et congédier un questionneur indiscret
ou curieux ; mais il
était d'autres occasions où il pouvait, plein de miséricordieuse
condescendance et avec une patience parfaite, écouter le pauvre et ignorant interrogateur, dans le but de
répondre à ses questions, de
résoudre ses doutes et de dissiper ses craintes.
Il en était ainsi au puits
de Sichar. Le Sauveur
avait résolu de se faire connaître à cette malheureuse et coupable femme ; en conséquence, il la supporte et la suit dans toutes ses
interrogations ; il résout, l'une
après l'autre, ses difficultés,
et ne la laisse pas avant d'avoir parfaitement convaincu et satisfait son âme en se révélant à elle. Elle pensait que le puits était profond, et
demandait avec étonnement si celui qui lui parlait était plus grand que son
père Jacob. Elle ne pouvait pas concevoir comment il pourrait se
procurer cette eau dont il
parlait. « Jésus
répondit et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci, aura de
nouveau soif » (Jean 4 v.13). Quelque profond que fût le puits, il contenait bien peu d'eau, en
comparaison de la soif qu'il devrait apaiser. Les puits
les plus profonds et les plus remplis de la terre peuvent être sondés et
épuisés, et après tout l'âme demeure altérée. L'inscription, gravée par
la main de Jésus sur la fontaine de Sichar, peut être écrite sur toutes les
fontaines de ce pauvre et périssable monde : « Quiconque boit de cette eau-ci, aura de nouveau
soif ».
L'homme riche, de Luc 16, n'avait que trop bu dans les sources de ce monde ; mais il avait de nouveau soif. Oh !
oui, étant en enfer, et élevant ses yeux,
comme il était dans les tourments,
il implorait, mais implorait en vain, une seule goutte d'eau pour
rafraîchir sa langue desséchée. Il n'y a pas une seule goutte d'eau dans l'enfer. Sérieuse pensée ! sérieuse pour tous, mais des plus
effrayantes pour tous ceux qui poursuivent la luxure, le plaisir et les
grandeurs, qui emploient leur temps à courir d'une fontaine à l'autre dans ce
monde, sans songer à une éternité de soif ardente dans le lac de feu. Que Dieu, par son Esprit, veuille arrêter ceux qui sont tels et les amener à Jésus Christ, qui donne cette eau vive de laquelle celui qui boit n'aura plus jamais soif !
Qu'elle
est consolante cette parole : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai,
moi, n'aura plus soif, à jamais ; mais l'eau que je lui
donnerai sera en lui
une fontaine d'eau jaillissante
jusque dans la vie éternelle » (Jean 4 v.14). Voilà ce
qui satisfait et apaise
les besoins d'une âme : elle
possède au-dedans d'elle une
fontaine d'eau vive, toujours
fraîche, toujours courante,
toujours jaillissant en
haut vers sa source originelle ; car les eaux cherchent toujours leur niveau. Notre Seigneur veut parler ici du Saint
Esprit qui habite dans tout vrai croyant, et qui est le
puissant moyen de communion
avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.
En Jean 3 v.5, il est question du Saint
Esprit considéré quant à son œuvre de vivification. Au chapitre 4 v.14, il est présenté comme la puissance de communion, et au chapitre 7 v.38, comme la
puissance du ministère.
C'est par le Saint Esprit que l'âme est régénérée ; par lui que nous
sommes rendus capables d'avoir communion avec Dieu et d'y demeurer, et par lui que nous
devenons des canaux de bénédiction pour d'autres. Tout cela provient du Saint Esprit qui nous unit, par un lien éternel, à Christ, le Chef de la nouvelle
création, en qui et par qui nous jouissons de toutes les bénédictions et de tous les privilèges, dont il a
plu au Père de nous enrichir.
Mais remarquez comme tout
cet enseignement ressort de notre récit : « La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, afin que je n'aie pas soif, et que je ne vienne pas ici pour puiser ». Elle est
encore dans les ténèbres. Son cœur
ne semble pas encore avoir été atteint. Ses yeux sont fermés, son intelligence
est obscurcie. Le Sauveur des pécheurs était devant elle, mais elle ne le connaissait pas. Il lui faisait entendre des paroles de grâce, mais
elle ne les comprenait pas. Il lui
avait demandé à boire, elle lui répondait par un « Comment ?
». Il lui avait parlé du don de Dieu, elle répliquait par un « d'où ?». Il lui avait fait entrevoir une source éternelle, elle n'y voit
que l'avantage de s'épargner la peine de venir puiser l'eau du puits. Que
reste-t-il à faire à son égard ? Uniquement et précisément
ceci : « Va, appelle ton mari,
et viens ici ».
C'est
là, en effet, la grande affaire, qui va donner un tout autre tour aux pensées de cette
malheureuse femme. Notre Seigneur est forcé, pour ainsi parler, de
prendre une flèche de son carquois et de la lancer directement à la
conscience de la Samaritaine. Elle
avait dit : « Donne-moi de cette eau », Jésus
lui répond : « Va, appelle ton mari », ce qui revient à ceci : « Si tu désires de cette
eau dont je t'ai parlé, tu ne peux l'obtenir que comme une pauvre
pécheresse au cœur brisé par le sentiment de ton indignité ». Chose
vraiment merveilleuse ! Qui pourrait sonder toute la profondeur de ces deux
mots dans la bouche du Christ : « va » et « viens » ?. Elle
devait non seulement aller et appeler son mari, mais encore revenir à Christ telle
qu'elle était moralement. C'était là pour elle le moyen
d'obtenir de l'eau vive. « Va, appelle
ton mari ». Ces paroles font rayonner la vérité sur la conscience de la
femme, dans le but de manifester
son véritable état moral ; mais celles-ci : « Viens ici » sont l'expression bénie
de la grâce qui pouvait inviter une aussi misérable créature
à venir à lui, absolument telle qu'elle était, pour recevoir
l'eau vive, comme un don gratuit de sa main.
Si vous
êtes quelque peu attentif, vous vous apercevrez le puissant effet produit en cette femme par
l'entrée du dard aigu de la conviction dans sa
conscience. Maintenant pour la première fois, elle dit : « Seigneur, je
vois ». C'était
déjà beaucoup pour elle ses yeux
commençaient à s'ouvrir : elle voit quelque chose. Elle comprend qu'elle est en présence d'un personnage mystérieux qu'elle
prend pour un prophète. C'est à
travers sa conscience que les premiers
rayons de la lumière divine pénètrent comme de force dans
tout son être moral. Elle
découvre que celui qui lui avait demandé à boire connaissait
tout ce qui la concerne, et que
néanmoins il lui avait adressé sa demande, il s'était entretenu avec
elle, il ne l'avait point
méprisée. C'était
bien là un moment décisif dans
l'histoire de sa vie spirituelle.
Lecteur, avez-vous jamais connu par expérience
un pareil moment ? Votre conscience s'est-elle
réellement une fois trouvée en présence de cette lumière qui manifeste tout ? Vous
êtes-vous jamais considéré vous-même
comme un pauvre pécheur, perdu, coupable, sans Christ, méritant l'enfer ? Est-ce que la flèche est entrée dans votre
conscience ? Christ a, dans son carquois, des flèches de
divers genres. Il avait une flèche pour un homme d'entre les Pharisiens
; il avait une flèche pour la femme de Sichar. C'étaient des flèches
différentes, mais elles faisaient
chacune son œuvre. « Celui qui pratique la vérité, vient à la lumière » (Jean 3 v.21), telle était la flèche
pour le Pharisien. « Va, appelle ton mari » (Jean 4 v.16), telle était la flèche
pour la femme de Sichar. Elles sont, sans aucun doute, entièrement
différentes, mais chacune a son œuvre
à faire. Il faut que la conscience soit atteinte. Il
faut que la question de péché et de justice soit
résolue en la
présence de Dieu. Eh bien,
lecteur, votre conscience a-t-elle été atteinte ? Cette
grande et tout importante question a-t-elle été réglée entre votre
âme et Dieu ? S'il en est ainsi, vous serez à même de comprendre le reste
de cet attrayant récit.
Voir le
message
n°1 intitulé « Qu’est qu’une vraie
conversion ? Qu’est-ce qu’un vrai
croyant ? »
Arrivés
à ce point de notre sujet, nous pouvons remarquer qu'il y a trois choses à
considérer dans l'histoire de la Samaritaine : un pécheur manifesté comme tel, un Sauveur révélé, un
saint dévoué à servir le maître. Ces mots : « Va, appelle ton mari » manifestent la pécheresse.
Mais n'avons-nous pas souvent
observé que, lorsque la conscience
d'un pécheur est travaillée au
sujet de ses péchés et des
droits de Dieu, il est fort
porté à se laisser préoccuper par des questions relatives au mode et aux lieux de culte
? N'en a-t-il pas été ainsi de la plupart d'entre nous ? Il y en a peu qui aient parcouru les premiers degrés de ce que l'on
appelle la vie religieuse sans que leur cœur ait été plus ou moins troublé par les prétentions rivales d'églises
ou de dénominations diverses. Où dois-je rendre culte à Dieu ? A quelle
dénomination dois-je me joindre ? A quelle église m'agréger ? Quelle est la
plus conforme à l'Ecriture ? Voilà tout autant de questions que plusieurs d'entre nous ont cru
devoir examiner sérieusement, et cela même parfois longtemps
avant que nos âmes eussent trouvé le repos dans la foi en un Sauveur révélé : précisément comme la pauvre femme de Sichar. Elle n'a pas plus tôt donné essor à ce mot : « Je vois », qu'elle se met à discourir sur les lieux de culte : « Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous
dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer ». Les uns adorent ici, d'autres adorent
là où donc devons-nous adorer ?
Or, sans vouloir le moins
du monde contester l'intérêt certain que présentent de telles questions (*), il n’en reste pas moins vrai que ce ne sont pas des questions sur lesquelles doive s'arrêter un pécheur reconnu comme tel ou convaincu
que son état est tel. Pour un tel homme, la
grande affaire, celle qui absorbe toutes les autres, c'est de
se mettre, c'est de
se trouver en la présence d'un
Sauveur révélé. Oui, il faut le répéter et le souligner, et cela de la manière la plus
solennelle, ce dont un pécheur reconnu a besoin, c'est non pas d'un
lieu de culte, d'une secte, d'une église ou d'une dénomination, mais
d'un Sauveur révélé.
(*) Il
ne s’agit pas ici d’appuyer les pratiques des grands rassemblements en vue de
l’évangélisation qui annoncent la bonne nouvelle et laissent par la suite les
âmes dans les différents systèmes religieux. Il est question ici d’apporter à
l’âme ce dont elle a besoin, au stade où elle se trouve dans le processus du
travail du Saint Esprit agissant sur elle ! A ce stade, la question du
culte et de l’adoration n’a pas encore d’objet, le Sauveur n’est pas encore
révélé à l’âme !
Que cette pensée soit
sérieusement pesée, bien comprise et soigneusement gardée dans l'âme : Un pécheur convaincu de son état de péché
ne peut jamais devenir un saint
dévoué au service du maître et à rendre culte, avant d'avoir trouvé avec bonheur sa place aux pieds d'un Sauveur révélé.
On ne
peut pas trop insister sur la sérieuse importance du point qui nous occupe. On
a fait souvent beaucoup de mal aux âmes, on a compromis les vrais intérêts du
christianisme pratique, en occupant
ces âmes d'églises et de dénominations, au lieu
de les entretenir d'un Dieu-Sauveur.
Celui qui se joint à une
église avant d'avoir trouvé Christ, s'expose au grand danger de faire
d'une église une
marche ou un échelon pour arriver
à Christ ; or il n'est que trop fréquent de voir que ces échelons pour arriver à
Christ, se trouvent ensuite être des
échelons pour éloigner de Christ. Nous n'avons pas besoin d'échelons pour aller à
Christ. Il s'est assez approché de nous pour rendre inutile un semblable moyen. La Samaritaine adultère n'exigeait rien de pareil: Christ était à côté d'elle quoiqu'elle ne le connût
pas, et il travaillait patiemment à
la déloger de toutes les cachettes
dans lesquelles elle s'abritait, afin qu'elle pût se voir
elle-même comme une grande pécheresse, et le voir lui, Jésus
Christ, comme un grand Sauveur, apportant du ciel une grâce parfaite pour la sauver, non seulement de
la culpabilité et des conséquences de son péché, mais aussi de la pratique et de
la puissance de ce péché. Que pouvait faire pour elle « cette montagne » ou
« Jérusalem » ? N'était-il
pas évident qu'une question préalable et supérieure appelait sa sérieuse
attention, savoir ce qu'elle avait à
faire avec ses péchés — comment elle pouvait être sauvée ? Pouvait-elle
aller, appeler son mari, et se rendre à la montagne de Samarie ou au temple de
Jérusalem ? Quel soulagement ces lieux pouvaient-ils apporter à son
cœur angoissé ou à sa conscience chargée ? Pouvait-elle là trouver le salut ? Pouvait-elle
là adorer le Père en esprit et en vérité ?
N'était-il pas clair qu'elle
avait besoin du salut, avant de pouvoir adorer en
quelque lieu que ce fût ?
Une
réponse complète et fidèle est
donnée à toutes ces questions dans ces paroles : « Jésus lui dit : Femme crois-moi : l'heure vient
que vous n'adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem.
Vous adorez, vous ne savez quoi, nous adorons ce que nous connaissons ; car le
salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, et elle est maintenant, que les
vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car
aussi le Père en cherche de tels qui l'adorent. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui
l'adorent, l'adorent en
esprit et en vérité ». (Jean 4 v.21-24)
Ainsi donc le Seigneur
montrait clairement à la femme, non seulement qu'elle était une pécheresse,
mais encore qu'il ne
lui servait de rien de porter son esprit sur des
questions relatives à des lieux de culte. Elle
avait besoin du salut, et ce
salut elle ne pouvait le trouver que dans la connaissance de Dieu révélé comme Père, en la face de Jésus Christ (2 Corinthiens 4 v.6). Tel
était le fondement de tout culte véritable et spirituel, pour
pouvoir adorer le Père, il
faut que nous le connaissions,
et le connaître, c'est
le salut et la vie
éternelle (Jean 17 v.3).
Cher ami chrétien, il est important de
pouvoir retirer de cette scène du puits de Sichar une leçon sainte et fort
utile, quant au vrai mode de s'y
prendre avec les âmes dans l'anxiété. Quand nous en rencontrons
quelqu'une, ne l'occupons pas de questions de sectes et de
partis, d'églises et de dénominations, de symboles et de
confessions. Il est vraiment cruel d'en agir ainsi. Ces âmes
ont besoin du salut, — elles ont besoin de
connaître Dieu, — elles ont besoin de Christ. Cherchons à renfermer leur attention sur cette
seule chose, engageons-les à ne pas du tout s'en distraire jusqu'à ce qu'elles aient trouvé Christ. Les
questions d'église ont leur place, leur importance et leur intérêt ; mais
il est évident qu'elles ne
concernent pas les âmes qui sont dans
l'anxiété au sujet de leurs péchés. Des milliers, nous le craignons, ont été empêchées de
creuser profond et de fonder toutes leurs espérances sur le roc, parce
qu'on les a imprudemment occupées de questions ecclésiastiques, au moment où leurs yeux venaient de s'ouvrir pour
voir, et avant
qu'elles pussent dire : « Jésus m'a aimé ». Nous sommes tous si portés à grossir les rangs
de notre parti, que cela nous expose au danger de penser davantage à
engager des gens à se joindre à nous,
que de les conduire simplement et directement à Christ. Il faut que ce mal soit jugé. Pour cela,
méditons sur l'exemple que nous donne le Maître, dans sa manière d'agir avec la
femme de Sichar, et ne nous laissons jamais aller à détourner des âmes précieuses du fondement, de l'objet et de
l'esprit du culte, par des
discussions inopportunes sur les divers lieux de culte.
Remarquez
l'heureux résultat de cette sage et prudente conduite du Seigneur. La femme se
trouve maintenant comme enfermée dans une seule chose. Maintenant elle est prête à recevoir un Sauveur révélé ; elle lui dit
: « Je sais que le
Messie, qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toutes choses ». Elle en a fini, ce semble, avec ses
difficultés et ses questions.
Elle avait demandé «
Comment ? » et il lui avait répondu. Elle avait demandé « D'où ? »
et il lui avait répondu. Elle avait demandé « Où ? » et il lui avait
répondu. Maintenant que lui reste-t-il à désirer ? J'ai
besoin du Christ,
dit-elle. Il lui répond : Tu l'as : « Je le suis, moi qui te
parle » (Jean 4 v.26). C'est assez. Tout est
fini maintenant qu'elle a trouvé son tout en Christ. Ce n'est
plus une montagne ni un temple, Samarie ni Jérusalem qu'il lui faut. Elle a trouvé Jésus le Messie — un Sauveur-Dieu. Une
pécheresse convaincue et un Sauveur révélé se sont
rencontrés, face à face, et tout
est mis en règle, une fois et
pour toujours.
Elle a découvert le fait merveilleux que Celui qui lui avait demandé un peu d'eau
connaissait tout ce qui la concernait — qu'il pouvait lui dire tout ce qu'elle
avait fait, et que néanmoins il lui
parlait du salut. Que
lui fallait-il de plus ? Rien.
« La femme donc laissa sa cruche et s'en alla à la
ville, et dit aux hommes : Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce
que j'ai fait, celui-ci n'est-il point le Christ ? » (Jean 4 v.29)
Ici,
nous trouvons une sainte dévouée.
L'œuvre était parfaite. Comment pouvait-il en être autrement, puisque c'était la main du
Maître qui l'avait opérée ? Il avait
mis à l'épreuve la conscience
de la Samaritaine jusqu'à ses plus intimes profondeurs, — il l'avait
manifestée à ses propres yeux telle
qu'elle était — il l'avait poursuivie et chassée de
toutes ses retraites et de ses
faux refuges — il lui avait montré l'inutile déception de s'occuper
de lieux de culte — il lui avait fait sentir que rien, si ce n'est Christ lui-même, ne pouvait répondre à ses besoins — enfin,
il s'était révélé à elle, il
avait pris pleine possession de son âme,
et lui avait fait ressentir, par une expérience bénie, toute
la puissance de déplacement qu'une nouvelle affection possède. Elle
avait quitté Sichar le matin, comme une misérable femme, comme une adultère dégradée, et elle y rentrait comme
une rachetée heureuse et sainte, comme
une servante dévouée du Christ. Elle laisse la cruche derrière elle et retourne
à la scène de ses crimes
et de son avilissement, pour en faire
la scène de son témoignage éclatant et décidé pour Christ : « Venez, voyez un homme qui m'a dit tout ce que j'ai
fait ».
Précieux témoignage ! Précieuse invitation !
Lecteurs
chrétiens, que ce soit aussi là notre affaire désormais. Puissions-nous aussi
avoir pour principal objet, d'inviter les pécheurs d'aller à Jésus. Avec quel empressement la femme l'entreprend ! Elle n'a pas plus tôt
trouvé Christ pour elle-même qu'elle entre activement dans cette œuvre bénie de
conduire les autres aux pieds du Sauveur. Allons et faisons de même. Cherchons,
par parole et par œuvre — « de toute manière », comme le dit l'apôtre (1 Corinthiens 10 v.22), à rassembler des âmes, en aussi grand nombre que
possible, autour du Fils de Dieu. Plusieurs d'entre nous,
sans doute, ont à se juger pour la tiédeur qu'ils mettent à cette œuvre
excellente. Nous
voyons des multitudes se
précipitant sur la grande route large et spacieuse qui descend à l'éternelle perdition, et cependant
combien peu nous sommes émus à cette vue ! Comme nous sommes lâches et lents à faire retentir à leurs oreilles, ce
mot évangélique si vrai et si approprié à leur état : « Venez ! » Oh ! si nous avions plus de zèle, plus d'énergie, plus de
ferveur ! Que le
Seigneur nous accorde un si profond sentiment de la valeur des âmes
immortelles, du prix infini de Christ, et des réalités solennelles et
redoutables de l'éternité, qu'il nous pousse à agir avec plus d'instances et
plus de fidélité sur les âmes de nos semblables !