Ce texte
reprend un extrait de l’étude de l’épître aux Ephésiens de W. Kelly
Où le mot « salut » prend un sens
particulier selon l’angle sous lequel il est vu.
Suite de : https://www.msgfacebook.beauport.eu/Messages/MSG_0225-02.html
Pour mieux comprendre
le message véhiculé dans l’épître aux Galates, il m’est apparu utile de bien
comprendre les nuances que la Parole introduit en utilisant le mot
« salut » !
C’est en confondant ces
nuances que l’on en arrive à réduire le christianisme à l’application de règles
à suivre, et ainsi à réintroduire la loi, comme le faisaient les Galates.
J’ai pensé qu’il serait
bon de bien décrire ces nuances importantes.
Comme le frère W. Kelly
décrit très bien ces nuances dans son étude sur l’épître aux Ephésiens, en
rapport avec « vous êtes sauvés, par la grâce et par la foi, et cela ne
vient pas de vous mais de Dieu » (Ephésiens 2 v.8), j’ai inséré cette
partie de son étude.
N.B. Dans le texte
lorsque « je » est utilisé, ce n’est pas moi qui parle, mais bien le
frère W. Kelly !
Être vivifié (1*) pour
le chrétien, c’est d’être associé avec Christ après
qu’il soit entré dans la mort pour nos péchés. Il est dit aussi que
nous sommes assis dans les lieux célestes, (2*) parce que nous avons la vie de Christ
qui y est, et il est parlé de nous selon la place
où est entré Celui qui est notre vie. Aussi, quand l’Écriture dit que
Dieu nous a ressuscités et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux
célestes, elle ne veut pas dire seulement que nous sommes tels dans
le décret ou la pensée de Dieu. Elle ne se réfère pas à notre résurrection future, mais elle présente expressément l’association présente du croyant en vertu de son union avec Christ,
qui est en la présence de Dieu. Et en faisant allusion au fait d’être vivifiés,
l’apôtre dit : « Vous êtes sauvés par la grâce ». C’est la source de toute la
bénédiction. C’est pourquoi l’expression est très forte. Ce
qu’implique la forme de l’expression, c’est en effet que le salut est
complet, et que les sauvés jouissent maintenant de son
résultat actuel.
(1*) « … Dieu …
nous a vivifié ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés
par la grâce) … » (Ephésiens 2 v.4-5)
(2*) « … nous
a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes
dans le christ Jésus … » (Ephésiens 2 v.6)
La
Parole ne parle pas toujours de cette manière du salut : « salut
complet » dont ceux qui en bénéficient, jouissent déjà maintenant. Il y a
d’autres contextes où le mot « salut » se nuance différemment.
Il y a des épîtres entières où le sujet n’est
jamais traité de la même manière que dans l’épître aux Ephésiens.
Ainsi, particulièrement dans l’épître aux
Philippiens, le salut est envisagé comme une chose future —
comme n’étant pas complet jusqu’à ce que nous voyions
Christ en gloire. Dans cette épître le salut est une chose solennelle (non
pas un processus précaire) qui se poursuit maintenant, parce qu’il
est clair que nous ne sommes pas avec Christ dans la gloire, mais
dans nos corps naturels. En conséquence, dans cette
épître aux Philippiens, Christ est vu comme Sauveur, non pas simplement parce qu’Il
est mort et ressuscité, mais parce qu’Il va revenir pour ma
pleine délivrance et pour ma parfaite joie. C’est ce qui explique
le sens du texte qui rend bien des personnes si perplexes : « Travaillez
à votre propre salut avec crainte
et tremblement » (Philippiens 2 v.12). Dans le sens que la Parole a en vue dans ce passage, nous
ne posséderons le salut que lorsque nous serons dans la gloire avec
Christ. En attendant, nous y travaillons avec crainte et
tremblement, nous rappelant que Satan nous hait parce
que nous allons être dans la gloire avec Christ. Nous sommes vus comme des
personnes dans ce monde, qui savent sans
le moindre doute qu’elles auront le prix, mais qui ont à
combattre et à courir pour
l’avoir, quoique nous devions retenir ferme l’assurance que
nous l’aurons, quand nous verrons Christ venir d’en
haut pour nous.
Quand
nous examinons le langage de l’épître aux Éphésiens, c’est tout
différent. Là, le salut est regardé comme une chose absolument
passée : « Vous êtes sauvés
par la grâce » — ce n’est pas simplement que le
salut se poursuit, et doit bientôt être achevé ; mais nous sommes sauvés et, en
Christ, nous ne pouvons pas être plus sauvés que nous ne le sommes.
Tandis que selon l’épître aux Philippiens, Paul lui-même
ne possédait pas encore son salut : « Non que j’aie déjà reçu le prix,
ou que je sois déjà parvenu à la perfection » (Philippiens 3 v.12). La perfection dont il
est parlé là, se rapporte entièrement et uniquement au temps où nous serons
transformés en la glorieuse ressemblance de Christ. C’est
alors que nous serons sauvés, non pas avant.
Si vous appliquez le même sens au
mot salut dans les deux épîtres, vous rendez la doctrine
contradictoire.
Prenez
encore l’épître aux Hébreux. Là aussi, le salut est
toujours représenté comme une chose future. « C’est pourquoi Il peut
sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui » (Hébreux 7:25).
Ceux dont il est dit qu’ils s’approchent de Dieu par
Christ, c’est ledu peuple de Dieu qu’il
s’agit, et non pas des inconvertis.
Pour qui est-Il sacrificateur ? Pour
le croyant seulement.
Ainsi donc, c’est le saint
qui a besoin d’être sauvé dans l’épître aux Hébreux,
parce que le salut dans cette épître s’applique
à toutes les difficultés de notre voyage à travers le désert.
Toute la doctrine est fondée sur ce type, que nous,
maintenant, comme Israël autrefois, nous traversons le désert et ne sommes pas
encore entrés en Canaan. À l’inverse, l’enseignement caractéristique de
l’épître aux Éphésiens, c’est que Christ est entré en Canaan,
et que nous y sommes en Lui.
Quand on est occupé d’une portion de la Parole de
Dieu et non de l’ensemble, parce qu’on s’attache fortement à une certaine
vérité, au lieu de l’ensemble de la vérité, c’est ainsi qu’on se trouve
entraîné dans des vues confuses et fautives, lesquelles à leur tour conduisent
à des fautes dans la pratique.
La raison de ces différences est extrêmement
intéressante et importante.
Vous avez dans chaque épître ce qui convient
exactement à son caractère propre. Dans les Éphésiens,
la révélation ne porte pas sur Christ comme celui qui
intercède pour nous devant Dieu (Hébreux 7 v.25) : c’est ce que nous avons dans les Hébreux.
Pourquoi est-Il Sacrificateur ? Afin qu’Il ait « de
l’indulgence pour les ignorants et les errants » (Hébreux 5 v.2). C’est justement le danger auquel nous sommes exposés
du fait de notre voyage ici-bas : nous sommes ignorants, et
toujours exposés à la tentation de glisser de côté à cause de notre méchant
cœur d’incrédulité (Hébreux 3 v.12). Voilà
pourquoi nous avons besoin de l’épître aux Hébreux. La doctrine de l’épître
aux Éphésiens ne suffirait pas à elle seule pour répondre à ma
faiblesse, à mes difficultés, à mes douleurs.
Supposons que je me sois égaré, qu’y
a-t-il dans les Éphésiens pour faire souvenir mon âme et la consoler ? J’y lis : « afin que
nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour » (Ephésiens 1 v.4). Étant égaré, ceci ne donne aucun soulagement à mon
angoisse. Je peux essayer de fixer mon cœur sur l’élection de Dieu
et sur Ses conseils si élevés, mais, si ma conscience
est sensible, ce passage tout seul ne fait que me
rendre plus misérable. Mon cœur raisonnera
même pour dire : Si Dieu m’a réellement tant aimé, comment se fait-il que j’en
arrive à le déshonorer pareillement ?
Dans l’épître aux Hébreux, il n’y a pas un mot sur
le fait que je suis assis dans les lieux célestes, mais par contre j’y
trouve Christ à la droite de Dieu, plaidant pour moi après avoir fait par Lui-même
la purification de mes péchés (Hébreux 1 v.3 ;
7 v.25). Le premier chapitre
commence même sur cette glorieuse vérité, que Christ ne s’est assis dans les
hauts lieux que lorsqu’il a pu prendre cette place sur le fondement de cette
œuvre par laquelle Il avait complètement effacé nos péchés, — et cela « par
Lui-même » (Hébreux 1 v.3), c’est-à-dire à l’exclusion de tout autre aide. C’était Son œuvre
à Lui, et Il l’a accomplie, ne voulant même prendre aucun repos dans
cette gloire qui Lui était familière, sinon sur ce fondement-là. C’est bien là le
fondement le plus certain. Mais tout en ayant la
purification de nos péchés par Christ, nous sommes dans un lieu de
tentation, où nous sommes constamment en danger de nous écarter et de glisser,
à cause de l’ignorance, de la faiblesse, et de mille autres causes qui peuvent
survenir. Qu’allons-nous donc devenir ? Qu’est-ce qui va nous
soutenir et nous porter jusqu’au bout ? Dieu
révèle le précieux Sacrificateur qui prend soin de l’âme,
— Celui qui possède la pleine confiance de Dieu le Père, — Celui
qui Lui a donné la plus entière satisfaction — Celui qui est
assis à la droite de Dieu, occupé sans cesse
de nos besoins, sur le fondement que nous appartenons à Dieu, étant déjà
rachetés, et n’ayant plus aucune conscience de péché. Il se peut que nous ne puissions
comprendre comment il se fait que des personnes si bénies de Dieu, soient si
faibles, si misérables, si peu semblables à Celui qui, à ses propres dépens,
nous a acquis la bénédiction et l’a rendue assurée. La foi reçoit de Dieu et Lui
demande ce qu’Il destine à être notre force et notre consolation au milieu de
notre faiblesse et de nos dangers.
Sa réponse est que Christ est là
pour plaider notre cause, aussi certainement que l’Esprit
est ici pour nous en donner la conscience.
Et c’est par le moyen de l’intercession
de Christ à la droite de Dieu, que nous sommes amenés à sentir nos
besoins et nos manquements.
Nous ne jugeons jamais ces
manquements sans recevoir une bénédiction morale au
moyen de ce jugement
Toute la puissance de Christ reposant sur nous est proportionnelle
à la profondeur de l’appréciation
morale produite dans notre âme par l’Esprit de Dieu en réponse à l’intercession
de Christ ; cela fait partie de l’effet de
l’intercession de Christ pour nous que nous soyons amenés à sentir quand nous nous
sommes égarés dans nos pensées et dans nos actes.
Dans l’épître aux Hébreux, il
ne pouvait pas être parlé du salut comme
d’une chose passée.
Nous savons que nous serons pleinement sauvés, et que Christ
va venir pour cela. Quoiqu’il soit réservé aux
hommes de mourir, il n’en est pas nécessairement ainsi pour les saints. Nous savons qu’il peut
se faire que certains ne s’endorment jamais, et que les saints ne
viendront certainement pas en jugement, même si tout ce qu’ils
ont fait doive assurément être manifesté devant le tribunal de Christ.
Mais Il est passé par la mort
pour eux, et par conséquent, il n’est pas nécessaire
qu’ils meurent ; Il a enduré le jugement comme nul
autre ne le pouvait, et nous avons Sa propre parole pour
nous assurer qu’en aucun cas nous
ne viendrons jamais en jugement.
Celui qui croit au Fils de Dieu
« a la vie éternelle et ne viendra pas en
jugement »
(Jean 5 v.24).
La conséquence en est, que, tandis que nous attendons
Sa venue, nous savons que quand Il apparaîtra une seconde fois, ce
sera sans péché et à salut (Hébreux 9 v.28). Il a si parfaitement ôté le péché par le sacrifice de
Lui-même, que, quand Il sera ainsi vu une seconde fois par ceux qui L’attendent,
ce sera « sans péché » (à part toute
question de péché, du moins pour ce qui les concerne), et « à salut », non pas pour
le jugement. Le salut et le
jugement sont deux choses qui, par
dessus tout, présentent le contraste le plus
complet. Vous ne pouvez avoir le jugement
et le salut appliqués au même individu. Ainsi donc dans l’épître
aux Hébreux, vous avez le salut en relation avec l’apparition
de notre Seigneur la seconde fois.
Dans l’épître aux Éphésiens, au contraire, nous sommes déjà sauvés, et il n’y est jamais fait
allusion au retour de Christ pour recevoir Son peuple. Dans les épîtres où le
salut est présenté comme devant être achevé bientôt, nous y trouvons la
venue de Christ pour l’accomplir. Dans l’épître aux Philippiens, il est
dit : « notre bourgeoisie est dans les cieux,
d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur,
qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité de
Son corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’Il a de
s’assujettir même toutes choses » (Philippiens 3 v.20-21). Nous avons donc là notre Seigneur transformant ce corps
d’abaissement pour le rendre conforme au corps de Sa gloire, prouvant ainsi
qu’Il est le Sauveur ; car ce n’est pas une délivrance partielle,
mais un salut complet pour l’homme tout entier. Mais dans l’épître aux
Éphésiens, où la venue de notre Seigneur n’apparaît jamais, ceci
se lie au fait que le salut est vu comme un fait déjà accompli,
et dont nous jouissons dès maintenant.
Cette manière d’envisager le salut est rare dans
l’Écriture : il est généralement envisagé comme quelque
chose qui est encore devant nous.
Les
gens confondent le salut avec la justification ou la réconciliation avec Dieu ; or dans l’épître aux Romains la
distinction est faite de manière évidente : « Si étant ennemis,
nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de Son
Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous
sauvés par Sa vie » (Romains 5v.10).
Ainsi nous avons la réconciliation, mais non pas le salut
au sens de ce passage.
« Nous serons
sauvés ». Il
est vivant pour nous ; et en conséquence, nous
allons être sauvés.
Le salut se poursuit, et quand Christ reviendra en
gloire, alors le salut sera
complet.
C’est
pourquoi, en Romains (Romains 13 v.11), cette doctrine est encore appliquée : « Maintenant le salut est plus
près de nous que lorsque nous avons cru ». Nous ne l’avons pas encore,
mais il est plus près, et nous l’aurons bientôt entièrement et parfaitement. Avant d’avoir cru, nous
étions ennemis et perdus ; puis, ayant cru, nous avons été réconciliés
avec Dieu par la mort de Son Fils. Maintenant Il vit
pour nous, et Il va bientôt revenir pour nous, et alors
tout sera complet.
Prenez maintenant les épîtres aux Corinthiens,
et vous y trouverez le même enseignement. Le salut n’y est pas envisagé
comme complet.
C’est pourquoi l’apôtre dit qu’il mortifie son
corps et l’asservit (1 Corinthiens 9 v.27). Il ne veut pas permettre qu’une convoitise
mauvaise ait de l’emprise sur lui. Il pouvait prêcher au monde
entier, mais si le mal avait le dessus sur lui, comment pourrait-il lui-même
être sauvé ? Il présente la chose de la
manière la plus forte possible, en rapport avec son propre cas, et il
montre que prêcher (ce qui, pour
quelques-uns, était plus important que Christ), n’a rien à faire avec le
fait d’être sauvé : c’est la vie en
Christ qui se lie au fait d’être sauvé ; car la grâce de
Christ se manifeste dans une
sainte soumission à Dieu et dans le
jugement de soi-même quant au mal. Ce sont
là deux conséquences inséparables
du fait d’avoir la vie de
Christ par la
puissance du Saint Esprit dans l’âme.
« Je mortifie mon
corps », dit-il, « et je
l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je
ne sois moi-même réprouvé ». Je prends
ce mot de « réprouvé » dans
le sens le plus fort, ce qui est même le seul sens scripturaire. Ce mot, dans le langage du
Nouveau Testament, ne signifie pas simplement qu’un homme va perdre quelque
chose, mais qu’il va perdre et son âme et Christ. Il n’y a aucun
cas où ce mot soit employé dans les épîtres avec un sens
modifié — il signifie invariablement « perdu
pour toujours » ; modifier
la force de ce mot n’est ni de la foi ni de l’intelligence.
Ce n’est pas que Paul eût aucune crainte d’être perdu, mais il s’applique ce cas à
lui-même, pour le rendre plus percutant, en faisant la supposition
qu’il en vînt à renoncer à Christ et à la sainteté. Quelle
est la conséquence ?
Il aurait pu être alors prédicateur, et pourtant être un
réprouvé.
Personne de régénéré ne
peut devenir un réprouvé ; aussi ne dit-il pas :
Bien que je sois né de Dieu, je pourrais être un réprouvé. On ne
peut pas, ni ne doit supposer
pareille chose.
Mais il donne cet exemple si sérieux de ce qui n’est que
trop banal, hélas ! qu’un homme puisse prêcher à d’autres et
être un réprouvé. Nous savons que l’un des apôtres a prêché et fait des miracles ; mais le Seigneur ne l’a jamais connu (Matthieu 7 v.22-23).
Ceci montrera l’importance qu’il y a à laisser au
salut la place que l’Écriture lui donne, selon toutes les
manières dont elle l’envisage.
Dans la plupart des passages de l’Écriture, il n’est pas
envisagé de la même manière que dans l’épître aux Éphésiens, mais de la manière
que je viens de décrire dans l’épître aux Romains, etc. On ne peut légitimement
soulever la question de tomber loin, quand l’apôtre parle du salut dans ce
sens, mais le fait est que nous n’avons pas encore comme notre portion actuelle
tout le résultat de la bénédiction, ni toute la plénitude
de délivrance. Qui pourrait dire que nous avons cette portion ? Ici,
nous souffrons encore : alors
nous serons entièrement en dehors de la scène de tentation. Dans l’épître aux
Éphésiens, lorsque l’apôtre considère le caractère de notre vie,
il dit qu’elle est entièrement hors de tout danger,
de toute tentation, et de toute chose de ce genre.
« Vous êtes sauvés par la grâce ».
Il veut dire par là que nous avons été
sauvés et que nous sommes sauvés ; c’est-à-dire
que nous avons la jouissance présente de ce qui est déjà
réalisé dans le passé et complet devant Dieu.
C’est un fait accompli, parce que c’est
en Christ, et dans les Éphésiens tout est considéré
comme étant en Christ, notre paix
entre autres. C’est pourquoi Christ lui-même est appelé plus loin « notre
paix ».
C’est pourquoi aussi, il est si vrai que le salut
est envisagé comme étant en Christ, que, le Sauveur étant assis
dans les lieux célestes, il est dit de nous que nous
sommes complètement sauvés, non pas en voie de
l’être, au point de ne plus avoir besoin de
rien d’autre à cet égard.
Et il est ajouté, en parfaite harmonie avec ce que
nous venons de voir, que Dieu « nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir
ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ; afin
qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa
grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus ».
Qu’y a-t-il de plus clair que le caractère complet
de ce salut ?
Combien il est manifeste qu’il se caractérise par une
association avec Christ qui est au-delà de
toute conception humaine !
Il est facile de concevoir que nous aurons bientôt une
telle position de bénédiction, mais ce qui est merveilleux,
c’est que cela puisse être annoncé comme étant la portion présente de pauvres et faibles
chrétiens, maintenant dans ce monde. Si nous nous arrêtons beaucoup
sur des choses humaines, elles deviennent banales et sans valeur, et nous
cessons de nous émerveiller ; mais quand il s’agit de cette
œuvre glorieuse de Dieu dans Son Fils Bien-Aimé, plus nous y pensons, plus
nous demeurons frappés d’étonnement devant elle !
Remarquez que le but est justement « qu’Il
montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans
sa bonté envers nous dans le Christ Jésus ». Autrement dit, ce n’est
pas seulement que Dieu nous a regardés et nous donne ce
dont nous avons besoin, mais Dieu a
agi pour satisfaire Ses propres affections, par le moyen de Son
Fils.
C’est comme si Dieu disait : Je désire montrer
ce que Je suis, et non pas simplement pourvoir à vos besoins.
Ainsi, c’est Dieu s’élevant à la hauteur de Sa propre
bonté, et agissant d’après ce qu’Il
est, d’une manière complètement indépendante de ce que
nous sommes, sauf que nous
devenons l’occasion pour Dieu de montrer Son amour sans pareil ; et cela, non pas
simplement maintenant, mais « dans les
siècles à venir », ou, comme je le
pense, pour un temps illimité.
Mais
ce n’est pas tout. L’apôtre nous met à nouveau en
garde contre certaines conceptions erronées, en reprenant ou répétant
l’expression : « Car vous êtes sauvés par la grâce » et y ajoutant
« par la foi », ce qui confirme
fortement ce qui a été déjà dit. Nous ne sommes pas sauvés par le
dessein d’élection de Dieu, aussi vrai et béni soit-il, mais par le moyen de la
foi dans nos cœurs, par le moyen de cette persuasion divine
que le Saint Esprit opère dans le cœur de l’homme autrefois incrédule. « Vous êtes sauvés par
la grâce, par la foi » (Ephésiens 2 v.8). Dieu n’introduit pas quelqu’un
dans la relation d’enfant sans que son cœur et sa conscience n’aient
été mis en action. Le Saint Esprit donne à un tel homme de sentir sa
propre condition telle que Dieu la voit, et de connaître,
malgré tout, ce que Dieu est pour lui en Christ.
Il ne s’agit pas d’un simple acte notarial et froid, d’un
salut mécanique, ni non plus d’un changement de la vieille nature
pouvant servir de fondement à une espérance en Dieu. On ne peut pas plus se
fier au sentiment humain, qu’à une simple acceptation des décrets de
Dieu, fût-elle parfaitement orthodoxe.
Quand Dieu parle dans Son Fils, et de
son Fils, c’est une chose réelle, et d’une solennité dont
celui qui écoute doit avoir la conscience plus ou moins profonde.
Il n’a plus de mauvaise volonté ou d’indifférence quant à
Christ. Il peut sentir le péché
et se haïr lui-même comme jamais auparavant, justement parce
qu’il est sous la main de Dieu et devant l’enseignement de Dieu. Ce que précisément vous alléguez
pour prouver que vous n’êtes pas de ceux qui appartiennent à Dieu, est ainsi plutôt la preuve
que vous en êtes. Si vous étiez mort quant à Dieu, sentiriez-vous ce qui
L’attriste ?
C’est quand Christ a commencé à reluire sur votre
âme, que vous commencez à réaliser que vous
gisiez dans tout ce qui est ténébreux et dégoûtant, quoiqu’une lueur
d’espérance perce à travers les nuages. Vous avez sérieusement la
conscience des choses mauvaises auxquelles
vous étiez insensibles auparavant.
C’est là un
effet de la puissante opération de Dieu en grâce ; or la vie sans la
foi ou la vie dans l’inconscience, cela
n’existe pas.
Il y aura toujours quelque chose qui éveille
de nouvelles pensées et de nouveaux
sentiments à l’égard de Dieu, une crainte et un désir à
l’égard de Dieu, une horreur du péché, et une haine
de soi-même.
Toutes ces choses, et
d’autres encore, traversent l’esprit de celui qui
est né de Dieu ; et ce qui produit
tous ces sentiments par l’Esprit de Dieu, c’est
Christ — rien d’autre ne le fera.
Autrement, il ne sert à rien de
fréquenter une église ou une chapelle — de se
joindre au meilleur ou au pire des témoignages : le principe sur lequel on y va,
c’est de se croire obligé d’y assister, peut-être chaque jour —
c’est de se croire obligé de rendre à Dieu un service
religieux, et que, si on le fait diligemment, Dieu devrait se
souvenir de nous sur le lit de mort et au jour du jugement.
Voilà une partie des devoirs que
l’homme accomplit dans l’espoir d’échapper à l’enfer.
Or tout ceci se fonde sur une sorte d’obligation
que l’homme ferait reposer sur Dieu. L’homme fait quelque
chose, et il pense qu’à cause de cela Dieu doit user de grâce envers
lui. Or ceci n’est rien moins que nier de manière
flagrante à la fois le péché de l’homme et la grâce de Dieu. Car il est dit : « Vous êtes sauvés par la grâce,
par la foi » (Ephésiens 2 v.8).
L’expression « être
sauvé par la grâce » veut dire qu’on
est sauvé par ce que Dieu est
pour moi dans Son Fils, en dehors de la moindre
chose en moi qui le mériterait.
Consentez-vous à vous confier en Dieu
seul pour votre salut, — en son Fils Bien-Aimé ?
C’est là la foi. « Vous êtes sauvés par la grâce,
par la foi ».
Si j’y mêle un brin de ce qui vient de moi, ce
n’est à proprement parler ni la grâce ni la
foi ; car la foi renonce à soi-même pour Christ, et la grâce est la pure
faveur de Dieu envers moi, pécheur, à la croix.
Quand j’écoute
Christ, alors la parole de Dieu commence à agir
à l’égard de tout ce qui, en moi, est
égoïste et opposé à Dieu ; il ne faut pas que j’essaie de
modifier la Parole de Dieu, ni de l’accommoder à mes propres
pensées, ménageant ainsi un moyen d’accorder
un peu d’indulgence à la chair.
Le salut dont
il est parlé dans l’épître aux Éphésiens est déjà complet pour
celui qui croit — si absolu même, que nul ne peut rien y
ajouter, parce que ce serait ajouter quelque chose
à Christ, et à l’œuvre de Christ. Or ceci est impossible,
vu que ce salut vient entièrement
de la grâce gratuite de Dieu, imméritée et sans
mélange. C’est là le grand point pour l’âme.
Suis-je capable de me confier en Lui maintenant, en
dehors de toute question de ce que je suis ou de ce que j’espère
être, ou de ce que je devrais faire pour Dieu ? Puis-je me
reposer sur Christ, quant à tout ce que j’ai été et tout ce que je
suis, sans aucune promesse ni aucun gage de
ma part — sans aucune espérance ni aucune pensée
quant à ce que je puis faire, parce que Dieu
pourrait m’enlever en un instant ? Puis-je me
reposer en Lui entièrement et aveuglément ?
Pensez au cas du brigand mourant, qui est un
témoignage vivant et notoire du salut par grâce dans tous les âges. D’autres peuvent avoir
une œuvre à accomplir ensuite, mais nous avons
là un homme qui a été l’objet de la grâce dans les
dernières heures de sa vie. Or il n’y a pas d’autre chemin. S’il avait même vécu
mille ans de plus, il n’aurait pas été d’un millimètre plus en sécurité par
grâce, qu’il ne l’était alors.
Il est d’une grande importance de soumettre nos âmes à la
pierre de touche de temps en temps, pour vérifier si nous nous
reposons uniquement sur la grâce de Dieu envers nous, et non sur ce
que les gens appellent la grâce en nous, c’est-à-dire notre fidélité
envers Lui. Car c’est là l’idée de la grâce qui court partout.
On veut parler d’un grand
changement qui a eu lieu dans le cœur par rapport à Dieu.
Ce que Dieu appelle la grâce, ce n’est pourtant pas ce
changement, mais c’est ce qu’Il nous a donné gratuitement
dans l’œuvre que Christ a accomplie pour le péché. « Vous êtes sauvés par la grâce,
par la foi » (Ephésiens 2 v.8).
L’Esprit exclut toute pensée selon laquelle
l’homme contribuerait à la foi, ou se procurerait un crédit
quelconque en venant à Christ, car Il dit immédiatement
après : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ephésiens 2 v.8). Ceci se
rapporte non seulement au salut,
mais aussi à la foi ; c’était
tout le don de Dieu, et non
le fruit de l’homme : « Non pas sur le
principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Ephésiens 2 v.9).
Bien loin que ce soit une question de nos œuvres, c’est nous,
qui sommes l’ouvrage de Dieu, la nouvelle création à Sa propre louange.
« Car nous sommes Son
ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus
pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous
marchions en elles » (Ephésiens 2 v.10).
Vous avez là une preuve claire qu’aucune négligence n’est
admissible dans la marche du croyant ; et le même verset enlève
toute pensée que l’œuvre de l’homme puisse être
le fondement ou le moyen de salut.
Nous voyons donc ici le croyant comme l’ouvrage de
Dieu en Christ, et cela « pour les bonnes œuvres que Dieu
a préparées, afin que nous marchions en elles ». C’est une expression
très remarquable, que nous ne saurions trop peser. Il ne s’agit pas des bonnes
œuvres de la loi — ni de celles qui pourraient paraître telles au
jugement de l’homme, mais d’un sacrifice [ou :
offrande] d’un caractère nouveau, céleste et de grâce, qui était dans les
pensées de Dieu et entièrement déterminé à notre égard avant qu’existât la
scène où nous sommes maintenant. Le même Dieu qui, avant que le monde fût,
avait le dessein de nous sauver et de nous bénir avec Christ, avait aussi
devant Lui une certaine ligne de marche, un courant d’action spécial, dans
lesquels Il avait la pensée que ceux qui auraient reçu une telle faveur,
marcheraient. Ce n’est pas la pensée du bien que nous
devrions faire en tant qu’hommes, comme moyen de montrer que nous
désirons obéir à Dieu sous la loi. Ce n’est pas simplement aimer Dieu,
et son prochain comme soi-même ; mais c’est un genre
et une manifestation de l’amour tout différents.
C’est un amour qui
découle de nos nouvelles relations, et il doit s’exercer en
aimant Dieu et en aimant ceux qui sont autour de nous
C’est selon l’amour si riche
que Dieu nous a montré en Christ. Ce n’est pas un simple devoir, même dans la forme la
plus élevée d’obligation.
Si un homme marchait simplement de cette manière là, même tout le temps, il
demeurerait en dessous de ce que le
chrétien devrait être, et de toute façon,
ce ne sont pas là « les
bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous
marchions en elles »
La loi a été introduite par suite de la présomption
et de l’auto-suffisance d’Israël ; elle
n’est pas quelque chose que Dieu
avait préparé à l’avance pour que Son
peuple y marche.
C’est pourquoi il est dit en Romains que la loi
est intervenue. C’était quelque chose arrivé incidemment,
comme une sorte de parenthèse introduite dans un but spécial, mais très
important.
La loi a achevé ce qu’elle avait à
faire.
Le croyant, même s’il avait été sous la loi, est amené hors de
sa sphère, et est fait vivant pour Dieu.
Allégoriquement, le croyant appartient à un nouveau
mari (Christ), et est mort vis-à-vis du premier (la loi) (Romains 7 v.1-6).
Comme l’appel de Dieu, et Son dessein, et toutes Ses
pensées à notre égard, existaient avant que le monde fût,
ainsi aussi le caractère même de la marche du croyant était
préparé avant que nous venions dans le monde, et il est, dans sa nature même, entièrement
au-dessus de ce monde. Il s’agit que nous
manifestions Dieu correctement, selon qu’Il se manifeste Lui-même
maintenant. « Soyez imitateurs
de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Ephésiens 5 v.1).
Quelle place merveilleuse que celle
où nous sommes mis ! Nous avons été « créés dans le Christ Jésus
pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées, afin que nous marchions en elles ». Nous avons un
caractère de vie entièrement nouveau, jamais envisagé par la
loi, ni par aucune forme de règles à suivre et il
y correspond un caractère de bonnes œuvres tout nouveau.
A suivre …